Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 31 octobre 2020

HAÏKU’R OU PATIO ?

Un architecte d’intérieur c’est quelqu’un qui te met vite la maison en pièces !

LE ROI C’ÉTAIT REY

À la mémoire d’Alain Rey (1928-2020)

Toi qui étais friand, gourmand comme un enfant
De cette langue que nous avons en partage,
Qui la voulait idiome ébouriffant, bluffant,…
À la fois savant et vivant, plein d’abattage.

Toi qui fus un maître mais jamais un gourou,
Tu as refermé le grand livre sans patenôtre,
Toi qui semblais éternel comme ce verbe nôtre,
Tout en emprunts, en dons, en joie ou en courroux.

Alain, ton mot de ce jour fut, las, « adieu ».
C’est un peu court pour un mot de la fin, un ultime
Bon mot de toi qui, en jongleur, te jouais d’eux.

Pour qu’on les savoure avec toi, presqu’en intime,
Tu nous as ouvert leur caverne d’Ali Baba :
Depuis notre langue n’a plus rien d’un bât.

jeudi 29 octobre 2020

HAÏKU DE BOUTOIR

Comme on défait son lit on fait souche.

LES FLÉAUX

Petite fable affable

Matin Catastrophe rencontra Cataclysme 
Quelque part sur Terre, en une île ou un isthme :
« Mâtin, Monseigneur, lui fait-elle, combien 
Je suis aise  de vous voir enfin. Le malaise
Me guette : vous êtes dans notre art si balèze !
Chacun sait qu’avec vous, il n’est ni biens
Ni vies qui tiennent et tous les Hommes en perdent
Le somme, ayant beau jeu de tempêter
Contre vos arrêts qui dans la plus noire merde
Les plongent pour des temps pouvant se répéter.

- Hélas, Madame, j’ai ce pouvoir en ce monde !

- “Hélas”, Messire ?…  Mais si moi , fort, on me craint,
Vous, on vous redoute comme calamité immonde.
Avec moi ne vient que la peur, nouveau grain,
Épreuve du jour. Triste fatalité en somme,
Qu’on n’oublie mie mais dont Dieu console l’Homme.
Mais vous, c’est terreur, désastre et drames semés,
Affliction sans fin ni fonds et cents détresses
Récoltées. Je jalouse, j’avoue, votre adresse…

- Mais qu’y a-t-il d’enviable à ne point être aimé ? »

mercredi 28 octobre 2020

mardi 27 octobre 2020

HAÏKU DE VAPEUR

Au train où vont les choses qui s’égare déraille !

PROPOS EN L’AIR ?

Mes strophes par les vents hâlées
Mes rimes par les vents ailées
S’envolaient, libres

L’air était agitation
Bourrasques dans la diction
J’étais félibre

J’étais tempête et tourbillons
Hors d’haleine fus trublion
En équilibre

 Tous ces sons que souffles hachaient
Mots qu’ailes de moulin fauchaient
Je laissais vivre


Tout en rafales, flux et flots
J’assonnais oc j’avais le flow
J’étais comme ivre

Mais de battage en courants d’air
Je n’ai laissé guère d’airs
Pour me survivre

dimanche 25 octobre 2020

SAL’HAÏKU

Tu n’obtiens la paix intérieure qu’en faisant la guerre à tout ce qui t’est extérieur.

VAL DE GRÂCES

Petite fable affable

Dans cette vallée, en ces temps-là,
Milans, gypaètes et vautours fauves,
Tous oiseaux de rapine fort las
De devoir quitter tôt leur alcôve
Et y rentrer tard pour d’incertaines
 Chasses, longues à payer si déveine
S’en mêlait un brin, toutes leurs proies
Réunirent un beau matin de septembre.
Ils dirent, menés par l’aigle, roi
Des cimes, : « Nous sommes tous les membres
De ce pays, avec pour ennemi,
L’Homme. Soyons donc frères et amis ! »

Suivirent foi jurée et promesses
De paix et, plus, de sécurité
Pour toutes et tous. Par cette messe,
Rapaces renonçaient à l’avidité
De leur race, désormais cors
Ne corneront sinistres accords
À tous les échos ; en ces montagnes
On ne courra plus à la curée.
On applaudit à cette campagne
De com’, souhaitant que dans la durée
Pareille initiative vive
Au-delà des mots, qu'on soit convives.

La plupart des bêtes approuvèrent fort
Et plus encore en cette idée crurent,
Corneille, oiselle éprouvée à mort
Par ces tyrans aimant la fourrure
Comme le ramage, elle, tiqua :
C’était trop beau et trop délicat.
Comme Cassandre, sans plus attendre,
Elle causa et mit en émoi ;
Mais beaucoup ne voulurent l’entendre
Et la chassèrent chez les chamois.
On put profiter de cette chance
Nouvelle qu’offrait donc “l’Alliance”.

Au bout d’un mois, dans le Paradis
Tout neuf des animaux, un carnage
Fut perpétré par nos vils oiseaux 
De proie… Ils firent le grand ménage
Parmi leurs “amis”, ces prédateurs !
Et cela se sut jusqu’aux hauteurs.
Un isard demande à Corneille
Comment, elle, elle avait pu savoir
Ce qu’il adviendrait sous les treilles
Du val qu’elle dut quitter un soir :
« Il est toujours plus facile de croire
Ce qu’on espère… et on finit poire ! »

vendredi 23 octobre 2020

HAÏKU PLEUT

Certains couples seraient-ils désireux de saborder leur bonheur pour ainsi, sans vergogne, couler des jours heureux plutôt que de les vivre ?!

EN SAIGNANT…

À la mémoire de mon collègue Samuel Paty

« L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine,
 la haine mène à la violence. » Averroès

Notre monde oscille entre morbide et sordide :
On peut y mourir d’y faire par trop bien
Son travail, pour un mot, un dessin, un rien,…
À cause de faux caïds et de vils perfides.

Mais comment peuvent-ils donc prétendre servir
Une divinité qui aurait fait les Hommes
Alors qu’ils ne savent être utiles à ces mêmes Hommes
Qui ont fait leur Dieu, par leur faute à honnir ?

Leur noire bêtise et leur ignorance crasse
Font d’eux de vains fous pour qui la foi crée l’effroi,
Genèse de haine et de son noir charroi.

N’abdiquons pas face à ces fous privés de grâce :
Pour un homme libre hélas ! tombé sous leurs coups,
S’en lèveront mille prêts à tendre le cou !




mercredi 21 octobre 2020

HAÏKU FUNESTE

Je jauge tout le monde mais ne juge personne.

CHEMIN FAISANT

Petite fable affable d‘après Le bœuf & le Ciron
d’A. Houdart de la Motte  (Fables nouvelles, I, 13)

Par la Grand’Rue du village que l’astre vieux
Avait confinée pour une heure ou deux au pieu 
Pour des délices ravissent jusqu’aux bidouilles,
Un chien tirait sur la laisse de son chasseur
De maître. Il le promenait donc, car tout bredouille,
L’homme avait battu les bois le plus obscurs, le cœur
Au meurtre, sans rien ramener, ce niquedouille.

Messire Cabot, fiérot, sous ce cagna,
Une passagère clandestine gagna
À l’issue de je ne sais quelle turpitude.
La chique fuyait, corps flétri et coeur flapi,
Une verte faim née de noires solitudes,
La forçant au carême, l’acculant sans répit :
Ces deux-là rompraient donc ses rudes habitudes.

À elle, loin de sa misère sans ajour,
La chaude quiétude d’un foyer où ripaille
 Serait assurée et amitiés toujours
Renouvelées. Elle se juche donc sur l’ouaille
Du Tartarin mais craint de lui peser par trop.
Alors ce microbe se fait plus petit encore.
Pas assez sans doute car, dans son petit trot,
Le cabot s’arrête souvent pour, matamore,
D’une patte fort rageuse, le déloger. 
Se sachant crainte, la naine  joue les discrètes
Et, plus, fait ceinture de peur d’épuiser 
Son destrier plus juteux que maigre cabrette.

Se faisant légère et maigre, quoiqu’un toutou
Soit tout à la fois carrosse, hôtel et auberge,…
Notre atome se rêvait jà, passe-partout
Et risque-tout, devenir plus gros qu’une asperge
Dans un avenir rose et chaleureux, itou :
L’huis du chasseur serait premier, sans partage…
Et puis, promis, y passerait le village.

Arrivée à bon port, la voyageuse saute
À bas sa monture et, d’un mot, la remercie.
Son hôte est des plus surpris : « Qui es-tu, Nabote ?
Moi qui me pensais simplement à la merci
D’une mauvaise herbe, de celles qui urtiquent,
Rencontrée en sous-bois ! » On mesure dépit
Et courroux de cette cousine de nos tiques…
Elle le snoba ne pouvant faire pis.

Il en va ainsi de fort nombreux importuns,
Qui nous parasitent, las, sans complexe aucun
Se croyant tous, orgueil et vanité, quelqu’un…

lundi 19 octobre 2020

ENCORE UNE HISTOIRE D’HAÏKUS

Dans la vie il faut choisir entre cul sec et pétard mouillé !

LE CINQ À SÈTE

Entre les pins l’air brûlé palpite
Et les cigales cricritent aux feux
D’un Midi que des grillons dépitent.
Bravant le ciel quelques suiffeux,
Pas si vieux, se recueillent au marbre
Immortel qu’un cyprès a treillé
D’ombres. Aux jours défunts, dessous ces arbres,
La vie m’est vide, désétayée
De toi et, las, l’absence est si vaste.

Les nues écument un peu. Sous ce dais
Je ne vis même plus la peu chaste
Grâce de ces garces qui sont fadets.
Dans ce temple du Temps, cimetière
Qui n’a rien de marin, ta maison,
Ce serait pensée cavalière !
Suis-je à la saison de la Raison ?
Un air rappelle qu’est toute proche
Une mer calmée et réchauffée
Qui, ici ou là, s’accroche aux roches.

Des cheveux de soleil étoffés
De brins d’ombres, je le sais, y traînent.
Si demain paresse encore en son œuf,
Aujourd’hui éclot pour cuire nos veines.
Face au silence flétri d’ici, veuf
De mots superflus, devant les dalles
D'un dédale de stèles fanées,
On marche à toi, sans parler, la dalle
Au bide, chanson aux lèvres ahanée,…

Au parasol des pins, souffle soupire.
Nous on transpire dans l’ombre surchauffée
Et captive de ces feuillages au pire
Du jour qui se voile, sans philosopher,
De lames de flammes sous la rare
Et dérisoire dentelle, gris
Clair-obscurs et esquisses d’ombrages.
Il en faut plus pour échauder nos ris
Car, nous, on veut la gagner, ta « plage »,
Georges, qu’on soit d'ici ou Paris.

samedi 17 octobre 2020

HAÏKU LES DITS

Histoire : Après les Dix Commandements et l’Édit de Nantes, il y eut Lady Chatterley.

COLOMBINES QUALITÉS

Petite fable affable

Palombes et tourterelles ont fait leur royaume
De la promenade et de ses platanes en dôme.
Mais, hélas, ces demoiselles et dames, outrées
Par une des leurs, d’un air des plus pénétrés,
Du jour saillant au jour faillant, lui chantent pouilles
Tant que ces bonnes âmes auraient pu lui casser,
Si elle en avait eu, les pieds. Pourtant la froisser
Elle ne purent et donc lui cherchèrent embrouille
Auprès du trône. On livra tout net l’effrontée
Au courroux de sa peu commode Majesté.

« Dia, quel crime a commis cette péronnelle ?

- Elle se refuse à chanter, cette pimprenelle,
Vos louanges, à vous courtiser comme il sied.

- Bref à faire comme vous !… Vous appréciiez
Tant mon prédécesseur que, sans fin ni vergogne,
Vous l’encensiez comme, sans doute, vous louerez 
Celle qui me suivra, soit-elle une carogne.
Donc, vous lui reprochez, jusqu’à l’échauffourée,
Son honnêteté, sa droiture et sa constance
Sur lesquelles il vaudrait mieux faire des stances !
Elle semble seule, ici, a avoir de pareilles
Vertus or, Mesdames, tendez bien l’oreille,
Elle est unique sous ces cieux spécieux
Et ce qui est aussi rare m’est fort précieux ! »

jeudi 15 octobre 2020

HAÏKU PASTICHÉ

« Les conseilleurs sont rarement les payeurs » mais les Monseigneurs sont souvent les bailleurs !

UNE SOIRÉE MORTELLE

La lumière mourante s’abandonne…
Le vent râlait avant d’expirer, ce soir,
Emporté par quelque souffle se mourant,
Dernier soupir que ce jour, défunt, donne.
Il est rappelé au néant le plus noir
Celui d’où il est né, exaspérant
D’où il reviendra, si on lui pardonne.

Déjà, les heures finissantes aux lueurs
Agonisantes, hélas, perdent de leurs forces, 
Dépérissent en exhalant des parfums frais.
Et ce crépuscule des cieux en sueur
S’éteint dans les ombres qui tant s’efforcent
De nous noyer dans ce déclin. Cri d’orfraies
Et Hululements. La vie a vécu. Vrai !

Déjà, dans ce retrait, la nuit soupire
D’aise, inspire rêves ou drames aux songeurs,
Aspire âmes et trêves pour un long temps.
De moments flétris valant pourtant Empire,
En instants vite fanés, ces voyageurs
Insatiables sont désormais partants
Pour périr au pays des souvenirs au pire.

Le jour est passé, il se retire affaibli.
Il renonce. Nous pas. Pas plus que la fête.
Et quand il s’éteint et succombe, revit
La joie qui ressuscite - voire anoblit -
Nos envies et les vains plaisirs qui entêtent.
Jusqu’au matin, pour nous tous, sans préavis ,
Tout est permis… Alors jamais ne faiblis !

mardi 13 octobre 2020

HAÏKU POUR LA VIE

Le sens de la vie ?
Un non-sens allant à contre-sens.

LA HAIE DE RONCIERS

Petite fable affable

Au cœur de mon village, à deux jets de pierres
De l’école, un vieux jardinier palissa
Un bon roncier sur l’osier des claies fières
Et les piquets d’un jardin qui, couci-couça,
Branlaient sans façon à tout vent. Comme un forçat,
Il entretenait la sauvageonne barrière.

Cette clôture faisait jaser jouvenceaux
Et vieilles peaux qui n’avaient jamais vu mauvaise 
Plante si bien traitée, arrosée à seaux,
                                               Ni buisson mieux taillé.
                                                                                         « Quelle niaise
Façon que de faire prospérer commensaux
Inutiles au maraîcher ayant pieds en glaise ! 

- Ah bon ?! fit l’Homme. Nul ne franchit mon clos ;
Les épines de cette rosacée sont grosses
Et acérées comme il sied face aux ballots : 
Nulle crosse même des gosses les plus rosses
Ni vol de chemineau, ma foi, ne sont mon lot.
Ses fleurs, valant roses ou églantiers, en haussent
La valeur attirant cent pollinisateurs
Qui, à satiété, rendent des plus prospères
Les fruits et légumes que le Créateur
Me donne à cultiver dans ce qui m’est repaire.

Quand vient la fin de l’été, le soleil, flatteur,
Y pose plus de mûres que je n’en espère.
Oc, quoi qu’on en croie, il n’est pas, a priori,
Herbe en ce bas-monde qui soit manne ou scorie :
Tout dépend de l’usage, cher censeur et maître,
Qu’on en fait. Il en est de même pour les êtres… »

lundi 12 octobre 2020

HAÏKU’R DE CATHÉ’

Joie : il existe désormais des ordinateurs quantiques. 
Est-ce une intelligence artificielle destinée à chanter les psaumes dans des églises toujours plus vides d’âmes ?

dimanche 11 octobre 2020

HAÏKU’R, NICHONS !

Refusant de choisir entre le Ciel et l’Enfer, je préfère vivre « quoi qu’il en coûte ! »

DE CES VEILLÉES-LÀ

Cycle toulousain

Le soleil las, se parant de par les embarras,
Est parti nous faire sa nuit ailleurs. À l’heure
Où les repas quittent la table, on fait débarras
Des heures finies, on oublie qu'un ciel parfois pleure
Et on referme le gros chapitre des chagrins
Du jour pour prendre le frais au pas de nos portes.
Sur d’antiques chaises où la paille se taille un brin,
Exilées d’une cuisine désertée, la cohorte
Des voisins, à la belle saison, colloque dehors
Des travaux finis et des tâches à faire, du sort
Nôtre avec des rires gras et des voix encore fortes.

C’est la veillée d’été celle où on n’invite pas
Les saches de noix au coin du feu ni les tchapaires
De castagnas chauffées. On n’y trouve que tous les tcharaires,
Dans la marmaille et les veilhots embaumés, ou pas,
De fumée. Ce n’est pas là que les bachelettes badent
Les goujats et se trantolent pour leur attirer l’œil.
Non, on vit le temps présent non le passé en rade
Ni le demain en germe… Arrive si tôt le cercueil !
On ne fait qu’à goûter le soir de jours tant qui vous usent,
Se ronger les sangs se déranger l’esprit, Têtard,
Sur notre fin finale sera pour la froide saison qui ruse :
« L’hiver n’est pas bâtard, s’il ne se fait tôt il s’fait tard ! »

Mais, cal pas desconar, ça rembobine et raisonne
On se truffe d’un trait car, vrai, ça boulègue un peu
Avec le vin doux qui vous délie la langue qui fort résonne
Dans la nuit qui apaise la Vie, son râpeux et son pompeux.
Le gat et la mirgue se font vaillants alors qu’emménagent
Les tourtereaux, l’hiver tout branlant les ayant unis.
Mais c’était temps : ces deux-là, faisant jà bon ménage,
Ils avaient fêté Pâques avant les rameaux !… Alors punis !
On déparle aussi. Sur les si bonnes paroissiennes
- Les dérageantes, les arrangeantes… - et le ritou
Dont la bonne fait et, las, défait le lit itou,
Et qui nous gueita, là, derrière ses persiennes…

L’ancien, dont les yeux qui faisaient pimpanelle, lui
Consolait les veuves et les cocues. De fort coupables 
Occupations qui te l’ont fait partir au diaple,
- Aux colonies ! - tout à plein insufférables si luit
Lo solhel. Et oc, on estoquait souvent les brêles
Dans ces soirs-là et on estomaquait de rumeurs
De rudessos, paroles en l’air retombant en grêle,
Pour picanher ou espanter, mi-enjoueur mi-blâmeur :
« Qui n’veut peut vendre ne met pas en vitrine, pécore ! »
Disait-on en ce tribunal du villageois cheptel
Jusqu’à ce que les ruines qui nous dominent encore
Soient happées par l’ombre goulue. C’est celles du castel…

vendredi 9 octobre 2020

HAÏKU’NÉTOSCOPE

À de rares exceptions près, dans leur jeu, les acteurs américains occupent l’espace  quand les comédiens britanniques occupent l’esprit…

LE LOUP & LA GNOLE

Petite fable affable & culinaire
d’après J. de La Fontaine (Fables, I, 10)

La cuisine alcoolisée est toujours meilleure,
Et celle du poisson gageure.

Prenez un loup qu’on a paré,
Un de ces bars aux couleurs pures,
Poisson blanc et sans goût, de son espèce épure.
Versez dessus alcool fort à grand traits.

Profitez-en pour boire un peu de ce breuvage
Car l’opération met en nage.
Puis enfournez après avoir fort citronné.

Pour tromper l’attente, à la bouteille tétez.

Le loup rend une couleur terre ?
Tout est aussitôt à refaire…
Et depuis le commencement,
Au madiran,
En s’humectant le gargamelle ;
Le deuxième bar est toujours meilleur. Rançon
De l’expérience, Garçon !

Fêtez le résultat à ras la jugulaire.

En sortant le plat vous vous brûlerez assez
Pour le laisser choir tout net. Mais point n’angoissez !

Buvez un coup et nettoyez par terre
Et de temps en temps, mais sans commentaire,
Donnez-vous du courage, Citoyen,
Avec l’élixir d’avant-guerre
Des grands bouffeurs d’Autrichiens.

Mais on fait bien, vite et surtout on range.
Sinon, las, on est condamné
Aux arrêts, par Bobonne, chose étrange,
Tout ça pour avoir cuisiné !

mercredi 7 octobre 2020

HAÏKU BIEN ASSURÉ ?

Peut-on connaître des pertes sèches à la suite d’une inondation ?

LUMIÈRE SUR MA NOIRCEUR

Mon adorée assoupie sous la couette
A sombré, en un instant, dans un sommeil
Pareil à un abîme où elle est silhouette.
Nos nuits ne sont que puits du vermeil
Des brunes aux souffres mordorés d’aurores
Où nous n’explorons, las, plus les profondeurs
De ciels étagés, ce sémaphore
Des amours partagées tout à leur splendeur.

Lassée de mes assauts, c’est sûr, elle rêve
Que nos corps perdus ne se sont pas encor’
Désappris dans ce lit où nos cœurs, en grêve,
Se reposent, reléguant nos vibrants accords
À ce passé où fleurissaient des « je t’aime »
Qui parfois viennent à se naufrager
Sur nos lèvres gercées où quelques poèmes
Caressent l’ombre de ces souvenirs âgés.

Mon Amour, accepte ces vers qu’improvisent
Des soupirs muets que mon âme expire au jour
Qui s’enfuit. J’ai, non sans mal ni franchise,
Trempé ma plume, pour un bref séjour,
Dans l’âcre du chagrin qui là s’est fait encre,
Pour ombrer mes aubes et, pire, pénombrer
Mes crépuscules qui ont déjà mis à l’ancre
Nombre d’ombres qui me font sombrer.

Mon amour, fuyons l’enfer de solitudes
Partagées et redescendons encore, un à un,
Ces ciels qui drapaient nos lits d’habitude
Après n’avoir fait qu’un loin de ce commun,
De ces mortelles amours qui s’épuisent
Dans le quotidien qui, souvent, englue
Des sentiments que, parfois, les sens aiguisent
En un flux mourant au premier reflux.

lundi 5 octobre 2020

RAS L’HAÏKU, ALICE !

Ce qui n’est pas très catholique n’est guère orthodoxe et souvent pas plus protestant.

EN MAL D'ENFANTS

Petite fable affable

« Les sots sont un peuple nombreux* »
Et on est tous l’idiot d’un comparse…
Notre œil n’est pas toujours heureux
Quand on regarde les mecs ou les garces
Gitant parmi les culs-terreux.

Dans les haies bordant la cour de l’école,
Tourterelle en mal de couvée
Pleurait sur son sort : vivant à la colle
Avec un mâle lui ayant prouvé
Son amour, elle n’était encor’ mère.
Cybèle est cruelle parfois :
La coucou ayant, voilà preuve amère,
L’amour maternel plus que froid,
Abandonne son petit à une oiselle
Qui, las, ne ressent même pas
Qu’on a tué dans l’œuf son fils sans aile.
Et tout ça sans mea-culpa !

La colombine trouva un nid vide
À ras du sol, humble couvoir
De rouges-gorges ou linottes impavides,
Qu’importe. Elle fit son devoir :
Cette nichée-là serait la sienne.
Aussitôt elle la couva.
Mais, hélas, cette Sainte Marie païenne
Vit sortir, sans aucun vivat,
De l’œuf abandonné une couleuvre
Qui la happa. Et au plus tôt.
Elle, toute dévouée à son œuvre
Défuncta dans un staccato.

Elle aurait dit, dans son dernier souffle,
Qu’hélas la Vie ne se mesurait pas,
Que l’on soit discret ou fasse baroufle,
Aux respirations jusqu’au trépas
Qu’ici-bas nous prenons mais, bon apôtre,
 À celles que nous donnerions aux autres… 

* J.-B. Claris de Florian, L’âne et la flute (Fables, V, 4, 1792)

samedi 3 octobre 2020

HAÏKU C’EST RÉAL

Horripilé ?… Blé concassé !

HAÏKU AU FOIE

Peut-on avoir mauvaise haleine et bel air ?

LE PARC PLUS SI URBAIN QUE ÇA

Confinement urbain, Mars 2020

Le square, forclos, se repose des cris d’enfants
Et s’emplit du chant des passereaux, clairs olifants
D’une Nature apaisée par le soudain silence
Et ce Temps, suspendu, qui faisait tant courir
Les Hommes et leurs voitures. Car tout est dolence
Chez ces bonnes gens qui ne veulent pas mourir.

Oh oui, personne n’est désormais impavide.
Aussi les promeneurs fichent la paix au parc
Que ne parcourent que des moineaux sous un arc-
En-ciel, beauté retrouvée. Là, aux livides
Façades, mille fenêtres écarquillées
Et cent portes closes donnent sur des rues vides
Ne menant plus au jardin aux bancs désertés,
Sous couvert de ses frondaisons déconcertées.

Près des allées abandonnées, presque immobiles,
Des corolles écloses, se font volubiles.
Ainsi elles conversent avec le vent, linceul
Des primevères et tulipes en parterres.
Les vents hument les vieux troncs. Pour l’heure seuls,
Avec quelques violettes à fleur d’herbe et de terre.

Peu de vie à l’intérieur comme hors les grilles.
Tout est calme et tout est lent, dis, comme assourdi.
Est-ce fin du monde ou voyage en Absurdie ?
Le printemps a beau avoir planté ses banderilles
Dans le dos d’un hiver enfin anémié
Et, lors, nous offrir d’entendre entomiques trilles
Ou le ramage des plus aimants ramiers,
Nul ne les oit. Et, pis, ne sort son plumier…

jeudi 1 octobre 2020

DÉ’HAÏKU VERT

La tuile : j’ai partout une ardoise !

LE PAPEGAI & LA CORNEILLE

Petite fable affable 

Las du commerce des animaux domestiques
Et de répéter des mots banals dans le débarras,
À l’arrière de cette antique boutique
Où il avait, dit-on, ses pratiques, un ara 
Se mit à réciter des poèmes et des fables
Pour un maître qui, vite, vint à le moquer.
Aussi, vexé, s’enfuit ce grand perroquet
Qui se voulait, ma foi, aussi noble qu’affable.

Venant chercher reconnaissance par les bourgeons,
Il logea dans les ramées arborant la place
Du village où des moineaux, merles et pigeons
Avaient leurs habitudes et autres mœurs qui lassent
Hélas. Là, une corneille, matin, l’aborda
Sans façon : « Mon ami, grive ou fauvette valent
Mieux que toi sachant, certes bredi-breda,
Comment se nourrir à la saison estivale,
Comme à l’autre, par elles-mêmes. Tu dépends
De qui t’écoute, te faisant payer tes rimes,
Fruits d’un autre, par ce public aux dépens
Desquels tu manges prou… et fort becquette en prime. »

Comment comparer l'emplumé venu d'ailleurs
À ces piètres oiseaux siffleurs, tous incultes
À souhait ? Il fallait donc moucher le railleur
De cette si virulente et publique insulte.
Pétri de sa propre importance, n’étant pas
N’importe quoi et voulant que cela se sache,
N’étant n’importe qui et, en cette pampa,
Souhaitant que ça se dise notre Ara crache :

« Comment oses-tu, horripilant être en frac ?!

- Et toi ?… Ce n’est pas parce que tu quittes cage
Pour prison bien plus grande que, tout à trac,
Tu es plus libre par les bourgs ou les bocages ! »