Petite fable affable
Au cœur de mon village, à deux jets de pierres
De l’école, un vieux jardinier palissa
Un bon roncier sur l’osier des claies fières
Et les piquets d’un jardin qui, couci-couça,
Branlaient sans façon à tout vent. Comme un forçat,
Il entretenait la sauvageonne barrière.
Cette clôture faisait jaser jouvenceaux
Et vieilles peaux qui n’avaient jamais vu mauvaise
Plante si bien traitée, arrosée à seaux,
Ni buisson mieux taillé.« Quelle niaise
Façon que de faire prospérer commensaux
Inutiles au maraîcher ayant pieds en glaise !
- Ah bon ?! fit l’Homme. Nul ne franchit mon clos ;
Les épines de cette rosacée sont grosses
Et acérées comme il sied face aux ballots :
Nulle crosse même des gosses les plus rosses
Ni vol de chemineau, ma foi, ne sont mon lot.
Ses fleurs, valant roses ou églantiers, en haussent
La valeur attirant cent pollinisateurs
Qui, à satiété, rendent des plus prospères
Les fruits et légumes que le Créateur
Me donne à cultiver dans ce qui m’est repaire.
Quand vient la fin de l’été, le soleil, flatteur,
Y pose plus de mûres que je n’en espère.
Oc, quoi qu’on en croie, il n’est pas, a priori,
Herbe en ce bas-monde qui soit manne ou scorie :
Tout dépend de l’usage, cher censeur et maître,
Qu’on en fait. Il en est de même pour les êtres… »
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