Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 31 janvier 2020

HAÏKU’R DE TOUT

Tous ces poissons qui vivent d’eau
Ne sont que mutisme et silence
Mais s’ils buvaient du vin, badauds,
Ils chanteraient sans balance…

L’HIVER EST LÀ

Phoebe, perle translucide en déshabillé 
De brume, s’est figée dans le froid de marbre
De l’air glacé qui a pétrifié les arbres.
Dans la brumaille, il gèle à pierre fendiller.

Peu à peu, une aube diaphane distille 
Sa lumière pâle et glacée qui endort
Le cadavre d’un talus qu'un linceul fragile
Pare, éveille la plaine blanchie au plus fort.

Dans l’air de cette aurore éteinte tout est blême
Autour des bras squelettiques portant jadis
Ces rameaux, ces ramées, que le vert printemps aime.

Au ras d’un sol de craie dans la buée laiteuse,
Phoebus, cet oeil terni comme un maravédis,
Surveille la fumée froide et filamenteuse.

mercredi 29 janvier 2020

HAÏKU DE PLUMEAU

Quand les jeux sont faits, les « je » sont défaits.

PERSONNE N’EST À L’ABRI

Petite fable affable d’après L. de koninck

Sous un ciel gris qui de larmes luit,
Dans un flot de fumée, un parapluie
Fait de l’œil à une ombrelle : « Ah, belle,
Douce ombelle, ne me sois pas rebelle ! »
Elle n’aime sa voix grinçante comme un
Vieux portail rouillé des plus communs.

Sous cape, elle rit comme une baleine
De ce balourd l’aimant à perdre haleine
Et, plus délurée que dévergondée,
Elle appelle au beau temps quand, à l’ondée
Lui, il aspire. Ils ne se rencontrent,
Qu’abandonnés, lorsque le ciel montre
Un climat doux, clément, coincés tous deux,
Dans un placard aux relents odieux.

Là, en séducteur, il fourbit ses armes,
Use et abuse sans fin de son charme :
« Me lasser de ta vue ou de ta vie,
M’amie, je n’en ai, ma foi, nulle envie ! »
Quand il s’ouvre ainsi, elle s’en balance
Et ne lui offre, hélas, que son silence.

« Je rêve de sortir avec toi,
Matin, à l’heure où dégouttent les toits ! »
Fait-il, voyant qu’elle prend l’eau, l’histoire.
Mais l’ombrelle le snobe, ostentatoire,
Car elle n’aime que le soleil, beau temps,…
Et songe aux étés qui durent longtemps,
Qu’orages et averses par trop ternissent
La peau fleurie des belles Bérénice.

Les yeux mouillés notre noir pébroc
Un jour de giboulées se dit, had hoc,
Quittant la blanche donzelle  que faire
Plus différents qu’eux deux serait affaire
Bien difficile et donc que vouloir
Croquer la pomme vaut pépins, douloir,…

Et malgré sa soif d’amour, il renonce,
À la péronnelle au cœur sec l’annonce.
Elle en rit en se donnant toute au vent
Qui soulève ses dentelles souvent.
La sagesse que l’on dit populaire
Prétend de longue main que « les contraires 
S’attirent comme le font deux aimants »
Mais… c’est rarement vrai chez les amants !

mardi 28 janvier 2020

HAÏKU GARD

Comme je suis plutôt du genre « entier », quand je me casse, je ne mets pas les bouts façon puzzle !

lundi 27 janvier 2020

HAÏKU DEUX PLIÉS

Chez nous on ne se mouche pas du coude, sauf en cas d’épidémie de grippe…

APRÉS-MIDI ESTIVAL

Au fil de ces ruelles qui s’enlacent, 
Qui se prélassent puis se délacent,
Dorment quelques façades pénombrées
Nues, qui presque s’embrassent dans l’ombrée
En cent discrètes amours domestiques.
Flotte un parfums d’herbes aromatiques,
Sur les discrètes oreilles des volets
Ouvertes sur la lumière envolée.
Ces venelles baignées de douceur chaude,
Chassent aux nues le soleil en maraude.

Les murs tièdes résonnent en choeur
Du bonheur de se frôler l’âme et le cœur.
Au gré de ces voies détournées qui gardent
De lourds secrets d’antan, mes pas bavardent
Avec les caniveaux toujours séchés,
Rigoles empierrées, ébréchées.
On est à l’heure lasse des siestes
Mais la rue résonne encore des restes

Du plaisir de ces jeux d’enfants, ailleurs
Oubliés, laissant échos baffouilleurs 

Ici, le village se dissimule 
À l’été sous les fleurs, coeurs roses, flammules
Rouges, et leur écrin sans fin reverdi.
Elles sont enduit aux murs assourdis
Par le clair obscur complice et réveillent
Ces maisons vieillies qui s’ensommeillent
Dans le souvenir du temps disparu,
Qui se promène avec moi par ces rues,
Quand, chez moi, le vent froid corne et emporte
Au charroi d’hiver joies de toutes sortes…

dimanche 26 janvier 2020

samedi 25 janvier 2020

HAÏKU PURE

Qui est sur le fil du rasoir ferait mieux de se tailler !

LE CHEVALIER & LE DRAGON

Petite fable affable

Cette région était terrifiée
 Par un dragon. Un vrai. Authentifié
Par la rumeur et les légendes populaires.
Lorsqu’un chevalier sans faire lanlère
Se présenta pour éradiquer ce mal,
Bouter, occire ce terrible animal,
Il fut accueilli en héros par la plèbe,
Ces gens de peu et autres fils de la glèbe.

Armé, sur son cheval caparaçonné,
En armure rivetée, ici poinçonnée
Par quelque exploit et là bosselée à cause
D’une lutte sans merci ni ecchymose
Ou les croisades, il avance sûr et preux
Sachant qu’à sa vue tout péril est peureux.
Auréolé de feu solaire, il fait face
À l’antre du monstre et ose, plein d’audace
Le héler comme on le ferait d’un manant,
Le menacer d’un châtiment imminent.

« Pourquoi tant de bruit ? » oit-il, tendant l’oreille.
C’était un lézard vert, courant sur une treille
Qui l’apostrophait sans vergogne. Insolent.
« Va dire à ton maître, pleutre dragon lent
À répondre à mon défi, que je l’espère !

- Alors tu vas attendre un moment, pépère !

- Le lâche aurait-il fui en sachant mon renom
Entendant partout clamer mes gloire et nom ?
J’irai le chercher jusqu’au fond de sa grotte !

- Bonne chasse, l’ami, et fais gaffe aux crottes !

- Ton arrogance va être châtiée ;
Je serai, pour toi aussi, sans pitié !

- Le bel exploit que ce sera… Pour le reste,
De maître n’ai pas. Je retourne en sieste !

- Et le dragon de ce lieu, palsembleu ?!

- C’est moi, té !… Un bon coup de com’ et, morbleu,
Aucun plouc ne vient plus par laies et sentes.
Je vis au calme une vie fort excellente
Que tes hauts cris troublent par trop aujourd’hui !

- Comment faquin : pas de danger en cet huis ?

- Non !… Pas plus que de que de gorgone ou de chimère.
L’imagination est, disait ma mère
Qui, las, ne te connaissait pas, le meilleur
Rempart contre les importuns, les ferrailleurs
Et troubles-fêtes. Va, retourne au village !

- Je ne le puis : j’ai promis de mettre en cage
La bête effroyable ou de fourrer ses os
En sac… On rira de moi si ta verte peau
Je ramène et leur conte en tout ton histoire !

- Alors reviens-t’en chez toi !… Tous les grimoires
D’ici diront que tu mourus en héros :
De leurs mérangeoises des hommes font des rôts
Qui, jamais, ne rassasient une bien triste
Existence qui leur est poids d’un bloc de schiste ! »

vendredi 24 janvier 2020

jeudi 23 janvier 2020

HAÏKU DE GOULE

Ce n’est pas parce que, vieillissant, je me tasse que je vais commencer à m’écraser !

UN PEU DE TOI

Il me souvient de cette fragrance
Parfum fleuri à l’arôme courtois
Qui a déshabillé les apparences
Ce n’était pas rien ce peu de toi

Il me reste l’ombre de ton sourire
Qui a laissé à mon regard pantois
Mille dessins de desseins décrire
Ce n’était pas rien ce peu de toi

Je me rappelle aussi un petit geste
Pour chasser quelque épi discourtois
Voulant me dérober ton œil modeste
Ce n’était pas rien ce peu de toi

Je repense souvent à ta démarche
Souple et féline quand dessous mon toit
Tu as fait chanter chacune des marches
Ce n’était pas rien car c’était toi

mercredi 22 janvier 2020

mardi 21 janvier 2020

HAÏ(rrière)KU DANS LA BOUCHE

Les repas de familles, grands dîners et les déjeuners d’affaires ?… J’en ai soupé !

LA TAURINE RÉVOLUTION

Petite fable affable

L’herbe était plus grasse que ses flancs.
Alors ce taureau fomenta la révolte :
Ce que l’on sème, un beau jour, on le récolte… 
Si les siens le trouvaient gonflant,
Moutons, à l’ouïr, furent moins désinvoltes.
L’écornifleur souffreteux pétri
De peurs comme une vraie poule piaulante,
Convertit même un âne flétri
Faisant tourner en bourrique une troublante
Mule et son maître, fort dénutri.

Les raisons de la colère chez ces bêtes ?
Le manque d’herbe et le fermier.
Trop d’animaux paissaient une fort maigre herbette
Et le paysan, un fumier,
S’amusait à tous les voir jeûner, l’air bête.

Et donc aux prés ça ne peut durer.
Notre taureau le signifia aux autres :
« Il faut casser enclos et murets,
Piller les greniers pour que mangent les nôtres
Qui la faim ont par trop enduré !
Sus !… Nous serons les plus forts parce qu’en nombre,
Et de nos cornes bien armés !
(L’âne, motivé, avait opiné ce point sans l’ombre 
D’une hésitation) Désormais,
À nous paix et pain ! À lui la pénombre ! »

Seuls quelques bovins hésitaient un brin :
Ce taureau maigre et braillard, quelque agréable 
Que soit sa compagnie au terrain,
Disait-on chez les vaches, prou sociables ,
- Je le tiens de quelque nourrain - 
Son absence l’est encore davantage !
Donc ses dires eurent peu d’écho
Aux maigres et secs pâturages, ce battage
Plut fort aux brebis, aux chèvres and co.
- C’est-à-dire à l’âne, lassé des paquetages ! -

Notre taureau lança, un matin,
 Ses troupes sur la ferme. Or les reçurent
Les trois chiens qui, sans baratin,
Les remirent, non sans coups, bleus et blessures, 
Dans le droit chemin comme mâtins.

Quant au meneur, il broutait, bien tranquille,
En des pâtures débarrassées
De tous leurs hôtes, fier comme un édile.
Ceux-ci se battaient sans se lasser,
Pour lui et ses idées. Général habile,
Il était de ces nombreux hâbleurs
Toujours prêts à se lever et à abattre
Un trône, criant en bateleur 
« Fi du tyran et foin du malheur :
Armons-nous, mes frères, et partez tous vous battre ! »

lundi 20 janvier 2020

dimanche 19 janvier 2020

HAÏKU DE BALLET

Quand tout n’est que poussière le pouvoir va à qui époussette…

LES FLEURS DE LA MÉMOIRE

Ah, l’agréable douloir que ces souvenirs
Qui viennent alors que, tard, le soir m’ensommeille,
Hanter mon âme, aimant fort à revenir
Sur des joies qui dans ma nuit m’ensoleillent :
Vétille, vestige, étincelles d’hier,
Ces braises mal éteintes, réconfortantes,
Ces reliques nimbées d’aura éclatante,
Sont instants ou moments dont on est fier,…

Oh, douce souffrance que ces souvenances !
Cendres du passé, ou débris oubliés
Jamais déblayés, laissés là dans l’enfance,
Journal caviardé mais fagotier
De jadis vieillis voire de naguères
Tout patinés de ces chaleureuses ombres,
Qui repoussent la plus noire des pénombres
Et les cauchemars faits de remords vulgaires.

Ces cicatrices au goût de revenez-y
Et ces traces qu’une amnésie glorieuse
Transforma en frénésies, en fantaisies,…
Sont des stigmates qui font l’humeur rieuse,
Et, sans fin, vous reposent un peu le cœur
Devenu gros de rancœurs et de rancune
Qui face au destin tiennent la tribune
Noyant d’amertume l’espoir, l’air moqueur.

Ah, sage folie que ces réminiscences,
Ces récits imparfaits et incomplets,
Qui viennent à l’esprit pour, dans leur licence,
Tuer un silence toujours trop peuplé
De noires pensées qui trainent, vous relancent
Floutant les restes de ces bons temps d’antan
Perdus, certes à jamais, il y a longtemps,…
Ce sont sombres idées pleines d’insolence !

Oh, douces meurtrissures que ces rappels
Et toutes ces chroniques anachroniques :
L’île du plaisir s’y donne en archipel,
Dans cet océan bleu des plus pacifiques 
Où les remembrances s’offrent, en leur latin,
Un tendre voyage, entre soie et satin,
Tout en retours vers nos anciens âges…

Mais hélas en ces heures si endormies 
Où sommeille ma vie faite d’antiennes,
Mon lourd passé plus rancunier qu’ami,
Et qui ne m’a pas pardonné d’anciennes
Démissions, compromissions voire guerres,
Fait que tous ces petits bonheurs terriens
Tout en gais délices, s’il m’en souvient
À la brune, hélas, il ne m’en souvient guère.

vendredi 17 janvier 2020

HAÏKU DE MARTEAU

Sans vous paraître cavalier, j’ai mis mes vices au clou par peur de l’écrou.

FACE AUX CRITIQUES

Petite fable affable
d’après Le rossignol et ses critiques de Pierreval

Modestement, sous un épais feuillage,
Un rossignol, par son brillant ramage,
Charmait les cieux, en chassait les nues
Par ces trilles au audaces inconnues.
Les oiseaux se taisaient dans le bocage
Plus de mélodies ni de bavardages
Chez les plus loquaces de nos ailés,
Péronnelles ou commères zélées.

Mais le concert solo tantôt cessa,
Et dans la critique chacun versa
Comme, chez tous les jaloux, c’est d’usage,
Partout, depuis le tout premier âge.
Un geai reproche sa jeunesse au chanteur,
Sa timidité, le fait qu’il est squatter,…
Un faisan blâme un chant par trop classique ;
Le pic trouve ce chantre narcissique.

Un merle, fort sourd, ne le trouve pas
Assez gai ; là trop haut, ailleurs trop plat,
Sans finesse ou sans délicatesse,…
Un pinson met en doute sa justesse  !
Dame Pie prétend qu’il n’a fredonné
Que des airs anciens, et brouillonnés…
Ce n’est donc qu’un maladroit plagiaire,
Un faussaire à chasser vers les bruyères.

Lorsqu’ils eurent tout dit, le rossignol
Sans répondre à tous ces sombres guignols
Et sans discuter, reprend, l’air tranquille
Son si aimable chant, et l’on se tut pour l’écouter
Par la feuillée aux hôtes dégoutés
Car, face la bêtise de qui méprise,
Le silence est plus fort que rage et crise.

mercredi 15 janvier 2020

TOUT HAÏK(r)U DEHORS

Celles qui ont du chien ont souvent du mordant…

CRUEL AGENT QUE L’ARGENT

Je l’ai déjà prêché :
L’argent c’est un péché
Et, croyez-m’en, le pire.
Pas véniel. Mortel,
Cela allant sans dire…
Venez donc vers l’autel
Coquelets et coquettes,
Sans oublier la quête !

L’argent c’est Lucifer !
- Croix de bois, croix de fer ! -
C’est écrit dans la Bible :
Il est prédation,
Passions inflexibles,
Vice et tentations.
Mais pensez en adulte
Au denier du culte…

Mes frères, l’argent roi
C’est l’enfer le plus froid
Et ses tourments horribles ;
La fin de tout espoir
D’être un jour éligible
Au ciel : c’est déchoir !
Mais l’Église, en ascète,
Vos legs et dons accepte…

lundi 13 janvier 2020

HAÏKU PAR-DESSUS TÊTE

Venir d’en bas n’empêche pas de tomber de haut.

HOMMAGE APRÈS UN DOMMAGE

Après la disparition du site RuedesFables, en décembre 2019,
à la suite du décès d’Abdelkader Reffes, son créateur, à l’été 2019.

RuedesFables a fermé ses volets.
Le Fric nous l’a volée,
À vivre il lui refuse.
Amis et enfants sont à cran :
Où fables de tous temps
Vivront, elles et leurs muses ?
La Fontaine, La Motte, Perrault,
- Florian leur poteau -
Las, nulle part n’amusent
Plus chalands, promeneurs,
Connaisseurs,…

Vermets,
RuedesFables a fermé ses volets !
Phèdre, Ésope et les créatifs
Éteints
Son pavé pleure…
Pour les modernes plumitifs,
Hâtifs,
Plus de demeure,
D’étal, boutique ou salle
À versales
Pour s’exposer, un jour,
En vitrine à leur tour.

RuedesFables a fermé ses volets
Car Abdel ‘nous a quittés ;
La vie est dégueulasse.
Elle a éteint son bel écran,
Toujours si accueillant,
À ceux de notre race.
Que deviennent ces auteurs
Qui font de l’encre lueur
Pour marcher sur les traces
De Rigaud sans surseoir,
Forts bavards.

Ah mais,
RuedesFables a fermé ses volets.
Le silence éteint brusquement
Raiments
Et rires leurres.
C’est à s’en arracher les tifs,
Furtif…
C’était pas l’heure.
Depuis mes vers se traînent
À grand peine,
Dans ce genre maudit
Peu facteur d’ennui…

RuedesFables on nous a volé,
Et au site envolé
N’iront pensées confuses,
Rimes et couplets guillerets
Espiègleries en rets,
Et jeux de mots qui fusent.
La Fontaine, La Motte, Perrault,
- Florian leur poteau -
Survivent et t’amusent
Mais nous, si légers,
Où aller ?
Mal gré
RuedesFables, on nous a volé !



samedi 11 janvier 2020

HAïKU Y TEUX

Pourquoi les gens suffisants ne se suffisent pas à eux-mêmes ?

GENTILLESSES

La gentillesse
Serait de la simplesse
Ou preuve de mollesse
Non marque de noblesse.

La gentillesse,
Ce fruit de la faiblesse…

La gentillesse
Est pire qu’une laisse
Qui retient, te blesse,
Et qu’homme fort délaisse.

La gentillesse
Qu’aujourd’hui voue aux lesses…

La gentillesse
Oblige à la souplesse
Même face aux drôlesses,
Ou à des diablesses.

La gentillesse,
Cette fleur de vieillesse…

jeudi 9 janvier 2020

HAÏKU Y SON

Inutile de bouillir quand on est cuit !

LE TÊTU, BILLE EN TÊTE

Petite fable affable

Un mouflon, sauvage bélier
Abrupt de caractère comme montagne,
En trois mots, tout sauf moutonnier,
Avait laissé au loin sa natale Espagne
Pour courir nos hautes Pyrénées,
Rêvant de toucher le ciel de ses cornes.
Rien ici ne le réfrénait.
Oh, non ! Aucune limite ni nulle borne.

Il arriva en pays vautour
Là où se déplient et se déploient mille ailes,
Là où l’azur vous est à l’entour,
Là où le pic abrupt perce des nues irréelles.
« Voilà donc un fieffé coquin,
Fit un des rapaces, que bientôt la rage
Rongera quand il saura, faquin,
Que sa quête est une impasse voire un outrage
À Mère Nature : on ne peut pas
Trouer les nuages quand sur la terre on marche.
C’est privilège d’oiseaux ; repas
Pour nous, vite tu seras, imprudent que l’Arche
Aurait, las, mieux fait d’oublier…

- Ma race est tenace, l’ami, on ne l’efface
Pas pour si peu. Retourne brandouiller
En ton aire : il se peut que, matin, tu me laces
Les chaussures, Minus, c’est qu’alors
Toi, tu m’arriveras, enfin, à la cheville !

- Tout ce qui ne va pas dessous l’or
De ton soleil qui, pour cette heure, si fort brille
N’est pas hélas l’œuvre d’autrui ! … 
Je ne t’en veux ni ne t’envie, toison si fière,
Je te préviens seulement : fuis
Les quêtes impossibles, rêveries altières
Et songes creux qui minent l’esprit
Et tourmentent sans fin l’âme où mon bec, mes serres
Seront au festin de toi qui ris
De sages bons conseils dits d’une voix sincères… »

Mouflon redescendit pour grimper
La montagne d’à côté, apparemment plus haute,
Qui mettrait le ciel à portée.
Il glissa et mourut, faisant le délice d’hôtes
Hélas, moins bien intentionnés 
Que le vautour, cet accommodant commodore,
Qui savait qu’entêtés bien nés
Ont des raisons, certes, mais la Raison ignorent…

mardi 7 janvier 2020

HAÏKU PRO Y BITIF

Jadis ce que le savant savait seul le niais niait.
Aujourd’hui, aux yeux de ce dernier, tout n’est que mépris affiché si cela n’a de prix à ficher.

LA BONNE ÉDUCATION

Pastiche sur La mauvaise réputation de G. Brassens

Je l’avoue, sans prétention,
J’ai un’ bonne éducation,
Qu’je m’promène en ville, au bois,
J’ne rest’ pas sur mon quant-à-soi :
Je salue sans que l’on me sonne,
Poursuivant mon chemin d’un air bonhomme…
Mais les bonn’s gens n’aiment pas que
L’on soit bien plus polis qu’eux,
Non, les brav’s gens n’aiment pas que
Que soit par trop civil un gueux.
Tout c’beau monde est en émoi
L’urbanité le laisse' pantois.

À qui m’offre un sourir’ gratis
Je dis merci comme un bon fils,
Car je le dois à mes parents
Qu’ont éduqué, bon an mal an,
Cet échalas qu’est ma personne
Mais ma politesse hérissonne
Car les bonn’s gens n’aiment pas que
L’on soit plus aimables qu’eux,
Non, ces brav’s gens n’aiment pas que
Que soit bien élevé un gueux.
Tout c’beau monde est en émoi
Quand, malgré lui, on est courtois.

Je m’efforce d’être galant,
Alors que c’n’est plus de ce temps,
Avec cette moitié du ciel
Qui alimente de fiel
Un sexe mâle qui se croit fort
Et en use pour son confort.
Je ne fais pourtant de tort à personne
En m’la jouant pas oursonne 
Car les bonn’s gens n’aiment pas que
L’on soit plus respectueux qu’eux,
Non, ces brav’s gens n’aiment pas que
Quelqu’ femme soit sensible au gueux.
Tout c’beau monde est en émoi
Et n’me croit pas de bonne foi.

Je crois que vous m’avez compris
Aux liens humains je mets le prix
Même si c’n’est pas dans le bon goût
D’un temps de malotrus, grigous
De mal embouchés qui vous claironnent
Qu’ça sert à rien ni à personne
Car les bonn’s gens n’aiment pas que
L’on soit bien moins incorrects qu’eux,
Non, ces brav’s gens n’aiment pas que
Les montr’ malappris un gueux.
Tout c’beau monde est en émoi
Quand pas com’ lui, on fait com’ moi.