Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 29 novembre 2017

HAÏKU SAIN

Qui veut son confort ménager ne doit pas ménager ses efforts !

AH, LA VACHE !

Édito pour Rue des Fables, octobre 2017

Pris entre le ziste et le zeste, ses kystes et notre queste, le monde est compliqué autant qu’il est complexe même si je n’en ai aucun. On ne peut être et avoir été dit-on, alors que je connais des imbéciles qui le sont restés, mais quand on me regarde, moi qui suis tout un chacun après avoir longuement tété et parle comme une vache espagnole, on se demande si c’est du lard ou du cochon. Non, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs - et les Autres - quoique homme très Rome antique et mélancolique frénétique, l’ancien garçon des tables - serveur, si vous préférez - que je ne suis plus n’est pas un animal facile à classer avec ces fringues qui me vont comme un tablier à une vache : une seule certitude, j’appartiens au sexe fable, celui qui vous fait faible fame, et importe si peu chaut aux éditeurs parisiens qui aboient, comme les ciseaux du même nom, quand passe la caravane de nos provinciaux apologues. Car contrairement à ce qu’affirmait, au début du mois de septembre, sur l’antenne sans antienne de France-Inter, Erick Orsenna auteur d’un excellentissime Jean de la Fontaine, l’école buissonnière, il y a encore des fabulistes de nos jours. Vous qui fréquentez assidument ou par hasard, avec une faim de loup et une curiosité renardière, la RuedesFables êtes bien placés pour le savoir. Il ne semble pas qu’il l’ait arpentée, lui, un jour ou l’autre, l’œil torve et prompt à suivre les trains de sénateurs, ni de s’y être égaré en double file. Pas même dans le nid (de poule ?) d’une nuit d’insomnie… où on peut pourtant trouver sabot, même comme pis aller quand on a l'amour vache, corne d’Auroch ! Contrairement à ce que prétendit cet écrivain d’ordinaire sans hauteur, sauf de vues, les progrès de notre connaissance du monde animal n’ont pas rendu caduc - ni bête - le fabuleux exercice du fabuliste qui, dans sa solitude d’ermite et un silence monacal, travaille - et sue - comme un bœuf sous le poids de sa plume qu’il pleuve comme vache qui pisse… ou fasse un vent à décorner les bœufs les moins cocus. Oui, ce sont “les éditeurs”, panurgiques moutons d’une mode passagère mais vue comme une vache à lait, qui refusent aux continuateurs du Grand Maître de Château-Thierry tout espoir et toute (c)ouverture, les contraignant à manger de la vache enragée en pleurant comme des veaux. Ils nous récusent sans autre excuse - même des plus plates - alors que l’inspiration en la matière n’accuse pas le coup de nos jours où, comme en son temps, ici comme à Syracuse, un poussin égale deux. Mais « selon que vous serez puisant ou sur le sable, les rengorgements toujours vous feront gland ou loir »… Pardon si, peau de vache comme vous me connaissez, j’ai un chat dans la gorge et refuse de faire patte de velours quand j’entends pareils propos, dignes d’un blaireau faisandé ou d’une triple buse à cervelle de moineau alors que j’admire leur auteur et son œuvre ; une cool œuvre même comme disent les djeuns, modernes djins en jeans, car on n'y trouve point d'écrit vain. Et ce n’est pas là réthorique manœuvre. Qu’il croie qu’il n’y ait plus de place pour le maillon fable dans la grande chaîne des littératures humaines m’émeut. Ah, mais meuh, quoi ! Il me vient alors des larmes de crocodiles et des fourmis dans les jambes et je songe à lui dire, prenant le taureau par les cornes, si j’avais l’heur de le croiser ailleurs que dans l'impasse de son propos : « chacun chez soi et les moutons seront bien gardés. » Heureusement, passant pressé ou accro’ errant de la RuedesFables où déambulent mes mots, où se promènent ceux de mes contemporains et traînent ceux des Anciens, qu’il reste à tous ceux qui sont fables d’esprit, Carole Martinez. J’ai pour cette souris de librairie, qui n’est pas sans appâts ni apprêts à défaut d’être petit rat de l’opéra, je l’avoue, un petit faible de lecteur car elle n’a pas, lumineuse idée, pour le conteur éclectique autant de préventions… Mais la chère est fable et j’ai lu tous ses livres ! La gente et belle dame n’est pas (encore ?) académicienne mais fut tout de même déjà, excusez du peu, Goncourt des Lycéens, avec Le domaine des murmures, en 2011. Elle écrivait, sans vacherie, dans l’ouvrage alors justement distingué et couronné par cette jeunesse si peu dorée sur tranche dont on nous dit qu’elle ne lit plus et à qui fables et contes ne sont pas exclusivement destinés ni voués, le dira-t-on assez : « Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l’oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les arbres. »

Fabuleusement vôtre… et tant pis pour les mortels immortels au point fable aussi faible qui ont oublié qu’ « il n'y a qu'une seule morale qui vaille dans cette histoire, une seule donnée essentielle : nous ne sommes que de dérisoires étincelles au regard de l'univers. Puissions-nous avoir la sagesse de ne pas l’oublier. » (Hubert Reeves, La plus belle histoire du monde).

lundi 27 novembre 2017

MAUVAIS HAÏKU ?

Une conquête est une coquette sans haine !

CHANSON À DÉBOIRES

Elle a un gros tarin
La fille du marin
Qui, sur le quai, espère
Le retour de son père,
La fille du marin
Qu’est pas non plus bêcheur,
La fille du marin
Pêcheur…

Connue jusqu’au Bas-Rhin
La fille du marin,
N’est vraiment pas farouche :
Il suffit qu’on la touche,
La fille du marin
Qui joue pas les prêcheurs,
La fille du marin 
Pécheur…

Mais elle a un “parrain”
La fille du marin,
Qui ses bénéfs empoche,
Le surin dans la poche,
La fille du marin
Qu’est pas d’premièr fraîcheur,
La fille du marin 
Pécheur…

Tu finis au gaz sarin
Si la fill’ du Marin
N’a pas eu son obole
Pour l’autre rocambole
La fille du marin
Qu’on soit lécheur, sécheur,…
La fille du Marin
Pêcheur…

samedi 25 novembre 2017

HAÏKU PULATION

Le sexe opposé n’est pas toujours au sexe opposé !

LA CHAUSSETTE À PAPILLON

Petite fable affable

Un jour, un papillon élut domicile 
Sur une chaussette qui, n’était l’odeur,
Avait tout, forme et couleur, d’une vraie fleur.
Notre bête est loin d’être un imbécile
Mais se sentait seul, quoique vivant sans pleurs,
Entre fleurs à cabris et buissons d’épines,
Entre herbe à brebis et bosquets d’aubépines.

Il vécut heureux s’invitant aux parterres
Voisins pour y faire ventre à volonté.
Boudé par ses pairs et moqué sans bonté,
Il n’avait pas d’asile sur cette terre
Hormis sa chaussette, qu’un collet-monté
Avait, un beau soir, laissée tomber comme une
Aînée de ses pairs. La chose est fort commune.

Voir la vieille nippe accueillir cet hôte 
Comme un ami invité interloquait :
Comme si elle avait pu répondre, il soliloquait
Comme on causerait à un très vieux pote…
On s’interrogeait : qui, des deux, débloquait
Le plus, du papillon ou de la chaussette
Qui pour niche lui a fait une fossette ?

Ils avaient donc uni leurs deux solitudes :
Abandonnés des leurs à leur triste sort,
Car lorsque l’on vit sans recours ni ressort,
Il vaut mieux être seul, sans platitude,
Que mal accompagné par quelque consort
Car l’Amitié, seule , aide sans attendre
Retour et protège sans plus y prétendre…

vendredi 24 novembre 2017

jeudi 23 novembre 2017

HAÏKU’M PAGNY

Il faut déclarer sa flamme à qui a moins de bougies que vous… Sinon ça coûte cher !

DIABOLIQUES AMOURS

Sur un vers de P. Verlaine

Des satans adolescents, sur la cathédrale,
Font, de leurs cinq sens, litière aux Sept Péchés…
Ce ne sont entre ces couples que cris et râles
À choquer l’évêché et le ciel ébrécher.

Lucifer bénit ces joutes, lui qui se rit
Du blasphème et s’amuse, selon sa morale,
Que tout cela fasse, ici, scandale et hauts cris.
Mais voilà qu’hélas survint l’erreur magistrale :

À force de jouer et de feindre leurs amours,
Nos amants s’éprirent l’un de l’autre assez vite ;
Or le Malin sur ce point manque fort d’humour.

Il les silicifia sans guère plus d’invite :
Eux gargouilles, elles chimères, ils sont, sans remords,
Au toit de Notre-Dame depuis ces temps morts.

mardi 21 novembre 2017

HAÏKU CYAN INTELLECTUEL

On ne prête qu'aux riches, soient-ils de pauvres cons !

LA DINDE BAFOUÉE

Petite fable affable

Une dinde fort bien troussée, Dame,
Mais jamais assez à son goût, ma foi,
S’était fait farcir - et on l’en blâme - 
Par toute la basse cour. Une fois,
Au coq timide, elle s’était offerte,
Lui qui, toujours, à Onan donnant 
Et au vent semant, a rendu disertes
Toutes les poules au sang bouillonnant
Qui se mettaient à poil en pure perte !

Aimée avec profit par tous les mâles,
Elle était des femelles la risée,
Celle qui fait qu’on jase ou qu’on râle
Quand, las, vint à marcher sur ses brisées
Une poulette. Ce fut une épreuve
Pour la dinde abandonnée qui, rire amer,
Lui dit : « Même la gloire du fleuve,
Petite sotte, s’achève à la mer* !»

* D’après un proverbe russe.

dimanche 19 novembre 2017

HAÏKU NAISSANCE

Pourquoi ceux qui ont une épouse mauvaise l’appellent-ils leur "bonne femme” ?

COMME UN CHÂTEAU CATHARE…

Cycle pyrénéen

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Ma vie est traversée de vents qui glaceraient la Loire,
Mes souvenirs sont pareils aux pans de mur écroulés
Qui accueillent les ronces de l’oubli entre ses boulets.
Les orties des pourquoi ont envahi l’herbe des rêves
Là où une cour pavée offrait une propice trêve
À mes mâles humeurs, un horizon à mes détours 
D’ennui, un havre à mon désespoir érigé en tours.

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Ma vie domine vos joies d’enfants que l’on mène au square,
D’adultes n’ayant que déboires et heures écoulées.
La faux du temps bat vos campagnes et fait des goulets
De vos jours où s’étrangle l’espoir qui n’a d’autre grève
Qu’une vieillesse naufrageuse, une mort faite glaive.
Perspective désespérant qu’aller sans retour !
Il m’a rendu serein et fort et cynique au détour.

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Je suis usé comme un grimoire, ai ridé ma mémoire
Et n’offre aux vents mauvais, dans les froides bises roulé, 
Qu’ une herse tombée au pied d’une porte trouée,
Battue mais jamais abattue dans l’aube qui se lève,
Dans le crépuscule qui s’éteint et, las, vous achève…
Là, je résiste à l’annonce de mon propre trépas
Reproche planté dans l’ornière de votre ignorance,
Portant mon ombre sur les illusions déjà rances
De vos histoires qui ne sont que « faut pas » et faux pas.

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Quand le ciel bleu, d’aventure, pleure ou se fait bouilloire,
Dans ma lassitude et dans ma solitude coulé,
Dans mes habitudes moulé, et par vos pas foulé,
Vous croyez m’avoir vaincu car jamais je ne me relève
Quand votre existence vous mène de crève à crève.
Devenu l’écho de moi-même, je l’avoue sans détour,
J’ai vécu. Quand, pour ce faire, viendra donc votre tour ?

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Je vous défie car, entre essentiel et accessoire,
Vous ne savez balancer car tout, toujours, vous voulez :
La liberté et le confort mais sans trop vous fouler,
Le toc et l’authentique mais sans en goûter la sève
Ni en payer le prix… Moi j’ai lutté face aux vautours
Et perdu, certes, mais suis toujours là, dans vos alentours.

samedi 18 novembre 2017

vendredi 17 novembre 2017

HAÏKU’ESTION EXISTENTIELLE

Ne sachant qui je suis, d'où je viens ni où aller je serais surpris d'arriver à quelque chose c'est-à-dire de devenir quelqu'un !

LA LIMACE & LA DEMOISELLE

Petite fable affable

Madame limace avec une libellule
Causaient courage, imprudence et témérité.
La première, plus timorée qu’une iule
Prêchait tout haut contre la dangerosité
De l’envol, trouvait toute entreprise imprudente
Et toute aventure, en ce monde, inconséquente.

L’autre se vantait, tout babil, de son audace, 
Elle qui avait la trempe d’un vrai héros
Et l’intrépidité, sceau des meilleures races,
Qui permet de faire face à tous les zéros
Et évite de finir, un jour, dans un ventre
Ou le gosier d’un emplumé qui se veut chantre.

« Inconscience ! » répétait la baveuse
À la frivole survolant ses pourpiers.
« Mais que nenni, ma grosse traînarde envieuse,
Et n’oublie jamais qu’ “Oser c'est perdre pied
Momentanément. Ne pas oser c'est se perdre*” »…
Un oiseau happa l’autre avant qu’elle eut dit : « Merdre ! »


*Soren Kierkegaard


mercredi 15 novembre 2017

HAÏK(r)U QUI GNOLE

Qui prend tout le monde de haut est tombé bien bas !

AUX FILS DU CONDOR

Au-dessus des petits riens qui font et défont 
Un destin, toisant le puma comme l’Homme et l’âne
Là-bas, à l’ombre des Andes et de ses noirs tréfonds,
Dernier témoin d’un passé enfui, un rapace plane.
Il survole un enfer enfoui que fer et feu
Pas fainéants sous ces cieux, ont fait néant
De chaînes d’esclaves en protecteurs couvre-feux.

Tout fut perdu for la vertu et l’honneur, céans ;
Mais de l’une il ne prend soin sans ambages ni vergogne
Et de l’autre il n’a besoin, dans l’appétit béant
Qu’il a d’affronter l’Humain plus pleutre que vigogne :
Ne pouvant avoir honte, ce bipède-ci a peur,
Roseau bien pensant sur l’ego se perchant
Mais roseau peu pensant, vain jappeur et vil dupeur.

Plumage vert et serres bottées à tout bout de champ,
Le bec toujours avide et, pis, l’œil insatiable,
Il est la bête, hélas, de tous les mauvais penchants,
Ce dieu sur terre qui rapace son semblable.
Et dans ces montagnes-là, c’est lui l’oiseau de proie
Jouant l’orfraie ou l’effraie à toute heure et à tout heur,
Faisant la harpie et le griffon dès qu’il est roi.

Le condor apprit, par l’épreuve, qu’oiseau de malheur,
D’ère en aire, l’Homme est le pire animal qui hante
Sol et rochers, y semant terreur et douleur
Car cette engeance si malfaisante et fort grouillante
Se fait notaire intègre ou vertueux magistrat
Comme infâme dictateur par les vaux et les monts
Et voudrait qu’on oublie qu’il ne vaut mieux que rat.

Les fils du condor ont pris, en bons vieux démons,
Dans le ciel flétri d’un jour neuf, couleur de cendre,
Le relais de leur père qui, d’aval en amont,
N’a connu que charniers et mouroirs, palissandres
Masquant potences et poteaux, bref ces bas instincts
Vaincus de haute lutte pour qu’un soleil nouveau
Refleurisse au sang de nues que l’Homme avait éteint.

Mais les fils du condor ne veulent pas qu’on oublie
Ce que vit et vécut leur père et ses pairs soumis
Au joug d’un uniforme maintenant affaibli :
Ami, le temps n’affadit rien ni n’excuse mie !
Il est des crimes qu’on ne doit jamais effacer,
Dont seuls peuvent témoigner les cieux profonds
Où plane un condor impassible sans se lasser…

lundi 13 novembre 2017

CHASS’HAÏKU REUX

Si « qui va à chasse perd sa place » qui va à passe perd-t-il sa classe ?

ROMAINE SAGESSE

Souviens-toi, toi qui méprises les Belles Lettres
De Cicéron, ce fort noble et brillant ancêtre
Qui a théorisé, en son temps, tout ceci :

« Un le Pauvre bosse jusqu’à la mort sans sursis ;
Deux, le Riche exploite le un et sans vergogne ;
Trois, le Soldat défend les deux, les armes en pogne ;
Quatre, le Contribuable paye pour les trois ;
Cinq, le Vagabond se repose sur les quatre ;
Six, l’Ivrogne boit pour cinq sans guère d’effroi ;
Sept, le Banquier escroque les six, douceâtre ;
Huit, l’Avocat trompe les sept… et sans façon ;
Neuf, le Médecin tue les huit en vingt leçons ;
Dix, le Croque-Mort enterre les neuf et, tique,
En onze, de tous ceux-là, vit le Politique ! »

Depuis la Rome antique, ainsi le monde va,
Bon an mal an, sous les huées ou les vivats…

samedi 11 novembre 2017

HAÏKU D’GNOLE

Boire et reboire au ciboire pour vous imboire n’a jamais réduit vos déboires en pourboires…

IL EST MINUIT…

Va, il est peut-être trop tard
Pour rattraper tous mes retards
De sensations, de sentiments
Sans que ça fasse boniments
Car les heures filent si vite,
Tout apeurées que ne s’invitent
Quelques pauses ou un vrai silence
Poussant l’aiguille à la dolence
Ou à la somnolence.
Tuant toute relance
Dans nos tendres amours,
Notre horloge a usée
Les ans tout cérusés,
Patinant les toujours.
Et, sans un bruit,
Vint la mi-nuit ;
Le temps s’enfuit.
Sonne minuit,
Heure sans fruit…

Allez, disons-nous le sans fard
Entre habitudes, ennui, cafard,…
Nous avons plus de souvenirs
Chers à nos cœurs, que d’avenir.
Mais le pendule se balance
Entre indolence et vigilance ;
Nous guette un cadran presbyte
Aux minutes myopes vite 
Venues, encor’ plus vite
Reparties, où habite
L’oubli de nous, vieillis
Dans la sincérité
Et la fidélité
Qui n’a jamais failli.
On rêve et puis
Déjà, minuit.
Nos jours s’enfuient…
Il est minuit,
La vie nous fuit…

vendredi 10 novembre 2017

HAÏKU RÉGI

Il est des esprits jaloux et des cœurs fats qui, lorsqu’on louange un tiers jouant dans leur cour, jugent que c’est autant que l’on retranche à leur aura !

jeudi 9 novembre 2017

HAÏKU’RIR TOUJOURS HAÏKU’RIR

Le rêve, j’y songe, est une grève
Où la vie lasse se fait trêve,
Et que m’importe qu’elle soit brève,
Car l’espoir, son bon blé, y  lève 
Et jamais, tenace, ne crève…

LES TAS D’URGENCES

Petite fable affable

Un vieux bison besognait à brouter
Dans la prairie où il lui fallait router
En compagnie de la tribu de ces bêtes
À cornes dont il était le seul barbon,
Celui dont la sagesse appelle courbettes
Et qu’on évite de rendre furibond
À la rivière comme dans l’herbette.

Ce bon barbu barbant était affairé,

Toujours occupé à ci ou à flairer
Ça car Chef est position qu’on occupe
Mais qui, surtout, occupe, vous disait-il,
Ajoutant, parfois, pour tous ceux des siens, dupes
De son vain empressement, d’un air subtil :
« Tout ce qui compte ne peut pas toujours être
Compté… et ce qui peut être compté, traître,
Ne compte pas forcément ! » On opinait
Et on le suivait quoi qu’il dise ou fasse,
S’agitant tous en chœur par les épinaies,
Se bousculant dans la prairie où les traces 
Témoignaient de mille mêlées essoufflées,
De la précipitation insufflée…

Avec lui tout devait être fait pour la veille,

Et même avant, si c’était possible… Merveille
De la vie en groupe, il fallait vite agir
Mais en troupe et dans un fort parfait ensemble,
Ce qui n’aidait pas, ma foi, à réagir
Rapidement au point que le sol en tremble ;
Mais dans le troupeau, on se heurte sans fin
Alors que le danger est au loin, soit-il feint,
 Se bouscule et encore se piétine
Quand l’impératif est déjà dépassé…
Puis, dans l’instant, reprenait la routine,
Laissant le meneur de ces buffles angoissé,
Balançant entre, hélas, le courroux et l’ire
À voir ses pairs si lents et en plein délire…

Un jour, un chien de prairie agacé

Par cette houle rageuse qui effaçait
Tout au passage, lui rappela qu’à faire
Désordre et bruit, à courir en chargeant,
L’Homme n’avait pas de mal à la défaire :
« Parce qu’à force de s’occuper de l’urgent,
Vite, on en oublie l’essentiel, mes Frères ! »

mercredi 8 novembre 2017

HAÏKU MODE

Grâce à la société de consommation, les meubles de style sont désormais à un prix abordable pour tous. Les meubles de « style Louis Caisse », bien sûr !

mardi 7 novembre 2017

HAÏKU ÉTANT DU “ V”

Il ne se repose guère celui sur qui tout repose !

QUESTIONS ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ

Comment appelle-t-on les habitants de Bransles (77) ?
À Brémoy (14), le déluge ?
Apatou (973) ne manque en tout cas pas de charme ?
On ne manque pas d’air à Culot (01) ?
Pourquoi ne pas jumeler, Madame, Pers (15) et Palaiseau (91) ?
Doit-on s’arrêter à Faux-Fresnay (51) ?
Allez Omblèze (26) ?
C’est pas la mer à boire, Bouyon (06), Godefroy ?
C’est si petit que ça Étréjust (80) ?
Comment sont les gens du crû à Cuis (51) ?

dimanche 5 novembre 2017

HAÏKU BILOT

Quoi qu’il le nie, tout opposant dit parfois l’inverse de ce qu’il pense pour ne pas se contrarier lui-même face à l’adversaire dont il veut prendre le contre-pied !

SAGESSE AMÉRINDIENNE

Petite fable affable

Un vieil indien, devant son teepee,
Explique sans se faire verbeux
À son petit-fils un peu merdeux
Qu’en chacun de nous et sans répit,
Deux loups se livrent, et se livreront
Toujours, bataille comme larrons :

« Le premier loup, un gros et grand gris,
N’est que gentillesse, amour et paix.
Il n’a pas la griffe rabougrie
Ni le croc aigri en son clapet.

L’autre est la bête noire et velue
Qui est peur, haine et avidité.
Aussi puissant, brute et goulu
Que son pair, sans ambiguïté.

 - Et lequel des deux est le plus fort ?
Dit le partisan du moindre effort.

- Mais celui que tu nourriras ! »
Fait l’Ancien en levant les bras.

vendredi 3 novembre 2017

HAÏKU LONG BOW, FILII !

Un auteur qui se livre c’est un peu comme un canard qui se confie !

SELF CONTROL

Les jours où j’étais un sal’ gamin
Je goûtais, aller-retour, aux mains
De mon père disant alors, et sans tendresse,
Qu’il n’est de mauvaise branche qu’on ne redresse :
« Si tu veux rester sous c’toit,
En tout lieu, modère-toi ;
En tout cas, contrôle-toi.  »

Mais j’ai continué mon chemin,
Et mêm’ connu d’heureux lendemains
Dans la chaleur des bras de mes maintes maîtresses
Puis j’ai rencontré Suzy qui m’dit, traîtresse
« Si tu veux m’mettr’ la bague au doigt,
En tout lieu, modère-toi,
En tout cas, contrôle-toi !  » 

J’ai fait la fête et le malin comme un Roumain
Mais le doc’ inquiet m’a fait un examen
Et m’a affirmé, avec un air de détresse,
Comme pour un fort triste oracle une prêtresse :
« T’vas finir comme un putois,
En tout lieu, modère-toi,
En tout cas, contrôle-toi !  » 

Dans cet hôpital au personnel inhumain
Je ne sais pas, l’ami, si je verrai demain
À l’heure où les Parques lassées, déjà, me tressent
Un’ couronne de fleurs pour ma future adresse
Je pense : « C’n’est pas courtois,
Les filles, c’est mêm’ matois
De m’laisser seul et pantois !
Puis j’m’dis, dans mon patois :
En ce lieu, modère-toi,
Dans ce cas, contrôle-toi !  » 

mercredi 1 novembre 2017

HAÏKU MEUH

La légèreté est souvent lourde de sens…

EN TOUTES CIRCONSTANCE, SACHONS GARDER LA MORALE !

Édito’ pour RuedesFables (mai 2017)


  Depuis l’exquis déluge d’éloges de mon précédent édito’, l’humble jongleur œuvrant dans la jungle des mots que je suis, balise de détresse : vais-je pouvoir être auteur à la hauteur des attentes, canadiennes et quechuas, qui vont être les vôtres au joli mois de mai, le mois d’aimer et pas des « mais » qui est aussi celui des mets de mémé en maie. Chai moi, verre de rouge valant mieux que vert de rage et verre de blanc que vert-de-gris, j’ai pris conseil en vain auprès d’autres rimeurs solidaires, troubadours du val d’Adour de mes connaissances et non de ma famille, ce groupe d’individus unis par le sang et désunis par leurs sens. Je laissai l’un d’eux, le troisième, moine authentique qui jouait les faux-frères, une fois n’est pas coutume, coi comme carpe : est-il si troublant qu'un trou noir trouble un trouvère ? Il est vrai que « chantre affamé n'a point d’oseille » et que mon alter ego poèmien, comme moi membre du syndicat des rimes, est plutôt du genre à préférer un saint ascète aux plantureux festins qui me font, en homme de tête ayant l’esprit de corps, « gros » alors que lui est « lourd ». C’est vrai que, délivré de l’ivraie des livrets, il a le corps sage du penseur pansu et le jeu de mots laid pour gens bêtes. Aussi me retrouvai-je, à l’aube d’une nouvelle gageure majeure, bête comme mes pieds, la morale dans les chaussettes !

  Sur quel sujet allais-je, la morale à zéro donc, soulager ma plume à défaut de ma conscience à la morale austère (Fred, bien sûr !) ? Reprenant ma respiration, plus rusé qu’Indiens en conspiration, la flemme n’étant pas l’avenir de l’âme - « à la couleuvre on connait l’alezan » - je me suis mis en quête d’une idée entre détroit (touché…) et hideux (coulé !). C’est un fait, foraine, inspiration et transpiration sont les deux mamelles de mes aspirations. J’ai cessé de frapper ma caboche contre les murs qui me murent et depuis murmurent pour taper sur mon clavier en homme azerty qui en vaut bien dieu ; « T’plante pas, le logiciel te plantera. » Depuis je trime plus que que je ne frime devant mon écran car je ne suis pas un dégonflé : mon tour de taille en atteste ! Je cherche toujours et encore quelque chose à dire qui ne lasse point les baladeurs et les baladins de la Ruedesfables car, « tout hâbleur vit aux dépens que celui qui l’écourte ». Et je crains que l’un(e) de vous ne ne clique ne pouvant me claquer surtout qu’« en toute prose il faut considérer le feint » et que votre humble serviteur préfère à celle-ci les beaux vers, assonances sonnantes et consonances trébuchantes parce que « la loi des métaphores est toujours la meilleure ». En effet, contrairement à la cigale de la fable, la rime, devenue riche, n'est point ingrate envers la fourmi, fourmi fourmi-dable, qu’est le rimeur, soit-il, solitaire. Oui, je suis un écriveur du genre commettre des rimes en série (hollorimes en bon français), mais aussi des rimes de guerre ou contre nature qui ne me font ni peur ni reproche, des rimes d’honneur ou contre l’Humanité, de celles qui astiquent le distique, qui font refrain d’un quatrain, martingale d’un madrigal ou d’une légère élégie,… Au nom des lais pas laids ou népalais, vous ai-je sonnet pour devoir entrer ainsi dans les arts sans faire bazar ?


  Rimes féminines ou masculines, je jurai, en pétard et in petto, qu’on me brime si je grime les choses, de trouver vite un thème que je ne puisse traiter dignement pour vous. Sachant qu’« il ne faut jamais prendre la pas de course qu'on n'ait mis pied à terre » et que « méfiance et rigueur, s’entend, font plus qu’idées retorses ni qu’outrage », je pouvais rebondir sur un commentaire de lecteur ; « pinaillez, donnez de la peine : c'est le foin qui manque le moins » ! J’aurais pu m’emporter, parce que déjà emballé, contre quelque erreur de syntaxe ou faute d’orthographe mais c’était crime trop facile quoique pas sans risque car « petit poison deviendra grand pourvu qu’au fiel lui prête envie. » Alors je me suis fait violence et suis parti vers la Vendée quémander non des terminaisons sans rime ni raison mais un motif sur lequel broder que je puisse triturer et triolet. Pour quoi le pays des Chouans, ventre-à-choux buveurs de chouchen ?… Car, là, Luçon (85) vaut bien un hommage ! Or comme « il ne faut point jauger l’urgent sur l’impatience », rien ne m’est venu avant que je ne quitte les fous du Puy… Ah, c’était plus facile dans mon jeune temps ! Mais évoquer les jours pluvieux de mon enfance ne nous rajeunit pas et ne fait pas avancer mon travail. Or, je ne voudrais pas qu’on me fasse crime de ne point tenir parole… un édito’ par mois pour moi, c’est le deal si je veux traîner encore un peu dans la Rue que vous arpentez. Alors, même si j’ai du mal, loyal envers moi même - la fidélité ne tient qu'à un fil de soi ! - je vais tenir parole ne sachant tenir ma langue quitte à pondre un texte prétexte car hors-contexte, écrire un chapitre pour chapitrer un chat pitre, tisser un canevas à dieu-va, proposer un exposé osé devenu  plus posé,…


  Acrostiche pour postiche ou ballade pour baladeur, tirer à la ligne à quoi ça rime ?… Certains matins, au milieu de mes meubles de style Louis Caisse, il n’y a pas de bon pied avec lequel se lever… ni de bon œil pour voir le monde : l’inspiration n’est pas venue quoique je me sois tancé et dit : « Rime ailleurs, rimailleur ! » avant que l’un ou l’une - sifflet de femme est pire que soufflet d’homme ! - de vous ne m’apostrophe : « Vous rimiez ? Qu’à Dieu ne plaise. Eh bien ! stancez maintenant »… Ce sera sous un ciel échauffé de préférence car n’ayant, en guise de plates excuses, que des rimes du même acabit à offrir et que toute plaine mérite solaire, avec l’âge, mon visage qui m’offre le plus doux des airs devient comme lui… à rides ! Bon avec tout ça, je ne sais toujours pas de quoi parler ce mois-ci mais, ouf !, j’ai fini mon papier… que l’on est prié de ne pas jeter dans la Rue où on l’a trouvée !


Amicalement et fabuleusement vôtre !