Le télétravail ?… Plus de travail que de télé, c’est sûr !
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
mardi 31 mars 2020
QUESTIONS ANGOISSÉES D'UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSSOLÉ
Peut-on trouver du boulot en traversant simplement Arue (40) ?
Peut-on jumeler le hameau de Bouc-étourdi (78) et la ville de Chevreaux (39) au titre du « regroupement familial » ?
Bande de Coimères (33) serait médisante ?
Peut-on vivre sous les toits à Combles (80) ?
C’est de l’appareil au même La Machine (58) et Enghein (95) ?
N’est-ce pas un peu tordu Luxey (40) ?
Est-ce si dégoûtant que cela Nozay (44), M. Sartre ?
Qu'il y ait eu une bataille sanglante à Perthes-les-hurlus (51) vous étonne-t-il ?
Sailly-Labourse (62) n’est-ce pas idéal pour un lupanar ?
Peut-on évoquer l’O’Cédar à Saint Gor (40) ?
lundi 30 mars 2020
dimanche 29 mars 2020
LE CORBAC & LE R’NARD
Petite fable affable après et d’après J. de La Fontaine (Fables, I, 2)
Maître Corbac, sur son chêne juché,
N’a pas en son bec de fromage.
Maître R’nard, s’en trouve fort fâché
Mais la conversation engage :
« Eh, Salut Mon ami Corbeau.
Pas de frometon ? Même pas un lambeau ?
- Mon docteur, et c’est bien dommage,
M’interdit, c’est pas une image,
Tout. “Cholestérol” qu’il dit. Je suis aux abois ! »
Le R’nard, à ces mots, s’offense comme un bourgeois :
« Y’en a marre de ces pisse-froids :
Les Végans ne cacheront pas leur joie
Quand ils auront fait interdire, envieux,
“Le loup et l’agneau”, Monsieur !
Comment le fabuliste qui écoute
Son temps, pourra-t-il, sans s’arracher la moumoute,
Comme de tout temps il en fut,
Écrivasser sur nous sans qu’on l’em… tant et plus ? »
N’a pas en son bec de fromage.
Maître R’nard, s’en trouve fort fâché
Mais la conversation engage :
« Eh, Salut Mon ami Corbeau.
Pas de frometon ? Même pas un lambeau ?
- Mon docteur, et c’est bien dommage,
M’interdit, c’est pas une image,
Tout. “Cholestérol” qu’il dit. Je suis aux abois ! »
Le R’nard, à ces mots, s’offense comme un bourgeois :
« Y’en a marre de ces pisse-froids :
Les Végans ne cacheront pas leur joie
Quand ils auront fait interdire, envieux,
“Le loup et l’agneau”, Monsieur !
Comment le fabuliste qui écoute
Son temps, pourra-t-il, sans s’arracher la moumoute,
Comme de tout temps il en fut,
Écrivasser sur nous sans qu’on l’em… tant et plus ? »
samedi 28 mars 2020
vendredi 27 mars 2020
MARE NOSTRUM ?
De flux en reflux,
La mer vomit des hommes
Et des croqueuses de pommes.
De flux en reflux,
De leurs malheurs, elle écume
Et s’ourle de leurs pleurs plumes.
De flux en reflux.
De flux en reflux,
Mer et marées désamarrent
Des terres de faim.
De flux en reflux,
Leurs flots sans fin nous recrachent
Des corps d’enfants sous Râ, sous la drache,…
De flux en reflux.
De flux en reflux,
Les courants fous jusqu’à nous amènent
Des désespoirs, des vies,… peu amènes.
De flux en reflux,
La houle des morts nous indiffère
Tant à les sauver tant on diffère…
De flux en reflux.
La mer vomit des hommes
Et des croqueuses de pommes.
De flux en reflux,
De leurs malheurs, elle écume
Et s’ourle de leurs pleurs plumes.
De flux en reflux.
De flux en reflux,
Mer et marées désamarrent
Des terres de faim.
De flux en reflux,
Leurs flots sans fin nous recrachent
Des corps d’enfants sous Râ, sous la drache,…
De flux en reflux.
De flux en reflux,
Les courants fous jusqu’à nous amènent
Des désespoirs, des vies,… peu amènes.
De flux en reflux,
La houle des morts nous indiffère
Tant à les sauver tant on diffère…
De flux en reflux.
jeudi 26 mars 2020
mercredi 25 mars 2020
LE PERDREAU DE L’ANNÉE
Petite fable affable
La vieille chouette n’en croit pas ses yeux :
Drôles d’oiseaux s’il en est, ses dix élèves
Dont une triple buse n’ont rien de merveilleux ;
Dire qu’elle doit éduquer cette relève !
Têtes de linottes, bavardes comme pies
Ce ne sont, las, que faisans, butors ou bécasses
Oies et dindes qui, après cours, la font flapie.
Mais elle insiste à s’en bousiller la carcasse.
Ce jour-là, pour tous, elle a prévu un devoir
Sur table mais un fort jeune coq, véritable
Canard boiteux fier comme un paon, pour ne voir
Baisser sa moyenne est absent. Inacceptable !
La chouette, pour ne pas être le dindon
De la farce, au premier jour où cette cervelle
De moineau revient en son cours lui fait don
D’un contrôle. Et il n’apprécie pas la nouvelle !
« Comment, dit-elle, vous n’êtes pas un manchot ?!
Vous avez révisé dur pour avoir la note
Que vous méritez… et malheur !, bien au chaud,
Au lit, vous avez du rester, claquant des quenottes,
Si j’en crois le billet que m’a fait parvenir
Votre si chère mère, cocotte à ses heures.
Tant de travail devrait rester vain ?! Punir
L’effort n’est pas chose qu’on fait en ma demeure ! »
Bien sûr ce vautour qui se croyait faucon
Car il vendait parfois des rossignols, en douce,
À des grues, reçut le juste prix, bien rond,
De sa rouerie et n’y repiqua plus… par frousse.
Qui veut tromper l’autre doit savoir qu’on supporte
Mal d’être pris pour mot qui trois lettres comporte !
Drôles d’oiseaux s’il en est, ses dix élèves
Dont une triple buse n’ont rien de merveilleux ;
Dire qu’elle doit éduquer cette relève !
Têtes de linottes, bavardes comme pies
Ce ne sont, las, que faisans, butors ou bécasses
Oies et dindes qui, après cours, la font flapie.
Mais elle insiste à s’en bousiller la carcasse.
Ce jour-là, pour tous, elle a prévu un devoir
Sur table mais un fort jeune coq, véritable
Canard boiteux fier comme un paon, pour ne voir
Baisser sa moyenne est absent. Inacceptable !
La chouette, pour ne pas être le dindon
De la farce, au premier jour où cette cervelle
De moineau revient en son cours lui fait don
D’un contrôle. Et il n’apprécie pas la nouvelle !
« Comment, dit-elle, vous n’êtes pas un manchot ?!
Vous avez révisé dur pour avoir la note
Que vous méritez… et malheur !, bien au chaud,
Au lit, vous avez du rester, claquant des quenottes,
Si j’en crois le billet que m’a fait parvenir
Votre si chère mère, cocotte à ses heures.
Tant de travail devrait rester vain ?! Punir
L’effort n’est pas chose qu’on fait en ma demeure ! »
Bien sûr ce vautour qui se croyait faucon
Car il vendait parfois des rossignols, en douce,
À des grues, reçut le juste prix, bien rond,
De sa rouerie et n’y repiqua plus… par frousse.
Qui veut tromper l’autre doit savoir qu’on supporte
Mal d’être pris pour mot qui trois lettres comporte !
mardi 24 mars 2020
lundi 23 mars 2020
LA FORTE ESCORT
Quoiqu’elle s’adonne à la Madone,
Ce coquet caquet, dans le printemps
De sa vie, effeuille - y’a maldonne ? -
La fleur de son âge à tout instant
Car, toute entière, elle se donne…
Depuis longtemps il en est ainsi :
Cette ménade des promenades,
Ses charmes avec chacun négocie.
Le soir dévêt, d’une capucinade,
Sa vertu ; le matin, comme une scie
Lui rend sa pudeur sans une larme.
Corps de passage et cœur au rebut,
Les plaisirs provisoires recherchent
Cette Vénus des minus, qui a bu
Toute honte et, pis, pas faux derche,
Jusqu’à la lie car trop d’attributs
Tentent, hélas, les perches et les berches !
Ah, elle n’attire pas les rajahs
Cette vestale de vestiaire
Que tous les plaisants trouvaient déjà
Enfant, tentante toute entière
Et la couvraient de présents, najas !
Mais cette hétaïre des satyres
Ne sait pas se taire : à chacun
Son secret, en maison ou en tire,
Donc son paquet, hors du baldaquin
S’entend, quoique alors elle en retire.
Elle fait dès lors la joie d’aucuns :
Elle reprend tout vain bruit de bouche,
Répète tout chamaillis de mots,
Tendres paroles ou vers un peu louches,…
Alors aux mauvais amants les maux
Car qui entrait, un temps, en sa couche
N’enfantait que rumeurs et bon mots,…
Ayant de sa profession la langue,
Notre renchérie cassait sans faim
Les bonimenteurs tout en harangue
Édiles à idylle sans fin
Ou Casanova laissés exsangues.
Mais tremblaient comme branches de saule,
Indignes d’être des Don Juan,
Ils jetaient bas leurs masque et rôle
Avec elle et les quelques truands
Prou adonisés que, sur parole,
Elle a libérés de problos gluants.
Ils la protégeaient de l’insolence
De qui, la vêtant de voluptés
Factices et de cette dolence
Qui gît là, à fleur de peau, optaient
À son égard pour la violence
Quand leurs défaillances elle caftait…
Le temps de ces doux désirs complices
Et l’ambre si pur des passions
Ne durent guère, et dès qu’hélas plisse
La peau vient la démission
Des amours et l’heure de la malice.
La sueur des souvenirs s’égrène
Alors en perles qui font parler
De types, bonne ou mauvaise graine,
Défunts ou défaits, qui font reparler,
Obrombrant tout un genre. Sans haine.
Ainsi finit, sans s’éniarler,
La vie d’une simple bourlingueuse
De braguette pour qui, toujours,
L’efflorescence - que l’on dit gueuse -
Des concupiscences prête, au jour,
À rire et, à la nuit rugueuse,
À l’action sous tous les abat-jours.
dimanche 22 mars 2020
samedi 21 mars 2020
L’APPRENTI PÊCHEUR & LE MOINE
Petite fable affable
« Là où est le poisson, on trouve un bateau ! »
Se disait un marin friand de friture.
Aussi était-il parti, seul, au plus tôt,
En suivant les bons pêcheurs en filature,
Pour trouver au plus vite un de ces « bons coins »
Qui fait votre réputation de Tourcoing
Aux rues de Watrelos et de Franconville
Aux confins les plus reculés d’Ageville.
Bien lui en a pris car, dès sa sortie,
Il garnit à en faire craquer les mailles
Ses filets au risque, on l’avait averti,
De faire chavirer coque et poiscaille.
Il était surtout fier d’un très gros bar
Qu’il peinait à porter, quoique malabar,
Et qui gisait en deux bras tout en tatouages,
Tout flasque et mou depuis son échouage.
Surgit de nulle part, aussi moustachu
Qu’un morse, un phoque voit le loup, l’arrache
Des mains de notre bon marin infichu
D’empêcher que ce loup si gras ne se crashe
En mer avec son si rapide ravisseur
Qui alla le happer, en fin connaisseur,
Sur un gros rocher affleurant, là, tout proche,
Au milieu d’écueils empêchant toute approche.
Qu’un morse, un phoque voit le loup, l’arrache
Des mains de notre bon marin infichu
D’empêcher que ce loup si gras ne se crashe
En mer avec son si rapide ravisseur
Qui alla le happer, en fin connaisseur,
Sur un gros rocher affleurant, là, tout proche,
Au milieu d’écueils empêchant toute approche.
« Là où sont des bateaux, on trouve un poisson ! »
Avait pensé, fort sagace, notre phoque
Moine qui agace dés lors, sans façon.
En dégustant sa perche de mer, il moque
La mine déconfite de ce marin,
Gros-jean comme devant, qui en vrai malin
Ne sait qu’il n’est de raisonnement qui tourne
Qui hélas, contre son auteur, ne se retourne…
Illustration : Élisa Satgé, été 2019
vendredi 20 mars 2020
jeudi 19 mars 2020
HAÏKU’RONA VIRUS
En dehors de ceux dûment autorisés à sortir, il n’y a plus, en France, que deux sortes de gens :
les « confinés » et les « cons finis » !
EN PÂLE HEURE…
« Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs. »
Nelson Mandela
Moi, je suis hanté par ce que j’ai chanté,
De bonheurs stériles en fertiles douleurs,
Orpailleur de vos bons et vos mauvais instants.
Mon Temps s’effraie d’un Mal qui l’a désenchanté,
De la peur racoleur, du malheur ciseleur,
Empailleur d'effrois et de pleurs persistants.
L’Autre m’était un étranger ou un concurrent,
Dans la solitude du plus obscur figurant ;
Dans l’égoïsme je vais aller, me murant,
Me refusant au monde qui va murmurant…
Car l’Autre est un risque. Oui, l’Autre est un danger.
Et le monde, perdu, n’est plus à enchanter,
Entre magasins vides et hôpitaux pleins.
Dans le jus de jeux écrits, de premiers jets,
L’Homme est nu, éprouvé, seul… et épouvanté ?
Dans ses haillons de glaise qui l’entend qui geint ?
Et me voilà spectateur de premier rang
D’une vie sans vie où l’on va se torturant,
Psychose à l’envie, l’Ami, ne se rassurant
Que pour mieux s’effrayer, se déstructurant…
Moi qui suis hanté parce que j’ai chanté,
Confiné, consterné et, las, tout en pâleurs,
Pourrai-je versifier encore longtemps,
Sur cette apocalypse, désorienté ?
Sur ces égoïsmes qui nous prennent couleurs
Et valeurs ? Cette bêtise d’un autre Temps ?
De bonheurs stériles en fertiles douleurs,
Orpailleur de vos bons et vos mauvais instants.
Mon Temps s’effraie d’un Mal qui l’a désenchanté,
De la peur racoleur, du malheur ciseleur,
Empailleur d'effrois et de pleurs persistants.
L’Autre m’était un étranger ou un concurrent,
Dans la solitude du plus obscur figurant ;
Dans l’égoïsme je vais aller, me murant,
Me refusant au monde qui va murmurant…
Car l’Autre est un risque. Oui, l’Autre est un danger.
Et le monde, perdu, n’est plus à enchanter,
Entre magasins vides et hôpitaux pleins.
Dans le jus de jeux écrits, de premiers jets,
L’Homme est nu, éprouvé, seul… et épouvanté ?
Dans ses haillons de glaise qui l’entend qui geint ?
Et me voilà spectateur de premier rang
D’une vie sans vie où l’on va se torturant,
Psychose à l’envie, l’Ami, ne se rassurant
Que pour mieux s’effrayer, se déstructurant…
Moi qui suis hanté parce que j’ai chanté,
Confiné, consterné et, las, tout en pâleurs,
Pourrai-je versifier encore longtemps,
Sur cette apocalypse, désorienté ?
Sur ces égoïsmes qui nous prennent couleurs
Et valeurs ? Cette bêtise d’un autre Temps ?
mercredi 18 mars 2020
mardi 17 mars 2020
DE LA TROUILLE À LA TRANSE
Petite fable affable
Un mal inconnu ravagea un bout du monde
Et vint, hélas, frapper aux portes du pays.
Notre village, échappant encore à la ronde
Du temps, fort loin de tout, s’en croyait à l’abri.
Funeste erreur. Car, de nos jours, les mots voyagent
Plus vitre encore que le pire de nos maux.
On se rappela lors pestes du Moyen-âge,
Choléras d’hier, neuves grippes d’animaux,…
Radios, télé en rajoutaient à la somme.
Pour le curé c’était divine punition ;
Restait à savoir de quel péché car l’Homme
A tant à se reprocher entre vices et passions.
On hésita, de l’horreur à l’inquiétude.
Après le dédain vint la crainte. Prés et champs,
Vergers et vignes on bouda car, c’est l’hébétude,
L’air ou l’eau étaient du mal les vecteurs méchants.
Le maire demanda de raison garder mais plèbe
Vit l’émotion gagner : échoppes on déserta
Et boutiques on évita. Même les fils de glèbe
Boudèrent le café et les taratatas :
L’anxiété était devenue, pour tous, angoisse.
Le régent expliqua le cas. Démentit le faux,
Montra le vrai. En assemblée. Poisse des poisses,
Il colla frousse et donna frissons car « il me faut
Avouer qu’il est des choses que la science ignore ! »
Le docteur allait dans sons sens sans s’en cacher.
C’est que c’était, c’est sûr de sûr, plus grave encore
Qu’on ne le disait partout : on va tous calancher !
L’école se vida. Les esprits se troublèrent.
On fuyait “l’Autre” et la rue. On s’épouvantait
De on-dits et on cauchemardait, pauvres hères,
Sur des “possibles” ; on s’effrayait, comme hantés,
De “probables”. Le Mal faisait pétaudière !
Parce que nul au village n’était contaminé
On s’affola. C’était suspect : on cloitra portes
Et fenêtres « ’Faut pas nous embabouiner ! »
On se barricada de la pire des sortes :
Même aux amis. Même aux voisins. Même aux parents.
On vécut sur les réserves et dans ce vertige
De panique. Bien avant le bout de l’an,
On les épuisa. Et on défuncta, dans les vestiges
D’une vie qui n'en était plus une, au chaud
D’un lit, transpirant de male peur dans les affres,
Non de la torpeur, mais d’une faim de cachot.
Un comble dans un pays de bons gouliafres !
Aux bourgs d’alentour, lors de cette épidémie,
Un décès ou deux conduisirent aux larmes :
Des vieillardissimes mal allants, à demi
En tombe depuis lurette, ont rendu les armes !
Quelle leçon tirer d’un bourg où on mourut
Par crainte de la mort ? Que la peur du mal fait
Plus de dégâts, très souvent, que le plus ventru
De tous les maux quels que soient ses cruels méfaits…
Et vint, hélas, frapper aux portes du pays.
Notre village, échappant encore à la ronde
Du temps, fort loin de tout, s’en croyait à l’abri.
Funeste erreur. Car, de nos jours, les mots voyagent
Plus vitre encore que le pire de nos maux.
On se rappela lors pestes du Moyen-âge,
Choléras d’hier, neuves grippes d’animaux,…
Radios, télé en rajoutaient à la somme.
Pour le curé c’était divine punition ;
Restait à savoir de quel péché car l’Homme
A tant à se reprocher entre vices et passions.
On hésita, de l’horreur à l’inquiétude.
Après le dédain vint la crainte. Prés et champs,
Vergers et vignes on bouda car, c’est l’hébétude,
L’air ou l’eau étaient du mal les vecteurs méchants.
Le maire demanda de raison garder mais plèbe
Vit l’émotion gagner : échoppes on déserta
Et boutiques on évita. Même les fils de glèbe
Boudèrent le café et les taratatas :
L’anxiété était devenue, pour tous, angoisse.
Le régent expliqua le cas. Démentit le faux,
Montra le vrai. En assemblée. Poisse des poisses,
Il colla frousse et donna frissons car « il me faut
Avouer qu’il est des choses que la science ignore ! »
Le docteur allait dans sons sens sans s’en cacher.
C’est que c’était, c’est sûr de sûr, plus grave encore
Qu’on ne le disait partout : on va tous calancher !
L’école se vida. Les esprits se troublèrent.
On fuyait “l’Autre” et la rue. On s’épouvantait
De on-dits et on cauchemardait, pauvres hères,
Sur des “possibles” ; on s’effrayait, comme hantés,
De “probables”. Le Mal faisait pétaudière !
Parce que nul au village n’était contaminé
On s’affola. C’était suspect : on cloitra portes
Et fenêtres « ’Faut pas nous embabouiner ! »
On se barricada de la pire des sortes :
Même aux amis. Même aux voisins. Même aux parents.
On vécut sur les réserves et dans ce vertige
De panique. Bien avant le bout de l’an,
On les épuisa. Et on défuncta, dans les vestiges
D’une vie qui n'en était plus une, au chaud
D’un lit, transpirant de male peur dans les affres,
Non de la torpeur, mais d’une faim de cachot.
Un comble dans un pays de bons gouliafres !
Aux bourgs d’alentour, lors de cette épidémie,
Un décès ou deux conduisirent aux larmes :
Des vieillardissimes mal allants, à demi
En tombe depuis lurette, ont rendu les armes !
Quelle leçon tirer d’un bourg où on mourut
Par crainte de la mort ? Que la peur du mal fait
Plus de dégâts, très souvent, que le plus ventru
De tous les maux quels que soient ses cruels méfaits…
lundi 16 mars 2020
dimanche 15 mars 2020
PAS DE QUOI EN FAIRE UN DRAME…
Quand le spectacle sera terminé
L’acteur lassé d’avoir brûlé les planches,
Arpenté des tréteaux qui, dès lors, flanchent,
Tirera sa révérence, miné
De n’avoir pas sur un rappel terminé.
Quand l’estrade, hélas devenue muette
De tirades, ne résonnera plus,
L’infatigable bateleur d’un salut
Remerciera la salle désuète
Pour ses bis poussant à faire un peu plus.
Quant à la pièce tragi-comique
On l’appelle la vie, pleine d’entrées,
De fausses sorties, de gestes outrés
Comme, ici, de mémorables mimiques
Où, là, de répliques cultes idolâtrées
Qui seront oubliées dans quelques heures,
Ou, ma foi, dans quelques jours au plus tard.
Finies les répétitions du couche-tard
Ignoré d’un public qui, ce jour, pleure
Celui qui n’aura jamais été star…
On l’appelle la vie, pleine d’entrées,
De fausses sorties, de gestes outrés
Comme, ici, de mémorables mimiques
Où, là, de répliques cultes idolâtrées
Qui seront oubliées dans quelques heures,
Ou, ma foi, dans quelques jours au plus tard.
Finies les répétitions du couche-tard
Ignoré d’un public qui, ce jour, pleure
Celui qui n’aura jamais été star…
Oc, quand, un à un, s’éteindront les rires
Quand tous les bravos seront retombés
Comme le rideau rouge aux plis plombés
Ou les soupirs des belles au sourire
Carminé, je pourrais lors succomber.
Je sortirai par l’entrée des artistes
En vous laissant décors démaquillés
Aux cintres, aux coulisses déshabillées,
- Côté Cour et côté Jardin - qui s’enkystent
Dans ma mémoire jà éparpillée.
Je quitterai donc la scène et la salle,
Quand le spectacle sera terminé.
Et j’irai alors voir, comme un vrai minet,
Même si balcon et parterre râlent
Ma dernière fan, déterminée
À ne pas me lâcher. La commensale
De mon tout dernier repas voudra
Mon ultime autographe et d’un drap
Me paiera ce coup que l’on dira « sale » :
Partir en catimini comme un rat…
samedi 14 mars 2020
vendredi 13 mars 2020
NOUS
Nous, pouilleux, pauvres hères et manants,
Gros Jean com’ devant de tous les temps,
Derrière la charrue, dans la rue,
Les mains dans la bouse ou dans la boue,
Tous va nu-pieds et malotrus,
On était pourtant des gens debout,
Même de fatigues fort recrus.
C’était pas vice la pauvreté ;
La faim n’était pas impureté.
Manches retroussées, on a mouillé
Notre chemise pour vous bâtir
Vos châteaux et églises souillées,
Nourrir vos palais ou les nantir
Sans merdouiller et sans brandouiller.
C’était comme cela, jusqu’au trépas,
Du temps des rois puis de grand-papa.
C’était comme ça, y’ pas longtemps
Quand, dit-on, les temps avaient changé
Et ça l’est aussi à cet instant…
Parce que rien n’a vraiment bougé
Et qu’on a tout supporté. Comptant.
À nous, petites gens, les grand maux ;
À vous les puissants les bons mots,
Grands d’hier, riches d’aujourd’hui.
Si votre mépris nous est acquis,
Nous qui prenons toutes les pluies,
Sans nous, ma foi, vous seriez qui ?
Auriez quoi, hors votre ennui ?
Ça c’est sûr, on connaît la chanson :
On finit toujours en caleçon
Devant la machine ou le canon ;
On suera sa vie jusqu’au linceul,
À moins qu’on finisse au cabanon
Pour avoir toujours été trop seul,
Nous qui, pour vous, sommes nés sans nom…
Ça c’est sûr, on connaît la chanson !
Vous nous prenez pour des enfançons
Qui ayant fait rêver leur Manon,
Crèveront là d’avoir espéré,
D’avoir tout donné comme un ânon,
Soumis, pire déconsidérés
Griffes limées. Caries aux fanons !
jeudi 12 mars 2020
mercredi 11 mars 2020
LE BONHEUR
Non, pas besoin de libations
Pour que j’avoue avec passion :
« Le bonheur c'est la conviction
Que l'on est aimé pour soi-même
Et, surtout, aimé malgré soi-même ! »…
Foin de mystification :
C’est ce que pensait le père Hugo
Roi des liens extra-conjugaux,
Car il n’avait rien d’un bigot,
Ni d’ailleurs d’un poète bohème.
Ce bourgeois, écrivain phénomène
Me reste un modèle, un horizon,
Moi le rimeur désormais grison
Qui n’a connu que des mots-prison
Et pour qui le bonheur sans problème
Serait d’écrire enfin un poème
Qui l’honorerait sans trahison…
mardi 10 mars 2020
lundi 9 mars 2020
LE LOUP ASSIÉGÉ
Petite fable affable
Ce soir-là, la malebête, s’était fourrée
Dans la gueule du loup, si je puis le dire.
Quittant forêts, taillis, passant guérets, fourrés
Il partit pour croquer, sans rien s’interdire,
De bonnes ouailles parquées en bergerie,
Pour nourrir les siens, se mettant ainsi jusque
Dans les dents de la mort. L’homme jamais ne rit
Quand, la nuit, on lui procure un réveil brusque !
Cela faisait longtemps qu’il nourrissait les siens
Sur la bête, c’est-à-dire en prélevant chez l’homme
Sa dîme sur les troupeaux de ces stoïciens,
Gnomes qui n’aiment guère être pris pour des pommes.
C’est donc pour cela que traquenard il y eut,
Ce soir-là, aux abords d’un bercail qui, las, se vide.
Notre animal fut surpris et pourchassé à hue
Et à dia par plus féroce, plus avide,…
Avec ces diables à ses trousses, il courut
Des lieues et des lieues. Tout à bout de souffle,
Épuisé, acculé il s’assit près d’un ru.
Les hommes célébraient déjà, en maroufles,
Leur victoire par des mots, moquant l’animal.
Aux abois, cernée, la bête semblait attendre
Qu’on lui donnât la mort ou lui fît mal.
Assise, elle défiait tous ces pieds tendres.
Ils prirent pour de la résignation
Ce qui était, en fait, une noble attitude
Et bien loin de toute désolation :
Des petits sauvés du péril, la certitude
Qu’était saine et sauve leur mère ; il avait fait
Son devoir, lui l’animal. Et à cette heure,
Il pouvait mourir dignement, sans autre faix
À l’esprit qu’une paix qui n’était pas un leurre.
C’est ainsi, le vrai sage ne craint pas la mort
Même si la douleur lui a passé le mors…
dimanche 8 mars 2020
samedi 7 mars 2020
VIVEMENT DEMAIN* (Verte prière)
Oc, j’avoue que je n’en peux mais et que j’étouffe,
Feuillée restée à nu, ramilles sans vos touffes… !
Sans vous commander trop ne voulant vous sommer,
Alors que les sapins n’ont pas quitté leur livrée,
Il est grand temps de feuillir en vos hauts sommets
Faîtes et canopées - Oh mes futaies givrées ! -
Car nous voilà abonnées aux folles terreurs
De fin du monde, aux apocalyptiques morts
Pour un virus qui punit notre seule erreur :
L’orgueil d’Hommes se voulant tous trompe-la-mort…
Vous me manquez, redevenez ma nourriture,
Branches sans rejet ou ramures sans boutures… !
Il est temps, désormais, mes tailles et taillis
De reverdir et de fleurir fourrés, frondaisons,
De donner bourgeons bosquets… Car ramées ont failli
À embellir un peu ces jours de déraison
Où l’Humain s’effraie de ses propres cris d’orfraie
Et fait revenir à la surface défauts
Et tares dans un sauve-qui-peut qui, las, fraie
Avec l’absurde par peur de la fatale faux…
Reveillez-vous souches d’où rien ne s’élève,
Vous pousses, branchettes et sauvageons sans sève !
Breuils et bois redevenez-moi vite forêts,
Impénétrables et broussailles, épais buissons,
Que je fuie les médias et leurs rets
Qui, chaque jour, tournent en boucle à l’unisson
Pour effrayer le populo’ partout sans fin
Et te le rendre parano’ comme jamais,
Jusqu’à ôter à chacun la soif ou la faim
Le sommeil et l’envie d’aimer les mois de mai…
Car j’avoue que je n’en peux mais et que j’étouffe,
Feuillée restée à nu, ramilles sans vos touffes… !
Feuillée restée à nu, ramilles sans vos touffes… !
Sans vous commander trop ne voulant vous sommer,
Alors que les sapins n’ont pas quitté leur livrée,
Il est grand temps de feuillir en vos hauts sommets
Faîtes et canopées - Oh mes futaies givrées ! -
Car nous voilà abonnées aux folles terreurs
De fin du monde, aux apocalyptiques morts
Pour un virus qui punit notre seule erreur :
L’orgueil d’Hommes se voulant tous trompe-la-mort…
Vous me manquez, redevenez ma nourriture,
Branches sans rejet ou ramures sans boutures… !
Il est temps, désormais, mes tailles et taillis
De reverdir et de fleurir fourrés, frondaisons,
De donner bourgeons bosquets… Car ramées ont failli
À embellir un peu ces jours de déraison
Où l’Humain s’effraie de ses propres cris d’orfraie
Et fait revenir à la surface défauts
Et tares dans un sauve-qui-peut qui, las, fraie
Avec l’absurde par peur de la fatale faux…
Reveillez-vous souches d’où rien ne s’élève,
Vous pousses, branchettes et sauvageons sans sève !
Breuils et bois redevenez-moi vite forêts,
Impénétrables et broussailles, épais buissons,
Que je fuie les médias et leurs rets
Qui, chaque jour, tournent en boucle à l’unisson
Pour effrayer le populo’ partout sans fin
Et te le rendre parano’ comme jamais,
Jusqu’à ôter à chacun la soif ou la faim
Le sommeil et l’envie d’aimer les mois de mai…
Car j’avoue que je n’en peux mais et que j’étouffe,
Feuillée restée à nu, ramilles sans vos touffes… !
* Une étude américaine portant sur le stress des étudiants, conduisant parfois à des burn out, conclut qu’une promenade de dix minutes dans la nature - un parc urbain suffit - fait baisser notablement l’anxiété des sujets. En ces temps de quasi-panique est né ce texte…
vendredi 6 mars 2020
jeudi 5 mars 2020
HAÏKU TIRÉ
Avant d’atteindre l’âge canonique, une fille canon saura trouver un canonnier pas trop boulet !
LES SEAUX CONS COMME DES BALAIS
Petite fable affable
Je sais une histoire, qui fait papoteur
Et fait tourner en rond tous les conteurs,
Que narra jadis une tarentule :
Deux jeunes seaux, sous le sceau du secret,
En leur placard, prou s’auto-congratulent
Et se flattent sur un ton peu discret.
« Ce n’est pas vous câliner que de dire
Que vous avez bon fond, déclare l’un.
- Sans que l’on puisse me contredire,
Réplique l’autre, il n’est ici aucun
« Machin » qui n’ait, las, votre contenance !
- Et quelle aisance avec votre belle anse !
- Louons en chœur le bon ferblantier
Qui nous fit là si beaux et si pratiques…
- Qu’on aime à nous poigner volontiers
Et à nous battre les flancs si sympathiques…
- Et même payés en liquide nous,
Nous ne dégouttons point comme lavette ! »
La serpillière qui les oit sans goût
Leur fait soudain : « Qu’attendre de cuvettes
En talons hauts ?… Vous n’êtes que des sots,
Têtes pleines d’eau qui se félicitent
Attendant le grand saut m’nant sous l’boisseau :
Au premier trou du cul c’sera l’invite !
Comme dit Molière, en attendant
« L’âne frotte l’âne », condescendant ! »
Inscription à :
Articles (Atom)