Il est des choses sur lesquelles on jette un œil car elle valent le coup qu’on perde la vue pour elles.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
jeudi 28 février 2019
mercredi 27 février 2019
VOUÉS AUX SABLES DE L’OUBLI
Petite fantasia targuie
La fièvre du rêve m’offre le mirage
De sons venus d’ailleurs et, là, sans partage
Le pas lent et si digne de ma plume, un peu
Chameau, se met en branle, ses couplets alignent
En longue caravane de vains mots se peut.
Elle avance sans tirer par trop à la ligne.
Seule et silencieuse, cette méhari
Sinueuse traverse le désert de songes
De ma nuit noire, aux dunes en hourvari,
Que je vais coucher en infernaux mensonges
Sur une feuille aussi blanche que tous les rais
D’un soleil nu dont nul ne peut, las, se parer.
Dans l'oued asséché des clichés, elle laisse
Un long sillage gris d’empreintes qui délaissent
Les puits où la vérité a versé, en esquissant
Dans le néant mouvant du sable quelques traces
D’une route incertaine que le vent glissant,
Vivant comme seuls savent l’être ceux de sa race,
A sitôt balayé, fera vite oublier
Car toute chose établie se doit de plier…
Dans les vagues crues de cet océan instable,
D’erg en reg, je nomadise, assis à ma table,
Sous ma lampe brûlante en une théorie
De vers voués à l’éphémère, pleins d’ébène
Et déliés d’ivoire. Même les scories
D’un temps abrasif me sont alors une aubaine.
D’un temps abrasif me sont alors une aubaine.
Ainsi, au pas de ma plume je conduis,
Sans frontière ni balise aujourd’hui,
Toute cette cohorte de rimes esclaves,
Aux pieds entravés qui sont, ma foi, plus chers
À ces nefs qu’un point d’eau apparu à l’étrave,
Trésor des trésors dans ce brûlant univers.
Point de razzia, malgré les couffins d’or rouge
Car les coupeurs de route jamais trop ne bougent,
Quoique toujours guidés par la soif de soies,
Quand cheminent nos bons coureurs, fiers nomades,
Qui savent qu’ici on est libre d’être soi,
Assis sur le silence, dont les chants, les plaintes
Ne sont que les doux échos d’écritures saintes…
En pareil voyage, il n’est de bon terminus
Que bonne terminaison. Sans peur ni plaie, gus !
Or dans l’oasis d’une pause, en cours de course,
Quoiqu’y tournait sans fin la noria des temps,
mardi 26 février 2019
lundi 25 février 2019
LES CONTRAIRES RÉUNIS
Petite fable affable
Un coléoptère se voyait en Grand roi
Du peuple de l’herbe, un peu trop l’étroit
Dans son rôle et rang de tout petit insecte :
« Si seulement j’avais fondé une secte,
Je serais riche à foison et un gourou
Révéré de serviles car mon courroux
Assombrirait les nues, ferait - malepeste ! -
Tomber la pluie ou rendrait le vent modeste ! »
Et se nourrissant de tous ces songes creux
Il mourut seul, pauvre, ignoré, malheureux,…
Un gros bourdon las d’inaction sans doute,
Voletait qui ci, qui là, au long de sa route
Sans savoir où elle menait, s’agitant
Prou, courant fort vite à hue et, dans l’instant
Suivant, à en perdre vent et haleine,
Se précipitant à dia non sans peine.
Brouillon, ce bouillon n’en amassait pas plus
Au contraire, il n’avait jamais de surplus.
Malgré son ardeur, périt la bestiole :
Fatigue et épuisement ça étiole !
Ces deux furoncles, le flemmard et le trimard,
Ont oublié un adage plein de sève :
« Vision sans nulle action n’est qu’un rêve
Action sans vision, un cauchemar* ! »
* D’après un proverbe japonais.
dimanche 24 février 2019
samedi 23 février 2019
CE N’EST QU’UN PARFUM À LA PARFIN !
Juste deux petites gouttes qui embaument
Sont posées délicatement sur ta paume…
Encens que fuient les censeurs,
Simple pied-de-nez au temps corrupteur,
Ton parfum est sans noirceur,
De tes agréments un adorable acteur,
De tes secrets l’agréable explorateur…
Son enivrante chaleur
Ressuscite en mes sens endormis l’ardeur
D’un amour tout en couleurs,
Aux beautés teintées de subtiles odeurs
Qui nous charment par leur frivole candeur.
Deux gouttes fleurent et se frayent un royaume
Sur ton corps et me deviennent des psaumes…
Elles ne sont pas sur toi,
Elles sont cette essence coulant sans fin
En toi, une part de toi,
Fragrance qu’exhale ton cœur dont j’ai faim ;
Un extrait qui dit tout de ton être enfin…
Ce parfum n’est pas qu’une eau
Invitation à de tendres lointains
Et de proches terminaux,
Il est bercé d’arômes en bouquet, a pour tain
Essence et fumet sans plus de baratin,…
Juste deux petites gouttes qui embaument
Sur ton corps et me deviennent des psaumes…
Leur enivrante chaleur
Ressuscite en mes sens endormis l’ardeur
D’un amour tout en couleurs,
Aux beautés teintées de subtiles odeurs
Qui nous charment par leur frivole candeur.
Comme un envol de douceur,
Me caresse une aérienne senteur.
Ton parfum est un noceur :
De voluptés, il est l’annonciateur,
En volages effluves. Provocateur…
vendredi 22 février 2019
jeudi 21 février 2019
LES SOURIS STUDIEUSES
Petite fable affable
À l’époque ancienne où nos écoliers
S’appliquaient prou à tracer pleins et déliés,
Sur leurs pupitres penchés, ces chères têtes
Lourdes ignoraient que, juste sous leurs pieds,
Les souris écoutaient et allaient à répète
Des leçons du Maitre et autant copiaient
Lignes et exercices sans pépier.
En ce temps, ces rongeurs voulaient devenir hommes.
Ambition chez toute bête de somme,
Souvent poursuivie et jamais rattrapée
Mais déconnue chez ces vains coureurs de caves
Et de greniers que l’on croit tout happés
Par la chourave voire par la marave.
De se vouloir savants, voilà qu’on en bave !
Elles œuvraient sans caqueter, attendant
Fort quiètes, que le géantin pédant
Dise, comme aux sots caquets, et le quoi dire
Et le que penser. Las, nos grisettes avaient
Mémoire longue mais, sans tant en médire,
Patience courte et souvenir délavé…
Donc aucune n’obtint jamais son brevet !
Je dois cette fable aux traits de faribole
À quelque clabaudeur qui m’en fit l’obole.
Ce sage-là plein d’usage et de de raison,
Faisant frétiller sa langue parleresse
Sans fin quand j’étais en la douce saison
De mes maillots et enfance, tout en paresse,
N’oyant nulle réprimande à mon adresse !
Mais si dure que fut ma croûte, elle cachait
Tendre mie. Aussi me tabuster gâchait
Chez moi tout espoir d’une résipiscence ;
Pis ce qui, par un beau jour, était promis,
Sous la pression, ou par impuissance,
Se trouvait le lendemain compromis.
On ne pouvait, lors, trouver pire Roumi !
Lui, tant et tant, me racontait des fables
De son crû, toujours cordial et affable,
Pour me montrer où me mèneraient mes jeux,
Mon entêtement,… J’étais souris-élève
Incapable par mes défauts piégeux
D’être reflet de ce Maître, sauf en rêve
Où je voulais en égaler éclat et sève…
Et aujourd’hui me voilà, moi, qui sans trêve
Poursuis l’œuvre de cet homme de bien.
Comme quoi, on ne peut jurer de rien
Même à propos d’un assuré vaurien !
mercredi 20 février 2019
mardi 19 février 2019
VIE IMPUNIE ?
Mon « p’tit nid », là où je vis,
Ou plutôt où je survis,
C’est un garni démuni,
- Lieu unique indivis ! -
Aux murs unis et jaunis,
Quand ils ne sont plus ternis,
Car j’ai fort peu de pennies…
Cela paie peu « le génie »
Quand on n’a pas couilles et vit !
Mon « p’tit nid », là où je vis
En craignant mon préavis,
Est prou mini, sans déni,
Sans envie plein d’vis-à-vis ;
En nenni il est fourni :
Y’a qu’moi qui y sois verni !
Puni, j’y vis en banni
Pour ne connaît’ qu’avanies
N’avoir pas bien suivi !
Mon « p’tit nid », là où je vis,
L’air ravi, à l’eau-de-vie,
Est un lieu d’agonie
Destiné aux asservis
Tout voués aux gémonies
Pour un temps indéfini
Car il n’sont que vilenie,
Gens honnis, êtres finis,…
Dont on s’est par trop servis.
Mon « p’tit nid », là où je vis,
Jusqu’à un nouvel avis,
M’fait objet de calomnie
Car, moins carvi que nervi,
Je suis de ceux qu’on renie
Ayant destin défini
Ou de chance peu muni
- Sinon s’rai-je dégarni ? -
Dont j’me suis pas prémuni :
Trop de zéros au devis !
lundi 18 février 2019
dimanche 17 février 2019
MADAME & SON VIEUX
Petite fable affable
Un fort bon blaireau du genre beau barbon,
Avec un peu de cœur sous beaucoup d’écorce
Sentant sa sève, hélas, partir pour de bon,
Quoique peu à peu, sans que nul ne l’y force
Maria l’inconséquente jouvencelle
Qui l’avoisinait au plus près… Ce fripon
Animal tout aussi madré que capon
N’aimait guère se fatiguer !… La péronelle
Se révéla, la bague au doigt jà passée,
Façonnière et inconséquente assez.
Le plantigrade apprivoisa cette épouse
Qu’il ne put domestiquer : la mijaurée
Jouant les renchéries, le traînait en bouse
En société car elle l’abhorrait
Autant que lui l’adorait : Objet d’éloges
De prime, leur amour devint gausseries.
On rappelait que le père du mari, un doge
De la forestière contrée, marri
D’avoir été par trop aimé de sa femme,
Mourut des coups de cette jalouse-là ;
Lui avait le malheur au cœur et la mort dans l’âme
De ne l’être pas assez de sa Bella
Tout en colères, trépignements, hurlades,…
Pour son époux. Fort lassantes mômeries.
Toujours prête à offenser de par le monde
L’honnêteté, la blairelle, l’air hautain,
Avait surtout affirmé haut, et à la ronde,
Ne pas vouloir, de sa vie, de blaireautin
D’un vieillard aussi contrefait : « Ma jeune
Et volage femme, que vous vouliez
Déposer le fiel qui, dès que je déjeune,
Vous gonfle les joues, soit… Vous ne rouliez
Pas trop carrosse, ma douce, avant que d’être
Mienne alors n’en faîtes pas trop paraître :
L’argent qui, aujourd’hui, vous vêt, ma mie,
Demain pourrait être frappé d’anémie ! »
samedi 16 février 2019
vendredi 15 février 2019
À FORCE DE CHERCHER LA PETITE BÊTE…
T’es excitée comme une puce, et pas à demi,
Dans ce monde où tu t’agites comme une fourmi,
Pour plonger, hélas, dans le guêpier de la mode,
Bien que tu sois moche comme un pou - c’est commode ! -
Il te faut avoir une taille de guêpe afin
D’être légère comme une petite abeille enfin !
Moi je te dis : « Minute, papillon ! » Là, arrête
D’avoir le cafard et, comme puce excitée,
D’être méchante comme une teigne qui est prête
À chercher des poux pour une petite ambiguïté,
Ou te faire venir les abeilles pour faute
Ou approximation. Ton humeur n’est que sautes !
On croirait que tu as une araignée au plafond !
Fière comme un pou et, tout comme lui, râleuse
Faut-il te secouer les puces ?… Le carafon
Te sonder ?… Fine guêpe, joue plus les fielleuses
Car tout ton travail de fourmi, sac à puces, est vain
Et tu me soules bien plus que les pires vins !
jeudi 14 février 2019
mercredi 13 février 2019
LE ROUTARD & LE BROUTARD
Petite fable affable
Auprès d’un gave qui griffe un versant rocailleux
Embuant de rosée le bavardage des feuilles
Et rafraîchit prou l’haleine de vents vétilleux
Qui courent dans la touffeur de ce beau jour qu’endeuillent
Déjà les ombres, un chemineau croise un troupeau las.
Il s’approche d’un grand agneau qui, lui, point trop timide
N’a pas fui à son arrivée, goûtant l’herbe humide.
Le coureur de chemin interpelle l’échalas
Qui ne sait, saisi de verte peur, que rester là :
« La faim me ronge et j’ai envie, en cette demeure
Bucolique, de ripailler de plus grassement.
Viens à moi : nous sommes, pour ce faire, à bonne heure !
- Pourquoi ?… Je ne vous connais ni des lèvres ni des dents ?
Et si tu fais ainsi que tu dis, mon si bon maître
Et son chien, l’Ami, te châtieront méchamment !
Ce jourd’hui, ou bien demain, assurément…
- Ton berger n’en fera rien. À mon pensement,
Si c’est celui qu’au village j’ai cru reconnaître,
Ce gros grison barbonnant se meut si pesamment !
Il doit dormir sans se torturer les mérangeoises
Et son cabot rhumatisant va comme escargot
Retraité en vacances !… Alors mon brave nigaud
Je vais t’occire et te bâfrer crû, à la grivoise,
On pensera que c’est l’ours qui encore a sévi.
Tu vois je ne risque rien du tout, ma bestiole ! »
L’ovin déjà sent que la vie en lui s’étiole…
« Sauf, Compère, si l’ours que tu dis n’a guère envie
D’être accusé à tort ! » fait une voix qui rigole
En son dos. C’était un plantigrade hérissonne
Qui la patte en l’air poursuit : « Puisque tu veux,
De force forcée, faire de moi un coupable, ton vœu
J’exauce : autant être fautif si l’on me soupçonne ! »
Et il abat cette si peu aimable personne.
mardi 12 février 2019
lundi 11 février 2019
REJETON REJETÉ
Moi qui ne suis qu’une pomme
Le fruit oublié d’un homme
Qui ne m’a pas reconnu
Que je n’ai jamais connu
Je resterai un vrai gnome
L’aventure dont on gomme
Le souvenir advenu
Qui n’est pas bienvenu…
Moi qui ne suis qu’une pomme
L’imprévu en trop en somme
Suis-je un premier venu
Ou l’accident d’un cornu
Je suis une âme fantôme
De celles qu’ignore Rome
Pourquoi m’a-t-on maintenu
Pourquoi m’a-t-on retenu
Moi qui ne suis qu’une pomme
Comment serai-je gentilhomme
Si je suis un saugrenu
Par hasard las survenu
Et resterai cette pomme
Comment donc rester bonhomme
Je suis ire contenu
Et violence en continu
dimanche 10 février 2019
samedi 9 février 2019
LE PREUX LÉPREUX PEU PIEUX AU PIEU
Petite fable affable
S’en revenant de ses croisades quand d’autres,
Céans, étaient restés à se les croiser,
Un diplômé déplumé qui, bon apôtre,
S’était pris pour un chevalier toisait
Sa maisonnée qui, de biais, le regarde :
« C’est ainsi qu’on reçoit l’oint du seigneur
Car le Saint Sépulcre j’ai pris sous ma garde !
- Vous auriez mieux fait, Mon Bon Saigneur,
Lui fait, dépit, sa femme, au vu de la lèpre
Qui vous attrapée d’en rester plus rès,
De vous suffire d’aller ici à vêpres
Ou de bonifier nos champs et nos prés ! »
Fort vexé de cet accueil tout en froidure,
Après avoir tant chevauché, le benêt,
Jà rude et roide, ne veut pas que tant durent
Prémices ayant fait carême tant d’années.
Vite, il ordonne que sa citadelle abaisse
Pont-levis sans qu’un siège soit mené.
Mais sa femme, qu’il croyait avoir en laisse,
Se fait place forte à lui voir un tel nez.
Il en appelle au curé mais le saint homme
Qui n’était, ma foi, guère l’un par ses mœurs
Et si peu l’autre malgré sa rouge pomme
Qui, chez tendrons et ouailles raffolées,
Le dénonçait pour tendre et craquant poupelet,
Bon ensoutané prêcha à la volée
Abstinence et patience sans délai.
Rien n’y faisant, les souillons de souillarde
Le fuyant tout autant que sa moitié,
Il voulut forcer l’entrée à la gaillarde
Et finit chez le juge : le châtier
Fut aisé, d’autant que le bonnet carré,
Las, en son absence avait fait sa maîtresse
De cette femme laissée désamarrée.
Le mari épousa donc, mais sans liesse,
Geôle moins mauvaise garce que la hart
Avec laquelle on le maria ensuite,
À son propre gibet par grand brouillard.
Sa bonne fortune ayant pris la fuite.
Ce héros n’ignorait mie, comme son temps,
Que femme est pire que le feu en ses flammes :
Quitte-le des yeux, même un bref instant,
Elle t’échappe et fait plus de mal que lame !
Céans, étaient restés à se les croiser,
Un diplômé déplumé qui, bon apôtre,
S’était pris pour un chevalier toisait
Sa maisonnée qui, de biais, le regarde :
« C’est ainsi qu’on reçoit l’oint du seigneur
Car le Saint Sépulcre j’ai pris sous ma garde !
- Vous auriez mieux fait, Mon Bon Saigneur,
Lui fait, dépit, sa femme, au vu de la lèpre
Qui vous attrapée d’en rester plus rès,
De vous suffire d’aller ici à vêpres
Ou de bonifier nos champs et nos prés ! »
Fort vexé de cet accueil tout en froidure,
Après avoir tant chevauché, le benêt,
Jà rude et roide, ne veut pas que tant durent
Prémices ayant fait carême tant d’années.
Vite, il ordonne que sa citadelle abaisse
Pont-levis sans qu’un siège soit mené.
Mais sa femme, qu’il croyait avoir en laisse,
Se fait place forte à lui voir un tel nez.
Il en appelle au curé mais le saint homme
Qui n’était, ma foi, guère l’un par ses mœurs
Et si peu l’autre malgré sa rouge pomme
Qui, chez tendrons et ouailles raffolées,
Le dénonçait pour tendre et craquant poupelet,
Bon ensoutané prêcha à la volée
Abstinence et patience sans délai.
Rien n’y faisant, les souillons de souillarde
Le fuyant tout autant que sa moitié,
Il voulut forcer l’entrée à la gaillarde
Et finit chez le juge : le châtier
Fut aisé, d’autant que le bonnet carré,
Las, en son absence avait fait sa maîtresse
De cette femme laissée désamarrée.
Le mari épousa donc, mais sans liesse,
Geôle moins mauvaise garce que la hart
Avec laquelle on le maria ensuite,
À son propre gibet par grand brouillard.
Sa bonne fortune ayant pris la fuite.
Ce héros n’ignorait mie, comme son temps,
Que femme est pire que le feu en ses flammes :
Quitte-le des yeux, même un bref instant,
Elle t’échappe et fait plus de mal que lame !
Sceau : Élisa Satgé, 2017
vendredi 8 février 2019
jeudi 7 février 2019
ÉCHANGE COMPLET
L’universel message,
Dans notre nouvel âge,
Où le progrès est roi
Et tout humain sa proie :
Il faut par des machines
Partout « communiquer »
Et avec ces machines
À cela s’appliquer.
Le monde est un « village »,
Et l’heure est au « brassage »
Sous clochers et beffrois,
Moyennant quelque octroi
Il faut plier l’échine
Devant elles abdiquer ;
Déesses sont ces machines
Où y’a plus qu’à cliquer.
Donc pour communier
On ne peut le nier,
Avoir avec les autres
Des liens, Cher Apôtre,
Paraître compétent,
Il nous faut, et d’urgence,
Des « outils » du moment
À qui faire allégeance
Et qui disent à grand bruit
« Désolé, je ne suis
Pas là mais, diligence
Oblige, ce qui suit
Vous dira, dans l’urgence,
Comment me joindre ailleurs…
Alors pas de frayeur ! »
La vie est bien faite
Sinon, ma foi, parfaite
Ainsi on se dit tout,
On jargonne sur tout…
Mais qui croise un visage
Dans sa rue, las, se tait :
À peine on envisage
« L’autre » ; a-t-on écouté
Les siens, une oreille
Vissée, com’ s’appareille
Un sourd, et l’œil collé
Sur l’écran minuscule ?
À ces asociaux
De demain, ces autistes
Aux oublis glaciaux
Je dis, en bon lampiste :
« Désolé, je ne suis
Ici, sans faire un bruit
Que pour un temps fadasse
Parlons-nous face-à-face,
Comme au bon temps d’avant
Ces engins si savants ! »
Dans notre nouvel âge,
Où le progrès est roi
Et tout humain sa proie :
Il faut par des machines
Partout « communiquer »
Et avec ces machines
À cela s’appliquer.
Le monde est un « village »,
Et l’heure est au « brassage »
Sous clochers et beffrois,
Moyennant quelque octroi
Il faut plier l’échine
Devant elles abdiquer ;
Déesses sont ces machines
Où y’a plus qu’à cliquer.
Donc pour communier
On ne peut le nier,
Avoir avec les autres
Des liens, Cher Apôtre,
Paraître compétent,
Il nous faut, et d’urgence,
Des « outils » du moment
À qui faire allégeance
Et qui disent à grand bruit
« Désolé, je ne suis
Pas là mais, diligence
Oblige, ce qui suit
Vous dira, dans l’urgence,
Comment me joindre ailleurs…
Alors pas de frayeur ! »
La vie est bien faite
Sinon, ma foi, parfaite
Ainsi on se dit tout,
On jargonne sur tout…
Mais qui croise un visage
Dans sa rue, las, se tait :
À peine on envisage
« L’autre » ; a-t-on écouté
Les siens, une oreille
Vissée, com’ s’appareille
Un sourd, et l’œil collé
Sur l’écran minuscule ?
À ces asociaux
De demain, ces autistes
Aux oublis glaciaux
Je dis, en bon lampiste :
« Désolé, je ne suis
Ici, sans faire un bruit
Que pour un temps fadasse
Parlons-nous face-à-face,
Comme au bon temps d’avant
Ces engins si savants ! »
mercredi 6 février 2019
mardi 5 février 2019
TELLE SERA LA NATURE DE MON PROPOS
Edito pour RuedesFables
La Nature - ses animaux que l’on dit « bêtes » surtout - est au cœur des apologues, échos logiques de nos mondes moins urbains qu’urbanisés et plus policés que polis. Naturel de mon Sud-Ouest natal, si l’on me peint d’après nature, je suis ce qu’on appelle une « nature » en matière de courts récits rimés. Et, grandeur nature, une « bonne nature », même. C’est dans ma nature, quelle que soit la nature de mes difficultés, au point que si vous chassiez le naturel je reviendrais au galop !… Et ce n’est pas du jus de nature ce que je dis là car je ne déguise pas ma nature, moi qui la chante et pas que dans mes fables.
C’est ma nature profonde, humaine diront certains, alors que c’est, tout simplement, dans la nature des choses quand on paie, comme moi, toujours en nature. Ainsi tous les matins, celle qui ne m’a guère gâté sur le plan physique mais m’a bien doté par ailleurs, la Nature, s’éveille en moi, et comme « la nature a horreur du vide » : je mange… des produits naturels bien sûr, rien de plus sain. C’est une seconde nature qui s’impose à moi de nature, cette nature qu’on imite, sans les galets, quand on s’y lâche au naturel pour ceux qui n’en manquent pas. Ainsi va la vie à l’envie mais bien que je ne sois pas d’une nature anxieuse tout ce qui ne m’inquiète pas me porte souci ! Au fait, m’étant mis au golf - tous les coups sont dans la nature ! - je m’interroge club et néanmoins : une petite nature peut-elle éprouver de grands sentiments ? Car il est bien sûr que, aujourd’hui plus encore qu’hier, si « la nature aide le pauvre, la société gâte le riche » comme l’écrivait si justement Alfred Auguste Pilavoine (Les pensées, mélanges et poésies, 1845)
Alors si, naturiste ou naturopathe, vous préférez le rhum naturel aux arômes artificiels, rejoignez-moi. Et si nos natures, que vous l’ayez petite ou riche, s’accordent mal - comme choses qui ne seraient pas de même nature - on ira faire un tour dans la nature, pleine de tours, de forces, de secrets et de science car le sage Sénèque prétendait que « la nature rapproche l'homme de l'homme. » En effet, elle, elle est toujours pleine et heureuse - par nature - quand on y fait un retour pour s’y promener sans commettre de crime contre elle. C’est la force de la nature que d’aucuns voudraient altérer voire changer alors que le mieux à faire c’est de s’y perdre et disparaître. Quoi de plus naturel, hormis mes enfants, bien sûr ?! Oui, faites comme moi : en tout, et pour tout, laissez opérer la nature pour mieux vous y évanouir avec beaucoup de naturel et rappelez-vous, puisqu’en nos temps, tout l’égout sombre dans la nature, les mots de J.-J. Rousseau, l’éternel promeneur solitaire : « La nature a tout fait le mieux qu'il était possible, mais nous voulons faire encore mieux et nous gâtons tout. » (Esprit, maximes et principes, 1764) Et en effet, pour suppléer la Nature, que d’implants, Ma Mère !… Tous les goûts sont dans la mature.
Et pour en finir tout naturellement car, chez moi aussi, l’habitude est une seconde nature : « Fabuleusement vôtre ! »
C’est ma nature profonde, humaine diront certains, alors que c’est, tout simplement, dans la nature des choses quand on paie, comme moi, toujours en nature. Ainsi tous les matins, celle qui ne m’a guère gâté sur le plan physique mais m’a bien doté par ailleurs, la Nature, s’éveille en moi, et comme « la nature a horreur du vide » : je mange… des produits naturels bien sûr, rien de plus sain. C’est une seconde nature qui s’impose à moi de nature, cette nature qu’on imite, sans les galets, quand on s’y lâche au naturel pour ceux qui n’en manquent pas. Ainsi va la vie à l’envie mais bien que je ne sois pas d’une nature anxieuse tout ce qui ne m’inquiète pas me porte souci ! Au fait, m’étant mis au golf - tous les coups sont dans la nature ! - je m’interroge club et néanmoins : une petite nature peut-elle éprouver de grands sentiments ? Car il est bien sûr que, aujourd’hui plus encore qu’hier, si « la nature aide le pauvre, la société gâte le riche » comme l’écrivait si justement Alfred Auguste Pilavoine (Les pensées, mélanges et poésies, 1845)
Alors si, naturiste ou naturopathe, vous préférez le rhum naturel aux arômes artificiels, rejoignez-moi. Et si nos natures, que vous l’ayez petite ou riche, s’accordent mal - comme choses qui ne seraient pas de même nature - on ira faire un tour dans la nature, pleine de tours, de forces, de secrets et de science car le sage Sénèque prétendait que « la nature rapproche l'homme de l'homme. » En effet, elle, elle est toujours pleine et heureuse - par nature - quand on y fait un retour pour s’y promener sans commettre de crime contre elle. C’est la force de la nature que d’aucuns voudraient altérer voire changer alors que le mieux à faire c’est de s’y perdre et disparaître. Quoi de plus naturel, hormis mes enfants, bien sûr ?! Oui, faites comme moi : en tout, et pour tout, laissez opérer la nature pour mieux vous y évanouir avec beaucoup de naturel et rappelez-vous, puisqu’en nos temps, tout l’égout sombre dans la nature, les mots de J.-J. Rousseau, l’éternel promeneur solitaire : « La nature a tout fait le mieux qu'il était possible, mais nous voulons faire encore mieux et nous gâtons tout. » (Esprit, maximes et principes, 1764) Et en effet, pour suppléer la Nature, que d’implants, Ma Mère !… Tous les goûts sont dans la mature.
Et pour en finir tout naturellement car, chez moi aussi, l’habitude est une seconde nature : « Fabuleusement vôtre ! »
lundi 4 février 2019
dimanche 3 février 2019
ESCLAVE D’AUJOURD’HUI
Son visage cendré de poussière
Sort du clair-obscur de la nuit.
La lueur blanchâtre et meurtrière
Des phares à l'intimité nuit.
Sous son masque ombré qui, ici brille,
Sort du clair-obscur de la nuit.
La lueur blanchâtre et meurtrière
Des phares à l'intimité nuit.
Sous son masque ombré qui, ici brille,
Là luit, un collier d’argent
À son cou gracile la vrille
À son sort. Ses deux seins émergents,
Naissants rendent son corps si fragile,
Juste paré de noir par endroit.
Un gros anneau chatoie sur l’argile
De son nez que la lune a fait proie.
Ses yeux disent la détresse
D’une enfance déjà disparue,
D’une beauté mise à nue et, tristesse,
D’une vie perdue, vouée à la rue,…
L’époux à qui on l’avait promise
Devenu son seul maître et son seigneur
La vend, pour le prix d’une chemise,
À qui en veut, se fait barguigneur,
Avec plus puissant, ou le touriste,
Bien assuré du silence acquis
Des policiers et des juristes
Pour qui « chair fraîche » est du plus exquis !
samedi 2 février 2019
vendredi 1 février 2019
HAÏKU T’HIER
Ce sont avec des souliers vernis que viennent ceux qui, jadis, arrivaient avec de gros sabots.
LA MAROTTE DE LA MARMOTTE
Petite fable affable
Cycle pyrénéen
Au bord d’un ravin pierreux et précipiteux,
Ne connaissant que temps pluvieux et venteux,
Tracasseux à l’extrême, une dame marmotte
Vivait petitement. Or cette rase-motte
Adorait qu’on la flatte et se parait de vertus,
Et abhorrait qu’on la critique : être battue
Ne lui ferait pas plus mal à l’orgueil, vois-tu !
Sachant trop bien ses failles et ses tares,
Notre amie s’était condamnée à ce tartare
Dans ce pays où se défeuille le moindre arbrisseau,
De peur d’être la risée des moqueurs, des sots,
Qui pullulent prou dans le monde des bêtes :
Nul n’y est à l’abri des lazzis des gens d’herbette,
Quolibets poussant plus vite, hélas, que courbettes.
Masquer insuffisances, imperfections,
Voire se cacher de sa propre Nation,
Telle était la la marotte de notre marmotte.
Qui était donc l’objet de rumeurs idiotes
Et de grasses moqueries où le supposé
Le disputait à l’imaginé. On osait
Même lui voir la face un peu couperosée !
L’apprenant la belle se terra plus encore
Inclinant moins à l’action, cette pécore
Qu’aux lamentations : dans ce prédicament
Il n’est, je le crains, de pire médicament :
On déparla plus autour de son monticule.
Travers et défauts sont toujours moins ridicules
Que le soin pris à les masquer aux vermicules !
Illustration : Elisa Satgé, printemps 2020
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