Petite fable affable
Cycle pyrénéen
Au bord d’un ravin pierreux et précipiteux,
Ne connaissant que temps pluvieux et venteux,
Tracasseux à l’extrême, une dame marmotte
Vivait petitement. Or cette rase-motte
Adorait qu’on la flatte et se parait de vertus,
Et abhorrait qu’on la critique : être battue
Ne lui ferait pas plus mal à l’orgueil, vois-tu !
Sachant trop bien ses failles et ses tares,
Notre amie s’était condamnée à ce tartare
Dans ce pays où se défeuille le moindre arbrisseau,
De peur d’être la risée des moqueurs, des sots,
Qui pullulent prou dans le monde des bêtes :
Nul n’y est à l’abri des lazzis des gens d’herbette,
Quolibets poussant plus vite, hélas, que courbettes.
Masquer insuffisances, imperfections,
Voire se cacher de sa propre Nation,
Telle était la la marotte de notre marmotte.
Qui était donc l’objet de rumeurs idiotes
Et de grasses moqueries où le supposé
Le disputait à l’imaginé. On osait
Même lui voir la face un peu couperosée !
L’apprenant la belle se terra plus encore
Inclinant moins à l’action, cette pécore
Qu’aux lamentations : dans ce prédicament
Il n’est, je le crains, de pire médicament :
On déparla plus autour de son monticule.
Travers et défauts sont toujours moins ridicules
Que le soin pris à les masquer aux vermicules !
Illustration : Elisa Satgé, printemps 2020
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