Petite fable affable
À l’époque ancienne où nos écoliers
S’appliquaient prou à tracer pleins et déliés,
Sur leurs pupitres penchés, ces chères têtes
Lourdes ignoraient que, juste sous leurs pieds,
Les souris écoutaient et allaient à répète
Des leçons du Maitre et autant copiaient
Lignes et exercices sans pépier.
En ce temps, ces rongeurs voulaient devenir hommes.
Ambition chez toute bête de somme,
Souvent poursuivie et jamais rattrapée
Mais déconnue chez ces vains coureurs de caves
Et de greniers que l’on croit tout happés
Par la chourave voire par la marave.
De se vouloir savants, voilà qu’on en bave !
Elles œuvraient sans caqueter, attendant
Fort quiètes, que le géantin pédant
Dise, comme aux sots caquets, et le quoi dire
Et le que penser. Las, nos grisettes avaient
Mémoire longue mais, sans tant en médire,
Patience courte et souvenir délavé…
Donc aucune n’obtint jamais son brevet !
Je dois cette fable aux traits de faribole
À quelque clabaudeur qui m’en fit l’obole.
Ce sage-là plein d’usage et de de raison,
Faisant frétiller sa langue parleresse
Sans fin quand j’étais en la douce saison
De mes maillots et enfance, tout en paresse,
N’oyant nulle réprimande à mon adresse !
Mais si dure que fut ma croûte, elle cachait
Tendre mie. Aussi me tabuster gâchait
Chez moi tout espoir d’une résipiscence ;
Pis ce qui, par un beau jour, était promis,
Sous la pression, ou par impuissance,
Se trouvait le lendemain compromis.
On ne pouvait, lors, trouver pire Roumi !
Lui, tant et tant, me racontait des fables
De son crû, toujours cordial et affable,
Pour me montrer où me mèneraient mes jeux,
Mon entêtement,… J’étais souris-élève
Incapable par mes défauts piégeux
D’être reflet de ce Maître, sauf en rêve
Où je voulais en égaler éclat et sève…
Et aujourd’hui me voilà, moi, qui sans trêve
Poursuis l’œuvre de cet homme de bien.
Comme quoi, on ne peut jurer de rien
Même à propos d’un assuré vaurien !
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