Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 30 septembre 2018

HAÏKU DE FEEL

L’enfance s’extasie au mythe d’Anastasie comme la jeunesse s’anesthésie vite au rite d’ecstasy.

samedi 29 septembre 2018

HAÏKU’R MET

Mieux vaut faire avis que piété !

FOLLE JEUNESSE ?

Petite fable affable

Un galapian de mes amis,
Si menteur qu’on ne le croyait mie 
Quand il disait le vrai, sans largesses,
Mais sans non plus de petitesse,
Oscillait entre sage folie
Et folle sagesse. Cette lie
Était pourtant un fin philosophe,
Qui me plaisait dans ses apostrophes.

La vie n’avait posé de licou
Sur son col qu’elle roua de coups.
Il aimait à la franche marguerite,
Maudissant soutanes, guérites,…
Allant son pas, à l’étourdie,
Du samedi au samedi
Parmi vivandiers en grappe
Agrippés, au bon gré d’agapes
Tant grivoises, à un triste sort
Leur brisant toujours tout ressort.

« Cornedebœuf et vin en quarte !
Si la Vie distribue les cartes, 
C’est toi, et toi seul, qui les joues !
Alors cesse de gonfler tes bajoues
Pour hucher ou pour huer contre
Et préfère l’agir au subir,
Trêve de mots et de sabir ! »

C’était là, pour l’entour, son dire
Mais rajoutait-il sans tant médire :
« Ne clochons avec les boîteux,
Ne bavons avec les piteux :
Si naître homme est des plus faciles
Être Homme est plus que difficile
Alors mène ta barque vers ailleurs,
Vis en espérant le meilleur
 Et en te préparant au pire*…
Mais surtout vis comme on respire ! »
 * D’après Fernando Pessoa.

vendredi 28 septembre 2018

jeudi 27 septembre 2018

HAÏKU AU CŒUR

Je ne suis pas d’une nature anxieuse mais tout ce qui ne m’inquiète pas me porte soucis !

DES HALLIERS AUX CLAPIERS

Petite fable affable
« L'homme est comme le lapin, 
il s'attrape par les oreilles » (Mirabeau)

Des lapins las voulaient changer de vie,
Gouvernés qu’ils étaient, en leur garenne,
Par la peur et, pis, le manque, la reine
Et le roi de leurs malheurs. C’est l’avis
Général donc certitude pérenne.

Et comme on aime assez le changement,
Chez les rongeurs de nos vertes campagnes,
Mais que l’on y craint le dérangement
On ne s’enquit point de ce que compagnes
Ou marmots cuidaient. Étrangement.

Arrivés de loin et groupés en horde, 
Il y avait peu, des nouveaux venants,
Gens de peu, voire de sac et de corde,
Assurément tous de vils vaunéants,
Troublèrent leur paix et, las, leur concorde.

C’était trop, il fallait quitter guérets
Et forêts pour, colombine simplesse,
Des clapiers où toujours les denrées
Sont assurées où, malgré l’étroitesse,
Le calme offre sureté sans arrêt.

Finie la peur du chasseur et des chasses,
Voici luzerne, plantain et sainfoin !
Fi de fuite et donc foin d’angoisse,
Vive donc l’éleveur - et ses bons soins -
Pas moins assassin que qui vous pourchasse !

Or nous Hommes, comme ce gibier,
En votant, un matin, pour que tout change
Pour, ainsi, du pire nous délier
Nous n’avons de nouveau que qui nous mange…

mercredi 26 septembre 2018

mardi 25 septembre 2018

HAÏKU L’AIR

Les ignorants paupérisés font de la démocratie la dictature des sots argentés.

L’ESCAMOTEUR & LE SERVITEUR DE L’ÉTAT

Petite fable affable

Un magicien un brin manipulateur,
Las claquemuré dans la conviction
D’être le meilleur de sa profession,
Rencontre un ministre prévaricateur
Vivant tout cadenassé dans la croyance
D’être le plus truand et profiteur
De son espèce. Question d’expérience !

Narrant leurs exploits et mérites ici-bas, 
Nos escamoteurs se vantent à tous vents
Non sans user, sur ce point fort connivents,
D’offenses, d’insultes et d’huants « À bas ! »
Contre les naïfs et autres proies pitoyables
Devenues victimes de leur mine ou tabac,
Et donc, en cela, tous pleinement coupables.

Notre illusionniste et l’autre galeux
Ne sont que fâcheries qu’on leur en voulût,
 À eux. Certes, ils étaient d’or, tous deux, goulus
Mais ce qui était le plus scandaleux
Pour eux, c’était d’être bête et, le drame,
Sot à se faire plumer ou bilieux
Idiot à se laisser piper au trou-madame,…

Nos deux prestidigitateurs en riraient
Sans qu’un pesteux qui, matin, vint à eux,
Culotté, quémandant obole au creux
De sa sébile. Ils partirent comme un trait
Songeant dans leur particulier, compères,
Qu’il était de ces gens au sans gêne outré,
Insufférables et à fuir comme épeires.

La scène se passa Place du foirail.
Une plèbe de gueux, muets, mal-contents,
Faisant piteuse pitance tout le temps
Sans rechigner, ce n’est pas un détail,
Au travail, faillit écharper ces comparses
Causant sans vergogne voleries à bail
Noulant aider qui savait des traverses.

Contre le mal acquis l’on est sans rancune
Si qui s’enrichit par d’odieux méfaits
Veut, un beau jour, par quelque bienfaits
Faire pardonner son injuste fortune.

dimanche 23 septembre 2018

HAUTE HAÏKU’TURE

Quand le tailleur est ailleurs, la modiste n’est plus modeste.

DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA RUE

D’après De l’autre côté de la rue (Michel Emer) chanté par E. Piaf

Au chômeur qui musarde,
Au gars en fin de droit,
Le Président hasarde
Que du boulot y’en a
Pourvu qu’on se trantole
Pas, et pas plus qu’on soit
Un guignol tartignole ;
Il faut sortir d’chez soi
Car du taf y’en a au kilomètre,
Mais que ce turf, si c’est pas malheureux,
Trouv’ pas preneur et s’il peut se permettre,
Qu’on est fainéant, Grand dieux !

Quand d’l’aut’ côté d’la rue,
On travaille,
- Ça’t’la baille ? -
En chantier, au resto’,…
Et mêm’ qu’on en peut plus.
D’l’autre côté d’la rue,
On a d’l’argent, une maison, des voitures,
Du respect, des amis,… loin d’la dure
Car d’l’aut’ côté d’la rue
Oui on travaille,
L’heureus' trouvaille !

Boug’toi donc les miches, et fais un pas de plus
Vers l’aut’ côté d’la rue.
Fais plus ta moue chagrine,
Tu vas bosser, crois-moi,
Et bas courber l’échine,
Qu’il pleuve ou fasse froid,
- Ne rêve pas d’avantages ! -
Où, sans rouler sur l’or,
T’apprendras à êt’ sage
Et docile com’ Médor
Parce qu’on t’aura donné ta chance !
Fini d’tendre la main, d’coasser,
C’est com’ça que l’éco’ on relance :
Tes droits ? C’est du passé…

Car d’l’aut’ côté d’la rue
On travaille,
On s’boug’, canaille !
Ton diplôm’ vaut misère :
Saut’ donc dans l’inconnu !
D'l'autre côté d'la rue
Tu vas bosser, payé au lanc’-pierres,
Puis on t’jet’ra, comme une serpillère
Car d’l’aut’ côté d’la rue
Tu s’ras val’taille,
L’temps qu’on t’us’, bleusaille !
Car d’l’aut’ côté d’la rue
Et oui on travaille,
Jusqu’à ses funérailles !

Vivre un jour cett’vie, qui en rêve Glandu ?
Car l’aut' côté d'la rue
Tu le connais à peine
Moins qu’t’en causes, ma foi,
Mais va y fair’ ta s’maine
T’en parleras mieux je crois.
En tout cas, pas de même
Que t’as fait, Matador
Et Jeteur d’anathèmes !
Ne l’ouvre plus à tort
Et à travers, sinon c’seront tes fesses
Qui vont traverser la rue, au ras
Le bol des « Gaulois » que tes promesses
Ont floué, mis à bas :

Et d’l’aut’ côté de la rue,
Tu compteras tes cliquailles,
Viré par la pagaille
Que tu auras causée,
À forc’ de nous caser
D’l’autre côté de la rue.
Un Président, Cher Monsieur, ben ça œuvre
Et pas qu’à faire avaler des couleuvres
Du côté de sa rue
Ça travaille,
Pour ceux aussi qui s’caillent,
Qui compt’ le peu qu’ils ont, s’ils ont pas tout perdu,
De leur côté de la rue…

vendredi 21 septembre 2018

HAÏK(l)U’QUES

J’ai de nouvelles lunettes : verres anti-tout, monture en titane.

JUDICIEUX FIL À LA PATTE ?

Édito’ pour RuedesFables, juin 2018

            Les dés à coudre sur le tapis Feutré sont jetés : cela fait deux ans au jus (est-ce pour autant un jubilé ?), de juillet à juin, que je bâtis et broche des édito’ jubilatoires pour la passante ou le chaland de cette accueillante RuedesFables. Deux années qu’elle, ou lui, veut bien jeter un œil distrait à cette vitrine-là avant que d’entrer plus avant dans l’une des échoppes - en toute franchise, point de grande chaîne chez nous - qui s’y pressent pour admirer cotonnades de jadis ou textiles d’aujourd’hui proposés, en un libre service de bon aloi, à un temps tout aussi libre, plus à gagner qu’à perdre, par nos cousettes et habilleurs, tous tailleurs de haut vol. Si vous êtes à la recherche du string minimum ou d’une strie de strass qui stresse vous vous êtes trompés de boutique et ne serez pas à votre affaire : ici, point de jute en fibres. Que du sur-mesure ou perles rares et pierres précieuses juxtaposées, par Saint Burda ; le tout confectionné ou surfilé par les stylistes du vers d’antan ou les modistes du verbe de naguère. Sans prétention, vous ne trouverez, là, que de la haute écriture… et à prix modique puisqu’en partage au fil de l’eau à l’heure pressée des jumbo-jets, tentante des justaucorps et bruyante des juke-box.
     Ainsi, et fort justement d’ailleurs, de fil en aiguille, nous, humbles façonniers d’aujourd’hui, avons tissé des liens avec celle-ci, noué d’autres avec celui-là, à travers la parabole et la métaphore, auxquelles nous sommes très attachés. Ainsi nous lui offrons, saine ambition, une échappatoire au prêt-à-penser de notre temps car, comme le prophétisait John Steinbeck (À l'est d'Éden, 1952) : « Lorsque notre nourriture, nos vêtements, nos toits ne seront plus que le fruit exclusif de la production standardisée, ce sera le tour de notre pensée ». Point de cela en nos magasins !
     Oui la fable, à la craie dessinée, au ciseau découpée et patiemment assemblée avant que de, sous vos yeux, défiler, moins bon enfant que mauvais drole et en cela aussi peu « convenue » que « convenable » dans ses ressorts, est désormais le refuge des valeurs qu’on ne peut coter en bourse et qui, par la rébellion de mots qui ne se veulent pas cousus de fil blanc, rêvent de porter remède à nos maux et suturer les plaies de ce temps. C’est devenu le foisonnant maquis de la résistance d’un (mauvais ?) esprit juste et justifié dans le droit fil des moralistes comme Boileau, fil à plomb de nos cervelles embrumées : l’apologue, jamais embéguiné n’a pas le jus vénal quoique puisant aussi chez Juvenal, tançant le jurant Jupiter, le Judas enjuponné ou la Junon sans jugeote comme le cotillon de la pastourelle, soit-elle jument, et le surin du Julot, soit-il junior. Et ce n’est que justice, n’en déplaise aux jusqu’au-boutistes d’une toile sur le fil du rasoir car la frange des conteurs-rimeurs et autres  prosaïques écriveurs n’a qu’un credo pour tirer son épingle du “je” : « Contentons-nous de faire réfléchir. N’essayons pas de convaincre » (G. Brayne) !
     Néanmoins comme aurait dit Cléopâtre, à priser cet exercice, fil conducteur d’une vie, on apprend, devenu chantre du monde, à repriser du bon sens sur des mauvais sons au canevas de vie, à boutonner dessus la trame usée de notre société de sages idées sur des actes fous, à coudre et assembler des Hommes qui ont oublié qu’ils sont faites d’une seule et même étoffe car ainsi ne va plus la mode qui trotte qui préfère la fermeture - éclair ou non - à tout autre disposition de l’âme. Le fabuliste face aux juntes et aux jungles, roué du rouet, est donc ici-bas une petite main - qui espère passer première ! - qui, sans se piquer de vanité, met de la dentelle sur notre mal-être, festonne nos travers, galonne nos défauts,… pour nous confectionner, surfilant ses vers à soi, des histoires édifiantes dans l’atelier d’une nuit qui ne finit jamais, tirant sur une corde qui ne cesse de s’étirer comme élastique. Aussi, avant que tout ne parte en quenouille, même si avec lui point de croix à l’ombre de laquelle se reposer, ne cesse-t-il de broder sur les mêmes thèmes maintes fois rapiécés, d’ourler des textures souvent fois rafistolées, de retoucher des matières avec la dextérité des giletiers d’hier sur un tissu universel aussi plissé que son front juvénile sans espoir de médaille ni de cordon, junkie shooté à notre bonne langue… et au Jurançon. Notre métier, ne tenant qu’à un fil malgré la WiFi, n’est point trop juteux alors il faut juguler son goût pour la jujube, Ariane !
     Aussi, je vous prie, fin jury plein de délicatesse et empli de justesse, vous qui passez par notre modeste rue de finisseuses et de biaiseurs, jetez un œil en glissière sur nos étals où les patrons ne sont en rien des modèles et à nos mannequins qui n’en pissent guère. Pour ma part - promis, juré ! - par peur de me faire surjeter par le jurassique - et jurassien - juge de notre jurande juché en sa chaire (dont les yeux louches sont jumelles braquées sur moi… enfin je crois !) à trop bavasser jusque-là au lieu de labourer à mon crochet à pensers, je vais vous quitter pour me faufiler encore un peu plus loin, en arpète de la rime à perpète, alors : fabuleusement vôtre…

P.S. : Un amical merci à Daniel et Annie qui, par leurs commentaires sur un précédent édito’, m’ont donné matière à en découdre de la sorte avec celui-ci qui m’a donc offert moins de fil à retordre que ses prédécesseurs !

jeudi 20 septembre 2018

DUR HAÏKU’IRE

Avoir l’envie de lire en point de mire,
Donner là à rire plutôt qu’à l’ire,
Et se vouloir en malléable cire 
Et non Sire abrupt pour fuir le pire
Dans ce monde où tout, et trop vite, vire…

mercredi 19 septembre 2018

HAÏKU CINÉ

Pour suppléer la Nature, ma mère, que d’implants !

LE RHINO’ FÉROCE

Petite fable affable

Un rhinocéros blanc à l’oeil noir
Fuit tous les braillard débraillés
Que l’espèce aviaire a baillés 
À la rivière où cet éteignoir
A élu domicile et fait sa loi.
Et à la faire régner il s’emploie.

Il empoussière aigrettes, hérons
Chasse spatules, avocettes, grues,…
Brillants comme une écume incongrue
Dans l’eau où il aime à faire des ronds.
Pis, leurs gosses, volaille impolie,
Se gaussent de lui, ces pisse-au-lit !

Si, depuis lurette, il leur bat froid
 Il rêve, hélas, de s’en revancher,
Consumé de colère. Emmanchés
Et haut-perchés vivent dans l’effroi :
Il veut faire au plus loin déménager,
Et pour toujours, tous ces ménagers.

Un matin, il veut mettre le paquet
Contre ces voisins, au prix d’exploits, 
Chasser ces gens de mauvais aloi,
Batteurs d’ailes et joueurs de caquet.
Il leur fonça sus : hurlant, frappant,
Chargeant chenapans et sacripants…

Tout le jour il y revint, et sans fin
Les vit s’envoler un bref instant
Pour se reposer, pas plus longtemps,
Il en oubliait la soif, la faim,…
Sous le nombre y perdit le sommeil,
Quand vint à choir le soleil vermeil.

Rien ne le faisant revenir
Aux meilleures dispositions,
Persuadé, - c’est prétention ? - 
Qu’être con, on peut en convenir,
Est le moyen le moins infécond 
D’être bien compris par des cons !

Il en mourut d’épuisement
D’avoir oublié, las qu’emmerdeurs
Toujours l’emporteront, sans pudeur,
Car leur nombre, insidieusement,
Fait leur force, soit-on bilieux,
Ce, ma foi, dans tous les milieux  !

mardi 18 septembre 2018

lundi 17 septembre 2018

HAÏKU MANDÉ

Pourquoi craindre le Jugement Dernier alors que nous passons notre vie à être « évalué » ?

CONFIRMATION

D’après M. Combernoux

Je vous l’affirme, ici, tout de go :
Je ne veux pas « devenir Hugo
Ou rien », ni Rimbaud, ni Verlaine
Avant de perdre vent et haleine ;
Pas question d’être Châteaubriand
Au firmament des lettres brillant,
Ou Prévert ou même Appollinaire
Par le talent ou l’imaginaire…

Je n’ai pas plus la prétention,
Me livrant tout à ma passion,
D’être l’Aragon de ce siècle,
Mes mots pesant moins, las, qu’une thècle,
Je ne serai Baudelaire non plus,
Ni Villon ni Musset au surplus…
Et pas plus qu’un nouveau La Fontaine
Révéré jusqu’aux terres lointaines.

Je ne serai que moi et, pour ça, merci.
Songez que j’ai la chance inouïe,
De vivre à une époque où la rime
Ne paie pas - on la déprise en prime ! -
Et qu’en ce temps moderne et marchand,
« La poésie n’a pas de client !* »,
Donc finirai « écriveur » en ce monde
Prompt à en rimer, matin, la ronde.

Je ne serai ni poète ni écrivain,
Espérer le contraire est fort vain.

Donnant de mes pieds à la prose ,
À l’heure de mon quatrain, tout rose
De confusion, l’ambition
En bandoulière pour l’édition,
Je vous aurai sonnet, en ballade,
Dès l’ode, offrant vers en accolade.

Ah, qu’il est bon et oh qu’il est doux, 
De courir du mot le guilledou,
De s’éveiller, sans désespérance
Au bond du cœur parce que, malchance,
Sans léguer à la postérité
Ses strophes et stances méritées,
Qu’on emprisonnerait dans un livre
Alors qu’on les voulait bateaux ivres.

Avec ma verve, avant le boulot,
Qui m’attache à ce fin fil de l’eau
Qu’ici-bas une « vie » on appelle,
Laissez-moi chanter pour ma chapelle.
Avec mon verbe allant à l’envie, 
Laissez-moi écrire mes avis,
Et mes crépuscules et mes aurores,
Libre de me croire libre, encore !

* Léo Ferré

samedi 15 septembre 2018

HAÏKU’PLE PAR FAIT

Homme de peu et femme de rien feraient-ils bon ménage ?

VERDICT AU PROCÈS D'INTENTION

Petite fable affable à C.

Un pachyderme à cause de quelque missive
Où sa prière passa pour injonction
Reçut un poulet d’une gazelle agressive
Qui n’admettait, sans nulle compromission,
Qu’on lui dictât sa conduite. Et, pis qu’autruche,
Se croyait seule gardienne du savoir,
Reprochant à sa tant belle d’avoir baudruche
En guise de cervelle et, plus est, de pourvoir
À perpétuer idées sales, dangereuses,
Sous couvert d’une « guimauve »  des plus véreuses,
Elle usa d’un ton sec, l’humeur peu discoureuse.

Notre mastodonte benoît tant que bénin
 La savait parfois maladroite en ses paroles
Quand la savane la voyait pleine de venin
Ou malveillante. Il la pensait jouant un rôle
Et non point mauvaise mais, là, son pauvre sang 
Ne fit qu’un tour, certes des plus grands et fort larges :
Qu’on touchât à sa compagne, avec mots blessants,
Fort offensée au demeurant, appelait charge 
Surtout que l’antilope se disait « amie »,
Que rien ne justifiait pareille infamie,
Si ce n’est l’orgueil plus nocif que tsunami.

Les sinistres conséquences de la fatale
Erreur d’interprétation de sains propos 
Appelait excuses qui ne vinrent ; létales
Concessions ayant empêché le repos
De la gracile. L’Énorme prit donc la plume :
« Bien conscient de n’être point à votre hauteur
De ne point trop partager, parce que trop enclume ?,
Vos valeurs et pensers nourris de grands auteurs,
Je n’encombrerai donc plus jamais votre espace
Ni à nuire à votre temps qui trop vite passe.
Que n’ai-je donc plus tôt compris - Il se surpasse ! -

De vous avoir, naguère, tant importunée
Et merci de m’avoir remis à ma juste place. »
L’élégante s’emporta de nouveau, mal lunée.
Notre éléphant lui expliqua, de guerre lasse,
Pour sa défense et ne pas la tromper, en gros,
Que s’il était lent à se mettre à la colère,
Lambin à s’en défaire étaient les libéraux
Du kilo. Il lui barrit, tout soudain célère : 
« Quand tu uses de vils mots vains, pas qu’à demi
Courroucés voire injurieux, ma belle "Amie",
Que puis-je craindre en plus de qui m’apprécie mie ? »

Notre antilope aurait du garder souvenance
Qu’on souffre moins les écornes d’un ami
Dont on espère, au plus, quelque prévenance,…
Qu’hélas on ne les supporte d’un ennemi
Dont on n’attend rien d’autre qu’impertinences !

jeudi 13 septembre 2018

HAÏKU’M PATRIE AUX TEUX

Ce n’est pas parce que je bois en Suisse que j’ai le moral en berne ?

LA RUMEUR

Petite fable affable

Toutes les nouvelles n’ont pas même cachet !

Comme une aragne en son arantèle cachée,
Une rumeur, en tapinois, attend son heure,
Ayant en des joues gonflées d’envie sa demeure.

Écho de quelque on-dit déprisant,
Répété par un vain gobeur de ouï-dire,
Elle voyage vite et joue les médisants
Sans rien de trop gros, de trop beau s’interdire
Dans la Cour des Miracles des plus vils potins
Qui n’épargne mie diablotin ni calotin.

Ce racontar engraissé de cent voix benoites
Qui ne pensent jamais à mal mais ragotent fort,
Radotant tout autant que les âmes étroites
Qui n’ont pas compris, car cela requiert quelque effort,
Que tout ce qu’il est bon, parfois, ici, d’apprendre 
N’est souvent pas bien, m’est avis, à répandre…

mardi 11 septembre 2018

HAÏKU’R DU JOUR

Ma vie oscille entre regret du petit matin et espoir du grand soir.

L’ENVOL DE LA VIE

Ah, ce serait donc ça la vie :
Avancer sans fin ni envie,
Toujours plus amputé du cœur,
Entre rancunes et rancœurs
Dans un manège, sans repos,
Sans répit, le corps peu dispos.

Hélas, nature morte est mon Temps.
Qu’est devenue cette patrie ?
Des années effeuillées portant
Jours fanés et heures flétries,

Et ce serait donc ça la vie :
Payer des traites et des avis
Jusqu’à la retraite et, en chœur,
Tout vendre même à contre-cœur,
Et tout acheter à propos
En estimant avoir du pot !

Mon passé joue sac et ressac.
Mon avenir est au couchant.
Gerbes battues et grain en sac, 
Oui ma vie n’est que chaume en champs.

Vrai ce serait donc ça la vie ?
Joies entre aquarelle et lavis,
Se savoir à moitié mort
Ou vivant à demi, le mors
Aux dents et, pis, la bride au cou

À mon carreau, point d’horizon ;
Désormais, espoirs envolés,
Ma fenêtre, au diapason,
Se ferme, hélas, de lourds volets…

lundi 10 septembre 2018

HAÏKU PAIX & DISTRIBUEZ

L’Amour c’est comme une partie de cartes : 
si tu ne peux pas compter sur ton partenaire mieux vaut avoir une bonne main !

dimanche 9 septembre 2018

HAÏKU’X DENT

Un coup d’gnole, adieu bagnole !

CHATTEMITE

Petite fable affable
« Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux
 qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle.
 La vérité ne se possède pas, elle se cherche. » (Albert Jacquard)

Reclus dans l’anonymat et le silence
Et gîtant dans les trous d’ombres de la nuit,
Un vieux chat sachant que sa vie balance
Entre mort subite et trépas rapide ennuie
Ses pairs : ces bons samaritains le soupçonnent
D’aimer petits rats, jeunes souris d’amour
Non pour les gloutir en repue, mollassonne
Religion aux félins d’alentour.

Caché d’iceux dans toutes les ornières, 
Tapi à les fuir dans tous les recoins, 
On n’applaudissait pas ses peu guerrières
Dispositions, on souriait en coin
De son fort habile déploiement d’adresse
 À n’être point trop adroit comme chasseur,
Patte glissant en glaise, oreille qu’on dresse
Du mauvais côté,… il faillissait, fonceur.

Hélas, il ne trompait mie à voir l’air rogue
Des censeurs de tout poil, ces gens fort pattus
Prou griffus et des plus dentus, vrais bouledogues
Pour tous les leurs, quêtant, en viles battues,
L’orthodoxie qui ne serait que façade
Ou Piété cacha fort mal les tons gris
De l’hérésie, n’aimant tant qu’un air maussade
Et qu’un chat soit moins minet que mistigri.

Ne voulant que fidèles qui ne soient points rosses
 - Brebis à l’enclos, colombes en colombier ! -
Nos inquisiteurs, pis que des loups féroces
Se jouèrent du chat comme d’un gibier,
Dès lors jugé, déjà condamné, croix
De bois, croix de fer, qui dit, on peut l’accroire :
« Bien étrange Foi qui croit ce qu’elle croit 
Pour n’avoir pas le courage de le décroire*.  »

* D’après R. Merle