Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 30 novembre 2021

lundi 29 novembre 2021

HAÏKU Y ZINE, INTERNES…

À tout prendre, ce que nos élites appellent « le gratin » n’est souvent qu’une bande de nouilles !

DE L’UNION CONTRE L’OPINION

Petite fable affable d’après L’âne vert
de Cl.-J. Dorat (Fables ou allégories philosophiques, 1782, III, 8) 

Une veuve du village, encore verte,
Voisinait avec un gaillard qui louait
Ses bras à deniers comptant, tout l’été,
 Au plus offrant, donnant à la plus offerte
Le reste pour pas une pistole. En vrai !
Ainsi il vivait heureux quoique pauvret.

La veuve aspirait à convoler encore
Quoique s’éloignât le temps de son aurore.
Elle avait du bien. Lui n’en avait pas.
C’était assez pour faire un premier pas.

Qu’en diront bachelettes, folles jeunesses ?
Qu’en murmureront commères et curé ?
Rumeurs viens et médisances sans finesses
Vite, se feront mortifères arrêts.
Quand sera sue la chose charivari
Et hourvaris courront, sans fin, la voirie !

Ainsi seront gâchées les noces campagnardes
De cette remariée qui jà paillarde
Avec qui a la moitié de son âge.

« Va, ne crains pas le tumulte du village
Lui fit, matin, le bellâtre convoité.
Je sais comment faire taire pareil tapage.
Fais-moi confiance. Je vais les gâter :
Ce n’est plus sur notre étrange ménage
Que, demain, crois-moi, le bourg chansonnera ! »

Après l’église et la mairie, sans hourras,
On gagna donc l’auberge où les épousailles
Devaient devenir, pour tous, fête et banquet.

À peine entrés, on moque ces accordailles
Quoiqu’invités. Ainsi font tous les roquets ! 
Mais stupeur : un âne vert passe en fenêtre
Son museau et brait à tout va son mal-être.
On en oublie ces mariés allant, Dieu,
Contre les us et coutumes du lieu.
On ne parla plus lors que de ce prodige
Dont toute mémoire garde les vestiges.

Là, le jeune époux à sa Belle glissa,
Dans un sourire qu’il effaça, fissa :
« Donne aux causeurs du nouveau et de l’étrange
Et, lors, plus rien d’autre ne les dérange ! »

samedi 27 novembre 2021

HAÏKU HIT

À l’heure des voluptés, tout instant paraît moment.

RETOUR DE GLASGOW

Après la C.O.P. 26, Novembre 2021

Avec l’avide cupidité de pourceaux
Vous vous vautrez, hélas, sur vos monceaux
D’argent sans en partager un morceau,
Vivants sans dessein et sans rêve,
Amassant sans fin et sans trêve.

La terre est inféconde à trop donner
Pour vous, elle va nous abandonner
Ne pouvant même plus, las, bourdonner
Donnant sans dessein et sans rêve,
Offrant tout sans fin et sans trêve.

Vous, sangs corrompus, vous avez tant nui,
Noyés dans votre néant, suprême ennui,
Vous faites entrer dans une longue nuit
Qui souffre sans dessein ni rêve,
Qui n’en peut mais sans fin ni trêve.

L’air surpris, cul assis et cœur ranci,
Qu’il en soit, ma foi, déjà ainsi
Mais fiers d’en être arrivés ici,
Vous n’avez ni dessein ni rêve,
Que vous, vous seuls, sans fin ni trêve.

jeudi 25 novembre 2021

SAL’HAÏKU

Les sales types sont, trop souvent, des propres-à-rien !

LE CACHET DES COUVERTS

Petite fable affable d’après Les deux pincettes
de V.-A. Arnault (Fables, IV, 3, 1802)

Maladresse ou étourderie,
On a mélangé torchons et serviettes, 
Ou plus exactement, Nanette, 
Un couvert en vermeil a atterri
Parmi  ceux qui sont en étain,
Vils outils du quotidien.

L’isolé de la ménagère,
Déprisant, n’y va pas avec le dos 
De la petite cuillère
Pour causer, lui qui est un cadeau
De mariage, qu’on réserve
Aux “occasions”,… Il énerve !

« Me mêler aux plébiens,
Vulgaires ustensiles, n’est méprise :
C’est une insulte de béotien !…
Ma façon comme mon décor en frise,
Ne plaident-ils en ma faveur,
Donnant à tout plus de saveur ?
Que le plus noble ornement de de la table,
Fait de fort bon et beau métal,
Voisine avec le commun… I-nac-cep-table !

- Silence ! Trancha, en brutal,
Un couteau lassé par ces mots.
Tu me fatigues, sot grimaud !
À qui s’en sert, qu’importe ta parure :
Ce sont toujours les mêmes doigts
Qui nous saisissent qui te touchent, Autruche !
Mieux vaut penser, à bon droit,
Que l’on doit toujours le respect
À l’emploi et non à l’aspect ! »

mardi 23 novembre 2021

HAÏKU’R, HAÏKU’R, LE FUTÉ

À long terme, « le court terme » ne paie pas !

À DEVENIR BRINDEZINGUE

« Quelque bien qu’on dise de nous, 
on ne nous apprend rien de nouveau »
(F. de La Rochecoucault, Maximes, 303)

Est-il étrange que je sois « bizarre »
Et que je passe, ici, pour « un oiseau rare » ?
Je vis dans un monde déséquilibré, 
La plume à tous vents, toujours en équilibre ;
Est-il étonnant que je me veuille libre
Dans un monde, hélas, où tout est calibré,
Qui nous met tous en case et, pis, tout en cage ?
On me dit donc, souvent, « fêlé du bocage »…

Est-on si « tordu » à vouloir marcher droit
Là où hypocrisie et mensonges sont rois ?

On ne vaut guère de fifrelin, « sous-fifre »,
« Sacré numéro », là où tout n’est que chiffres ;
On est vite « curieux » ou « déroutant »
Quand on cherche cohérence à l’insolite ;
« Insensé » ou « zigoto », quand tôt on s’alite,
Loin de bruits et de raouts déconcertants.

On est vite « farfelu », « drôle de zèbre »
Si on fuit obscurantisme et ténèbres
Car ne pas suivre la norme est « anormal »,
« Amoral » presque… si ce n’est « animal ».

On est « original » quand ses origines 
On ne veut renier et fort « saugrenu »
De n’être point sot ; « lunatique » ingénu
Quand on est toujours bien luné, Frangine !

Je suis « dérangé » parce que dérangeant, 
Un « drôle pas drôle », un « cinglé » trop cinglant,… :
Rimer fait de moi un « excentrique »
Voire un « extravagant » divaguant, en vers
Et contre tout, un « egotique » sceptique,
Désormais « baroque », sans doute un « pervers »,
« Drogué » ou « homo’ », voué au ridicule
Et à l’oubli… en quelconque particule.

dimanche 21 novembre 2021

INÉVITABLE HAÏKU

On a beau être prudent à trop « marcher sur des œufs », on finit par faire une omelette !

ENTRE LE REGRETTÉ & LE REGRETTABLE !

Petite fable affable

L’antiquaire qui brocantait chez nos vieux
L’inutile et le désuet, vers les cieux,
Hier soir, est parti chiner un truc ou l’autre ;
Il doit bonnimenter Pierre et les apôtres
À l’heure qu’il est et lors, ici-bas, le pleurent
Son chat et son chien, tout deux las orphelins.

En lamentations déchirantes, des heures
Durant, auprès du corps apprêté, le carlin
Hurle le panégyrique du mort, fait l’éloge
De feu son maître, prodigue en lieux communs
Autant qu’en métaphores, il encense en tribun,
Sanctifie le défunt, digne d’un nécrologe !,
Comme il est de bon ton de faire en pareil cas :
L’immortalité demande un certificat ?

Le félin, lui, là, fait silence. Extatique.
Son comparse le lui reproche : « Pathétique !…
En prône et oraison, réplique-t-il, tu loues
Non cet homme mais toi-même, toujours filou !…
En mon cœur, vois-tu, je le célèbre et le fête :
“Les grandes douleurs, nous disait-il, sont muettes”.
Je rajouterais qu'en ce monde les grands maux 
Ne souffrent, jamais, ni les gros ni les bons mots ! »


vendredi 19 novembre 2021

HAÏKU PLEMENT

Femme se donne et s’abandonne quand homme s’acquitte ou se quitte !

CHERCHER…

Chercher le désespoir
Pour lui faire, partout, rendre gorge
Et le laisser choir
Dans le foyer de l’infernale forge ;

Et chercher la laideur
Pour montrer qu’elle, elle n’existe guère
Qu’aux cœurs pleins de froideur
Ou dans les esprits étroits de naguère ;

Puis chercher la beauté 
Là où elle ne se sait pas encore,
Non par simple bonté
Ou parce que la vie, là, s’en décore ;

Enfin chercher l’espoir
Pour aller l’offrir à qui trop l’ignore,
Ceux qui savent le soir,
Celles qui vivent loin de toute flore.

mercredi 17 novembre 2021

HAÏKU SONORE

On a beau dire, on a beau faire, « pisser dans un violon » n’en améliore pas le son !

L'ANIMAL DE L'ANCÊTRE

Petite fable affable

Aboyant peu, jappant sans ruse ni mystère
À tout ce qui gêne le repos sur la terre,
Du moucheron au facteur, il faisait profit
De tout : on le boude, on le fuit,… c’est qu’on l’envie ;
On l’aborde ou on l’appelle c’est donc qu’on l’aime.
Ah, la Vie est simple  pour les simplets, quand même !

Matin, la prison forclose où vit l’animal
S’ouvre. L’aïeule avait dû la fermer mal,
Je suppose et, comme elle se perdait les chèvres,
Cela n’étonna guère que les plus mièvres
Qui s’en émurent et traquèrent notre fugueur
Qui passait, ainsi, pour un ingrat profiteur.

Dès que la faim le tenailla un brin, sans peine,
On le trouva et on le rendit à l’Ancienne
Qui s’abîma en remerciements répétés,
Pour ce beau cadeau : elle avait tant souhaité
Une bête, en vrai, pour meubler sa solitude ;
On avait pour elle tant de sollicitude,…

Dans un monde sans mémoire, sans ergoter,
L’oublié prend vite valeur de nouveauté !

mardi 16 novembre 2021

lundi 15 novembre 2021

L’HAÏKU GEL ?

Certains discours en disent long !

COMMENT JE VAIS…

Vagabondant, feuille desséchée,
Je vais, en volant, où les vents me mènent, 
Quoi qu’ils m’amènent et où qu’ils m’emmènent,…
J’ai perdu ma branche, on m’en a détaché :
L’ire de l’orage a brisé mon chêne.
Depuis, vaquant, je traîne ma peine…
Et ma solitude tartaréenne.

Divaguant, des forêts noires aux verts champs,
Des montagnes proches aux lointains rivages,
Tous les vents me promènent, qu’ils soient sages
Ou fous, qu’ils soient amènes ou méchants ;
Me donne vie leur inconstante haleine,
Je meurs à leur souffle court aux sélènes
Lueurs qui me sont, las, la pire des alènes.

Sans me plaindre ni même m’effrayer,
Je vais, en volées, où les vents me mènent.
Ils se démènent et, parfois, me malmènent
Je vais où, ici-bas, va toute chose,
La feuille de laurier enviée
Ou le pétale de la rose oubliée,
Comme la branche de l’olivier…

samedi 13 novembre 2021

HAÏKU DE SERVICE

Hier, m’a-t-on dit, la bonne l’a eu mauvaise !

UN FÂCHEUX L’A FAUCHÉE…

Petite fable affable

L’Alice promenait, matin, sa lice
Par nos rues, habillée pour ces sorties
Comme on le serait pour hanter coulisses,
Salles de spectacle,… : tout assorti,
Jusqu’à la laisse de cette chienne
Qui lui était totalement sienne.
Cela comblait l’œil le moins averti !

Elle était bête de race comme elle
Femme de notable : on noue des liens
Entre gens respectables !… La donzelle
Saluait les êtres croisés bien
À l’aune de ce qu’en notre village
Ils représentaient. Quel que soit leur âge.
Cela allait du beaucoup à… rien !

Fort obséquieuse avec le prêtre,
Fraternelle avec les pairs de son époux,
Et leurs femmes - il faut bien s’entremettre ! -
Elle dédaignait fort tous ces ripoux 
De laboureurs, restait indifférente 
Aux brassiers, à leurs si différentes
Femelles et leur vile marmaille à poux !

Avec elle, et sa compagne à quatre pattes,
On savait ce qu’on était et valait
Car cette bête, pas meilleure pâte,
 Indexait son humeur sur le ballet
De celles de sa maîtresse et, selon,
Était caressante comme l’aquilon
Ou grognante comme orage emballé !

Or, un jour, notre couple, en ruelle
Croisa un quelconque, un vrai inconnu.
Quelle contenance adopter ?… Cruelle
Déconvenue sous le ciel à nu.
Elle pensa lors qu’il était sans doute,
Au bourg, un de ces obscurs gagne-croûtes
Sur qui puces poussent, même chenus.

Mais si elle se méprenait, la bourde !
Ces idées brouillonnant en cerveau
Le quidam assomma d’un coup la gourde
Et la détroussa sans que son gros veau
De compagne à poils courts ne lui cherche
Quelque querelle car ce gros faux derche
Ne réagit, las, en rien. Bravo ! 

Combien sont aussi bêtes qu’une lice
Qui, leur bon maître n’ayant point jà parlé,
N’ont point d’opinion à vous hurler 
Restant en tout, toujours, comparses, complices,…

jeudi 11 novembre 2021

HAÏKU DE SOUCIS

Mon problème ? Un œil fixe mais un regard fuyant !

MARINADE

C’était un pauvre matelot,
Qui devenait plus que palot
Dès qu’il se trouvait, las, sur l’eau.
Il courait lors comme une anguille,
Rapide comme une torpille,
Des écoutilles aux p’tits hublots.

C’était un de ces matelots,
Qui aimait tâter du goulot,
Pour conjurer le flux des lots
Qui vous étrillent et qui vous vrillent
L’estomac malgré ces pastilles
Gross’ comme un cul de cachalot !

C’était un petit matelot,
Un vrai mulot, un peu ballot,
Qui croyait toucher le gros lot
Dès qu’il croisait, las, une fille
Ayant beaux yeux et belles quilles
Mais le pauvret manquait d’culot.

C’était un de ces matelots,
Un vain grelot sous le calot,
Qu’aimait pas l’eau, toujours soulaud,
Que fuyait toute la flottille,
Tant on craignait ce mauvais drille,
Mal au boulot, un brin falot.

Donc, il n’est plus un matelot ;
Il est devenu camelot,
Un vil vendeur de bimbelots
Qui brade, sous fausse estampille
Et sans qu’on fasse de bisbille,
Ses bibelots, ses angelots,…

mardi 9 novembre 2021

HAÏKU DE PRÉCISION

Qui entre par trop dans les détails, en général, peine à en sortir !

LE CRAYON & LA GOMME

Petite fable affable

Le crayon, la mine mauvaise, est en pétard
Contre le caoutchouc qui nuit à son œuvre
À chaque fois qu’il le peut, hélas ! tôt ou tard.
N’ayant à la manœuvre rien de la couleuvre.

« Latex, tu m’es censure pire que ciseaux
D’Anastasie, il me faut te rayer du monde
Pour que je coure librement, pointe et museau
Au vent de l’Inspiration, sans peur d’immondes
Moralistes escamotant traces du travail,
Ou mots gris, ou noirs dessins, qu’après j’offre à bail !

- Je t’permets, Bout de Bois, de réparer tes fautes
Et d’estomper, voire d’esquisser, tes repentirs,
Si affuté que tu sois, gardant tête haute !

- Menteuse, tu coupes mon élan, fais mentir
Les Muses en brisant leur envol jouant du glaive ;
Donc ma spontanéité sacrée… tu m’enlèves !
Mais n’oublie jamais, ô Mon Prude Réviseur, 
Que les contempteurs, comme toi, toujours arrivent
“Après”… donc parfois trop tard pour vraiment freiner,
Plutôt qu’empêcher, tous ces risques de dérives 
Qu’ils redoutent et dont eux seuls semblent se peiner ! »

lundi 8 novembre 2021

HAÏKU PALMÉ

Quand je nage dans une explication, de peur de me mouiller par trop souvent, il y a comme un flottement !

dimanche 7 novembre 2021

HAÏKU PROCRASTINATEUR

Plus tard ne mène nulle part.

QUESTIONS ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ

Mieux vaut vivre à vivre Abondant (28) qu’à Pauvres (08)
Nous irons à Allons (47) ?
La Fermeté (58) est-elle jumelée avec Molles (03) ?
Longueville (50) vaut-il mieux que Petit-Bourg (97) ?
Pourquoi me fait-on toujours tout un plat de Lentilles (10) ?
Au nom de la nostalgie, va-t-on jumeler Les Chéris (50) avec Saintes (17)
Peut-on se casser à Ongles (04) ?
Saint-Sozy (46) n’est-il que la copie de l’autre Sein (29) ?
Que se passe-t-il lorsque se croisent un calme de Vif (38) et un excité de Moux (11) ?
Peut-on jumeler, sans passion, Yaizu (Japon) et Croy (Suisse) ?

vendredi 5 novembre 2021

INCERTAIN HAÏKU

Tout savoir étant relatif à un temps donné donc par essence inexact, il devrait interdire toute certitude.

LE VIEUX PENSEUR PANSU

Petite fable affable

Le père Colas posait, chaque jour, sa chaise 
Contre son mur tout blanc « pour voir passer la rue »
Et là se donnait « le bel air », tout à son aise,
Celui de méditer, l’Ancien, ventru.
Tous, dans le quartier, le croyaient très sage
À ainsi penser tout son saoul sur le passage
De gens et du Temps, avec un air un brin bourru.

Seul un enfant osait, quelques fois, interrompre
Le fil ténu, parfois perdu, de ses pensées.
Et, quoiqu’il n’aimât pas qu’on vienne à corrompre
Ses réflexions, ce Vieux au port lassé
Décochait un sourire édenté pour répondre
À ces questions sans fin que seule sait pondre
La cervelle d’un môme, sans se harasser.

« Je cogite sur la Vie, Mon Petit Bonhomme ! »
Notre enfant réplique sans vergogne : « Et alors ?! »

« C’est un beau voyage, malgré tout,… pour chaque homme !

- Et quel en est l’important ? 

- Oh ça, Junior… !

- Je voulais juste savoir de toi ce qui compte
Le plus : Le chemin ou son but ? Vas-y raconte…

- Le plus vital est qui t’accompagne, Mylord ! »

mercredi 3 novembre 2021

HAÏKU BEU’

De nos jours, on ne se soustrait pas aux additifs !

PAR INSTANTS, TOUT MOT MENT

Parce que le Temps, ma foi, n’attend pas
Et qu’il avance toujours, pas à pas,
Quoi qu’il se passe ou advienne,
Je ressasse mes antiennes ;
Car votre serviteur vient d’un temps 
Qui n’est plus, quoique encore palpitant
En son coeur et vient d’un monde
N’existant pas, où vagabondent
Dix mille mots faits du meilleur métal
Offrant à d’aucuns leur doux récital.

Ce Temps, de plomb, bronze nos rêves
Tout autant, las, qu’il se fait glaive.
Aussi garder un moral d’acier
Quand on ne se sent que besacier,
N’est pas aisé, déjà géronte :
Il met aux fers, jusqu’à nos fontes,
Brise souvent nos rares instants d’or
Et parfois nos moments d’argent endort 
À l’heure où les zincs disparaissent
Et le cuivre fait bourse épaisse.

Je viens du temps des platines,
Que tous vos « C’est nickel ! » patine,
Celui, oui, où on avait l’airain
Solide et de toujours vastes terrains
Où, tout en chrome, cohorte d’autos
Jouaient sous le soleil des biscottos,
Bruits et fureurs au mercure
Montant dont, lors, on n’avait cure.
Ce monde vermeil était tout alu’
Laiton est désormais étain, Lulu !

lundi 1 novembre 2021

HOUILLEKU

Est-ce que les girafes nées coiffées sont celles qu’il faut peigner ?

LA PART DU SINGE

Petite fable affable

Chacun connaît le sens de « la part du lion »,
Sa majesté laissant aux autres portion
Congrue en toute occasion, mais tout le monde
Ignore ce qu’est « la part du singe », l’immonde
Bouffon, l’éternel histrion que la ronde
Des traverses laisse à son agitation.

C’était en d’autres lieux et en d’autres temps.
Un simiesque de la Cour du Roi Crinière
Qui avait vendu, à deniers comptants,
Son honneur à ce chef et sa bannière,
Se vantait fort d’avoir tout fait et tout connu
Sous son règne sans que soit reconnus
Sa valeur, son dévouement sans retenue.

Ce presque héros se disait las des carnages 
Que d’autres firent, et donc se reposait dès lors
Sous les lauriers sans vergogne ni partage ;
Il aimait prou à exhiber l’argent et l’or
Que lui accordait le clairvoyant monarque 
Pour prix de ses tours et autres amuseries
Car on paie bien qui fait rire, c’est là marque
De respect et de gratitude en tous bons lairis ;
Ce quadrumane, en vrai faussaire d’excellente 
Facture, ayant fait du gros mot de “probité”
Le cadet de ses soucis disait tenir rentes
Du conseil qu’il offrait au souverain : écouté
Il prétendait tout haut être le responsable
De meilleurs firmans mais plaidait non-coupable
Pour les pires oukases, las, exécutés.

Deux coquefredouilles de la Cour, des ministres
Dévoués et actifs, eux, le gourmèrent tant
Et plus et ajoutèrent : « Comique sinistre,
Tu n’es rien qu’un menteur, un intriguant,… :
Un cloporte se lançant dans la Politique,
Ne valant ni plus ni moins que d’autres tiques
Qu’ont sait pourrir le pelage du Charismatique !
Il faut que Justice honore l’acte d’éclat
Comme tout humble et ingrat travail pour l’État,
Souvent moins visible, mais c’est une vrai honte
De célébrer qui n’a rien fait pour le compte.
C’est là “faire la part du singe”… et je ne conte
Pas ce que l’Histoire en retiendra, Gros Tas ! »