Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 29 février 2016

HAÏKU D’COUD DANLESTOM'

Ne condamnons pas trop hâtivement les femmes, la Nature les punit bien assez comme cela !

LE COCU NOBLIAU

Petite fable affable

La bêtise est bêtement humaine
Et fait son nid dans tous les domaines.
Un fort vieil hobereau de nos champs
Quoique modestement blasonné,
Se trouva un jour écussonné,
Comme son château aux murs méchants.
Tout débit et dettes, car honnête.
Et, quoique n’étant pas proxénète,
Il s'en fut épouser une jeunette.

Fille d’un banquier argenté,
Elle était garce à s’en éreinter.
Chez les nobles c’est mésalliance.
Mais pas aux yeux de son beau-père
Qui se voit jouer au pair, pépère.
Tout est bel et bon à la Finance !
Il le sait mais est, sous ses bajoues
De sapajou, cheveux en rajout,
Sot à se faire fesser les joues !

Notre noble n’est pas à la noce :
Un beau gosse, un commis de négoce,
Au soir de son union, prit la fleur,
Déjà ravie, de l’épousée, Vrai !,
Que pus rien, hors les draps, n’effraie.
Le lit du vieux nourrit ses pleurs
Car il n'y vit son tendron rebelle.
Goûtant peu la tisane, la Belle
Lui préférait l'âcre mirabelle !

Le châtelain, tout doute et dépits,
S’ouvre à un paysan, un papy,
Connu pour ses conseils, ses largesses,…
« Mon seigneur, je l’avoue sans censure :
Je mets de trop petites chaussures,
Quand j’ai mal aux dents. C’est là, sagesse :
Comme un clou peut parfois chasser l’autre, 
Qu’on soit vil salaud ou bon apôtre,
Un mal, souvent, soulage d’un autre… »

dimanche 28 février 2016

HAÏKU’LEXION COMPLÈTE

Certains font de leur bibliothèque un éteignoir des mots, un purgatoire des idées ou un dépositoire de phrases où sommeille l’esprit qu’ils n’auront jamais…

samedi 27 février 2016

HAÏKU IVRE

Notre siècle devient scientiste et techniciste. 
Face à lui si petite sont ma science et mon savoir-faire
Mec à l'infime de son savoir-être et de sa conscience !

VIRELAI À LA VIRE-LAIDS

La télé joue « vire-laids »
Passe un grand coup de balai :
Moches, balourds, non conformes,… 
Gros, vieux, nains et difformes,…
Sont tous lourdés sans délai !

Ceux qui plaisent au « Palais »,
Connes, idiots en doublet,
Demeurent ; filles à formes,
Joueurs de flageolet,
Restent membres du ballet.
C’est ainsi que l’on réforme !

On garde Sénégalais
Et vains râleurs maigrelets
Pour les grincheux et la forme,
Ça servira d’chloroforme.
Moins d’cerveaux, plus de mollets,
La télé joue « vire-laids » !

Oui, notre télé déblaie,
Ne garde que les mulets
Et les esprits larviformes.
Faut-il  pondre des poulets,
Pamphlets, plus qu’ entrefilets,
Pour que tout ça se transforme ?

La bêtise est un collet,
Un’ chausse-trappe, un filet,…
Qu’on sert, version multiforme,
Même quand on vous informe
Depuis que pour des reflets,
La télé joue « vire-laids » !

vendredi 26 février 2016

HAÏKU ROSE

Plus je vieillis, plus je vois la vie en rose :
arthrose, sclérose, cirrhose, névrose,…
Quand le temps passant marque, enfin, une pause 
Me v’là avec l’adipose et l’andropause !

jeudi 25 février 2016

HAÏKU D'ÉBAUCHE

Le sens de l'humour est, dans ma famille, une hérédité lourde à porter :  on m’a affirmé que, lors de la première des dernières guerres, l’un des miens fut blessé au front à la jambe !

LE MOINEAU & LES SINISTRES OISEAUX

 Petite fable affable

Un jour où Mère Nature et Père Temps,
Loin des foules folles de nos cités,
Décidèrent de rire quelques instants
Aux dépens d’un piaf qui cuicuitait
Par trop à leurs oreilles, seul sous la pluie,
Le regard perdu, rouillé de chagrin,
La plume amollie et trempée par le grain.

Pour soulager ses soucis et ses ennuis,
Ils lui envoyèrent des merles moqueurs,
Des quiscales rieurs, des corbeaux sans cœur,
Oiseaux de mauvais augure, et de noirs pics
Piocheurs d’espoir, dénicheurs de regrets.
Et ces fieffés filous, pire qu’aspics,
En ont rajouté d’autres tout à leur gré !

Avec sa tête de moineau mouillé,
L’autre avait l’air des plus désespérés.
Il pensait déjà à se zigouiller !
Alors sont venus un vacher, immodéré
À causer de sa déprime, et pour finir
Une corneille faiseuse de remords,
De celles à qui on voudrait passer le mors !

Dès lors, le titi savait son avenir
À sec - lui ! - et son passé tout en crue,
Situation qui fait de vous la recrue
Pour les plus sombres de tous les destins 
Et les plus noirs desseins. Et, là, survient
Un geai tout gai qui, le trouvant éteint,
Lui dit ces mots dont chacun se souvient :

« Tu ne pourras pas empêcher les oiseaux
De la tristesse et du regret de voler
Au dessus de ta tête, ni les gauler,
Mais tu peux empêcher ces mêmes oiseaux
De faire leur nid, ami, dans tes cheveux.
Il te suffit de leur dire : je le veux ! »
Illustration : Camille Lesterle, février 2016.

mardi 23 février 2016

HAÏKU’DRIER

C’est vous faire une fleur que de penser à vous….

JE N’AI PAS DE CERVEAU

(Les têtes vides servent de casseroles au Diable !)
D’après Je ne suis pas un héros (D. Balavoine)

Parce que j’ai une âme
Qu’il faudra bien que je sauve un jour,
Le djihad me pousse
À hâter votre fin,
À mettr’ votr’ mort en scène
Et à m’en trouver très bien…

Pour vous c’est un drame,
L’œuvr’ d’un gars qui travaill’ du chapeau,
Mais, pour moi, les femmes
Ne sont que des putains,
Des joies qui éloignent du Suprême,
C’Paradis dont j’n'sais rien…

C’est pour ça qu’aujourd’hui
Ça va valdinguer…
C’est pour ça qu’aujourd’hui
Je vais vous flinguer…

Je n’ai pas de cerveau,
Ma tête est un sombre caveau !
Je n’ai pas de cerveau.
Mes parents n'sont pas d’gros veaux :
Ils avaient un cerveau,
Un cerveau !

Je n’ai pas de cerveau
Mais je vais vous faire la peau !
Si j’ai pas de cerveau
J’ai internet, vous avez pas d’pot !,
Et c’est lui mon cerveau,
Pauv' crapauds !

Dans les cris, les flammes
D’l’enfer je vais vous balancer !
C’est ma seule idée
On m’l’a donnée un matin
Et tant mieux si j’en crève,
Je deviendrai quelqu’un !

Parce que j’ai une âme
Je serais la lame des faux
Vous offrant aux ténèbres.
Vous pouvez penser, pleurer,
Avoir peur pour d’autres,
C’est sur vous qu’ça va tomber !

C’est pour ça qu’aujourd’hui
J’vais tout déglinguer…
C’est pour ça qu’aujourd’hui
J’vais vous dézinguer…

Je n’ai pas de cerveau :
Ma tête n’a pas d’soliveau !
Je n’ai pas de cerveau,
Mes profs n'm’ont pas mis à niveau,
Y’avait trop de travaux,
Marivaux !

Je n’ai pas de cerveau :
Ma tête est un sombre caveau !
Je n’ai pas de cerveau :
Mes pensées sont un écheveau,
Bon pour le caniveau
Ou l’pavot !

Je n’ai plus de cerveau :
Je suis pir’ qu’un chevau’ !
Qu’un chevau' !
Je n’ai pas, je n’ai pas de cerveau,
J’suis la proie des dévôts,
Du nouveau,… !
Je n’ai plus de cerveau,
Pas d’bravos
Car là j’ai, là en guis’ de cerveau
Du mou-d’-veau !

dimanche 21 février 2016

HAÏKU MANQUÉ

On se rend souvent ridicule à ne point vouloir le paraître !

LA TRISTESSE D’OVIDE

Petite fable affable

Rides au front, cheveu rare et blanc, fatigue 
Dans le corps, lassitude d’âme, lenteur
Du geste, trous d’une mémoire qui gigue,…
Ovide a vieilli, loin de sa garrigue.

Il soupire à qui veut encore l’entendre :
« César, hier, s’est déchaîné contre moi.
Tel un démon dément, depuis des mois
Et des années, il m’exile. il n’est pas tendre
Avec qui le blesse ou qui le contrarie :
Qui peut me dire s’il est debout, encore,
Le verger que ces mains, que rien ne dore,
Ont planté mais n’ont pu, j’en suis fort marri,
Y cueillir de fruits ?!… Ici rien ne pousse,
Hors le vent qui mouille aux larmes mes couplets. 
Mais les pleurs, dis-moi, soulagent-ils les plaies ? »

Quoique ledit César soit un foudre de guerre,
Il n'aimait que les mots de serviles auteurs,
De préférence courtisans prosateurs,
Car, de toujours, les choses ne changeant guère,

Les puissants de ce bas monde apprécient 
Toute œuvre à leur gloire, ici ou sur le Tibre,
L’hommage de l’écrit sauvant de l’oubli,
Mais haïssent les poètes… gens trop libres !

vendredi 19 février 2016

HAÏKU DE RABOT

Il n’est pas plus de « Grand homme » que de « Petit peuple » ou de « Français moyen » !

MA CARAVANE

C'est mon chez-moi, mon home à moi, ma caravane.
Donc je vis en été même au cœur de l'hiver,
Au froid, au vent, au chaud, aux fous,… je suis ouvert !
Ma misère me fait pauvre en tout, sauf en vannes !

Verrue à vos villes, privé d'automobile,
Je reste planté là, tout au long de l'année,
Honni, privé de tout, sans que cela vous bile.

Ces tôles c'est mon toit. On m'y a condamné,
Je suis un voyageur damné, un immobile,
Un indésirable, affamé, enboucanné,…

Je rêve de soleil et d'ailleurs, La Havane
Ou Saint-Tropez, d'ailleurs moins lointains mais plus verts
Que vos prisons de verre et vos vies sans nul vair,
Dans mon chez-moi, mon home à moi, ma caravane.

mercredi 17 février 2016

HAÏKU’ SUCRÉ

Hier pour faire son miel il fallait des centaines de “bz”. Aujourd’hui un buzz suffit !

ON EST LAS DE CES CANCRES-LÀ !

On est là pour éduquer
Des gosses mal élevés :
Gamins fort mal embuqués
Ou filles toujours crevées
Aimant à être reluquées.

On est là, pris, piégés,
Dès que, hélas, point le matin
Jusqu’au soir assiégés,
Nous tous, qu’un vain baratin
 Dit  vils « privilégiés ».

On est là pour les former
Quand notre société,
Qui voudrait les conformer,
Les a, déjà, de télés
En ciné, tout déformés.

On est là, sans les juger,
Pour bien noter leurs travaux
Faits parce que ça urgeait,
Comme on fait au caniveau,
En cherchant à nous gruger.

On est là, l’âme lardée,
Le corps et le cœur lassés,
D’être par vous regardés
Comme des cons dépassés,
Tous inaptes à les garder.

On est là, seuls et derniers
À ne pas baisser les  bras
Quand, comptant vos deniers,
En chœur, vous nous reniez !

mardi 16 février 2016

lundi 15 février 2016

HAÏKU’LURE


Certains exhibent leurs tablettes de chocolat à l’endroit même ou, moi, je les stocke !

L'ABONNÉE

D'après un croquis de Camille Lesterle

Viendra-elle l'abonnée
Du balcon aux blanches dentelles ?
Au poulailler, veste-et-bretelles,
Je vais vibrer et bouillonner,
Les yeux rivés, aiguillonnés,…
Viendra-telle ?

Viendra-elle l'abonnée
Au balcon, en blanche dentelle ?
Serait-ce une diabletelle ?!
Oui, fini de cotillonner :
J'en oublie de papillonner
À voir cette cette aimable mortelle…
Viendra-t-elle l'abonnée?
Pour sûr, sculptée par Praxitèle,
Elle donne à tourbillonner,
À voir mes joues vermillonner,…
Que m'importe la bagatelle !
Au balcon, en blanche dentelle,
Viendra-elle l'abonnée ?

Viendra-telle ?
Clochers, partout, carillonnez
Haut ma joie sans tatillonner :
Ma pièce ici, ce soir, c'est elle !
Avec ou sans blanches dentelles,
Viendra-elle l'abonnée ?
Croquis : Camille Lesterle, janvier 2016

dimanche 14 février 2016

samedi 13 février 2016

HAÏKU Y ZINE

Les lueurs de certains esprits tiennent du lumignon !

MARIE AU MATIN

Les cendres de la nuit s’enfuient
Quand, au matin, Marie s’éveille,
Loin de l’ennui qui est de suie…
Aucun jour n’est comme sa veille,
L’aube m’annonce les merveilles
D’un lendemain venu sans bruit,
Sorti du sommeil, sombre puits,
Quand, au matin, Marie s’éveille…
Nos sens engourdis se réveillent,
Et l’ombre à merci a réduit
Le moins défendu de ses fruits
Quand, au matin, Marie s’éveille…

Les cendres de la nuit s’enfuient
Quand, au matin, Marie s’éveille,
Avec un œil de chat séduit…
Dans les bruissements d’abeille,
Les draps trop froissés s’ensoleillent
De lascifs mouvements fortuits.
Que m’importe le vent, la pluie
Quand, au matin, Marie s’éveille…
Je glisse au creux de son oreille
Un mot doux au baiser conduit,
Mot des plus beaux, quoique recuit,
Quand, au matin, Marie s’éveille…

Les cendres de la nuit s’enfuient
Quand, au matin, Marie s’éveille
Pour commencer notre aujourd’hui…
Et c’est alors que j’appareille
Pour une autre journée pareille
À un hier las reconduit
Qui ne cessera qu’à la nuit
Où, repus d’amour, on sommeille…
Là, se mêlent nos souffles en treille,
Les cendres que la nuit produit
Dans un lit où le rêve luit
Pour, qu’au matin, Marie s’éveille…

jeudi 11 février 2016

HAÏKU DE ROUGE

Combien de gens se comportant en maîtres ne sont, en fait, que les laquais d’autrui ?!

SIMPLE CHANSON

Les poèmes populaires,
Quand la poésie fait salon,
À coups de lalalalères
Et de rimes sans galon,
Deviennent chansonnettes.
Elles réchauffent les cœurs
Des costauds, des midinettes,
Pour qui elles sont liqueurs…
Est-ce un enfant ou sa mère,
Est-ce un amoureux chagrin
Qui inventa, mine amère,
Le tout premier refrain ?
Qui ne ronge son frein,
Fredonnant des ballades
Aux mélodies malades,
En l’attente du train ?

Ici, tout commence,
Été comme hiver,
Et finit par des vers
Mis à la cadence
De simples chansons,
Sans plus de façons…

Trois mots d'amour entêtent,
C’est romance d’amants ;
Mais s’ils se font la tête,
Que le Destin leur ment,
C’est complainte ou rengaine
Toute en mélancolie ;
Il voudra qu’on dégaine,
L’enfant qu’on met au lit,
Sa comptine ou berceuse ;
Une aubade réduit
La timide amoureuse
Que sérénade séduit,…
Dans combien de nuits,
L’accordéon enchante
Les mémoires qui chantent
Pour tuer silence, ennui,… ?

Parfois, elles gênent,
Pouvoirs ou convers,
Belles cantilènes,
Et simples chansons
Qui se font leçons…

Avec trois accords de guitare
Ou deux notes de piano,
Bien des airs désamarrent,
Les peuples à leurs tyranneaux,
Renversent de vieux empires,
Ou sauvent du désespoir,
Pourfendant l’odieux, le pire,…
Quand tout semble devoir choir.
Rendant fier ou grégaires,
Ils mettent armes en main,
En chants de joie, de guerre,
Ou espérer en demain…
Alors, par tous chemins,
Ils font tout le tour du monde,
Prend chacun en sa ronde,
Parlant au cœur humain…

Partout, tout commence,
Été comme hiver,
Et finit par des vers
Mis à la cadence
De simples chansons,
Sans plus de façons…

mercredi 10 février 2016

HAÏKU DELUN’

Issu de la mer, cet animal qu’on appelle l’Homme est toujours sensible à la lune, lunatique même, et sujet à se marrer.

mardi 9 février 2016

HAÏKU’RTE PAILLE

Un bruit qui court peut être aussi mortel qu’un silence qui s’installe.

SE TAIRE EST IMPOSSIBLE

À  Jorge Semprun

Non, je ne suis pas un “survivant”.
 Je serai plutôt un revenant.
Car si le camp n’était alors qu’hécatombes,
Il n’a pas été, peut-être hélas, ma tombe…
De l’Enfer on ne revient pas
Alors, dis, d’où viennent mes pas
Que tant de pleurs et que tant de douleurs plombent ?
Quel beau dimanche tu vis là, loin des bombes…

Ils disaient vouloir m’exterminer.
Peine perdue. Ma vie est ruinée ;
Ils ont certes détruit les miens ; ma famille
N’est plus qu'une fumée partie en guenilles
Mais, désormais, plus rien, ici,
Ne m’effraie : on ne vit qu’en sursis,
Nous, les si frêles et infimes brindilles 
Invitées au grand voyage des aiguilles.

Je l’avoue : je ne crains plus la mort.
L’avoir côtoyée m’a rendu fort.
Elle est devant vous, tout en esprit grégaire,
Mais elle est derrière moi, toujours à braire.
La domestiquer fait que j’ai vécu,
Ne plus en avoir peur, que j’ai vaincu,
Moi, qui étais, suis tout sauf un téméraire.
J’étais pourtant le mort qu’il fallait, mon frère !

“Réchappé” ? Oui. “Libéré”. Non !
Chaque soir me ramène des noms
Et des ombres de ce bout de mon histoire
Qui peuplent et piétinent ma mémoire,
Errant et occupant mes nuits,
Me ramenant ce temps enfui
Sans évanouissement libératoire…
Pourtant les chasser serait blasphématoire.

Vous ne voyez en moi qu’un survivant
Mais je serai encore un revenant
Qui, seul, nu, face à l’avenir, ne redoute
Qu’oubli, négations, mensonges et doutes
Car il y aura toujours un prochain
À traiter comme bête ou machin,
À exterminer car il croise une route
De trop, dessous la plus céleste des voûtes !

dimanche 7 février 2016

HAÏKU’, Ô MORALE !

L’éloquence n’est plus dans nos mœurs,
La probité n’a plus la primeur,
Alors que l’équité, hélas, se meurt…
Mes valeurs méritent un embaumeur !

L’HOMME QUI MURMURAIT À L’OREILLE DES CHEVAUX

À mon grand-père

On l’a mis apprenti au maréchal-ferrant.
Lui vit qu’ « il avait le don » avec les chevaux :
Ce jeunot leur parlait, en faisait de doux veaux…
Alors La Ferme en fit son valet. Premier rang.
Il dressait les bêtes à l’accepter, puis brillamment,
À tracer des sillons, longs comme un jour sans pain,
Et droits comme un trait de crayon. Patiemment.
D’une main bien ferme mais douce. Sans pépin.

Il les habituait au charreton chargé
De grains pour les chevaux des quelques garnisons
D’en ville où il les menait, par foule et maisons,
Autos et tram’, sans rien verser ni diverger.
Comme des êtres chers, il pansait et aimait,
Au village comme aux champs, ces dons du Créateur.
À leur pas allaient ses journées, de mai à mai,
Puis, par chez nous, rugit le moteur des tracteurs…

On fit mécanicien le maréchal-ferrant.
On remisa, un à un, tous ses bons chevaux
Car ils ne vaquaient plus à leurs humbles travaux,
Ne trottaient pas non plus, le temps s’accélérant.
Le Fermier lui donna son tout dernier bourrin,
Un bourru que d’autres avaient rudoyé
Quand lui n’avait que des caresses pour ses reins ;
Il fit une écurie, l’a soigné et choyé.

Il conduit la bête à l’accepter, puis lentement,
À tracer des sillons, longs comme un jour sans pain,
D’une main toujours ferme et douce, sans pépin,
Des rides droites comme un vieil accotement.
L’appétit du Temps qui piaffe est sans apathie :
Ils vieillirent ensemble, hélas, et pas à demi,
Puis, sans regimber, la bête, seule, partit.
Je sais qu’il l’a pleurée comme on pleure un ami.

vendredi 5 février 2016

HAÏKU POIRE

Fiez-vous toujours à votre première impression :
Ne l’a pas corrompue votre bonne éducation !

SÉVÈRES CES VERS ?

Les pieds blessés à force d’être comptés
Comme il sied, contraints dans leurs sabots classiques
Qui les libèrent plus qu’ils ne leur sont toxiques :
Oui, tous mes vers vont à pied, quoiqu’indomptés.
Poudrés de mes peines mais lavés par mes larmes,
Ils vont porter leur pas, sans dire un mot de trop,
Ni plus haut que l’autre, tout en bons sons faits armes,
Avec retenue, car l’éternel est rétro !

Avec prudence, avec patience, ils avancent
Ces vers boiteux, lassés de porter mes colères,
Fatigués de pleurer mes deuils, ma survivance
À des maux sans issue qui me font pauvre hère,
À des éreintements sans limite ni fin,
Aux vains et vils tourments de mon cœur, de mon âme,
N’offrant aucun horizon visible à ma faim
De repos, ma soif de pause,… Voilà mon drame !