Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 31 juillet 2021

HAÏKU’EUR EN DEUX

 Les couples entendent que leurs amours aillent alors que les célibataires espèrent qu’elles viennent !


DU PALPITANT AU PAL PITEUX

Authentique fausse ballade médiévale

Matin, m’en allant au bois, d’un bon pas
Sur mon palefroi, raide et droit j’avance,
Affrontant les frimas qui font repas
Du miséreux sans lard qui n’a pas ma chance.
Là, je trouvai lors bergère à mon goût.
La fillette collée, comme un cagou,
À son chien et sa chaude haleine
Grelottait de froid. Alors, pas par jeu,
J’offre fourrure pour couvrir sa laine
« Et une fois fourrée, que vous serai-je ? »

La petite, qui sautait tant de repas,
Ne voulait pas l'faire du pas, jouvence
Ne préserve pas du frileux trépas…
Pas plus que vertu reçue en chevance.
Je m’devais de réchauffer, sans dégoût,
Ce si bon bec à l’insolent bagou.
« Se blottir sous ma pelisse, Vilaine,
Vaut mieux qu’avec dogue peu partageux !

- Qu’en penserait la Dame châtelaine ?!…
Et une fois fourrée, que vous serai-je ?

- Rose épanouie n’a pas tes appâts
Ni, Fillette, tes charmes en connivence.
Mieux, n’oublie mie, qu’en cette pampa,
J’ai sur toi quelque droit en survivance !
- Je le sais fort bien, Vieux Grigou,

Vous qui trouvâtes mère à votre goût,
À la hâte, un jour d’août, plus bas, en plaine,
Par les verts fourrés, toujours ombrageux.
Elle n’a su dire, faute d’allène,
Et une fois fourrée, que vous serai-je ? »

Filles, quand la coupe ainsi vous est pleine
D’être traitées par Rancis comme glaines,
À ces seigneurs mal dégrossis, franc-jeu,
Dîtes ces mots qui les met hors d’haleine :
« Et une fois fourrée, que vous serai-je ? »

vendredi 30 juillet 2021

jeudi 29 juillet 2021

HAÏKU DANS LE VIDE

Rêver éveillé revient souvent à dormir debout.

CHAMAILLE EN RIMAILLES

Petite fable affable

Dans l’ombrée qu’offre canopée, tout en presse,
Allant, venant et virevoltant sans cesse
Un colibri, aux corolles colorées,
En bon bec, compte fleurette sans arrêt.

Trônant dans une alcôve de lumière,
La queue en traîne de reine douairière,
Plus calme et donc se croyant sage, un quetzal.
À peine plus gros. Bien moins cordial.

Voilà donc nos deux causeurs du jour, mes Frères,
Indigènes de l’autre bout de la Terre.
« Être agité ne me sied !… Mon destin
N’est pas de finir feu follet indistinct,
Dit le quetzal. Je suis trop brillant, trop noble
Pour jouer les lampistes ou les escobles,
Comme toi qui tant t’épuises à collecter
Un nectar dont tu ne sauras profiter.

- Pourquoi songer à changer ? Moi, j’accepte
Servitude et joies de mon état, préceptes…

- Pauvret, tu te refuses à les abdiquer
Mais ne vas pas jusqu’à les revendiquer !
Le coupa son cousin perché, dans un rire.

- L’Ami, tu vois les choses, à vraiment le dire,
 Comme tu les veux ! » reprit lors l’empressé
Tout en s’affairant, les ailes frénétiques.

« Point de résignation, Oiseau Sceptique,
À qui a “un”destin”, viendra moment
Où il se réalisera. Et surement.
Je l’attends, là, quand toi en vain tu t’excites.

- L’Avenir est moins sur marbre qu’en calcite !
Dit l’oiseau-mouche. Advienne que pourra
Nous vienne qui voudra, arrivera
Toujours autre jour, encens ou belladone :
Le Destin, las, ne veut pas plus qu’il ne donne !

- Tu gères l’urgence en lampiste agité.
Ce n’est pas vie digne de notre beauté ! »

Ne sachant se contenir, l’autre réplique :
« L’espoir est imposteur dans la république
De ceux qui, ailes basses et crête activant,
Ne savent qu’attendre que tourne le vent ! »

















Illustration : Élisa Satgé, été 2019

mardi 27 juillet 2021

HAÏKU’M PARATIF

Tout ce qui est partiel est partial !

ÇA NE VAUT PAS UN PET DE LAPIN

Cycle toulousain

Ainsi parlait le ritou qui ne disait pas 
Deux fois la messe, sauf autour d’un bon repas.

Nous nous n’étions lors que des gosses,
Des ninous acaprissats et tant amaïrits,
Même peilharots. Oc, sans craque. Ça ditz !
On n’était pas mouflets geignards aux larmes grosses,
Pleurards et lamenteurs au premier « Avisa-té ! »
Ou au second « Malfisa-té ! », figura-té :
Non pas, l’était pas né qui nous la baillerait belle
Car pignes et bignes nous avait faits, jà, rebelles :
Les nôtres savaient que l’enfance n’a qu’un temps.
Mais, siouplet, n’allez pas penser, Bonnes Dames,
Qu’on allait jamais s’en croire pour autant :
La vie ne nous épargnait peine ni drame.

On vivait tout à trac et ça, ça valait dix,
Graillant a rigofi, riant comme jadis…
Puis nous viendrait, hélas, l’âge de la gnaque,
Et de la gagne. Seront abandonnées 
Les pentes usées et râpées par le cul tanné
Des gafets gâtés-pourris, ces pas maniaques
- Pardon “estafignous ” ! - qui testuts, mais pas trop,
Pour un rasclet, un quignon de pain vous iront - hop !-
Ici éclaircir les radis, là les carottes
Démarier ; castrer le maïs, tout en bottes,
Sous le cagnard, ou vendanger et ramasser
Les patanes, passé l’été et sa sécade.
Puis pour ces chaspaïres, il sera l’heure assez
De se marier une belle, une tocade…

Ainsi vivaient mes pères qui ne disaient pas 
Deux fois la messe, sauf autour d’un bon repas.

dimanche 25 juillet 2021

HAÏKU DE CAS MAIS RAT

Pourquoi Maurice Bunio a-t-il appelé son film « Les enfants de Lascaux » (1990) et pas, tout simplement, « Les papooses » ?


LES BATRACIENS BÂTISSEURS

Petite fable affable

Sur quelque terre d’Afrique où, impérial,
 Le Soleil règne sans partage dès Prairial,
Au sortir d’un marigot, était une sorte
De marécage tenant, à la saison morte,
Plus du bourbier que de l’étang, qu’arrosait,
De loin en loin le Nil, et toujours la rosée.

Mais c’était assez pour que vive en cette fange
Un peuple qui,  juste pour donner le change,
Coassait sans cesse sous l’œil gourmand d’oiseaux
Qui croassaient d’aise en ces populeux roseaux :
On s’agitait fort et bruissait prou à l’approche
De ces harpies voraces qui perchaient sur roche.

Hélas aussi, quand le très grand fleuve daignait
Le brouhaha fou de cette bauge baigner,
Un crocodile, terreur des eaux et des rives,
Par tous ces bruits attirés, comme à la dérive,
Arrivait. C’était lors carnage à faire rougir
De verte honte Romains à Carthage. « Agir
Plutôt que subir… ! Voilà ce qu’il faudrait faire ;
Voilà comment éviter les affres de l’affaire !
Barytona leur roi. Nous allons bâtir un mur
Pour rendre notre Eden plus quiet, plus sûr ! »

Et voila nos batraciens qui se font vite 
Chantres du pisé salvateur sans plus d’invite,
Avec  de la boue gâchée, du bois un peu, 
Liés à la bourbe en causant prou, l’air pompeux.
Là-bas, dans ces pays, leur peu d’eau vaut fortune
Et l’aisance rend superbe sous toute lune.

Et ainsi s’éleva un semblant de muret
Que l’on chanta haut, plutôt que de murmurer,
Car finie la peur du saurien, ce vandale,
Ce vaurien. 
Et tout ça, ma foi, pour que dalle !
Donc les choeurs des amphibiens rassérénés
Reprirent à la grande joie d'oiseaux attirés.

Mais qu’importe : c’était là ce que de Nature
On peut tolérer plutôt qu’être la pâture
D’un monstre. Cette terreuse muraille tint
Bon ses promesses : le Nil ne vint plus, matin,
Grossir le palud… lequel peu à peu s’assèche.
On réagit à grands cris : mur sec, point de brèche !
En grand silence, on mourut tous, avant longtemps,
D’avoir voulu la vie sauve et le cœur content.

vendredi 23 juillet 2021

HAÏKU DE NOVLANG'

Aujourd’hui les mots disent moins les choses qu’ils ne les cachent…

CAUSERIE & COCASSERIES

Assis sur mon banc, tel Miron mirant la mort,
Plutôt qu’avec une lippe de croque-mort,
J’écoute trois têtes de pipes qui papotent
D’« Hier », du « Bon Vieux Temps » passé, entre potes.
J’entends ces pipes qui ne veulent se casser,
Aux pas petits mais à la voix jamais lassée
Qui vit et vibre de vœux vains dont ils s’enivrent
Et de vents inventés, la mémoire en roue libre.

Ce sont preux provinciaux au verbe roi 
Qui du passant piteux peuvent faire leur proie :

Là, si on l’en croit, un petit Picard que puces piquent
Qui soule ses pairs de souvenirs éventés,
Répétés, pleurant ses cheveux partis, épiques,
Depuis l’époque où pavés volaient. Bonté !

L’autre, Provençal ventripotent, se parfume
Au pastis, et rappelle qu’il est mal portant,
Sa vie pipotant, que son palpitant, poids plume,
L’empêche de se remplir la panse « Pourtant ! ».

Le dernier, Poitevin au poux atypiques
Se perd dans ses parlotes. Moins replet,
Plus simplet, il pionce auprès de ses deux pratiques
Autant qu’il jaspine le clapet du papet !

Ces trois vieilles branches, « toujours vertes et solides »,
Naviguent à vue, effeuillant leur vieil éphéméride.

Ce qui fut leur « Livre », ils nous réécrivent en vrai,
Divaguant au gré de souvenirs fort pauvrets
Qui partent à vau l’eau, passant par leur cervelle,
Ponctués de pets « Pour te la servir plus belle »,
L’esprit en paix : « Vraisemblable vaut Vérité
Sinon qu’est-ce qu’i' diraient à la télé, ! »
C’est souvent pipeau et piperie la pérore
Chez ces trois peaux-là, qui s’épatent dès l’aurore.

Ça pépie tant que pies, ces pépés, ces pépis !
Ça ne me gêne guère, ni ne me crée dépit :
J’aime à les ouïr user ainsi leur salive
Et sais que, l’âge nous venant, on enjolive
Sans penser à mal ou aimant à couillonner,
Mais ignorais qu’on pouvait tant… postillonner !

mercredi 21 juillet 2021

HAÏKU D’ABUS

Est-ce que parfois, avec sa méthode, il pionce, Pilates ?

L’INFORMATION DU JOUR

Petite fable affable

Oyez, oyez, Messer Loup nous fut de retour.
Et ce loup-là, savait son métier et des tours.
C’était en l’an foiré où un virus, immonde
Perversité, avait fait s’encabaner le monde
Alors que le soleil, en rayons gracieux,
Tombait, chaque jour, doucement des cieux.

Profitant que l’humain se soit coupé, pour l’heure,
De tout, les bêtes avaient investi ses cités 
Et ces routes où l’auto’ tue tant et apeure,
Sortant de la torpeur, sans peur, hors nuitées.
Ils se sont multipliés, ou bien, tranquilles
Et sereins, transportés jusques au cœur de villes
Muettes et vides - “vivables”, disons le mot ! -
Sans craindre Épidémie, le moindre de leurs maux.

Ce loup s’était mis au hasard des chemins, l’âme
Jà enivrée des flatteurs fumets des bons mets 
À venir, et son cœur jà chaviré, Mesdames,
Des folles fumées que cache le verbe “aimer”.
Étant sans façon, farceur, cherchant aventure,
Il suivit donc les caprices des chemins,
Sinua par sentiers et sentes en verdure.
Seul. Ce qui le rendit altier comme un humain.

Par les prés il put se remplir la panse :
Prédateurs comme pasteurs étant confinés,
La faune s’était désapeurée de la danse
Des heures et des aléas de l’inopiné,
Se croyant à l’abri de toute faux mortelle ;
On vit lors en cerfs en rues !… Il les immola
Pour leur prouver que la Vie, hélas, restait telle
Qu’elle fut, aimant à peupler le Valhalla.

Il allait au grand jour, courant les miles en nombre,
Lui qui, jadis, dans l’ombre tant s’esquissait
Et dont la peau s’estompait dans toute pénombre,
Gâtant son talent d’un orgueil lassant assez.
Aussi le lupin mourut, le jour même où l’homme
Se déconfina enfin, dans un cri marquant
À la fois sa rage et sa douleur : « Pauvre Pomme,
J’ai oublié, qu’ici-bas, où tout m’est carcan,
 Les bonnes nouvelles, tout comme les mauvaises 
D’ailleurs, n’ont qu’un temps… même pour les plus balèzes ! »

lundi 19 juillet 2021

HAÏKU DE « PADEBRA, PADCHOCOLA »

L’homme politique promet tout, y compris de faire marcher le paralytique, et pour cela est prêt à tendre l’oreille à un muet, ouvrir les yeux d’un aveugle et causer à un sourd !


QU’ES ACO ?!

Cycle toulousain

« Me fa plan cagar ! » tempêtait l’Ancien
Dans son patois qui était parler sien,
Celui si doux d’une enfance peu tendre,
Celui qu’on ne pouvait plus jà entendre,
En langue bien moins morte qu’oubliée,
Sauf au bon bec des ménines aux voix rouillées,
Portant panier et sombre tablier,
Au coin des bouches édentées, où jà pègue
Un mégot roulé, des pépis qui roumèguent,
Honni de tout urbain, des « Parisiens »,
Ces « têtes de veaux », ces « têtes de chiens »…

Souvent, il me résonne encore à l’oreille
Des « Atal ! », des « Cal so que cal ! » sous les treilles
Ou des « Macarel, y’a quicom que truca ! » 
Ponctués de « Milo ditz ! » ou d’« Atz’aquo ! » ,
Trahissant langage venu d’un autre âge,
Quelque idiome faisant passer au village
Pour idiot, d’aventure, au bavardage
D’un estranger lettré, d’un « Parisien »
Trop « têtes de veau », très « tête de chiens »…
Nous, siouplet, ça nous faisait bien rire
De les voir se parler sans rien se dire !

Et, couçi couça, tous ces bons paroissiens
Crachant pas sur leurs voisins, en citoyens,
Causaient des branques et des cabourds de ce monde
En mots simples que l’escola dit « immondes »
Et le journal, las, passer de mode après.
Un verbe de vieux sentant, sans apprêt,
Notre glèbe et qui s’invitait sans arrêt
Dans leurs paroles mais, jà, pas chez leurs drôles
Destinés à d’autres vies, à d’autres rôles,
Plus citadins, « Et oc ! »,  plus « Parisiens »,
Plus « têtes de veaux », plus « têtes de chiens »…

dimanche 18 juillet 2021

LA VIE, EN QUOI ÇA HAÏKU’N SISTE ?

Quand ça résiste ou que ça persiste 

En quoi, l’Ami, que cela consiste :

Insiste pour toi, ou l’Autre assiste, 

Mais jamais, oh non, ne te désiste 

Tant que le moindre espoir , là, subsiste !


samedi 17 juillet 2021

HAÏKU AU CHŒUR

Est-ce déraison de vivre ?

SOUVENIRS… ATTENTION, DANGER !

Petite fable affable

« Il n’y a pas de femme frigides, dit-on,
Seulement des hommes maladroits ! ». Mes Commères,
La suite va vous prouver que, parfois, non.
N’en soyez pas, Amies, pour autant plus amères.

Au temps où les Lumières, à Paris, brillaient,
Ensalonnées, deux fort anciennes coquettes
Comparaient leurs aventures, causant de conquêtes,
D’histoires qu’on aimerait parfois oublier
- Loin des oreilles du confesseur : le vidame -
Évoquant emportement et déportements
Qui les faisaient si souvent glisser dans les ombres,
À l’heure où leur mari, dans ses appartements,
Dormait dans leur grand lit de nuit, la mine sombre.
Elles couraient, lors, se donner sans coquetterie,
Aimer prou sans jalousie ni vaine promesse
De lendemains soyeux tout en affèteries,
D’une vie à deux que l’on ferait, oc, kermesse.

Mais elles comprirent, la conversation
Filant et courant, à bien s'ouïr ces Belles,
Qu’elles aimèrent, jadis, mais avec passion
Pour l’une et dépit pour l’autre, quelque rebelle
Noble par le sang, que je ne peux nommer ici !
À n’en pas douter c’était bien le même homme
Car combien d’entre eux se faisaient tatouer,
Alors, le dard d’Apollon comme dit Prud'homme.
« Mais je ne pus guère, hélas, ma mie, en jouer
Ni en jouir. Il me souvient de sa marque
Qui disait SOUPLE… et, excusez la remarque,
C’était plutôt “mou” et pour dire, frustrant
Et insultant même, fit l’une, en vraie tigresse,
Malgré mon adresse, ma presse et mes caresses.
Il était moins homme que goujat, ce Gontran !

- Alors nous nous équivoquons, car le bel homme
Que j’évoquais portait comme inscription
À cet endroit-là, oh ce n’est point fiction :
SOUvenir de ConstantinoPLE… et ne fut gnome ! »

jeudi 15 juillet 2021

HAÏKU DU FABULISTE

Moi, j’ai le ver modeste, et n’y mets guère d’ « O » :

La Fontaine je ne boirai pas de tonneau !


EST-CE PAGNOLADE ?

À Marcel…

C’était au temps des secrets et du regain,
Et celui de la gloire de mon père, 
Qui n’incluait pas le château de ma mère.
On se moquait lors des pertes et des gains.

Diamant valant Topaze, j’aimais Angèle,
La fille du puisatier, plus belle
Que l’infidèle femme du boulanger.
Mais, las, j’étais un schpountz, donc pas de danger.

J’étais un cigalon, un Jean de Florette,
Plein de rêves fous et d’espoirs insensés
Pour une Manon de sources, si guillerette,
Qui ne m’a pas regardé comme on peut penser.

Pourtant je badais Naïs, Fanny,… et d’autres.
C’était le temps des amours, sans fin sans fonds,
Où l’on se rêve César mais l’on se vautre 
Comme Ugolin ou Marius, vains bouffons.

mardi 13 juillet 2021

HAÏKU, LAISSE TES RÔLES !

Loin des œufs, loin du beurre !

L’IBIS ROUGE DE HONTE

Petite fable affable

On dit que le soleil se lève aussi,
Trois fois hélas, pour les salauds d’ici 
Comme ceux d’ailleurs. Et c’est vers ces terres
Que mes vers vous porteront, salutaires.

Au chaud pays des ibis dont le roi,
Riche à souhaits, mais sot, vain et rogue,
Qualités qui vont de pair aux étroits
D’esprit, on bruit, entre barque et pirogue,
La voix rauque et nasillarde à propos
D’un ministre qui n’a pas eu de pot.

Grossier, grasseyant, ce volatile
Était un serviteur des plus utiles
À son maître qui, las, l’a débarqué 
Non parce que ce sot fut embarqué,
En truand influent dans quelque « affaire »,
Ni qu’il fut un vil traître ou un couard,
Vains serviteurs dont il faut se défaire.
Non, c’était plus grave. Et ça le fit choir.

Il aimait la reine, en conçut vergogne
Au point de rougir des pattes à la trogne
Dès, las, qu’apparaissaient leurs majestés.
Cela se vit. Côté moralité,
Le monarque l’avait fort élastique
Et aussi étique que son éthique.

Mais cet ibis, parmi les avortons
De Cour, écarlate comme un toton,
Faisait tache : à l'humiliante disgrâce 
Il fut condamné. Donc l’exil le chasse.

Au beau pays où il fut plus craint qu’aimé,
Chacun convoitant, et plus que jamais,
Ce qui fut sa place, nul le pleure
Chacun se répétant à la bonne heure :
« Un très grand mal n’est qu’un mal à demi
S’il frappe au cœur de ton pire ennemi ! »




















Illustration : Élisa Satgé, été 2019

lundi 12 juillet 2021

HAÏKU RIRE SUR LE A, RICO !

À qui souhaiterait « m’ouvrir les yeux », je rappelle que cela fait plus d’un demi-siècle que je les ai déclos et ce n’est pas demain que je les refermerai !


* Pensée aimablement soufflée par Dany…

dimanche 11 juillet 2021

HAÏKU DE TRAFALGAR

À Valmy, les Sans-Culottes ont été sacrément culottés d’infliger une déculottée au Culs-Blancs.

D’ÉMOIS À TOI

J’ai grand plaisir à chanter et à rire
Pour oublier pour contrer mes malheurs
Comme tu l’as de pleurer et de te plaindre
Qu’il ne t’advienne bonheurs même moindres

J’ai de la joie à conter et à dire
Pour jouer avec mes maux à tout heur
Comme tu l’as de te peindre à tant craindre
Qu'un mal ne te fasse hélas encor’ geindre

À chacun sa façon ou son costume
Pour habiller ce qu’il veut partager
À chacun donc ses modes et sa coutume
Pour cultiver au mieux son potager

C’est un délice de rimer sans ire
Au fil de sa plume et de ses couleurs
Quand pour les hauteurs du Parnasse atteindre 
Cela t’est grand douleur quitte à la feindre

C’est Grâce que de colorer le pire
Pour aider qui ne vit qu’à coups de heurts
Alors qu’il faut mon ami te contraindre
Pour que tu voies ce qui ne peut t’adveindre

À chacun sa façon ou son costume
Pour écrire le monde y surnager
À chacun donc ses modes et sa coutume
Pour s’affliger ou pour se soulager

Je me saoule à maudire sans mot dire
Démêlant les heures emmêlant les pleurs
Tu t’attristes sur qui tu ne peux ceindre
Étronne qui ne peux plus trop oindre…

Je me délecte à tout désenlaidir
En jouant l’enjôleur ou le râleur
Comme tout espoir tu aimes à éteindre
Et pis d’ombres et de pénombre le teindre

À chacun sa façon ou son costume
Pour habiller ce qu’il veut partager
À chacun donc ses modes et sa coutume
Pour s’affliger ou pour se soulager

vendredi 9 juillet 2021

HAÏKU NAISSEUR

Acquérir des savoirs ne fait pas perdre connaissances,… au contraire !

LE PLUS SERPENT DES DEUX

Petite fable affable

Rampant et sifflant, en bonne intelligence,
Un serpent vivait avec l’humaine engeance ;
À sa vie, il apportait remède et bonheur.
Celle-ci, avant qu’il ne vînt, dans le malheur
De la famine végétait d’un an sur l’autre
Tant les rongeurs goûtaient le seigle et l’épeautre.

Mais son appétit féroce eut vite raison
Des voraces pullulant en toute saison.
Il avait été le compagnon d’Esculape
Et savait guérir autant que faire agapes.
Tout n’était qu’avoine et froment à foison,
Joie et paix, sauve santé et bonne entente.
Et ces dons, libres de tout acquittement,
N’exigeaient soumission ni jurement.

Survint, matin, un homme de foi, un fourbe
De mauvaise foi qui, moins terre que tourbe,
Mit dans la cervelle si creuse des hommes,
À la furetée, une histoire de pomme
À laquelle il ne croyait guère mais aimait
À faire croire, rappelant qu’il fit vœu, naguère,
De renoncer aux biens qu’il n’avait guère
Pour prêcher le salut par chemins et charmaies.

« Les serpents ne sont que morsure mortelle,
Ou, fieffés flatteur, piqûres cruelles !

- De Mercure, mes parents furent amis
Et donc au Panthéon des Cieux admis !

- Ah ! Il n’est qu’une puissance céleste
Et je la sers en traquant les terrestres pestes…
Tes dieux sont morts d’avoir été païens,
D’avoir corrompu d’honnêtes citoyens
Et leurs femmes allant nu-fesses, tête couverte,
Pour se livrer à d’obscènes découvertes !
Le mien, là, les habillera de fleurs
Et de leurs époux sera bienfaiteur
S’il soupent, comme moi, d’un verre d’eau claire
Et suivent ce qui leur est dit en chaire !

- Et surtout si, apprenant plus de Lui,
Ils en comprennent moins pourquoi Sol luit ?

- Impertinent ! » L’homme desserra un coup
Qui du reptile brisa tout net le cou.
On l’en blâma à ce que j’ai ouï dire.
Puis on oublia. Et advint le pire.

Là, où n’étaient que de bons grains, autrefois
On n’eut que glands, faines, noisettes et noix .
Même, aux jardins, les herbes devenaient folles
Sous l’égide rigide de l’homme à l’étole.
Puis, sans tant louvoyer, ce vil malengroin
Se proclama aussitôt bon pasteur des hommes ;
Clopant et persiflant, ce brave guillaume
Imposa dîme pour prix de ses bons soins.

Mais cela appartient à une autre histoire
Qui n’est pas de mon propos, cher auditoire,
La mort du serpent seule a quelque intérêt
Rappelant vérité trop peu révérée :
Qui entend faire ou, mieux encore, dire 
La justice ne rejette pas la faute ou le péché
Des pères sur les enfants ni, faisant pire,
Des frères sur les frères en ours mal léché.

mercredi 7 juillet 2021

OCCUPE-TOI DE TON HAÏKU

Même les gens bien habillés peuvent prendre une déculottée !

T’ES RIEN

D’après une planche dessinée par Frécon

Voilà qu’on m’interpelle dans la rue
Était-ce un quidam ou le Grand Barbu ?
Jamais ne le sus n’ayant pu qu’entendre
Les mots, et sans vraiment l’oreille tendre…
« Eh toi, me dit-on, t’es quoi ? Musulman ?
Suis-tu le Coran fidèlement ?

- Non pas !

                                                          - Alors es-tu de chrétienne
Confession ?

                                                            - C’est la culture mienne,
Mais ne suis croyant ni pratiquant !

- Alors t’es Juif comme feu Noé !

- Pas plus que le peuple de Méroé.

- Mais t’es quoi ?… Animiste ? Bouddhiste ?

- Pas plus que Shintoïste ou Hindouiste ?

- Mais alors, Païen, t’es rien !

- C’est ça je ne suis que « Terrien » 
Et c’est pas plus mal par les temps qui courent
Où tout est bon pour se tirer la bourre ! »

mardi 6 juillet 2021

HAÏKU’RGE

Pourquoi vos carreaux sont-ils écossais alors que, chez moi, ce sont les petits pois qui le sont ?

lundi 5 juillet 2021

PAN PAN HAÏKU'KU

Plus le malade coûte, plus la maladie rapporte.

HAUT VOLEUR !

Petite fable affable

Au pays du Larcin, les larrons sont légion.
Et le plus truand est celui qui sait, certes,
Allier force et ruse. Dans cette région
Du monde, il faut y adjoindre pour moins de perte,
De savoir agir à point, tout fripon qu’on soit ;
Sinon, on peut tomber sur plus filou que soi.

Un renard roux, le plus escroc des aigrefins,
Pille une garenne pour en tirer provende
Par ruse et rouerie, arts où dit-on il est fin
Et adroit comme un compère frelon en lavande.
Ce malfaisant goupil, pirate des guérets,
Est terreur dont nul ne réchappe des rets.

Le voilà qui repart en son antre, un lapin
En gueule, songeant à cette repue mémorable
Qu’il y ferait, et sous peu, trempant prou son pain
Dans un ragoût mitonné par cette adorable
Femelle qui partage désormais sa vie,
Pour quoi le voilà roberies tout à l’envi.

Hélas, à quelques mètres de son chez lui,
Un aigle lui prit son tribut, la dépouille
Gagnée de haute lutte, ce jour de pluie
Prouvant que bien mal acquis, chères fripouilles,
Ne profite jamais à qui, sous ce soleil,
Ne reste pas à chaque seconde en éveil.
Sinon, tel a pris qu’il devra très vite rendre :
Ce n’est pas qu'aux proies, las, que la peau peut se prendre !


















Illustration : Elisa Satgé, été 2019

samedi 3 juillet 2021

TOUT HAÏKU EST PERMIS

La famille est le parent pauvre de nos actuelles relations sociales.

À LA NUIT LA NUIT

Il aimait très fort son lit
Ce n’est en rien délit,
L’autre aimait la nuit
Et là est l’ennui.

L’un avant minuit,
Journée étant accomplie
Et l’ayant tout amolli,
La conscience abolie,
Rêve, comme à l’hallali,
À un monde moins pâli
Que là où il vieillit,
Où il crève d’ennui…

L’autre, en belle-de-nuit,
Se met à son établi
De feuilles et les remplit,
De mille mots recueillis
En vers polis, repolis,
L'âme désensevelie
Le cœur en mélancolie.
Ce pour tuer l’ennui.

Celui qui aimait son lit,
Celui qui aimait la nuit
Étaient pareils, démolis
Et par leur Temps avilis.
Celui qui aimait son lit,
Celui qui aimait la nuit.

Qui avant la mi-nuit,
S’était enfoui au lit
Faisait des rêves son repli,
De roses les a emplis,
De doux sentiments remplis,
Loin de ce qui salit
Et de ce qui affaiblit :
Il fuyait dans sa nuit.

L’autre au coeur de la nuit,
Havre l’ayant acceuilli
S’étant enfui du lit,
Réinvente et embellit
Une vie pas si jolie
De ses lapis-lazuli
Se la rend plus accomplie
Et là, à nul ne nuit.

Qui aimait si fort son lit
En ses draps pleins de bruits
Et qui aimait la nuit
Étaient amis de l’Oubli…

jeudi 1 juillet 2021

GARE AUX HAÏKUS

À voir comment fonctionne la S.N.C.F., de nos jours, avoir un train d’avance est des plus compliqués !

TROPHÉE DE CERF

Petite fable affable

Peut-on se venger, d’un coup, de tous les affronts ?
Un grand cerf ayant plus de dix cors à son front
Tant sa belle est volage, veut ce passe-passe
Réussir. La revêche jamais ne se lasse
De ses fredaines ni de courir le galant :
Pourvu qu’il soit un cervidé, c’est un bon plan.

Et sans vergogne, le roi des bois elle trompe
Sans craindre, non jamais, que ses noces il ne rompe
Avec élans ou chevreuils, et sûr d’autres cerfs…
Avec des daims aussi entre fromage et dessert.
La forêt bruit de ses frasques et des calembredaines
De ses vils amants et de leurs amours soudaines.

La pimbêche est dévoyée… mais le cerf aimait.
Cette drôlesse il se refuse à abîmer
Ou châtier, comme à condamner sans ambages
Ses conquêtes : il la sait traînée malgré son âge,
Quoique notre coquette ignore l’art du fard,
Et, au fond, aime plus l’Amour que ces cafards.

Pour se revancher un peu de la longue liste
De tous ceux qui se sont mis sur la tendre piste
De celle qui tant biche à être courtisée,
Il organise une soirée, son âme attisée
Plus par quelque esprit de pari que de querelle.
La clairière en fut, ce soir-là, presque irréelle.

Tous ceux qui lui avaient, au milieu des cors,
Fait viles cornes et qui se riaient prou encor’
Du cocu, devenu Amphitryon mais par leurre,
Se firent là faces de carême, et sur l’heure,
Puis figures de deuil quand, digne, leur roi
Leur apparaît comme s’il exerçait ses lois et droits.

Et celle qui vit à la franche marguerite,
Donnant le bel œil au premier des sybarites,
Muguetant, coqueliquant, et donc fleuretant
À tout va, là, l’accompagne presque en boitant.
La justice du Grand Cerf va-t-elle s’abattre 
Sur cette Salomé et sur eux, blêmes comme plâtre ?

Il parle : « Messieurs, vous avez abusé
D’une donzelle et la péronnelle a usé
Ma patience mais chacun ne m’a fait que personnelle
Offense. Je viens de punir la criminelle
Et vous tous à la fois, d’un coup, et sans surseoir :
Je viens de vous faire tous cocus ce soir ! »




















Illustration : Elisa Satgé, printemps 2020