Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 31 janvier 2021

HAÏKU BIEN CALCULÉ

Vu le nombre de chiffres à notre disposition chaque jour, je ne comprends pas que nous ne parlions pas mieux « le langage mathématique » !

FABLE ÉLÉPHANTASQUE ?

Petite fable affable

Sieur Éléphant, parcourant les états
De Lion, malade au demeurant, s’écroule.

Donc, il s’avachit d’un seul coup, ce gros tas,
Sur la sente près du lieu où roulent
Les grosses eaux du fleuve où vont s’abreuver
Les animaux du coin, à la relevée.

Il encombre cette route de premier choix,
Par où transite tout trafic et commerce
Du pays. Cela irrite le bon roi
Et plus encor’ les vautours et les diverses
Hyènes qui en sont les ordonnateurs
Et les grands, si ce n’est les seuls, profiteurs.

Sa Majesté, donc, moults experts dépêche.
Devant tant de coût et de difficultés
À dégager la voie, on parle et on prêche
« Oh, il est, fit un fat de la Faculté,
Urgent d’attendre !… Sa maladie, bénigne,
N’aura que fort peu d’impact à moins de guigne !

- Il faut donner du temps au temps. Réfléchir
Aux meilleures options ! » dit lors le monarque
Pour éteindre l’émoi qui faisait fraîchir
L’opinion envers ce bon hiérarque
Qui avait embrassé la profession 
De satrape en régentant sa Nation.


On laissa se décomposer la carcasse
Et donc se propager, alentour, son mal.
On commença à faire au roi, de guerre lasse,
Un mauvais parti dans le monde animal.
Il envoya des déplaisants. L’analyse
De ces zèbres, tant attendue, tout enlise :
Ils décidèrent de ne pas décider !

Mais n’ayant rien perdu de sa superbe,
Portant beau encore, le lion ridé,
Assume la contagion : par le verbe,
Il croit, las, sauver ses peuples décimés
Dont la confiance est dès lors abimée.
Pour lui l’essentiel était qu’échanges
Et flux reprennent car le Veau d’Or était 
Son dieu : on avait ouvert, hors la fange,
D’autres grandes routes en un rien de temps
Pour contourner, vite, un obstacle important.

De l’épidémie, parmi tous les responsables
Venus pour l’éradiquer ou la soigner, 
On ne trouva pas l’ombre, hélas, d’un coupable
- Surtout pas le grand roi qui n’a jamais tort ! - 
Mais un seul fautif : ce gros éléphant mort !

samedi 30 janvier 2021

vendredi 29 janvier 2021

HAÏKU RÉFLÉCHI

Quand on a chaud au cul on garde rarement la tête froide.

L'ARRÊT DES CHARDONNERETS

Petite fable affable d’après L’âne et les chardonnerets
d’A. De Vitallis (Fables, 1796, III, 14)

Un âne efflanqué, crevant de misère
En un méchant taudis qui ne tenait debout
Que par miracle, lui aussi, hère
Parmi les gueux d’ici-bas d’un bout
À l’autre de l’année, faisait piètre pitance
Et fort mauvais coucher en toutes circonstances.

Point de foin l’hiver, peu d’herbe l’été,
La terre était ingrate à souhait à ce maigre
Baudet, par contre de chardons bleutés
Point il ne manquait. Il allait le pas allègre
Et le cœur aussi léger que le corps
Là où il œuvrait encore et encor’.

Ce qui faisait ses festins comme l’ordinaire,
En toute saison, il en broutait tant
Qu’il s’attira le courroux d’oiseaux débonnaires,
Les chardonnerets, qu’il privait d’autant :
« C’est un scandale, cette goinfre de bourrique
Va tous nous affamer, ce n’est pas chimérique !
Oui, le chardon est aux chardonnerets
Comme son nom l’indique. Ainsi la Nature
L’a voulu, ainsi ça doit être comme au pré
L'herbe verte est au bétail. Sans fioriture,
Je le dis les ânes ont chélidoine  pour eux
Et valériane ou bétoine, gentiane,
Avoine, pivoine et bien sûr pas-d’âne !

- Ah ?… Et pourquoi pas “liane”, gros sots ?!
Fit une pie. Si plantes, par nom se destinent
À telle ou telle bête, quel serait mon lot ?
La vie de ce baudet n’a rien d’une comptine :
Il est si vieux, faible et mal allant,
Et l’on épuise tant tous ses talents !
Vous tous pouvez aller chercher, d’un seul coup d’aile,
Ailleurs des graines à becqueter. Mais lui…
C’est un crime de vouloir priver haridelle
Du peu qu’elle a quand, soi, nul ennui
Ne vient à troubler notre vie que le médire
Des malheureux que l’on n’aide ainsi sans mot dire ! »

jeudi 28 janvier 2021

mercredi 27 janvier 2021

HAÏKU’RIR LE PAVÉ

Être dans une bonne passe est la meilleure des nouvelles pour une péripatéticienne.

RETOUR À L’ANORMAL

Je suis le cheval des vents,
Ceux de ce bon temps d’avant.
Ceux de la vie. Ces brises
Courant dans l’aurore grise,
Rafraîchissant et les monts
Et les vaux. Un vrai démon.

Je suis le cheval des vents.
Cinglant droit. Toujours devant.
Les passions, je libère
Aux flux de ma crinière,
Bannière s’envolant
Pour déciller l’indolent.

Je suis le cheval des vents
Au galop si éprouvant
Pour qui, las, ne s’émancipe
De vieillots grands principes,
Pour qui licence est péril,
Une vraie poudre en baril.

Je suis le cheval des vents,
Courant et s’enivrant
D'indépendance. Tout flamme
Et tout feu. Au Diable, l’âme !
Que résonne mon galop
Sous les nues et par les flots !

Je suis le cheval des vents,
Incontrôlable et vivant,
Sans guides, licou ni rênes
Se cabrant, mauvaise graine,
À vos « Non, on ne peut pas ! »,
Ruant aux « On ne doit pas ! ».

Je suis le cheval des vents,
Pour vos carcans énervant,
Car seul, mais pas solitaire,
Je parcours sans fin la Terre,
À toute loi survivant,
Et suis les chevaux du vent.

lundi 25 janvier 2021

HAÏKU D’UN POT

Riche idée que d'imposer les pauvres…

À QUI VOULAIT OBLIGER LE GEAI

Petite fable affable

Chez les bêtes, êtres sans esprit ni volonté,
“La Mode” est un mal contagieux qui les frappe
En tout et même pour tout : aussi l’affronter
Est inutile ; s’y opposer chausse-trappe.
Car la mode est pis que virale épidémie :
Elle se meut bien trop vite en pandémie !

Un geai, en son art, voulait y échapper, chantre
Libre : la suivre étant un commode devoir,
Il se sentait seul, incompris, même en son antre,
Nul ne pouvant, las, la fuir, tant son pouvoir
Est grand et que l’on devient aussi ridicule
À l'éviter qu'à l’imiter chez les animalcules.

Notre oiseau chansonnait à l’ancienne mode,
Fabulant à tout propos, et partout, et sur tout,
Quoique des emplumés, oubliant que « La Mode
S'démode ! », lui chantaient pouilles jusqu'en sa toue
De s’entêter encore à composer ses odes
Animales, le ton malcommode parfois
Et le propos incommode tout à la fois.

Pourtant, il trouva matin un bel auditoire
Pour ses contes et une maison pour imprimer
Ses déraisons. C’est la morale de l’histoire
De ce gros passereau aimant fort à rimer :
Un jour où l’autre, qui se refuse à suivre
Ce qu’on lui impose finit dans les livres !

dimanche 24 janvier 2021

HAÏKU’HARNAIS DE CENT THÉS

J’ai une santé de fer, un cœur en or, un sommeil de plomb, un moral d’acier, une volonté d’airain et j’aime à entendre jouer les cuivres. Que faire quand on a tout ça, mais pas d’argent, à part couler un bronze ?

samedi 23 janvier 2021

HAÏKU’PÉ DES CAPOTABLES

Quand je ne suis pas à prendre avec des pincettes inutile d’essayer la pince à épiler !

POUR OU CONTREBASSE ? (2)

Avec la complicité de Raphaël Perez

Au manche nervuré se posent des sons graves.
Chaque note envolée qui sort de tes ouïes
Se colore de tons jazz vite évanouis.
Joyeux et toniques, sûrs dans ton entrave
Résonnent bruits frappés roulant à contre-temps,
Vent de vrilles échappées en volée de la touche
Qui swinguent plus qu’elles ne raisonnent, farouches,
Avant de mourir au cordier en deux temps…

…/…

Ces musiques que tu chantes, sous mes doigts,
Pizzicato ma non troppo sont enivrantes,
Celles qui glissent sous l’archet qui se doit
D’être si caressant, sont toutes inspirantes.
Chargées d’émotions toutes au diapason,
Du fou-rire unanime aux plaintes déchirantes,
Contrebasse, elles viennent de tous horizons
Et voyagent partout en douceurs conquérantes…

vendredi 22 janvier 2021

HAÏKU AU MORAL

Trouvez un terrain d’entente et plantez-y un arbre de la paix… 
Y fructifieront bientôt les pommes de la discorde !

jeudi 21 janvier 2021

HAÏKU CH’TÔT

En ville, je sais des poules et autres cocottes se couchant au chant du coq.

LE PETIT ROITELET

Petite fable affable

Un vieil oiseau, petit certes mais vrai monarque
D’un principat ne dépassant la verte ramée,
Sous la feuillée baissait le bec car, dieu, les Parques
L’avaient recru de fatigues et fort mal armé
Pour son dur métier, mais aussi pour combattre
Ses pairs qui lui disputaient son principat
Sous la verte feuillée, surtout certains bellâtres
Et autres bélîtres n’attendant pas son trépas
Pour renverser son trône, cette bande d’emplâtres,
Toujours prompte abattre et se battre pour quelque âtre !

Il vivotait entre vaine crainte et fol espoir,
Entre force travail et bien maigre chère, 
Faisant du nouveau avec des vieux au soir
D’un règne que les autres rois voyaient pépère,
Car il n’était pas bonimenteur comme arracheur
De dents et que ses courtisans prenaient silences
Pour faiblesse ou assentiment. En outre, écorcheur
Il n’était pas plus, quoique inflexible en sentences ;
Mais il répugnait à se faire de cols trancheur.
Et on en riait fort chez les mauvais coucheurs !

L’Ordre, et le bon, pourtant régnait sous son égide
Et sanctions il y avait : donc il fallait 
Filer droit sur le bon chemin avec ce guide
Intraitable qui disait que le Maître du Palais
Est l’esclave de la Loi, quoique ces panses pleines
De tyrans en pensent, autant qu’un simple sujet
Et que ladite loi est faite autant pour la baleine
Que pour le krill… Donc quand il devait, las, juger,
Il répétait : « Qui châtie bien a, sans peine,
Moins besoin de punir et rend Justice sereine ! »

mardi 19 janvier 2021

HAÏKU FUMEUX

À souffler le chaud et le froid, on enrhume plus qu'on enfume.

GRIFFURE

Va mon coeur c’est juste une fêlure
Une des ces intimes blessures
Une cicatrice qu’t’oublieras
Mais mon âme hélas en pâtira
Jusqu’à ce qu’advienne la cassure

Certes ce n’est là qu’une fissure
Une petite et simple craquelure
Estafilade que j’oublierai
Mais mon esprit en a tant, à gré,
Au risque un jour de la déchirure…

dimanche 17 janvier 2021

HAÏKU D’OEIL

Une garde à vue ça ne se décide pas en un clin d’œil.

AVIDES RECHERCHES

Petite fable affable

On hait tous les animaux démoniaques ;
Le monde des chasseurs en est, quoique petit.
Messer Loup n’est pas bête d’appétit ;
Pourvu que faim soit calmée vite, il vaque.
Si beaucoup lui plaît, peu lui suffit.
Il laisse en paix et repos, philosophie
Des plus saines, tout bon être entre deux gnaques.

Maître Renard, c’est autre chose. Il est dur
De le rassasier. Pour le sang qui coule
Plus que pour la chair, il est pire que goule.
Or un certain de ces goupils, brigand sûr
De ses talents et toujours en maraude,
Se fit connaître en un val du pays d’Aude.
Rien ne l’arrêtait, ni piège ni mur.

Pour récompenser ses bons tours, les hommes
Mirent sa tête à prix. Il en fut vexé :
« Comment si peu pour tant d’efforts, indexé
Sur le coût de la vie, un kilo de pommes
Je vaux à leurs yeux ! Moi qui suis terreur
De leurs basses-cours. Ils vont payer l’erreur
De me faire si peu d’honneurs, tous ces gnomes ! »

Il passa donc des rapines aux pillages, nuit
Après nuit, mettant lapins de village
À son menu : ceux de garenne, au passage,
Étant plus difficiles à mettre hors-circuit.
Sa valeur prit du poids mais restait modique
À son gré. Il opta donc, en méthodique,
Pour la razzia qui au sac conduit

Il n’est plus mal qu’on le fuie mais qu’on le recherche.
Et il y gagna plus d’ennemis encor’.
Son prix, dépassant trophée d’un cerf dix cors,
Poussa les manants à fouiller à la perche
Bosquets et buissons, espérant, ces gredins, 
Parce qu’ils n’étaient pas trop gourds du gourdin, 
Ramener sa pelisse valant lors lerche !

Au cor qui corne tout court à la curée,
On sut qu’il avait été pris en clairière,
Ce vil voleur dont on reconnut l’entière
Valeur finit étole au cou du curé.
Il avait touché le montant d’innombrables
Méfaits : une balle !… C’est las imparable
Quand dévastation n’a que trop duré…

Que l’on soit loup, renard, blaireau ou tout juste
Furet même au milieu de rustres ou frustes,
Trop vouloir se faire réputation 
Mène à perdre, trop souvent jusqu’à son nom…

samedi 16 janvier 2021

vendredi 15 janvier 2021

HAÏKU ASSOMMANT

On dort rarement du sommeil du juste dans un lit de justice.

UN JOUR LES MASQUES TOMBERONT…

Un jour les masques tomberont,
Le sourires refleuriront,
Les paroles s’envoleront,…

Un jour les masques tomberont,
Et, là, nous nous reparlerons
Face-à- face ou bien en rond.

Un jour les masques tomberont
Et, ensemble, enfin nous irons,
Sans nous faire plus de mouron
Ni voir en Autrui Charon.

Un jour les masques tomberont
Des museaux des goujats, des tendrons
Qui, enfin, librement, s’aimeront…
Souhaitons que cela soit prompt !

mercredi 13 janvier 2021

HAÏKU PHÉNOMÉNAL

Vivre à la belle étoile en rêvant de décrocher la lune conduit souvent à un désastre.

LES RETS D’UN ARRÊT

Petite fable affable

Dame Thémis, un jour de clairvoyance,
Voulut châtier un ours sans conscience,
Grand croqueur d’agneaux et de brebis,
Gobeurs de chevreaux de tout acabit,
Parce qu’il fallait punir ses massacres,
Rassurer par un des ses simulacres
Les pasteurs et le monde contenter
À moindre frais sans trop se déganter.

Par monts, par vaux reviendrait le calme
Et la paix couronnerait de ses palmes
La concorde alors enfin retrouvée.
Au verdict, une révolte a couvé.
Justice rendue ne satisfait personne.
Comme toujours, qui la voit mollassonne
Crie « Enfin ! » quand tous ceux qui la croient
Trop dure disent « Hélas ! ». C’est là sa croix !

lundi 11 janvier 2021

HAÏ(dé)KU À PANS

À tous ceux qui ne voient en moi qu’une grosse tache. 
Vous vous équivoquez : je suis multitâches, moi !

GÉNÉRATION ÉPERDUE

Une génération s’éteint en silence,
Dans l’indifférence, dans la violence
D’une société sans respect pour l’Ancien.
Vieille inculte ou vieux batracien
Qui a toujours travaillé, est resté digne
Dans l’épreuve ou le malheur, qui dans la guigne
Se contentait de peu, voire de rien,
Traversant la vie vaine en bons terriens,
Ne voyant de bon sens que le sens pratique,
N’aimant que la simplicité empathique.

Elle a vécu avec la peur de déranger
Les Autres mais sans avoir peur de changer,
Craignant toujours de n’être pas à sa place.
Elle fut donc la discrète populace
Qu’on a toujours sacrifiée, qui se meurt
Désormais dans la solitude, sans pleurs,
Sans un mot de compassion pour son triste
Sort… Ainsi va notre monde d’égoïstes,
Celui de ses enfants n’allant la voir
Qu’à la va-vite et partent sans au revoir…

dimanche 10 janvier 2021

samedi 9 janvier 2021

HAÏKU’VERTURE VÉGÉTALE

Les Corses ne sont pas de vieilles branches ayant donné naissance à des glands !

LE TAPIS QUI VOUS FAIT CARPETTE

Petite fable affable d’après La mousse &
le pommier d’Antoine Vitallis (Fables, III, 2)

Un arbre généreux dispensait son ombre
À qui le souhaitait, son feuillage abritant
Les oiseaux, les amours fuyant la pénombre,…
Il était là, pour tous, quel que soit le temps
Ou le moment. Jamais mécontent ni sombre,
Il accueillait pour un instant ou pour longtemps.

Une mousse, un matin, à son pied se niche.
La fraîcheur qu’il dispense lui convient.
Il n’y voit malice mais cette écume s’entiche
Des aménités, convie ami qui vient,
Puis d’autres : la tâche devient riche
Tapis vert sans, las, aucun va-et-vient.

La prodigalité du ligneux ne coûte
Rien. Alors inviter tous les siens
Oblige à peu… Bientôt son tronc s’encroûte
D’une couverture veloutée, anciens
Hôtes les voilà maîtres, et surtout en route
Pour les branches, ces mauvais paroissiens !

L’envahisseur étouffa notre feuillu
Trop clément et trop donnant qui donc mourut :
Offrir, à tous les vents, par trop ses largesses 
Expose à l’ingratitude et vous abaisse
Alors que Bonté grandit a dit le Barbu…
À croire qu’il n’a pas ses Êtres biens vus !

jeudi 7 janvier 2021

PLUMET L’HAÏKU

À force d’y laisser des plumes, je vais finir à poil.

SUPER FÊTE À THOUARS (79)

Dans un vieux dictionnaire inutile
J’ai trouvé quelques mots « non-essentiels »,
Et en ai fait ce petit texte futile,
Ornement superflu, superficiel,…
D’un bout d’une feuille naguère toute blanche,
Devenue ainsi page sans intérêt.

Nos Gouvernants, la parole toujours franche,
Nous l’ont dit : « la Culture » est marais, guéret,…
Et ceux qui y croupissent, veulent, Jocrisse,
Remplir le vain du vide de notre Temps ;
Jeu absurde de gens bêtes qui hérissent
Ceux qui servent à quelque chose d’important.

Ces têtes en l’air improductives, frivoles,
Qu’on met au ban de notre société
En ces temps de pandémie qui l’étiolent,
Ces inemployables, sans sobrieté,
Sont tous d’inféconds agitateurs de rêves
Et, surtout, d’infructueux producteurs.

Tous les quatre matins, on répète sans trêve
À ces magiciens, danseurs et acteurs,
Aux musiciens, auteurs, humoristes
- Que la lumière et le noir mettent à nu -
Circasssiens, techniciens ou choristes,
Qu’ils sont négligeables, nuls, non avenus,…

Grâce à ce texte stérile et sans objet,
J’ai trouvé ces quelques sons pour rendre hommage 
Aux oiseux du productiviste Progrès,
Parasites d’une Humanité en cage,…
Vous êtes l'âme du Monde, Frères, Sœurs
 Et non, pardon, un simple « supplément d’âme ».

Face au Pouvoir jouant les démolisseurs,
Vous êtes des parias dans un vil drame
Où « la Culture » est bafouée sans déni,
Donc les libertés menacées sans vergogne.
Mais vos censeurs sont déjà bien punis :
Pour que le show go on, restons tous en rogne…

mardi 5 janvier 2021

HAÏKU VIOLENT

L’humour noir est privilège de clairvoyants.

LE MÉNAGE DU PIGEON & DE LA DINDE

Petite fable affable

Dans la geste agreste de cette aire du monde
Comme dans celle moins policée encor’
Des cités, certes urbaines, où s’endorment nos corps,
On trouve souvent les mêmes histoires fécondes :
La peine pour les uns, aux autres le profit
- Quitte à faire entre gloire et trépas pirouettes -
Et pour qui ne veut la première mais souhaite
Le second : un mariage sans rififi !

Un pigeon, du genre chétive créature, 
S’était naguère, en sa prime enfance, lié
D’amitié avec un moineau, pilier
De platane, un vrai débonnaire de nature.
Le premier aimait cette envie suscitée
Par la réussite quand, sans ambiguïté,
 L’autre aimait simplement sa vie  de roture.

À l’âge de l’envol, on quitte tout pour son destin
Vivre. On voyage ensemble mais chacun emporte 
Son paquet, avalant des lieux qui apportent
Fortunes diverses, tourments plus que festins.
On se pose où on trouve couvert et vivre,
Avant que de, côte à côte, route poursuivre
Vivant chacun ses quelques bribes de destin

Un matin, ils trouvent, au même endroit, ce qu’ils cherchent :
Le piaf, ce nain, ce pygmée, tranquillité
Et le ramier une amie riche en liquidités.
C’était une commère de Cour mais ce faux-derche
Berce cette douairière, grasse d’atours 
Et humide de plaisir, de cent flatteurs discours.
On voit donc là jusqu’où l’ambition se perche…

Car  l’aimée, sèche d’esprit, aride de cœur
Était une dinde, une vraie, ce qui fait rire
Friquet : « Me farcir la dinde, pour un empire
Non merci. Sans façon. Je me voudrais vainqueur
Plutôt d’un limaçon ! Il faudrait, tête chaude,
Raison garder ! » Quand en calculs on baguenaude,
La Raison est laissée aux priseurs et aux chiqueurs !

L’oiseau des rues ajoute : « Grand bien te fasse 
Et puisse le Ciel qui nous rassemble, Ami,
Nous voir encor’ réunis longtemps : épigamie
N’a jamais tué personne ! » Et le temps, lent, passe.
Rien de nouveau sous le soleil, Mon Vieux,
Ou tout du moins sous ce qui en tient lieu 
Là, alors, entre joies et poix, angoisse et poisse.

Voulant la paix, le moineau aima ses grands bains
En flaques, ses bons vers dont il faisait des brindes.
Voulant qu’on l’admire, Biset aima sa dinde ;
Cherchant aventure elle choya Colombin
Qui, las, vécut la peur au ventre : si sa Belle
Défuncte avant lui, il perd pois et mirabelles
Ne valant pas mieux que piaf ou larbin :
C’est ainsi, quand les Moires vous font peu de grâces,
La Vie ne vous épargne rien,… sauf la disgrâce !

dimanche 3 janvier 2021

HAÏKU DE MARTEAU

Il est moins de taiseux mauvais que de beaux parleurs.

TRIBUTO AL PIBE DE ORO* (Novembre 2020)

En écoutant, à la radio, les infos,
J’ai enfin compris, hélas, que j’avais tout faux :
Maradona, pour moi, c’était un sale type 
Et colérique, et outrancier, l’archétype
Du footeux qui feint mais qui frappe au ventre l’un
Et assomme l’autre, un tricheur assez vilain
Pour marquer de la main et y voir, las, divine
Intercession. Un grand drogué aux bovines
Manières : cognant sa femme, la trompant,
Semant des petits comme jadis faisait Pan
Au hasard de ses aventures sur les routes
Du monde, un vain entraineur mis à la déroute…

En écoutant, à la radio, les infos
J’ai compris, deux fois hélas, que j’avais tout faux ! 
Cet alcoolique gifla une journaliste
Naguère, fit des doigts d’honneur, ce pugiliste,
Au public, et entretint, en vil loufiat,
Des liens fort étroits avec la Mafia !
 
En écoutant, à la radio, les infos
J’ai compris, trois fois hélas, que j’avais tout faux : 
« On a perdu un monument du patrimoine 
Mondial  de l’Humanité » fit la couenne
D’un bavard** ; l’Équipe titrait, ce grand journal
D’infos faisant toujours dans le fondamental :
« Dieu est mort  ! »… Oui, j’errais dans l’erreur, mes Frères : 
Cette crapule était un héros pas un grégaire ;
Et je ne le savais pas. Alors, honte à moi ! 
Je vais donc me repentir pendant quelques mois,
Célébrer le grand homme pleuré de ce monde
Si vain, bouffant par les racines les ramondes…

À la radio que j’écoutais, les infos
N’ont pas annoncée hélas le vil coup de faux
Qu’a subit Jacques Secrétin. Car notre presse
Sur ce pongiste oublié guère ne s’empresse ;
Or il était génial et humble, Secrétin 
Jacques. Pas comme l’autre andouille aux cheveux teints !

* D’après un texte Robert Lasnier que m’a fait connaître mon amie Geno Namy
** R.M.C.

vendredi 1 janvier 2021

BONNE & HEUREUSE ANNÉE À TOUTES & À TOUS

HAÏKU’PE DE « JE VEUX ! »

L’amour et l’ennui, c’est le jour et la nuit !

L’ÉCUREUIL & LE LIÈVRE

Petite fable affable d’après L’écureuil &
la tortue d’A. Vitallis (Fables, II, 11, 796)

Un écureuil courant, sautant, bondissant
Allait par la ramée, faisant râler un lièvre
Qui ne pouvait, même en s’assouplissant,
Conquérir les hauteurs. Il en conçut la fièvre
Qu’on nomme, chez les Humains, “jalousie
Et consume parfois jusqu’au meilleur des êtres :
« Qui monte au plus haut, un jour connaîtra
La chute et, lors,  plus dure elle sera ! »

 Le coureur froissé piqua des deux pour faire montre
De talents qui n’étaient pas moindres, au ras du sol,
Que ceux de cet adroit m’as-tu-vu de rencontre
Mussé à fleur de nues. Vélocité vaut vol
D’un empanaché qui dit : « Qui va vite à courre,
Se précipite au devant de sa mort
Souvent ! » Et de se jeter dans la course ; le secourent
Les branches mais le rouquin halète encor’.

L’acrobate, coriace, est à deux cabrioles
De rattraper son retard sur le bouquet,
Quand se lève le vent mauvais qui le caracole
À bas. Le capucin, dans un hoquet, 
Mourut comme jaquet qui fracassa son crâne.
Comme d’ordinaire, nos vains rivaux,
Firent le régal d’un fils de la boucane
Comme on en trouvait alors par monts et par vaux.