Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 31 juillet 2020

HAÏKU PROVERBIAL… OU PRESQUE

Ne pelons pas la peau de l’ourse avoir de la voir velue.

LIBRES

Je suis libre
De marcher dans les bons clous
Avec, au col, un licou ;
Je suis libre
De faire du jour un joug
Et de la nuit un bijou.

Tu es libre
De passer, là, à ton tour
Sans tarder et sans détour ;
Tu es libre
D’être la proie des vautours
Dans des allers sans retours.

On est libre
De suivre d’autres pas,
De vivre entre peu et pas ;
On est libre
De n’être qu’un alinéa
Se rêvant en lauréat…

mercredi 29 juillet 2020

HAÏKU DE THÉÂTRE

Pas la peine de lui faire une scène pour qu’il réplique : un dramaturge est plus responsable que quiconque de ses actes.

L’AFFAIRE DES PIGEONS

Petite fable affable

C’était temps de chien à ce qui semble,
Un temps à ne pas mettre un chat dehors
Où les pigeons prospèrent mais ne tremblent,
Prospectent en quête d’un vrai trésor
Arpentant sans fin, en maître, non hôte,
Et se dandinant prou, la tête haute.
Or la pluie chafouine dura tant
Que ces nuisibles-là prolifèrent
Et que l’idée folle, conçue de longtemps,
De les éradiquer revint. On confère
Au village de la bonne façon
D’agir. On n’est pas nous des mollassons…
Chez ces trotteurs des nues vite les choses
Voyagent… Et surtout pour les moins roses.
Or, au lieu de fuir ou de concert
Lutter, chacun, hélas, plaida sa cause 
Auprès des Hommes ce qui fort dessert :
Ne prêcher que pour sa propre chapelle
Quand tout le diocèse est en danger
Cela, Amis, rien ne vous rappelle ?
L’oiseau vaut l’humain le moins dérangé.

L’élu qui fertilisait les tuiles
De l’église fit savoir qu’il mangeait
Vers ou mouches, non ces grains à huile
Ou à farine ni ces pois rangés
Dans les jardins. « Aussi donc, que m’épargnent
Et votre noir courroux et votre hargne ! »
Quant aux familles crottant les chenaux
Elles protestèrent qu’en ce bourg on ne chasse
Pas aussi les bergers, dont les agneaux
Laissaient leurs fèces au pavé, ni qu'on ne pourchasse
Ces vachers dont les bons sujets bousaient 
Le pavé, danger pour les marmousets.

Rien n’y fit, hélas, même si la fiente
Colombine pue moins que l'usagée
Pissotière de ce lieu. Bruyante
Délibération décida, A.G.
Agitée, qu’on lâcherait tous les chats
Pour exterminer d'un coup ces infâmes bêtes
Qui infestaient tout le village : achat
De chimie nuirait à notre si belle herbette.

Bel et bon ménage firent félins
Feulant mais, las, ceux-ci vite pullulent
Défigurant partout le patelin
Et abords. On résolut que ces pustules
Étaient à détruire et donc on leur fit
Courir sus les chiens avec profit.
Mais les cabots, ivres de réussite,
S’émancipèrent en saccageant le bourg.
On s’en défit avec quelque illicite
Poison et force pleurs pour le débours,
Comprenant mais un peu tard, pauvre foule,
L’adage qui court même chez les poules :

Ne faisons pas faire par autrui 
Ce que l’on peut faire, sans mal, soi-même,
À moins de se compliquer une vie 
Qu’on veut se simplifier un pouième…

lundi 27 juillet 2020

HAÏKU DE FROID

J’ai toujours préféré les haricots secs aux poules mouillées.

L’AIGUILLE

Face au bras tendu de l’aiguille
Ma vie a tourné, sans envie,
Les heures fuyant comme anguilles
De mon ennui à vos avis…

Et à l’ombre de cette aiguille,
Je m’étiole, jeune fille.
Un à un, tous mes jours se jouent
Loin de vous, de ma famille,
Et chaque seconde y torpille
Le rose parti de mes joues,
Chenille sous la charmille
Brindille roulant comme bille…

Pour les buveurs de camomille,
Je ne suis que l’ombre d’un corps
Las, dépareillant leurs charmilles,
Et moins vivant que mort encor’.

Et à cause de cette foutue aiguille
Est passé le temps des jonquilles.
Et, l’oeil aux nues suspendu,
Je ne vous suis que guenilles,
Tenant à peine sur mes quilles,
Une aiguille en mon bras tendu
Car m’est demeurée cette esquille,
Face au bras tendu de l’aiguille…

samedi 25 juillet 2020

QUEL HAÏKU !

Certains s’achètent une bonne conduite en vendant leur vilain coupé !

POUR UNE POULE AUX YEUX D’OR

Petite fable affable d’après La poule aux œufs d’or 
J. de La fontaine Fables V, 13

La luxure perd qui voulait tout gagner
Nous faisant dès lors rifagner.
Ainsi un coquet se prit d’envie peu louable
Pour une poule aux yeux d’or.
Il exhiba ses attributs comme un trésor,
Les filma, se livrant à Onan en beau diable.
Mais il fut pris et y perdit, las, tout crédit
Comme le destin qu'il s’était, lui, prédit.
Ainsi en va-t-il des andouilles,
Petits parvenus qui vous jouent les m’as-tu-vu,
Mais ont moins d’esprit que le premier venu,
Laissant partout trainer leurs c….

jeudi 23 juillet 2020

HAÏKU VITE TORCHÉ

Je préfère les billets doux aux pièces dures.

VIEILLUM

Je ne suis riche que de mes amis,
De ceux laissés sur la route poudreuse
De mes hiers que je passe au tamis,
De ceux rencontrés aujourd’hui
Et qui ne sont qu’ombres dans foule nombreuse
Comme de ceux qui me viendront demain,
Et vaudront les autres en un tournemain.

Oui de ces êtres, je suis riche,
Moi qui marche mes jours à pas lassés,
Le dos cassé et la mémoire chiche,
Le temps a, las, tant en moi effacé
Pensées entrelacées, réminiscences,…
Et j’ai plus d’oublis que de beaux clichés
À offrir en guise de souvenance
Quand, là, je me regarde en ma psyché.
Je ne suis riche que de mes amis
Mais qui et où sont-ils en cette infamie ?

Je ne suis donc riche qu’à demi,
Face à la maladie qui est butineuse.
L’oubli a fait en mon esprit ses semis,
J’en moissonne les épis et produits
Et ma mémoire en est toute farineuse.
Je ne sais pas si viendra un demain,
Ni, parfois, ce que veulent faire mes mains…

mercredi 22 juillet 2020

HAÏKU PAIX !

Pourquoi Stan Laurel & Oliver Hardy ont-ils arrêté leurs shows ?
Parce que si l’un était le clou de spectacle, l’autre était assurément le bide de la soirée…

mardi 21 juillet 2020

HAÏKU CHEMENT

Le dernier de mes soucis devient souvent le premier de mes problèmes…

LE CHAT DU CURÉ

Petite fable affable

Le chat du curé hantait nos rues
Comme son bon maître les ruelles,
Cherchant même auprès du plus bourru
Quelque caresse ou une écuelle.
On les lui donnait volontiers
Pensant que lui faire ainsi aumône
Revenait, pour plus de moitié,
À  l’offrir au prêtre qui la prône.

Et il en devenait aussi gras 
Et gros que notre bon dîmeur en chambre.
Jamais repu, il se jetait, rat
Parmi les souris, de tous ses membres,
Sur ce qu’on lui servait, s’en goinfrait
Craignant que félins errants, ces bêtes
Piteuses et gloutonnes, ne frayent
Trop près pour l’en priver sans courbette.

À le voir agir ainsi, Pigeon
Se permit lors : « Certains de ta race
Meurent de verte faim quand, Clergeon,
Tu te gaves et, las, ta panse harasse :
Si charité bien ordonnée 
Commence, nous dit-on, par soi-même,
Qu’en est-il de celle, Gros Minet,
Qui n’a pour seul but que ce “soi-même ?” »

dimanche 19 juillet 2020

HAÏKU 'RONA BEER

Je vais partout sans crier gare… ni aéroport d’ailleurs !

AU RETOUR DE ZÉPHIRE

Un beau jour s’aventure à la buée blême
Des hautes fenêtres fermées sur l’extérieur
Qui a mis la vêture d’hiver, gelant de flemme 
Nos ardeurs désarmées d’enfants par trop rieurs.

Timides et jeunes fleurs, tendres et frêles bourgeons
S’invitent ici ou là comme douces prémices
Au retour des chaleurs qui verront, sans malice,
Nos corps venir las de jeux fous de sauvageons.

Il va finir le temps de l’hiver qui grésille :
Alors qu’un vert printemps plante ses banderilles,
Qu’arbre remet ses hardes, Borée encor’ trompe.

Si de folles pensées tardent à fleurir le sol,
L’air se fait de miel et les nuages s’estompent
Dans le bleu du ciel sillonné de vols…

vendredi 17 juillet 2020

HAÏKU GRAVIDE

La covid, avide, fait tourner nos vies vivides à vide rendant impavides les égoïstes qui pensent que le malheur est toujours pour autrui et livides ceux qui savent que la pluie trempe toujours les gens mouillés. N’est-ce pas Ovide ?

LE CHIEN BOITEUX

Petite fable affable

Un chien errant, handicapé, claudiquait
Par nos rues rurales et sa maigreur indiquait
À chacun qu’il n’était l’animal de personne.
C’était une invite à l’aumône et cette donne
On la lui faisait, je l’avoue, volontiers.
Mais cela ne lui calait pas le dentier.

Les petites bêtes, las, moquaient sa blessure,
La voulant faiblesse, la croyant flétrissure
Surtout qu’il était flanqué de parasites ailés
Que mouches à merde nous avons, nous, appelés*,
« C’est le plus beau de mon bien cette plaie sans sève :
Grâce à elle, sots, de malefaim je ne crève ! »
Tous de penser qu’elle mettait un point d’honneur
Hélas, la pauvre bête, à n’avoir… point d’honneur !

En fait, en attendant une obole prochaine,
Notre estropié valant plus que fils de chêne 
Ne laissait jamais à demain le sage soin
De faire qu’aujourd’hui soit hier… Témoin,
J’en fus !… Il se trouvait quelque petite bête
Toujours pour arrondir le fruit de sa quête.

Il y avait quelque hérisson ou gros pigeon
Sur sa route pour se gausser comme un goujon
De son infirmité. Et pour lui complaire,
Contrefaisant sa démarche patibulaire,
Il accentuait ses faux pas, son clochement
Jusqu’à faire rire l’autre comme un dément.
Quand celui-ci se roulait par terre, hilare,
Tout lui faisant ventre, il croquait lors ce gnare.

Moi je mens pour distraire, non pour vous tromper,
Mais gare à qui amuse pour vous attraper.


* D’après J. De la Fontaine (Fables, Le renard, les mouches et le hérisson, XII, 13)

mercredi 15 juillet 2020

HAÏKU LE MANS ?

Suis-je toujours loin du conte quand j’écris une fable ?

SI JE POUVAIS…

Librement inspiré d’un texte que l’on m’a, par
erreur, attribué sur le site « Plume de Poète »

Vivant en bourgeois mais rêvant, j’avoue, en poète,
Les muses, par ruse, m’ayant mis à la diète
J’ai donc regardé passer le temps pendant longtemps
Dans le lent trottement d’une horloge joliette
Qui, moment-ci, moment-là, semblait figer l’instant.

Ah, si je pouvais être cette humble pendule,
Là, toujours en mouvement et sans une ridule,
De mes deux aiguilles grêles et frêles, j’irais
Mon pas, ralentissant même aux yeux des incrédules,
Ces années qui ne traînent pas assez à mon gré.

Et je nous ferais ainsi une longue vie, riche
D’heures inoubliables à profiter, et sans triche,
D’un temps qui, désormais, ne nous serait plus compté
Dont nous ne serions plus comptable pour, sans entrave,
Vivre au présent, jouir, apprécier et dompter
Ces minutes où rien ne peut advenir de grave.

Je tuerais l’éphémère et vous ressusciterais
L’éternel ; je vous promet, là, que j’emprisonnerais
L’inexorable et le fatal, afin que nos rêves
Ne soient plus de lointains projets, de vagues idées,…
Oui, je vous accorderais une très longue trêve,
Où la joie brève se ferait plaisir débridé.

Ah, si je pouvais être cette humble pendule,
Là, toujours en mouvement et sans une ridule,
De mes deux aiguilles grêles et frêles, j’irais
Mon pas, ralentissant même aux yeux des incrédules,
Mais défilent les ans se pressant trop à mon gré.

lundi 13 juillet 2020

HAÏKU QUINOU

Il s’en est fallu d’un cheveu que je naisse coiffé.

SÉCHERESSE DE CŒUR

Petite fable affable

Le ciel était d’airain sous les nues lasses.
Point de pluie, pas de rosée encor’,
La terre épuisée se perd en crevasses,
Couvrant de toute part son sein et son corps.
Haletant sur ce sol fracturé, la plèbe
Du village pleurait ses rares épis,
Tiges séchées, têtes penchées sur la glèbe
Rendue stérile. Tous sont pleurs et dépit,…

Lavant d’Aves le pavé, noyant d’austères
Paters les parterres, les humains du bourg
Subissaient. Les félins, moins rudimentaires,
Se croyant aimés parce qu’ils aimaient, peu gourds
D’esprit pourtant, craignirent eux, à famine
Criée, de finir en ragoût de couvent
Et cherchèrent conseil près d’un chat sans mine
Qu’on disait sage. Prudent plus que savant.

La bête étique, sans éthique, vue basse
Voulant obliger et plaire, les reçut 
Dans ce qui fut bourbe et n’était plus que crasse.
En parlant prou mais disant peu, il déçut
Car il aimait fort en public se répandre ;
Il bassina son monde : « Le sage, le vrai,
Lui fit un minet mité aimant se prendre 
De querelle avec les poubelles et se livrer
À l’altercas, arrose, l’insensé inonde !… »

L’autre surpris, en ne lavant pas l’affront,
Perdit tout crédit, aussitôt, à la ronde.
L’assistance douchée qui, hélas, de front
L’abreuva d’injures se détourna vite
Vers l’indigent : « Frères, vivons de peu,
Donnons à qui n’en peut mais, sans son invite,
Part de ce que nous trappons en sirupeux.
Nous éviterons d’être de sa soupe. Je coule
Des jours presque heureux, moi, en faisant  ainsi. »

Et nos félins de mouiller pelisse en goule
Parmi nichées, couvées, et rongeurs rancis.
Submergé de viandes, noyé de larmes
De reconnaissance le bourg survécut…
Sans trop se répandre sur l’origine
De cette bonne fortune de “cocu”.

Hélas, le gibier manqua, sécheresse
Durant, et l’on dut, lors, croquer du chat
Même si ces animaux-là plein d'adresse
À tant courir et trop se priver, le chas
D’une aiguille auraient passé. Voilà l’humaine
Ingratitude à la sauce du moment !
Seul le chat causeur, ce fol énergumène,
“Arroseur” à rosser, fuit ces tourments…

Si, nous-dit-on, faire maigrir les riches
N’a jamais ici-bas fait grossir les manants,
Ruiner ceux-ci au seul profit de plus chiches
N’a jamais profité qu’aux plus puissants !

samedi 11 juillet 2020

HAÏKU HEUREUX

Aujourd’hui quelqu’un de franc ne vaut pas un cent !

JE NE PEUX PAS RESPIRER

17 juin 2020

Ployant sous le genou de l’injustice,
La société pesant sans artifice
De tout son poids dessus mon cou
Noir, je vais crever pour le coup.
Parce qu’il a le pouvoir, qu’il est la Police,
Las, il peut me mettre ainsi au supplice.
Il est sur moi à transpirer.
Moi, je ne peux pas respirer…

Sur le bitume des préjugés, piste
De mille et une dérives racistes,
Moi, je ne peux pas respirer
Tant ma couleur l’a inspirée.
Elle fut rondement menée cette affaire,
Thémis n’aura là rien à faire :
À moi les limbes ou l’empyrée,
Je me sens partir, expirer !

Dans ce bas-monde où je n’ai qu’interstices
Pour vivre mais de façon subreptice,
À quoi donc pouvais-je aspirer ?
Je ne pouvais plus respirer…
Leur Dieu est un aristo’ sudiste,
Ma ville un ghetto, ma vie à-coups tristes,
Cela ne pouvait qu’empirer
Même à tant et plus conspirer.

La couleur de ma peau m’était cilice,
M’interdisait de l’espoir les délices,
Je n’étais né que pour les coups
Bas, les trafics ou le licou.
Moi le problème dont il faut se défaire,
Lui le garant d’un ordre à refaire,
Il est sur moi à transpirer
Et moi je ne peux respirer…

vendredi 10 juillet 2020

TOUT SE FAIT HAÏKU DE QUEUE

Pourquoi fais-je de histoire d’animaux pour parler des Hommes ?
 Car ceux qui ne sont pas castors, ne sachant bâtir quelque chose qu’avec appendice caudal,
 sont kangourous, n’avançant dans la vie qu’à la force de leur queue !

jeudi 9 juillet 2020

HAÏKU TÔT SUISSE

J’ai les idées moins claires quand tu arrives avec tes idées noires…

MAMIES EN BALADE

Petite fable affable

Deux mères grands, véritables ombres parmi les ombres,
Arpentaient l’allée de platanes de la grand rue,
Dans leur vêture de grand deuil comme en portent nombre
De vieilles chez nous. Si elles avaient couru
En leur jeunesse, ces deux momies marchaient lors à pas 
De bigote en causant de tout. Même de trépas.

Rapprochées moins par leur âge que par leur veuvage,
L’une avait régné sur l’école du temps où les gars
Avaient régent, les filles cerbère. Sans partage.
Elle en avait gardé un regard d’aigle et, pas gaga
Cette lady-là, avait le ton sec et bourru
À l’encontre de qui lui déplaisait dans le cru ;
L’autre était plus en rondeurs, de corps, de caractère,…
Couple d’amies ne fut jamais plus mal assorti.
Ce jour-là, où elles sillonnaient leur bout de terre
La petite fille de la seconde, sortie
De classe, court embrasser ces deux ancêtres las
Avant de rentrer vivre sa vie d’ado’ de là.

« Ma pauvre ! fait alors l’ancienne institutrice,
Comment te voilà attifée ? Serais-tu déjà
Une Marie-couche-toi-là ?… Une tentatrice
Qui criera au viol quand la voudra un goujat ?…
On ne met pas en vitrine ce que l’on ne veut
Point vendre. Chez nous, de toujours, vêture est aveu ! »

La gamine s’en repart, vexée et rougissante.
Mais surprise aussi d’une aussi abrupte sortie,
À laquelle sa grand-mère, moins coassante,
 N’a pipé mot. La tanceuse ajoute un : « Pervertie ! »
Que la petite n’a pu ouïr car déjà loin
De l’antique fâcheuse et de son muet témoin.
« Et toi tu ne dis rien ?… Elle est de ta famille
Pourtant !… Il te faut plus mettre en garde cette enfant :
L’aïeule ne doit avoir parole camomille :
Toisant le cerf, guidant la biche, bridant le faon,
Il faut, de son histoire, tirer graves leçons,
Morale d’airain et les asséner. Sans façon !

- Que nenni, mon amie. C’est là outrepasser son rôle.
On en appelle à mon expérience parfois,
Mais c’est, pour tous les miens, sagesse et non contrôle
Et surtout je ne crois pas, et le dis sur ma foi,
Comme toi, semble-t-il, que l’on soit ou qu’on sera
Ce que je fus… D’où mon silence et mon embarras ! »

mardi 7 juillet 2020

HAÏKU D’AVANCE

Au sein des partis de Gauche c’est plus que jamais « la Conspiration des Egos ».

DEMAIN, ON OCCIT GRATIS !

Après une requête du président de la F.N.C.F.,
abandonnée à cause du tollé qu’elle a suscitée…


N’ayant sans doute plus assez de pairs à tuer,
De joggers perdus ou de promeneurs à descendre
Les chasseurs veulent s’en prendre, ces infatués,
Désormais, à nos minets aimant tant se répandre…

Nos Tartarin bien trop maladroits pour flinguer 
Le vrai gibier, celui qui court ou qui vole,
Trop souls ou trop sots pour te le faire valdinguer,
Vont crever des chats en braves beaufs qui s’étiolent.

N’étant pas assez intelligents pour distinguer
Ce qu’on assassine et ceux que, par trop, l’on protège,
Les chats qu’on n’peut plus écraser seront dézingués.

Ne pouvant mie les empoisonner, ces bons stratèges
Veulent bousiller, supprimer, buter, liquider,…
Nos félins bien aimés… Ou, pis, les lapider ?


Mais il a été assez con pour la proposer… 
et il est l’élu (donc le meilleur) des siens 

dimanche 5 juillet 2020

HAÏKU RIO’ZITÉE

Certains vendent leur âme pour s’acheter une conscience.

LA SARCELLE & LE CRAPAUD

Petite fable affable

Rien n’est jamais acquis, ni perdu,
Chez qui ténacité n’a pas fondu !
J’en veux pour preuve cette petite histoire
Que je vous livre là, cher auditoire.

Au temps où nos rues avaient moins de trottoirs
 Que de fossés et nos maisons décrottoirs,
Y vaqua une sarcelle. Perdue. On rit
De la voir battre le pavé de ses palmes,
Peu académiques dans le plus grand calme.
Nul ne songea à la tirer : quel grand mal
Pouvait faire un aussi petit animal ?

Un matin, elle gloutit, ce n’est pas faute,
Un gros crapaud qui à peine en bec, de la glotte
De l’oiselle se saisit et la serre fort
Tant et si bien qu’un fort grand inconfort
La gagne : elle ne peut avaler miette
Ni salive alors que son dîner est là.
Elle doit recracher la bête et la diète
Fut, ce jour-là, son seul repas. Et voilà
Comment jusque dans les dents de la mort, bête
Prise ne fut pas proie tout cru dévorée…
Que cela serve de leçon à qui m’embête,
Jouant à tout bout de champ les éplorés.

vendredi 3 juillet 2020

HAÏKU D’SANG

Par veine, ce qui fait battre le cœur fouette les sangs !

LE BRANLE-BAS

Sur Le cinéma (Claude Nougaro & Michel Legrand)
En mémoire de George Floyd, 04 juin 2020

Des écrans noirs et des nuits blanches,
On se croirait au cinéma,
Tout en gnons et en caill’ra.
Les States n’ont vraiment pas de chance :
Le Trump y a toujours tout droit !
Les flics y flinguent des Blacks et il s’en balance :
Qu’Ordre et Loi gardent leur primat !
Alors les Noirs prenn’ leur revanche

En écrans noirs et en nuits blanches,
Ça casse comme au cinéma,
Entre gros bras aux faces blanches
Se rêvant en Alabama,
Où des Fachos pend’ des Nègres aux mâts,
Et ghettos vivant dans l’urgence,
Quand ces pauvres-là ont un toit,
La bibl’ dans la main qu’ils s’accrochent aux branches,
Sans mettre à cran tout’ ces nuits blanches
Où ball’ frappent à l’estomac
Et où on cogne à tour de bras,
Les gaz arrivent en avalanche…

D’où écrans noirs et puis nuits blanches
Qu’on nous balance en grand format
Deux fois, ma foi, parfois vingt fois,
Avec des coups pleins les séquences
De guerre urbain’, de guerrillas,…

Que l’on voit tous le soirs, autour d’la Maison Blanche.
Le Trump déconne, met en émoi
Un  peuple entier, mêm’ le dimanche,
Ses écrans noirs et ses nuits blanches
Où tout est sang, tas de gravats,
Au grand pays du cinéma…

mercredi 1 juillet 2020

HAÏKU TURIÉ

Un menteur qui brode fait rarement dans la dentelle.

LE YACK & L’ASTROLOGUE

Petite fable affable

Loin des rumeurs d’une rue qui n’est plus diserte
Et des échos de corridors, un brin bourru,
Un yack, auprès d’une lamaserie déserte,
Espère un astrologue, devin fort couru
En ces contrées lointaines. Un mien comparse
M’en a conté le cas comme, hélas, d’une farce.

Et notre gros laineux faisait dévotion
Avec force courbettes des plus diligentes 
Et nombre de révérences de soumission.
Il va, esprit content et cœur joyeux, par les sentes,
Répétant ce que dit la foi qui le régente :
 « Il n’advient désastre ni désagrément
À qui adore les astres sincèrement
Aussi abstenons-nous de cabaler contre eux :
Nous ne serons jamais ici-bas miséreux ! »

 Maladroit et gauche, il attendait de l’oracle
Qu’il lui dise, simplement, comment allait
Se dérouler son proche voyage, la débâcle
Menaçant les lieux où il va balader
Sa graisse. « De grâce, un mot, un seul, ô Grand Sage !
Je vous ai jà porté de quoi vous rendre hommage. »

Il avait disposé, lui qui mangeait si peu
Et souvent pas, devant le maigre horoscopiste,
De quoi nourrir grassement le plus adipeux
Éléphant mais ce-dernier comme un papiste
Répliqua : « Si j’ai bonne mémoire, lampiste,
Parfois par mégarde, souvent par ennui, 
Ma foi, en mon esprit brouillard se produit :
Qui êtes-vous cher cornu qui venez à moi ?

- Votre plus grand fidèle !… Depuis des  mois !

- Se peut ! Fit le cabaliste. Mais quelle affaire
De grande conséquence vous inquiète tant ? »

La stérilité de ses idées fait qu’il s’enferre
Mais le yack n’y voit goutte et, pis, entend
Obtenir à ses tourmenteux soucis réponse.
Va-t-il mourir en route ? Il attend son annonce.

Qu’opiner à la question inopinée ?
Le mage, après un temps, inspiré, lâcha juste 
un « Va ! » qui rassura le velu boudiné
Lequel mourut en chemin, quoique fort robuste,
Alors qu’il voulait éviter de périr, ce fruste.
Ne permettez jamais, Ami, d’être à quelqu'un 
Votre priorité quand, las, pour ce péquin
Vous, vous n’êtes, au mieux, qu’une moindre option*
Voire la source d’une spoliation…

* D’après Mark Twain