« L’école obligatoire » produit des incultes alphabétisés devenus d’ignorants prétentieux face à tout ce qui peut ressembler au savoir et à la connaissance.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
vendredi 30 juin 2017
jeudi 29 juin 2017
LA RENARDIÈRE LOI
Petite fable affable
Un renard tend un billet de banque
À ses enfants en disant : « Qui le veut ? »
Aucune patte à l’appel ne manque,
Chacun des roux renardeaux fait l’aveu
De sa cupidité. Là, leur père
Chiffonne le tentant papier-monnaie.
Même question au sein de ce repaire.
Même réponse identique, vous devinez.
Aussitôt pris de folie soudaine ou d’ire,
Le roué froisse son beau bifton
Plus qu’on le ferait d’un torchon à vrai dire.
Nouvelle interrogation qui fond
Sur la nichée étonnée dont la réponse
N’a pas changé tant et si bien
Que son géniteur macule, sans annonce,
Ce billet auquel tant on tient.
Et tous ces jeunes ventres blancs se refusent,
Tout en crocs et dents, d’abandonner
Ce cadeau crotté. Alors, mine confuse,
Le renard au lieu de le donner
En déchire un bout mais c’est une identique
Unanimité qui lui répond
Quand il ose, encor’, répéter sa réplique.
Il dit alors ce fier fripon :
« C’est belle leçon que vous venez d’apprendre :
Dans votre vie mes bons enfants,
On vous froissera, vous salira à rendre
Vos cœurs bien plus faibles que des faons ;
On vous brisera aussi. Quoi qu’il advienne
Vous gard’rez, de juillet à juillet,
Contre vents, marées ou bien pluies diluviennes
Votre valeur comme ce billet ! »
À ses enfants en disant : « Qui le veut ? »
Aucune patte à l’appel ne manque,
Chacun des roux renardeaux fait l’aveu
De sa cupidité. Là, leur père
Chiffonne le tentant papier-monnaie.
Même question au sein de ce repaire.
Même réponse identique, vous devinez.
Aussitôt pris de folie soudaine ou d’ire,
Le roué froisse son beau bifton
Plus qu’on le ferait d’un torchon à vrai dire.
Nouvelle interrogation qui fond
Sur la nichée étonnée dont la réponse
N’a pas changé tant et si bien
Que son géniteur macule, sans annonce,
Ce billet auquel tant on tient.
Et tous ces jeunes ventres blancs se refusent,
Tout en crocs et dents, d’abandonner
Ce cadeau crotté. Alors, mine confuse,
Le renard au lieu de le donner
En déchire un bout mais c’est une identique
Unanimité qui lui répond
Quand il ose, encor’, répéter sa réplique.
Il dit alors ce fier fripon :
« C’est belle leçon que vous venez d’apprendre :
Dans votre vie mes bons enfants,
On vous froissera, vous salira à rendre
Vos cœurs bien plus faibles que des faons ;
On vous brisera aussi. Quoi qu’il advienne
Vous gard’rez, de juillet à juillet,
Contre vents, marées ou bien pluies diluviennes
Votre valeur comme ce billet ! »
Illustration : Élisa Satgé, été 2019
mercredi 28 juin 2017
mardi 27 juin 2017
À PEINE MÛRES…
Baies d’ébène au bruissant buisson,
Les mûres sont murs de murmures
Où la brise n’est que frissons.
L’épineux en veste de bruine
Et en souliers de boue fine
Rassasie, sans plus de façon,
Le passant et les polissons.
Il abreuve, jusqu’à ruine,
D’un sang bleu-rouge de fruit
Oiseaux, manieurs d’égoïne,…
Le piquant roncier, sans bruit,
Aime son monde, aide autrui
Sans s’en faire auguste ramure
lundi 26 juin 2017
dimanche 25 juin 2017
LES TROIS TAMIS DU VÉRITABLE AMI
Petite fable affable
Un jour quelqu’un vint trouver le bon Socrate :
« Dis-moi, que sais-tu des mots que j’ai appris
Venant de notre ami ?!… Ça secoue la rate !
- Un instant, répondit notre homme d’esprit.
Avant de raconter toute ton histoire
L’as-tu avant passée par les trois passoires ?
- Hein, euh, comment ?!… De quoi donc me parles-tu ?
- Avant de narrer ce que d’autres m’ont tu
Il faut le filtrer au grand risque de faire
Peines et chagrin à tous dans cette affaire.
Premier tamis : as-tu vérifié
Que sont stricte vérité toutes ces choses ?
- Non pas !… J’ai ouï, je ne le peux nier
Les propos en question, fit l’autre, morose.
- Bien !… Donc, en deuxième filtre : est-ce bon
Pour moi, ou plutôt genre nauséabond,
Que ces paroles-là que j’ignore encore ?
- Oh non, c’est plutôt fiente de pécore !
- Parfait, dernier crible : ce qu’il aurait
Dit, est-ce utile que je le sache, au vrai ?!
- Oh non, Socrate, tu ne pourrais que vivre
Mieux en les ignorant, je te l’avoue ! »
Notre philosophe parlant comme un livre
Conclut : « Si ce que tu as, homme à bagou,
À me conter en belles phrases subtiles
N’est ni vrai, ni bon pour moi, ni très utile,
Garde ta salive pour toi, je t’en prie ? »
Face aux rumeurs et aux on-dits, fais bon prix
De cette sagesse et fais, en bon-chrétien,
Silence pour le bien d’autrui et le tien.
« Dis-moi, que sais-tu des mots que j’ai appris
Venant de notre ami ?!… Ça secoue la rate !
- Un instant, répondit notre homme d’esprit.
Avant de raconter toute ton histoire
L’as-tu avant passée par les trois passoires ?
- Hein, euh, comment ?!… De quoi donc me parles-tu ?
- Avant de narrer ce que d’autres m’ont tu
Il faut le filtrer au grand risque de faire
Peines et chagrin à tous dans cette affaire.
Premier tamis : as-tu vérifié
Que sont stricte vérité toutes ces choses ?
- Non pas !… J’ai ouï, je ne le peux nier
Les propos en question, fit l’autre, morose.
- Bien !… Donc, en deuxième filtre : est-ce bon
Pour moi, ou plutôt genre nauséabond,
Que ces paroles-là que j’ignore encore ?
- Oh non, c’est plutôt fiente de pécore !
- Parfait, dernier crible : ce qu’il aurait
Dit, est-ce utile que je le sache, au vrai ?!
- Oh non, Socrate, tu ne pourrais que vivre
Mieux en les ignorant, je te l’avoue ! »
Notre philosophe parlant comme un livre
Conclut : « Si ce que tu as, homme à bagou,
À me conter en belles phrases subtiles
N’est ni vrai, ni bon pour moi, ni très utile,
Garde ta salive pour toi, je t’en prie ? »
Face aux rumeurs et aux on-dits, fais bon prix
De cette sagesse et fais, en bon-chrétien,
Silence pour le bien d’autrui et le tien.
samedi 24 juin 2017
HAÏK(r)U’GNON
J’ai hurlé en naissant, grogné en vivant et je râlerai en mourant;
Et vous osez dire que je suis un éternel mécontent ?!
vendredi 23 juin 2017
AURORE EN PROVENCE
Des moutons couleur de ciel,
Clairs nuages de laine sale,
Vont d’un pas confidentiel
Passant, dans l’aube provençale,
Sur l’encolure d’un vert pré,
Présents là depuis la vesprée.
Tous les horizons les encerclent
De bruyère et de genêts
Les enclosent sous le couvercle
D’un jour lourd comme des chenets.
Il résonne de leurs sonnailles
En échos frais, clairs et canailles.
Tout est bêlements abêtis
Appelant une aurore prompte
En trémolos assujettis.
Les doigts noueux des arbres comptent
Aux nues, se crispent sur le vent
Court sur l’herbe, la soulevant.
D’un air chaleureux et bonhomme
Il sculpte les troncs efflanqués
Et scarifiés en son royaume,
Et y ouvre, sans y manquer,
Des yeux horrifiés, vides
Et creux sur écorces livides.
Avidement, les moutons paissent
En paix, sous ces bras décharnés.
La nuit s’efface. Grasse. Épaisse.
La craie du ciel s’est incarnée
Aux couleurs des belles journées.
Clairs nuages de laine sale,
Vont d’un pas confidentiel
Passant, dans l’aube provençale,
Sur l’encolure d’un vert pré,
Présents là depuis la vesprée.
Tous les horizons les encerclent
De bruyère et de genêts
Les enclosent sous le couvercle
D’un jour lourd comme des chenets.
Il résonne de leurs sonnailles
En échos frais, clairs et canailles.
Tout est bêlements abêtis
Appelant une aurore prompte
En trémolos assujettis.
Les doigts noueux des arbres comptent
Aux nues, se crispent sur le vent
Court sur l’herbe, la soulevant.
D’un air chaleureux et bonhomme
Il sculpte les troncs efflanqués
Et scarifiés en son royaume,
Et y ouvre, sans y manquer,
Des yeux horrifiés, vides
Et creux sur écorces livides.
Avidement, les moutons paissent
En paix, sous ces bras décharnés.
La nuit s’efface. Grasse. Épaisse.
La craie du ciel s’est incarnée
Aux couleurs des belles journées.
jeudi 22 juin 2017
mercredi 21 juin 2017
HAÏKU’ESSE ENREGISTREUSE
Les riches ne méprisent la pauvreté qu’autant qu’il la craignent.
Le reste du temps ils l’ignorent.
ÂNES AFFAMÉS N’ONT PAS QU’OREILLES
Petite fable affable
Une de ces nuits où le vent froid est si rêche,
Deux ânes qu’on avait attachés là tête-bêche,
Non par caprice ni jeu, mais par économie,
Font face, en leur étable, hélas, chacun à sa crèche.
Ah, le picotin tente l’un, comme son ami,
Mais ils ont beau tirer, aucun ne mange ni mie
Ni miettes car ils sont, las, d’une force égale
Et d’un comparable appétit. Qui donc s’en régale ?
L’ânier qui voit-là une fort belle façon
De ne pas ruiner son bon fenil par trop vite.
Mais ces bourriques, sans qu’on leur fasse la leçon,
Comprennent au matin, en vraies cervelles d’élite,
Qu’à tirer, là, chacun de son côté, et sans fin,
Tous deux sont restés, comme des baudets, sur leur faim.
Donc l’un ou l’autre, je ne sais dire qui, propose
À son alter ego, au cours d’une courte pause,
De se joindre à lui pour goûter, en bons copains,
Dans son grand garde-manger le temps qu’il se repose.
Et les deux frères qui, à risquer le coffre en sapin,
Se tournèrent le dos comme des goujats rupins,
Purent se sustenter un bon brin dans la mangeoire
Du premier, invité à jouer des mâchoires
Par son pair à la sienne. Et qui fut fort marri ?
Le fermier qui trouva assoupis les compères,
Au jour levé, bedons rebondis, auges taries,
Heureux comme larrons en foire soudains prospères.
Combien sommes-nous, égoïstes patentés,
Oublieux de ce que permet la Solidarité !
Deux ânes qu’on avait attachés là tête-bêche,
Non par caprice ni jeu, mais par économie,
Font face, en leur étable, hélas, chacun à sa crèche.
Ah, le picotin tente l’un, comme son ami,
Mais ils ont beau tirer, aucun ne mange ni mie
Ni miettes car ils sont, las, d’une force égale
Et d’un comparable appétit. Qui donc s’en régale ?
L’ânier qui voit-là une fort belle façon
De ne pas ruiner son bon fenil par trop vite.
Mais ces bourriques, sans qu’on leur fasse la leçon,
Comprennent au matin, en vraies cervelles d’élite,
Qu’à tirer, là, chacun de son côté, et sans fin,
Tous deux sont restés, comme des baudets, sur leur faim.
Donc l’un ou l’autre, je ne sais dire qui, propose
À son alter ego, au cours d’une courte pause,
De se joindre à lui pour goûter, en bons copains,
Dans son grand garde-manger le temps qu’il se repose.
Et les deux frères qui, à risquer le coffre en sapin,
Se tournèrent le dos comme des goujats rupins,
Purent se sustenter un bon brin dans la mangeoire
Du premier, invité à jouer des mâchoires
Par son pair à la sienne. Et qui fut fort marri ?
Le fermier qui trouva assoupis les compères,
Au jour levé, bedons rebondis, auges taries,
Heureux comme larrons en foire soudains prospères.
Combien sommes-nous, égoïstes patentés,
Oublieux de ce que permet la Solidarité !
mardi 20 juin 2017
lundi 19 juin 2017
VILE -AINE
La vie est chienne
Mais c’est la mienne…
Et, pris dans sa seine,
C’est vrai, je me traîne,
Pas plus gros que faîne,
Sous chênes et frênes
Par monts et par plaines.
Quoi, la coupe est pleine
De cette vie vaine
Aux destinées naines ?
L’espérance est reine,
Fuyons les bennes !
Ma vie est chienne
Comme la tienne :
Parfois bête à laine
Qu’à l’anneau on mène,
Renard, renne ou raine,
Je traîne mes peines
Et, las, ma couenne.
Partout, je les draine,
Avec gêne et gène,
Du Chili à l’Aisne.
L’espérance est reine,
Tenons-en les rênes !
La vie est chienne ?
Qu’a cela tienne !
La route est chaîne,
Pas toujours géhenne
À l’issue peu saine
Que rien ne freine.
Gardons cette haine
Coulant dans nos veines
Qui sème nos graines
Et mon âme gaine.
L’espérance est reine,
Emplumons nos pennes !
dimanche 18 juin 2017
SORTIE D’HAÏ(se)KU’R
Selon les uns on descendrait tous de la même paire, et selon les autres d’une même mer !
samedi 17 juin 2017
LE MOULIN AVANT…
Petite fable affable
Perché sur sa colline, l’œil sur l’aval,
Un moulin gardait un Eden terrestre.
Il voulait conserver intact ce val
Qu’il admirait matin de dextre à senestre,
Et le soir, de hue à dia, bon cheval !
Mais venus des quatre horizons du monde,
Les vents menaçaient ce petit paradis
Alors notre moulin jouait à la ronde
Des ailes pour mieux pourfendre, pardi,
Les souffles du Nord et leurs tristes froidures,
Pour hacher les vents du Sud trop chauds, trop secs,…
De même, il tranchait dans le vif, à la dure,
Les airs chargés de pluies, quoique pète-secs,
Venus de l’Occident qui sont synonymes
D’inondations et tous ceux arrivés
Du Levant et leurs sables pourtant minimes.
Il tournait donc, voiles aux vents, énervé
De devoir lutter sans résultat ni cesse
Jusqu’au jour où un orage le ruina
Par le feu qu’il mit - Dieu, quelle bassesse ! -
À ses armes. Il fut mis au cadenas.
Perché sur la colline, tas de gravats,
Un moulin se souvient de quelque terrestre
Eden qui est devenu un grand canevas
Urbain et prospère depuis qu’un bourgmestre
L’a remplacé par une minoterie
Au lendemain de cette sauvagerie
Qui mit fin à ses jours où, se croyant meistre
De ce monde, il tournait tant, tout étourdi,…
Hugo dit : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ».
Encore faudrait-il agir à dessein
Et non tempêter à la moindre volute
Ou s’agiter comme le fait le tocsin.
Un moulin gardait un Eden terrestre.
Il voulait conserver intact ce val
Qu’il admirait matin de dextre à senestre,
Et le soir, de hue à dia, bon cheval !
Mais venus des quatre horizons du monde,
Les vents menaçaient ce petit paradis
Alors notre moulin jouait à la ronde
Des ailes pour mieux pourfendre, pardi,
Les souffles du Nord et leurs tristes froidures,
Pour hacher les vents du Sud trop chauds, trop secs,…
De même, il tranchait dans le vif, à la dure,
Les airs chargés de pluies, quoique pète-secs,
Venus de l’Occident qui sont synonymes
D’inondations et tous ceux arrivés
Du Levant et leurs sables pourtant minimes.
Il tournait donc, voiles aux vents, énervé
De devoir lutter sans résultat ni cesse
Jusqu’au jour où un orage le ruina
Par le feu qu’il mit - Dieu, quelle bassesse ! -
À ses armes. Il fut mis au cadenas.
Perché sur la colline, tas de gravats,
Un moulin se souvient de quelque terrestre
Eden qui est devenu un grand canevas
Urbain et prospère depuis qu’un bourgmestre
L’a remplacé par une minoterie
Au lendemain de cette sauvagerie
Qui mit fin à ses jours où, se croyant meistre
De ce monde, il tournait tant, tout étourdi,…
Hugo dit : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ».
Encore faudrait-il agir à dessein
Et non tempêter à la moindre volute
Ou s’agiter comme le fait le tocsin.
vendredi 16 juin 2017
jeudi 15 juin 2017
FROID DURE
Mer givrée, mer figée, mer blanchie de silence
Surs les champs endormis, la neige a déposé
Une page où les vents gravent leur violence.
Ils sont écheveaux et chevaux désenclosés
Courant sur l’écume d’un temps tout d’indolence,
À fleur de veille, au cœur de nuits décomposées.
Pas de mots menteurs pour contrer ces insolences,
Point de maux mentors non plus pour s’y scléroser,
Juste le vertige du rêve à proposer,
L’oubli de soi, comme étouffé, la somnolence,…
L’aube en robe blême, enfin, vient s’imposer
Et toute auréolée d’une aurore rosée
Brisant les os d’une nuit toute à la semblance
D’un jour en oripeaux laiteux qui nous relance…
Surs les champs endormis, la neige a déposé
Une page où les vents gravent leur violence.
Ils sont écheveaux et chevaux désenclosés
Courant sur l’écume d’un temps tout d’indolence,
À fleur de veille, au cœur de nuits décomposées.
Pas de mots menteurs pour contrer ces insolences,
Point de maux mentors non plus pour s’y scléroser,
Juste le vertige du rêve à proposer,
L’oubli de soi, comme étouffé, la somnolence,…
L’aube en robe blême, enfin, vient s’imposer
Et toute auréolée d’une aurore rosée
Brisant les os d’une nuit toute à la semblance
D’un jour en oripeaux laiteux qui nous relance…
mercredi 14 juin 2017
AUTO’HAÏKU’RECTION
Parfois ce ne sont pas les copies mais leurs auteurs qui auraient besoin d’une bonne correction !
mardi 13 juin 2017
ÂNE ASSOIT QUI MALIN S'PENSE
Petite fable affable
Pour aller au marché de la grande ville
Le vieil homme prit son âne servile
Pour porter sa fille et tous ses lourds couffins
Par ce chemin si caillouteux et sans fin.
Notre équipage traversant un village
Ouït ces commentaires et babillages :
« Quelle fille ingrate : elle va, là, montée,
Quand son vieux père, hélas tout en bonté,
Va nu-tête, à pied, dans la poussière ! »
Sortis du hameau, notre cavalière
Prie son géniteur las de la remplacer
Sur le dos de la bête avant de poursuivre
La route. Un bachelier vint à les suivre ;
Avant de les quitter à un croisement,
Perfide à souhait, il dit fort doctement :
« Il n’y a de père plus méchant que l’homme
Qui humilie son enfant, l’air bien bonhomme,
Et la fait suivre comme un chien son baudet ! »
Notre couple vexé par ce grand dadais
Décide d’aller à deux sur la bourrique.
Ils n’avaient pas fait cent pas qu’un famélique
Quêteur qui vit de l’aumône des cieux
Et de la riche charité de Dieu,
Proclame à ces deux âniers qui chevauchent
Un animal fatigué au pas fort gauche :
« Malheur à qui n’a aucune pitié
Pour la créature qui fait métier
De les servir : les souffrances de la bête
Seront bientôt malgré leurs courbettes,
Offrandes, pénitence et prières au Très Haut ! »
À ces propos-là, ils démontent aussitôt.
Les voilà qui arrivent enfin à la ville,
La fille et le vieux derrière l’âne servile.
Et donc, on ne manque pas de remarquer
Que ces bêtas marchent pas lent, jambes arquées,
Alors qu’il ont un âne, bien bâté certes,
Mais qu’on aurait pu monter sans dol ni perte.
Harassé, notre campagnard a pleuré
À ces mots durs tant il était écœuré.
Le seul qui n’était pas, au marché, à braire
De rire sur son sort, dit de cette affaire :
« Quoi que tu fasses, ami, tu seras critiqué,
Alors fais ce que veux et laisse caqueter ! »
Le vieil homme prit son âne servile
Pour porter sa fille et tous ses lourds couffins
Par ce chemin si caillouteux et sans fin.
Notre équipage traversant un village
Ouït ces commentaires et babillages :
« Quelle fille ingrate : elle va, là, montée,
Quand son vieux père, hélas tout en bonté,
Va nu-tête, à pied, dans la poussière ! »
Sortis du hameau, notre cavalière
Prie son géniteur las de la remplacer
Sur le dos de la bête avant de poursuivre
La route. Un bachelier vint à les suivre ;
Avant de les quitter à un croisement,
Perfide à souhait, il dit fort doctement :
« Il n’y a de père plus méchant que l’homme
Qui humilie son enfant, l’air bien bonhomme,
Et la fait suivre comme un chien son baudet ! »
Notre couple vexé par ce grand dadais
Décide d’aller à deux sur la bourrique.
Ils n’avaient pas fait cent pas qu’un famélique
Quêteur qui vit de l’aumône des cieux
Et de la riche charité de Dieu,
Proclame à ces deux âniers qui chevauchent
Un animal fatigué au pas fort gauche :
« Malheur à qui n’a aucune pitié
Pour la créature qui fait métier
De les servir : les souffrances de la bête
Seront bientôt malgré leurs courbettes,
Offrandes, pénitence et prières au Très Haut ! »
À ces propos-là, ils démontent aussitôt.
Les voilà qui arrivent enfin à la ville,
La fille et le vieux derrière l’âne servile.
Et donc, on ne manque pas de remarquer
Que ces bêtas marchent pas lent, jambes arquées,
Alors qu’il ont un âne, bien bâté certes,
Mais qu’on aurait pu monter sans dol ni perte.
Harassé, notre campagnard a pleuré
À ces mots durs tant il était écœuré.
Le seul qui n’était pas, au marché, à braire
De rire sur son sort, dit de cette affaire :
« Quoi que tu fasses, ami, tu seras critiqué,
Alors fais ce que veux et laisse caqueter ! »
Esquisse : Élisa Satgé, 2016-2017
lundi 12 juin 2017
dimanche 11 juin 2017
VAL D’AISE
Cycle pyrénéen
Je me perds dans l’horizon et ses échos…
Rosé de glaïeuls, dans ce trou de verdure,
Comme au temps de mon aïeul, le temps me dure…
Je me perds dans l’horizon et ses échos…
Point de nuées sales ni de ciel blême
Écumant comme on râle. Tout est problème
Entre vos murs prison, et maux en écot,
Au galop des autos toujours en cavale
Qui embrument au plus tôt vos tours, les avalent.
Je me perds dans l’horizon et ses échos…
Jetant l’ancre sous un soleil monotone,
Je mets à l’encre un automne point atone
Et me perds dans l’horizon et ses échos…
samedi 10 juin 2017
vendredi 9 juin 2017
L’AUMÔNE
Petite fable affable
Un vieux beau ayant fait bonne fortune
Dans le chiffon, et jamais à court de tunes,
Après un repas dans un grand restaurant,
Offre un tout petit pourboire au chef de rang.
Ce sont picaillons tenant du symbole
Que ces quelques pièces, oui c’est obole
Qui, ainsi donnée, ferait d’aucuns déchoir
Et pousse le pingouin sombre au grinchoir.
« Qu’est-ce à dire, mon cher ami, un problème ?
- C’est que, dit notre bon larbin des plus blêmes,
Votre fille, hier, me laissa dix fois plus !
- C’est qu’elle est, fit-il à cet olibirus,
Le cher ange brun de l’homme le plus riche
Du coin, alors que moi, c’est dit sans triche,
Je suis celui d’un simple coupeur de bois.
N’oublie pas d’où tu viens ni, que d’aventure,
Tu pourrais y retourner, et sans vêture ! »
Dans le chiffon, et jamais à court de tunes,
Après un repas dans un grand restaurant,
Offre un tout petit pourboire au chef de rang.
Ce sont picaillons tenant du symbole
Que ces quelques pièces, oui c’est obole
Qui, ainsi donnée, ferait d’aucuns déchoir
Et pousse le pingouin sombre au grinchoir.
« Qu’est-ce à dire, mon cher ami, un problème ?
- C’est que, dit notre bon larbin des plus blêmes,
Votre fille, hier, me laissa dix fois plus !
- C’est qu’elle est, fit-il à cet olibirus,
Le cher ange brun de l’homme le plus riche
Du coin, alors que moi, c’est dit sans triche,
Je suis celui d’un simple coupeur de bois.
N’oublie pas d’où tu viens ni, que d’aventure,
Tu pourrais y retourner, et sans vêture ! »
jeudi 8 juin 2017
mercredi 7 juin 2017
BUCOLIQUE MÉDITATION
Couché, sous une feuillaison de saison,
À mille lieues de tout toit ou maison,
Quand le sol chaud n’est plus qu’un lourd manteau d’ombres,
Quand le ciel n’est plus un torride étau
Et que l’aurore, hélas, va se lever tôt,
Seul, je m’enveloppe de cette pénombre,
L’âme partie ailleurs
Vers un monde meilleur.
Sous le soc acéré d’un croissant de lune
Qui, sans fin, laboure avec cent fortunes,
Ces nues si noires semées, à la volée,
De petit grains d’étoiles pour y faire
Au creux de leur silence, non une affaire,
Mais un sillon de Voie Lactée isolé,
Mon esprit vagabonde,
Fait sauter toute bonde.
Au loin, un troupeau clochette son refrain
De claires sonnailles au néant, sans entrain.
La chair fraîche de la nuit m’est un rêve.
Point de ces bergères de vieilles chansons
Et pas de chevrière pour mes frissons.
Séléné, privée d’orbe, est la seule sève
De ce soir nu, sans voix,
Que je vis, où je vois.
J’entends les échos de quelque fête affreuse,
Funèbre fanfare qui se croit heureuse
Mais sanglote comme ces filles qui ont
Bien plus d’amants que de printemps, pauvrettes !
Sur ma couche de fougères, point d’amourette,
De désirs à la légère, d’aiguillon,…
Yeux levés, je songe ;
Dans les cieux, je plonge.
Dans ses parfums, ses sons, l’été est là.
Dans mon esprit vaquant il est ruisseau las,
Je suis rêveur échoué sur son rivage,
Sans chavirer, j’ai jà atteint, reposé,
L’âge malaisé des plaisirs apaisés.
Et je savoure d’autre bonheurs, sauvages
Ou pas, et goûte aux joies
Boudées par nos bourgeois.
À mille lieues de tout toit ou maison,
Quand le sol chaud n’est plus qu’un lourd manteau d’ombres,
Quand le ciel n’est plus un torride étau
Et que l’aurore, hélas, va se lever tôt,
Seul, je m’enveloppe de cette pénombre,
L’âme partie ailleurs
Vers un monde meilleur.
Sous le soc acéré d’un croissant de lune
Qui, sans fin, laboure avec cent fortunes,
Ces nues si noires semées, à la volée,
De petit grains d’étoiles pour y faire
Au creux de leur silence, non une affaire,
Mais un sillon de Voie Lactée isolé,
Mon esprit vagabonde,
Fait sauter toute bonde.
Au loin, un troupeau clochette son refrain
De claires sonnailles au néant, sans entrain.
La chair fraîche de la nuit m’est un rêve.
Point de ces bergères de vieilles chansons
Et pas de chevrière pour mes frissons.
Séléné, privée d’orbe, est la seule sève
De ce soir nu, sans voix,
Que je vis, où je vois.
J’entends les échos de quelque fête affreuse,
Funèbre fanfare qui se croit heureuse
Mais sanglote comme ces filles qui ont
Bien plus d’amants que de printemps, pauvrettes !
Sur ma couche de fougères, point d’amourette,
De désirs à la légère, d’aiguillon,…
Yeux levés, je songe ;
Dans les cieux, je plonge.
Dans ses parfums, ses sons, l’été est là.
Dans mon esprit vaquant il est ruisseau las,
Je suis rêveur échoué sur son rivage,
Sans chavirer, j’ai jà atteint, reposé,
L’âge malaisé des plaisirs apaisés.
Et je savoure d’autre bonheurs, sauvages
Ou pas, et goûte aux joies
Boudées par nos bourgeois.
mardi 6 juin 2017
lundi 5 juin 2017
FABLE & POÉSIE
Édito’ pour RueDesFables (Avril 2017)
Pour d’aucuns J. de La Fontaine est aujourd’hui, d’Anvers à Vancouver, le plus connu des poètes français du XVIIe siècle. Pourquoi ce fabuliste fabuleux, virtuose du verbe serait-il seulement le plus grand poète d’un seul siècle alors qu’il a anobli un genre universel ?
Le pauvre rimeur en vers sots que je suis, modeste écriveur d’écrits vains à césure/césure-trente environ, et plus si affinités, est persuadé qu’il l’est sans restriction en ces verbaux écrits, vers beaux et cris. Car la fable, cet espace vert ouvert, où vagabondent les muses qui s’amusent et parfois m’usent, est poésie même si on en propose, rose ou morose, en prose. Avec eux et leurs zélateurs, sans rime ni raison parfois, au diable veaux, vers, cochons,… !
Aussi, si écrire c’est « faire un papier », rédiger une fable c’est « faire un papier de vers ». Des vers de rage et de peur, des vers revolvers ou galants, des vers de jalousie, des vers divers ou d’été,… mais des vers et des vers à pieds, ciselés. Comptés s’entend. Car l’apologue n’est qu’une somme de vers, tout en nuances, mais vers de l’amitié - souvent du genre « eunuque décapité » (sans queue ni tête, si vous préférez !) - et vers de contact qui ouvrent grands les yeux entrouverts et décille les autres, vitreux. Ces vers de trouvère se veulent moins correcteurs que loupe de nos travers même s’il faut pour cela mettre un animal, soit-il vêtu de vair, ou pervers, au vert.
Donc si, en ce bas-monde, de haute main, on peut prendre quelqu’un sans vers, il n’est de bonne fable - du moins de celles qui restent ancrées à peine encrées - qui n’ait quelques vers d’éther prompts à l’envol, des vers qui s’entrechoquent pour fêter la bestiale Humanité, honorer, envers et contre tout, l’humaine animalité… ou la consoler. Mais il semblerait qu’aujourd’hui le vers porte malheur, comme en la médiévale obscurité, alors il porte beau au revers - car l’avers tue ! - de mon queue-de-pie… vert. On le fuit alors que, quoique libre, la fable se veut encore vers sur l’envers de nos décors mais, que la rime soit riche ou pauvre, continue à prôner, par-devers elle, la fraternité. Ça vaut salement le coup, et pas seulement d’œil !
Bien sût on n’a pas toujours de vers à soi. Il se peut que l’on ait des vers qui ne soient que boiteux. Qu’importe. Après s’être abreuvé aux vers consignés par J. de La Fontaine ou s’être rassasié des vers salutaires de Florian, on suit les pas de ces deux maîtres, deux maîtres cinquante à eux deux. En chancelant à force de vers en vain, en titubant (quand le vain est titré il fait le croire), en tombant sur des vers blancs mais en se relevant pour faire de ces pas-là des historiettes d’impalas, des fabulettes pour koalas en Fabulon qui craint le vert-de-gris de certains uniformes, le vers ballon des footeux mais qui sait le vert tige de ces fleurs aux senteurs de vétiver. La poésie n’est pas que rime, elle est aussi rythme et s’arrime aux Cieux ocieux, aux Dieux odieux,…
Que fait le fabuliste, encore vert pour son âge, qui persévère RuedesFables ? Quel qu’il soit, les auteurs du site peuvent en attester sur l’honneur, à propos d’un mot ou d’un fait divers, besogneux convers, il recompte ses vers et les paie content lors des longues soirées d’hiver, ou les recycle, vers clairs ou vers froncés, dans d’autres bluettes quand il le juge opportun, l’importun. On aura beau lui souffler le vers, lui seul saura le tourner car il a la fibre du vers qui en impose alors qu’il se pose et sera cinglant comme volée de bois vert. Mais il saura parfois y intercaler - Patron, c’est ma tournée ! - un vers profond, pas de ces vers d’eau dans lesquels naissent les tempêtes où d’aucuns se noient, mais un de ces vers chauds qui vous sont, à l’hiver, comme ces pull-overs qui vous font le col et le cou vert et pas découverts. Vive cette laine de vers dont j’ai tout un alphabet : vers A, vers C, vers E, vers 0, vers P, vers U,… !
Ne déduisez pas, hâtivement, lecteurs vernis qui arpentez la Rue comme on mise sur tapis vert, de ce qui précède, que j’ai quelques vers dans le nez quoique vous auriez sans doute plaisir à me les en tirer. Mes vers parfois opaques sont bien éduqués, du cristal de poème : jamais neutres, certes grossissants, ce sont les vers du parfait honnête homme, en un mot, les vers des polis. J’espère qu’ils ne sentent pas le vers de trop à la table ni les raisins trop verts de la fable laquelle, en général, vaut un univers et, en particulier, par le regard que vous porterez sur elle ou ses vers, sans arrière pensés. Voulant lire les maux immondes que nos lyres font mots du monde.
Alors profitez bien de votre petit vagabondage dans cette RuedesFables si chère à mon cœur, j’arrive au bout de ma ligne sans qu’un ver ne s’y agite alors je vais, l’œil roux-vert, m’en jeter-un, de verre, derrière la cravate. Pardon ?!… Comment ?!… Non !… C’est du thé… vert, comme il se doit car, chez moi, vers à citer sert aussi à boire quand lombric the road !
Fabuleusement et amicalement vôtre !
dimanche 4 juin 2017
samedi 3 juin 2017
GEL TARDIF
Là, le corps gourd, l’âme grise
Et le cœur crêpé de noir
Un bras de branche se grise
Comme au tableau de Renoir
De givre, de froid qui brise,…
Et se fige au vent qu’il prise.
Solitaire et las, dolent,
Un bourgeon s’embourgeoise,
Son vert habit insolent
Espère que le pavoise
Un printemps qui se fait lent
À venir dans ce deuil blanc.
Mais la gelée est morsure
Ou brûlure pour le geai
Et, pour le bouton, mort sûre.
Jamais vent doux et léger
Ne bercera, chose sûre,
Ses parfums sans censure…
Et le cœur crêpé de noir
Un bras de branche se grise
Comme au tableau de Renoir
De givre, de froid qui brise,…
Et se fige au vent qu’il prise.
Solitaire et las, dolent,
Un bourgeon s’embourgeoise,
Son vert habit insolent
Espère que le pavoise
Un printemps qui se fait lent
À venir dans ce deuil blanc.
Mais la gelée est morsure
Ou brûlure pour le geai
Et, pour le bouton, mort sûre.
Jamais vent doux et léger
Ne bercera, chose sûre,
Ses parfums sans censure…
vendredi 2 juin 2017
jeudi 1 juin 2017
LE MELON & LA PASTÈQUE
Petite fable affable
« Nous sommes proches parents, voisin,
Cousinons céans ! dit la Pastèque
Au melon qui, lors, lui fait bousin.
- Nous sommes bien cousins, l’Aztèque
Mais voisinons loin ! Répondit-il.
Je n’aime guère tous ces obèses
Qui font par trop d’ombre à mon pistil.
Cela me met l’humeur en malaise…
- Oh, avouez que vous jalousez
Le vert de ma robe et ce bon poids,
Oui da, que l’on n’atteint sans blouser.
- Fi donc, vous n’êtes qu’eau et poix
De sucre quand je suis tout délice
Et saveur. N’ayant rien en commun
Foin de jaserie et de malice.
Si fait ?… Coupons-là, gros importun ! »
Bien des Hommes sont comme ces courges
Qui voient un être fort différent
Dans leur semblable et, plus sot que bourge,
Poussent leurs rencontres au différend.
Cousinons céans ! dit la Pastèque
Au melon qui, lors, lui fait bousin.
- Nous sommes bien cousins, l’Aztèque
Mais voisinons loin ! Répondit-il.
Je n’aime guère tous ces obèses
Qui font par trop d’ombre à mon pistil.
Cela me met l’humeur en malaise…
- Oh, avouez que vous jalousez
Le vert de ma robe et ce bon poids,
Oui da, que l’on n’atteint sans blouser.
- Fi donc, vous n’êtes qu’eau et poix
De sucre quand je suis tout délice
Et saveur. N’ayant rien en commun
Foin de jaserie et de malice.
Si fait ?… Coupons-là, gros importun ! »
Bien des Hommes sont comme ces courges
Qui voient un être fort différent
Dans leur semblable et, plus sot que bourge,
Poussent leurs rencontres au différend.
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