Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 29 avril 2022

HAÏKU’IN DE RUE

Faire le trottoir évite de choir parfois dans le caniveau…

LA MONTRE DU GRAND-PÈRE

Petite fable affable

Un père, sur son lit de mort, dit à son fils :
« Vois-tu, notre couronne et notre fleur de lis,
À nous tous, Plèbe de la glèbe, est le travail…
Et nos qualités qui ne sont pas choses à bail.
Pour payer mes obsèques vends donc cette montre,
Elle était au grand-père… il n’aurait pas été contre ! »

Le brave fils s’adresse à quelque usurier
Qui, las, lui n’en aurait donné que cinq deniers, 
Mais un horloger lui propose en sonnantes
Monnaies dix sols non rognés, quand une éminente
Collectionneuse voit l’objet. Elle, aussitôt,
Offre trois livres d’argent et pas sous l’manteau…
Le jeune homme le vend à cette bonne dame
Qui le met en cabinet sans plus d’état d’âme.

Lors, il retourne à son père. Avant d’expirer,
Il dit : « Ah, je ne pouvais mieux désirer :
Ainsi, tu sais, où que tu sois, quoi que tu fasses
Que le travail seul ne sort pas le petit de sa crasse :
Si tu veux qu’on reconnaisse ta vraie valeur
Adresse-toi donc au bon interlocuteur ! »

mercredi 27 avril 2022

HAÏKU DE BOULES… VERS CE MANS

Pour certain(e)s changer de vie se limite à changer d’envies !

QUAND UN IMBÉCILE DÉSILLE

Petite fable affable

Un gros ours, aimant vaux et vallons, hantait
En pattu pataud, notre bon coin de terre.
Pas assez d’esprit pour bien parler,
Ni assez de jugement, las, pour se taire,
Il était un de ces êtres uniques comme on
En rencontre des milliers par nos monts.
Mais c’était un être selon mon cœur : prospère 
- Youp, la boum ! - et heureux, vivant en pépère,
Ayant de quoi dévorer voracement
Selon sa seule envie… donc à tout moment.

Il croise, un soir noir, une martre intelligente
Dont la flatterie n’est pas, las, le fort.
Ayant lu l’Homme de façon diligente,
Elle le citait fort comme un sage renfort :
Changeant de patron selon la circonstance,
De référence suivant l’occurence,
Elle n’était, dans ses conversations,
Que formules toutes faites, citations,…
Courtaud et pas courtois cet animal aime
À dégoiser sur tous, à créer problème.

Le placide plantigrade interpellé
D’un « Voilà ce que produit la sottise
Quand Madame Nature se laisse aller :
Un gros goinfre lourdaud tout en balourdise ! »
Ne répondit mie ni miette au bandit.

L’autre s’enhardit : « Voyez, quand la paresse
En ce monde vous gouverne : la faiblesse
Vous fait baderne et objet de moqueries ;
Et même un nain d’un géant ainsi se rit ! »

L’adipeux, tout dédain, sort de sa réserve :
« Bah, sornettes !… Même si elle t’énerve,
Se battre avec de la bouse, même un peu,
C’est risquer l’éclaboussure, Guenilleux ! »

mardi 26 avril 2022

lundi 25 avril 2022

HAÏKU APPROXIMATIF

Aujourd’hui vaut bien mieux que deux mains… ou cuillère.

CHAT EN POCHE ?

Petite fable affable

Un jour, Jupiter faillit perdre son Olympe
Car une harpie, tout en fiel, sous sa guimpe,
Voulut l’en chasser pour, d’autor, y installer
Sa tyrannie à elle depuis ces hauteurs
Et son château. Elle est prête. Il faut y aller :
Quand l’envie de l’envol est bien là, point de peurs ! 

Lors, toute en chatteries mais prête à la châtaigne
Pour châtier ou, pourquoi pas, châtrer cette teigne
Qu’est un Dieu devenu imbuvable aux siens,
À l’affût d’un effet, elle chatoie. Elle grimpe
Et tutoie, habileté de circassien,
Les sommets de ce tant convoité Mont Olympe.
Minaudant, elle se rapproche et donc Jupin
En devient chatouilleux : Quoi perdre son trône ?
Voir son règne chavirer ? Le coup du lapin
Ce serait alors. Que, Dame, elle le ronronne,
Ce ne sont là que fruits de sa froidure à lui,
De son dédain et de sa morgue le produit.

Finalement, les croyants, entre eux deux, tranchèrent
Conservant leur ancienne foi pour une ère.
D’aucuns disent, désabusés plus que narquois,
Pour expliquer au monde aujourd’hui le pourquoi
De ce retournement presque extraordinaire :
« Elle n’est que haine qui ôte à tout son prix
Alors que lui n’en n’est encore qu’au mépris ! »

dimanche 24 avril 2022

samedi 23 avril 2022

FORT HAÏKU PAS BLEU

Un talent qu’on néglige est comme une qualité dont on n’use…

LE GALANT & LA COQUETTE

Petite fable affable

Un ridicule de cour, des plus grotesques
Au demeurant, croise par les grands jardins
Du palais une vraie volage toute en dédain
Et pour le rang et pour le sang de ce presque
Marquis, le seul à qui, elle qui tant a
La passion du plaisir, vile inconstante,
S’est refusée, un jour. Il en fut à quia
Mais, là, mu par quelque perfidie combattante
Née d’une jalousie mesquine, il tient 
Sa revanche vengeresse : cette légère
Badine avec un quelconque chrétien !

Le chafouin, malengroin, lui déblatère :
« Il vous est des serments qui coûtent moins
À violer qu’à faire avec vos besoins !

- Mais ici, chacun me connait ; qu’ai je à craindre ?
Qu’aurai-je donc, moi, à cacher ou à feindre ?
Si nous n’avions point tares ou défauts
Nous n’aurions, hélas, pas la joie immense
De passer au fil tranchant de notre faux
Ceux, moins grands et moins gros, des autres, je pense ! »

jeudi 21 avril 2022

SOUS L’HAÏKU’ETTE ?

Je vis au singulier des rêves faits au pluriel.

L’ASILE ACCUEILLANT

Petite fable affable

Un renard et un loup, compères affairés,
Tenaient en leurs vils crocs la campagne, atterraient
Les poulaillers. Ni basses cours ni clos de ferme
Qu’ils ne terrorisaient… et razziaient, à terme.
Un marchand de poulets accueillait volontiers,
Sans compter la paille ou le grain, en toute amitié,
Les rescapés de leurs pillages, les victimes 
De leurs carnages par conviction intime.
Quand on a bon cœur, qu’importe l’âge ou la plume,
Il accueillit canard, pintade, dindons ou bien paons,…
Ne faisant que dans la galline, de coutume,
Mais aucun malheureux n’allait à ses dépens !

Ayant consciencieusement la volaille
Détruit et, pis, anéanti toute poulaille,
Hors celle gardée par les mâtins du volailler,
Nos larrons s’en prirent aux garennes et clapiers,
Aux lapins jusque là épargnés. Cette faune
Se pressa chez le fermier bienveillant, béjaunes
Traumatisés, vieux rescapés, de tout privés.
Les laissant hors, au péril de leur vie, rivé
Sur ces principes : « Moi, je fais dans la plume ! »
L’homme les envoya donc ainsi à la mort
Et aux envies des fripons, sans regret posthume
Et, las, même sans l’ombre du moindre remords.

« On ne peut accueillir toute la misère du monde »
Se disait ce sot jusqu’à donc s’en rendre immonde,
Oubliant que les lapins n’ont qu’un temps, s’entend,
Et que molosses peuvent perdre leurs dents…

mardi 19 avril 2022

HAÏKU, RAGE FUYONS !

L’amour-propre donne sale caractère !

RÉVÉLATION

Petite fable affable

Née coiffée, régulièrement peignée,
Cette girafe-là aimait à régner
Sur toute une cour de dames à fort long cou
Qui pourtant, dit-on, ne l’aimaient pas beaucoup.
Répétant en paradant en son troupeau
Que, très souvent, sous un petit buisson, 
Un gros phacochère gîte, obscur propos
S’il en est, elle allait générant frissons.

Cette tête frivole au goût volage avait
Appris quelque chose et se mordait les joues
De ne pouvoir, las, partager ce bijou.

Elle qui n’était que migraines et vapeurs,
Voire insomnies ou douleurs, faisant toujours
Montagne de taupinière, n’a pas peur
De prou déblatérer, arguant tout le jour,
Que des non-dits viennent tous les on-dits
Qui démasquent secrets les mieux ourdis.

Elle avait glané, au matin, au marigot
Que chez les gnous, il paraîtrait qu'il semblait…
Et, foi de nombre de commensaux du cours d’eau,
Il fallait taire le mystère d’emblée.
Partout hélas, petite cachotterie 
Fait naître aussitôt de grandes causeries;

Ne sachant qui croire ni que résoudre, chacun
Y allait fort de son extrapolation.
La girafe disait savoir d’un faquin,
Drôle de zèbre ayant claudication,
Ministre du roi de ces vains bovidés
Ayant une cervelle que corvidé,
De ces choses que seule une intime sait.
« Je tais son nom, faisait notre infatuée,
Mais ses confidences je peux vous répéter
Mânes de la savane peuvent me tuer
Si je ne dis pas la stricte vérité ! »

Alors que la Sybille allait dévoiler
Ce qu’on dissimulait tant, et ses tréfonds,
Sachant les arcanes que l’on cabalait
Retentit un “Pan !” effrayant girafons.
« Qu’est-ce donc ? Fit la parleuse malengroin.

- Le jugement des âmes qui te sont témoins !

- Douterais-tu de mes informations ?…
J’ai dit de qui le tenir, rayé boîteux !

- Je suis celui-là et ne te connais point !
Fit-il et lui montra, en moins de deux,
Son dédain et son cul, disant en appoint :
Plus que ses craques c’est, las, la vanité 
Qui perd, tôt ou tard, le menteur patenté… »

dimanche 17 avril 2022

HAÏKU’N SCIENCE

La science des cœurs : l’Amour est une affaire de chimie mais l’attirance une question de physique… Alors est-ce si étonnant que, dans le domaine sentimental, les échecs soient souvent aussi maths ?!


ORIENTALES FÂCHERIES

Petite fable affable

Au Pays du Soleil levant, grues cousinaient.
Et comme chez l’Homme, dès que ces paires d’ailes
Vont par deux, voire plus… l’un veut l’autre dominer ,
Être chef sachant cheffer, réclamant le zèle
Et la soumission sans discussion.
Celle qui s’en croyait et que l’on ne détrompait
Pas sur ce point voulut l’expatriation
Des siennes vers des horizons plus huppés :
En premier lieu, le Pays du matin calme 
Puis le Céleste empire - qui vaut la palme ! -
Celui qui est sis au milieu du monde,
Ils se nichent tous deux, là-bas, par-delà l’onde.

Pour la première fois de sa courte vie,
L’une dit « Non ! » à l’auguste supérieure.
Que fit la fate au caquet qui, quoiqu’asservie
Lui mit, là, son paquet d’un mot ? À cette heure
Rien. Elle la relégua. Un point c’est tout.
Mais l’autre annonça son désir de tout quitter,
De partir pour vivre sa vie de son côté,
Seule s’il le faut sans avoir à s’acquitter
D’obéir à une tyrannie. Culottée !
« Je suis un être entier, et c’est la mon moindre
Défaut et l’avais quand à vous je vins m’adjoindre : 
Quand je donne, je donne tout, fort généreuse ;
Quand je reprends, je reprends tout, c’est chose heureuse !

- Une lâche se cherche une excuse, toujours,
Quand au pied du mur on l’ose mettre un jour.
Tu as peur, notre grand voyage te panique
Frissonnant de frousse malgré l’esprit clanique…

- Il y a une différence entre “abandonner”
Et savoir, harassé, que l’on a “trop donné”  ! »

vendredi 15 avril 2022

HAÏKU MUSCLÉ

Depuis qu’on m’a dit que les efforts étaient payants je limite les miens : j'ai peur de n'en avoir pas les moyens  !

DE SERMENTS EN SERMONS

Petite fable affable

Deux écureuils, Albert, Le Brun, et Gaston, Le Roux,
Se disputaient avec courage et courroux,
De belles phrases en bons mots, quelque gros frêne
- À moins que ce ne fut un hêtre… ou un chêne ! -
Que chacun entendait prendre et gouverner
Pour un épais faisceau à venir d’années.

Voulant être choisi pour l’un, à réélire
Pour l’autre, c’est à chaque jour moults grands dires,
Maints propos malveillants, on-dit et rumeurs
Chez l’autre comme chez l’un : c’est la grandeur
Des démocraties des Bois que l’assurance
Que tous ces vains et vils concours d’éloquence.

Il ne leur coûtait rien de payer de mots
Ceux qui, nourris de peurs, accablés de maux,
Allaient trancher, pour que vive mieux ce chêne
- Qui tenait du hêtre… ou peut-être du frêne…
Qu’importe, là n’est guère notre propos ! -
Entre cent vérités et piques assénées
Et foi engagée avec verve effrénée.

« Jà, tu as régné, reniant tes promesses ;
J’ai le parler vrai ! faisait le prétendant.

- Mais la pensée fausse ! répliquait sans cesse
Le sortant, avec cette feinte sincérité
Dans ses accents qui vous font plébisciter.

- Ton méprisant et verbe affecté ! rajoute,
À bout d’arguments, contradicteur en joute.
Tu palabrais sans faire quand tu régnais…
Sans bagou, elle fait bien plus l’araignée !

- Comment “sans faire“ ?!… Tout était à refaire
Au hêtre,… - chêne… ou frêne - la belle affaire ! -
Et l’ai fait ? 

- Quitte à tout défaire et refaire !

- De maximes et sentences, tu t’enferres :
Au début était le verbe, l’action
A suivi !

- Avec discours et réflexions
Laissez-moi, Amis, parfaire mon œuvre :
On ne change pas pilote à la manoeuvre.
De vous en satisfaire vous aurez lieu.

- Ce serait forfaire car il est, Tudieu,
Urgent besoin aux bêtes d’avoir un homme
- J’ose le mot - qui ne les prenne pour pommes,
Oubliant demain ce qu’il a dit hier
Et qu’il leur doit tout, un élu pas fier
Qui sache ses devoirs, ses limites, son rôle,… ;
Bête non de parlotte mais de parole 
Qui sache, d’abord et surtout, les servir
Sans se servir ni, surtout, les asservir ! »

Par une révolution, ces jacteurs
Du chêne - ce n’était ni hêtre ni frêne,
Je sais maintenant ! - arbre de bonne graine,
Furent renvoyés, tels de mauvais acteurs,
Au cri de : « De la politique on se lasse
Quand les Politiques, hélas, la plèbe harassent ! »

mercredi 13 avril 2022

HAÏKU DANS LES DENTS

Il en est de l’esprit comme d’une épouse : certains en ont, les autres croient en avoir.

LE PLUS CAFARD D’EUX

Petite fable affable

« Le passé n’y fait rien, l’avenir n’y suffit ; 
C’est le présent qui soulage » disait Antoine*
À qui voulait bien lire la folle avoine
De ses fables qui me sont comme un vrai défi.

« Hélas ! Mille projets ne valent pas une œuvre !
La mienne n’est que ma vie où la pieuvre
De l’échec et celle de l’erreur ont foutu
En l’air tant de choses et m’ont fait simple fétu ;
Je recommencerais si c’était à refaire,
En gommant mes faux pas, en évitant de faire
Tout ce qui m’a fait trébucher ou, pis, chuter ! »
Disait un vain cafard à une vile punaise
Alors qu’il doutait, au creux d’assise de chaise
Paillée d’avoir encore longtemps à lutter
Pour vivre, sain, serein, ses dernières heures.
L’autre n’aime guère que tant sur soi l’on pleure.
« La vie, vil sottard, est vis et colimaçon
Qui, las, nous fera monter de toute façon
Vers un meilleurs ailleurs auprès du Patriarche
Qui nous fit comme nous sommes et nous donna
Le destin que furent, nos jours, toutes ces arches
Fleuries, ces sombres tunnels loin du Nirvana,
Pour lesquels on ne peut avoir qu'une démarche :
Toujours l’escalier se balaie par le haut
Mais se construit par le bas, et pas presto ;
Alors qu’il se monte, toujours, marche après marche ! »

* Antoine Houdar de La Motte (1672-1731) 

mardi 12 avril 2022

lundi 11 avril 2022

HAÏKU'TEUX

Une amitié naît d’une estime non d’une estimation…

LE FEU FOU

Petite fable affable d’après L’homme & le renard d’Ésope

« Comment ne pas accumuler de la rancune
Contre un renard qui vous vole, hélas, nuitamment,
Un poulet, qui ci, qui là, quand luit la lune.
Il faut donc laver cet affront conséquemment ! »
Ainsi raisonne un gros rustre alors qu’il s’empare
D’un roué gallinophage de ses voisins.

Pour châtier le larron, il lui fait pourboire
De lui attacher, comme un vil Sarrazin,
De l’étoupe à la queue et d’y mettre feu et flamme.
Notre irascible vilain est, hélas, cruel !
La pauvre bête se dégage et fuit, Dame,
À travers les champs de notre intellectuel,
Lourds d’épis muris, prêts pour la faux et la faucille.
Voilà une moisson future qui, en fumée,
S’en va au passage de ce goupil qui vacille
Et hurle autant que celui qui l’a allumé.

Périt de verte faim, voulant faire expier,
Un glaiseux qui ne savait mie, ce vain bipède,
Qu’il est, sûr, maux moins terribles que leur remède
Et vengeances qui sont balles dans le pied.

dimanche 10 avril 2022

samedi 9 avril 2022

HAÏKU RIEUSE

Une fille exige du « Madame » dès que lui échoient quelques appâts, bien sûr de choix, mais voudrait encore du « Mademoiselle » à l'heure où ils choient !

LE BOUFFI & LE BOUFFON

Petite fable affable

Dur avec autrui, indulgent 
À lui-même, désobligeant
Donc, un orang-outang ignorant,
Par l’étude vivait dévorant
Tous les penseurs d’antan pour trouver
Réponses sans avoir à se poser
Nulle question. Démarche osée !

Las, il voisinait, sans l’approuver,
Avec quelque gibbon agité
Qui l’horripilait : « Vacuité
Que ta vie où résonne sans fin
Ton rire à tout propos, simien
Grimaceur qui te dit des miens !…
Ce n’est, sans doute, pas de demain
Qu’ tu cesseras de  faire l’humain,
Te moquant de tout et rigolant
Du reste ?!… Le malheur, Indolent,
Est notre lot dans cette vallée
De peurs et de pleurs ravalés.
Garde le masque de gravité
Qui me sied sans tant chichiter ! »

L’autre crachait à ce vain grimaud
Tous les mots, mêmes vains, même gros,
Qui tant lui gonflaient les joues :
« Oh que non, Rabat-joie à bajoues !
Malgré le respect que je ne te dois
Pas, sache que sur le bout des doigts
Je sais paroles à te détromper
Venant d’un sage, un de ces papets
Que tu lis quand je fais charivari,
En fagotin, affaireux foireux :
Il faut rire avant que d’être heureux
De peur de mourir sans avoir ri* !” »

 * Jean de La Bruyère, Les Caractères, II, 63.

vendredi 8 avril 2022

HAÏKU DE LA VIE

La beauté est don de la Nature, l’esprit fruit de la Culture mais l’une souvent part vite… et l’autre parfois vient tard !

jeudi 7 avril 2022

PAS HAÏKU’RMER SIAL ?!

Que me vaut le commerce des Hommes ?…
Une balade au magasin des vices et une promenade à la boutique de vanités !

LÉOPARD MÂLE

Petite fable affable

En partance pour quelque errance, un léopard,
Par monts poudroyants et par vaux verdoyants part
Vers des jungles qu’on dit fort riches en femelles,
Des légères et des volages. Pêle-mêle…

Il disait que feindre l’amour ou le cacher
Ne saurait trop durer à qui s’amourachait
De lui… ou l’ignorait, lui offrant gamelle
Ou râteau. Il en est qui ont l’humeur chamelle !
Ce traqueur de jupons, trappeur de cotillons,
Ajoutait à qui voulait user du goupillon
Comme lui : « Il faut s’aimer avant toute chose
Pour pouvoir goûter épine ou parfum de roses ! »

Un soir, honteuse d’avoir chéri celui
Qu’elle n’adulait plus, sous l'astre qui luit,
Une de ses conquêtes pour une coquette
Délaissée, lui tient, aimant la caquette,
À peu près ce langage : « Mais toi, bouche usée
De baisers, main lassée de caresser, rusé
Dévergondé bien trop, hélas, tu t’admires
Pour t’abandonner au sentiment qui est le mire
De qui a coeur sachant à l’autre s’animer…

- Aimer n’est rien, il n’importe qu’être aimé ! »

mardi 5 avril 2022

PLUIE D’HAÏKUS

La sincérité est la seule vertu qui se présente à nous sans qu’on ait besoin de l’annoncer.

LE PRINCE SANS RIRE

Petite fable affable

“Prince de rien, venu de nulle part”
Ainsi las surnommait-on Messer Renard,
Un joli cœur qui servait le Roi loup, noble
Tyran de ces bois qui longent vos vignobles.

Ce vizir roux était, dit-on, sans humour,
Et ses traits, redoutables allers-retours,
Giflaient comme la plus terrible des claques,
Cinglaient comme des soufflets démoniaques.
Ignorant le second degré, il fallait,
Devant lui, mesurer quand on parlait
Le moindre mot sinon, comme à Gravelotte,
Il pleuvait… à s’en faire dans la culotte !

Tombé dans l’ornière, un de ses rivaux
Voulut revenir dans ses bonnes grâces,
Envoyant au roué un de ses féaux
Qui plaida sa cause  par sa noble race,
Son génie et les services, jadis, rendus
Au bon roi sachant qu’honneur et confiance
Perdus, sont comme pucelage ou enfance,
Disparus à jamais. « Pour sûr, l’avenir
Estompe toujours le mauvais souvenir !  »

Si Roi Loup, nous dit-on, fut un triste Sire,
N’est pas plus gai le renardier Messire :
« Qui t’envoie là ne manque pas de toupet
Et de vertus illusoires… Cet épais
Veut devenir un pou sous la conduite
D’un patron, d’un protecteur le parasite,
Qu’il aille au diable !… Car moi qui n’oublie
Ni ne pardonne, c’est ce qui m’anoblit,
Je sais que seuls nos amis ont du mérite
Et du talent ; quant à nos vils ennemis,
Ils ne seront à jamais, et pas à demi,
Qu’imposture et fallace, Sybarite ! »

lundi 4 avril 2022

HAÏKU PSY’

Les psy’ regardent les hommes à travers des grilles de lecture qui leur sont autant d’œillères pour voir le monde.

dimanche 3 avril 2022

SALE HAÏKU

Nous appréhendons bien plus l’opinion d’autrui qu’il ne se préoccupe de la nôtre.


VOLONTAIRE AVEU

Petite fable affable

« Rude école, Mon Aimée, que la forêt,
Toute en trappes et traits, en pièges et rêts…
Le mariage, crois-moi, est bien pire ! »
Disait à une hase sous son empire
Un coureur de guerêts, jouant les galants.

« Qu’est-ce à dire, serais-tu malévolent
À mon endroit ?!… Ne serais-je que passade
Ou caprice pour toi ?… Quelque tocade ? »

Mais qui tant traqua larrones et larcins
Pour fugaces amours et maigres butins,
Veut rassurer celle qui, matin de brume
Lui tapa dans l’œil, qu’en douce, il se rinçait
À la reluquer longtemps, au risque d’un rhume
De rosée, embusqué dans une houssaie.
Lui qui s’en battait l’œil des serments, plus volage
Qu’un oiseau, ce vil voleur de pucelage
Se renia et promit des “Pour toujours !”
À la belle, plus qu’il n’y a d’heures en jour.

« Oh non, Ma Beauté, ce que je veux te dire
C’est que tu as aimé en moi, sans te dédire,
C’était le meilleur de mes vertes années
Mais apprécieras-tu, lorsqu’elles seront fanées,
Mes défauts et mes erreurs… ou mes faiblesses :
Même au granit, le temps ôte sa noblesse ! »

samedi 2 avril 2022

vendredi 1 avril 2022

HAÏKU EN SOCIÉTÉ

Pour certaines femmes, il n’est plus question de « charge mentale » mais de « charge MONUmentale » !


LE VAGABOND

Petite fable affable

« On n’est jamais autant heureux qu’on croit
Ni, las, aussi malheureux qu’on le pense… »
Ainsi raisonnait au temps de nos rois
Un penseur* en charentaises qu’on encense.

Un gros chien s’était mis au hasard
Des rues. Il pleurait en vile vêture,
Tout ce qu’il avait perdu ce gueusard
À vivre sa vie de vaine aventure.
Lui, donc, que pauvreté avilit
Savait, jadis, pâtée, caresses et lit
Et n’a plus, hélas que faim, solitude,
Force coups,… pour nouvelles habitudes.

Il blâme les Cieux qui, à son sort,
L’ont abandonné comme un vil minable
Et, pire, loue toute heure le diable
Qui, pour lui éviter male mort,
Lui laisse tirer sa queue, aimable.
Le destin n’étant pas d’humeur ployable
Ses jours sont regrets, ses nuits remords ;
Il va plus maigrelet qu’un hareng saur.

Il croise l’obèse chat de l’abbesse
Qui, comme elle, au petit matin, confesse.
Mais pour viatique il a donné
À notre errant que nécessité presse :
Hier tu avais tout, être bien né,
Et t'as tout fuit par caprice sans cesse ;
« À qui possède la fortune innée
Est aisé de mépriser la richesse ! »

* François de La Rochefoucauld, Maximes (I, 49)