Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 30 novembre 2018

HAÏKU TIERS

Je ne fais guère dans la littérature introspective : ça vous dit vous de voir un homme de plume à poil ?

jeudi 29 novembre 2018

HAÏKU’ BAS

On dit avoir « une veine de cocu » comme si la fidélité était malchance… alors qu’il me semble, que ce n’est guère baraka que d’être encorné et plutôt bonne fortune de ne point l’être !

LE BLAIREAU AU RAS DES MOTS

Petite fable affable à Olivier, amicalement

Au beau bois de bon aloi où il vaquait fort
Et divaguait, un blaireau tant épais, je pense,
Par le corps que par l’esprit, non sans maints efforts,
Poétisait comme tant d’autres mangent : à panse 
Rebondie ! On aurait pu laisser mourir ce fat
Dans son obscurité mais, hélas, et sans doute
Faute d’humilité, il souhaitait à l’alpha
Et l’omega des gens de plume, pauvre croûte,
Se frotter. Tant pis pour ridicule ou déroute !

Lui, qui n’était que mauvais poil fort rebroussé,
Il voulait leur faire prou partager de ses lignes
Inégales. Pour rimer des mots émoussés,
Il peinait pourtant à faire des vers qui soient dignes,
Les trouvant trop pauvres d’encre et d’illusions.
Mais il fallait assumer sa décision :
Vouloir sortir de son sous-bois et de ses ombres,
N’étant alors lu de personne et, pis, connu
D’encore moins de gens, vivant sous des décombres
D’espoirs qui mettent et le coeur et l’âme à nu,
Arrivés à rien, en rien parvenus.

À peine posa-t-il sa patte hors des taillis
Que s’offrirent à lui trouées et clairières
Car ce bon pataud-là fut des mieux accueillis
Par habitués et chalands : en ces tourbières
On est bienveillant et hospitalier,
C’est la fraternité des fous halliers.
Notre blaireau se sentit comme coq en pâte
Au milieu de ces grands en disant sa pensée
Et en rendant hommage parfois, avec hâte,
À qui, fort de l’haleine des muses, berçait
Ces ramées, enchantait ces feuillées délacées,…

Un beau matin qu’il voulait honorer le cerf,
Roi en ces fourrés et bosquets, le volubile,
Serf moins qu’habile, se vautre hélas. Contre-perf’ !
Oncques ne fit jamais pareille chose. Débile,
Le sot avait heurté et retourné un mot,
Achoppant au pied d’une haute colonne 
De son dictionnaire et créant quelques maux
À celui qu’il voulait encenser. Ah, félonne
Assurance qui fait de la corbelle aiglonne !

Pour un mot en « T » mal approprié,
Enté là, ce furent fort justes remontrances,
Explication de texte, excuses priées,…
Le blaireau s’en souviendra et c’est souffrance
Que ce mot en « T » qui, dès lors, l’a fort hanté
Car si épais soit-il, de bon cœur il ne manque.
Ni père siffleur ni persifleur, ce tortu
S’en tient à la maxime du saltimbanque :
« Aussi savant te crois-tu, ne sois pas tant obtus,
Ouvre sans fin ton dico’ à toi et à tu ! »

mercredi 28 novembre 2018

mardi 27 novembre 2018

HAÏKU JEU

L'été prochain pourra-t-on aller hâler en paix ?

SENTIER FORESTIER

Cycle pyrénéen

Ce chemin est comme une cicatrice
À travers la futaie masquant les nues.
Ouverte par l’Homme, incertaine,

Serpentine, sutures par centaines,
Cette plaie-là sinue et s’insinue
Dans une forêt sombre et protectrice.

Ici, des ronces agrippent nos mollets ;
Là, une branche griffe ou des orties giflent.
Mais la voie sous voûte va, obstinée,
Pour mener chacun à sa destinée
Et tracer nos routes, quoiqu’on persifle.
Nous peinons peu, la boue aux pas collée.

Nous ne souffrons pas malgré cette glaise.
Cette plaie ouverte longe un ruisseau
Léchant les pieds cahoteux de roches
Escarpées, entassées et toujours proches.
Ses murmures, enchevêtrés, en sursaut,
Montent jusqu’au haut faîtes des mélèzes.

Est-ce haleine d’une âme trépassée ?
Ce chuchotement chuintant s’échappe
Jusqu’aux verts filets de la canopée
Où la lumière aime à galoper
Car de cette feuillée des lames s'échappent,
Rais tranchants, tombant en orbes lassées.

Nous suivions cette voie à l’aveugle,
Au-delà de ses trouées, vers l’orée
De ces rinceaux où le Temps n’est à courre
Ou, enfin, corps et esprit se secourent,
Au dehors de ces ombres où souffle Borée
Qui effiloche herbes folles et qui meugle.

lundi 26 novembre 2018

ANN’HAÏKU’N DA

Dans un monde où l’obsolescence de toute chose est programmée pourquoi voudriez-vous qu’il n’y ait point d’amours éphémères ?

dimanche 25 novembre 2018

BARRAQUE HAÏKU, DA !

De nos jours, les choses s’éventent aussi vite inventées !

LA HUPPE EN DÉRUPE

Petite fable affable

Habituée à ensemencer la nuit de mots
Ma plume se coule aux ténèbres de mes pensers
Pour y débusquer fourrés d’or et buissons des maux,
Ou des bosquets lamellés de lumière assez.
Ce soir sur un arbrisseau s’est posée une Huppe 
Qui de mes vers sera donc, malgré elle, la dupe.

Notre emplumée, en être d’habitudes, marchait
Chaque jour, jamais lassée, dans les pas de la veille,
N’espérant pas en cette vie de monts ni de merveilles.
La mine allante et l’oeil allègre, jouant de l’archet
En ses sifflets comme du poinçon sur les troncs
Elle voyait toute bête comme pis qu’étron.

Hélas pour elle, un homme vint à s’encabaner
En sa clairière, homme valant moins qu’animal.
Ne pouvant lui causer du tort, lui voulant du mal
Toutefois, avec un loup gris des plus boucanés
Par les ans elle voulut s’acoquiner : la chasse
À l’Homme le dispensant, un temps, d’autres pourchasses !

Notre Huppe en causa fort à ses frères de sang
Qui la mirent en garde : « Qui tient le Frère
Loup par l’oreille est en grand péril de dents fières !…
Fol qui s’y fie surtout s’il se fait fort caressant. »
Mais l’oiselle répliquait que les humains ont couteaux
Causant mort sûre, pires que crocs de fauve… et plus tôt.

Toute en toupet, l’encolérée se mit au péril
À barguigner avec la malebête oubliant
 Qu’un oiseau est glouti s’il va fuyant
Le danger, mais qu’il serait encor’ plus puéril
Qu’il se jetât, tout de gob, et de soi, dans la gueule 
D’un Grand Méchant ne comptant que sur ses ailes seules…

vendredi 23 novembre 2018

HAÏKU DA

Pauvres de nous : nous venons d’avoir une riche idée !

CHEMINEAU SOUS L’ORAGE

En branle de par le monde, j’ai pour demeure
Les routes et les forêts comme foyer pour l’heure.
À fouler les vieilles feuilles je marche sans effort,
À fouiller les fougères, je vis sans confort
Si nues grosses de nuages accouchent d’orage
Qui, sans ambages, tout haut me rugit sa rage.
Les éclairs veinent les cieux noirs assombris, 
Les zèbrent à grand bruit, tombant tout en débris.

Les nuées ont craqué. Entre ciel et terre,
Des cordes d’eau se sont tendues et me font taire.
Sur cette grille liquide, contre la nuit,
Glisse au sol un froid pénétrant. Cette pluie
Frappe les feuilles verdies et des branches dévale… 
Elle est tombée comme herse médiévale.

Sinistres hurlements des rafales de vent,
Cessez de faire craquer ce fragile auvent !
L’obscurité m’éructe toute sa colère,
Gronde comme un fauve acculé. Mon cœur accélère
Sa cadence. Mon corps meurtri est fouetté
Par ces trombes et par les souffles rejeté.
Mon regard fourrage la pénombre, ravin
Où Dieu crache eau noyant l’abîme sylvain.

Sous l’averse, je reste debout et, aguerri,
Souris à l’intempérance des intempéries
Jusqu’à ce que mes pieds se dérobent, chaloupent :
La terre n’en peut mais. Trempée comme une soupe ,
Elle dégorge son eau, vomie en rus violents,
Ruisselle de boue, me laissant flageolant.

jeudi 22 novembre 2018

mercredi 21 novembre 2018

HAÏKU L’EAU

Même les bonnes pâtes ont leurs mauvais jours !

LA JEUNESSE & LA VIEILLESSE

Petite fable affable d’après Jeunesse se passe de L. de Koninck

Goûtant fort à la chicane et à l’embrouille,
La Jeunesse, belle, impétueuse à l’excès,
Défiait la Vieillesse qui rouille
Ce qu’elle touche ou approche avec succès. 

« Tu m’attrap’ras pas l’Ancêtre !… J’ai, par Pan,
La vie devant moi et cours plus vit’ que toi
Qui va las, bon an mal an, clopin-clopant !

- Du lièvre et la tortue souviens-toi ! »

Sage sentence portée par le grand âge
Mais l’autre n’écoutait mie l’aînée fanée :
Prenant son temps pour décider, la volage
Avait l’éternité avant de s’effaner 
Et sa retenue - moins pudeur que prudence -
Était de paille, ne demandait qu’à brûler
 Au feu des désirs et plaisirs les plus denses,
À nourrir le bûcher de vanités, buller,…

« Le présent est à moi : que m’importe l’avenir !

- Lis donc “la fable du Temps ” de Tardieu.

- Que m’importe, ami, qui n’est que souvenirs !
Les barbons barbus, radoteurs odieux,
Sont pardonneurs à mes erreurs, à ma faim
De vivre à la folie et de brèves amours.
Toi, qui ne cesse, hélas, d’entrevoir ta fin,
N’es que souvent tristesse et aigreur toujours. »

Là, Vieillesse ne disait mot ni miette.
 Son heure n’avait pas encore sonné. 
(Il faut que Jeunesse se passe !) et quiète
Attend que la Vie aimant fort leçons donner,
Ne fauche en vol l’aujourd’hui éphémère,
Et le maintenant qui est déjà passé ;
Ne fasse naître la question amère,
Le doute qui ronge avant de fracasser.

La Rombière étant bien moins gâteuse
Que la Jeunette, évaporée, ne croyait
Avait pour elle ce Temps à la peau râpeuse
Qui finit par tout éroder puis broyer.

Elle n’était pas pressée : la décrépitude 
Viendrait bien assez tôt pour la rider,
Cette belle insolente toute en certitudes.
Sa victoire serait là… Pourquoi brider
Celle qui ne croit que ses lunes, mazette,
 Et ne voit que ses soleils alors que chaque jour
Rapproche de l'Ancienne et de sa musette ?
Si chaque minute érode nos toujours,
Vient l’heure à laquelle on renonce au monde
Et à soi qui, seule, les vainc et t’émonde…

mardi 20 novembre 2018

lundi 19 novembre 2018

BOURG HAÏKU’GNE

Quand on aime les chats on se retrouve vite en terrain minet !

UN PROFESSEUR ?… NON, UN MAÎTRE !

À Bartolomé Bennassar, † 8 novembre 2018
Sur « Mon ami, mon maître » (S. Lama, Y. Gilbert)

Il aurait fallu que je vous dise,
Bien avant aujourd’hui,
Les mercis à pleines valises
Que la pudeur m’a interdits.
Mais, ce soir, la lune s’allume
Et, seule, elle va vous veiller.
Lors je vais prendre, enfin, la plume,
Pour cette dette-là payer.

L’humanisme ancré en votre être
Vous fit aimé je dois l'admettre :
Vous n’aviez qu’à paraître
Pour dissiper la peur, l’ennui,…
L’ennui d’études au kilomètre
Qui m’ont fait ce que je suis.

Nous vous admirions sans gêne :
Les « histoires » gonflant vos joues
Devenaient Histoire sans peine,
Lueurs accueillantes surtout…
L’enseignement était partage,
Quand vous étiez en chaire, yeux
Pleins de malice, et davantage
Quand vous souriiez, radieux…

Vous fûtes un professeur, un Maître,
Toujours bienveillant à autrui,
Même à l’étudiant sans lettres
Quand vos collègues avaient, eux, fui,
Le cours fini, prompts à paraître
Quand vous n’étiez que modestie.

Vous ne fîtes jamais une arme
D’avoir été le plus grand en tout
Et de nous tenir sous le charme
Sans notes, « passeur » avant tout…
Votre savoir avait une âme
Et votre humour lui donnait vie,
Vos façons nous façonnaient, Dame !,
On suivait vos pas à l’envi.

Vous restez un modèle et un Maître :
Que tous les mots posés ici,
Trop tard, mal, trop, fassent paraître
Que trente années n’ont rien terni !
Car c’soir, je devais me permettre
De vous dire, là, enfin, : MERCI…

dimanche 18 novembre 2018

HAÏKU DRON

Malade, on a cru bon de me mettre « en quarantaine ».
C’était gentil car il y a longtemps que je ne l’ai plus… la quarantaine !

samedi 17 novembre 2018

HAÏKU’MPTER N’EST PAS JOUER

Notre vie n’est brève que parce que nous en gaspillons la plupart des temps à en grappiller plus.

LE CHIEN BATTU

Petite fable affable
D’après Le passant et le chien battu de L.-L. Buron

Sur mon trottoir, un quidam battait son chien
Pour lui avoir chapardé, plus tôt, un bien.
Sous les coups, la bête, étique, pleurait. La presse
S’indifférait de ses jappements de détresse
Ou s’en rassasiait, voire, hélas, s’en moquait.
Alors que le maître sentait vinasse de troquet.

Pourtant, un chaland prou simple et plus débonnaire
Que ses pairs, mu par la colère, fit un tonnerre
De reproches à l’ingrat bourreau traitant si mal
Son bon compagnon, ne soit-il qu’un animal.
« Qui pourrait donc aimer la voix qui le tourmente
Même de force forcé, la main véhémente 
Du tortionnaire qui ajoute à ses cris
Vains de vils coups ? » fit ce passant en ses récris.

Notre toutou geignard voyant tancé son maître
Le croit agressé et mord qui osa se mettre
Entre eux deux, en en oubliant jusqu’aux raisons
Pour lesquelles on s’agitait sans comparaison.
Outré de l’injustice, l’intervenant quitte,
Maugréant, ce duo réconcilié de suite.

Leçon de pareille aventure, mes amis ?
Contre les pédants crottés, et pas à demi,
De l’Université je tiens - maintiens ! - qu’on baise,
Et très volontiers, l’instrument qui vous lèse
Et châtie alors que l’on n’est reconnaissant
Mie à qui, ami sincère ou simple passant,
Voudrait vous protéger un peu des conséquences
Abusives de sa folle grandiloquence.

jeudi 15 novembre 2018

HAÏKU’R BI

L’esprit c’est comme le parachute : il vaut mieux toujours l’ouvrir !

QUAND & QUAND…

Quand, hélas, je me sens victime
D’une injustice ou, pis, d’un crime,
Que parole me blesse de prime
Mon dol son millésime exprime
Me comprime l’esprit, m’opprime
Comme le feraient certains régimes.
Qu’est-ce qui donc le supprime 
Et sans guère que je m’escrime ?

La détresse se noie aux rimes,
En vers se dissout la déprime
Qui d’un neuf sourire se grime !

Quand je m’abime, en anonyme,
Dans quelque abîme, synonyme
De fin, l’âme pusillanime
Et le cœur devenu minime
Qu’est qui ma flamme ranime
Et fait qu’à nouveau je m’anime ?
Une strophe venue en dime
S’offrir à de nouvelles cimes ;
Une image ou une maxime
Qui me font reprendre ma lime
Et mes affres et mon mal décime.

Quand je me sens las, cacochyme,
Ne me croyant plus légitime
À forger des odes infimes
Sur mes pensers intimes,
Sur mes convictions ultimes,
La plume, comme un vieux mime,
Me pousse à cette pantomime
Qu’est la quête du « sublime »,
Du mot valant plus qu’un centime
Évoquant l’amour, l’air maritime,…
Je m’apaise alors et sans frime.

mercredi 14 novembre 2018

HAÏKU JÀ

Tout va toujours plus vite : notre vie est tellement trépidante que c’est aux Urgences que désormais on décède.

mardi 13 novembre 2018

HAÏKU JONC

Quand je rumine mes idées noires, je ne mâche pas mes mots pour éviter d’avaler des couleuvres qui me resteraient sur l’estomac.

TROP HONNÊTE POUR ÊTRE NET

Petite fable affable

Pas vraiment de prime saut, car tabellion,
Un loup gris fuyait la Cour du Roi Lion,
Ses bruissants brocarts et ses soies susurrantes,
Car on y avait la pensée murmurante
Et la louange flagorneuse au souverain
Qui ne les en aimait que plus, riverain
Des cimes les plus hautes de la puissance
Et de la gloire. Ah la belle jouissance !

Ce roi oubliait, comme le loup le clamait :
« Sire, en ce bas-monde, il n'y a point d’éloge 
Flatteur sans quelque liberté de blâmer* ! »
Laissant leurs courtisans en leur bauge,
Notre lupin fuyait les civilités
Au parfum d’encens sentant servilité
Et la louange mensongère, pommade
Qui aurait du appeler quelque brimade.

Ainsi ces zélés étaient-il tout contents
D’eux de laisser Sa majesté en son trône
Si contente d’elle. Ainsi passait le temps
Et complotaient les vassaux, car cette faune
Cabalait contre son suzerain, factieux
Sans vergogne unis là aux séditieux,
Tout en le caressant du plat de la langue. 
Garou avait eu raison de fuir cette gangue !

Mais notre mâle bête fut désignée
Quand on éventa l’intrigue. L’agent double
Qui inspira, sans jamais se résigner,
La conspiration, vrai fauteur de troubles
Mais panégyriste des plus convaincants
Et chef en chef de la royale police
N’aimait guère que l’on soit par trop lisse.
Le loup exécuté à peine jugé,

Perdit sa couronne le lion grugé.

Faits à la truelle tous tes compliments,
Seront un beau crépi bien plus solide
Que les murs dont ils ne sont qu’ornement :
C’est le seul hommage, hélas, qu’un sot valide !


* Merci au Figaro… pas le journal mais le barbier de Beaumarchais qui n’en est pas moins aussi celui de Séville.

lundi 12 novembre 2018

dimanche 11 novembre 2018

HAÏKU LAGUE

« Il faut battre le fer quand il est chaud »… même le fer à repasser ?

QUE RESTERA-T-IL…. ?

Que restera-t-il de nous en ce monde ?
En fait, deux ou trois photos fort  jaunies
Mémoire glacée d’un passé terni,
Images figées d’une vie qui fut ronde…

Que restera-t-il de nous en ce monde ?
Réellement ?… Peut-être un simple nom
Sur une pierre, aussi des  fleurs, Crénom !,
Peu disposées à mourir dans la seconde…

Que restera-t-il de nous en ce monde ?
Au fond, deux ou trois bons mots ressassés,
Paroles envolées venues d’un passé
Oublié car les souvenirs s’émondent…

Que restera-t-il de nous en ce monde ?
Vraiment très peu de choses : des sanglots
Sans doute, quelques rires dans le lot,
Joies éteintes et peines moribondes…

Que restera-t-il de nous en ce monde ?
En vrai, las, ce qui restera de nous
C’est ce que vous voudrez, cher Dugenou,
Car peu chaudra à mon âme vagabonde…

samedi 10 novembre 2018

vendredi 9 novembre 2018

HAÏKU RANCE

Sa porte c’est comme sa gueule : il faut savoir parfois la fermer !

PETITE BELETTE

Petite fable affable à Anne, Amicalement.

Au petit matin blafard d’un de ces jours cafards,
Le grésil grésillant aux nues grises de fard,
Petite belette voulait jà devenir grande,
Par les mots qu’elle aimait polir, limer, biseauter,…
Pour nous les offrir. Las, on condamnait ces offrandes
Chez les jeunes jugeotes et les raisons rasottées :
Elle parlait d’amour, cette belle mécréante,
Sans assez de pudeur, retenue bienséante…

En phrases sensuelles et sous-entendus coquins,
Avec tendresse et humour, mieux que les bouquins
Elle évoquait, insinuait,… titillant le mâle.
Et ses fleurs, à ses sœurs aussi, faisaient de l’effet.
C’en était trop pour les bonnes mœurs et la morale
Et assez pour les censeurs qui firent ce qu’on fait
Quand la beauté et la douceur par trop vous choquent :
Il frappèrent prou après avoir tenu colloque.

Petite belette fut bâillonnée : sa folie
La condamna à l’asile, attachée à son lit.
Le silence ne suffisait pas. Aucune page
Blanche par sa patte dévergondée ne serait 
Plus souillée. Et qu’importe, ma foi, son si jeune âge.

Il faut savoir sacrifier, plus rapide qu’un trait
Le fruit pourri qui peut contaminer, sans ambages,
Le panier de fruits sains cueillis loin des herbages !

La sentence fit qu’on lut ces damnables écrits
Qui intéressaient d’autant qu’ils causaient tant de hauts cris.
La belette eut postérité malgré les acerbes :
Son œuvre, sous pelisses et fourrures, circula
Mieux qu’avec l’assentiment du docte consulat. 
Alors ami(e), sachant que les sots scrutent ton verbe,
Vis chaque matin comme si c’était le premier
Et chaque soir comme si c’était le dernier !

jeudi 8 novembre 2018

mercredi 7 novembre 2018

HAÏKU RAIE

Ce n’est pas parce que j’ai de fausses dents que je n’ai pas une vraie faim !

AMOURS

J’aurais pu conter de célèbres amours,
Pairies de plat pays sous des ciels contraires,
Espaces sans fin ne pouvant tourner court.
D’autres en ont fait leur rêve ou leur bréviaire.
Aujourd’hui, comme elles ont causé trépas,
Ces nobles amours, las, n’intéressent pas.

J’aurais voulu écrire sur mes amours, 
Histoires de prés fleuris et d’herbes folles,
Ces graminées dansantes au son des toujours,
Sous les étoiles et parmi les lucioles,
Bercées par ce vent venant des catalpas… 
Mais mes amours, las, ne vous regardent pas. 

Et j’aurais pu aussi chanter vos amours,
 Ces alpines prairies sèches, rocailleuses,
Où bisent des souffles secs et gourds
À travers quelques pâtures broussailleuses,
De cols en vaux verts et de monts en pampas…
Mais vos amours, las, ne m’intéressent pas.

Alors, en mes vers, je parle peu d’Amour
Même si je le sais - et vis - en ce monde :
Les mots ne peuvent, en recours ou secours,
Dire ni traduire cette onde féconde
Qui fait que la Vie n’a plus trompeurs appâts
Et cet Amour,… vous ne le connaitrez pas.

lundi 5 novembre 2018

HAÏKU’T - HAÏKU’T

Bonne âme parfois, j’ai pourtant souvent mauvais esprit.

LE LADRE DE LA RIVIÈRE

Petite fable affable

Un gros brochet, hôte brutal des eaux douces,
Passait pour un cauteleux coquin. Mesquin
Il n’aimait rien tant que ficher la frousse
En jouant au barracuda, au requin :
En plus d’être pingre, cette belle fripouille,
Querelleur en diable à vous chanter pouilles
Vous faisait brouilleries pour un ver de trop,…
Dans toute embrouille, il était un maestro.

Ce faquin prompt à vous quérir des problèmes
En rien godelureau, ni coquardeau,
Était couru des donzelles à la peau blême
Car, cette auguste terreur des batardeaux,
Était garni en cliquailles et en pécunes,
Ce qui, plus que ses charmes, attirait d’aucunes.
Il était étoffé, selon ce qu’en dit raton,
Plus qu’aucun fils d’Ondine ou que de bon ton.

L’avare cachait ses deniers occultes
Et ses écus francs, certes on ne savait où,
Mais il les serrait, et se faisant un culte
Du silence sur ce point. On cherchait partout
Le trésor de qui déprisait la richesse

Et les riches en ses bulles - carpes duchesses
Ou bourgeois poissons-chats, même moustachus -
Mais avait, selon tous, nageoires crochues…

Car tout ce qu’il pouvait à ses voisins, prendre 
En fait, importait plus que ce qu’il avait :
Pour son avancement, il aurait fait rendre
Gorge aux enfants qu’il n’avait pas eu et bravé
Ou navré ses parents qui n’étaient pas chiches
N’ayant jamais été, comme lui, tant riches.
Or il pleurait misère ce fesse-mathieu,
Volait veuve éplorée, orphelin amitieux,…

Pis, il supportait mie qu’on lui fasse des contes
Sur son bien. Un gardon en fit chansons,
Étant de ceux qui ont peu et beaucoup comptent.
Ces ligne furent pires qu’un hameçon :
Maître Dentu en fit repue : l’anarchiste
Prétendait échanger leurs pécules et listes.
Pour ce que nous possédons, on a mépris ;
Quelqu’un l’admire-t-il, on en voit le prix !