Petite fable affable d’après Jeunesse se passe de L. de Koninck
Goûtant fort à la chicane et à l’embrouille,
La Jeunesse, belle, impétueuse à l’excès,
Défiait la Vieillesse qui rouille
Ce qu’elle touche ou approche avec succès.
« Tu m’attrap’ras pas l’Ancêtre !… J’ai, par Pan,
La vie devant moi et cours plus vit’ que toi
Qui va las, bon an mal an, clopin-clopant !
- Du lièvre et la tortue souviens-toi ! »
Sage sentence portée par le grand âge
Mais l’autre n’écoutait mie l’aînée fanée :
Prenant son temps pour décider, la volage
Avait l’éternité avant de s’effaner
Et sa retenue - moins pudeur que prudence -
Était de paille, ne demandait qu’à brûler
Au feu des désirs et plaisirs les plus denses,
À nourrir le bûcher de vanités, buller,…
« Le présent est à moi : que m’importe l’avenir !
- Lis donc “la fable du Temps ” de Tardieu.
- Que m’importe, ami, qui n’est que souvenirs !
Les barbons barbus, radoteurs odieux,
Sont pardonneurs à mes erreurs, à ma faim
De vivre à la folie et de brèves amours.
Toi, qui ne cesse, hélas, d’entrevoir ta fin,
N’es que souvent tristesse et aigreur toujours. »
Là, Vieillesse ne disait mot ni miette.
Son heure n’avait pas encore sonné.
(Il faut que Jeunesse se passe !) et quiète
Attend que la Vie aimant fort leçons donner,
Ne fauche en vol l’aujourd’hui éphémère,
Et le maintenant qui est déjà passé ;
Ne fasse naître la question amère,
Le doute qui ronge avant de fracasser.
Son heure n’avait pas encore sonné.
(Il faut que Jeunesse se passe !) et quiète
Attend que la Vie aimant fort leçons donner,
Ne fauche en vol l’aujourd’hui éphémère,
Et le maintenant qui est déjà passé ;
Ne fasse naître la question amère,
Le doute qui ronge avant de fracasser.
La Rombière étant bien moins gâteuse
Que la Jeunette, évaporée, ne croyait
Avait pour elle ce Temps à la peau râpeuse
Qui finit par tout éroder puis broyer.
Elle n’était pas pressée : la décrépitude
Viendrait bien assez tôt pour la rider,
Cette belle insolente toute en certitudes.
Sa victoire serait là… Pourquoi brider
Celle qui ne croit que ses lunes, mazette,
Et ne voit que ses soleils alors que chaque jour
Rapproche de l'Ancienne et de sa musette ?
Si chaque minute érode nos toujours,
Vient l’heure à laquelle on renonce au monde
Et à soi qui, seule, les vainc et t’émonde…
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