Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 mars 2016

HAÏKU’VERTURENUAGEUSE ?

Chaque matin offre un ciel nouveau…

LE RONGEUR PUSILLANIME

Petite fable affable

Un ragondin se sentant vieillir,
Par peur de devenir cacochyme,
Épouse un tendron, pensant faillir
Bientôt, l’âge étant un abime
Où il craint  fort de périr tout seul.

Il se sent rajeunir mais la Belle
Restera-t-elle avec un aïeul ?
Elle voit des goujats en ribambelle 
Près de la mare où il fait son trou.
Pour la garder sans fin en son antre,

Et mieux la surveiller, itou,
Il lui fait des petits, diantre !

Le rabougri en fit tant et plus
Qu’ils fatiguent ce bel altruiste,
Épuisent les ans du farfelu
Qui hait ces bruyants égoïstes
Cette progéniture qui prend
Tout le temps qu’avait sa jeune épouse
Avant pour lui. C’est exaspérant !

Et il vieillit donc, l’humeur jalouse,
Avec sa compagne et leurs petits,
Plus seul qu’un vieux célibataire
Plein d’acrimonie, sans appétit
Pour la vie, bientôt grabataire,
Avec chacun toujours de mauvais
Poil, se sentant pire que rouvet.

La peste soit de tous ces sans-cœur
Qui, la mort les ayant en paume,
Marient une jeunesse, vainqueurs,
Mais ne l’aiment pas plus que les mômes
Qu’ils leur font ne chérissant, en vrai,
Qu’eux-mêmes, valant moins que l’ivraie !

mercredi 30 mars 2016

HAÏKU DÉBITÉ

Il n’y a pas de recette pour être ce bon coup qu’aucun prix ne viendra sanctionner même s’il se dépense beaucoup !

mardi 29 mars 2016

HAÏKU MULONIMBUS

Le téléphone portable est dit « cellulaire » sous d’autres cieux. On devrait populariser ce dernier terme chez nous tant il nous emprisonne dans un réseau de liens qui se disent « sociaux » et nous rendent asociaux si on rejette leur emprise ou autistes si on succombe à leur(s) tentation(s) !

DU PRINTEMPS À L’HIVER DE NOS VIES

D'après un dessin de Camille Lesterle

Toutes les femmes sont des fleurs…
Elles en ont les couleurs,
Et quelquefois la pâleur,
La splendeur et la senteur,
Chacune à la sienne à l’heur…

Et, signe de richesse extérieure,
Pour le sbire et le veilleur,
Elles font que leur parfum demeure…

Toutes les femmes sont des fleurs
Faites pour éclore au bonheur,
Aux douceurs, à la chaleur
Embaumer le temps fileur
Tout en douleurs et malheurs ;
La vie est mauvais bailleur… 

Elles nous font supporter nos heures
Et les enjolivent fort… Gageure !

Toutes les femmes sont des fleurs
Qu’arrosent leurs propres pleurs,
Qu’effeuillent de beaux parleurs,
Parasites sans ampleur,
Hâbleurs railleurs et jongleurs…
Sinistres singes hurleurs !

Et riant de nous, sachant nos leurres,
Pour le pire et le meilleur,
Aiment, quoiqu’à nous supérieures !

Toutes les femmes sont des fleurs
En jupe, robe ou tailleur,…
Un rien les met en valeur
Quoi qu’en pensent les rouleurs,
Quoi qu’en disent les râleurs…

Dessin : Camille Lesterle, mars 2014

dimanche 27 mars 2016

HAÏKU’ZATION

Dans les « on-dit », le discours véhiculé est souvent moins dangereux que  le « on » qui l’énonce et ses intentions !

LE LIÈVRE MAL INSPIRÉ

Petite fable affable

Fier de son talent et de son âge,
Un gros lièvre, fabuliste et conteur,
Comme un homme de lettres, sans ambages
Écrivait en lettres tout en jambages,
Une belle histoire où un renard menteur
Courant, sans fin, les chemins et les filles,
Est, un beau matin, sous quelque charmille
La dupe d’un loup plus bonimenteur
Que lui et qui, d'un soir plus vieux, berne
Le trompeur, le laissant nu comme un ver
Alors que pointe, au loin, son nez l’Hiver
Aux soirs pluvieux, aux nuits qui lanternent.

Il gratte. Et l’histoire tourne rond.
Soudain, le bouquet sent venir la panne :
Son encre mièvre le fait marron,
Et sa plume insipide s’interrompt.
Plus d’idée, pas de chute ni de vanne.
Sire Loup, prince de la piperie
Et Renard, roi de la grivèlerie,
Cherchant sous toutes les nues ce bel âne,
L’autre moitié du ciel, sans emploi,
Attendent les mots qui coulaient comme onde.
Ne revient pas la faconde féconde ;
Ils tournent en rond, seuls et aux abois.

Le coureur se vêt vite et file au gîte
D’un écriveur, lapin de bon conseil,
Qui sur tout, et vite, et bien cogite,
Quoi qu’il fût victime de méningite.
Mais c’est son parent plus que son pareil,
Que ce fort vieil oreillard cynique
Qui a l’esprit vif, le mot laconique
Et un vrai bon sens toujours en éveil.
Il lui avoue le but de sa visite.
« Mon jeune pair pas si spirituel 
Que ça, ton problème est très actuel
À te répondre franchement j’hésite…

Mais l’idée m’en pousse sous le chignon :
À réfléchir mieux à ton problème
Comme poindrait, matin, un champignon,
En fait, l’ami, tu mérite des gnons !…
Pourquoi ce museau et cette peau blême ?!
Je suis, vieux, cloué dans mon fauteuil
Comme je le serais au fond d’un cercueil
Et tu ne viens que pour ton dilemme ?
Ois bien mes mots : “Fuis l’égoïste
Sans cœur que, même s’il joue les courtois,
Son intérêt, et lui seul, mène à toi !
Sur ce, serviteur, cher Allégoriste ! »

vendredi 25 mars 2016

HAïKU’LÉ DANS LE BÉTON

Sénèque était loin d’être cinoque.
D’ailleurs, on disait de lui : « Sénèque ?… Plus ultra ! »

CŒURS À CORPS

Ah, mon cœur est plein et ma tête est vide :
J’aime comme un fou et non comme un sot !
Si mes mains et mes lèvres sont avides
De toi, si ma vie n’est plus que sursauts,
C’est que je cueille mon nom sur ta bouche.
L’Amour garde la sève du secret
Et une pureté presque sacrée
Quand s’effleurent nos souffles, qu’ils se touchent,
Quand ton regard ne se fait plus farouche
Puis que ton corps n’est plus que vaux et crêts.

 Oui, mon cœur est plein et ma tête est vide ;
J’aime comme un fou : à en devenir sot 
Quand l’ombre m’invite aux plaisirs d’Ovide,
Que tes bras se font bien tendres lassos,…
Nos cœurs unis à nos assauts commandent,
Ils suspendent, pour un instant, le temps ;
La nuit est plus belle, la vie plus grande
Quand le lys de ta vallée m’est offrande
Et l’espace s’efface ou se distend…

mercredi 23 mars 2016

HAïKU’RTE QUEUE

Aller à confesse ?… Mais voilà une invitation qui enchanterait le moins libertin des hommes pourvu qu’il sache bien l’écrire !

L’ÉCHASSIER MOUCHÉ

Petite fable affable

Philosophe quand elle abuse de vin,
Comme un coq se pavane en sa fange,
Un grande grue grisée de frais, en vain,
Pérore sa science fort étrange
Fondée sur les plus fermes convictions,
Bâtie à sable et à chaux, avec fortes
Et bonnes raisons en adéquation,
Le tout bien charpenté, et pas de main morte,
De ses bons mots et meilleures certitudes.
C’est parfois pas gai, une bonne biture !

Elle parle, à qui veut l’entendre, du « bonheur »
Les deux pattes dans la mare qu’elle abreuve
Jusqu’à plus soif de son propos, tout en heurts,
Et de son verbe vaseux. Dieu, quelle épreuve !
Personne ne voulant être discourtois
Avec la discoureure, on lui abandonne
Le crachoir bien qu’elle laisse pantois
À causer et bouillonner comme on brouillonne
Avec la folle gaieté d’un dépressif
Et un œil éteint, tout aussi expressif !

Notre grue ivre, toute à sa leçon,
Est apostrophée par une libellule
Déprimée - de son espèce pas de son
État ! - qui n’en peut mais de ce ridicule
Verbiage valant moins que flutiau.
L’insecte autour de l’échalas batifole
Et, connaissant le patois des patios,
Sans lanterner, lui vrombit, comme une folle :
« Il n’y a que cuistre ou fat, n’est-il pas,
Pour s’épancher sur ce ce qu’il ne connaît pas ?! »

lundi 21 mars 2016

HAÏKU DE FOUET

Un schleu à schlague, ça schlingue !

IL ÉTAIT LÀ…

Cycle toulousain
D’après Il était là (Pierre Delanoë & Jacques Revaux)

Il venait là, sous l’amandier,
À l’heure où se pointe le jour
Roulant tabac gris, toujours
L’œil sur le ciel incendié.

Il était là, sous l’amandier,
À l’heure du labeur fini
Roulant encore un tabac gris
Puis allait son journal étudier.

Je trouvais là mon Bon-Papa,
Pour donner à jadis l’accent
D’antan, qu’il lui fût bon ou pas,
Le souvenir clair et puissant.

Il restait là, sous l’amandier,
À ressusciter, pour moi seul,
Des métiers qu’on a oubliés,
À dépoussièrer des linceuls.

« Pitchoun, tout ça c’est du passé
À quoi bon donc le raviver…
Je vais finir par te lasser ! »
Il n’y est jamais arrivé.

Car moi, le soir, sous l’amandier,
Pour un instant, pour un moment,
Je l’y retrouvais. Et comment !
Il ne m’a jamais congédié…

Plein de tendresse et de pudeur,
D’humour et de malice aussi,
On parlait santé, raideurs,
Travail fait, boulot en sursis,…

Ensuite là, sous l’amandier,
Il évoquait, tout ou partie, 
De belle saisons tôt parties
Sans que j’aie eu rien à mendier.

Sans fin, sa mémoire il m’ouvrait,
Ce livre où se cachait si bien
Sa vie. Je sais qu’il me livrait
Toute sa richesse et son bien.

« Oc, pitchoun, c’était comme ça :
Ainsi passaient les  jours, les mois
Et puis les ans, couci-couça ! »
Le soir me renvoyait chez moi…

Il a quitté son amandier.
Et n’a pas connu mes enfants…
Mais, moi, pour mes petits-enfants
Je planterai un amandier.

Car il n’est plus là l’amandier,
Et là sont morts potins du bourg,
Soupe au pain, chevaux de labour,
Faux, veillées, puits et dinandiers.

« Pitchouns, c’était ça Le Passé,
Comme mon bon-papa vivait :
On avait alors peu… mais assez !
À vous lasser vais-je arriver ? »

samedi 19 mars 2016

HAÏKU VIS CIEUX !

Si parfois mon humour vole bas, c’est que je sais, principe premier de la pédagogie, m’adapter à mon public !

L’ABEILLE DANS LA ROSERAIE

Petite fable affable
D'après Les roses d’Antoine Vitallis (Fables, 1794-1795)

Un soir, une intrigante petite abeille,
Aux plans foireux, plus fouillis que fouillés,
A découvert, sous un couvert, une treille
En berceau, une entrée aux senteurs mouillées,
Celle d’une roseraie qui fort embaume
Et dont elle se fait illico un royaume.

Elle n’a désormais que l’embarras du choix.
Donc elle va et vient, sans fin, elle hésite.
Une fleur trop rouge la laisse de bois,
Une tavelée a trop de parasites,
Une rose noire se perche trop haut
À son goût,… À choisir, elle veut du beau,
Le fleuron de ces fleurs donc la plus parfaite
Par sa robe et par sa forme. Sans flétrir
Sa réputation, elle est à la fête
Et pourtant se complique, sans coup férir,
La vie. Donc, elle n’est pas tout à fait prête
À faire, ici, son miel… et fait la tête.
Mais elle s’obstine à vrombir sans but :
Les corolles trop petites, ça s’évite !…
Les thé, les panachées,… Allez, au rebut !
Fermées ou vieilles ?… Entrée interdite !
« Le hasard se fait vite vieux grigou
Avec celles qui, comme moi, ont bon goût ! »

Soudain sortant, horreur !, d’une rose blanche
(C’est pas la couleur !), un bourdon adipeux
Aimant s’écouter parler, d’une voix franche
Glisse à notre indécise, perfide un peu :
« Toi qui ne t’arrêtes qu’à l’aspect des choses
Tu oublies que seul le parfum fait la rose ! »

vendredi 18 mars 2016

jeudi 17 mars 2016

L’HAÏKU REND ALTERNATIF !

Garder toujours la tête sur les épaules ne m’empêche pas de l’avoir, parfois, ailleurs !

FOLIE DOUCE

Si je suis fou de t’aimer,
Que cette folie me dure ;
C’est moindre mal que j’endure
Quand d’autres ont à carêmer…

On dit que ça me rend bête
D’être aussi dingue de toi,
Qu’il est sot de perdre la tête,
De rester béat, pantois
De te faire des courbettes
Quand t’es là, d’être courtois
Quand tu viens sous mon toit.

On me dit que je fais la tête,
Dès que je suis loin de toi,
Mordant comme malebête
Et puant comme un putois
Ou chiant comme un esthète
Quand t’es repartie chez toi,
Ou ne m’as pas vu, l’air matois.

Si je suis fou de t’aimer
Que cette folie me dure.
Ma vie est moins vide et dure
Depuis que tu l’as gemmée…

Si cet espoir n’est qu’un rêve
Que l’on me laisse rêver…
Si ton cœur me laisse en grève
Si je dois être endêvé
D’avoir espéré la trêve
De jours nés pour me shaver,
Que l’on me laisse rêver…

Et si, de dépit, je crève
Aveugle à leurs bras levés,
Tu es mon sang et ma sève
Sourd à leurs mots enlevés,
Et même si ça m’achève
Que ton corps soit soulevé
Par un tout autre, embrevé…

Si je suis fou de t’aimer,
Que cette folie me dure ;
Ce mal vaut mieux que froidure
D’un cœur ne pouvant flemmer…

Fada, dingo, donc risible,
Je suis malade de toi ;
Givré, tapé, nuisible,
Pour d’autres ; sens aux abois 
Âme jamais paisible, 
Timbrée,… Je suis invisible
Quoique malade par toi !

Si à te voir je m’élève,
Mots et regards me foudroient :
Frappé, mordu,… pour une Ève
Avec laquelle j’ai droit,
Moi le bouffon, à de brèves
Paroles mais à l’endroit
De qui, ni mot maladroit
Ni, las, tabou qui se lève…

Si je suis fou de t’aimer,
Que cette folie me dure
Tout aussi longtemps que durent
Les amours des désarmés…
Si je suis fou de t’aimer,
Que cette folie me dure…

mercredi 16 mars 2016

mardi 15 mars 2016

HAÏKU D’ŒIL DE VERRE

En matière de civilités, de nos jours,
beaucoup de gens n’ont de correction qu’oculaire ou auditive !

FABULEUSES FARIBOLES 1 (Apologie de l’apologue)

Quatrième de couverture imaginaire


Pourquoi bâtir des château de fables ?
Souvent poétiquement incorrecte, la fable est une histoire courte qui en dit plus long qu’elle n’en raconte d’épais opus qui prétendent offrir la saveur du savoir ou vendre l’essence de la connaissance. À ce titre, cet affable genre littéraire considéré comme mineur par d’aucuns qu’il touche alors qu’ils ne sont même pas visés, parmi les plus anciens et les plus prisés que nous connaissions, nous offre une foultitude de nouvelles universelles. N’en déplaise au plus banal sens commun, elles ne sont pas spécialement destinées à l’édification des jeunes générations de France, de Navarre et autres lieux circonvoisins - Que pareil sort me soit épargné ! - ni propres à un hier totalement révolu : il est un moyen agréable d’ouvrir les yeux sur le monde et ses entours pauvres d’atours, le monde de toujours, le nôtre dont le fond change, souvent hélas, moins vite que la forme.
Rimeur solidaire et tourneur-phraseur plus que juge ou censeur, conscient des difficultés que cela suppose, sans pédanterie ni cuistrerie, mais non sans plaisanterie voire rosseries, je me propose modestement mais sûrement d’emprunter le sinueux et buissonneux chemin des écoliers pris par les fantasques et fantastiques auteurs d’apologues fabuleux des siècles passés, afin d’offrir une série de chroniques terriennes sans prétention sur notre ineffable monde, tout en philosophie de conteur. 
Parce que « la fable est la soeur aînée de l'Histoire  » (Voltaire) dont elle suit  et souffre les aléas, entre vos doigts vont s’écouler les grains de fables de mon fablier. Parfois cruels comme la vie, ils prêtent à rire et donnent à penser, « un fabuliste étant par définition, souriant / Et aimable », comme l’écrivait J. Anouilh (Le fabuliste improvisé, Fables, 1962). Ces gestes agrestes se veulent donc autant de sketches impertinents sur notre société que de saynètes pertinentes de notre époque… avec un style d’un autre temps car


« le monde est vieux, dit-on. Je le crois - Cependant
 Il le faut amuser comme un enfant »
(J. de la Fontaine, Le pouvoir des fables, Fables, VIII, 4).


Livre d’aujourd’hui avec des mots d’hier et, parfois, de la veille, cet opuscule ne se veut pas un bréviaire moralisateur - bien au contraire - mais plutôt le témoignage d’un quotidien pas toujours très « moral »  sans fausse pruderie ni pudibonderie surdouée et, cela, sans vraiment « faire la leçon » à qui que ce soit, à moins que ce ne soit, un peu, à tout un chacun, à commencer par votre humble serviteur, incurable obsédé textuel,  qui aimerait que cet art antique soit parfois porté plus souventau rang d’art scénique car il convient, sans véhémence dans le discours ni brusquerie dans l’attaque, au savant le plus érudit comme à celui dont on dit l’esprit engourdi.

(version retouchée d'après l'original en date du 15 mars proposée comme édito' au site Rue des Fables le 29 mars 2016)

dimanche 13 mars 2016

HAÏKU TERREUX

On est « dépassé » quand le temps passe plus vite qu’on ne court après lui !

VOUS VOILÀ TOUS BIEN PRÉVENUS !

Que sont donc les Ménades devenues,
Divines beautés descendues des nues,
Dont les poètes chenus ont entretenu
Un souvenir ému et puis grenu
En cent vers lyriques et biscornus…
Ont-elles fui car, soudain, saugrenues ?
Que sont donc les Ménades devenues
Seraient-elles mortes ?… Déconvenue !

Que sont donc les Ménades devenues ?
A-t-on puni le manque de tenue
De corps charnus, tendres, ingénus,…
Qui ne s’effrayaient pas d’un inconnu,
Fût-il voyeur flénu ou parvenu,
Croisant dessous leurs vertes avenues ?
Que sont donc les Ménades devenues
Les aurait-on, pour vice, détenues ?

Que sont donc les Ménades devenues
Qui aimaient tant à se promener nues ?
Tous les hommes étaient les bienvenus,
Par promesse d’un sourire ténu,
Pour danser avec elles et les cornus,
À jours continus et sans retenue…
Que sont donc les Ménades devenues ?
Elles se font de bois à notre venue ! 
Illustration : Camille Lesterle mars 2016

vendredi 11 mars 2016

HAÏKU’LTIVÉ

Moi, je suis ambidextre des deux mains !

SANS AVOIR L’AIR DE CHERCHER LA PETITE BÊTE…

Cycle historique - Petite fable affable

Un grand poète maria

À la gloire la plus mystique
L’ Alexandre qui paria,

Matin, face à quelques sceptiques,

Pouvoir dominer, flegmatique,

Le monde connu, le distendre,…

Il proclama donc, frénétique :

« Non,  nul  n’est  plus  grand  qu’Alexandre ! »

Roi d’un peuple de parias,

Aux us et aux mœurs ascétiques,
Il réussit - Victoria !
À annexer à la Pontique,

Une Perse un peu chaotique

À l’Indus, et sans plus attendre,

Une Egypte fort exotique
Car nul  n’est  plus  grand  qu’Alexandre !

Mais Thanatos injuria

Ce soldat devenu mythique
Lui collant la malaria :

Un insecte peu sympathique

Fit du héros un être étique

Qui mourut. Et ça fit esclandre !

Mais qui savait, chez les moustiques,

Que nul  n’est  plus  grand  qu’Alexandre ?

Homme, gare aux poux et aux tiques
 !
Même si, paix soit à ses cendres,

On crie toujours depuis l’Antique :

« Non, nul  n’est  plus  grand  qu’Alexandre ! »

mercredi 9 mars 2016

HAÏKU BICULUM

L’envie n’est qu’un reflet dans le miroir de la vie.

C'EST LA CHUTE FINALE ?

Tomber.
Les genoux s’écorcher.
Repartir sans marcher
Pour, sans fin, aller de l’avant
Vers l’horizon, vaincre les vents,… 

Tomber
À en perdre l’espoir
Se cloîtrer au boudoir
Mais se lever, se relever
Pour continuer, s’élever…

Tomber
Sur les mains, s’abîmer
Des doigts bien élimés,
Néanmoins, et sans fatuité,
Saisir toute opportunité.

Tomber
Et le cœur se briser
Mais, jusqu’à s’épuiser,
Aimer encore, aimer toujours
La beauté des choses et du jour. 

Tomber
À perdre la raison
Ou le sens des saisons ;
Alors s'accrocher à la vie
Pour qu'elle vous redonne « Envie ».

Tomber
À s’en casser les dents,
Pourtant mordre dedans
La vie pour faire que « vouloir »
Devienne à jamais « pouvoir ».

Tomber
Le corps tout fracassé,
L’esprit en fricassée,
Puis tomber à nouveau, jusqu’à
Tomber enfin… et rester là !

lundi 7 mars 2016

HAÏKU VERTURSOCIAL

Quiconque a eu l'occasion, au moins une fois, de fréquenter un hôpital sait combien un patient se doit, effectivement, de l'être…

ROI & PRINCE RENARD

Petite fable affable

Un Goupil, tout en roueries et en ruse,
Était devenu le roi des Abbruzes.
Ce triste sire, condescendant 
Comme il sied à pareille engeance,
Gardait contre un quidam une dent,
Espérant fort en tirer vengeance.
Or ce vil renard, se croyant un loup,
Alla chanter pouilles, un jour, à son filou
Et s’y brisa et les crocs et les griffes
Car un ours, c’est un drôle d’escogriffe,
Qui terrasse d’un seul coup tout loulou.

Malandrin maladroit, son jeune frère, 
Doutant toujours de tout, surtout de lui,
Tergiversait de peur qu’il fasse pluie,
Oscillait de peur de froisser la terre
Entière, de paraître sectaire,
Se reprochait de faire provision
De ces tous petits plaisirs provisoires
Qui lui font mille joies sans cohésion,
Et d’éphémères bonheurs illusoires.
Face à un dilemme, il balança tant
Qu’il mourut… de vieillesse, en hésitant.

Ici-bas, trop de certitude nuit,
Mais, ma foi, trop d’incertitude aussi !

samedi 5 mars 2016

HAÏKU PEU COUPE

Je ne goûte guère ni ne m’accommode
De ces choses qui, par trop, vous coûtent
Ni de ce qui se porte ou s’écoute,
Par excuse commode de « mode ».

BAZAR AUX BEAUX-ARTS

D'après un dessin de Camille Lesterle

« Non, mais regardez-moi ce désordre,
Ce chambard et ce laisser-aller !
Ces draps tout à se pendre et se tordre ;
Des gants à l'abandon, étalés,
Comme vestales évanescentes ;
Ce parfum qui joue l'évaporé
Avec ses essences indécentes,
Dans les vaporeux drapés, dorés.
Et moi je suis là, toujours posée,
Oui, restant de marbre, quoiqu'Anglaise
Et en plâtre. Pas même rosée
Des joues. Digne. Mais pas très à l'aise.

Cela se veut un fouillis fouillé,
Style « chienlit artistique » !
Fourbe fourbi, clash, enfer rouillé
Méli-mélo apocalyptique
Mêlant un verre plein qui attend
Catin, la première main qui passe
Une bouteille, c'est dégoûtant,
Ronde à se rouler par terre, et lasse…
Je reste buste droit, regard froid.
Toujours stoïque et imperturbable
Face au fatras, où fut fait roi 
Quelque seau à champagne impayable. »
Dessin : Camille Lesterle, février 2016