Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 octobre 2024

SIMPLE HAÏKU

Le beau fait du bien.

RÉVEILLE MATIN

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (31 mai 2023)

J’ai poussé les portes du matin,
Ouvrant le jour à la gabelle
De tons pastels de cieux sans tain,
Au reflux des astres éteints.

Là, un arbre la baye belle,
Nu et seul, frêle escabelle
D’une aube née dans un lointain
Où ne point encor’ de corbelle.

Bois droit, certes, mais pas hautain,
Il est prêt à affronter l’aile
Qui frôlera l’éther qu’atteint
Rose feutré ou gris étain.

À ses pieds, soumise et fidèle,
De l’eau sinue par les ombelles
Qui balaient les portes d’un matin
Augurant bons mots et libelles…



mardi 29 octobre 2024

HAÏKU D’INSTANTS

Il est grand temps de goûter aux petits moments !

SCARABÉES AU RABAIS

Petite fable affable 

Un gros bousier, venu d'ailleurs, serviable en diable,
Était toujours prêt pour donner un coup de main
À l’un ou l’autre de ses congénères, aimable
Sans attendre un merci, une aide, quelque grain
Ou l’auréole en retour. L’aura de cette âme
Vaillante dépassa les bornes du labour 
Où elle vivotait avec maints enfants et femme,
Mais n'obtenait jamais d'aide venue du bourg,
on joue volontiers les braves et bons apôtres
Quand c’est pour les siens mais, mie, Mon Dieu, pour un « Autre » !

lundi 28 octobre 2024

dimanche 27 octobre 2024

HAÏKU DE JEUNE

Bien de nos jeunes gens préfèrent pousser la provocation que forcer leur talent… c’est moins dur !

MATIN EN COULEUR…

Sur une photo de Marc-Yvan, 9 octobre 2024

Le ciel est rose sur la brume bleue,
La grange, ombre apparue, semblant déserte
Nait du pinceau d’une aurore diserte
Jouant de sa palette par l’alleu.

Soudain tout me paraît miraculeux
Sur la plaine endormie, encore inerte :
Le ciel est rose sur la brume bleue ;
La grange, ombre apparue, semblant déserte.

Le matin est ouaté, presque moelleux,
Une chimère à demie découverte,
À la magie de ce levant offerte,
Au lendemain mouillé de jours chialeux.

Le ciel est rose sur la brume bleue…



vendredi 25 octobre 2024

HAÏKU DU LENDEMAIN

Si tu prétends vivre le poing levé ne baisse pas les bras au premier revers !

LE PAPE DES PAPILLONS

Petite fable affable

Auprès d’une fontaine, un grand papillon
Allait par les fleurs de la vaste jachère 
Laissée là pour lui et les insectillons.
Il se plaignait, comme geint une mémère,
À ces petites bêtes qui fourmillaient,
Voletaient ici ou là et ailleurs grouillaient.

« De trop de bonheur, hélas !, mes jours sont tristes :
Je vais errer, le restant de notre âge, sans fin,
Sans pouvoir assouvir ma faim, mais égoïste,
Ni prendre mie goût à aucun de ces parfums
Dont, tout au long de la journée, je me délecte,
Allant ci, là, ou ailleurs, pour ma collecte !

- Allons, l’Éphémère, es-tu insincère ou sot ?
Tu te plains, devant moi, d’une vie, à d’autres 
Non pareille, qu’envie jusqu’au vermisseau ?!
Que dirais-tu lors si tu vivais la nôtre ?
Fit une fourmi qui traînait son fardeau
Au moins trois fois trop lourd pour son maigre dos.

- Je me plains car la vie laisse insatisfaite
L’âme qui a compris que dès qu’au plaisir
On touche, on le perd et puis, autre défaite,
Qu’aussitôt assouvi un vœu, il vous appert 
Un nouveau désir qui remplace son pair ! »

jeudi 24 octobre 2024

HAÏKU QUI, QUOI, DONC, OÙ ?

Pour ne pas être n’importe qui faisant n’importe quoi,
il est n’importe quoi pour faire comme n’importe qui.

mercredi 23 octobre 2024

HAÏKU DANS LES BOURSES

L’effet mère est le plus durable !

ÉTHER OU ENFER ?

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 12 octobre 2024

Ce matin a comme un goût de miel
Avec le fol incendie du ciel.
Les flammes, immobiles, sont de cuivre ;
Elles chamoisent les nues à nu
Et sont fauves, sans retenue.
Le paradis est en feu. Comment vivre ?

Je me noie aux lointains d’ambre et d’or
Sur champ de brume bleue qui dort
Comme des fumées que l’aube fige.
Le monde baigne entre ocre et safran
Avant que le jour ne devienne franc,
Que tout s’éteigne, comme en prodige.

lundi 21 octobre 2024

HAÏKU’PLEUT MENT

Un baiser volé n’est en rien un engagement pris.

LE BOUTON DE ROSE

Petite fable affable

Au vieux pays des fesses fanées,
Parfois frivole, souvent fidèle,
Rose est une de nos fleurs modèles
De celles qui font, las, se damner.

Faite au moule, mais au moule à tarte,
Elle aimait à succomber souvent :
Qu’un Ménélas ou un joueur de cartes
Vint et elle était fille du vent
Ou, mieux, de la divine Aphrodite.
Honorer la déesse est un mérite !

Il en fallait peu pour que le bouton
De Rose vienne donc à éclore,
Et j’en sais des fats et des gloutons
Qui, pour lui, se firent mirliflores.

Mais au gré de passantes amours,
Rose ne cherchait qu’un soliflore,
Comme toutes les fleurs, de toujours,
Attendant Prince cherchant sa Laure,
Son Héloïse ou bien sa Flora…
Mais les hommes, en paille, sont des rats !

Ne juge point des filles, Pépère,
Sur ce qu’hélas, parfois, elles font
Mais bien plutôt sur qu’elles espèrent
Et que goujats sans scrupule en font !

dimanche 20 octobre 2024

HAÏKU DANS LE DOS

Rien n’est plus prévisible qu’un traître désigné… si ce n’est peut-être un héros auto-proclamé !

samedi 19 octobre 2024

HAÏKU COMME EN SANG

Le progrès nuit à la langue comme à ma réputation : je ne faisais pas autant de fautes de frappe quand j’écrivais au stylo !

LES CHAMPS FRISSONNENT…

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 10 octobre 2024

Les champs frissonnent et cloches sonnent
Dans l’aurore qui hérissonne
Jusqu’aux bois encore endormis,
Où s’accrochent les teints amis
D’un automne qui polissonne.


Jà, le jour qui, au loin, pinsonne,
Amène des brises tocsonnes ;
Sous des ciels vivants à demi,
Les champs frissonnent.


Les brumes se font mollassonnes,
Se cachent, aux breuils qui chansonnent,
Fuyant le jour qui s’affermit.
Les corbeaux crient à l’infamie.
Et, bien qu’il n’y ait, là,  personne,
Les champs frissonnent.


jeudi 17 octobre 2024

HAÏKU D’EUGÉNIE

Créer un jour chômé pour fêter le travail voilà, résumé, tout le génie français.

LA LEÇON DU LÉZARD

Petite fable affable

Quoiqu’équeuté, un beau lézard des murailles
Prou rôde ou batifole, erre et fort couraille,
Sous l’oeil mauvais d’un Jaquet empanaché
Qui s’en vint lors sa matinée lui gâcher.

« Comment peux-tu, insignifiant reptile,
Aller et venir, toujours à chahuter,
Alors que tu es gravement amputé ?

- Sauteur des cimes, moi je n’ai qu'un principe :
Toujours avancer, seul ou bien en équipe…
Et pour ça, oublier ce qui fut détruit,
Pour sauver ce qui peut l’être encor’, sans bruit ! »

mercredi 16 octobre 2024

mardi 15 octobre 2024

HAÏKU VENDEUR

Je n’ai pas l’âme d'un marchand mais j’avoue bien négocier les virages…

LA BALADE DU COURTISAN

D’après Othon de Grandson (1340-1397)

Il nous faut les Grands satisfaire
En nos temps de retour de Cours :
Servile, soumis, jusqu’à terre
 Simuler et, sans couper court,
S’abaisser fort, singer l’amour,….
Nos maîtres, sots, cuistres ô combien,
Nous veulent diligents, qu’on les flatte,
Nous les infâmes plébéiens
Qui ne méritent que coups de lattes :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

Ne pas les contredire, taire
Ce qui démange nos langues, sourds
À leur bêtise ; se défaire
De tout esprit, en basse-cour
S’ébattre au long de nos jours,…
Se faire médiocre ou moyen,
À leurs désirs ployables, moites
Girouettes, ils nous voient microbiens
Même s’ils sont bien moins que blattes :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

Jamais lassé de se contrefaire,
Gourd parfois lourd, chacun accourt
Car toujours destin ordinaire
Espère sa part de velours 
S’il plaît ainsi à ces balourds
Qui ne valent détour en rien.

Je garde la crête écarlate,
Mie ne dirai à ces sanguins
Voix tremblante, échine plate :
« Monsieur est bon ! » « Son chien fait bien ! »

dimanche 13 octobre 2024

HAÏKU OPPORTUNISTE

Pour prendre les choses du bon côté attendez un retournement de situation !

LES DEUX ÂGES

Petite fable affable

Un barbon regardait un bambin
Qui batifolait prou en son bain.

« Que je te plains, Petit ! Va, profite,
Car l’enfance est pleine de danger,
Ne vas pas, demain, te ménager ;
Et la jeunesse elle, hélas, n’évite
Point l’incertitude ni le mal.
Le destin est cruel animal
Malgré tes espoirs, ton espérance…

- Eh dis donc t’as pas fini, le Rance ?

Réplique le petiot. Je suis 
Fleur à peine éclose et toi fruit
Blet : mon sort est donc plus enviable
Que le tien et ma vie plus “vivable” :
Je serai quelque chose ou quelqu’un
Quand tu seras plus rien, vieux machin ! »

samedi 12 octobre 2024

vendredi 11 octobre 2024

HAÏKU D’ESPRIT

À force de réfléchir à tout je ne pense plus à rien !

J’AI CHANTÉ…

J’ai chanté joies d’un instant et moments de pleurs,
Chants colorés des fleurs, lamentos des douleurs,…
J’ai glané puis mis en gerbe ou bien en corbeille
Le parfum des roses thé, le miel de l’abeille
Fendant la vacuité azurée de nos ciels.

J’ai aussi rimé sur des vents au goût de fiel,
Sur les flots irisés d’aubes toutes en lumière
Des hivers étouffant les feux dans les chaumières,…
J’ai rimé, aussi bien le jour qui s’enfuit
Le rire de l’enfant, la danse de la pluie,…

Mais tout cela n’est que sottises ou balivernse
Pour les esprits éteints, les étroites badernes
Qui sur leur âme et leur cœur ont mis un foulard :
La valeur de la vie ou la chaleur des arts
N’est pour eux qu'un gouffre obscur noyé par les ombres, 
Une impasse inutile, une futile pénombre…

Alors je leur chante l’herbe folle et non leur blé, 
Les bêtes allant solitaires, ou en assemblée,
Pour vivre, sages ou tourmentées, l’heure impérieuse
Des muses muselées ou des sources en veilleuse,
Où on fait taire les cœurs les plus palpitants
Soumis à la course folle de notre temps,…

J’ai mis en vers la prison des nuits les plus noires
Les reflets estompés de nos vies illusoires,…

Ma plume se fait aérienne ou bien d’airain
De sensations fugaces en sentiments sereins, 
Pour ranimer ma mémoire à en perdre haleine,
Et puiser sans fin mon encre au cœur de mes veines…

C’est labeur sans espoir, mais qu’importe de choir,
Votre bon vouloir,… : me taire serait déchoir !
Je ne plierai pas face aux cons ni aux cuistres
Dussé-je ployer encor’ dessous leur bât sinistre.

mercredi 9 octobre 2024

HAÏKU DE CLICS

Un jour, peut-être, les filles du Net finiront femmes honnêtes.

FEU LE BRASIER

Petite fable affable

Un feu de camp mourant, mais pétillant encore
Se mire en la mare dont, ce soir, il décore
Le rives nues et où il brille d’un éclat
Rare en ces lieux perdus où ne gîte pas un rat.
Soudain, hélas, un vent de vanité l’attise :

« Me voilà réchauffant jusqu’à la forte brise…
Que je suis fort et que je suis grand, Mon Dieu !
J’éclaire plus que la lune pendue aux cieux ;
Mon éclat rougeoyant éclipse les étoiles ;
J’éblouis la nuit dont je vainc le sombre voile,…  »

Alors qu’il grésillait ces bons mots, il s'éteint
Sans avoir compris, lui, comme hélas, maints pantins
Que la moindre lueur d’une bonne fortune
Rend important un fat qui, très vite, importune.

lundi 7 octobre 2024

HAÏKU PROVERBIAL

Ce qui me dégoûte déborde de vase !

UNE ÉTOILE NUE & FRIVOLE…

Une étoile nue et frivole
Fait de l’œil au noir de la nuit
Pour retenir la lune enfuie,
En clignant comme une luciole.

Il me semble qu’elle fait école :
Peut-être percluse d’ennui,
Une étoile nue et frivole
Lui répond au vent qui s’enfuit
D’un clin d’œil comme qui rigole.

Alors qu’a passé la mi-nuit,
Les clous d’or au ciel, sans nul bruit,
Amusent, avec le fol Éole,
Une étoile nue et frivole.

samedi 5 octobre 2024

HAÏKU L’ÉTAL

Mûrir c’est mourir sous peu !

LE MEILLEUR NID

Petite fable affable

Dame rouge-gorge est moquée par une pie :
« À quoi bon bâtir nid si frêle,
Si bas que sans chercher querelle,
Le premier chat venu par jeu ou par dépit
En fera charpie, pauvre brêle !

- Et à quoi bon nicher si haut, Dame l’Aigrie ?
Dit l’autre. La première brise
Te mettra à bas car la prise
Est bonne en ces hauteurs. C’est, sûr !, foldinguerie.
Vaine, hélas, est ton entreprise ! »

Une chouette en son trou, ne dormant que d’un œil,
Fit : « Une chose vous échappe
En tout lieu le milieu seul vaut, blattes :
Vous avez toutes deux choisi votre cercueil ! »
Lors, sur son tronc la cognée frappe…

vendredi 4 octobre 2024

jeudi 3 octobre 2024

HAÏKU PEU PAS PIER

Il paraît que je ne serais pas « à la page »… C’est faux, je ne suis simplement pas sur le bon livre !

RÉVEIL, FIN DE VEILLE

La nuit tait enfin ses mensonges…
Ses rêves creux et ses beaux songes.


Avec les étoiles, ils ont fui
Car l’aube pressée les détruit
D’un rai de lumière céleste
Aux ors véloces, aux ambres prestes,…
Ont-il aux nues un paradis
Pour y enfouir tous leurs non-dits ?

Le jour déjà fourbit ses armes
Dans cette aurore de charme
Qui ôte au vent frais son bâillon,
Remet à nos sens leurs haillons.
Notre vie redevient sonore,
Lumière crue qui tout dévore.

Le jour, encore à claire-voie,
Donne à nos heures de la voix.
Le silence se perd dans les ombres
Mourantes, ces tristes décombres
D’une nuitée dont se souvient
Quelque recoin. Mais circonvient
La lueur d’un matin qui les somme
De se rendre, ici ; là, les gomme.

Potron-minet est bien charmant
Aux rimailleurs et aux amants.
Pour moi c’est le début des proses
Quotidiennes qui, las, sclérosent
Mon art vain. Je lui dis adieu
Tant le rebute l’azur des cieux…

La nuit tait enfin ses mensonges
Ne laissant qu’orbes de ses songes…

mardi 1 octobre 2024

HAÏKU COMPTANT POUR RIEN

Depuis des millénaires, l’homme « moderne » a cherché à faire d’un rien un tout ; aujourd’hui, aboutissement ultime du progrès, il veut faire l’inverse !

LE BERGER & LE LOUP

Petite fable affable

Quand les oies, que les frimas par trop piquent,
Déchirent le ciel d’un trait en pointillés
Et, pour de plus hospitaliers tropiques,
Vont en notes de musique en volées
Emportées, un berger des plus modestes
Prit un loup gris dans son décor agreste.

L’homme déclara coupable Lupin
Qui crie tout aussitôt à l’injustice :
« Tu es juge et partie, fils de taupin !…
Comment peux-tu me condamner, Jocrisse ?
Toi qui manges à chacun de tes repas
Une viande que tu mènes au trépas !

- Mais c’est ainsi que va notre Justice,
Ysengrin. Et, je le crois et le crains,
Quoi que t’en disent annales et notices :
Les pires égorgeurs et malandrins,
De tous temps, pendent vils et bestioles
Qui, eux, toujours par besoin, tuent ou volent ! »