Petite fable affable
Auprès d’une fontaine, un grand papillon
Allait par les fleurs de la vaste jachère
Laissée là pour lui et les insectillons.
Il se plaignait, comme geint une mémère,
À ces petites bêtes qui fourmillaient,
Voletaient ici ou là et ailleurs grouillaient.
« De trop de bonheur, hélas !, mes jours sont tristes :
Je vais errer, le restant de notre âge, sans fin,
Sans pouvoir assouvir ma faim, mais égoïste,
Ni prendre mie goût à aucun de ces parfums
Dont, tout au long de la journée, je me délecte,
Allant ci, là, ou ailleurs, pour ma collecte !
- Allons, l’Éphémère, es-tu insincère ou sot ?
Tu te plains, devant moi, d’une vie, à d’autres
Non pareille, qu’envie jusqu’au vermisseau ?!
Que dirais-tu lors si tu vivais la nôtre ?
Fit une fourmi qui traînait son fardeau
Au moins trois fois trop lourd pour son maigre dos.
- Je me plains car la vie laisse insatisfaite
L’âme qui a compris que dès qu’au plaisir
On touche, on le perd et puis, autre défaite,
Qu’aussitôt assouvi un vœu, il vous appert
Un nouveau désir qui remplace son pair ! »
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