Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 31 août 2024

ON PREND LE MÊME… ET ON CONTINUE !

Cassé
Et prêt à abandonner
Ce, quoi qu’on m’ait ordonné
De ces bureaux bedonnés…

Lassé,
D’avoir toujours trop donné,
Classé ou coordonné,
À l'excellence, adonné ;

Brassées
De cours cent fois redonnés,
Bourdonnés ou fredonnés…
Et encor' tout pardonner.

Assez
De ces notes bidonnées,
D’être à cons subordonné,
De se faire dindonner !

vendredi 30 août 2024

L’ORIENT DU LEVANT

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 29 août 2024

Soudain paraissait l’Astre. Impérial dans le feu
De sa renaissance. Il fait saigner les entrailles
Du ciel qui accouche un garance camaïeu
De lueurs cochenille au nues qui se vitraillent.

Son cœur d’ambre et d’ors aux yeux éblouis éclate.
En manteau encens, Sa Majesté paradait,
Paressait sous l a sève rubis de son dais,
Imposant aux noirs déchus son règne écarlate.

Aussi les plumets des roseaux font le dos rond
Pour la saluer sur son souverain passage ;
Dans les ombres pourpres, c’est tout un escadron
D’oiseaux qui lui trillent, en rondeaux, d’humbles messages.

Sans leur jeter un oeil, l’auguste éclat du jour
Glane ses lauriers au faîte des futaies hautes ;
Par-dessus des embruns de brume, va toujours,
Aveuglant les prés, le char d’Apollon, notre hôte…



jeudi 29 août 2024

CRÉPUSCULE MAJUSCULE

Le jour qui se lasse,
Lentement, s’enfuit ;
L’ombre se prélasse
Amenant l’ennui.
La pénombre éclose
Offre apothéose
Aux cent bruits des choses
Qui hantent nos nuits.

L’oiseau qui chasse,
L’insecte qui bruit,
La bête follasse,…
Chacun est réduit
À métamorphose
Aux lueurs forcloses :
Ni pose ni prose
Quand on oit autrui…

Si la peur vous glace,
Ce monde et ses fruits
Appelant l'audace,
Comme sous la pluie
Vous feront, morose,
Souffrir la psychose,
Perdre envie de glose,…
Ce n’est pas fortuit.


Le noir est paroisse
Que Diable produit
Où la Faux, coriace,
Frappe qui, minuit
Sonnant, encore ose
Y vivre en osmose,
Sans craindre névrose,
À ses tons de suie.


mercredi 28 août 2024

LENDEMAIN DE SOIRÉE

Libre interprétation d’une photo de marc-Yvan Custeau (7 février 2023)

La neige, hier soir, a estompé mon chemin

Mais, quoique tenace, ne l’a pas effacé.
Elle l’a rendu plus difficile, incertain,
Mais pas impraticable à mon pas si lassé.

Elle m’a offert une plage de répit
À défaut d’un repos qui s'attarde à venir
Avant d’affronter les bois noirs de l’avenir
Qui se dressent devant moi, source de dépit.

La neige d’hier soir n’aura guère embelli
Les ombres qui planent sur ma vie, les ennuis
 Pointant, obscurs écueils, de ce blanc drap de lit
Et qui viennent me hanter quand reparaît  la nuit…



mardi 27 août 2024

L’ÉTÉ NOUS FUIT COMME UN VILAIN…

L’été nous fuit comme un vilain
Pris la main dans la confiture
Abandonnant, là, sa vêture :
Brûlant au cœur les fleurs de lin,
Des ciels vides qui nous écrasent ;
Un soleil nu et sec, trop lourd,
Qui passe l’air bouillant au four
Cramant jusqu’à nos maigres phrases,…

Rien désormais n’est patelin ;
Ce n’est plus las qu’une imposture
Que « la belle saison » qui dure :
Elle n’est que plaies en trop plein.
L’été nous fuit comme un vilain…

lundi 26 août 2024

LETTRINE EN VITRINE ?

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 24 mai 2024

L’aurore est enluminure
Érubescence des cieux.
Nuées, mouvantes sculptures,
L’aurore est enluminure

L’absolu en miniature
Brille en beauté là nos yeux…
L’aurore est enluminure
Érubescence des cieux.



dimanche 25 août 2024

SEULEMENT, SIMPLEMENT…

J’ai cueilli des roses, celles que tu préfères,
Des jaunes, à peine écloses. Et puis, pour bien faire,
Les ai glissées dans le broc d’opaline fanée,
Pour leur donner un clos où, en paix, safraner.

L’amour n’a pas besoin de belles envolées
Mais d’instants qui sont à l’éternité volés…

Des parfums éphémères… Ah Dieu, la belle affaire !,
Pour célébrer nos liens que rien n’a su défaire,
C’est pour d’aucuns, de ci de là, bien peu de choses ;
Des fleurs fragiles, à finir vite condamnées,

Pour fêter ce bon temps gagné sur nos années,
Ça tient plus du cliché que de l’apothéose…

L’amour n’a pas besoin de belles envolées
Mais d’instants qui sont à l’éternité volés…

J’ai cueilli des roses, celles que tu préfères,

Pour célébrer nos liens que rien n’a du défaire,
Les ai glissées dans le broc d’opaline fanée,
Pour fêter ce bon temps gagné sur nos années…

samedi 24 août 2024

L’ÉTANG DORMANT

Sur un cliché de Marc-Yvan Custeau (26 juin 2023)

L'eau morne est verte
De lentilles et de nymphéas ;
Elle est couverte
D’une émeraude qui rend béat.

Des cheveux d’herbe
Filasses, flottent, ici et là,
Pour donner un plus de superbe
À ces eaux aux clapotis las.

Manque une barque
Aux contours fleuris, imprécis,
Aux rives jades sans souci.

Manque une barque
Et un pont japonais aussi
Pour être à Giverny, ici…



vendredi 23 août 2024

UN PAPILLON

Naître avec l’aurore et, las, mourir à la brune,
Nager aux vents doucets, voleter et flotter,
Par l’azur enivré, et les parfums flatter,
En jouant le galant sans oublier aucune
De ces fleurs qui ne me survivront que de peu.

Ces amours sans toujours me sont gageures et  jeux.
Ainsi sera ma vie, guidée par l’envie seule,
Moi qui ne vis que de désirs de volupté,
De plaisirs volés, de joies brèves et disputées,
À l’heure où l’été chaud, n’est plus que gerbes et meules.



jeudi 22 août 2024

L’HEURE DES ORS

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 22 juillet 2024

C’est l’aurore qui met la nuit en deuil

Teintes ocres et tons sanguins viennent forclore

Les ombres tièdes et faire bon accueil

Au petit jour fauve écueil
 sur le seuil
C’est l’aurore



Une aube fauve embaumée fait éclore

Son plastron vif rouge-gorge et bouvreuil

Pour apaiser l’âme et attendrir l’oeil

C’est l’aurore



Seuls s’éveillent l’écureuil le chevreuil

Les fougères dilapident leurs spores

Qui courrent les halliers ou le cerfeuil
Pour l’heure sommeillent encor’ faune et flore

Mais le veuil du jour ranime le breuil

C’est l’aurore



mercredi 21 août 2024

DANS L’ALLÉE

Elle allait dans l’allée la fille.
Les passantes peinent les rimeurs !
Dès qu’elle a franchi la noire grille,
Elle a mis vers tendres à mon coeur.

Sous le soleil sec et fat qui brille,
Elle offrait à mon âme l’honneur
Et à mon esprit le doux bonheur
D’être. À ses lèvres, une brindille.

Malgré les oiseaux, l’écho des trilles,
Je n’ai vu qu’elle, pour mon malheur,
Elle qui mit ma vie en couleurs…
Puis l’ont emmenée ses espadrilles…

mardi 20 août 2024

VIRELAI EN TREMBLAIE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 5 juin 2024

Coule et court l’eau enfin libre
Sous l’arche antique du pont,
Loin de ces frimas capons
Partis au plus loin revivre…

Avril se vêt tout de verts,
Vibre aux rives et vit ses rêves
De ramées, de vétiver,
D’iris aux feuilles de glaive,…

Hier, malmenées par le givre,
Les pierres aux moussus coupons
Enjambent un cours d’eau fripon
Qui n’est quiet que dans les livres ;
Coule et court l’eau enfin libre…

C’est un havre à découvert :
La clairière offre une trêve
À mon âme et à mes vers ;
La rivière en est la sève.

Longeons donc ces flots sans vouivre,
Sans dais de lierre crampon,
Loin des rais qui sont harpons,
Que les oiseaux aiment à suivre…
Coule et court l’eau enfin libre.



lundi 19 août 2024

TANT DE MOIS & DE TOITS…

De nous, deux il en va ainsi,
Ni moi sans toi, ni toi sans moi
Depuis le tout premier émoi,
Nous vivons l’amour siamois.
Au loin des « mais », plus loin des « si ».

Plus fort que nos vies en lacis,
Ni toi sans moi, ni moi sans toi
Qu’importent sermons et fatwas
Ou sous-entendus discourtois
De ces jaloux au cœur rancis.

Et puis tant pis si ça fait scie,
Ni moi sans toi, ni toi sans moi
Ainsi vont et iront nos mois,
Nos sentiments ne sont pas moye,
Qu’on aille ailleurs, qu’on reste ici.

dimanche 18 août 2024

POINT FINAL ?

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 19 juillet 2024

Ce point du jour sur la rivière Rigaud,
C’est un point de suspension entre nos songes :
Ceux d’une nuit passée, attrape-nigauds
Dépassés ; et d’autres nocturnes mensonges
À venir. Le sommeil nous est démago’ !

C’est une exclamation qui jaillit au loin
Pour bénir le jour qui vient, un point-virgule
Qui hameçonne ce temps qui est chafouin
À qui n’y voit qu’interrogations, fibules
D’heures qui ne nous sont riches qu’en appoint.

Le point du jour sur la rivière Rigaud ?
Il est pour moi double, ouvrant sur une aurore
Accouchant céans, à tire-larigot,
D’ailleurs, d’espoirs sur lesquels mes vers pérorent…



samedi 17 août 2024

ÉPIQUES TROPIQUES

En escadre, les aigles se sont faits vautours,
Pour fuir la misère, avoir un rang par les armes,
Pour trouver fortune, à force de sang, de larmes,…
Sur des charniers fumants, ils ont bâti des tours,
Tous ces soudards qu’on dit « héros » sans détour.

Qu’on soit né à Cadix, à Utrecht ou à Parme,
La caravelle, d’un rêve esquisse l’ajour,
Fend des ciels, comme on fond vers de nouveaux séjours,
Des mers vierges de voyage, toutes en grand large,
Pour faire bedonner des galions aux beaux jours.
Ainsi veut le roi ! Ainsi peut la foi !… Toujours.
Qui conquiert le monde, cœur et âme désarme !

Puisque notre vie est un aller sans retour,
On jouira, en vainqueurs, sans crainte ni alarme,
De cet or que l’Indien, que les moines gendarment,
Retire des mines où il murit, alentour :
Nous en ferons pour Dieu, et nos amours, atours.

vendredi 16 août 2024

MARÉE DU MATIN

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (24 mars 2023)

 C’est comme une mer toute d’écume
Qui noierait une plaine fatiguée,
Faisant écueils troncs par le gel déglingués
ET îles buissons que frimas déplument.

Une mer aux remous tout en volumes,
Aux vagues figées jamais naviguées,
Que, demain, le printemps va endiguer ;
Une plage blanche attendant sa plume.

C’est comme une mer toute d’écume
Où un blizzard blanc aime à voguer
Et tous ces flux et reflux meringuer.

Une mer aux remous tout en volumes,
Qu’ombrent des esquisses estompées de brumes,
 Avec laquelle, moi, j’aime à dialoguer.



jeudi 15 août 2024

ENTRE JAUNIS & JAUNET

D’après « La voie du milieu » #96
de Michelle Michaud, artiste peintre

Les yeux aux cieux, toute éblouie de soleil,
Je ne vois qu’une large aura d’ors et d’ocres,
Un halo couleur ambre aux orbes vermeils
Irradiant l’éther souvent d’un bleu médiocre.

Lors, de lueurs blondes en cuivres chamoisés,
Ma palette et ma vie sont devenues fauves ;
Le citron, le safran m’ont apprivoisée,
M’offrent un envol serein loin de vos alcôves…



mercredi 14 août 2024

AUBADE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 15 septembre 2023

La nuit résiste ;
Le jour hésite.
Et moi j’existe
À ces beautés
Qui nous visitent 
Au débotté…




mardi 13 août 2024

CANICULE

Il canicule
Ça chauffe pour le matricule
De chacun, même les Hercule.
Le ciel est touffeur qui accule.
Lutter serait, las ridicule,
Face au solaire véhicule
Qui ne se va, ni ne recule,
Semble-t-il, jusqu’au crépuscule…

Il canicule
Et nous voilà animalcules
Mieux corpuscules minuscules :
Quelques souffrantes particules,
Vaines et suantes molécules
Attendant que vienne la bascule
D’une nuit aux tentacules
Rafraichissant nos clavicules.

Il canicule.
Que l’on subisse ou bien calcule,
Qu’on s’évente d'un fascicule,
La torpeur offre son pécule
Et l’humidité nous macule.
Personne en ce four ne circule :
Chacun se rêve tubercule
Ou cloîtré en frais édicule.

Il canicule…

lundi 12 août 2024

RONDEL DE L’HIRONDELLE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 23 mai 2024

Prés reverdis et refleuris,

Le printemps peut enfin revivre
Rendre les nues aux oiseaux ivres

Et les bois aux bruits et aux cris.


Sous l’ombrée revenue, maigris,

Des campagnols vont se poursuivre

Cherchant grains, amour ou abri.
Le printemps peut enfin revivre…


Pour des cœurs aigris, appauvris

Par notre hiver parti survivre

Ailleurs dans le gel et le givre

Viennent, le froid étant flétri,

Prés reverdis et refleuris.


dimanche 11 août 2024

PERSÉIDES

Geste auguste du semeur,
Sur un monde qui se meurt,
Le divin marchand de sable
Sème de fort périssables,
Mais larges, poignées de clous d’or
Aux cheveux d’argent ; trésor
Fugace qui fertilise
Une époque qui s’enlise.

Geste auguste du semeur,
Dans un monde qui se meurt,
Avec cette pluie céleste,
Il fait un beau temps modeste,
Avec libéralité,
Sans autre finalité
Que d’ensemencer de sève
Nos jours et nos nuits sans rêves.

Geste auguste du semeur,
À un monde qui se meurt,
Il offre en cet août fadasse
Son abondante besace
Qui fait s’ébaudir tous ceux
Qui lèvent leurs yeux aux cieux,
Enfin, sans nulle impatience
Ni vain souci de science.

samedi 10 août 2024

GUEUSE MATUTINALE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 9 juillet 2024

Des tréfonds noirs des forges de l’aurore,
Une aube, toute en fusion, vient d’éclore
Et s’offre au creuset brûlant du matin.
Le ciel bronze sous cette lave ardente,
Se fait châsse de lumière que hantent
Des temps qui sommeillent encore aux platins.

Les nues bouent, toutes en couleurs fondantes ;
Elles aveuglent nos pupilles imprudentes.

Puis ce feu d’enfer, sans flamme, mâtin
Fondra en un soleil soie et satin,
Aux rayons d'ambre et d'ombres, hélas, lointains,
Au feu réchauffant nos vains baratins.
Moi, je garderai à l’esprit encore

Son si matinal incendie. Hardcore.



vendredi 9 août 2024

SENSATIONS

Cycle toulousain

Reviendrai-je chez moi courir les petits bois
Dans leur nouveau costume, béton et bitume,
Fouler des prés moins cois où échotait la voix
D’êtres de vair et plumes jamais aux abois ?

Verrai-je, sans effroi, des nues au désarroi
Plombées de gris beffrois ?… Mes voies barrées d’octrois ?
Sentirai-je sur moi l’Autan qui n’est plus roi,
La pluie pourrie des poix des autos en convois ?

Reviendrai-je chez moi courir les petits bois ?
Mon temps est une enclume écrasant de volumes
Ce qui fut autrefois, vu las d’un œil narquois :
Tout n’y est plus qu’écume et rageuse amertume !

jeudi 8 août 2024

CHEMIN FAISANT

Sur un photo de Marc-Yvan Custeau, 6 juillet 2023

Je n’ai pas le bon goût d’être docile.
Je suis un sauvageon, un agassin
Qui choisit ses sentes hors tous vos conciles.
Oui, je ne suis ni mule ni roncin
Et vais où tous les vents, brises ou buccins,
Me  portent sans leur faire plus d’histoires ;
Ni en chercher mie. Vous pouvez m’en croire !
Car aux ciels fertiles, en un tournemain,
Je sème l’imprévu, l’aléatoire :
Chemin faisant, je me fais mon chemin.

L’aube et ses promesses, mon domicile,
M’entrouvrent des jours aux ors abyssins,
Aux lueurs adamantines et graciles.
Ils étoilent mon horizon, sans tracassin,
Boussoles à d’heures qui ne sont larcin
D’aucun temps qui ne me presse, illusoire,
Ni ne m’oppresse, laissant en pourboire
Des instants, des moments sans lendemain.
Rien ni personne ne criera victoire :
Chemin faisant, je me fais mon chemin !

Il est des voies balisées et plus faciles ;
De celles qu’on vous dessine à dessein,
Qui vous font « un destin » qui, las, oscille
De “déjà fait” en “déjà vu”. Bien sain,
Il offre ailes d’anges et aura de saint.
Sans en tirer ni vanterie ni gloire,
J’avance serein vers chaque demain
Par cette route faite de mes mains,
Bornée d’erreurs et tracée aux déboires :
Chemin faisant, je me fais mon chemin.

Penseurs & censeurs aux idées plus noires
Que notre âme, et toujours si péremptoires,
Laissez-nous faire ou choisir nos demain,
Que chacun puisse dire en ses mémoires :
« Chemin faisant, je me fais mon chemin ! »



mercredi 7 août 2024

UN SAMEDI MATIN SUR LA TERRE

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 29 juillet 2024

Arrêter le temps
La vie nécrophile
Qui fuit et qui file

Savourer l’instant


Oublier content

Des heures hémophiles
Arrêter le temps
La vie nécrophile.

Matin envoûtant
Qui là se profile
Offre-nous comptant
Des feux crépitants
D’arrêter le temps



mardi 6 août 2024

TRANQUILLE HARMONIE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 22 mai 2024

Loin du tumulte et de l’écume de ton monde,
Sur ces blonds rivages a jeté l’ancre la paix 
D’une aube bleu pastel et de cieux circonspects.
C’est la quiète douceur d’une heure à moi, féconde.

Là, le temps jaloux ne compte plus ses secondes,
Songe à des senteurs saines au sommeil fort épais.
Dans une lumière posée, toute en respect,
Sur le lac assoupi, aucun flot ne fait fronde.

Impassible et flou, dans ce silence serein,
L’air sensible se fait rose pâle, azurin
Et ricoche en échos sur les eaux placides.

C’est la frêle accalmie d’un matin de printemps
Où les sons réveillent, en moi, l’envie de cassides
Puis éveillent des sens endormis par l’instant.



lundi 5 août 2024

PANEM & CIRCENSES

 « La France veut ses jeux.
C’est vital comme enjeu ! »
Dit, avec sécheresse,
Clos en sa forteresse,
L’Olympien qui nous veut
Dociles à tous ses vœux
Et, croyant aux baveux,
Soumis comme morveux.

Quand Paris eut ses jeux,
Brillant de mille feux,
Tout ne fut lors qu’ivresse,
Partage et allégresse.
À l’eau, sous les néons,
On sacra le roi Léon,
Fils de poseïdon.
À lui, le Panthéon !

Quand Paris fit ses jeux,
Elle n’avait plus d’yeux,
Communiant dans la presse,
L’euphorie en maîtresse
Que pour le Dieu Teddy
Qui nous avait prédit,
Du lourd, de l’inédit,…
Et qui ne s’est dédit.

La France après ces jeux
Pourrait bien être en feu,
Retrouvant sa détresse
Et sa vie sans tendresse.
Finis bronze, argent, or,
Chants communs au décor,
Les « valeurs » - sic - du sport
Ou la grâce des corps !

dimanche 4 août 2024

HIVER SUR LE CARREAU

Sur un vers de Soir d’hiver d’Emile Nelligan & une photo
de Marc-Yvan Custeau qui me l’a fait découvrir (30. 12. 2023)

La braise de l’aube allume le levant 
Au tison vacillant d’étoiles harassées
Et ,comme une enluminure de vieux livre,
Ma vitre est devenue un jardin de givre
Où flottent, en suspens, quelques flocons figés.

Tableau saisissant du passant négligé,
On devine, dans cette féerie de nacre,
Silhouettes esquissées de monts blanchis qui sacrent
Le règne éphémère d’un bois de sapins
D’ivoire estompé, aux liserés satin.

Et, partie ressusciter sous d’autres  tropiques,
La nuit n’endeuillant plus nos songes utopiques,
Râ pare d’argent ce fugitif présent
Puis, brillant, illumine d’un or luisant
La précaire dentelle à l’instant offerte.

Oubliées les nues de cendre si peu disertes
De décembre. Comme un môme, je m’enivre
D’une vitre devenue jardin de givre,
Fuyant trésor aux couleurs de Messidor,
Quand, au loin, ma ville engourdie encor’ dort…



samedi 3 août 2024

CLAIR DE LUNE

La lune, oeil de filou, faisait lors face aux flots

Qu’elle irise, c’est fou, là où la mer se brise,

Parce qu’aux prises d’une brise qui la grise,
Laissant dans l’ombre floue voir de sombres îlots.

Comme un simple caillou, elle se jette à l’eau,
S’y morcelle et s’y brise, comme amante éprise,
Allume la frise d’écume qui est grise,
Grosse d’une marée d’août venant au galop.

Cent silhouettes et bouts de lueurs sous emprise,
Sous l’aura des clous dorés parant son halo,
Jouent de nos sens, sur nos nerfs, poussent à la méprise.

Grosse d’une marée d’août venant au galop,
La mer ainsi prise est miroir plein de traitrises ;
La lune, comme oeil de Loup, fait pourtant face aux flots.

vendredi 2 août 2024

BIGARADE, VOUS AVEZ DIT BIGARADE ?

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 14 mai 2024

C’est une douce aurore 
Oranges en adagio
Qui, là, peine à éclore 
En couleurs qui décorent
Les nues d’ocres réhauts
Un air soudain sonore

Un soleil bien plus haut
Assoupirait mes maux
Mais brûlerait mes mots

C’est une douce aurore
Au coeur d’un été chaud
Qui éveille la flore
Et, ça et là, mordore
Les pâtures à bestiaux
Sommeillant plus encore

Un soleil brillant haut
Endormirait mes mots
Panserait-il mes maux


jeudi 1 août 2024

MATIN MÂTIN

Le vent de l’aurore caressait tendrement
Les bois qui ébrouaient leur pénombre pesante,
Les chassant d’un revers comme quand on plaisante,
Les sachant revenir promptement nuitamment.

Venue de ces ombres au loin lasses, agonisantes,
L’aube a fait éclore des parfums impudents
 Sous le chatoiement de nues tout en flamboiements…
Des chants fous saluent ces senteurs euphorisantes.


Le printemps embaumait, et tout simplement,
La nuit se retirait, laissant élégamment

La place à des douceurs encor’ plus apaisantes…

Et le jour qui ouvrait ses yeux, complaisamment
Sur ses beautés qu’on dit naissantes, bienfaisantes,
Venait enfin à nous, gaiement, obligeamment…