Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 30 septembre 2020

HAÏKU MIQUE

Chaque fois qu’on se dit « V.I.P. », moi j’entends « vieille pie »… ce qui est plus près de ce que je vois.

mardi 29 septembre 2020

HAÏKU’MPE T’ES BON !

Ce n’est pas parce que je solde mon compte que vous allez faire une affaire !

DE FEU L’ESCARGOT

Petite fable affable

À la mort de Sir Escargot
Qui n’avait guère de magot
Et, las, encore moins d’ego,
Vinrent ses fils et le notaire
Qui leur apprit, en son argot,
Que le vieux, très terre-à-terre,
Avait testé, ah quelle affaire !,
En faveur d’un coléoptère.

Il se firent protestataires,
Puis plutôt que de se taire
Les lésés, au destinataire
Du legs, firent un grand procès.
Il n’aura pas sur cette terre
L’appartement du vieux. Ces
Sottards-là, plus grabataires
Que leur père, ayant tous accès
À une vraie maison fixée
Sur leurs épaules étaient vexés.

Thémis débouta notre insecte.
Aussitôt la terrible secte
Des fils s’écharpa par d’abjectes
Façons : qu’avaient-ils donc besoin
De ce toit déserté qu’infecte
Déjà l’humidité ? Chafouins,
Ils crient tous, dans leur dialecte,
Au vol, appellent au coup de poing,
Se déchirent, se font le groin
Et s’entretuent de loin en loin.

Et pourquoi ? Pour rien ou peu :
Pour une vraie coquille vide !
Combien de frères avides
Au tout dernier adieu
D’un des leurs, jaloux, envieux,
Ne font pas mieux qu’ils ne valent 
Et se perdent dans l’intervalle 
Comme escargotons adipeux ?!


Illustration : Elisa Satgé, été 2019

dimanche 27 septembre 2020

HAÏKU PET

J’ai eu vent que certains trous du cul étaient dignes de rester dans les annales.

L’ÂNE FATIGUÉ D’ÊTRE BÊTE

Petite fable affable

Las de cette bêtise qu’on lui attribue,
Le grison qui vivote chez mon voisin, imbu
De sa position, et ce n’est pas là fadaise
Ni foutaise, un Homme se voulut. Tout à son aise.

Pourquoi donc me direz-vous ? Car il est tant d’humains 
Qui se comportent, ici-bas comme les pires ânes.
Pourquoi un baudet ne pourrait pas, et dès demain,
Faire le bipède qui, souvent, n’est que folle avoine ?
S’il connaissait ses lettres, la chose paraissait
Possible à notre ami et même facile assez :
Il s’éduquerait donc. Il s’en ouvrit à son maître
Qui jadis coiffa hélas, avant d’envoyer paître
L’école, un bonnet à grandes oreilles, fermier
Bête à bouffer du foin entassant son fumier
Devant sa grange pour que tout le village pense
Qu’il avait du blé à l’aune de sa grosse panse…
Le paysan trouva l’idée bonne, et mit, dès lors,
Sa famille au labeur : chacun aida cette monture
Bien sûr qu’une fois devenue une pointure
Côté savoirs, elle se vendrait à prix d’or !
Pensez donc, tout le monde voudrait pareil prodige
Chez lui… Et pour nos ploucs ce serait le prestige !

Mais ils eurent beau, tous, braire, il n’advint las rien
Qui ressemblât aux espoirs qu’eurent ces vauriens.
Car Dame Nature ainsi le veut, impérieuse :
Esprit ne se gagne, sottise est contagieuse !

vendredi 25 septembre 2020

HAÏKU POBOL

Il y a des peigne-culs aussi parmi ceux qui arborent une coupe à la brosse !

UN RHINO, C’EST ROSSE !

Petite fable affable d’après Ph. Briola

Au cœur des savanes où des hyènes ricanent,
Un lion croise un rhinocéros, fort court sur canes,
L’œil sournois, qui ne le désignait pas comme proie,
Avec, sur le nez, plantée, une longue corne :
On aurait pu s’embrocher sur pareille borne.
Quel trophée serait cette prise pour un roi !

Poussé par l’impérieux désir qu’a la bête
Curieuse, il aborda ce tas, bille en tête
Usant pour l’occasion de civilités.
« Bienvenue en ma Patrie si fraternelle,
Cher inconnu, même si on a peu de nouvelles
Présences en ces lieux de convivialité !

- Mais je connais cette terre. Elle fut mienne
Tant que j’y trouvais cette nourriture saine
Qui me fait tel que tu me vois aujourd’hui.
Lui répondit lors le tranquille pachyderme.
Hélas, cet aliment vint à manquer à terme.
J’en ai abusé… Et ce pays j’ai fui.

- Donc te voilà de retour chez toi alors, lui lance
        Le souverain.

- Oui, car l’est aussi ma pitance !

- Et que mangeais-tu donc qui ici disparut ?

- Ni herbe ni feuilles ne donnent taille et force ;
Et mon espadon ne pousse, plus dur qu’écorce,
Que si je bouffe du lion. L’eusses-tu cru ? »

mercredi 23 septembre 2020

HAÏKU AU TROU

Sans appel, avec toi, j’ai fait bonne pioche !

LES DEUX INSOLENTS

Petite fable affable

Dans une courette, deux chats,
Copains comme cochons, chahutaient, liesse
Momentanée de ces pachas
Allant de jour ou de nuit, sans presse
Et sans souci, sans fin ni faim,
De la sieste à l’assiette, avec adresse,
Sous l’œil d’un vieil aigrefin. 

Les deux compagnons l’interpellent :
« Eh, Grand-Père, n’as-tu, toi, point d’ami,
Pour jouer entre deux coupelles
De lait ? 

- Si fait, Gamins. J’ai un « ami ».
Un seul car, comme disait l’homme
Sage* : « Rien n'est plus commun
Que ce nom et rien n’est plus, en somme,
Rare que la chose. » Moi, chanceux, j’en ai un !

- Et qui est cet heureux élu, l’Ancêtre ?

- Le hibou du vieux chêne, Enfant !

- Il est plus taciturne que notre maître
Ou toi… en moins ébouriffant !

- Mieux vaut un ami timide 
Dans l’expression de ses sentiments 
Mais qui saura toujours, et au bon moment,
Te tendre une main, même humide,
Qu’un volubile qui te tapera 
Dans le dos pour mieux t’y planter, traître
Le poignard qui, las, te tuera
Ou te pousser à tomber sans y paraître… »

* Socrate semble-t-il, selon Phèdre (III, 9), cité par J. de La Fontaine (Parole de Socrate, Fables, IV, 17)

lundi 21 septembre 2020

HAÏKU NIQUE

Déposer une main courante c’est-à-dire baladeuse, c'est la faire s’arrêter sur l’essentiel des choses.

UN TESTAMENT PAS SI BÊTE…

Petite fable affable d’après
Le testament de l’âne de Rutebeuf (XIIIe s.)

Ne connaissant pas d’autre loi que son caprice
Notre si bon curé avait bonne paroisse.
Quand d’autres prieurs, mendiants, la poisse !,
Vivaient de la charité de pauvres jocrisses
Et de l’aumône de miséreuses nourrices,
Lui touchait une dîme généreuse emplissant
Ses greniers et armoires à plus de dix pour cent !
Mais ce ladre n’était prodigue qu’en caresses
Pour son vieil âne allant à toute besogne,
Le pied sûr et l’humeur toute d’allégresse.
Or notre avare prêcheur, au retour des cigognes,
Perdit sa bête, son ami que, sans vergogne,
Il pleura autant que le sou qu’il perdit un jour
À cause d’un trou de poche qu’il maudissait toujours.

Et, considérant qu’il avait été le plus fidèle 
De ses fidèles, le plus amène et docile
De ses paroissiens, à la lueur des chandelles,
Il l’enterra, malgré l’avis de maints conciles,
En terre consacrée comme un fils de Dieu.
Ce fut pour ses ouailles blasphème odieux.

On en avisa l’évêque toujours en quête
De quelque affaire pour arrondir sa bedaine.
Mais le prélat le sut. Avant que requête
Lui vint du diocèse, il courut dans la quinzaine
Auprès de l’Autorité pour apaiser sa haine.
« Le cimetière est le repos des baptisés,
De qui a conscience et âme aseptisée ! 
Non charnier pour de vulgaires sacs à puces
Et autres parasites. Nous soient-ils des proches !…
On en a brûlé pour moins que ça chez les capuces ! »

Après avoir été agoni de reproches,
Notre officiant voulut, par habile approche,
Qu’il l’entendît, seul à seul, en confession.
Le primat lui offrit son approbation :
« Oc, j’ai péché, Monseigneur, vous êtes mon juge
Devant Dieu. Je me repens d’avoir mon âne
Inhumé de la sorte. Œuvrant en mon refuge
Sans compter sa peine, sans faire de grabuge,
Il touchait une pièce par jour. Cette manne
Il économisa. Quand vint la faux sans saveur,
Il testa ses économies en votre faveur.
Ajouta le révérend en montrant une bourse pleine
Que l’évêque aussitôt égara en ses poches.
Le tout contre un coin de terre sainte. C’est peine
D’accepter mais comment refuser un peu de laine
Pour réchauffer l’Eglise et faire résonner ses cloches.

- La divine miséricorde est infinie, 
Mon fils, va en paix. Pour moi, l’affaire est finie ! »

Quiconque a de l’argent assez et de jugeote
Un peu, décrottera au plus vite ses bottes.
Ainsi nous l’apprit le très sage Rutebeuf
Qui n’eut hélas, ici-bas, ni âne ni bœuf…

samedi 19 septembre 2020

HAÏKU’N CENTRÉ

Taper dans l’Émile lui fait mal.

C’EST TOUT DETTE !

Petite fable affable d’après Anne Cailloux

Dans nos montagnes, on aime à tondre 
Et brebis au frisé gilet
Et touriste venu de Londres ;
L’une pour sa laine et son lait,
L’autre pour ses gênes et son blé…

Cette année, hélas c’est la Crise
Du troupeau des seconds on n’a pas
Vu la queue. Misère a donc prise
Sur notre « Hôtel des catalpas »,
Et commerces de notre pampa .

Alors chacun emprunte à l’autre
De quoi vivre et tenir le coup
Jusqu’à ce qu’enfin un apôtre
D’Albion se hausse le cou
Dans notre bon nid de coucous.

Il prend à l’hôtel une chambre.
Son billet est aussitôt porté
Chez le boucher, qui en cœur d’ambre,
Faisait crédit sans le colporter
Au gargotier sans s’emporter.

L'équarisseur paya lors le rustre
Dont les bêtes garnissaient l’étal ;
Et celui-ci la garce frustre
Faisant son bon plaisir zénithal.
On n’est de bois ni de métal !

La Belle régla son ardoise
Restée chez notre hôtelier
Au moment où, la moue narquoise,
L’Anglais renonçait aux béliers
Et autres joies des halliers.

Il fut donc remboursé sur l’heure.
Pas plus d’argent n'a circulé
Chez nous, mais pas moins n'en demeure :
Personne n’a de dette à régler !
À méditer chez les acculés…

vendredi 18 septembre 2020

jeudi 17 septembre 2020

HAÏKU QUI FAIT MÂLE

Ce que je garde sous le coude finira par être oublié dès que je l’aurais levé !

À L’EAU LE CIEL

Petite fable affable

Cette année-là fut inondé notre village,

Les pluies de printemps, abondantes, ayant duré.
On fit évacuer le bourg du plus jeune âge
Au plus grand. On s’y plia tous sans trop jurer
Ni ramer à l’exception du vieux curé,
Qui à l’aide des sapeurs préférait, fidèle
À sa foi, l’intercession d’un Dieu
Qui, pour leurre, pleurait sur l’Homme et l’asphodèle.

Seul devant le maître-autel, en orant, pieux
Comme une image sainte, il priait prou, à haute
Voix, et psalmodiait ses psaumes du mieux
Qu’il pouvait, de l’eau jusqu’aux chevilles, sans bottes.
Elle y croyait vraiment cette sacrée calotte !
Mais les sauveteurs, en barque, revinrent, quand c’est
À son torse que l’eau arriva. Ils le trouvèrent
Contrit, à genoux, en sa nef noyée. Insuccès !

« Du haut des Cieux, me sauvera Notre Père ! »
On revint quand, en chaire, montèrent les flots.
On l’y trouva, à plat ventre, son âme au calvaire,
Attendant encor’ le signe ou la main du très Haut
Qui le sauverait plutôt que ces humains en canot.
Confiant ou obtus, il mourut ensuite.
Il rejoignit les Élus, mais quand il parvint
Là-Haut, il fit au Barbu et à sa suite : 
« Pourquoi ne pas m’avoir tendu la main, ô mon Très Saint
Seigneur ?… Un geste un mot aurait suffi à faire 
Que je vous serve encore, en bas, entre hosties et vin ! 

- Mais je l’ai fait, mon fils. Ne t’ai-je pas sur terre
Envoyé par trois fois, je crois, les pompiers ? 
En refusant, que cherchais-tu à expier ?
À moins que ce ne soit l’Orgueil, péché impardonnable,
Qui ait guidé ta Raison ? Sache qu’un divin
Secours prend, et depuis les premiers âges,
D’abord forme dans l’humain recours, cher devin ! »

mercredi 16 septembre 2020

HAÏKU’N FINI, HAIKU’N FINÉ

La technologie russe nous envahit depuis longtemps : la plupart des appareils électroménagers ont une petite touche poweronoff indispensable !

mardi 15 septembre 2020

HAÏKU EXISTE EN CIEL

Il faut bien naître si l’on veut téter !

L'EXOCET PAS EXAUCÉ

Petite fable affable

Alors qu'il y a du chamaillis
Sur Terre, dans le moindre taillis,
L’océan est, dirait-on, plus calme
Quoiqu’on s’y critique et qu’on si palme
Aussi souvent que partout ailleurs.
Le poiscaille n’est pas meilleur
Que toutes les autres bestioles.
Ni plus heureux. Vraie tête à torgnoles.

Voici donc, si l’on veut bien m’en
Croire un conte sur l’exocet, friture
Insipide dotée d’ailes, content
Comme un loup gris pris d’aventure
En trappe, qui se plaignait encor’
Et toujours, à tous vents, de son corps
De menu fretin muni d’ailettes
D’insecte. Serait-il la boulette
Du Très Haut ? Une quelconque erreur ?
« N’être ni chair ni poisson. Horreur !
Nageant fort mal à cause de mes ailes
Et volant bas à cause de ma peau,
La sauver n’est pas aisé. La vielle
Des poètes ne chante oripeaux ! »

Le Ciel se fendit : « Ah l’indigne !
Moi qui l’ai fait voler assez haut
Pour échapper au requin insigne
Et nager aussi pour qu’aux oiseaux
De mer, vite il puisse fuir !
Cesse de geindre : tes différences
Te sont atouts et à tant huir
Contre, tu oublies, pauvre cœur rance,
Qu’ils te servent, chaque jour passant,
Et jamais ne te font faiblissant ! »

dimanche 13 septembre 2020

LE PONT DE LA RIVIÈRE HAÏKU, AÏE

Qui croit avoir barre sur moi, biffin, tirera vite un trait sur son ambition.

ÉPILOGUE EMPRUNTÉ

Pour un éventuel dernier recueil de fables…
si d’aventure l'aventure ne s’arrêtait pas de si tôt

            À vue de nez, mettre la dernière touche à un recueil est aussi difficile que d’en poser le premier jalon. Pour l’heure, c’est tout vu : pour cet exercice aussi nécessaire et salutaire même si on a l’impression d’avoir peu, et parfois, hélas, mal écrit tout ce que l’on voudrait dire au vu et au su de tous, on va chercher ses mots chez autrui. Même si c’est mal vu.
     Car la littérature, ce monologue qui se voudrait, paradoxalement, un échange, et pas que de vues, qui nous paraît toujours aussi incomplet que longuet, n’est qu’une longue réécriture, consciente ou non, volontaire ou pas, des œuvres du passé, celles bien en vue comme celles perdues de vue. J’emprunterai donc, e t sciemment cette fois, mes ultimes mots à un de mes prédécesseurs, un de ces Illustres qui, il y a des lustres, ont donné du lustre à cet art que j’essaie de défendre, avec d’autres, ici ou là, d’une façon ou d’une autre à la vue de tous et à l’insu des autres :

« C’est assez, suspendons ma lyre,
Terminons ici mes travaux.
Sur nos vices, sur nos défauts,
J’aurais encore beaucoup à dire ;
Mais un autre le dira mieux.
Malgré ses efforts plus heureux,
l’orgueil, l’intérêt, la folie,
Troubleront toujours l’univers » 
(J.B. Claris de Florian, Fables, 1792 / Épilogue)

     Ainsi petit neveu de Voltaire achevait-il son auguste fablier, lui qui n’a jamais vraiment théorisé sur son art ô combien consommé de l’apologue. D’autres, moins instinctifs et spontanés, le firent ou le font avec plus ou moins de bonheur voire de talent. J’en sais quelque chose.
     Mais revenons à notre postface. Toutefois. cet auteur sans hauteur - si ce n’est de vues -, ce géant du vers et de la rime, bien vu en son temps, quoique resté, à mon point de vue, qui n’est pas la première pourtant, par trop dans l’ombre de son auguste prédécesseur, J. de La Fontaine, confessait, plus tôt, dans un de ces contes brefs et parfois cinglants dont ils avait le secret : 

« Que j’aime les héros dont je conte l’histoire !
Et qu’à m’occuper d’eux je trouve de la douceur !
J’ignore s’ils pourront m’acquérir de la gloire,
Mais je sais qu’ils font mon bonheur.
Avec les animaux je veux passer ma vie ;
Ils sont si bonne compagnie !
Je conviens cependant, et c’est avec douleur,
Que tous n’ont pas le même cœur.
Plusieurs que l’on connaît, sans qu’ici je les nomme,
De nos vices ont bonne part :
Mais je les trouve encore moins dangereux que l’homme ;
Et, fripon pour fripon, je préfère un renard. »
(J.B. Claris de Florian, Fables, 1792 / Le savant et le fermier, IV, 1)

     Qu’ajouter de plus… puisque tout est dit et fort bien dit au demeurant, Nicolas*. Hormis que je vous ai en vue, vous qui, bien en vue, aimiez tant à en mettre plein la vue ?
     Ni vu ni connu, méditons en refermant cet opus sur cette sagesse et cette humilité qui font le fabuliste bien né, bien plus que le fumet de la publicité contemporaine, né d’un engouement momentané, versatile et volatil comme fumée, bien mieux que les hochets parfumés d’une République des Lettres en mal d’introspection ou les honneurs de la postérité qui ne font jamais la prospérité de la personne qui en jouit. Pas besoin de jouir de double vue pour le pressentir…
     Retrouvons donc le goût de la simplesse et de la justesse d’un Populaire que l’on ignorera et méprisera sous tous les régimes et tous le tropiques à travers un genre né de lui et fait pour lui. C’est là sa gloire à lui … de toute éternité car il a la vue moins basse que son extraction !

Fabuleusement vôtre…

* (Romain) Nicolas du Houllay, bien sûr !

vendredi 11 septembre 2020

HAÏKU’QUIN DE SORT

Quand on a le souffle court on est mal barré pour les travaux de longue haleine.

LA LICE & LA RENARDE

Petite fable affable

Au pays des ritournelles et tarentelles,
Où rien d’humain ne peut être bagatelle,
 Tambour battant, comme un vrai trompette sonnant
La charge, une lice au bois va se promenant.
Ce cerbère, assez peu lisse de caractère,
En sa fort noire pelisse hantait donc ces terres,
Sous le faîte des futaies en quête de loups
Voraces, de renards gloutons ou de marlous
Pouvant génocider le poulailler du maître
Ou bien, franchissant encor’ quelques mètres,
Dépeupler son clapier voire exterminer 
Sa bergerie et, pire, tous ses nouveaux-nés.

Cette mal léchée s’en prit à une renarde 
Errant son train, en blanc jabot et fort rousses hardes
Sous verdure venant à feuillir sans faillir.
La rouée savait la chienne prompte à haïr,
Et qu’elle n’userait pas tout son sac de ruses
Avant d’être croquée par cette triple buse.
«  N’est-ce pas là duvet en ta lippe, Assassin ?
Fit la molosse avec des airs de spadassin.

- Si fait, mon amie, tantôt vanneau m’a fait ventre.
Tu ne trouveras en ma gueule, ou en mon antre,
La moindre plume, le plus petit frisottis 
Ou un brin de poil mal peigné du plus petit
Des animaux que l’Homme, ici-bas, domestique.
Il en va de ma vie comme de mon éthique.

- Oh, cela ne durera guère, Malandrin. 
L’hiver et la faim te mettront sur le chemin 
De ma ferme et la neige qui, ma foi, dérobe 
Tout à l’œil, me mènera sur tes pas, Microbe !
Fille de larron, tu finiras sous mes crocs
Comme le plus vil bâtard de ta race d’escrocs.

- Je n’estourbis que rongeurs et n’occis que grives
Nuisibles à ton maître, et pas qu'aux temps qui givrent,
En me tenant au plus loin de sa compagnie
Que je sais ne pas m’aller. Nul, las, ne le nie.
Car comment me paie-t-il ces signalés services ? 
Du fusil ou du piège… Bref : de sévices !
Et si je fais un écart, un seul, avec son cheptel,
C’est haro ou halalli : le danger mortel !
Alors que lui en tue cent et en mange mille…
Une telle ingratitude, un tel charnier
Doivent faire penser ou fuir à des miles :
Que peut-on espérer d’un tel cabanier ?
Attends de vieillir ou de fauter, Ma Belle,
Et tu connaîtras le dessous des mirabelles… »

jeudi 10 septembre 2020

mercredi 9 septembre 2020

HAÏK(r)U HASSAN

Je suis tout aussi mauvais coucheur que bon dormeur.

’FAUT JOUER LE JEU ?

Petite fable affable

Amie, dans le jus de son premier jet,
Je te livre quelque fable qui illustre
Les vaines relations qu’on voit se forger
Jusque dans l’intime, depuis des lustres…

Un chat taquinait une petite souris 
Qui hélas, s’en lasse et, pire, fort soupire.
« Souffler n’est pas jouer, l’Amie !… Allons ris
Comme moi ! » lui fait notre triste sire.

Celle qui joua de malchance en croisant
Pareil  larron répliqua :  « Car tu appelles
Ça jouer, Griffu ? Me frappant, m’écrasant,
Tu te joues de moi, je te le rappelle,
Plus que tu ne joues avec moi. Or, le jeu
Suppose un plaisir partagé et je souffre
Tes sadiques agaceries dont l’enjeu
N’est que la vitesse avec laquelle le gouffre
 Des enfers me happera. Où est donc ma part
D’amusement dans ce vilain traquenard ? »

lundi 7 septembre 2020

HAÏKU PURE D’JUS

Pour pacifier la vie politique, opacifiez-la !

TOUS À L’EAU, TOUS SALAUDS

Petite fable affable sur une idée de Loup Zen (Philippe X)
à qui elle est dédiée

Parmi la foule, il n’est pas bon de voir 
Une tête qui passe ;
Dans une foule, c'est pas bien d'avoir 
La tête qui dépasse…..

Un de nos anciens, et sans tabou, 
Jeta pour sa gamelle,
Dans une marmite où beaucoup d'eau bout,
De façon informelle
Tout un clan d’écrevisses ou de homards,
Bêtes issues d’un monde 
Où on dit peu mais juge prou ; calmars
En mer sont moins immondes.

Jaloux par vanité et sots par orgueil
Ces animaux donc cuisent.
Une des bestioles, c’est l’écueil,
Essaie de s'échapper de sa mouise.

Donc, sans jaser mie ni plus clabauder,
Notre bête s'agrippe 
Au bord du récipient sans dauber
Les autres dont une, en grippe
La prend. Celle-ci, à elle, s’accroche 
Pour qu'elle tombe à l’eau…
« Tu veux t’échapper, fit-elle en reproche,
Te distinguer, Ballot ? 
Pourquoi donc saisirais-tu une chance
Qu’on nous refuse à nous ?
Pas question d’en réchapper : ta vaillance,
Jouerais-tu du genou,
Ne sert pas sinon Mort n’aurait de sens. »

Il n’y a, trois fois hélas, jamais de place
Pour qui, en ce bas-monde dégueulasse,
Va, seul, à contresens…

dimanche 6 septembre 2020

samedi 5 septembre 2020

HAÏKU D’AILE

Un manchot, c’est un pingouin très moignon !

D’UN ÂNE & D’UN AUTRE

Petite fable affable d'après Le riche &
 le pauvre de Brahim Boumedien

Allongé sur un pas de porte close 
 Yeux hagards, museau émacié,
Un baudet maigri marmonne des choses.
Hardes en lambeaux, sur son fessier
Assis, la patte posée sur le ventre,
Il entend encor’ gargouiller cet antre
Et, gémissant, supplie quelque passant
De nourrir un peu sa maigre sébile :
«  Il y a trois jours, mes frères de sang,
Que je n’ai pas mangé… et je me bile ! »
    
Allongeant le pas, un gros bourricot,
Mis comme un milord, murmure et se hâte ;
L’auberge du bourg a offert, banco !,
De lui ouvrir sa carte en grand  et, blatte
En blettes, de l’aubaine il profita,
En duplicata, de tous les ratas.
Vite il va, patte posée sur le ventre
Et murmure de l’autre gisant :
« Ah, une indigestion, que diantre,
Il n’y a rien de plus méchant ! »

Ainsi va le monde, au pays des ânes.
Pour soulager vraiment les malheureux,
Partageant vraiment la commune manne
L'Homme fait-il mieux que ces pleureux ?

jeudi 3 septembre 2020

HAÏKU D’LAMPE

Briller par son absence vaut mieux que tout éteindre  par sa présence…

SEPTEMBRE 2020

En toute méconnaissance de cause,
On retourne au boulot faire ces choses
De notre « monde d’avant » en priant
Pour que « Rentrée » ne soit « Reprise ».
C’est du gel plein les mains - leçon comprise ! -
Avec ce masque des plus ennuyants,
Que l’on reprend cette vie covidienne
Qui fut, hier, notre vie quotidienne.

En toute méconnaissance de cause,
Mais les médias en mode psychose,
C’est « retour à la normale » fuyant
Tous et chacun, en distances apprises,
En locaux aseptisés, moins bruyants,
Seuls avec son propre souffle, sans maîtrise
Sur demain avec pour unique antienne :
À virus présent, vies lilliputiennes !

mercredi 2 septembre 2020

mardi 1 septembre 2020

HAÏ(konki)KU AÏE

Peut me chaut qu’on me batte froid : je n’aime que l’eau tiède.

LE RAT SANS LE SOU

Petite fable affable

Règnent la paix sur de lointaines terres
Qui, quoique pays de landes et de vent,
De pluie et de brouillard, très souvent,
Sont réputées hospitalières.
Ce jour-là, y survient quelque rat 
Dont le désarroi est, ma foi, palpable :
Repas sautés et milles embarras
Suant le sordide d’une pitoyable
Destinée l’avaient, hélas, amaigri
Et, à grand dol pour lui en ce monde,
Il passe pour infréquentable, immonde,… 
Car n’a pas un sol vaillant, l’aigri !
Puisque nul, ici bas mieux qu’elle
Ne peut s’occuper du singulier
Pendard qu’est ce rat, Genette la Belle
Songea donc en son particulier 
À s’offrir de l’aider et oit requêtes
Et doléances de ce pauvret,
Le vulgaire et le graveleux de rêts
Que la vie lui tendit, peu coquette.

Chacun vit dans la proposition
Un motif de crainte pour cette bête,
Et un sujet de satisfaction
Pour soi même : tant qu’elle l’embête,
Elle dont la sève est de fiel
Sous l’écorce de ses bonnes paroles,
Elle oublie et les grands et les drolles
Qu’elle floue de ses mots de miel…
Notre rat traita donc avec la traîtresse
De sa propre importance alors pétrie,
Et l’humilité feinte d’une maîtresse
Et l’hypocrite modestie, j’en ris
L’ami, d’un prêteur sur gage, elle loge
L’infortuné et le nourrit tant qu’il grossit
À vue d’oeil, excitant l’envie aussi
De la genette qu’il couvre d’éloges.

Pour d’aucuns qu’auguraient de tels auspices ?
Quelque festin prochain, et à bon compte,
Pour la bienfaitrice et non l’hospice
Pour le rat venu sénile comme en conte !
Et tous, on comptait les jours qu’il restait
Au rat condamné par la gentillesse
Calculée et aux cent mille largesses
Intéressées d’un prédateur futé.
Mais chacun campa sur ses habitude.
Pourtant un matin : envolé le rat !
Sans flemme et sans flamme. L’ingratitude
Du rongeur au gros ventre de verrat
Fut dénoncée par Genette qui trouve
Ce mot du fugueur : « Crois-tu l’animal
Que j’ai survécu à ma vie, au mal,
Sans avoir un peu d’esprit ?… Sotte louve ! »

Dès lors notre ingénieuse on moqua,
Sa mésaventure devint légende,
Et les vieux offriront, baccara,
Aux petits, l’histoire qui dit qu’offrande
Peut-être un piège et que si tout vient
À point, c’est vrai, à qui saurait attendre 
De ne surtout, ma foi, point trop attendre
Sinon t’es plus nu qu’aux temps diluviens !