Aujourd’hui nous prouve qu’aucun hier n’est sans lendemain.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
vendredi 31 janvier 2025
AMOURS DE BAS ÉTAGE ?
Petite fable affable
Mon amie et moi avions pris sous notre aile
La jolie voisine du dessus, une oiselle,
Et pucelle s’il en fut, pour l’éduquer
À nos joies intimes jusqu’à l’ensuquer.
Elle prit goût à nos jeux et à nos joutes
- Elle y excellait, cette garce ! J’ajoute :
Au point qu’on ne put les concevoir
Autrement qu’ensemble, du matin au soir.
Jusqu’au beau jour où je m’en vins aller vivre,
Dans son appart’, comme on dirait dans les livres,
Devenu vaquant : mon amie, de transports
Jamais harassée, la préféra pour son sport
À votre serviteur, marri… et dans l’affaire
« Cocu » pour ne pas vérité contrefaire.
Ainsi, qu’on se le dise : qu’on soit dessus,
Qu’on se trouve dessous, heureux ou déçu,
En amour, il est toujours un partenaire
Qui se fait avoir sans plus de nananère.
jeudi 30 janvier 2025
RIMES & RAISONS
Non, je ne rime pas pour passer le temp
Mais pour retenir le moment ou l’instant.
Loin de toutes vos chimériques Amériques
Et de vos demain électro-mécaniques
Moi, je veux me fabriquer des souvenirs
Pour peupler mes nuits, et puis mon avenir,
Aussi je ne cherche hélas pas à plaire
Non plus qu’une postérité spectaculaire.
J’aime les nuits de nos longs étés fleuris,
Le beau du ciel même quand l’hiver se rit
De l'eau claire de mon torrent sans raison,
L’air lavé de pluie qui embaume nos maisons,…
Pour ça j’ouvre ma fenêtre sur le monde
Et chante alors tout ce qui j’y vois à la ronde :
Le beau, le bien ou le bon comme le bof,
L’enfant rieur comme l’incurable beauf,
L’humain, ses folies, ses horreurs, ou la bête
Qui me permet de me gausser des courbettes
Et des lâchetés universelles du temps,
Avec sa fureur et ses bruits insistants.
Rien ne vaut l'odeur du pain ou de la rose
Et ta main qui, comme un papillon, se pose
Sur ma main valent rimes, oui, tant et tant
Pour retenir ce moment ou cet instant.
mercredi 29 janvier 2025
LE DERNIER (BON) MOT*
Petite fable affable
Sur son lit de mort, que l’hypocondriaque
Voltaire n’abandonnait plus que de loin
En loin, le penseur ne devant passer Pâques,
Reçoit visite du curé du canton.
Heureux que l’homme connut déjà les affres
De l’Enfer, ce dernier, componction dans le ton,
Lui demande, matois comme un gouliafre :
« Renoncez-vous à Satan, comme j’espère,
Bien que nous n’ayons jamais été amis ?
- Oh, ce n'est vraiment pas le moment , mon père,
Que je me fasse un tout nouvel ennemi ! »
* attribué à François-Marie Arouet (1694-1778), peut-être faux… mais on ne prête qu’aux riches.
mardi 28 janvier 2025
MATIN MARIN
Le quai balayé d’embruns
Rassemble noirs blancs ou bruns
Des chats guettant les bateaux
Comme les ceux levés tôt
Là bas au lointain l’eau fume
Reste d’un voile de brume
Dans l’air frais et iodé
Jeunes yeux regards ridés
Qui vous fouette le visage
Ne voient guère les nuages
En sourdine le levant
N’intéresse que le vent
Et tous les rêves et les songes
D’une nuit las sans rallonge
C’est la criée sur le port
Mais dans les cieux crient plus fort
Le gris cendré et le blanc
Des mouettes et des goélands
lundi 27 janvier 2025
HAÏKU DE MOTS
Je reçois plus civilement des excuses que les soufflets : les premières sont si rares !
CRUEL DUEL
Petite fable affable
« Monsieur, vous êtes le roi des cons !
Lance un vieux courtisan du balcon
À un quidam qui le désespère.
- J’aimerais bien, et l’avoue, l’espère.
Mais il me reste tant de chemins
À parcourir que ce n’est demain
Que je n’atteindrai une fin si belle.
N’y suffirait point ma vie de rebelle !
- Je vous insulte et vous vous gaussez !
- Certes Monsieur. Car oui c’est assez
Bêta qu’un tiers, ballot comme bête,
Soit benêt au point, et ça m’embête
De le dire en public, d’ignorer,
Le niais, le sens de ses mots en vrai :
Quand autrui, fin esprit, on flagelle
À un dictionnaire on en appelle ! »
dimanche 26 janvier 2025
L’HAÏKU TOURNE EN ROND
On fait le tour d’une question comme celui de la terre… pour finalement en revenir au point de départ !
PLUS RIEN
Dans les oripeaux vains de lumière tombante
De ce siècle fou de crises et de tourmente,
Qui violente les apparences de la vie
On ne sait plus rien. On n’en a plus envie.
Les Cieux sont en friches et, las, leur Création
En ces temps confus, laissés, en déshérence.
Or, on croule sous un amas d’informations,
La connaissance est savoirs sans cohérence :
Fatras de bêtises et de mystifications.
On ploie sous l’ignorance apprise. Rance.
La stupidité est flot qui érode nos vies.
On ne sent plus rien. On n’en a guère envie.
Les silences ne sont qu’échos et nos rêves
Des ruines, vestiges que rien ne relève.
Nous allons, seuls, dans une opaque clarté
Traçant, à l’ombre de mots, un chemin d’encre
Entre ondées d’idées, éclaircies heurtées
Aux murs d’un dédale de pensées. Moi, j’ancre,
En entrelacs, des nasses où vont fureter
Des phrases qui me seraient, sinon, des chancres…
samedi 25 janvier 2025
LA PIERRE & LA FAUX
Petite fable affable
Un paysan passe sa pierre sur la lame
De sa faux ; l’aiguise et la polit jusqu’à l’âme.
« Ta vie ne tient donc qu’à un fil, toi qu’on redoute,
Que je lustre, affine sans cesse et sans nul doute,
Ce bien donné, mal fait :
Car plus je t’affûte, plus, hélas, je t’émince
Rognant peu à peu ton existence, Bon Prince !
- Tais-donc, animal !
Avant que ce beau jour funeste ne m’advienne,
J’t’aurais amincie à mort, moi aussi, Païenne.
Qu’y a-t-il d’anormal ?
Bien parfois fait du mal
Mais le Mal ne saurait faire un bien, même moindre,
Ni qu’on lui fit mal sans réplique à faire poindre ! »
vendredi 24 janvier 2025
DEPUIS LA PLAGE
L’aube dissout des éclats de lumière
Dans d’ocres lueurs d’un or éphémère.
L’eau du ciel n’est pas loin, dans le lointain,
De poindre et d’offrir à la mer son tain.
Elle frémit comme peau qu’on caresse,
Palpite comme un coeur plein de tendresse.
Les nues fuient leur responsabilités
Avec vélocité, célérité :
Point par point, la nuit lassée s’est éteinte
La lune a voilé sa face, contrainte,
D’un crêpe d’azur que noie l’horizon
Là-bas, où fleurit un vibrant tison…
jeudi 23 janvier 2025
LE MÂTIN DE NOËL
Petite fable affable
Les étoiles aux nues étincellent
Fêtant la nuit éternelle
Celle où, de l’obscur du ciel ,
Descendra Papa Noël.
Lors, un mâtin attend l’aube
Priant que ne se dérobe
Pas le barbu à cadeaux
Car - la Nature a bon dos ! -
Elle a morflé cette bête :
C’est vrai, pauvre comme Job,
Sot, snob et laid comme un zob,
On lui fait mille courbettes
Car on le sait violent
Plus qu’hélas somnolant,
Un regard, un mot l’affolant.
« Mais qu’attends-tu ? lui fit l’âne
- Moi, J’ai commandé de l’humour.
Marre des culs de tzigane
Ou de facteurs. Tout l’amour
Que j’ai, vient de mon physique
Ou de ma richesse sans fond…
- Toi qui es bas de plafond
Et ronges qu’os anémiques ?! »
Passe outre pour une fois,
Ce cabot : « Avec émoi,
On dit mon intelligence
Valant mie ma vigilance !
- La vérité t’ayant mie plue,
Un miroir aurait mieux valu ?
- Connard de vil bougre d’âne !
- Tiens l’aurore est avivée
Mais ton paquet point arrivé,
Dirait-on ! Il est des choses
Qu’on n’obtient pas en dépose… »
mercredi 22 janvier 2025
CHANSON À GARONNE
Cycle toulousain
Garonne est un monstre, un démon,
Qui creuse son lit en nos monts.
À peine sortie de source,
Elle rugit sa rage et broie
La pierre ; parfois elle noie
Quelque village dans sa course
Quand l’engrosse, hélas, un printemps
Enfantant des flots haletants.
Garonne est ange séraphin,
Quand en plaine elle vient enfin,
Pour soulager labours et peines,
Rafraîchir les sols esclaffés
Et les villes aux ciels assoiffés
Où l’Autan, parfois, perd haleine.
Consolation des mauvais jours,
Elle nous préserve toujours…
Garonne est monstre séraphin
En robe verte où, à la parfin,
Des saphirs de néons, des perles
De lune viennent se jeter
Pour irriguer sans coqueter
L’air de Toulouse où chantent merles
Et ténors dans toutes les rues
Qui ne sont pas d’humeur bourrue.
Garonne est un ange et un démon,
Qui offre à l’Océan limons.
Souvent, elle se la coule douce
Entre vignes et vergers, passant
Comme un beau rêve caressant.
Sage de méandres sans mousse,
Elle va, sans mystère, au loin
Arroser les foins d’autres coins…
mardi 21 janvier 2025
LES SERPENTS
Petite fable affable d’après
Le Serpent à plusieurs têtes de Ch. Perrault
Deux Serpents, en un temps d’un autre âge,
L’un à plusieurs têtes, l’autre à plusieurs queues,
Disputaient de leurs propres avantages.
Cette discussion tournait au belliqueux
Quand survint danger à grand tapage.
Nos débatteurs s’en furent comme ils pouvaient :
Celui à plusieurs queues, par la broussaille
Et les buissons fila comme un vil orvet,
Car ses appendices suivaient, vaille
Que vaille, sa tête. L’autre, à sauver
Les siennes, peina, car l’une par rocailles
Voulait aller quand l’autre trouvait
Que les bois étaient mieux ; « Mais quelles bleusailles !
La rivière, là, nous préservera
Bien mieux ! » Fit la troisième. Et ainsi de suite.
Chacune ayant un avis, adieu-vat !,
Il fut vite trop tard pour prendre la fuite…
N’ois pas trop de conseils différents
Si tu hais l’échec désespérant.
lundi 20 janvier 2025
PLEINE LUNE
D’après une photo du 28 septembre 2023
L’astre melliflue est comme une fleur posée
Sur la toile de la nuit distendue, embaume
De quelques rayons de miel jusqu’à la rosée
Effaçant les pollens essaimés. Ces atomes
D’or pur constellent le dais de mon promenoir,
Ce ciel sous lequel je erre, où plus rien n’est noir.
Ce nectar lumineux vient donner son arôme
À toute ombre, s’égoutte en bruine monochromes
Hors du voile éclairci des cieux pour ponctuer
De paillettes ambrées les eaux de la rivière ;
Sur la rose des vents ricochent comme pierres
Ces lucioles que clapots veulent embuer.
dimanche 19 janvier 2025
CAUSE PERDUE
Petite fable affable
Philomèle rossignolait par les haies.
En un loyal concours, il avait défait
Le roitelet, le geai et le rouge-gorge
Mais, toujours humble, point il ne s’en rengorge.
Aussi Sieur Paon entra en compétition :
« Une si modeste livrée et chétive bête
Aurait, à la face des cieux, prétention
À en remontrer à de bonnes gens d’ailes ?
Et pourquoi pas louer les frêles hirondelles ? »
Seuls canard, faisan et pie ont applaudi
À ces mots insultants et, las, ont maudit
Dame alouette qui osa faire entendre
Sa voix douce mais, pour une fois, peu tendre :
« Moins on a de talent, par nos vastes breuils,
Plus on offre de l’arrogance et de l’orgueil ! »
samedi 18 janvier 2025
HAÏKU DE COURT
Pourquoi, au tennis, fait-on tout un pataquès des coups droits et jamais des tordus ?
SOUS UN CIEL ATONE
Le cœur à l’agonie et l’âme en sursis,
L’été nous quitte, hélas, sur un air d’automne
Parfumé de pétales en allées sans merci,
De fruit tombés qu’insectes affairés gloutonnent.
Les derniers beaux jours font deuil de la saison
Où les gazons verts se pendent à l’horizon.
Les bois parés de brun, couronnés de jaune
Se défeuillent peu à peu au soleil blanc.
La lumière palie fait fuir flore et faune
Des sentiers des sous-bois, plus indolents,
Et lentement mais sûrement l’ombre gagne
Au cœur de jours que solitudes accompagne.
La Nature, fatiguée d’avoir donné,
Expire en beauté. Qui la regarde encore
Mourir de ne vouloir partir, abandonnée ?
Qui jette un œil à un décor qui s’édulcore ?
Ses regards voilés n'ont plus d’attraits,
Et, plus que de la faux, souffrent de cet arrêt.
vendredi 17 janvier 2025
HAÏKU D’AIGUILLE
Si parfois le bonheur arrive à male heure, le malheur arrive toujours de bonne heure !
LE VEUF INCONSOLÉ
Petite fable affable
Un pigeon, l’aile basse, se traînait
Sur le bitume et semblait peiner
À trouver une raison de vivre,
Comme il se disait dans les beaux livres.
Un chat l’approche sans qu’il ne s’effraie :
« Eh ! dis donc, Ramier, tu prends des risques !
Si j’avais voulu… et même d’un trait…
- Qu’importe, l’Ami, mon odalisque
Ma mie et ma fidèle n’est plus.
- Et tu n’as pas peur qu’une automobile
Ou… matou que faim ne fait plus joufflu,
Ne te fasse mourir, Volubile ?
- Bah !… Si ce n’est l’un d’eux, la douleur
Se chargera de ma vie sans valeur.
- Alors, si c’est pour rendre service ! »
Le chat le croqua, bon apôtre,
En pensant, est-ce vraiment du vice,
“Malheur de l’un fait bonheur de l’autre”.
jeudi 16 janvier 2025
HAÏKU DU COUP
Avoir des principes constitue un bon début… pour ceux qui pensent qu’ils ne sont pas une fin en soi.
LES LANGES DE L’ARCHANGE
Passez sur le passé qui vous dérange
Il est festons ou franges
L’important est dans les moissons de nos granges
Nés de nos bons ensanges
Qui font qu’on les y trouve et y range
Qu’y a-t-il là d’étrange
Passons sur le passé qui vous dérange
Mais pour donner le change
Regardons celui qui mieux vous arrange
Celui qui n'est point fange
Celui où vos mots et faits on louange
Sans ambages ni mélange
Passer sur le passé qui vous dérange
C’est pour moi un challenge
Comme de vous croire des saints ou des anges
Car ne veux en échange
Les bassesses qui ont permis vos vendanges
Vins faits d’eau de vidange
mercredi 15 janvier 2025
LES MÉCONTENTS
Petite fable affable
Il aime la nature ce jardinier.
« Preuve qu’il est homme peu rancunier ! »
Comme le lui chante haut une mésange
Que cet humain disait avoir voix d’ange.
Il avait un clan de chasseurs, des chats
Chafouins, surtout, vivants en vrais pachas
Et en chalands à moins que pointe une aile
Ou une moustache par navets ou nielles
Et c’était curée sans absolution.
Lors, chagrin, il chercha la solution
Dans sa bouteille de chablis : nichoirs,
Mais aussi mangeoires et puis abreuvoirs
Il supprima de son jardin, bien qu’avec zèle,
Il en avait mis partout pour les oiselles
Et oiseaux du cru : « Mon Dieu, il nous hait !
Ce chabraque nous refuse branches, haies,…
Fait lors un rouge-queue unijambiste.
- Veut-il notre mort ? Dit un verdier triste.
- Ses chahuteurs sont moins chacals que lui
Quand, las, il nous font danser la chacone !
Ajoute un chardonneret.- Quel ennui
D’entendre pérorer comme ces connes
De perruches ! lance une chouette qui
L’est pas vraiment. Votre tête est maquis !
- Tu prêches pour ta chapelle, l’ancienne !
Tu vis comme un shah mais nous gens plébéienne…
- Silence ! Vous vous plaignez des griffes et crocs
Des matous. Cet homme, lui, nous préserve,
De futures et douloureuses nécro’.
Je le proclame sans aucune réserve :
Jugeons d’autrui non l’acte ou la parole
Mais la fin qui en est la muserolle ! »
mardi 14 janvier 2025
PIEU HAÏKU
J’ai passé un marché avec Dieu, tant qu’il ne nuit pas à mon existence… Je n’attente pas à son inexistence.
BONHEUR
À Marielle, sur sa première œuvre à l’huile (déc. 2024)
Je le vois poindre à travers le rideau gris
Des temps que tu as traversés, Ventre-Saint-Gris,
Comme un cheval au petit trot, magnifique
Prophète d’heures enfin pour toi pacifiques.
Est enfin finie une année sans plumet ;
Il peut venir, bienvenu comme jamais,
Car les brouillards de nos tourments se dissipent
Et les brumes de peurs nées quand le destin ripe
Sont maintenant derrière nous. Sans « si » ni « mais ».
Je le vois poindre à travers le rideau gris
Des temps qui auraient pu, las, nous rendre aigris,
Nous séparer comme un vieux sort maléfique…
Mais il est là, ce palefroi séraphique,
Porteur de la promesse d’un « désormais »
Menant aux lointains sereins, aux rives aimées
D’un avenir où le rêve devient principe,
Où l’espoir d’avancer sans pleur participe
Loin de ces moments, embués, à gommer…
lundi 13 janvier 2025
LE COURSIER & LE ROUÉ
Petite fable affable
Lièvre ayant prou besogné sa hase compagne,
S’en trouva fort guilleret et rasséréné,
Aussi ne tremble-t-il quand, en rase campagne,
Il croise compère Renard, prédateur né.
Notre oreillard, d’un ton goguenard, fanfaronne :
« Conviens que je l’emporte en ce monde de fous
Quand il faut fuir l’ombre des tiens qui prou larronnent
Ou les vains chasseurs quand je braconne leurs choux !
Nul n’est plus rapide : tous les vents sur leurs ailes
Peuvent à grand peine, hélas pour eux, m’être rivaux ! »
Le renard lui répond : « Qui pourrait, Sauterelle,
Te battre en vitesse par nos monts ou nos vaux ?
Mais si fuir le danger est belle et bonne affaire,
Savoir l’éviter, crois-moi, est le mieux à faire ! »
dimanche 12 janvier 2025
MON CHEMIN
Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 7 janvier 2025
Mon chemin caillouteux plein d’herbes folles est d’ombres
Il m’a conduit à de grands champs aux blés blondis
À de vastes prairies fort fleuries et verdies
Au bleu intense de ciels immenses sans nombre
Mon chemin cahoteux n’allant pas droit est d’ombres
Mais il m’a ouvert des horizons interdits
À qui ne sait les voir les sens tout engourdis
Par un quotidien qui condamne à la pénombre
Mon chemin qui semble perdu certes n’est qu’ombres
Mais il me mène sans fin aux charmes inédits
Et renouvelés d’une insoupçonnée Arcadie
samedi 11 janvier 2025
TANGENCE ?
Petite fable affable
Un seigneur n’était qu’indulgence,
Ce même avec la pire engeances,
Refusant toute intransigeance.
« Cela passe pour négligence,
Lui dit-on avec obligeance,
De n’user point de diligence
Dans le recours la vengeance.
Ça affaiblit votre régence,
Les opposants font convergence,
Mettent l’émeute en émergence !
- Pourquoi ce serait dérogeance
Et non preuve d’intelligence
De voir en-delà des contingences,
De l’urgence ou des divergences
Et d’avoir en ses exigences
De ne réclamer qu’allégeance ? »
vendredi 10 janvier 2025
NORMANDERIES
À Catherine D., avec toute mon amitié
Des pommiers, du foin et des herbages,
Des vaches aux pis lourd en pâturages
Que des haies protègent des grands vents
S’emplissant de chants d’oiseaux souvent
C’est ta Normandie, terre hors d’âge
Où les peupliers ont leur verbiage.
Pas de falaises d’un blanc amer,
D’aiguille pour coudre ciel et mer
Ni de ces toits noirs luisant d’ardoise
De ces ports semblables à ceux d’Iroise,
Ta Normandie n’a pas ces grands airs
Qui font courir jusqu’au pays khmer !
Pas besoin d’aller au bord du monde,
Ni de mouettes criant à la ronde ;
Seuls l’or, l’ambre et l’ocre des feuillages
Et les chemins creux offrant passages
Font ta Normandie que pluies émondent,
Terre sans faconde mais fécondes.
Tes toits de chaume rient des grêlons
Mais quand il fait bleu, quand il fait blond,
Les grands prés sont des terres d’aventures.
Les ciels mouillés poussent à l’écriture
Dans ta Normandie aux doux vallons
Et aux horizons prune et oblongs…
Fors les plages d’Histoire gourmandes
Et ce mont qui aux cieux Dieu quémande,
Les processions qui vont à Lisieux
Ou bien celles qui vont à Bayeux,
Retrouvons sève et saveurs normandes
Qui mettent les grincheux à l’amende.
jeudi 9 janvier 2025
LE PENSEUR & LES OISEAUX
Petite fable affable
Un philosophe, le même que précédemment,
Raconta qu'il aimait en sa prime jeunesse
Traîner et paresser comme une vraie déesse
Et à procrastiner hélas, tout mêmement.
Sa mère, lassée, le dit à son pédagogue
Qui invita l’enfant à écouter le vieux
Conte : « Un beau rouge-queue, jeune et industrieux,
Qui se lève matin, va, vient, par les vents, vogue
Afin de trouver pour lui et les siens, pitance
Parmi les insectes des entours de son nid -
Et il en gobait, dit-on, nul ne le dénie ! -
En son bruyant buisson, plus qu’à sa convenance.
Pour sa part, un rouge-gorge se levait tard,
N’aimant que la grasse matinée, les siestes
Les pauses et le repos combinés. Sans conteste.
Or, à vivre ainsi, il n’arrivait même pas
À se sustenter ; aussi quand l’autre oiseau chante
Et forcit, lui dépérit, comme un spectre hante
Les mêmes halliers où il connut vite trépas.
Quelle leçon de vie en tires-tu, jeune homme ?
- Que les insectes qui sont bien trop matinaux
Meurent plus tôt que les autres ! » fit le finaud.
De la moralité des fables peu importe
Car, comme on dit chacun voit midi à sa porte.
mercredi 8 janvier 2025
HAÏKU VACHE
Avis à celles et ceux qui veulent me perdre : vous me trouverez sans mal… et sur votre chemin !
LA PARESSEUSE
Rompue de langueurs et brisée de mélancolie
Chagrine, elle sommeille ou encore somnole,
Le regard éteint mais les yeux pleins de lucioles,
Poussière de rêves ravis au ciel de lit.
Le corps noyé d’ennui et, comme ensevelie,
Elle n’est qu’inertie, les cheveux en auréole.
Dans un silence oisif, en blanche camisole,
Cette indolente a la volonté abolie.
Je la retrouve ainsi, alentie à tout heure,
L’esprit tout assoupi, le teint hélas pâli
Et l’âme acagnardée, au néant avilie.
Elle ne sort de sa torpeur ou l’éveil effleure
Que pour dormir, lassée de sommes, un bon moment,
Ma belle désœuvrée, au bois toujours dormant.
mardi 7 janvier 2025
D’UNE POULE QUI A DU POT
Petite fable affable
Une poule était fort malade en son nid.
La mort semblait bien vouloir la mettre au lit
Pour toujours. Donc, le bruit de son trépas proche
Courut plus vite qu’avalanche de roches
Et attira à la basse-cour des prédateurs
Et des charognards qui aurait dû avoir peur
Du lieu. Ce trop de bons pèlerins étonne
Le coq qui ferme l’huis et l’interdit sonne.
« Comment va ta rousse ? demandèrent-ils
À l’encrété aux décrets peu volatils.
- Mieux que vous ne le voudriez, sales bêtes
Et demain lui sera meilleur encor’, courbettes
Visites ou bien prières n’y feront rien,
Je vous sais une sale bande de vauriens :
Il faut trouver, en certaines circonstances
Qui met les oiseaux malheurs à distance ! »
lundi 6 janvier 2025
AU PAYS DE FANGE
Ce vieux pays sans repère
S’en va, pépère, au chaos.
Il n’est plus qu’un grand repaire
De ces zélateurs d’un Très-Haut
Sans nulle tolérance,
Et de marchands, un peu rances,
Des plus noirs idéaux…
Ce vieux pays sans repère,
Lui qui avait des valeurs,
Sans fin, las, se désespère,
Et, de douleurs en malheurs,
Il honnit sa république,
D’ires et colères cycliques
En haines, aujourd’hui, bon teint…
Ce vieux pays sans repère
Rêve, à nouveau, de Pétain,
S’invente un jadis prospère
Que les Lumières ont éteint.
Il bannit les démocrates
Et hue tous les bureaucrates,
Pour une France sans tain…
dimanche 5 janvier 2025
COMMENT FINIT-ON PENSEUR ?
Petite fable affable d’après un aphorisme prêté à Socrate
Un brave athénien, que je crois aristocrate,
Interrogea, un beau jour, le bon Socrate
Sur l’union civile et son utilité.
« Mais le mariage est une nécessité,
L’ami, et pour nous c’est toujours une affaire.
Si on ne l’avait inventé, il faudrait le faire
Sur le champ, oh croyez m’en, car rien de mieux
Ne peut arriver à un homme, jeune ou vieux :
Si vous tombez sur une bien bonne épouse,
Vous serez, ici bas, l’être le plus heureux ;
Si elle est mauvaise ou, pire, une ventouse,
Vous deviendrez un philosophe, un songe-creux,
Et plus jamais ne serez malheureux. »
samedi 4 janvier 2025
RELENTS D’ANTAN
Du pain à la huche
Et de l’eau dans la cruche,
Les mas d’autrefois
Sentent la vraie foi,
Le suif des chandelles,
Les jours endormis,
L’hiver insoumis
Sans glaise ou pradelles,
L’été plein d’amis,…
L’horloge comtoise
Dont l’oeil blanc toise
Cet âtre où flamboie
Bûche, branches et bois,
Tous ces parfums hume.
Dans l’intimité
Des heures mitées
Les bougies consument,
En p’tit comité.
On va et vacille.
Pour chaines aux chevilles :
Labeurs saisonniers
Du temps prisonnier ;
Ayant pour gardiennes
Des chagrins honnis,
Nos peines infinies
Hélas quotidiennes,
Comme des bannis.
Tout parle d’absence
Et puis de silence,
Même les carreaux
Sommeillants, noirauds
Qui disent sans trêve
Le champs et les prés
Jusqu’à ce qu'on crève.
Les rives du rêve
Sont pour d’autres après !
vendredi 3 janvier 2025
RÈGLES ESPIÈGLES
Petite fable affable
Grand collège Jean de Laurelle.
Cours de sciences naturelles.
Leçon première : Anatomie.
« Elève Tramondanamie
Combien de reins, cher élève,
Avons-nous ?- Quatre, Monsieur.
- Quatre !… Je rêve.
Apportez du foin, s’il vous plaît
Nous avons un âne simplet
Parmi nous !
- “Nous”, reprit la tête de pioche,
Est marque d’un pluriel. Tout mioche,
Monsieur, sait ça. Vous demandez
“Combien de reins, avons- nous”, té,
Il est bien normal que je pense
Las, que vous vous évoquiez, vous,
Ainsi que moi en l’occurrence.
Dans la vie, voyez-vous,
La connaissance devient vaine
Si la compréhension n’est en veine ! »
jeudi 2 janvier 2025
VOIR AILLEURS ?
Je suis un rimailleur un débroussailleur
De ciels grisés de corneilles bâilleur
Un brin brailleur et beaucoup batailleur
Selon d’aucuns un chouia chamailleur
Qui rêve d’ailleurs
Donc avis aux incurables tailleurs
Pour drames et autres foutus rempailleurs
D’idées reçues je me fais ferrailleur
Quand se présente à moi un pinailleur
Fort nul par ailleurs
Je suis un écrivailleur écailleur
De temps perdus et un vieux trouvailleur
D’instants qui attendent leur orpailleur
Volontiers gouailleur et souvent railleur
J’suis toujours ailleurs
Sans envie d’aller nulle part ailleurs
Je vous laisse vous les ravitailleurs
De faux semblants qui me croient travailleur
Du chapeau et nuit et jour grand bailleur
Être tirailleurs
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