Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 31 octobre 2014

HAÏKU REND D’HAIR

J’ai connu des êtres qui, même à bout de souffle, ne manquaient pas d’air.

LA MARE QUI EN AVAIT MARRE

Petite fable affable d’après un travail de Camille Lesterle

« Ça va mieux en le disant ! »
Répéte, du matin au soir, la grenouille
En proférant ses vérités, niquedouille.
C’est, hélas, bien épuisant
En plus d’être défrisant.
Elle déballe son lot, jusqu’à la brouille,
À tous et sur tout, en parfaite fripouille :
Le vrai, le faux, le cuisant,…

Parfois quelque méprisant
Glisse « La parole est d’argent, Grande Nouille,
Le silence est d’or ! » quand trop elle chatouille
Leur vieux bon sens paysan.
Avec un air suffisant
Et serein cette face de gargouille
Conclut à qui conteste mais bredouille :
« Ça va mieux en le disant ! »  

« Ça va mieux en le disant ! »
Devient la  scie qui, dans la mare qui mouille,
Occasionne des crises, des embrouilles,…
Ce n’est pas très reluisant.
On va donc en désertant
Sa compagnie, la nuit, pour quelque patrouille,
Visite, chasse, affaire ou bien carabistouille,…
On survit en l’isolant !
Mais chez les moins médisants,
On veut faire payer cher, à cette andouille,
Son affirmation gratuite tant ils bouillent
« Ça va mieux en le disant ? »

« Ça va mieux en le disant ! »
Alors ils placent, près d’elle, une grenouille
Des plus âgées qui a l’oreille qui rouille :
L’une va s’égosillant,
L’autre, presque en s’excusant,
Lui fait répéter cent fois et, sans magouille ;
La causeuse ressort la même tambouille,
Tant que ça devint usant.

Au matin, c’est amusant,
La casseuse n’a plus de voix. Les arsouilles,
Alors, harcèlent la face de gargouille,
Les mots plaisants fusant.
Mais elle se tait, à présent ;
Au mieux sa glotte fouille et, parfois, bafouille
Quand les autres lui répètent, bonnes bouilles :
« Ça va mieux en le disant ! »

Illustration : Camille Lesterle, octobre 2014

mercredi 29 octobre 2014

HAÏKU’LÉE BLANCHE

Peu chrétiennement, un protestant dit qu’un quidam
n’est pas très catholique lorsqu’il ne lui paraît pas orthodoxe !

QUESTIONS ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ

Les habitantes de Bellecombe (39) sont-elles des Bellecombaises ?
N’est-ce pas étonnant qu’il y ait Beuvry dans le Pas-de-Calais ?
Ça ne casse rien, Bouzille (49) ?
 Le Bout des Crocs (80), c’est très accueillant ?
On ne parle pas de Cordes (81) dans une maison de St Just-la-Pendue (42) ?
Pourquoi Fresney le Vieux (14) ?
Peut-on jumeler La Tombe (77) et Le Cercueil (61) ?
Y a-t-il loin de Larré (61) à Lannux (32) ?
Peut-on se vautrer dans Lorgies (62) ?
Marans (17), l’est-ce vraiment ?
Noyon (60), notre chagrin ?

mardi 28 octobre 2014

HAÏKU DOIRE

Ma boîte aux lettres regorge, à profusion, de possibles futurs
« cadeaux gratuits » offerts à grands renforts de publicité…
Cela suppose qu’il existerait des « cadeaux payants ».
J’aurais donc du faire banquer parents et amis à chaque « occasion »
qui se présentait au lieu de me ruiner pour eux  !

lundi 27 octobre 2014

HAÏKU S’TARD TROIS PIÈCES

À mon avis, une vie asservie à l’envie
sera une vie qui aura peu et mal servie.

LE MACAQUE INSOMNIAQUE

Petite gable affable

À  l’heure où, dans le ruisseau, le poisson fraie
Où Bourdon se tape la cloche sans frais,
Macaque a joué, avec une bébelle,
À la bête à deux dos. Voilà tout l’ennui !
Ayant fauté, ce courageux s’est enfui.
Sans l’amante, verte, il s’est fait la belle
Pour toujours, sinon aurait été fatal
À ses jours le droit de son pays natal
Qui condamne les galants qui par trop blaguent
À porter la corde au cou, au doigt la bague.

Bon gré, mal gré, il vit ainsi du pays
Sans songer, le jour, à son amour trahie,
Embastillée pour s’être laissée séduire.
Mais la nuit, elle habitait les cauchemars
Tourmentant la conscience de ce zygomard,
Lui reprochant, tout haut, de se méconduire.
Il courut plus loin mais, hélas, sans succès :
Son âme, en excès, parlait par accès
De l’abandonnée qui, elle, fut sincère
Avec ses sentiments. Il fit un ulcère.

Il partit ailleurs. C’était pire. Ou pareil.
C’est ainsi que le quitta, las, le sommeil.
Le vent chantait la délaissée à voix basse ;
Pire, il perdit le goût de vivre enfin,
Voyant son visage aux nuages sans fin.
Il revint au pays, crête et queue fort lasses,
Tout tarabusté de remords qu’il était.
Sénèque disait, en son Antiquité,
Qu’où portent nos pas, où mène le voyage,
On emporte ses soucis dans nos bagages.

dimanche 26 octobre 2014

samedi 25 octobre 2014

HAÏKU LÈGUE

Pendant que les cons dissertent sur ma cravate,
ils ne médisent pas de moi !

TENDRESSE TOULOUSAINE

Cycle toulousain

Aïci, pitchoun, quand on se cause,
De rien ou de quelque chose,
On ne se hausse pas le col
C’est le ton seul qui grimpe et monte :
Que t’aies la cravate en licol
Ou chemise ouverte sans honte,
On te fait passer le mâle heurt
Après que s’en vint le crieur.
Alors tu te bouffes une baffe,
Une tarte, un pain, un soufflet,…
Tu dégustes, sans faire gaffe,
Car on est gourmand de pamphlets !
Et puis t’avales des beignes,
Des bleus,… tu manges des marrons
Et c’est dans ton sang que tu baignes
Quand tu t’es fait trop fanfaron !

On ne fait pas dans sa culotte
Bourrades, tocade, calotte,…
Nous on met les points sur les « i »,
Sans prendre de gants ni de mouffles,
En fichant notre poing, petit,
Sur le nez des cons et maroufles
On est profs de corrections
Et rois de l’explication
Car, ici, règne la torgnole,
Celle dont on dit : « Pour le coup,
Cette mêlée fut tartignole :
Elle valait vraiment le coup ! »
Si on est bronzé c’est qu’on se tanne
Tous le cuir pour des riens,
Se filant des coups de tatane
Ou de mains. Ça aide bien !

Oc, mon fils, nous on fait la claque.
Le Claude qu’on porte au pinacle
L’avait dit : « Ici, même les mémées
Aiment la castagne ! ». On s’en tape
Que ça choque nos bien-aimées
Qui, quand te saute leur soupape,
Sont aussi frappées que nous
Côté châtaigne ou jeu d’genou.
Ce n’est pas que l’on soit plus rosse,
Fier, suceptible ou grognon,
Mais on aime horions, crosses
Qui font des spectacles trop gnons.
C’est qu’on a le sang chaud, tu penses,
Qu’on est pour la profusion
En tout et pour tout, vois ma panse !,
Ça vaut pour les contusions !

Notre terre n’est que querelles
C’est tradition culturelle :
On se chicane, on se dispute,
Mais pas de combat sérieux
Ou de ces rixes où l’on se bute
C’est pour ça qu’on se fait vieux ;
On fait, comme père naguère,
Lutte ou pugilat pas la guerre ;
Pas non plus de raclée bâclée,
De grains qu’on viendrait remoudre,…
Jamais de rancune de tâclées
CAr la rancœur mène à la poudre,
Aussi on finit au bistrot
La baston et, là, on en juge
Car une échauffourrée de trop
Finit par faire du grabuge !

jeudi 23 octobre 2014

HAÏKU NU AU BATAILLON

Quand un procès fait salle comble, on est à court d’assises !

LE CHAT DES ARCHIVES

Petite fable affable


Comment trouver la position idéale ?
Voilà ce qu’illustre ce conte à deux balles :
Un matou miteux s’est, matin, invité
Au local des archives municipales
Et y fait bon ménage. Quoique mité,
Ses qualités devinrent proverbiales.
On s’y attacha donc quoi qu’il ne fût pas beau
Et qu’on ne sût pas d’où sortait ce poulbot.
Mais à cheval donné, en notre bas monde,
On ne regarde pas les dents, fût-il immonde
Chat de gouttière et un brin cabot.

Ayant fait, chez les rongeurs, un grand ravage
Et, en tout lieu, un scrupuleux nettoyage,
On l’adopta. Et définitivement.
C’est alors qu’il cessa de faire carnage,
Se vautrant dans la paresse, incontinent.
Les rats revinrent. On lui fit du chantage.
« Maintenant, même devenu la risée
De tous, dit-il, je suis titularisé.
Personne ne peut donc me virer du poste.
C’est, à vos dires, la plus belle riposte.
Votre tort fut de n’être plus avisés ! »

mardi 21 octobre 2014

R’HAÏKU R’SIS

Il est des gens qui ne creusent leur trou,
dans toute entreprise ou association,
que pour mieux vous y enterrer !

ALICE DE GALICE

Pour qu’on plisse, ensemble, nous deux, en doux complices,
Loin des peaux lisses voulant rester en lice
Et de ces pelisses buveuses de calice
Qui sont, entre réglisse et eau de mélisse,
Devenues milice, en cilice de silisse,
Restons seuls, sans malice et en nos coulisses.

Faisons qu’on ne glisse pas de nos fols délices
À quelque supplice, mais qu’on se polisse
Par ma douce éclisse, par ta tendre police,
Sans dol ni colice, ô mon éternel Ulysse.
Pour qu’on plisse, ensemble, nous deux, en doux complices,
Loin des peaux lisses voulant rester en lice !

dimanche 19 octobre 2014

ENFONÇONS L’HAÏK(L)U

De nos jours, la plupart des films « comiques »
ne valent pas un louis de finesse !

OH, APIDÉS !

Petite fable affable

Sur un sureau, l’osmie s’affairait,
Du pollen plein la poche et les pattes.
Et ne vit pas, cette bonne pâte,
Qu’une abeille vint à l’effleurer.
« Pousse-toi de là, grosse rouquine ! »
Fit cette-dernière, taquine.
Puis l’abeille baillant, continue :
« Je butine, moi, Reine des nues.
- Et que crois-tu que je tricote, hein ?!
Dit l’autre à cet hôte pis que Hun.
J’étais là première : va vrombir
Plus loin au lieu de m’estourbir
Avec tes bêtises qui me filent
Le bourdon tant, las, tu les enfiles !
- Toi tu n’as ni patrie, ni patron
Alors change de ton, salon étron ! »

Ces deux cousines se bronzinèrent
Des amabilités, s’affairant
Comme il convient à leurs mœurs et rang,
Entre deux mots faits coups de tonnerre ;
L’abeille vantait haut son travail,
L’osmie moquait la vie de bercail
Où on frôle frelons et ramondes.
« Mais j’œuvre pour le maître du monde,
 L’Homme, qui décide de nos vies
Ou morts, à tous. Et j’en suis ravie !
- Te voilà mielleuse hypocrite
Et plus piquante. Tu démérites !
Ton homme cultive son jardin :
Tant que tu donnes, il n’est pas gredin ! »
Le nectar monte au nez de l’abeille :
« Il te juge nuisible aux treilles !

- Moi, Ma Belle, avant d’aider les autres
Et d'en tirer une aura d’apôtre
C’est aux miens, eux seuls, que je pense
Et à ce qu’ils auront dans la panse,
Non aux qu’en dira-t-on joviens.
Ce n’est pas glorieux, j’en conviens,
Et peut-être que d’aucuns s’en choquent
Mais, de cela, aussi je me moque… »


Sceau : Élisa Satgé, 2017

vendredi 17 octobre 2014

HAÏKU’R D’HAÏKUS ?

Élèves, vous n’avez qu’un devoir vos devoirs
et qu’un droit, celui d’y être adroit !

GÈNES SANS GÊNE

Femme austère
Madame Eymard est amère,
Une authentique mémère
 Terre à terre.
Le regard injurieux
Et le mot laborieux.
Toute femme à ses yeux
Est liane et donc Diane
Et, au soir victorieux,
Devient l’épouse d’un âne…

Femme en stères,
Madame Eymard hait sa mère ;
Et depuis le primaire
N’a su le taire
À qui, c’est peu glorieux,
Rien n’étant sérieux,
Et même l’impérieux,
Un beau matin, l’âme crâne,
Face au monde et aux Cieux
La prénomma, hélas, Jeanne !

mercredi 15 octobre 2014

HAÏKU LEZ VERTE

L’instant est grave quand la douleur est aiguë.

LE JUGEMENT D’HERMÈS

Petite fable affable

« Vendeur, Voleur ont la même initiale ! »
Clamait un marchand d’Athènes, routier
Pendant une initiation filiale
Aux arcanes de son si dur métier.
Il prétendait avoir dupé tout l’Attique
Tant il possédait, par Zeus, de sens pratique ;
Jamais bon marché, par lui, n’échouait.
Quand ce rouleur hâbleur se sentait floué,
Il rossait son vieux baudet, une rosse
D’âne qui servait à tout et à rien
Et dont il ne soignait ni plaie ni bosse.
C’était son unique ami, son seul bien,
Qu’il nourrissait de coups, de vent et d’eau claire,
Le faisant marcher tant que le jour éclaire.

Le rusé, menteur et trompeur, pour tout salaire
Offrit à son fils, trop honnête à son goût ,
Un siège de vain rameur aux galères.
Il en obtint un bon prix, par son bagout,
Car le gamin était plutôt rachitique.
Ce croquant aimait à duper sa pratique.
Aussi il n'était de bonheur plus grand,
De fortune plus belle pour l’effarant
Fripon que de savoir, ses affaires faites,
Que son client comprît, certes avec retard,
Qu’il l’avait floué alors que la défaite
Paraissait être au marchand, roué routard.
L’Homme étant facile à berner, ce vil Perse
Veut entreprendre le Dieu du commerce.

Hélas pour lui, une idée aussi perverse
Que de vouloir bluffer et blouser un dieu,
Ne peut être ignorée du vent et des averses,
Donc de Cieux peu miséricordieux
Sur ce chapitre et sur celui du blasphème.
Comme on n’est souvent trompé que par soi-même,
Notre Homme, le plus bête des animaux
Et le plus bestial, avant de dire mot
Fut transformé en bête de somme
Par Hermès qui l’offrit au fils affranchi
Et au vieil âne mal en point fait homme.
On dit que, depuis, l’ex-marchand en chie !
L’Ailé lui aurait murmuré : « Est piètre
Qui traite l’autre comme il ne voudrait l’être ! »

mardi 14 octobre 2014

HAÏKU PLEMENT

Épouser une femme qui n’est pas de notre religion
ne doit pas pousser à penser qu’elle soit, a priori, infidèle.

lundi 13 octobre 2014

HAÏKU BORDÉ DE NOUILLES ?

Beaucoup de mes interlocuteurs joignent le futile au désagréable.

PAUMÉ

Toutes à leur impuissance,
Et comme en effervescence
Malgré leur convalescence,
Avec quelque réticence,
Mes mains tissent ton absence
De mots d’impuissance
Puis de reconnaissance,
Loin de la bien-pensance.
Retrouvant l’incandescence
De la désobéissance,
Sans nulle réjouissance,
Mes main taisent ton absence.
C’est ma régénérescence
Que ces réminiscences,
Si douces efflorescences,
Moi qui suis obsolescence,
Au seuil de la sénescence
Et prêt à l’évanescence…

Quittant cette nonchalance

Qui modèle en ressemblances
Des Vieux sans pétulance,
Tous marchands d’invraisemblances,
Mes doigts cousent en silence
Un temps tout en violence,
Purulence et pestilence ;
Foin de bénévolence !
Abandonnant l’indolence,
Sortant de leur somnolence,
Trompant votre vigilance,
Mes mains causent en silence,
Retrouvent leur virulence,
Cette ancienne insolence
Qu’on appelait « truculence »
Au temps de ma rutilance
Et, las, de leur excellence
Qui ruina mon opulence.

samedi 11 octobre 2014

HAÏKU’VREZ VOUS BIEN !

St Louis n’a rendu la justice qu’après l’avoir
confisquée à son seul profit !

CHIMÈRE

Petite fable affable
d’après un travail de Camile Lesterle


Un chat, un peu pitre et chenapan,
Para son cul de plumes de paon
Car il voulait, à tous, apparaître
Comme plus beau qu’il avait pu naître.
Il parada ainsi dans les rues,
Paraissant aux siens fort incongru ;
L’œil dilaté, des ailes de chauve
Souris en sus, il se croyait fauve.
Lui qui voulait qu’on parle de lui,
Il fut servi : ils firent grand bruit,
Son croupion orné d’un ramage
Et son air d’attendre des hommages
Pour sa beauté, lui le joyau
De sa race : il se dit daïmio,
S’enivrant l’ego en toute enceinte
De prétention, cette absurde absinthe !

Étant fort crêté du caractère,
Il prit mal d’être destinataire
De moqueries, rires, « Cekwassa ? »,…
Eh oui, notre emplumé se froissa
Et rompit avec la gent féline,
Des plus jalouses, des moins câlines
Avec tout ce qu’elle ne comprend pas :
Fort chagrin de ne faire repas
Que de grossiers quolibets, d’offenses,
Il partit… en guise de sa défense.

Tentant sa chance auprès des oiseaux
Dont il usurpait, grazioso,
Les rectrices, il ne fut guère
Mieux venu ; bien trop vulgaire !
Les nocturnes dont il avait pris
Les rémiges n’eurent que mépris
Pour ce chatouilleux. Sans controverse.
Ayant banni, dés lors, tout commerce 
Avec toute espèce, il se cloîtra
Chez son maître, un bigleux magistrat.

Il errait, digne comme une reine
Prenant garde d’abîmer sa traîne.
Le ridicule ne tuant plus
Il vécut ainsi, les plumes au cul,
Pestant fort d’avoir un temps d’avance
Sur un monde que, par expérience,
Il savait vieux et conventionnel,
Étroit d’esprit et traditionnel,
Plutôt que tout jeter aux poubelles
Il en est ainsi de certaines Belles,
Qui se croyant bijoux hors de prix,
Cherchent dans beaucoup de draperies,
Ou trop peu, l’écrin qui valorise
Leur éclat… mais fait qu’on les déprise.
Illustration : Camille Lesterle, octobre 2014

jeudi 9 octobre 2014

HAÏKU RIEZ DU SUD

Si certains convolent “en justes noces”, que font donc les autres mariés ?

SÉPULCRALE CATHÉDRALE

Sur l’autre rive de mes rêves,
Se dressent quelque bois obscur
Qui puise, dans son ombre, au fur
De la nuit, une âcre sève.

Sur l’autre rive de mes rêves,
Un dédale de sombres troncs
Me fait errer comme un pochtron,
Et m’entrave et me perd, sans trêve.

Sur l’autre rive de mes rêves, 
Je m’accroche aux racines drues
Aux branches et aux ronces crues,…

Sur l’autre rive de mes rêves,
Elles griffent mes oripeaux
Et me déchirent cœur et peau. 

mardi 7 octobre 2014

HAÏKU PET

Il est des discours où la verbalité dépasse l’affliction !

LES DEUX CHIENS

Petite fable affable d'après la chanson Les deux chiens (B. Bénabar)

Deux chiens, l’un noir, l’autre gris, 
Las, s’écharpent et s’invectivent
En pleine rue, la lippe aigrie,
Le croc à nu qui salive
Et la griffe en action.
Combat sans concession.
La mort, de l’un ou de l’autre,
Leur paraît la seule issue
Acceptable, à ces apôtres !
Chacun s’acharne, dessus,
Ou dessous : ce sont morsures,
Coups en douce et flétrissures,…

Un chat égaré par là,

Leur fait oublier leur rage
D’hémorragies,… Voilà,
Qu’ils se jettent, tout courage,
Sur le pauvre animal
Et lui font plus que mal !
Ami, ce qui nous rassemble 
Et fait nos plus beaux frissons
Ce sont ceux qui nous ressemblent :
La haine fait l’unisson !

dimanche 5 octobre 2014

HAÏKU LECSION

Qui n’aspire qu’à la joie n’est pas au bout de ses peines !

ON PEUT ENCORE SE DIRE : « JE T'AIME ! »

Bien sûr, nos cheveux ont blanchi,
Le temps ne nous a pas affranchis
De ses creux sillons, ni de ses marques
Mais qui donc, de nous deux, le remarque ?!
Pas moi, qui sais en toi son soleil ;
Pas toi, qui pense en moi son pareil.
Et si d’aucuns voient nos gestes
De tendresse, car il nous en reste,
Et qu’ils surprennent quelquefois,
Signe insigne de notre foi,
Comme une manie, une habitude
Une imposture, une inquiétude,
Comment leur dire qu’l’érosion
N’est pas ; com’ la désillusion ;

Qu’on peut encore se dire : « Je t’aime ! »,

D’un regard, en se prenant la main
Pour aller ensemble vers demain
Malgré les jaloux, leurs anathèmes,
Qui disent qu’on est pas sérieux,
À vivre comme ça accolés,
Et qui font un érythème
D’nos baisers, au cours du temps, volés,
D’un amour pas encore envolé…

Bien sûr, on paraît réfléchis,

Posés et peut-être défraîchis,
Mais c’est la folie de la jeunesse
Qui habite nos joies, nos finesses,…
Chez moi, qui sais de toi le soleil ;
Chez toi, qui pense en moi son pareil.
Et si d’aucuns voient nos paroles
Tout en douceur, comme un jeu de rôle,
Une imposture des sentiments,
Pour donner le change, simplement,
Comment leur dire qu’cette attitude
N’est pas peur de la solitude
Et que, jamais, notre passion
Ne fut une aliénation ?

Qu’on veut encore se dire : « Je t’aime ! »,

D’un regard, en se prenant la main
Et aller ensemble vers demain
Malgré les jaloux, leurs anathèmes,
Qui disent qu’on ne peut vivre heureux,
À rester comme ça, accolés,
Et qui font un érythème
De tout c’temps où l’on a convolé
D’un lien qui n’s’est pas étiolé…

Bien sûr, le muscle est avachi,

Nos ardeurs ont quelque peu fléchi
Mais nos deux corps qui, tant, se connaissent
À chaque fois, se reconnaissent,
Pour moi, qui sais en toi mon soleil ;
Pour toi, qui pense en moi ton pareil.
Et si d’aucuns croient que nos étreintes
Seraient routine ou bien contrainte
Une chimère, une illusion
Ou un sujet de dérision
Car viennnent toujours lassitude
Ou bien pire décrépitude
Comment leur dire que les années
N’ont rien brisé ni condamné ?

Même si l’on peut dire : « Je t’aime ! »,

D’un regard, en se prenant la main
Et aller ensemble vers demain,
Malgré les jaloux, leurs anathèmes,…
Qu’encor’ longtemps, on se dis’ : « Je t’aime ! »,
D’un regard, en se prenant la main !