Petite fable affable
d’après un travail de Camile Lesterle
d’après un travail de Camile Lesterle
Un chat, un peu pitre et chenapan,
Para son cul de plumes de paon
Car il voulait, à tous, apparaître
Comme plus beau qu’il avait pu naître.
Il parada ainsi dans les rues,
Paraissant aux siens fort incongru ;
L’œil dilaté, des ailes de chauve
Souris en sus, il se croyait fauve.
Lui qui voulait qu’on parle de lui,
Il fut servi : ils firent grand bruit,
Son croupion orné d’un ramage
Et son air d’attendre des hommages
Pour sa beauté, lui le joyau
De sa race : il se dit daïmio,
S’enivrant l’ego en toute enceinte
De prétention, cette absurde absinthe !
Étant fort crêté du caractère,
Il prit mal d’être destinataire
De moqueries, rires, « Cekwassa ? »,…
Eh oui, notre emplumé se froissa
Et rompit avec la gent féline,
Des plus jalouses, des moins câlines
Avec tout ce qu’elle ne comprend pas :
Fort chagrin de ne faire repas
Que de grossiers quolibets, d’offenses,
Il partit… en guise de sa défense.
Tentant sa chance auprès des oiseaux
Dont il usurpait, grazioso,
Les rectrices, il ne fut guère
Mieux venu ; bien trop vulgaire !
Les nocturnes dont il avait pris
Les rémiges n’eurent que mépris
Pour ce chatouilleux. Sans controverse.
Ayant banni, dés lors, tout commerce
Avec toute espèce, il se cloîtra
Chez son maître, un bigleux magistrat.
Il errait, digne comme une reine
Prenant garde d’abîmer sa traîne.
Le ridicule ne tuant plus
Il vécut ainsi, les plumes au cul,
Pestant fort d’avoir un temps d’avance
Sur un monde que, par expérience,
Il savait vieux et conventionnel,
Étroit d’esprit et traditionnel,
Plutôt que tout jeter aux poubelles
Il en est ainsi de certaines Belles,
Qui se croyant bijoux hors de prix,
Cherchent dans beaucoup de draperies,
Ou trop peu, l’écrin qui valorise
Leur éclat… mais fait qu’on les déprise.
Illustration : Camille Lesterle, octobre 2014
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