Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 31 décembre 2024

HAÏKU DE CANONS

Se faire les couilles en or ne vous prépare pas à une vie en orbite !

LA VIEILLE TROÏKA

Résonnez donc au ciel neigeant,
Vibrez sonnailles d’attelage,
Carillonnez Noël aux gens
Des plus lointains de nos villages !
Qu’accourent, en votre sillage,
Les enfants que froid fait tremblants,
Aux grelots venus d’un autre âge,
Tintant au cou des chevaux blancs.

Oui, sonnez clochettes d’argent,
Tintinnabulez aux nuages
Toisonnant l’hiver indigent !
Que chantent les flocons volages
Quand va, au rythme du voyage,
Dans les frimas tout grelottants,
La grelottière de passage
Tintant au cou des chevaux blancs.

Drelindrelinez, obligeants,
Oui, étincelants babillages !
Menez ce traîneau diligent
Par les sapins au vert feuillage,
Que, dans les yeux des enfants sages,
La joie revienne pour un temps
En tons clairs, brillants clabaudages,
Tintant au cou des chevaux blancs.

Frères, des trilles, sans ambages,
Précédent nos instants scintillants
Et suivent nos moments d’étiage,
Tintant au cou des chevaux blancs.

lundi 30 décembre 2024

HAÏKU DES TAS

Existe-t-il une société civile dans une dictature militaire ?

L’ÉTÉ FOND…

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 31 août 2023

Voilà que la lumière décline.
L’ombre fraîchit et l’azur palît,
Au vent recoiffant les collines,
Ébouriffant un ciel dépoli.

Les ajoncs et les buissons frissonnent
Aux fil de jours déjà amputés ;
L’océan abandonné moutonne
Aux cris tristes d’oiseaux chahutés.

La saison, en chardons, se termine
Au gré de nuages plus gris que blancs.
Août, out, prend l’aurore carmin
Au piège de brumes en faux-semblants…



dimanche 29 décembre 2024

HAÏKU AURÉOLÉ

Peut-on voler dans les plumes de son ange-gardien ?

LE HIBOU À BOUT

Petite fable affable

« Sachez de votre jeune âge
Faire un bien meilleur usage ! »
Proclamait un vieux hibou 
À sa baillante marmaille,
De sommeillants petits bouts,
De dormants fils de chamaille,
Dans un arbre plein de nuit
Et, pis, d’un mortel ennui.

« Pour vivre bien, en rapace,
Il faut sillonner l’espace
En maitre, fugacement,
Modeste et lent de parole 
Mais prompt à l’agissement.
Voilà notre lot et rôle !
Maigre labeur, Jouvenceaux,
Qui ferait fort et pansu
Est l’espoir toujours déçu
Des inconscients et des sots ! »

samedi 28 décembre 2024

HAÏKU DE BAGUETTE

Il vaut mieux avoir un mauvais génie que pas de génie du tout ?

NOTRE LAC

Sur un photo de Marc-Yvan Custeau, 14 juillet 2023


C’est l’heure où la nuit joue l’équilibriste
Au bord d’un jour fatigué d’avoir duré.

Le soleil lassé n’est plus qu’halos tristes,
Harassé d’avoir blondi les blés, doré
Des fruits, fleuri des prés, aux jours qu’allonge
L’été qui a mis les vents à la longe
Et les colères des nues au rancart.
Pudique. Il s’habille de frêles écharpes
Avant de plonger, dans l’eau de brocart
Dont il fera sa couche, au milieu des carpes.

Le lac, assoupi, attend l’astre affaibli
Pour, doux, étreindre ses ultimes flammes
Qui vont adoucir la nuit anoblie
De tiédeurs posant d’un tendre calame,
Ici ou là, des perles de sueur
Sur nos peaux. Lors, les eaux tout en lueurs,
Mêleront à leur saveur moins sauvage
Depuis que l’onde, si sage, partage,
Avec Râ, les secrets hâlés de nos vies,
Le goût sans pareil des grandes vacances.
Et de rides dorées à l’envie
Nous habilleront des vies sans échéance.

L’azur pur s’est effacé avec grâce.
L'aube le rallumera aux embrasses
D’un ciel qui désavouera la pénombre,
Le champ d’étoiles veillant sur nos ombres,
Que protègent les arbres apaisées.
Au port altier d'un être majuscule,
Le lointain s’éteint dans d’ocres reflets
Qui avaient rusé avec le crépuscule
L'eau l’engloutit, en petits bouts braisés
Étouffés par des vagues minuscules.



vendredi 27 décembre 2024

HAÏKU'R VÊTU

La vérité est toujours moche, c’est pour ça qu’on la maquille volontiers !

NOËL EST PASSÉ…

Noël est passé avec son sapin scintillant
Avec tout son clinquant et puis tous ses brillants
Ses lumières dehors et dedans qui éclairent
Des sourires figés des rires obligés
Dans un monde de vitrines solaires
Qui font s’affliger qui ne peut pas piger
Qu'il fasse noir au fond de notre galère

Noël est passé en un festin bruissant
La famille envahissant l’an finissant 
Faisant aux dindes et aux bûches bonne place
Oubliant ses maux effaçant d’aucuns « mots »
Réconciliée enfin et de guerre lasse
Prête à s’embrasser sous de factices rameaux
Qui ne me trompent pas me laissent de glace

Noël est passé avec son tombereau
De cadeaux pour chatounettes et lapereaux
Aune de l’affection et de la la tendresse
Pour des parents qui ne savent plus aimer
Autrement ayant le cœur plein de paresse
Et l’âme usée par notre temps laminée

Noël est passé un de plus ou un de moins
Et j’en fus moins convive hélas que témoin
Par nos villes et par les villages à la ronde
Qui fêtaient entre soi sa Fraternité 
Malgré les chocs et le bruit de ce bas monde
Qui se déchire et une Humanité
Que l’égoïsme en chacun partout émonde

jeudi 26 décembre 2024

HAÏKU’N AQUEL !

Le con c’est… toujours l'autre !

HYMNE AU MATIN

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (27 août 2024)

Un matin tout frais s’éveille sur la plaine.
Oui, l’été s’en va. Et donc l’automne s’en vient.
D’avoine, de seigle et d’orge la grange est pleine,
Au chai et au fenil, demain, las, on revient.

Des trilles accueillent en choeur cette aube,
Née nue, comme venant de soi,
Saluent la nuit qui se dérobe…
Alors que la lumière soit !

Lors, la suie du soir chassée va où vont les rêves
Là où une enfance froissée se vit sans trêve.
Notre horizon s’éveille en de doux tons pastels :
Des roses et des ocres éteignent les restes d’ombre ; 
Et puis le vermeil sacrifiera sur l’autel
Du jour venu, très bientôt, l’obscure pénombre.

Aussi que la lumière soit, 
Satinée, comme éclat de soie,
Et qu’au défunt jardin des songes
Elle ajoute un feu de mensonges…

Figé, l’air tisse au ciel clair un voile de brume
Détrempe de parfums quelques sombres bouquets.
Ensuite, il se fera résille par les grumes
En habillant de lourds mystères le bosquet.

Le toit des fermes s’enlumine
Et le ciel serein s’illumine…
Alors que la lumière soit,
Née nue, comme venant de soi…



mercredi 25 décembre 2024

EN HAÏKU LISSE

Une armoire à glace est rarement du genre commode !

L’IMPORTANCE DU PRÉSENT

Petite fable affable

« Comment ça je dois mettre mes souliers
Sous le sapin et les y oublier ?

- Mais oui, c’est là, mon chéri, que le père
Noël va déposer, ce soir, le beau cadeau
Que tu lui as demandé et… espère.
- Dans mes souliers… Il n'va pas être gros !…
Attends mamie, je reviens tout de suite.

- Mais pourquoi donc, chéri, prends-tu la fuite ?

- Ben, vu qu’il ne vient qu’une fois par an,
Il ne faudrait surtout pas, grand maman,
Qu’il se déplace pour rien  : je vais mettre
À la place les bottes de papa ! »

Dans tous les cas, ne sous-estimons pas
Les enfants : ils prennent tout à la lettre !

mardi 24 décembre 2024

HAÏKU DU SORT

Aux questions terre-à-terre point de réponse tombée du ciel !

BALLADE POUR NOËL !

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 02 février 2024

Ça floconne aux ciels bien blanchis.

Sur les vents un lourd traîneau glisse

Dans un silence qu’enrichit

La joie d’attendre ou la malice,

Derrière les décorations

Des façades soudain accortes,

Qui sont autant d’invitations :

C’est Noël qui frappe à nos portes !

Pour les enfants, affranchis,

Se jetant des regards complices
Et pour les parents avachis,

Allant tous d’agapes en délices,

Ce sont plaisirs sans frustration

En pleine saison qu’on dit « morte »,

Espoirs sans exaspération :

C’est Noël qui frappe à nos portes !

Qu'on ait murs de brique ou torchis

Partout on oublie les pelisses ;

Que l’on soit foie gras ou sushis,

Au diable verglas, sacrifices !

Que l’on fête l’Adoration,

Où les prochains venus en escorte

Aux proches en récréation,

C’est Noël qui frappe à nos portes !

Amis, foin de désolation

Que vents mauvais, au loin, emportent ;

Festoyons, et sans privation :

C’est Noël qui frappe à nos portes !



lundi 23 décembre 2024

HAÏKU PERD DENTS

Si vous tirez le diable par la queue,… il pourrait se retourner !

MAYOTTE, DÉCEMBRE 2024

C’est quand survient le pire
Qu’on devient bien meilleurs ;
Quand la cata’ transpire
Où que le Mal, vampire,
Étend, las, son empire…

Soyons pas roupilleurs !
Agissons sans maudire
Le sort. Que pinailleurs,
Pilleurs et même voyeurs
Se fassent voir ailleurs !

dimanche 22 décembre 2024

HAÏKU DE HEURTOIR

Si je te rentre dedans, toi, tu vas finir dehors !

DOWNTOWN MONTRÉAL

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 16 août 2024

C’est déjà la noire nuit
Et le temps, seul, se meurt d’ennui
Dans la ville haute en couleurs vives
Que le sommeil, sur le qui-vive, 
A fui jusqu’aux lointains faubourgs
Où s’est éteint le jour.

Les lumières éteignent les ombres ;
Elles étreignent la pénombre
Pour mieux s'étendre dans le ciel nu
Que sillonnent des traits ténus,
Aux lueurs vertes et rouges sombres,
De vols partant pour un séjour
D’l'autre côté du jour.

Courant les rues, les chars vrombissent
Dessinant de fugaces esquisses
À qui regarde s’agiter
Affairés de la vacuité
Et noctambules jamais lisses,
Ne dormant qu’à bout de discours,
D’l'autre côté du jour.

C’est encor’ la noire nuit
Et l’amour seul, se meurt d’ennui
Dans la ville aux tours agressives
Que le soleil, à la dérive, 
A fui jusqu’aux lointains faubourgs
Où renaîtra un jour.



samedi 21 décembre 2024

HAÏKU DE CRAIES

Un secret n’est sacré que pour les sucrées !

LA CLOCHE

Petite fable affable

Un triste soir du bon vieux temps d’avant,
Au campanile d'un village d'un autre âge,
Morguant tous ceux vaguant dans les parages,
Un bourdon proclama aux quatre vents :
 « En ma tour, moi, je domine le monde,
Sans égal et sans rival à la ronde :
J'ordonne, sans repos, tous les temps du jour,
Rythme les moments de la vie, toujours,
En offrant tantôt la joie ou les larmes,
Sonnant l’alarme ou bien l’appel aux armes,
La paix revenue, et, jetant l’effroi,
Les périls !… Je commande en ce beffroi
La vie et les heures de ce bas monde,
Sans égal et sans rival à la ronde :
Me côtoyer est donc honneur et chance !


- Oui mais je sais que pour les hommes, hélas,
Siffle un petit air tout d’impertinence,
“Cloche” veut dire aussi “Sot”, Ménélas ! 
Quand de son emploi on tire posture,
Vitement, on devient caricature ! »

vendredi 20 décembre 2024

HAÏKU PLEUT

Si homme ordonne, femme commande.

QUIÉTUDE ORANGE

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 20 mai 2024

Dans les profondeurs abyssales du ciel,
Non loin d’une Olympe de longtemps déserte,
Et d’anciens paradis perdus las, inertes,
Le noir aveugle fait place à une aube de miel.

L’aurore orangée noie une nuit défaite
Là, où les souffles éteints tiennent salon,
Où l’or et le cuivre mêlent leurs filons.

Ces nues allumées mais sereines font fête
À des prairies encor’ mouillées de rosée,
Embaument un lac qui soupire où, exposé,
Le vent avait posé ses ailes imparfaites.

Ils se fond sans fin au clair de frondaisons
Parant de verts calmes la neuve saison
Étale qui, en feux rougis, se faufile.

Béat, j’ai enfoui l’espoir qui se défile
Dans le calme d’arbres où nul air ne frémit ;
La paix règne dans cette douce alchimie
De couleurs vives et de peines enfuies en file.



jeudi 19 décembre 2024

HAÏKU GAGNANT

Pour sortir des sentiers battus affrontez-les en vainqueur !

L’HÔTEL BORGNE

Quelques pièces aveugles

Pour l’intimité

Avec peu de meubles

Par commodité.


Des filles qui traînent,

Payées au forfait,
Qu’ont pas la migraine,
Prêtes à tout méfait,…


Jamais de pouacres,
Que de bons bourgeois
Vomis des fiacres
Pour trouver des joies.

Et la maquerelle
Dessous ses faux tifs
Qui, d’un coup d’ombrelle,
Fait couples et tarifs.

C’est toute la faune
D’un petit hôtel,
Non loin de la Zone,
Qui fait le bordel.

Derrières ses portes,

Client satisfaits,
Et de toutes sortes,
Côtoient le préfet.

mercredi 18 décembre 2024

HAÏKU DE LA PERFIDE ALBION

Je crains moins les angles morts que les Saxons vivants ! 

LES FLOTS DU CIEL

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 26 juin 2024

Entre ombres bleues et lueurs oranges,
Les cieux lèvent le voile sur le jour,
Ocre et ambre, dessus le toit des granges,
Entre ombres bleues et lueurs oranges.

Un flux des nues roses, sculptées, s’effrange,
Pesant peu sur ce paisible séjour,
Entre ombres bleues et lueurs oranges,
Serein jusque dans les vains contre-jours.

mardi 17 décembre 2024

HAÏKU’R

Leçon de choses : Parler de choses et d’autres.

LES RIVAUX

Petite fable affable

L’Honneur et l’Orgueil se prirent, hélas, le bec,
Le premier assurant valoir mieux que l’autre,
Le second, avec mépris et d’un ton sec,
Qu’il était, pour sûr, l’égal de cet apôtre.

L’Honneur, voulant rester digne, refusait
D’en venir aux mains avec ce fat. Fusaient
Les noms d’oiseaux : ils ne manquaient pas de verbe,
Nos deux querelleurs, non plus que de superbe !
On disputait de « Grandeur », « Morgue », « Arrogance »,…
On dissertait sur « Bouffissure » et « Fierté »,…

L’Honneur coupa court avec cette élégance :
« Mon cher, pour être mon pair, il vous faudrait
Juste avoir à défendre des valeurs vraies ! »

lundi 16 décembre 2024

HAÏKU PRÉTENTIEUX

On nourrit d'ambitions qui souvent, elles,… ne nous nourriront jamais !

HIBERNATION

Sur une photo de  Marc-Yvan Custeau, 19 février 2024

Le ciel immobile s’est éteint.
Il reste, hélas, sans voix et austère
Quand notre bois, dormant, lui, se teint
Du blanc qui habille jà la terre.
La vie semble, ici bas, arrêtée
Pour s’être d’hiver toute apprêtée.

Dans une clarté triste et blâfarde,
L’horizon nous paraît plus lointain.
Bouché, il se roule dans ses hardes
Et peine à nous faire un matin
En jouant avec le bleu des ombres
Ou en s’attardant dans les coins sombres.

Notre été indien, déraciné,
Gîte parfois en nos souvenances
À voir le manteau illuminé
D’un décor sans vaine dissonance
Car il se cache au cœur des sapins
Sur qui le froid lança son grappin.





dimanche 15 décembre 2024

HAÏKU D’AIR

Qui vit de son seul salaire n’a pas souvent une bonne tête !

TOUT NOUVEAU, TOUT BIO !

« Honte à vous, les générations passées ! »
Notre Jeunesse nous montre l’exemple
Des efforts qu’il faut faire, tout nouveaux, bien amples,
Pour sauver la planète  que « les vieux »
Ont mis en péril… pour dire les choses au mieux.

Ces fous qui cuisinaient les restes de la veille,
Consignaient leurs bouteilles
- Toutes en verre - sans souci d’environnement,
Sans nulle conscience du réchauffement.
Ces pélots allant à pied, à vélo, avares !
Oui, l’auto était, lors, un luxe rare !

Ces sots ignoraient les produits jetables, des couches
Aux mouchoirs, étaient amateurs de douches,
Réparaient le cassé au lieu de jeter, itou ;
Il se chauffaient au bois et se vêtaient plus - c’est tout -
L’hiver, dedans comme au dehors, ma mère.
Voir êtres aussi insensés exaspère !

Ces vils inconscients faisaient sécher au vent
Et au soleil leur linge très souvent,
Écoutant la seule radio d’une maison
Sans écran mais où le journal, avec raison,
Une fois lu, connaissait mille autres usages,
Ma foi, des plus sérieux aux moins sages.

Prêchant aux générations passées
Buvant l’eau du robinet et, sans se lasser,
Mangeant produits du jardinet, notre Jeunesse
Ramène sans vergogne gueule et fesses,
Mais ne goûte guère, la bande de dadais,
Qu’habit d’aîné puisse passer à son cadet…

samedi 14 décembre 2024

HAÏKU DE BURIN

Pour faire carrière, tous les gens d’ici sont tailleurs.

DIVINE APPARITION

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 13 juillet 2023

Alors que, des nues, l’air dénoue l’écheveau,
L’eau placide, que l’aube étreint et aurore,
Invite aux agapes d’un jour tout nouveau
Un matin mal réveillé qui se mordore.

L’onde allumée a faim des lueurs du ciel,
S’anime dans la trame d’un silence
Tout en somnolence, habillé d’absence.
C’est l’heure où l’oeil sait le Providentiel…



vendredi 13 décembre 2024

L’HAÏKU FAIT MAL

En soirée, quand je vois un fêlé, moi, j’me casse !

LE FAUTEUIL, LE CANAPÉ & LE LIT

Petite fable affable

« Vaï, lorsque le maître de céans
Veut se reposer, que lui importe
Le moment, c'est sur moi seul, cloporte,
Qu’il pose mollement son séant !
Faisait le fauteuil à ses compères.

- Alors nous faisons, Ami, la paire !
Répliqua le moelleux canapé.
Mais à moi il offre aussi ses jambes
Toute la soirée si, moins ingambe,
       Son labeur l’a… 

                                                            - Mais sans le draper !
Car il s’assoupit avec délice
Sur moi, les coupe le lit en lice…
Et toute la nuit !… Et sans répit !
Vous ne faites pas le poids, Assises !

- Querelles de nabots ! Leur précise
La lampe. Vous me voyez dépit
Que vous ne compreniez pas, Bois Rances,
Qu’entre vous il n’y a concurrence 
Mais plutôt complémentarité ?!…
Valez-vous mieux qu’Humanité 
A ainsi mesurer vos mérites
Comme le font sottes favorites ? »

jeudi 12 décembre 2024

HAÏKU DE VENT

Le temps est un souffle et l’Histoire vent mauvais.

PRODIGE HABITUEL

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 14 juillet 2023

C’est un bref moment d’incertitude
Où l’ombre devrait donc basculer
Dans l’aube neuve, par lassitude…
Ou bien parce qu’hélas bousculée.

La nuit, qui avait vêtu les terres,
Jette enfin ses haillons aux buissons
Et tait, pour un jour, tous ses mystères,
Qui appellent en nous peurs et frissons.

Des arbres, silhouettes illusoires,
Libèrent les sillons des labours
De leur étreinte froide et moins noire,
Dessinant de sombres brandebourgs.

La lune, pâlie, a pris la fuite ;
Les étoiles se sont effacées.
Déjà l’aurore marche à leur suite,
Pour le petit matin délacer.

Je suis témoin de cette victoire
De la lumière sur le néant,
Miracle quotidien, fait sans histoire,
Qu’on ne sait plus voir, le cœur béant.



mercredi 11 décembre 2024

HAÏKU LOIR

Souvent quand j’arrive quelque part on me dit que je tombe très bien… mais côté réception, parfois, ça fait très mal.

PAR LES GALETS POLIS…

Sur une toile de Michelle Michaud (Montréal, avril 2021)

Par les galets polis
De nos jours si remplis,
Quelques couleurs gambillent
Sur la toile tourdille…
Tout y est suggéré :
Mouvement en goguette
Et reflets éthérés
Dans l’eau et ses alguettes
Au gré de cent vaguettes.

Comme ondoyants poissons
Vont frayant dans l’eau claire,
Frétillant, sans façon,
Le pinceau va, célère,
En estompant les tons,
En esquissant les touches,
Pour que, sans retouche
Là, vibre, à tâtons,
Nos vies de vains tritons.

mardi 10 décembre 2024

HAÏKU D’PIED AU FONDEMENT

Souvent, le valet vaut le maître.

TEMPS D’HIVER

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 27 janvier 2024

Grelotte la forêt où de frileux frissons
Animent la cape toute d’hermine blanche,
Font craquer, soupirer les bois et les buissons
Devenus chausse-trappes, à chacune des branches.

les voies de blanc se vêtent. Et les bois nus se gantent.
L’aube se lève enfin, pâle et glacée d’effroi.
Ce breuil semble inhabité alors que le hante
L’hiver, vieil aigrefin, brutal, cruel et droit.

On vient là tout botté d’une neige collante.
Le givre se fait crêts. Le verglas paillasson.
Le temps est arrêté, La glace scintillante
Est dure comme grès. C'est un caparaçon.

L’air figé par le gel, aux ramilles raidies,
Se froisse aux coups d’ailes d’une chouette froidie.



lundi 9 décembre 2024

HAÏKU DES TAS

L’homme entend régner sur une Création qui n’est pas sienne… 

LE VŒU DU VER

Petite fable affable

Un ver de terre s’agite et gigote
Au bec d’une poule d’un roux fané
Qui faisait de la boue une gargote :
Tout ce qu’on y trouve est, las, condamné.

« Vraiment quelle malchance : une cocotte !
J’aurais aimé un coq, un paon… un dindon
Même !… Mais pas une bête aussi sotte.
Dit le prisonnier dans son rigodon.

- Que t’importe, vermisseau, qui te mange
Puisque ton destin et rien, las, n’y change
                                 Est de finir festin !

- Vie fut de  peu,
Que mort vaille mieux ! » fit le gadouilleux.

dimanche 8 décembre 2024

HAÏKU D’ENCENSOIR

Être dévot c’est vache !

LEVER DE RIDEAU

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 31 août 2023

L’aube lève un voile prude sur une aurore
Adossée à la nuit, adoucie de pastels,
Chassant les langueurs d'une brume qui déflore
De fugaces moments, des instants immortels.

Le levant rosit quand, ainsi, il se dérobe,
Tout à sa pudeur, se sachant bientôt l’autel
Où l'on sacrifiera les beautés de ce globes
Soustraites, au soir, aux si peu humbles mortels



samedi 7 décembre 2024

HAÏKU DE FOURCHETTE

Comme me disait un anthropophage : « Monsieur, vous m’êtes très chair ! »

BELLE SAISON ?

Le feu du soleil brûle les nues
Et trempe l’eau au bord du malaise ;
L’air n’est qu’étuve le soir venu
Quand le jour a l’ardeur des fournaises.

Dans l’haleine enfiévrée de l’été
L'ombre est pourpre comme les roses
Par la rosée de l’aube allaitées,
À qui nul ne contera sa prose.

Oui, la canicule est revenue
Hier encor’ on la disait fadaise ;
La sécheresse l’a maintenue
Pour qu’elle prenne, chez nous, ses aises.

Pas de répit et point de repos,

Le corps est lourd, au bord de la tombe ;
Le souffle est court et rouge est la peau

Sous cet éther bouillant qui nous plombe.

Nul ne sort. Chacun est retenu
Par la trompeuse moiteur d'alèses
Ou un courant d’air entretenu
Qui peine à fraîchir les murs de glaise.

vendredi 6 décembre 2024

HAÏKU PARADOXAL

L’Homme, fruit de la Nature, est avant tout un produit de sa culture.

AUBE AU LAC

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 29  mai 2024

Contre le noir de la nuit à peine endormi
Il pleut de l’or sur le lac qui encor’ sommeille
Né du creuset de ce matin il ensoleille
Une aube qui peine à vaincre son ennemi

Ce n’est pas toujours que les nues nous émerveillent
Ocres et bronzes frappant comme un vrai tsunami
Les rives de nos rêves où la vie fait semis

Le vent glisse sur ce ciel lisse qui vermeille
Jusqu’à la sombre forêt aux fûts affermis,
Ombrages insoumis et sentes  sans compromis
Dont les locataires à ces beautés crues s’éveillent

Bientôt s’estompera ce tableau ami
Dans un froissement d’ailes un bruissement d’abeilles
Par les roseaux les joncs le trèfle en fleur l’oseille




jeudi 5 décembre 2024

HAÏKU DE PLUME

Face au paraître de certains auteurs, je me veux « homme de l’être ».

LE PHILOSOPHE & LA POPULACE

Petite fable affable

Un songe-creux aimait à méditer en paix
Pour s’entretenir au mieux avec lui-même.
Il se fit ermite au gré d’un bois épais.
Jamais d’anathème ni mie de blasphème,
L’humeur égale et sereine, épanoui
Il menait une vie simple et réglée, calme,
Loin du monde, de ses bruits et de ses louis,
Vivant de peu en cabane à toit de palmes.

On vit en lui un saint ; il n’en demandait
Pas tant. On accourut à lui pour une bonne parole,
Un conseil qu’il offrait sans rien quémander,
 Une onction - qu’il refusait - ce n’était pas rôle
À sa mesure,… Cette modestie-là
 Lui attira des foules, ce qui le lasse,
Et il se renfrogne de ce vain brouhaha.
« Comment ? dit un notable tout en audace,
Depuis notre venue tu ne t’abîmes plus
Dans ce mortel ennui qu’est la solitude !

- Depuis votre venue, malgré votre afflux,
Je me sens, las, bien plus seul qu’à mon habitude ! »

mercredi 4 décembre 2024

C’EST HAÏKU’M PLAÎT !

Ce qui m’ennuie avec les autres c’est qu’ils sont comme tout le monde !

PREMIÈRE HEURE

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau (17 septembre 2024)

Le pourpre saluait dès avant son réveil
Un jour rubis tout de feux sans fard et de sang,
Alors que l’incarnat de l’aube, languissant,
Tirait lumière enfin de son froid sommeil.

Trouées d’or et amas grenat resplendissant,
Nues lilas aux moutons safran sans fin glissant :
Si tout matin fait de même, aucun n’est pareil !

Loin des secousses du monde je vis l’éveil
Du ciel qui accueille un matin blond rougissant
Comme un enfant pris en faute et gémissant.
De cuivre et de corail se pare le soleil.

J’aime ces aurores pleines d’un fol orgueil,
Hésitant entre le grenat et le vermeil,
Avant que ne vienne l’instant les pâlissant.