La vue baisse quand la fesse s’affaisse.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
vendredi 31 mai 2019
LA VIE TIRÉE PAR LES CHEVEUX
La vie a mis des cheveux bruns
Sur mes premiers pas, là bas
Où ne souffleront pas d’embruns,
Et, c’est sûr, sur mes jeux d’enfants
Et sur ce cartable à rabat
Pesant plus lourd qu’un éléphant
Mais qui me fut plus joies que bât…
La vie m’a pris ces cheveux bruns.
La vie a mis tes cheveux blonds
Sur le lit de mon désespoir
Et de ma solitude, sablon
Où je m’enlisais trop souvent.
Ces vagues me furent espoir
Et renouveau, souffles et vent
Qui m’ont sorti de mon boudoir.
La vie m’a pris tes cheveux blonds.
La vie a mis des cheveux gris
Au tempes vieillies de mes jours
Aigris, aux espoirs amaigris,
À l’heure où s’éteint l’avenir
Dans mes vains rêves de toujours,
Ceux qui font qu’on peut devenir
Quelqu’un au terrestre séjour…
La vie m’a mis des cheveux gris.
Ma vie a mis des cheveux blancs
Sur nos délicieuses amours,
Que j’évoque encore en tremblant,
Tant elles restent les bijoux
D’une vie jamais à court
De joyaux souvent fort troublants,
De quelques autres bijoux,…
La vie prendra ces cheveux blancs.
jeudi 30 mai 2019
mercredi 29 mai 2019
À LA LISIÈRE D’UNE CLAIRIÈRE
Petite fable affable
Assis sur ma souche, je fabulais au bois
En regardant les bêtes, la plume aux abois,
L’oreille attirée par quelque cerf qui brame.
Avec cette bonne conscience et cette âme
Sereine que donne la mauvaise foi, Loir
Me contait combien il fallait de science
Pour dormir alors qu’il fait dans le noir
Forestier plus de bruits que de silence,
Plus de mauvaise fortune que de vraies chances.
« Salut colporteur de mots ! me lance un loup las.
- Tire-toi une bûche, fis-je, et viens t’en là.
- Pourquoi, attaque l’Ysengrin, ici, personne
Ne m’aime et que les tiens me font plus mauvais
Qu’une teigne et, de conte en fable, me façonnent
Un réputation de croque-duvet ?
- C’est peut-être, cher croquant, que tu la mérites !
Fait le loir qui ne se sauva pas assez vite.
- Tu me le demandes à moi ?… Pourquoi ne pas plaider
Devant la justice des bêtes pour t’aider
À te réhabiliter ?…
Que les Hommes : pour eux, je suis Gargamel
Et Ogre, du diable le meilleur sbire,
Mettant tous comme chacun en sa gamelle
À l’image du loir que j’ai là glouti
Comme toi quelques parts de clafoutis !
- Mon loup, n’exagères-tu point ? Lui réponds-je.
- Nenni. Pas le moins du monde ! assura-t-il.
- N’es-tu pas un petit peu dans le mensonge
Me faisant une corde du moindre fil ?
- Non pas : je suis pour tous un croque-mitaine.
Hideur sans pareille et horreur fort certaine
Un Méphisto, un monstre et un cauchemar,
Pour les Goliath… comme pour les zigomards !
- Ne cherche pas à te grandir, mon frère,
Devant un public que tu crois acquis… » fit
L’ours qui vint à nous. Lentement. Sans tant braire.
Il ajouta pour notre loup lors déconfit :
« Car si tu ne mourras pas de ridicule
Quelqu’un pourrait s’en prendre à ton matricule ! »
mardi 28 mai 2019
lundi 27 mai 2019
GROSS’HAÏKU’PURES
Pourquoi évoque-t-on parfois des « ponts d’or » faits à untel ou à un autre quand il ne s’agit que d’argent ?
AUX MESQUINS INTOLÉRANTS QUI NE VOIENT QUE PAR LE PETIT BOUT DE LEUR LORGNETTE
À ceux qui ne pardonnent pas ce qui est fait,
À ceux qui n’excusent pas ce qui ne l’est pas…
Demain, hélas, je ne pourrai point être des vôtres…
Car moi qui ne suis qu’imperfections achevées
Que doutes et interrogations qui me font crever
Que pourrait donc vous apporter ma gueule d’apôtre ?
Ne voyez pas mépris si je ne veux pas glaiver.
À vous qui savez tout, n’oubliez rien - Tabernacle ! -
Et ne commettez jamais d’erreur qui soit gravée,…
Où trouverai-je, lors, ma place, dans un cénacle
Achalandé en gens si parfaits qui m’ont réprouvé
N’ayant l’arrogance de m’imposer au pinacle ?
Demain, je vous laisserai entre vous achever
Votre vaine et éternelle chasse aux sorcières,
Celle à laquelle vous allez, à laquelle vous rêvez,
Pour justifier toutes vos rancoeurs dernières.
Que vous avez raison de si haut vous élever !
Je vous abandonnerai l’urgent soin d’activer
Le salvateur sacrifice du bouc émissaire
Que vous vous êtes, là, une nouvelle fois, trouvé
Pour assouvir vos vieilles aigreurs et vos colères…
Vous avez raison de, tous ensemble, vous lever !
Celui qui n’a pas l’âme ni l’aspect d’un Don Quichotte
mais qui s’e refuse à hurler avec loups…
dimanche 26 mai 2019
samedi 25 mai 2019
LA BELLE & L’ABLETTE
Petite fable affable
Beauté pareille à une nymphe d’antan,
Une pucelle d’ici voulut apprendre
À taquiner un peu le goujon, sentant
Que ses bons parents fort vieils et à, tout prendre,
Mal allants ne passeraient pas un long temps
Sur cette terre ayant, las, une âme à rendre.
Pour vivre, se sachant gueuse et condamnée
À le rester, peu engourdie de paresse,
Sans terre ni pécunes comme les damnés
Savent l’être, il lui fallait donc quelque adresse
Dans un art si elle ne voulait caner
De verte faim, noulant finir pécheresse.
Son paternel lui apprit à apprêter
Ses lignes, à y arrimer des vers de terre
Et à avoir cette patience prêtée
Aux statues pour que jamais là ne s’altère
Le silence qui va faire s’arrêter
Le poisson que, souventes fois, l’aubaine atterre.
Ses débuts ne furent, ma foi, guère glorieux
Sa gaule ramena sur la rive godasses,
Botte orpheline aux grands trous mystérieux,
Algues arrogantes, toujours pleines d’audace,
Et choses qui auraient rendu furieux
Le plus calme des apprentis du pays dace.
Là, les mots de son père elle se disait.
Certes, ce brave homme avait peu à lui dire
Mais il répétait beaucoup : c’était aisé
De ses leçons se souvenir. Sans médire !
Tant pis si, assise, elle allait tant bronzer
Qu’on la crut née aux confins d’ici sans contredire.
Si blanche comme blette elle n’était plus,
Peu bêcheuse elle serait bonne pêcheuse.
Elle relançait son fil sans espérer plus
Qu’à le tremper dans l’onde pure et heureuse
Elle hameçonnerait, avant l’angélus,
Gros distrait voire petite curieuse.
Enfin elle put faire, le mois passant,
Sa première friture avec une ablette
Qui fut surprise : « Ma Belle, c’est lassant !
On se moquait de toi, en bas : femmelette,
Ton crochet fait que nous allions gaussant,
Pensant que tu ne ferais jamais emplette
De nous. Pourtant me voilà prise. Et sans vert.
Quel est ton secret, dis-moi ? » Notre jeunette
En riant répondit cette phrase sous couvert
De secret : « Mon père me serine : “Jeanette,
On n’apprend que de ses échecs et revers
Alors retournes-y et fais-toi genette !” »
vendredi 24 mai 2019
jeudi 23 mai 2019
DU CÔTÉ DE ST CYPRE
Cycle toulousain
Ici point de pavés, non plus de murs qui murent
Les murmures qu’étouffent les buissons à mûres.
C’est la ville où le temps est si vite passé,
Où l’on court comme un pauvre diable dépassé,
Que tu n’as même pas le temps de toucher terre
Tant les jours y sont courts : Hier, t’étais néné ;
Sans te prélasser, rêvasser en ses artères
Ni te délasser, te v’là aujourd’hui « aîné » !
Hôtesses de l’antique cité toute en briques,
Deux statues me regardaient faire la bourrique.
Allégories de pierre lès Saint Cyprien,
Loin du plaisir des ruelles, l’air de rien,
L’une figure ma bonne ville de Toulouse
L’autre représente la province de Languedoc,
Également taillées pour survivre aux jalouses
Courses de jours que ne réveillent plus les coqs.
Dame Toulouse, dessous sa couronne
Crénelée tourne un regard aimant vers Garonne
Et le rose écrin qu’ont voulu les capitouls,
Au temps des fenêtres à meneaux où mabouls
Les incendies réduisaient en cendre les villes,
Povrôts, en deux temps-trois mouvements. Non, pas moins.
Celle-là a lancé tant de ponts quoiqu’incivile
Qu’elle méritait le galet et la brique au moins…
Princesse Languedoc, gironde et généreuse
En riches moissons comme en vendanges heureuses,
En cette terre de Cocagne où l’« adieu »
Est un « au-revoir », voire un « bonjour » radieux,
Offre à chacun, macarel, sa part de civet :
Il suffit pour ça que tu pares l’assiette !
Car dans ce pays, il ne fait jamais mauvais
Même quand il pleut et la crue inquiète…
Il n’est que pauvre bougre qui n’ait vu briller,
L’espoir comme une étoile ou soit venu crier
À l’ombre de ces géantes, sur cette place :
Aussi brave que bourru, mais de guerre lasse,
Il est las de casquer aux cerises rougies,
S’esquintant à bosser sans rien se permettre.
Il est prêt à castagner aux cerises jolies.
Sadoul de tout et, las, veut envoyer tout paître !
De « Putain » en « Millediou » passent les jours
À faire le mourre à tous. Partout. Et toujours
Sur cette place où regarde au loin la Princesse,
Où veille au plus près la bonne Dame sans cesse.
Y trônent, en leur corset de fer, halles nouvelles
Au ventre gonflé de milles produits venus
Pour nourrir le faubourg comme vache sa velle
Ou son veau afin que personne n’y aille nu…
mercredi 22 mai 2019
HAÏKU PUBLIC
Briller par son absence évite de se faire reluire - ou de faire des éclats - en société.
mardi 21 mai 2019
LA BERNACHE BRAVACHE
Petite fable affable d’après (J.-B.-)Victor de Perrodil (1862)
Aux confins d’un lac une bernache snobait
Le monde qui venait admirer bouche bée
Sa beauté, sa taille et son port. Dame Nature
A été généreuse avec cette créature
Qui en est rendue prétentieuse à souhait.
À tous ceux qui la « badent », de l’élan, benêt
S’il en est, aux industrieux castors des mares
Elle tonitrue dans un bruyant tintamarre :
« Qui plus est je nage avec grâce dans les eaux,
Marche avec élégance au sol et si mes os
Risquent gros, bellement vers les nues je m’envole.
Qui parmi vous, les laiderons, les malivoles,
Peut, sans paraître ridicule, en dire autant ?
- À dix métiers, dix misères comme antan
Disait mon père, lui répliqua sans finesse
Un lemming. Tu braies et, aussi sotte qu’une ânesse,
Te pares de talents pour nous faire pâmer…
- Ta jalousie, l’ami, est défaut à blâmer…
- Ton arrogant mépris, Mère l’Oye, m’indispose
Car tu oublies que faire ici beaucoup de choses
Tant bien que mal ne vaut presque rien :
Mieux vaut n’en faire qu’une et la faire bien ! »
lundi 20 mai 2019
dimanche 19 mai 2019
FRUITS DE MER
La mer est grosse de rêves d’enfants.
Cette mer-là est toute de tropiques
Et d’horizons aux vents ébouriffants,
Où se vivent tous les songes épiques
Que l’on fait parfois à trop regarder
Le bleu du ciel, à trop cafarder…
Les bateaux tracent des sillons d’écume
À labourer sans cesse tous ces flots,
Semant quelques cales pleines d’agrumes
Et de grumes, d’épices en ballots,
Moissonnant des grains déchirant les voiles,
Et engrangeant des brillements d’étoiles…
Car les souffles sont pleins de rires d’enfants,
Qu’ils courent, vous caressent ou tempêtent ;
Ils jouent du buccin ou de l’olifant
Comme on le fait parfois d’une trompette,
Cornant aux nues, déchirant les cieux,
Balayant, apostrophant les dieux…
On sait que là, sans fin, les fils d’Éole
Sont chargés de parfums de ces ailleurs
Où le regard jamais ne s’étiole,
S’embrasant, ne voyant que le meilleur
Où qu’il se perde un peu, où qu’il se pose,
Dans cette nouveauté qu’a toute chose…
Cette mer-là est toute de tropiques
Et d’horizons aux vents ébouriffants,
Où se vivent tous les songes épiques
Que l’on fait parfois à trop regarder
Le bleu du ciel, à trop cafarder…
Les bateaux tracent des sillons d’écume
À labourer sans cesse tous ces flots,
Semant quelques cales pleines d’agrumes
Et de grumes, d’épices en ballots,
Moissonnant des grains déchirant les voiles,
Et engrangeant des brillements d’étoiles…
Car les souffles sont pleins de rires d’enfants,
Qu’ils courent, vous caressent ou tempêtent ;
Ils jouent du buccin ou de l’olifant
Comme on le fait parfois d’une trompette,
Cornant aux nues, déchirant les cieux,
Balayant, apostrophant les dieux…
On sait que là, sans fin, les fils d’Éole
Sont chargés de parfums de ces ailleurs
Où le regard jamais ne s’étiole,
S’embrasant, ne voyant que le meilleur
Où qu’il se perde un peu, où qu’il se pose,
Dans cette nouveauté qu’a toute chose…
samedi 18 mai 2019
vendredi 17 mai 2019
LE LOUP & LA DEMOISELLE
Petite fable affable,
D’après Le Loup & l’agneau de J. de La Fontaine (Fables, I, 10)
sur une idée d’Anne C.
La raison du plus fort est-elle la meilleure ?
Nous l’allons, amis, voir sur l’heure.
Une brunette se baignait
Dans les flots d’une onde peu sûre.
Un loup vint, côté guilleri faisant ceinture,
Quand Eros ce doux lieu imprégnait.
« C’est folie de te montrer nue en ces parages !
Dit ce paillard prêt à l’outrage.
Je vais habiller, moi, céans, ta nudité.
- Sire, répond-elle, chaste je n’ai été
Que ce temps que l’on dit « scolaire »
Et par là qu’il me considère
Comme une experte de haut rang,
Au demeurant,
Pour les choses que les femelles
De sa race, dit-on, font sans goût ni façon
Quoique vous soyez polisson.
- Peu me troubles, fait-il la lippe sensuelle,
Crois-tu qu’en disant ça tu vas pas y passer ?
- Vous y risqueriez une santé fanée,
Reprend la fille, vous qu’on dit pépère.
- Mais qu’est-ce donc que tu espères ?
- La pâmoison.
- Soit, puisque tu y tiens
Car je ne les épargne guère :
Aux femmes, aux filles je fais grand bien.
Allez, viens ici que je t’arrange ! »
Mais notre faune des forêts
S’épuisa à ce challenge
Et, las, mourut de ces excès.
jeudi 16 mai 2019
HAïKU D’ANNA GRAM
Après la génération « Balance ton corps ! » voici les années « Balance ton porc ! »
mercredi 15 mai 2019
EN QUATRE TEMPS
Du babil céleste à l’oraison funeste,
Nous parcourons, pas à pas, prou lent ou preste ,
En aller sans retour, nos quatre saisons :
De ce printemps où fleurissent joies et peines,
À la ronde d’heurs d’été en déraison,
De l’automne où le sablier perd haleine
Jusqu’à l’hiver où le présent n’est plus fertile graine.
De la première heure aux jours derniers
Du terrestre séjour, doit-on le nier,
Nous escaladons, une à une, les marches
Des ans, à tâtons, à quatre pattes après,
Sur deux jambes ensuite, en fière démarche,
Et puis sur trois si l’on sait le temps d’après,
Menant à l’ultime palier du viret .
Du premier coup d’œil au dernier regard,
Nous poussons des portes sans égard, hagards
Ou prudents, fermons mal contents nos oreilles
Ou ouvrons notre esprit, en dansant sur le fil
Du temps, entre lumière au soleil pareille
Et ombres plus noires que nuit, face ou profil
D’une vie où le doutes nous est faufil.
De certitudes en questions, plus malhabiles
Et hésitants nous courons, nous échauffant la bile
Ou le rêve en sautoir, vers l’unique toujours
Qui s’impose à nos chemins, vaines impasses
Au cours de ces aiguilles qui sont l’ajour
D’une horloge qui fait que tout lasse et passe,
Où répit et repos n’ont plus guère d’espace…
Nous parcourons, pas à pas, prou lent ou preste ,
En aller sans retour, nos quatre saisons :
De ce printemps où fleurissent joies et peines,
À la ronde d’heurs d’été en déraison,
De l’automne où le sablier perd haleine
Jusqu’à l’hiver où le présent n’est plus fertile graine.
De la première heure aux jours derniers
Du terrestre séjour, doit-on le nier,
Nous escaladons, une à une, les marches
Des ans, à tâtons, à quatre pattes après,
Sur deux jambes ensuite, en fière démarche,
Et puis sur trois si l’on sait le temps d’après,
Menant à l’ultime palier du viret .
Du premier coup d’œil au dernier regard,
Nous poussons des portes sans égard, hagards
Ou prudents, fermons mal contents nos oreilles
Ou ouvrons notre esprit, en dansant sur le fil
Du temps, entre lumière au soleil pareille
Et ombres plus noires que nuit, face ou profil
D’une vie où le doutes nous est faufil.
De certitudes en questions, plus malhabiles
Et hésitants nous courons, nous échauffant la bile
Ou le rêve en sautoir, vers l’unique toujours
Qui s’impose à nos chemins, vaines impasses
Au cours de ces aiguilles qui sont l’ajour
D’une horloge qui fait que tout lasse et passe,
Où répit et repos n’ont plus guère d’espace…
mardi 14 mai 2019
lundi 13 mai 2019
HAÏKU DE BISTOURI
Envie d’un lifting ? Essayez une méthode gratuite et naturelle : la fatigue.
Avec elle vous êtes sûr(e) d’avoir les traits tirés… et vite !
OVINS ?… L’IVRESSE !
Edito’ pour RuedesFables, janvier 2019
Quoique mystique, ce n’était pas un agneau, Pascal !… Et avant que d’être un des moins crottés des mathématiciens philosophes, il fut surtout un mouton noir janséniste pour son temps qui vouait à Panurge toutes les ouailles parquées à l’enclos de la monarchie absolue de droit d’ovin. J. De La Fontaine, autre mouton à cinq pattes n’était pas mieux vu. Certes, avec ses fables il semblait filer doux depuis que ses contes roses avaient chahuté un peu trop un monarque qui, quoique Soleil, n’était en rien une lumière. Il avait donc failli connaître de près la honte d’une tonte à la mode de La Bastille voire un exil vers l’asile de verts pâturages fort éloignés car son souverain ne laissait pas pisser le Mérinos pour tout. Ayant la houlette pis que faux sur son troupeau, il ne jouait du pipeau que sur l’air de « chacun chez soi et les moutons seront bien gardés » comme aurait - presque - dit Florian, ce berger-là.
On le sait bien à RuedesFables, notre bercail, qui aime à faire défiler le fablier du temps qui court pour nous permettre d’être toujours à l’alpage, est des plus variés. Mais brebis vêlante, brebis bêlante, le conteur-penseur des temps jadis, passeur avant tout, même s’il ne pouvait être un mouton blanc, doux comme un agneau, se devait de se conformer aux voeux de l’Église et aux volontés du Roi s’il voulait avoir vie longue et si possible paisible. Si on lit entre ses lignes, on le trouve rebelle à souhait et mutin en diable sous les apparences convenues d’une servile soumission aux convenances et aux conventions. Et même si « mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton », comme le prétend le proverbe italien, la « Philosophie », si noble jeu de saute-mouton intellectuel, n’a-t-elle pas été introduite dans les lycées par l’inventeur de cette institution, Napoléon Bonaparte soi-même ? Et on ne peut pas dire que ce fut le plus grand défenseur de la liberté d’expression, agnelet comme un pou de surcroît mais pas du genre à se désaltérer « dans le courant d’une onde pure ». Il n’y a pas de quoi faire un fromage, direz-vous. Mais non ?… Méchoui, ma’ bêle !
Comme dirait « le Guide du Broutard », un vrai philosophe bien en selle comme un authentique fabuliste carré se doit donc d’être une brebis égarée dans les méandres de la pensée libre ou, au mieux, de la libérer : il doit déranger les vies trop rangées et les rangées trop bien arrangées quitte à courir sur le haricot. Il en devient de fait, soit-il frisé comme un mouton, une brebis galeuse comme toute brebis du Bon Dieu se devrait d’être au lieu de se laisser tondre ou égorger comme un mouton par les lieux communs et autres idées reçues. Vivons dans l’amour pas dans la laine… Bon, revenons à nos moutons : un facteur d’apologues digne de ce nom, surtout né sous le signe du bélier comme votre serviteur, doit avoir pour maxime : « Si tu es loup, je me ferai mouton… et si tu es mouton, je me ferai loup » et laisser compter les moutons à d’autres qui veulent se laisser ensommeiller par le train-train ronronnant auquel la « Société » les a aliénés et par le stress trépidant de ce temps moutonnier tout en strass comme disait Strauss. Pas Levi’s mais Johan. À ce titre, mouton d’or il devient mouton de choc. C’est chic malgré l’astrakan dira-t-on. Eh bé, rien à voir avec un animal innocent dont témoigne la toison immaculée souventesfois mise en scène comme une bête suiveuse - moutonnière, quoi ! - ou passive en son pré pas toujours salé, une douce et innocente victime de toutes les violences voire toutes les haines vierges de compromis au bon goût - persillé, bien sûr ! - de « revenez-y ». En buvant du petit lait, paissons en paix et retournons donc à nos moutons mais, que vois-je à l’horizon ?… Voilà que je suis obligé de vous laisser sur votre fin… ou plutôt la mienne car j’ai trop ruminé déjà avec cette bande d’ongulés et vous en ait trop tanné la basane.
Sur ce, après un dernier petit coup d’agnelle derrière la glotte, fabuleusement vôtre, mes agnelles et autres navarins qui les suivez comme des moutons et souvenez-vous comme l’a dit le grand Albert : « Pour être un membre irréprochable parmi une communauté de moutons, il faut avant toute chose être soi-même un mouton. »
On le sait bien à RuedesFables, notre bercail, qui aime à faire défiler le fablier du temps qui court pour nous permettre d’être toujours à l’alpage, est des plus variés. Mais brebis vêlante, brebis bêlante, le conteur-penseur des temps jadis, passeur avant tout, même s’il ne pouvait être un mouton blanc, doux comme un agneau, se devait de se conformer aux voeux de l’Église et aux volontés du Roi s’il voulait avoir vie longue et si possible paisible. Si on lit entre ses lignes, on le trouve rebelle à souhait et mutin en diable sous les apparences convenues d’une servile soumission aux convenances et aux conventions. Et même si « mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton », comme le prétend le proverbe italien, la « Philosophie », si noble jeu de saute-mouton intellectuel, n’a-t-elle pas été introduite dans les lycées par l’inventeur de cette institution, Napoléon Bonaparte soi-même ? Et on ne peut pas dire que ce fut le plus grand défenseur de la liberté d’expression, agnelet comme un pou de surcroît mais pas du genre à se désaltérer « dans le courant d’une onde pure ». Il n’y a pas de quoi faire un fromage, direz-vous. Mais non ?… Méchoui, ma’ bêle !
Comme dirait « le Guide du Broutard », un vrai philosophe bien en selle comme un authentique fabuliste carré se doit donc d’être une brebis égarée dans les méandres de la pensée libre ou, au mieux, de la libérer : il doit déranger les vies trop rangées et les rangées trop bien arrangées quitte à courir sur le haricot. Il en devient de fait, soit-il frisé comme un mouton, une brebis galeuse comme toute brebis du Bon Dieu se devrait d’être au lieu de se laisser tondre ou égorger comme un mouton par les lieux communs et autres idées reçues. Vivons dans l’amour pas dans la laine… Bon, revenons à nos moutons : un facteur d’apologues digne de ce nom, surtout né sous le signe du bélier comme votre serviteur, doit avoir pour maxime : « Si tu es loup, je me ferai mouton… et si tu es mouton, je me ferai loup » et laisser compter les moutons à d’autres qui veulent se laisser ensommeiller par le train-train ronronnant auquel la « Société » les a aliénés et par le stress trépidant de ce temps moutonnier tout en strass comme disait Strauss. Pas Levi’s mais Johan. À ce titre, mouton d’or il devient mouton de choc. C’est chic malgré l’astrakan dira-t-on. Eh bé, rien à voir avec un animal innocent dont témoigne la toison immaculée souventesfois mise en scène comme une bête suiveuse - moutonnière, quoi ! - ou passive en son pré pas toujours salé, une douce et innocente victime de toutes les violences voire toutes les haines vierges de compromis au bon goût - persillé, bien sûr ! - de « revenez-y ». En buvant du petit lait, paissons en paix et retournons donc à nos moutons mais, que vois-je à l’horizon ?… Voilà que je suis obligé de vous laisser sur votre fin… ou plutôt la mienne car j’ai trop ruminé déjà avec cette bande d’ongulés et vous en ait trop tanné la basane.
Sur ce, après un dernier petit coup d’agnelle derrière la glotte, fabuleusement vôtre, mes agnelles et autres navarins qui les suivez comme des moutons et souvenez-vous comme l’a dit le grand Albert : « Pour être un membre irréprochable parmi une communauté de moutons, il faut avant toute chose être soi-même un mouton. »
dimanche 12 mai 2019
samedi 11 mai 2019
MON ENFANCE
D’après Mon Enfance de Barbara
Non, je ne suis pas revenu
Dans ce petit coin vert perdu
Où s’est écoulée mon enfance.
Non, je n’ai pas voulu revoir
Garonne où se pose le soir
Pour pousser enfin au silence
L’autan et les autres vents
Rôdant aux prés.
Sur ces rives, sénescent,
Court mon passé.
Je fuis ces berges verdoyantes
Où traîne la trace de mes pas
Qui, dans mes souvenirs me hantent
Et se refusent à tout trépas
Sous l’ombre grise de ces arbres
Où s’endormaient bien des odeurs,
Où se sont perdus quelques pleurs.
Mes pleurs.
C’est que je n’ai pas assez d’écorce,
Que c’est au-dessus de mes forces,
De replonger dans mon enfance,
De retourner dessous ses cieux,
Même un seul jour, et même un peu :
La Faux m’a pris mon innocence
À plus de cinquante ans. En prose.
Je n’veux plus voir
La maison, son jardin, ses roses,…
Je n’peux plus voir
Où sont restés mes jeux d’enfants,
Où jaillissaient mes rires clairs
De p’tit espoir en rêves grands.
J’ai perdu à jamais cet hier,
L’insouciance des peaux-rouges
Fendant les mais et les blés
En quête d’horizons à cibler.
Hélas,
Si j’ai fait quelques guerres là,
C’était à pleine vie, à pleine voix,
Comme on n’en vit que dans l’enfance ;
Si j’ai fait quelques guerres là,
C’était à des ombres à clair’-voie.
Si j’ai fait quelques guerres là,
C’était du printemps au grand soleil,
De ces guerres jamais perdues
Et qui tuent le temps à merveille,
Mais n'tuent que lui, sans retenue,
Jusqu’à ce que reviennent septembre,
Les feuilles mortes écrasées
Et les marrons qu’on énoisait.
Hélas.
Je ne pourrais jamais revenir
À l’heure de mes souvenirs,
Aux ans de mon enfance,
Au temps où s’ouvrait l’avenir,
À l’âge où les songes soupirent,
Où l’enfant se crée des empires
Où sa vie n’est jamais amère,
Où son étoile déjà luit
Sur des lendemains sans brumaire
Ni frimaire, pas indécis
Ni incertain, jamais le pire
Que le meilleur de la jeunesse,
Tout en joies, sans peur ni détresse…
Hélas.
Je ne serai pas revenu,
Là-bas, tout au coin de ma rue.
Les jours, les nuits sont une offense
Au passé qui désormais ici
Gît et, pis, s'y silicifie.
Où elle se meurt mon enfance…
Dans ce petit coin vert perdu
Où s’est écoulée mon enfance.
Non, je n’ai pas voulu revoir
Garonne où se pose le soir
Pour pousser enfin au silence
L’autan et les autres vents
Rôdant aux prés.
Sur ces rives, sénescent,
Court mon passé.
Je fuis ces berges verdoyantes
Où traîne la trace de mes pas
Qui, dans mes souvenirs me hantent
Et se refusent à tout trépas
Sous l’ombre grise de ces arbres
Où s’endormaient bien des odeurs,
Où se sont perdus quelques pleurs.
Mes pleurs.
C’est que je n’ai pas assez d’écorce,
Que c’est au-dessus de mes forces,
De replonger dans mon enfance,
De retourner dessous ses cieux,
Même un seul jour, et même un peu :
La Faux m’a pris mon innocence
À plus de cinquante ans. En prose.
Je n’veux plus voir
La maison, son jardin, ses roses,…
Je n’peux plus voir
Où sont restés mes jeux d’enfants,
Où jaillissaient mes rires clairs
De p’tit espoir en rêves grands.
J’ai perdu à jamais cet hier,
L’insouciance des peaux-rouges
Fendant les mais et les blés
En quête d’horizons à cibler.
Hélas,
Si j’ai fait quelques guerres là,
C’était à pleine vie, à pleine voix,
Comme on n’en vit que dans l’enfance ;
Si j’ai fait quelques guerres là,
C’était à des ombres à clair’-voie.
Si j’ai fait quelques guerres là,
C’était du printemps au grand soleil,
De ces guerres jamais perdues
Et qui tuent le temps à merveille,
Mais n'tuent que lui, sans retenue,
Jusqu’à ce que reviennent septembre,
Les feuilles mortes écrasées
Et les marrons qu’on énoisait.
Hélas.
Je ne pourrais jamais revenir
À l’heure de mes souvenirs,
Aux ans de mon enfance,
Au temps où s’ouvrait l’avenir,
À l’âge où les songes soupirent,
Où l’enfant se crée des empires
Où sa vie n’est jamais amère,
Où son étoile déjà luit
Sur des lendemains sans brumaire
Ni frimaire, pas indécis
Ni incertain, jamais le pire
Que le meilleur de la jeunesse,
Tout en joies, sans peur ni détresse…
Hélas.
Je ne serai pas revenu,
Là-bas, tout au coin de ma rue.
Les jours, les nuits sont une offense
Au passé qui désormais ici
Gît et, pis, s'y silicifie.
Où elle se meurt mon enfance…
vendredi 10 mai 2019
jeudi 9 mai 2019
LES BÊTES & LE FABULISTE
Petite fable affable d’après L’âne & le fabuliste
de (Jean-Baptiste-)Victor de Perrodil (1862)
« Depuis que j’ai bu l’onde chez votre La Fontaine,
Me dit un un gros Loup gris courant la prétentaine,
Vous ne m’épargnez guère vous et vos écrits :
Je ne suis plus qu’un ogre à fuir à grands cris.
- Et moi donc, fit un âne arrivant à l’improviste
Je passe pour sot à cause de fabulistes
Qui ne sachant rien de mes mœurs et de ma vie
Me voudraient bêta, me dénigrant à l’envie ! »
Puis ce furent l’oie et toute la cour de Sire
Coq qui, là, en vinrent à deux doigts de m’occire.
Plus je présentais de plates excuses à tous,
Plus il me venait de mécontents, de grognous
Chez ces animaux parmi lesquels je fais provende
D’acteurs pour mes apologues de contrebande.
À la parfin, cerné de cent récriminants
Formant meute, de bestioles ruminant
Leur rancœur et l’herbe que je foulais, de fauves
Prêts à me courir sus, moi, les jambes en guimauve
Je ne sus que répliquer : « Vous donnant déjà
La parole, je ne vous savais, vrai goujat,
Point aptes à lire mes petites mises en scène,
Ces contes où vous n’apparaissez point tant obscènes
Que les humains que je fais moins blancs que bichons.
- Ah ça, c’est à voir ! grogna le cochon rochon.
- N’étant point un de nos savants naturalistes,
Je suis obligé, quand je choisis sur ma liste,
De vous attribuer les caractère et traits
Qui font votre réputation, votre attrait,…
- C’est comme cela que se perpétuent mensonges
Et préjugés, me fit un renard. Mais j’y songe :
Si tu as pour règle de réhabiliter,
Désormais, l’ami, nos us au lieu d’habiter
Les lieux communs peut-être que, sans courbette,…
- Je n’y gagnerai rien. Et vous pas plus, bêtes !
Le public déçu vous enterrerait, passés
De mode, parasites bons à trépasser,
Esclaves destinés au joug et à la coutelle,…
Même si, certes sans finesse ni dentelle,
J’use de vous pour rire de mes pairs, ce sort
Me dit un un gros Loup gris courant la prétentaine,
Vous ne m’épargnez guère vous et vos écrits :
Je ne suis plus qu’un ogre à fuir à grands cris.
- Et moi donc, fit un âne arrivant à l’improviste
Je passe pour sot à cause de fabulistes
Qui ne sachant rien de mes mœurs et de ma vie
Me voudraient bêta, me dénigrant à l’envie ! »
Puis ce furent l’oie et toute la cour de Sire
Coq qui, là, en vinrent à deux doigts de m’occire.
Plus je présentais de plates excuses à tous,
Plus il me venait de mécontents, de grognous
Chez ces animaux parmi lesquels je fais provende
D’acteurs pour mes apologues de contrebande.
À la parfin, cerné de cent récriminants
Formant meute, de bestioles ruminant
Leur rancœur et l’herbe que je foulais, de fauves
Prêts à me courir sus, moi, les jambes en guimauve
Je ne sus que répliquer : « Vous donnant déjà
La parole, je ne vous savais, vrai goujat,
Point aptes à lire mes petites mises en scène,
Ces contes où vous n’apparaissez point tant obscènes
Que les humains que je fais moins blancs que bichons.
- Ah ça, c’est à voir ! grogna le cochon rochon.
- N’étant point un de nos savants naturalistes,
Je suis obligé, quand je choisis sur ma liste,
De vous attribuer les caractère et traits
Qui font votre réputation, votre attrait,…
- C’est comme cela que se perpétuent mensonges
Et préjugés, me fit un renard. Mais j’y songe :
Si tu as pour règle de réhabiliter,
Désormais, l’ami, nos us au lieu d’habiter
Les lieux communs peut-être que, sans courbette,…
- Je n’y gagnerai rien. Et vous pas plus, bêtes !
Le public déçu vous enterrerait, passés
De mode, parasites bons à trépasser,
Esclaves destinés au joug et à la coutelle,…
Même si, certes sans finesse ni dentelle,
J’use de vous pour rire de mes pairs, ce sort
Vaut toujours mieux que l’oubli ou que la mort ! »
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