Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 23 mai 2019

DU CÔTÉ DE ST CYPRE

Cycle toulousain

Ici point de pavés, non plus de murs qui murent
Les murmures qu’étouffent les buissons à mûres.
C’est la ville où le temps est si vite passé,
Où l’on court comme un pauvre diable dépassé,
Que tu n’as même pas le temps de toucher terre
Tant les jours y sont courts : Hier, t’étais néné ;
Sans te prélasser, rêvasser en ses artères
Ni te délasser, te v’là aujourd’hui « aîné » !

Hôtesses de l’antique cité toute en briques, 
Deux statues me regardaient faire la bourrique.
Allégories de pierre lès Saint Cyprien,
Loin du plaisir des ruelles, l’air de rien,
L’une figure ma bonne ville de Toulouse
L’autre représente la province de Languedoc,
Également taillées pour survivre aux jalouses
Courses de jours que ne réveillent plus les coqs.

Dame Toulouse, dessous sa couronne
Crénelée tourne un regard aimant vers Garonne
Et le rose écrin qu’ont voulu les capitouls,
Au temps des fenêtres à meneaux où mabouls
Les incendies réduisaient en cendre les villes,
Povrôts, en deux temps-trois mouvements. Non, pas moins.
Celle-là a lancé tant de ponts quoiqu’incivile
Qu’elle méritait le galet et la brique au moins…

Princesse Languedoc, gironde et généreuse
En riches moissons comme en vendanges heureuses,
En cette terre de Cocagne où l’« adieu »
Est un « au-revoir », voire un « bonjour » radieux,
Offre à chacun, macarel, sa part de civet :
Il suffit pour ça que tu pares l’assiette !
Car dans ce pays, il ne fait jamais mauvais 
Même quand il pleut et la crue inquiète…

Il n’est que pauvre bougre qui n’ait vu briller,
L’espoir comme une étoile ou soit venu crier 
À l’ombre de ces géantes, sur cette place :
Aussi brave que bourru, mais de guerre lasse,
Il est las de casquer aux cerises rougies,
S’esquintant à bosser sans rien se permettre.
Il est prêt à castagner aux cerises jolies.
Sadoul  de tout et, las, veut envoyer tout paître !

De « Putain » en « Millediou » passent les jours
À faire le mourre à tous. Partout. Et toujours
Sur cette place où regarde au loin la Princesse,
Où veille au plus près la bonne Dame sans cesse.
Y trônent, en leur corset de fer, halles nouvelles 
Au ventre gonflé de milles produits venus
Pour nourrir le faubourg comme vache sa velle
Ou son veau afin que personne n’y aille nu…

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