Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 29 novembre 2012

mardi 27 novembre 2012

PLAN D'HAÏKU'PEU

La nudité de la vérité plaît moins que ses oripeaux…

COMME UNE OMBRE

Sur Comme un arbre (Maxime Le Forestier)


Le nez collé au goudron,
Couché devant ta maison,
Dans la pluie, je rêve aux îles
Nées dans l’ombre de vos villes.

Moi, je sombre dans ta ville.
Personne n’a remarqué
Que ma vie est à l’arrêt
Que je suis être immobile,
Comme une ombre dans ta ville

Gris béton ou noir bitume,
Pour bouffer, las, je me bats,
Et mon grabat fait débat
Sur ton trottoir où tout fume,
Gris béton ou noir bitume.

Comme une ombre dans ta ville,
Les poubelles pour voisines
Mon sommeil, sans but, cousine
Avec de vieux magazines,
Comme une ombre dans ta ville

Comme une ombre dans ta ville,
J’attends, là, l’espoir en deuil
Et, las, plus de larmes à l’œil,
Face au flot d’automobiles,
Comme une lombre dans ta ville.

Gris béton ou noir bitume,
Le cœur cru et l’âme à nue,
Ma vie s’est tue dans la rue
Où toi, tu passes, en costume
Gris béton ou noir bitume.

Comme une ombre dans ta ville
Je ne suis qu’un simple corps
Qui se fond à ton décor
Comme son chien, sa sébile,
Autant d’ombres dans ta ville…

dimanche 25 novembre 2012

vendredi 23 novembre 2012

UN HAÏKU TERRIBLE

Être déshonnoré blesse ;
être ridiculisé tue.

LA CHÈVRE MÉCONTENTE

Petite fable affable

« Ma vie ici-bas est triste et pitoyable !
L’herbe est bien plus verte de l’autre côté
De cette rivière aux flots impitoyables.
Et traverser, je crois, ne peut m’en coûter
Puisque j’y sais un passage praticable !
Pleurait une biquette qui portait un bouc
Et puait tout autant que la bête à plouc.
En plus, on voit moins de loups dans ces parages,
Moins d’hommes qui, d’un rien, font tout un fromage ! »

Mais, Dieu, qu’agaçe ce petit bout-de-chou !
Aussi la plus sage et vieille des brouteuses
De son troupeau qui, noire comme un cachou,
Dit-on, se perd les chèvres, chose douteuse,
D’avoir trop ménagé la chèvre et le chou,
Lui dit : « Mais qu’attends-tu pour partir, Blanchette !
Depuis qu’il t’a poussé une barbichette
Je t’entends geindre sur ton sort et envier
L’autre berge dont tu rêves pour foyer.  »

Celle qui rendait chèvre ses congénères
Lui rétorque : « Il faut choisir le bon moment
Sinon bien vite et, pis mal, tout dégénère :
La belle aventure deviendra tourments,
Regrets et remords. Ma vie, si ordinaire
Ici, serait-elle, là-bas, sans revers ?
Quels maux peuvent se cacher dans tant de vert ?
Choisir tu le vois n’est pas aisé, Commère ! »
L’ancêtre répondit d’une voix amère :

«Lorsqu’on ne sait vers quel port naviguer,
Aucun vent ne saurait être le bon
Prétendait aux Hommes, le sage Sénèque.
Qu’importe de connaître le lieu du gué
Quand on ne veut pas traverser pour de bon !
Réplique-t-on à qui, en vain, se rébèque… »

lundi 19 novembre 2012

HAÏKU MIGNON

Idole à dorer se vend mieux
que Dieu des argentés !

L'HONNEUR DE LA FAMILLE


Mon Grand-père voulait que j’devienne « quelqu’un »,
Un homme respecté parmi ceux qui fourmillent,
Ces quidams sans-grade et obscurs tout-un-chacun.
Il me voulait « l'Premier », « l’honneur de la famille »…

« Petit,
Ne parais pas vaincu, par rien ni par personne :
Pleurer accroîtra tes soucis
Et rager n’arrange pas qui se hérissonne.

Quand le faible façonne,
Et le frileux frissonne,
Sois sans peur, Petit, et sois sans pitié aussi.

Quoi qu’en disent les grands gaspilleurs de salive,
Seuls les plus forts survivent ! »

C’était du Vieux la scie :
 « Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !

Va, bats-toi , peu ou prou,
Contre tous, contre tout,
Joue des crocs, joue des ongles :
Ce monde est une jungle !

Coucou ou casse-cou,
Sois fier, froid. Fat parfois.
Et qu’importent les coûts.

Affronte fous et foi
Et vois la boue des choses :
Il est plus d’épines que de fleurs à nos roses
Petit, c’est à ce prix-là que viendra “ton jour” ! »

Il me disait toujours :
 « Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !

N’sois pas gentil matou,
Ni tendre toutou :

Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !

Joue toujours tes atouts
Et risque ton va-tout :

Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !
Quoique d’aucuns écrivent

Ne crains ni Dieu ni coups,
Ni les grands Manitous,

Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent ! »

Mon pauvre Grand-père, je ne suis pas Vulcain.
Juste un péquin comme il en est des escadrilles,
Un quidam, du fretin, à pein’ mieux qu’un Pasquin
Qui n’sera pas « l’Premier »,… ni « l’honneur d’la famille » !

samedi 17 novembre 2012

jeudi 15 novembre 2012

CAISSE HAÏKU ?

« Avoir du bon sens »
Est un non-sens !…
On a du sens ou pas,
Papa !

ROCK BAROQUE

Quand j’étais môme et foutais mon bran
Les Grands, les vrais, ceux qu’avaient du cran
Me viraient fissa à coups de pompes
En criant jusqu’à ce que je rompe :

« T’es qu’un pauvre blanc-bec,
Casse-toi, mec ! »

Puis me sont venus dix-huit balais
Et des poils sous le nez, en legs.
J’ai voulu me ramener ma gueule,
Ma mère qui nest pas une veule

M’a dit du bout du bec :
« Casse-toi, mec ! »

Et je m’suis trouvé un vrai boulot
Je posais mon cul comme un ballot,
Parlotte et pipi, de pause en clope,
Quand le boss voulait que je galope :

« Tu te crois au Québec ?!
Casse-toi, mec ! »

Quand j’ai trouvé enfin ma poupée,
Tout affalé sur le canapé
C’était télé, les potes, la bière,…
Ça a tourné à la pétaudière,

Finis viole et rebec :
« Casse-toi, mec ! »

Puis j’ai erré, tout seul, par les rues
N’ayant plus rien que du vin bourru,
Poux et puces pour habiter mes hardes.
Les gens tonnaient d’une voix gueularde :

« Il pue, ce sale pec’ :
Casse-toi, mec ! »

Et je suis mort, oui, moi le zéro,
D’un “pas assez” ou alors d’un “trop”,
Je ne sais, et vais direct au Père,
Auréole en biais, bedon prospère,

Qui hurle d’un ton sec :
« Casse-toi, mec ! »

Donc j’me suis cassé chez le cornu
Où il fait chaud et où l’on vit nu.
Il m’a accueilli, d’un ton amène,
M’offrant les meilleurs crus du domaine :

« Reste-là, mec
Car, sans déc’,
C’est le nec
Ici, Mec,
Pour les pec’
Qui l’ont sec.
Reste-là, mec !
Plus d’échec ,
Que du teck
Du bifteck,…
Ici, Mec !
Mille breaks,
Cul avec,
Fille ou Grec,
Reste-là, mec ! »

mardi 13 novembre 2012

HAÏKU DE FOUDRE ?

Si on se découvre un jour
Et qu'on se connaît par cour,
Puis s’apprécie en retour,
On s’aimera toujours…

dimanche 11 novembre 2012

TEMPS HAÏKU VERT

Enterrement en grande pompe,
seule la vanité des vivants compte !

LE FAISAN & LE BLAIREAU

Petite fable affable

Rien ne va à qui a grelot sous le calot !

Un gros blaireau pleurait sur sa vie, sur ce lot
Que Dame Nature, tout en vice et malice,
Lui avait octroyé : « Sans faire de mélo,
Je suis né gras et gros comme un vieux cachalot.
De vers et de bêtes je dois faire délice,
Et n’ai, au long du jour, comme unique boulot
Qu’à devoir me terrer comme un rat, un mulot.
Et pour que plus complet me soit le préjudice,
Au lieu d’un habit flambant de mac’, de gigolo,
Je ne suis revêtu, comme un simple pélot
Que de vils traits palots sur paletot réglisse ! »

L’éploré, moins futé que ne l’est un bulot, 
Se trouvant un peu seul dans son bois de bouleaux,
Avait fraternisé avec quelque complice
Lisse d’esprit, brillant du bec, bref un faraud
Qui avait pour talent sa plume et son culot.
Ce faisan, disons-le, se disait un Ulysse
Car il était allé au bout du pré pâlot,
Et, mieux, il en était revenu, d’un galop
D’ailes, malgré quelques chasseurs formant milice,
Paradant plume au vent, ses couleurs pour halo :
Le blaireau ébloui le croyait intello’
Et le clamait haut sur scène comme en coulisse.

Ainsi la vie, pour nos deux petits ciboulots,
Filait comme au torrent de leur bois passait l’eau,
L’idole se paonnait - tout sur lui coule et glisse -
Quand pour son fidèle tout allait à vau-l’eau,
La peur et la honte étant toujours son lot.
Mais un jour, la chasse reprit. Vieux supplice.
Le blaireau se cachait, tremblant en son huis-clos
Pas le fanfaron qui brocardait ses sanglots.
Une balle perdue, las, lui fit une éclisse.
Ainsi mourut Faisan de la main d’un soûlaud
Qui visait un lapin qui s’en fut. Le salaud !
 Du chagrin, l’autre but, seul, la lie du calice.

 Comme nous le disait, jadis, le vieux Boileau :
« Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. » 
Il en va des corniauds, des nigauds et ballots
Qui sont de notre entour et, là, se font reluire !

vendredi 9 novembre 2012

mercredi 7 novembre 2012

SANS SE MONTER L'HAÏKU

Les petits gens sont aussi souvent capables de grandeur
que « les Grands » de bassesses.

CELLES DU GHETTO

De Puteaux à Quito,
Du Bronx à Soweto…
Où elles vont pleurer
Les filles du ghetto,
Qu’on viole pour jouer
Ou punir d’exister ?


Quel espoir il leur reste
À ces victimes-là,
Au cœur déjà las,
Qu’on fuit comme la peste,
Que la Justice oublie
Ou traite comme lie… ?

Quels lendemains funestes
Pour ces victimes-là
Au regard sans éclat
Qu’on mariera au reste
Pour des jours sans oubli,
Et, pis, sans embellie… ?

Du Bronx à Soweto
De Puteaux à Quito
Où vont donc respirer
Les femmes du ghetto,
Qu’on peut frapper, voiler,
Soumettre et bafouer?

Quelle vie, quelle geste
Pour ces victimes-là,
Dont l’âme sonne glas,
Entre les bleus, l’inceste,
L’insulte, le on-dit,… ?
Rien qui ne soit délit !

Puis une mort modeste
Viendra à ces proies-là,
Sans qu’on en fasse un plat
Ou qu’on se manifeste
Sous des coups, sur un lit,…
« C’n’était qu’une Rosalie ! »

Celle née du ghetto
Qu’on clouera au plus tôt,
 Où elle ira pleurer,
Souffler ou respirer ?
Condamnée aussitôt,
Ell’ subit, déchirée,
La banlieue, le ghetto…

lundi 5 novembre 2012

HAÏKU LIER CLOU THÉ

Pourquoi, pour assurer leur défense,
la plupart des gens s’offrent des chiens d’attaque !

samedi 3 novembre 2012

HAÏKU HAQUENÉE

Les jeunes filles filles en fleurs, aujourd’hui,
ne sont souvent que boutons !

CHANT DE L'UNE AU CHAMP DE LUNE

À la sombre,
Dans un silence qui m’éveille,
Dame lune, en brillant, nous veille
Et sourit aux rideaux d’ombres
De nos nuits fuies par le sommeil.
Elle nous offre son conseil
Sur nos vies sans or, ni vermeil,
Toutes en survie, en décombres.

Car la lune,
Qui jamais ne part, n’appareille,
Pour des rivages aux merveilles,
Se donne, sans rancune aucune,
À qui sait rester en éveil
Et mieux écouter, tout pareil,
Pour entendre que le méteil
C’est du blé pour les sans-fortune,
Et qu’un jour :

« On ne verra plus qu’un soleil
Dans un ciel plus clair, sans pareil,
Bleu comme tous les autres jours
Et, pourtant, il sera tout neuf
Neuf, et nouveau pour les cœurs veufs
Et les esseulés du Pont-Neuf,
L’âme à nu, l’esprit lourd et sourd ! »

Dans la sombre
Sans quitter son perchoir, sans bluff,
La lune m’offre un espoir tout neuf,
De matins aux couleurs de prunes,
Pour ne pas choir dans l’inconnu,
Ni déchoir en discontinu,
Tête à nu et corps soutenu
Dans l’insoutenable pénombre.

Oui, la lune,
Ronde et pleine comme un œuf,
Du haut de son vieil œil de bœuf,
Face à nos erreurs, nos lacunes,
Veille sur nous, cornue, charnue,
Pendue aux nues noires et nues
Perdue dans l’eau qui, ingénue,
La noie ou la broie à la brune
Car un jour :

« On ne verra plus qu’un soleil
Dans un ciel plus clair, sans pareil,
Bleu comme tous les autres jours
Et, pourtant, il sera tout neuf,
Neuf, et nouveau pour les cœurs veufs
Et les esseulés du Pont-Neuf,
L’âme à nu, l’esprit lourd et sourd ! »