Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 11 novembre 2012

LE FAISAN & LE BLAIREAU

Petite fable affable

Rien ne va à qui a grelot sous le calot !

Un gros blaireau pleurait sur sa vie, sur ce lot
Que Dame Nature, tout en vice et malice,
Lui avait octroyé : « Sans faire de mélo,
Je suis né gras et gros comme un vieux cachalot.
De vers et de bêtes je dois faire délice,
Et n’ai, au long du jour, comme unique boulot
Qu’à devoir me terrer comme un rat, un mulot.
Et pour que plus complet me soit le préjudice,
Au lieu d’un habit flambant de mac’, de gigolo,
Je ne suis revêtu, comme un simple pélot
Que de vils traits palots sur paletot réglisse ! »

L’éploré, moins futé que ne l’est un bulot, 
Se trouvant un peu seul dans son bois de bouleaux,
Avait fraternisé avec quelque complice
Lisse d’esprit, brillant du bec, bref un faraud
Qui avait pour talent sa plume et son culot.
Ce faisan, disons-le, se disait un Ulysse
Car il était allé au bout du pré pâlot,
Et, mieux, il en était revenu, d’un galop
D’ailes, malgré quelques chasseurs formant milice,
Paradant plume au vent, ses couleurs pour halo :
Le blaireau ébloui le croyait intello’
Et le clamait haut sur scène comme en coulisse.

Ainsi la vie, pour nos deux petits ciboulots,
Filait comme au torrent de leur bois passait l’eau,
L’idole se paonnait - tout sur lui coule et glisse -
Quand pour son fidèle tout allait à vau-l’eau,
La peur et la honte étant toujours son lot.
Mais un jour, la chasse reprit. Vieux supplice.
Le blaireau se cachait, tremblant en son huis-clos
Pas le fanfaron qui brocardait ses sanglots.
Une balle perdue, las, lui fit une éclisse.
Ainsi mourut Faisan de la main d’un soûlaud
Qui visait un lapin qui s’en fut. Le salaud !
 Du chagrin, l’autre but, seul, la lie du calice.

 Comme nous le disait, jadis, le vieux Boileau :
« Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. » 
Il en va des corniauds, des nigauds et ballots
Qui sont de notre entour et, là, se font reluire !

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