Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 29 septembre 2016

MAINT HAÏKU ‘RANTE

« L’esprit de l’escalier » ne sert qu’à descendre quand on est remonté !

LE CHATON FÉROCE

Petite fable affable

Un chaton se prenait pour un fauve,
De ceux dont l’ombre fait qu’on se sauve.
Par la couleur, pensait-il, il tenait
Du lion. Son air le maintenait 
Dans l’illusion de majesté
Que nul ne pouvait lui contester.

Son cri l’apparentait aux panthères.

Il effrayait jusqu’au ver de terre
Quand il résonnait entre les murs
Lui faisant un gîte doux et sûr.

Son regard était celui du tigre.

Il lui suffisait d’un coup d’œil, et bigre,
On mourait ou fuyait au plus loin,
Se faisant dessous comme un sans-soin !

Sûr de son fait, la mine altière,

Il vaquait entre deux litières,
Semant la terreur dans la maison,
Des serpillères aux salaisons,
Terrorisant les géraniums,
Effrayant l’eau de l’aquarium,…

Puis, un jour, il se vit dans la glace,

Comprit qu’il n’était pas de la race
Des grands maîtres de sa nation.
Ainsi notre animal de boudoir
Sut qu’il n’est de pire miroir
Que sa propre imagination !

mercredi 28 septembre 2016

mardi 27 septembre 2016

HAÏKU DE PELÉIOCH

Le premier mai, on fête « le travail ». À quand une fête des « vacances » ?

LA VÉNUS REBONDIE

D'après une étude de Camille Lesterle

Je leur sers de modèle à leur corps défendant.
Le noir crayon de ces anorexiques croque 
Mes formes d'un trait fin et long, condescendant,
Que leur mine sèche rend rondes et baroques.

Boudin m'aurait aimée. Eux esquissent, prudents,

Rondeurs et sourire,… Mépris réciproque.
Je suis forte. Et alors ? Leurs regards impudents
M'habillent d'intérêt lorsque je me défroque.

Frileux, ils me feront moins pansue à dessein

Parce que honteux pour moi - Regardez leur têtes ! -
Moi, qui me plais ainsi, nue, toute en fesses, en seins.,…

Mes plis de replète leur seront un casse-tête.

Ma générosité nourrira leur dessin,
Tout en ombres, au fusain, en étude d'esthète…
Dessin : Camille Lesterle, 2016

lundi 26 septembre 2016

dimanche 25 septembre 2016

HAÏKU D’BEC

Ô combien de fils de marins, de fils de capitaines, 
auraient préféré un père au quai qu’un perroquet !

DOCTEUR RENARD & PROFESSEUR HIBOU

Petite fable affable sur une idée de  Françoise…

Un renard lassé de vivre chichement,
De jeuner souvent, d’errer constamment,
Décide d’ouvrir médicale boutique
Et d’y offrir panacée à sa pratique :
Incantations pour médication,
Passes, poudres, talismans, précautions
Superstitieuses,… Voilà sa médecine !
Et pour voir patientèle en son officine
Il fait partout savoir : « Pour cinq cents billets,
Je vous guéris, sinon je vais vous payer
Mille biftons et pas en monnaie de singe ! »
Ça stimule l’envie et les méninges !
Ainsi Goupil connut vite le succès
Au grand dam du Professeur Hibou, vexé,
Qui n’avait pas ce quidam sur ses tablettes
Et plus guère de clients, hors quelque ablette !

Notre oiseau de nuit voulut démasquer
L’imposteur et dénoncer aux bosquets,
Aux bois et aux champs, l’insupportable arnaque.
Il vint au charlatan, mine de macaque,
Et lui avoue avoir, las, perdu le goût.
L’autre lui fit boire le jus d’un ragout
Fait de fientes, bouse et lourd crottin,
Salés, poivrés, aromatisés au thym…
« Mais c’est de la merde, ça ! crie le rapace.
- Goût recouvré, cinq cents billets ! » place
Le médicastre l’air des plus goguenards.
Le bubo pesta contre le traquenard…

Il revint un jour à la renardière
Clinique, teint pâlot, mine peu fière.
« Mon cher confrère, vous seul pouvez m’aider :
J’ai perdu la mémoire et sot baudet
Suis devenu ! » Le renard lui propose
Pour remède son ragout mais l’autre explose :
« Non, je ne boirai pas cette saleté !
- Vos souvenirs sont de retour !… Acquittez-
Vous de cinq cents tickets sans plus d’ordonnance ! »

Le dépit pousse le duc à la vengeance :
Il retourne au cabinet de son rival
Affirmant perdre la vue par quelque mal
Tout à plein de lui déconnu. Ah, misère !
Le bluffeur lui offre liasse et rosaire
En lui avouant son incapacité
À soulager sa prochaine cécité :
« Voici les mille talbins promis, confère.
- Mais il n’y en a que cinq cents, mon compère !
- La vue vous revient. Vous êtes soigné !
Voilà cinq cent fafiots bien gagnés ! »
Fit-il en reprenant ses sous d’une patte
Prompte, l’oeil rieur et fait  : « Sache, patate, 
Qu’on ne gagne rien à ruser les roués
Car on sera jamais autant qu’eux doués ! »

samedi 24 septembre 2016

vendredi 23 septembre 2016

HAÏKU DIVIN

Le Créateur travailla six jours d’arrache-pied et le septième, en ayant marre, fit grève.
Dieu est donc français !

LE FATRAS DE NOS VACANCES

D'après une étude de Camille Lesterle

C'est là tout le fatras de nos vacances
Celui qu'il faut ranger à la rentrée : des habits,
Des souvenirs remisés en partance
Pour l'oubli, une chemise, un bibi 
Ridicule,… tout pénétrés, par chance, 
D'un sable qui s'enfuit comme le temps ;
Des jumelles aux images fugaces
D'un passé pas trop vieux pour l'instant ;
Une chaussure esseulée, hélas lasse
Elle aussi d'avoir dû quitter tout ça.
La chaise à les porter se fait forçat.

C'est là tout le fatras de nos vacances
Enfermées dans des albums de photos
Qu'on ne regardera jamais, déjà rances
Quoiqu'à peine développées. Tôt
Ou tard, la mémoire verra affluence
De flashes, de vestiges imprévus,
Comme le plaid fatigué des piq'-niques
Nous fera nous souvenir qu'il a vu
Du pays et de radieux tropiques
Dont le goût salé reste sur nos peaux,
Qui ont hâlé jusqu'à nos oripeaux…

Dessin : Camille Lesterle, 2016

mercredi 21 septembre 2016

HAÏKU PEDEGLASS

Pour conjuguer les sensations la musique se doit d’être émotion et les mots émulsions.

LES DEUX MENDIANTS

Petite fable affable
librement inspirée de L’aveugle & le paralytique
de J.-P. Claris de Florian (Fables, livre I)

Un aveugle et un paralytique,
Ne se connaissant ni d’Ève ni d’Adam,
Dans quelque cité asiatique
Mendiaient pour avoir du riz sous la dent.
L’un geignait de ne courir le monde
Et l’autre pleurait de ne rien en voir.
« Cécité est le sort le plus immonde !
- Sclérose est pire encore, il faut le savoir ! »

Ainsi passaient leurs journées, de larmes
Vaines en jérémiades sans fin.
Mais leur chagrin mettait en alarme
Le plus charitable porteur de couffin.
On les crut souffrants, en plus de leurs tares,
De bien plus inavouables maladies :
Leur sébile, comme le Tartare,
Restait vide, sèche et désolée, pardi !

Un jour, près d’eux, la robe d’un moine,
Vivant d’aumône aussi, vint à passer.
« Quand on est le plus gras des chanoines,
Lança l’estropié, sans s'lasser
Comme tu le fais, on peut sourire !

- Moi, qui n’ai et ne suis guère plus que vous,
Mon plaisir plaît, cela va sans dire,
Aux généreux donateurs qui se dévouent…
Et la charité réjouit l’âme !

- Donneraient-ils si tu étais comme nous ?!

- Oui, Frères Quêteurs, car votre drame
N’est pas vos maux mais qu’ils vous mettent à genoux ! »
Puis il partit, les laissant perplexes.

Le lendemain, notre aveugle s’écria :
« J’ai compris !… Se plaindre est un réflexe
Nuisible menant ennuis en noria.
Faisons un atout de nos problèmes :
je vais te porter, mon ami, sur mon dos
Et toi tu me diras tout des blêmes
Beautés de l’aube, des splendides cadeaux
Du soir, des couleurs mises en foules
Et des palais fort dorés des Grands.
Tu marcheras, je verrai, Ma Poule ! »

Ainsi firent nos deux clochards
Qui coururent toute la province,
S’émerveillant des champs, des buffles, des chars,
Des villes où, avantage peu mince,
Leur joie de vivre retrouvée achetait
Les cœurs de pierre et les doigts pingres
Montrant à tous, dodus et malingres,
Que de défauts peuvent naître qualité !

mardi 20 septembre 2016

HAÏKU‘MISSARIAT

Cuisinez un suspect, puis faîtes-le mijoter un long temps,
et il passera à table même s’il n’est pas dans son assiette !

lundi 19 septembre 2016

PETIT HAÏKU DE FIL HAUT ?

La Vérité et la Raison sont anonymes, sinon elles sont sujettes à caution.
L’Erreur ou la Faute sont toujours personnelles, donc imputables à d’aucuns.

LA NUIT PORTE SOMMEIL

La nuit porte sommeil
Mais notre ville veille,
Entre joie et bouteilles,
Entre noir et vermeil,
Moteurs et bruits d'abeille,
Nul n'y baye aux corneilles.

Qu'importent les conseils,
Que l'on claque l'oseille !
Pour vivre ici, on veille !
Tout est toujours éveil
En presse sans pareille :
Un rien te meut, t'éveille…

Avec ou sans soleil,
Ici toute arche est treille,
Magie, salsepareille,
Semblable pas pareil,…
Gaffe aux yeux, aux oreilles
Que la dope réveille…

Et gare à tes orteils
On file et fonce, ma vieille,
Dilapidant nos payes
Jusqu'à ce vil réveil
Où on jette en corbeille
Démons et merveilles.

dimanche 18 septembre 2016

HAÏKU TER

Entre un hier au papier froissé
Et un demain encore emballé c’est
À toi de faire au ruban des ans
Qu’aujourd’hui soit éternel présent…

samedi 17 septembre 2016

HAÏKU’TEAU DE GASCOGNE

Ma femme est un vrai cordon bleu… j’en suis persuadé depuis qu’elle devenue ceinture verte !

RESTONS SIMPLES…

Petite fable affable

La Fortune et le Hasard
Aux cieux font grand bazar
Car les Humains ne les craignent
Pas et pire, hélas, ils ne daignent
Plus leur ériger des temples.
C’était là le triste exemple
De ce souverain mépris
Qu’auraient ces êtres qui prient
Le Progrès ou les Sciences
Ne donnant ni conscience,
Ni âme, ni patience,…

Jupin leur dit : « Mes amis,
Ils ne trompent qu’eux… et mie :
Ils invoquent la Chance
Quand s’apaisent leurs souffrances
Et le Destin si, pour l’heur,
S’enfuit au loin le bonheur…
Ce sont là les noms modernes
Que vous donnent ces badernes
Qui croient vous avoir vaincus
Quand ils ont toujours vécu
Dans votre ombre, ces faux-culs ! 

Les Hommes, Janus eux-mêmes,
Simplets par nature n’aiment
Guère choses ayant avers
Un jour et, l’autre, revers ! »

vendredi 16 septembre 2016

jeudi 15 septembre 2016

HAIKU DE PEINTURE

Je fus à l’armée où l’ire d’un mâle armé, 
Confus, alarmé, me fit lire Mallarmé.

EN ROUTE POUR… TÔKYÔ 1930

Finies maisons de papier,
Kimonos, bambou, rizières,…
Le progrès est un guêpier,
La modernité fondrière
Où malgré la foi, les prières,…
Quoiqu'épiés,
On entre, sans muselière,
De plain pied.

Et fini d'aller à pied…
Fumante comme théière,
La ville nous fait expier
Autos, fracs, melons, cuillères,…
Sans parler de nos rivières !
Vils taupiers
Hier ; demain incendiaires
Et troupiers.

La Terre sera poudrière,
Va-Nu-Pieds,
À nous pouvoir, puissance, houillères,…
Sans pépier…

mardi 13 septembre 2016

HAÏKU DES FORTS

La Vie est une piste où, coureurs de fond plus que sprinters, nous nous passons le relais de la vie…

GOUPIL & MAÎTRE COQ

Petite fable affable

Le gentil renardeau est comme un coq en pâte
Et Chanteclerc joue de l’ergot, de l’épate,…
Depuis qu’un jour le second a convié
Le premier à l’aider en son foyer :
Coq à crête n’étant plus maître chez lui,
À la lueur de cent réflexions d’une nuit,
Il décida, qu’à nouveau, ici, l’ordre règne
Parmi la poulaille arrogante comme teigne.
Tout englué dans quelque intrigue de sérail,
Son pouvoir sentait l’expiration de bail.
Tout était sujet de dispute et de rupture,
Cas de hérissonnage ou de déconfiture,
Objet d’insulte, cabale, accusation :
Chaque regard était une inquisition !
Dans ce poulailler-là, la paix était bien morte !

Il fallait que de cette impasse on se sorte,
Car ce vilain chaos fit naître le mépris
Des jeunes : un poussin osa, mais à quel prix !,
Dire son fait au coq, clamant que tout empire
Était le fruit de ruines. Peut-on dire
Cela sans fomenter, malin, un coup d’État ?
Aussi notre Chanteclerc ne s’escargota
Pas. Se cherchant un allié, mais de taille,
Il trouve un renardeau, pris dans une faille,
À qui il confie la police du lieu,
Laquelle il fit, aussitôt, et de son mieux,
Car il ne resta plus de toute la volaille
Que le coq dont le pouvoir est, lors, sans entaille.
Jusqu’à quand ?… Un vrai renard, ça grossit sans faim,
Surtout si son ambition touche à sa fin…

On dit de certains choix - car les faits accusent ! -
Que le résultat seul compte voire l’excuse.
Ne peut-on se demander, blanc bec ou doyen,
Jusqu’où la fin justifie-t-elle les moyens ?

lundi 12 septembre 2016

HAÏKU À DONNER

Comment nos hommes politiques font-ils pour ne jamais se mouiller tout en nageant toujours en eaux troubles ?

dimanche 11 septembre 2016

HAÏKU DE PIERRE

« Les événements de Mai 68 », ce furent « les pets dans l’eau » alors qu’ils se voulaient l’épée contre les « P » : Père, Professeur, Patron, Prêtre, Pasteur, Président, Police,…

PAYS SAGE

Au dormant de ce fleuve, il me souvient
D’un pays où plus jamais je ne viens,
Toute la poussière de mes rêves 
Anciens, las, y collent à ma peau,
Elle donne à ce lieu toute sa sève.
Ce matin j’y porte mes pas, crapaud,
Pour y passer quelques minutes brèves,
Les souvenirs soudés aux souliers,
Pour ôter quelques grains au sablier.

On trouve là un village écrasé
De chaleur, des jalousies à croisées
Et des persiennes, paupières
Mi-closes sur des façades chaulées,
Comme si dans la fournaise, pierres
Et longs murs s’étaient fondus, enrôlés
De concert pour, l’âme pure et fière,
 La repousser au ciel toujours bleu,
D’un bleu brûlant, azur miraculeux.

Des éclats d’ombre, en grains de grenat,
Tiédissent l’éclat tout incarnat
Des géraniums tombants qui sommeillent
Dans des patios faits pour héberger
Des grenadiers aux verts qui réveillent,
Des orangers arrangés en rangées
Dessous des draps tendus, dessous des treilles
De vigne aux grappes pendues et charnues
Appelant la main de qui est  venu.

Dans des rues tout aveuglées de clarté,
Des fontaines attiédies où, bonté
Divine, le reflet des fleurs invite
Pensers et songes à arrêter le temps.
Des vieux obséquieux cueillent vite,
Des feuilles à l’agonie depuis longtemps
Une femme affligée, forme en fuite,
Blessée, passe et refuse d’être vue
Lassée d’espérances, mise au rebut,…

Le fil du temps passé au chas, ici,
Des aiguilles d’horloge en sursis
Ne cousent que des repos, des silences,
Au pas d’un sombre curé marmonnant, 
De grenouilles en deuil au cuir rance,
Bigotes marmottant et sermonnant.
Pourtant partout il n’est, sans éloquence, 
Que portes ouvertes et clefs au clou 
Et au cou du clou quelques poils de loup.

Le vent furtif, en scie se fait soupir.
Nul ne va, d’un pas hâtif, se tapir
Dans le grand secret de sa chaumière,
Au calme frais de son passé, muet 
Sur l’avenir : les us coutumières
Veulent parole rare et mot fluet
Lapés à des lampées de lumière.
M’endormant près du fleuve, il me revient
Ce pays d’où mon nom, dit-on, vient…

samedi 10 septembre 2016

vendredi 9 septembre 2016

HAÏKU‘NFICIUS

On ne nait pas enfant, on le devient !

LE MALIN & LE MILAN

Petite fable affable

Au cours d’une échappée champêtre,
Au-delà des buissons ébouriffés,
Un gros âne en proie au mal être
Baguenaude à l’ombre des hêtres,
Malgré les ronces promptes à griffer :
La liberté est ainsi tarifée.

Il songe à sa vie : « Pauvre Pomme
Que je suis !… Baudet chargé comme un bidet,
Servant matin et soir un homme
Qui, las, me traite il faut voir comme !
Croit-il que je n’ai ni cœur ni idée ?!
Si je suis sa bête de somme,
C’est surtout somme de mes qualités.
C’est là, comme l’on dit à Rome,
Mon  moindre défaut : bonhomme,
Facile à nourrir, docile à liter ! »

Un milan l’entend et se perche
Auprès du naïf et fait au pleureur :
« Qu’est-ce donc, l’ami, que tu cherches ?

- Du respect… pas genre faux-derche !
Celui que te vouent tous les laboureurs
Pour qui je suis idiot ou erreur.

- Foin de tout cela : ils me craignent !

- C’est égal !… Milan, tu n’es le niais
De personne ici, et on daigne
T’offrir un lieu où tu règnes.
Oserais-tu, roi des airs, le nier ?!

- On m’offre balles et toi châtaignes !…
Le bâton vaut mieux que le fusil !
Je suis à leurs yeux une teigne
Qu’il faut tuer à bonne enseigne,
Gros malin. Je préfère les lazzis !
Allez rentre vite à l’étable :
S’il faut regarder au-dessus de soi
Pour mieux, oreillard instable,
Se remettre à l’incontestable
Place sienne, le ciel n’est soie
Qu’à qui sait rester sur son quant-à-soi ! »

mercredi 7 septembre 2016

HAÏKU GOLIN

D’Errato,
J’en ai pris
Et repris…
Des râteaux !

RUE DES BERNARDINS

Petite fable affable

Rue des bons Frères Bernardins,
Un laideron et un blondin,
Devant une porte cochère,
Dans la lueur d’un réverbère,
Se mangeaient à plein le bisou,
Se faisant des gazous-grisous
Comme seul fait un véritable
Couple qui va passer à table.

Les petites sœurs du cœur
De ce coin, toute en rancœur,
Quoique femmes qu’on dit « publiques »
Se font filles bien pudiques,
Leurs Amours fuyant le jour,
Ignorant les non, les toujours,…
Elles moquent cette coquette
Et morguent l’autre, slip aux sockettes,
Qui agissaient, si mal cachés,
Tout comme s’ils étaient couchés.
Volage, légère, galante,
Coquette mais pas inconstante,
La coquine mène le bal.
Rien entre eux n’était verbal.

Car elle est déchaînée, l’amante,
Et se sent l’âme d’une mante
Qu’importe la vaine rumeur, 
Ell’ veut que se mêlent leurs humeurs.
Les filles sifflent et, facile,
Réveillent les vieux fossiles
De ce quartier à demi
Réveillés… ou, las, endormis.

Yeux et fenêtres s’allument
Et les regards fouillent la brume…
C’est vu !… On crie à la catin
Décatie, hurle à la putain !
Les amants fuient. On alerte
Le mari marri de sa perte…
De cancans mesquins en ragots
Compatissants chez les bigots
La rue sut vite l’infortune
De ce cocu cousu de tunes,
Puis la ville en a brui,
Avant que meure la nuit.
Si l’Amour, chez nous, est aveugle,
Les voisins pas… et le meuglent !

lundi 5 septembre 2016

DES HAÏKU VERTES

Terrain connu vaut toujours mieux que terre inconnue !

LE MATOU PAS MATOIS

Petite fable affable

Palatin des plus patelins, bon lutin,
Un vieux matou, moins mâtin que mutin,
Grison en rien m’as-tu-vu, se promène ;
Frayer avec les frelons ne l’effraie pas.
Les poubelles fournissent à ses repas.
L’ombre et la nuit sombre sont son domaine ;
Il ne siestera qu’au petit matin
Quand même la poussière vaut satin.

Si souvent cette engeance-là peste et râle,
Silence et discrétion font sa morale :
Mais ce barbon ne craint pas l’ardeur des feux
Qui bronzent l’acier ou parfois le brisent ;
Rien ne lui fait une leçon apprise
S’il peut faire une prise, ce boutefeu,
Quelle que soit l’entreprise, générale
Ou particulière, urbaine ou rurale,…

Qu’importent le péril, la peur ou les risques,
Il fonce et tant pis si on hésite, on bisque,…
C’est un audacieux, un astucieux,…
Un félin de la plus courageuse race,
De celle dont on garde à jamais la trace,
Qu’a pas la tête près du bonnet, Monsieur !
Toujours cet intrépide trompe la mort ;
Partout, c’est un téméraire sans remords !

Et c’est ainsi qu’un matin, face aux canines
D’un grand chien, qui d’un coup d’œil examine
Notre matamore, il lui cherche horions.
« Qui n’a point chapeau ni gants, et moins de bottes,
Doit au culot, à l’instinct, à la jabote,…
De devenir un vrai centurion ! »
Dit le chat, parole hâtive et excessive
Cherchant là prompt décès ou mort convulsive.

Il mourut anonyme, lui l’inconnu,
On oublia même sa vie d’ingénu
Refusant les leçons de l’expérience
Qui prouvent que les jugements précipités
N’offrent qu’impasse où l’on fait cohabiter
Fausseté, excès et impatience
Qui sont le plus court chemin vers le trépas
Qu’on le recherche ou non, qu’on le veuille ou pas !

samedi 3 septembre 2016

HAÏKU’LETEUX

La plupart des jeunes incultes ont un culte pour le tumulte ; 
adultes ils se catapultent volontiers, ce n’est pas leur faire insulte, vers l’occulte !

EN  ROUTE  POUR…  ATTENDRE  DANS  LA  TOUR

Je passe ma vie à attendre
Pour que vienne enfin mon tour,
Pour que j'puisse alors prétendre
À user d'mes droits sans détour,
- Si j'prends pas le billet retour
Qu'on va me tendre ! -
Comme à ceux qui sont, à l'entour,
Tous las d'attendre.

Je passe ma vie à entendre
Pester et protester autour
De moi. Rien pour se détendre.
Moi, je souris plus qu'à mon tour.
On se rit de moi, me croit tourd,…
Pourquoi se tendre ?
Le temps sera-t-il moins vautour,
Prêt à s'distendre ?

Je passe ma vie à attendre
Seul', sans atour.
Je passe ma vie à entendre,
Tranquille autour !