Petite fable affable sur une idée de Françoise…
Un renard lassé de vivre chichement,
De jeuner souvent, d’errer constamment,
Décide d’ouvrir médicale boutique
Et d’y offrir panacée à sa pratique :
Incantations pour médication,
Passes, poudres, talismans, précautions
Superstitieuses,… Voilà sa médecine !
Et pour voir patientèle en son officine
Il fait partout savoir : « Pour cinq cents billets,
Je vous guéris, sinon je vais vous payer
Mille biftons et pas en monnaie de singe ! »
Ça stimule l’envie et les méninges !
Ainsi Goupil connut vite le succès
Au grand dam du Professeur Hibou, vexé,
Qui n’avait pas ce quidam sur ses tablettes
Et plus guère de clients, hors quelque ablette !
Notre oiseau de nuit voulut démasquer
L’imposteur et dénoncer aux bosquets,
Aux bois et aux champs, l’insupportable arnaque.
Il vint au charlatan, mine de macaque,
Et lui avoue avoir, las, perdu le goût.
L’autre lui fit boire le jus d’un ragout
Fait de fientes, bouse et lourd crottin,
Salés, poivrés, aromatisés au thym…
« Mais c’est de la merde, ça ! crie le rapace.
- Goût recouvré, cinq cents billets ! » place
Le médicastre l’air des plus goguenards.
Le bubo pesta contre le traquenard…
Il revint un jour à la renardière
Clinique, teint pâlot, mine peu fière.
« Mon cher confrère, vous seul pouvez m’aider :
J’ai perdu la mémoire et sot baudet
Suis devenu ! » Le renard lui propose
Pour remède son ragout mais l’autre explose :
« Non, je ne boirai pas cette saleté !
- Vos souvenirs sont de retour !… Acquittez-
Vous de cinq cents tickets sans plus d’ordonnance ! »
Le dépit pousse le duc à la vengeance :
Il retourne au cabinet de son rival
Affirmant perdre la vue par quelque mal
Tout à plein de lui déconnu. Ah, misère !
Le bluffeur lui offre liasse et rosaire
En lui avouant son incapacité
À soulager sa prochaine cécité :
« Voici les mille talbins promis, confère.
- Mais il n’y en a que cinq cents, mon compère !
- La vue vous revient. Vous êtes soigné !
Voilà cinq cent fafiots bien gagnés ! »
Fit-il en reprenant ses sous d’une patte
Prompte, l’oeil rieur et fait : « Sache, patate,
Qu’on ne gagne rien à ruser les roués
Car on sera jamais autant qu’eux doués ! »
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