Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 28 février 2021

samedi 27 février 2021

HAÏKU LINE

Un souffle d’air, un drôle d’air certes, l’air de rien, nous dit qu’il faut changer d’aire ou d’ère…

LE VIEUX COUPLE

Cycle toulousain

« Finissez d’entrer ! » ça ditz la ménine apazimée,
Calée à l’aise sur sa chaise où je l’ai toujours vue,
L’hiver comme l’été, du matin au soir, perclue,
Mémérisant, les yeux clairs, la voix abîmée.
Là, depuis la cuisine sombre de soun hostal
Résonnait à toute heure le parler de par chez nous
Grâce aux voisines qui te la visitaient atal
Car aquelo pobre femno se perdait, mille dious
La tête et si digun lui passait par les pieds,
Même un gat, elle s’affolait, voulait décoller
Son cul du siège, où elle et lou pépi pépiaient,
Mais qu’elle ne pouvait quitter sans caramboler.
Toute estabournite quoique patafiolée…

L’Ancien, son homme, le nez tout espouti,
Brasséjeait en bavant sur qui venait, petit
Ou grand, le voir. Le moindre croustet l’escanait,
Quand ses trois crocs rousséguaient un troç au dîner,
En sousquant fort, en cabousséjant tout autant.
Quand un mécut venait à lui, refusant
D’embrasser ses joues fort râpeuses qui pèguaient,
Il bafouillait, en louffant prou, ces mots usants : 
« Eh, ce poutou tu me le plains, dis, papegai ? »

Yeux lagagneux, attifé comme un peilharot,
Avé ses frusques pétassées et son béret
Pas lavé depuis qu’on mit Cartouche aux arrêts,
A bisto de naz, s’enfilait gros le povrôt
Et faisait périr plus d’un litron, qu’il tchuquait
Et desquillait en douce de cette femno
Mal foutue, la ménine qui aimait nonos
Et momos, mais restait dans sa chaise enquillée.
Mais jamais pété, jamais pinté, le vieillot !
C’étaient de vrais paysous d’il y a longtemps
Qui avaient gnaqué plus de patanes que de lard,
Testuts coume pimfles, qui avaient gagné tard
Le droit de se poser pour leurs derniers instants…
Oc, on avait la gagne et la gnaque, en ces temps !

vendredi 26 février 2021

HAÏKU SPACE

Jadis on disait : « les paroles s’envolent, les écrits restent ! ».
Dans notre civilisation virtuelle on ne peut que penser : « La parole s’étiole, l’écrit s’efface ! ».

jeudi 25 février 2021

HAÏKU TOMBE

Comme disait le bon roi Dagobert à qui on reprochait qu’il ait mis son fût à l’envers : « Ne nous mettons pas Martel en tête pour si peu ! »

LES BONDIEUSARDES

Petite fable affable sur une histoire ariégeoise de Françoise…

Deux bigotes, à petits pas, se pressent 
Vers la sacristie, cherchant à arriver 
La première, n’ayant de cesse,
Au Très Saint Lieu, de s’activer.

Du beau et jeune prêtre de la paroisse
Chacune veut attirer le regard,
Entendre un bon compliment en face-à-face ;
C’est un ange à bien des égards.
Car, lui si pieux, lui si chaste,
Chez veuves geigneuses a avivé,
(Ce n’est point billevesées) péché néfaste,
De vils sentiments de dépravées,…

C’est ainsi qu’un matin, devant Saint Antoine
Dont l’autel était, las, à fleurir,
Nos deux punaises s’écharpent fort la couenne,
S’invectivant à chœur ahurir.

Avanies et horions, comme à Gravelotte,
Pleuvaient et ce, tant et si bien,
Que notre bon abbé en eut la calotte
Alertée. Aussi il intervient.

Séparées, nos grenouilles, vipérines
Diablesses, poursuivent haineux
Propos avec une voix  luciférine.
La jalousie est mal épineux !

Cette affaire fit grand bruit hors l’église.
Si on en rit prou chez les impies,
Les fidèles s’affligent ou vocalisent
Et quelques dévots prennent parti :
Ici, on blâme l’une autant qu’on loue l’autre ;
Là, on fustige la cul béni
Et porte aux nues la calotine, des nôtres
Depuis plus longtemps, sans déni !

Seul le curé prie pareillement pour ces âmes
Égarées. Vite, on interpella
L’archevêque sur ce drame. Avec feu et flamme,
Il mit d’accord toute la smala.

Il fallait prendre le Mal à la racine :
Il déplaça notre officiant.
La paix revint chez Tartuffe et Bécassine
Mais point dedans les cœurs ferraillants…

Châtier un innocent, bouc-émissaire,
Toujours, chez nous, l’étau d’un fléau desserre
Mais c’est un compromis des plus temporaires :
S’y fier, même un peu, est vraiment téméraire !

mercredi 24 février 2021

mardi 23 février 2021

HAÏKU’N TINAN

J’ai le cœur trop grand pour m’arrêter à la petitesse de l’Humanité…

REMÉDIO

Si tu te sens triste et désenchantée,
Si la mélancolie revient te hanter,
Si à notre temps tu te désaccordes,
Prends ta guitare, plutôt que ses cordes.

Si tu perds pied ou le nord,
Si les vents jouent par trop les ténors,
Et mettent ton cœur et ton âme à la discorde,
Noie-toi dans la bossa, loin du bruit et des hordes.

Chantonne jusqu’à retrouver paix et concorde
Sans écouter les vains sermons ni les exordes,…

Regarde à travers ces notes ta vie,
Place en ces airs toutes tes envies,
Chantonne jusqu’à retrouver paix et concorde
Fais couler en tes veines leur liqueur
Et fais battre à leur rythme ton cœur
Sans écouter les vains sermons ni les exordes…

Noie-toi dans la bossa, loin du bruit et des hordes,
Ferme les yeux. Pour toi revis
Sans écouter les vains sermons ni les exordes,…
Laiss’-toi bercer ; fredonne à l’envi
Leurs scansion d’accords et de chœurs,
Chantonne jusqu’à retrouver paix et concorde.

Si à notre temps tu te désaccordes,
Prends ta guitare, plutôt que ses cordes
Pour chasser les chagrins qui font des hauts-le-cœur
Les douleurs, le malheur, rancunes et rancœurs !

lundi 22 février 2021

dimanche 21 février 2021

HAÏKU LIOURE

L’amour-propre est souvent savonnette à vilenie…

LE JEUNE SAGE & LE VIEUX VOLCAN

Petite fable affable

Sous le feu fou des foudres fendant les Cieux,
Pline Le Jeune peine fort à se faire entendre
De la bouche encolérée aux mots si peu tendres
Pour le genre humain, ingrat et insoucieux,
Ne vénérant assez cette plus que montagne
Fumasse et fumante, dominant villes et vies.
« Dois-je, Minus, les écraser plus qu’à l’envie
Pour avoir oublié que leur vie de cocagne,
Ils me la doivent ?… Vieilles religions
Et antiques pratiques me rendaient hommage
Pour leurs vignes, pour leurs blés, pour leurs pâturages,…
Tout est fruit de mon vouloir en la région !

- Eh bien le savons-nous, tous, nous pauvres hommes
Qui pour célébrer tes bienfaits, terre et eaux,
Malgré tes secousses qui peuvent être fléau,
Avons bâti des riantes petites Rome !

- Quel égard, Bonhomme !… Hélas, on n’a de respect
Que pour ce que l’on craint dans votre si beau monde.
Point d’hommage sans peur sur le sol ou sur l’onde !

- Mais Vulcain, si puissant malgré son aspect,
T’a élu, toi, pour être et son antre et sa forge ;
Et lui rendre grâce est te saluer tout bas
Comme tu es, que vie soit étale ou branle-bas,
De nos obscurs enfers et la bouche et la gorge !

- Sot, on ne vénère Volcan que s’il vomit
Lave ou fait descendre sur soi ardentes cendres.

- Mais l’enfant remercie-t-il de chaque geste tendre
 La mère qui prend grand soin de sa vie, Mon Ami ?
Le mari loue-t-il son épouse, diligente,
Soumise, qui le sert chaque jour que Dieux font ?

- Ils devraient… Suffit. Fini en mes tréfonds
De tant gronder : je châtie ta race indigente ! »

Ainsi Vésuve extermina ces oublieux,
Et pêcha ainsi par prétention car l’ire
Et ses méfaits ne font pas, ici-bas, mieux 
Reconnaître vos bons mérites que la lyre !

samedi 20 février 2021

HAÏ(s)KU L’ÈRE

Le jouet a beau les encourager
Et le fouet a beau les corriger, 
Peut-on reprocher à ses enfants 
L’ignorance des choses qui leur
A été inculquée, piaffant,
Parce qu’apprendre leur est douleur ?

vendredi 19 février 2021

HAÏKU PROVERBIAL

Le malheur des uns devrait faire la douleur des autres.

ET PUIS PLUS RIEN…

Il faut vivre puisque cela s’appelle ainsi,
Vivre, oui. Vivre là-bas ou bien ici
Ces heures chaque jour recommencées qui se suivent,
Ces jours succédant aux nuits que poursuivent
D’autres jours, toujours semblables, qui vous font vieux 
À vingt ans, qui vous ont, lorsqu’ils étaient pluvieux,
Fatigué, lassé aux soleils qui sont une chance
De ne savoir vacuité ni voir inconséquence.

Il faut vivre puisque cela s’appelle ainsi
Vivre, oui. Vivre, en ce monde, moins debout qu’assis
En ayant mal tout le temps malgré de beaux sourires
Qui disent que l’on est mieux quelques instants, sans rire,
Dans des vies vides qui n’ont rien, ne sont rien,
Ne valent rien, ne mènent et n’servent à rien,
Prises entre la colère, l’espoir et la prière ;
Vies plus chaumières que gentilhommières…

Il faut vivre puisque cela s’appelle ainsi
Vivre, oui. Vivre sans but et vivre sans merci,
Sans connaître au grand jamais une réelle existence,
Sans espérer reconnaissance de quelque instance,
Entre acceptations et abnégation
Par peur de l’exclusion, la relégation,
Qui nous fait, las, troupeau humain qui encore avance,
Bétail divin, vaquant de survie en survivances…

jeudi 18 février 2021

mercredi 17 février 2021

HAÏKU DE MAUX

L’Education Nationale fait progresser le dictionnaire plus vite que l’Académie Française« Bienveillance » remplace « Hypocrisie » donnant bonne conscience non sans mauvais esprit…

LE LÉROT CHEZ LES MULOTS

Petite fable affable d'un déconfit née…

« Le proverbe dit : “C’est la mauvaise roue 
Du chariot qui le plus gronde” ! » 
Songeait en son for un des mulots prou 
Colère envers Lérot qui fronde

En son foyer que Mal mit sous verrous.
C’est las un vieillardissime

Qu’il a recueilli, râleur, malcontent,…
Pleurant sur son seul sort, aux cimes
De l’égoïsme, dès qu’aube va montant.
Ce “blaireau” est donc plaie maxime ! 

Et geint : « Le malheureux a toujours tort ! »
Notre antiquaille décrépite,

Sans aider ses hôtes qui vont, frôlant la mort,
Pour le nourrir, quérir les pépites

Qui lui agréeront sans honte ni remords.
Court du cellier à la cave

Et de la grange grosse au grand grenier,
La famille pour que se gave

Cet invité qui ne sait que grogner

Quoi qu’on déniche ou chasse. Grave ! 

Toujours, que le temps soit beau ou inclément
Quand mulot veut parler à ce sire,
L’autre le rudoie et, las, pareils tourments
- Quand ce ne sont pas cris ou ire ! - 
Affligent les siens pareillement.
Vivement qu’on se déconfine ! 
Car leurs mots, ce monstre ne peut souffrir
Ouïe ailleurs et œil de fouine,

Et leurs maux, au moins, ennuient à périr
L’être à la mine chafouine. 

Or c’était un fort bon ami naguère ;

Des plus affables et serviables aussi.
Il paraissait de bonne guerre

De passer ensemble ce temps de souci
Né d’un virus qu’on n’aimait guère. 
Hélas, il est des Janus même animaux ! 
Quand les confinés on libère,

Les mulots jettent dehors le grimaud :

« La prochaine fois, c’est à Cerbère
Qu’ira mon hospitalité, l’Ami.

Et merci pour la leçon à la pandémie :
Je sais, ainsi, qu’un bourru qui m’oblige
Vaut mieux qu’un aimable qui m’afflige ! » 

lundi 15 février 2021

HAÏKU DANS LES COTTES

Pouliche qui se pourlèche, poux lèche pour un pourliche !

LES MAUX DES BAUX

C'est donc tout ce qui reste d’un village.
Perché sur les rochers à un autre âge.
N’ont résisté au vent que quelques toits 
Délavés par la pluie qui nettoie
Les plaies nées d’un soleil saignant qu’ocellent
Des lichens qui jouent aux antiques téselles.

À ces maisons s’accroche l’abandon
Des hommes. Ces ruines s’offrent en don
Aux nues bien trop bleues où grisonne,
Sous un amas de verdure où résonnent
Milles insectes, un reste de donjon.
Jadis fier, écroulé par les surgeons
Et les sauvageons sur une histoire
Oubliée, moins légende que déboires.

J’y entends par les voies embuissonées
Le pas lourd des mulets aiguillonnés
Frôlant les étals chargés des échoppes,
Renversant presque les buveurs de chopes,
Heurtant chasse-roues et même picaros.
C’est ruelle ou venelle intra muros !

Mon oreille croit percevoir là une enclume
Battue à plein bras, ici des bouts de grumes
Que jà varlopes et ciseaux feront huis
Solides ou lourds meubles. Par quelque pertuis
Mon nez retrouve l'odeur fraîche de paille
Et les effluves du foin où, fols, ripaillent
Des jeunesses qui ne sont que souvenirs,
Chimères,… car, ici, point d’avenir.

Je laisse ce havre déserté aux ronces,
Aux lierres qui jamais ne renoncent 
À dévorer les maisons, aux arbres éventrant 
Les toitures, renversant, proliférant,
Toute vie, drapés du cri des corneilles
Assistant à l'agonie qui, seules, la veillent…

samedi 13 février 2021

HAÏKU INFERNAL

Pourquoi nous fait-on choisir entre l’ « écolo’ » et le « lot de l’éco’ » ?

LE COQ & LE SCORPION

Petite fable affable

Un sultan de basse-cour vit en son fief
Un étrange animal, courant à ras de terre ;
Tenir queue haute lui donnait relief.
Il interpelle ce maraudeur solitaire,
Sans doute en quête de picorée : « Halte-là,
Tu portes bien haut des couleurs, cancrelat !
Rabats ta queue, besacier, devant qui réveille
Le soleil ou je vais te soigner de saignées
                                                     Cet orgueil !… 

- Je ne le puis, sans vous dédaigner,
Mon Bon Seigneur, ce serait mort sure et merveille
Que je n’accompagne alors convois d’anges heureux ! »

Bouffi d’orgueil et d’embonpoint, n’est pas peureux
Notre empâté Chanteclerc : « Crois-tu que tes pinces,
Sot, effrayent mon bec et apeurent mes ergots ?!
Ton sashimono tu vas avaler en Prince
Des voleurs, car tu en es un, Espèce de Goth :
On n'entre chez autrui que pour méfait commettre -
- Ou forfait ! - Ton indigence parle pour toi !

- Tu m’as percé à jour et j’en reste pantois.
Toi seul d’ici ne pouvais être que le Maître.
Ne pouvant te rabattre la crête, j’abaisse
Mon fol étendard et m’avoue vil et vaincu. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le scorpion laisse
Sa queue choir sur la patte de ce corne-cul
Qui, sans comprendre pouic, se meurt dans l’instant ;
Joie d’androctone et des pécores tout autant !

Si l’indocilité, parfois, nos rois désarme,
Sachez, Sujets, qu’obéissance peut être une arme !

vendredi 12 février 2021

HAÏKU'MPLICITÉ

Pourquoi cherche-t-on toujours des « témoins de moralité » mais jamais des « garants de lubricité » ?!

jeudi 11 février 2021

HAÏKU’IR

Qui veut sauver les meubles est au mobile lié…

FILS DE FENOUILLET

Cycle toulousain

Moi, je suis un fils de Fenouillet,
Ce bled où désormais, toi, tu habites ;
Cette banlieue où vient fourmiller
Tout un peuple de cités en orbite
D’une ville rose déshabillée
De ses quartiers aux fins subites.
Finis la vieille brique gratouillée 
Et le galet grisé que Garonne débite…

Oc, je suis un fils de Fenouillet,
Le village de mes père et grand-père,
Endormi entre un canal trop souillé
Et un lent fleuve qui toujours espère
Se libérer de son lit où grenouillaient
Des souvenirs d’antan, de l’Autan compères.
Combien de bons coins où farfouiller
Ont servi à tout gafet de repaire ?!

Je reste le fils de Fenouillet,
Jadis mouvante terre à céréales
Aux tons dorés, ocrés voire rouillés,
Naguère sol de maraîchers de halles
Par tous les ciels printaniers mouillés.
Ici vaches paissaient, là cruciales
Corvées se passaient sans tant brandouiller :
Maïs, patates et vigne familiale.

Car je suis un fils de Fenouillet
Du temps où le parement qui déborde
Et les appartements où glandouiller
Ne dépareillaient pas tant les bordes.
Alors peu d’autos pour écrabouiller
Nos chats et prou usés, jusqu’à la corde,
Trois « châteaux » pour, las, un peu s’embrouiller
Au café d’un patelin sans discorde…

Quand on naît fils de ce Fenouillet,
On ne peut que regretter et les ombres
De ses rues aux noms qui vont vadrouiller
Dans ma mémoire, et la fraîche pénombre
D’une église vidée et verrouillée
Ou les noms oubliés, quoiqu’en bon nombre,
Des monuments aux morts tout grafouillés
Que personne ne regarde plus, l’oeil sombre.

mercredi 10 février 2021

mardi 9 février 2021

HAÏKU ATIFFET

Ne jugeons le fait que d’après ses effets…
Méfait ou bienfait, il sera notre faix
Soit-il forfait imparfait qui stupéfait,
Ou insatisfait car il nous défait ou refait.

LA HYÈNE & L’ÉLÉPHANT TRIOMPHANTS

Petite fable affable

La soif de paraître est une terrible 
Passion. Et insatiable. À la fois
Leurre et vertige, elle est las inextinguible
Que l’on soit un loqueteux sans toit ni foi
Ou un de ces prospères négociants,
Un roi ou un courtisan impatient.

Ainsi, jeune éléphant et vieille hyène
Cherchant à s’élever auprès de Lion,
Rivalisaient de courbettes et d’aériennes
Périphrases ou circonlocutions, 
Pour éblouir autant que pour séduire.
Hâbleurs et flatteurs presque bateleurs,
Ils en auraient fait rire le triste sire
Mais il était, avec autrui, sans chaleur.

La hyène malgré son grand âge espère
Autant, si ce n’est pas plus, que son rival ;
« Ah, si jeunesse passe, fit son compère,
Demeurent des appétits en l’animal
Qui ne sont jamais petits. Mais, toi, tu rêves,
Tu es arrivée tout au bout de ton temps…
Demain est à moi qui aies jeunote sève.

- Tu as vigueur. Qu’elle te dure longtemps !
Moi, en l’occurence, j’ai l’expérience
Et c’est plus utile à l’État et au roi.
D’où mon bonheur d’être ouï en audience,
Et, de là, sans doute ton lourd désarroi.

- Mais tu n’es qu’une dépenaillée pelisse,
Moi fringant pachyderme bien fringué.

- Ça ne durera pas. Viendront supplice
Et torture qui vont vite te flinguer
L’esprit car Il t’oubliera, ce bon monarque,
Ou ne te verra plus quand impertinents
Et arrivistes voulant qu’on les remarque
Pousseront leur avantage, ces manants.

- Paillasson édenté, que veux-tu donc dire ?

- Ces mots que nul n’a jamais pu contredire :
“Du désir de paraître heureux aux yeux 
Des autres naît le grand malheur de tant d'Hommes ;
Du souhait de ne pas être malheureux
Naît de grandes douleurs chez bon nombre d’Hommes…” »

lundi 8 février 2021

dimanche 7 février 2021

JOUER DES HAÏKU’DEUX

Je préfère qu'on mette les coudes sur la table plutôt que les pieds dans le plat.

APPARUT LE VISAGE DE POSÉÏDON

D’après une photo de Marc Rivrin

La tempête faisait rage battant la côte
D’embruns déchaînés, de trombes d’eau tourmentées,…
Quand surgit le visage du dieu, cet hôte
Des flots encolérés, flux désorientés.

Avec sa haute couronne en gerbes d’écume 
Il a une tête un brin bonhomme, ce roi,
Prenant d’assaut un rivage en plein désarroi,
 Le fracassant comme marteau frappe l’enclume.

Il écrase ce bas monde de sa majesté,
De son ire divine qui tourne au délire
Dans un tumulte qui nous fait cesser d’exister.

Puis il disparait, comme au temps où les lyres
Rythmaient ses sacs et ressacs, dans l’Antiquité,
Toujours plus fort, plus loin… mais sa démence est restée.



samedi 6 février 2021

HAÏKU LITTÉRAIRE

Ce n’est pas parce que j’écris dans des genres que l’on qualifie ordinairement de « niches », que je suis plus cabot pour autant. Je me contente de rester chien !

vendredi 5 février 2021

GROSS’HAÏKU PURE ?

Mes droits d’auteur, pour l'heure, ne perchent pas bien haut et ne risquent pas de me monter à la tête !

LES DEUX COMPARSES

Petite fable affable d’après Le loup & le renard
 d’A. Vitallis (Fables, III, 17)

Car même en nos  taillis on vieillit
Et qu'un chasseur ne peut se nourrir que d’épeautre,
Un loup et un renard étaient de compagnie.
La force de l’un aidait la ruse de l’autre
Faisant donc que ce bon couple d’apôtres
Ravageait les hameaux et fermes du pays.

N’en venaient hélas à bout ni piège ni chasse.
Le temps passant, le succès le grisant,
Le loup se convainquit que paysans
Pâtissaient de sa vigueur et de son audace,
Non d’astuces de son insuffisant
Compagnon, si petit qu'il en était cocasse.

Dans le même temps, le goupil finit
Par croire que seuls tous ses trucs et stratagèmes
Assuraient au duo l’indéfinie
Fortune qui était sienne. Énième
Preuve que l’esprit vaut, et sans déni,
Mieux que muscles seuls, sinon on fait carême.

Un beau soir, pour leur razzia du jour,
Ils se séparent : Ysengrin indique une route
Où rets guettent le roué qui, pas gourd,
Lui dit une sente où chiens le déroutent.
Ainsi leur histoire, et leur vie, tourna court
Car comme le dit ce conte mais l'on sen doute :

Qualités bien associées mènent plus loin
Que talents que l’Envie aurait, hélas, disjoints.

mercredi 3 février 2021

HAÏKU’IN DU COGNASSIER

Filer, dans son coin, un mauvais coton conduit au lin… seul.

FIN DE NUIT BLANCHE

À Marc-Yvan,
 méli-mélo de mots d’après quelques-unes de ses photos
 où tout n'est que calme hivernal, luxe floconneux et volupté immaculée

Non loin, en pénitents encapuchonnés,
Les sapins se sont drapés, comme la ville,
D’un blanc froid que la nuit a posé, habile,
Sur ses bruits, sur sa vie abandonnée…

L’aube n’a pas encore passé ses hardes.
Le silence est tombé, en chape de plomb.
Dans les halos des lumières blafardes,
Agressives de réverbération,
Le dessin hésitant d’une rue hagarde,
Des esquisses d’autos,… Sans vibration.

D’un horizon dru, laiteux, perce l’aurore.
Mais tout n’est qu’amas, au plus, tout n’est que tas.
Sous ce linceul épais dort, triste constat,
L’endroit, attendant le jour qui va éclore.

Dans cette solitude pas un passant ;
Un passeur en quête du cliché à prendre,
Voulant saisir l’instant dans le vent glaçant,
L'improbable moment qui va nous surprendre…
Soudain, un porche est pris sous le poids pesant
D’une neige écrue qui a su, aussi, prendre
Et figer les alentours agonisants.

Sous le porche, est allumée une lumière
Jaune et chaude, comme une invitation
À entrer au chaud de l’habitation.
C’est, dans les mœurs d’ici, us coutumières.

Alors que luit cette nacre glacé,
Au dehors, un feu de cheminée brûle,
Dedans. On voudrait s’y lover, délassé,
Et se blottir en pyjama ridicule,
Là, au plus douillet de cette intimité
Si suave, on sait se faire minuscule
Pour y savourer sa douceur ouatée…

Le levant dévoile d’antiques marbres
Tant la neige a déversé à foison
 Sa mortifère et immaculée toison
Figeant, las, jusqu’à la majesté des arbres…

lundi 1 février 2021

FAIBLE HAÏKU

Ma seule force, savoir mes faiblesses !

LE CHIEN & L’ÂNE

Petite fable affable

Un mâtin tirait sur sa chaîne de l’aube au soir
En geignant : « Je suis l’esclave honni de l’ingrate
Humanité, tout juste bon à gueuler, sans surseoir,
Contre les piafs volant graines aux pécores qui grattent
La Cour ou le vagabond qu’égare sa faim.
On me lâche à la nuit dans l’enclos pour faire
Fuir quelque vil renard, rusé mais pas fin,
Qui croyait ici flairer une bonne affaire.
Et tout ça pour un bol d’eau claire, Mon Ami,
Et des viandes jà rognées plus qu’à demi !

- Que devrais-je donc dire ! réplique alors l’âne,
Moi qui n’ai pour picotin qu’herbe de fossés
À glaner sans freiner, à moins de coups de canne,
Mon bon pas qui au printemps mène au marché, 
Sous la pluie, sacs d’herbes et de fleurs ; qui ensuite
Y porte, sous le soleil de l’été revenu,
Cabas de légumes sous sèche conduite.
Puis vient l’automne avec ses vents sans retenue,
Où des paniers de fruits j’y convoie sous austère
Férule. Enfin arrivent les neiges d’hiver,
Par lesquelles de lourds tombereaux, non de terre
Mais de fumier, je mène où étaient près verts.

- Allons, tu peux vaquer toi, quand cour ou clôt bornent
Ma vie : personne n’aime être entravé, l’Ami !

- Maître te soigne mieux que sa maritorne !

-  Mais nul ne veut porter les fers de l’infamie !

- Si on craint ta chaîne qu’il se peut que tu brises,
Qui plaint donc ma peine qui fait qu’on me méprise ? »