Petite fable affable
Un sultan de basse-cour vit en son fief
Un étrange animal, courant à ras de terre ;
Tenir queue haute lui donnait relief.
Il interpelle ce maraudeur solitaire,
Sans doute en quête de picorée : « Halte-là,
Tu portes bien haut des couleurs, cancrelat !
Rabats ta queue, besacier, devant qui réveille
Le soleil ou je vais te soigner de saignées
Cet orgueil !…
- Je ne le puis, sans vous dédaigner,
Mon Bon Seigneur, ce serait mort sure et merveille
Que je n’accompagne alors convois d’anges heureux ! »
Bouffi d’orgueil et d’embonpoint, n’est pas peureux
Notre empâté Chanteclerc : « Crois-tu que tes pinces,
Sot, effrayent mon bec et apeurent mes ergots ?!
Ton sashimono tu vas avaler en Prince
Des voleurs, car tu en es un, Espèce de Goth :
On n'entre chez autrui que pour méfait commettre -
- Ou forfait ! - Ton indigence parle pour toi !
- Tu m’as percé à jour et j’en reste pantois.
Toi seul d’ici ne pouvais être que le Maître.
Ne pouvant te rabattre la crête, j’abaisse
Mon fol étendard et m’avoue vil et vaincu. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le scorpion laisse
Sa queue choir sur la patte de ce corne-cul
Qui, sans comprendre pouic, se meurt dans l’instant ;
Joie d’androctone et des pécores tout autant !
Si l’indocilité, parfois, nos rois désarme,
Sachez, Sujets, qu’obéissance peut être une arme !
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