Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 31 octobre 2023

HAÏKU PERSO’

Si, chez soi, tout va de soi c’est qu’on y est dans cette soie qu’on appelle « le quant-à-soi » !

LE LOUP VOYEUR

Petite fable affable

Le loup solitaire, si vieux, sortit du bois.
Dépenaillé. avec moins de crocs que de griffes.
Et quoiqu’à le savoir toujours fort, aux abois
On aurait là donné plus que vendu sa peau. Chiffe
Il était devenu de n’avoir sa grand faim
Assouvie par des froids dignes de lui. Sa fin
Venait elle avec lui, lui qui fut un calife ?

Plus de peur que de mal. Il venait en disant 
« Avoir vu ». Qui on ne sut. Quoi pas plus. Doute
Et inquiétudes et soupçons allèrent au vent…
C’est retors et chafouin quand on n’y comprend goutte
Même si on n'aime pas hurler avec lui.
Il ajoutait : « Ah ça, quand ça se saura, bigre ! »
Voilà mots qui font plus peur que l’ombre d’un tigre
Quel que soit le soleil qui, à votre ciel, luit.

Il en disait long en faisant court… Tout en mystères,
Il conclut : « Quand on voit ce qu’on voit, que l’on sait
Ce qu’on sait, on a raison de penser, ma chère,
Ce qu’on pense ! » Voilà plus obscure pensée !
Chacun fut malaise de l’écureuil à la biche :
Qui n’a rivé à l’âme un scrupule ou au cœur
Quelque secret celé ?… Oui, menterie, rancoeur
Rouerie dont bien moins qu’on avoue on se fiche.

Loupé, on ne saura mie !… Il trouva la mort
La nuit de ces propos. Par accident, vieillesse
Ou… crime ? On dit lors qu'il avait tenté le sort.
 « La Vérité bien trop entière fait pièce
Aux vains demi-aveux ! »… On respira bien mieux 
De la biche à l’écureuil. Et même à en rire.
Soulagés d’enfin savoir, à jamais, remisée
Cette épée et, depuis, on dit à s’épuiser :
 « Si, las, trop parler nuit, n’en dire assez est pire ! »

dimanche 29 octobre 2023

HAÏKU À L’EST

J’ai vu des pierres du bel orient qui n’en venaient pourtant pas !

SENS INIQUE

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 15 août 2023

Vêtue de vent, bottée de boue, je vis ma vie
Sur des chemins qui mettent vos routes en déroute,
Les yeux sur l’horizon où zonent leurs envies,
L’esprit à des demains au Temps déasservis,
Loin des lignes droites où même l’aube s’encroûte.

Mes chemins sans arrière-pensée j’ai suivi ;
Vous les proscrivez, les condamnez à banqueroute.
La joie de découvrir nous étant lors ravie,
De vos routes, vous, vous vous êtes servie
Pour faire de nos destins une autoroute…



vendredi 27 octobre 2023

HAÏKU DE VISU

À vue basse, grasses bévues !

LA SAPIENCE EST UNE LONGUE PATIENCE

Petite fable affable

Il était sûr de tout. À commencer de lui.
« Je sais, je sais ! » répétait-il à l’ancêtre
Qui l’avait éveillé, à la chandelle qui luit,
À la vie et aux savoirs. Un fort grand maître.

« Je sais tout de la Nature, de ses mœurs,
De ses vices et valeurs, défauts, humeurs,… 
Je sais plus encore l’humaine clameur,
Ses tares et laideurs, travers et rumeurs.

- Alors tu peux courir le monde, mon fils,
Sans crainte et sans risque. Quitte mon antre
Pour vivre ta vie à plein. Rends-toi à Ys :
Science et conscience y font ventre ! »

Le bachelier partit. Au premier détour
D’un bois des malandrins malingres le mirent
Plus qu’à nu ; et au suivant, quelque vautour
Affamé, qui l’avait en son point de mire,
Fit bouillie et charpie, et plus qu’à son tour,
De qui ne savait des choses qu’un contour…

La vraie connaissance est, avec tempérance,
De savoir l'étendue de son ignorance…

mercredi 25 octobre 2023

CE QUI NOUS NUIT EST INSCRIT

« On vit avec un cœur trop plein dans un monde trop vide.
Et sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout. » 
François-René de Châteaubriand

Abime où tu t’abimes la nuit
Est le moment où tu te détruis
Dans des cris
Qu’on décrit
Comme panacées qui désennuient
Vapeur alcool et filles à conscrits
Moquerie
Et fumée que ces belles de nuit

Abysses où je me glisse la nuit
Et cet instant où je me construis
Dans l’écrit
Qu’on décrie
J’y tue et bien plus qu’assez l’ennui
Entre jacquerie et piqueries
En proscrits
Des heures nées après la minuit

HUMBLE HAÏKU

Accorder la modestie et le mérite, c’est rendre au talent sa pudeur.

mardi 24 octobre 2023

lundi 23 octobre 2023

HAÏKU RAGEUX

La peur rend probe quand l’opprobre fait fleurs.

LE MOINEAU POLICÉ & LES PIGEONS URBAINS

Petite fable affable

Un petit piaf mourait d’envie d’avoir diplôme
De haut vol pour pouvoir, aigle, toucher les cieux,
Tutoyer les dieux et être admiré des hommes.
Il fallait pour cela n’être, oui da, qu’audacieux
Car c’est là un brevet reconnu chez gens d’ailes.
Mais les pigeons voisins se gaussaient et raillaient :
«  Qui n’a les moyens de son ambition, frêle,
 Vit de prétentions, miséreux Grain Gaillet ! »

Contre toute attente, ce titi eut son titre
Et put, dès lors, planer très haut au ciel sous l’œil
Narquois des palombes de trottoirs qui, comme huîtres,
Béaient fort à le voir : « Candidat au cercueil,
Il ne se sent plus depuis qu’il a sa licence !

- De tout’ façon, on la donne à n’importe qui :
La preuve ! »… Et je passe encore sous silence
Lazzis et quolibets, les pourquoi, les pour qui,…

Chez les oiseaux, hélas, la rancœur se fait haine
Et vole vraiment bas. Lassé mais point touché,
Le friquet, un beau jour, sur leurs propos enchaîne :
« Ma réussite, amis, vous fait-elle clocher ?
Puisque c’est si facile, allez chercher ce grade
Et venez vous joindre à moi là-haut, dans les nues.

- Qu’a-t-on besoin d’une autorisation crade :
Nous savons pouvoir le faire, ça suffit. Vu !

- Vois tes piètres envols ; compare-les aux nôtres !

- Vois notre grâce en vol et tu sauras, Péteux !

- Alors venez à moi !…  Soyez libres vous autres
                                                Comme je le suis, là !

                                    - À quoi bon, Vaniteux :
Ce qui nous nourrit est au sol, le nid en branches ! »

« Je vois, fait notre oiseau, l’envie seule vous meut :
Quand son incompétence on se cache, on fait franche
Lippée de ceux qui ont tort de réussir, eux ! »

samedi 21 octobre 2023

HAÏKU DESSOUS

Le bien d’un avare est le mal qui le tue…

À VUE DE NEZ : C’EST INNÉ !

À M. de Linné, le buste incliné

C’est vrai : j’ai du nez. Et même un beau nez,
Écris ce qui se passe sous mon nez,
Décris ce qui me passe sous le nez,
Quoiqu’il m’y pende sans abandonner… 

Aussi, en benêt n’ayant pas bon nez
Et n’étant, pis, en rien, un gros bonnet
On me dit la tête près du bonnet.
Oui !… Parce que je refuse, borné,
De le jeter quoi qu’il soit bien fané,
Par-dessus les moulins pour cancaner.

La moutarde me monte pas au nez
Pour si peu. Qu’on continue à corner,
À couiner, opiner, chicaner,… :
À tous, l’esprit n’a pas été donné  !

Pourquoi se piquer ou se casser le nez,
Mettre ailleurs plutôt que dehors ce nez ?
On me tirera toujours des vers du nez ;
N’est pas phrygien qui veut, les Faux Nez !

Qui me cyranise m’a dans le nez,
- Bonnet de nuit ou perdreau de l’année -
Et n’a pas compris, moins fins que son nez,
Qu’il a creux, que tout, las, est blanc bonnet
Et bonnet blanc !… Il faut lever le nez
Pour voir plus loin que son bout et tonner.
Sans crâner, bien qu’on ne m’ait pas sonné,
Je raccroche au nez de ces chafouinés,
Et de tout ferai balade, ode ou sonnet
Ce, sans avoir un verre dans le nez !

jeudi 19 octobre 2023

HAÏKU DE COURS

De nos jours, on est moins honteux d’ignorer que vergogneux d’apprendre.

LES TRISTESSES DU MENURE

Petite fable affable

Dans une grande ile où d’arides montagnes
S’emparent du ciel bleu, non loin de ces mers
Noyant leurs vagues floues, il est des campagnes
Des moins vertes et riantes à peine où amer
Vit un oiseau lyre. Bête des bois certes,
Il n’en est pas moins malheureux d’une perte.

« Oui, je suis ténébreux, veuf, inconsolé, 
Moi, le troubadour de la Mélancolie : 
Ma harpe pleure mon étoile en allée 
Aux brises muettes et aux ciels dépolis. »

Sa douce amie n’est plus car un pélican
Mal avisé, quittant le nid de sa mère,
À l’âge où le cocon devient carcan,
La heurta. Deux ans déjà. Oh, perte amère…
De celle dont on ne se remet jamais
Même quand revient la douceur des mois de mai.

De retrouver l’Amour ses amis le pressent.
Comme si cela, parbleu, se décrétait !
Comme si on se commandait d’être en liesse !
Comme, d’un coup, si l’hiver tuait l’été
Et que tous les sentiments aux vents s’envolent
Si comme plume toute âme n’est que frivole !…

« Je reste abattu, tout seul, accablé, 
Oui moi, le ménestrel aux rires abolis
Quand j’entends que, bien plus vite qu’herbe ou blé,
Sur tous les morts vous faites pousser l’oubli ! »

mardi 17 octobre 2023

HAÏKU DESSOUS

Petites économies ne sont jamais, hélas, d’un grand profit.

CONFESSIONS ULTIMES

Que reste-t-il au Diable
Vu tout ce que firent, font et feront
Au nom du Vénérable
Des fidèles prompts à prier en rond ?!

Merci Dieu, il reste des agnostiques,
Des païens, des athées 
Et des impies bâtés
Bien moins hystériques que ces mystiques.

Que reste-t-il au Diable
Vu tout ce que firent, font et feront,
D’une main charitable,
Ceux qui s’offrent une foi de fanfaron ?

Merci Dieu, il reste des sages iconiques
Que ne peuvent appâter, 
Des religions gâtées,
Laïques fuyant les discours cyniques…

Que reste-t-il au Diable
Vu tout ce que firent, font et feront
Ceux qui souillent les Tables
Et portent leur piété comme un plastron ?

Merci Dieu, il est voix, et pas uniques,
Dénonçant, sans doigté,
Faux saints, croyants ratés,
Sermonnant censures, mort, peurs panique…

dimanche 15 octobre 2023

HAÏKU’UL

Le stylo ne fait pas plus le style que l’habit ne fait le beau.

LE PINSON PINCÉ

Petite fable affable

Tout à ses folles amours buissonnières
Un gai pinson folichonnait, fantaisies
Fôlatres, entre chant et poésie.
 Il allait, venait, avec les dernières
Des dariolettes tout comme avec
La première des drôlettes. À bon bec… !

Mais dès qu’une lui parlait mariage,
Avouait goût pour berceaux et couffins,
Ce menin n’était pas encore en âge :
Le mignon fuyait comme un  aigrefin.

À la sourdine ainsi, il cheminait,
Dès l’aube, de bec en bec, d’aile en aile
Promettant tout à toutes, et avec zèle,
Pour obtenir non pour tenir. Finet.
Il s’enfuyait auprès d’autres coquettes
Qui voulaient, las, tout autant le baguer
Quand lui, toujours, ne songeait qu’à vaguer,
Ne se rêvant que coeur à la conquête.

Or, après un bon repas, entend-on,
En taillis, le sommeil est profond, Dame !
Et sur ce qu’on dit au réveil, drame
Assuré, il ne faut pas faire fonds…
Et, c’est ce qui lui advint, par mégarde :
Là, au saut d’une sieste, il consentit,
À moitié endormi, certes à petit,
À entrer dans son devoir. Foi gaillarde !

Finies les envolées, les escapades
Et tus à jamais bons mots d’avant
Qu’il trillait tout gaiment au gré des vents.
Sa cage fut dorée non une estouffade
Mais il savait que frein, de fer ou d’or, 
Fait esclave qui l’accepte : il l’endort !

vendredi 13 octobre 2023

HAÏKU ÉCLAIRANT ?

L’âme offre ses flashes, l’esprit ses éclaircies mais la vraie lumière vient du cœur.

DE LA TYRANNIE EN OCÉANIE

Petite fable affable

Le diable de Tasmanie, vraie bête aux abois,
Est le plus gros trompeur et du bush et des bois.
Même s’ils ne sont pas moins trompés, ceux-ci pensent
Qu’avoir une voix de mélécasse, une panse
Toujours avide sont gages d’un pouvoir fort
Sans avoir, sur ma foi, à fournir plus d’efforts.

Les autres marsupiaux n’étant que des mauviettes
Ce petit pacha-là, ne valant mie ni miette,
Prenait tout très à la fureur ; il écumait
De rage pour un oui et, pire encore’ mazette !,
Pour un non, décrétant et nommant mais jamais
À bon escient, jouant les saints et les languides :
Sa male humeur, son bon vouloir étaient ses guides.

On sait qu’en toute Cour flatter n’est pas mentir,
Aux antipodes comme en terre de martyrs.
Avec ce roi, plus d’un faisait fête et bombance
Sans parler politique ou de ses outrances ;
Il fallait servir et se taire… et en profiter
Car, demain, peut-être, on allait vous débiter.
Et chacun alentour usait de sa science,
Entre mauvaise foi et bonne  conscience.
Pourquoi me direz-vous ?… Parce que, mes amis,
On peut affirmer sans avoir de prescience,
Que stupidité d’un Grand est un ennemi :
De la Puissance, hélas, le pire est à attendre
Car, infatuée, elle est peu encline à entendre !

jeudi 12 octobre 2023

HAÏKU CINGLANT

Ma vie, sans me laisser souffler, ne se montre que comme un bel et bon soufflé fessé de soufflets !

mercredi 11 octobre 2023

HAÏKU DE COM’

Contrairement à d’aucuns, je ne mets jamais d’ « a » dans mon vin.

IL N’EST DE VOIES TRACÉES…

D’après une photo de M.-Y. Custeau, 25 aout 2023 
& une certaine réplique tirée de Quai des brumes (1938)

« T’as de beau cieux, tu sais ?!
Fit l’jour voulant éclore.

- Embrase-moi, Trésor !
Répliqua lors l’aurore.


- Ainsi que, jà, l’ai fait ?!


- Non !… Embras’-moi plus fort ;
Embrase-moi encor’. »



mardi 10 octobre 2023

HAÏKU’STIONNEMENT EXISTENTIEL

Les hormones ne sont pas d'anodines substances mais des acides dangereux, à voir comment elles diluent les neurones chez l’adolescent !

lundi 9 octobre 2023

HAÏKU D’COL, HÈRE !

Pour servir l’humble talent de l’alezan
Avoir le génie modeste de l’artisan !

MAUVAIS AUGURE ?

Petite fable affable en souvenir d'un 20 septembre
qui, lui, n'est pas digne de mémoire.

Ils avaient décidé de faire bombance
Au palais d’antan
Malgré les plébéiennes souffrances
Pour fêter, un temps,
Dignement, un roi qui mie ne gouverne
Un pays ami.
C’était le bon vouloir de la baderne
Qui, pas qu’à demi,
Régnait quoiqu’il fut, hélas, sans couronne.
Sans foi est la vie !

Privée de tout, spoliée du reste
Sans, las, d’autre envie
Que Justice et, mieux, destin en partage,
La foule s’en prit,
Sans invitation au château hors d’âge
Où, avec mépris,
Sans compter les coûts et, pis, sans vergogne.
Tant on festoyait
Car pour apaiser rancunes, haine et grogne
'Faut tout nettoyer !

Soit, la violence
Ne résout rien… mais ça soulage
D’inique opulence !
Même si c’est un songe que j’enpage
Pas besoin d’enquête :
Quand les miséreux restent sur leur faim
Qui noce et banquette
Voit de l’abondance vraiment la fin !

samedi 7 octobre 2023

HAÏKU’R TOUJOURS

L’Amour ? Un peu d’attention et quelques attentions.

LES PRÉTENTIONS DU MOINEAU

Petite fable affable

Parmi les bêtes encor’ je me vautre.
Ce monde n’est pas plus tendre qu’un autre
Ni meilleur avec certains apôtres ;
C’est fou même comme il ressemble au nôtre !

Raisonnant mais par bile et fiel, 
Moqué de vivre à ras la terre,
Un moineau voulut toucher le Ciel
Pour en remontrer à cet Austère
Qui, las, fait nos destins sans miel.

Blâmer le Créateur de la sorte
Est d’un malavisé !… C’est la porte
Ouverte sur le creux des volcans
Et, pis, leurs infernaux feux de camp.

Il ne veut pas causer aux lampistes,
Seul le Patron aura les faveurs
De son courroux. Vite en bout de piste,
Il grimpa au dos d’un aigle rêveur
- Il ne lui pesait pas plus qu’un kyste ! -
Mais les vents des plus grandes hauteurs
Sont les plus cruels prédateurs :
Le châtiment frappe à l’improviste
Cet oiseau qu’il suivait à la piste
Car, toujours, qui veut voler trop haut
Accélère sa chute au tombeau.

jeudi 5 octobre 2023

HAÏKU DOUBLE

Nombre de gens m’expliquent comment faire à ma place mais sans jamais réclamer de prendre celle-ci !

ULTIME SAISON

Sur cette page blanche que la nuit a déposée
Pour habiller l’air qui tranche et le sol cyanosé,
L’hiver esquisse déjà points gris, lignes hésitantes,…

Le calame des branches, aux souffles nus, a osé
Brouillonner quelques mots crus dans les nues ankylosées
Que nous ne lirons jamais, tout en blancheur éclatante.

Les bonnets, les écharpes ont quitté enfin les placards
Alors que le temps ébauche une histoire vacillante
Entre silences sereins et retraite impatiente
Dans une solitude feutrée qui met à l’écart.

Au toit pend, ici ou là, du cristal de Baccarat
Qui fait briller au soleil des heures lasses, hésitantes,
Cloîtrées entre quatre murs, pour des enfants en attente
De scintillements nocturnes entre accras et carats.

mardi 3 octobre 2023

HAÏKU AU VOL

Il n’est pas plus sauvage dictateur qu’un tyran domestique !

LE BAL DES CHACALS

Petite fable affable

Naguère, en quelque pays fort lointain
 Où on vivait la sobriété du chameau,
Un chacal, des plus laids, mais bon samaritain
Voulut qu’en sa vie sorte un lapin du chapeau :
Il décida de réunir voisins et cousins
Pour vivre un de ces moments fortunés
Où on partage le peu qu’on a, sans bousin,
Et, là, goûter à des joies mortes aussitôt nées.

On fit donc fête et festin sous le nez des Cieux
Qui avaient voulu la faim et l’austérité.
Ils s’offusquèrent de ce vil affront aux dieux,
Comme le Lion… qui n’avait été invité.
Et pour cause : il vit loin de tous en son palais.
Sous couvert d’amadouer les nues encolérées
Il fit punir cet insultant camouflet
En faisant égorger tous ces dégénérés.

Depuis, dans la savane, on sait que les autels
Tout comme le trône, avant qu’il vive sa vie
Doivent être embabouinés par le vain cheptel :
Couverts de présents, ils oublient décrets, avis,… ?

dimanche 1 octobre 2023

HAÏKU DE LETTRES… & DE NÉANT

Un mauvais pli qu’on prend nous afflige moins que celui qu’on reçoit.

LE TROU FAIT PAR L’ERMITE

Petite fable affable

À l’heure où l’hiver tombe des cieux
Sur un décret aussi divin qu’ocieux
Et sur la plaine tout comme aux villages,
Alourdissant le bât des brassiers,
Creusant la faim des manœuvriers 
On revoit l’ermite du cru. Sans âge,
Il pense vivre plus saint, plus sage,
Dans sa grotte, retraite oubliée.

La barbe ne fait pas la prudence.
Aussi le froid comme l’indigence
Le poussent à revenir parmi
Les hommes qu’il rejette avec force
Car froid d’hiver fend bien des écorces
En la pouillerie de ce pays.

On le revit donc un de ces dimanches
Se joindre aux dévots en couvre-manche.
Bonté, charité sont conjoints
Chez les gueux-là car l’âme n’est point 
Insensible à qui n’a rien pour vivre.

Le châtelain du cru, homme de livres,
Voulant qu’on ait bonne opinion
De lui fait une donation
Lui, qu’indiffère que ses serfs givrent.

Il rassembla, pour le reclus, habits
Devenus hardes en ses noirs cagibis
Et grains cariés que maigres poules
Ne voudraient mie. Même par ici.
Il les lui offrit devant la foule 
Comme on présente la Sainte Ampoule.
L'anachorète dit : « On donne ainsi
Ce qu’on ne saurait vendre : non merci !  »