Petite fable affable
À l’heure où l’hiver tombe des cieux
Sur un décret aussi divin qu’ocieux
Et sur la plaine tout comme aux villages,
Alourdissant le bât des brassiers,
Creusant la faim des manœuvriers
On revoit l’ermite du cru. Sans âge,
Il pense vivre plus saint, plus sage,
Dans sa grotte, retraite oubliée.
La barbe ne fait pas la prudence.
Aussi le froid comme l’indigence
Le poussent à revenir parmi
Les hommes qu’il rejette avec force
Car froid d’hiver fend bien des écorces
En la pouillerie de ce pays.
On le revit donc un de ces dimanches
Se joindre aux dévots en couvre-manche.
Bonté, charité sont conjoints
Chez les gueux-là car l’âme n’est point
Insensible à qui n’a rien pour vivre.
Le châtelain du cru, homme de livres,
Voulant qu’on ait bonne opinion
De lui fait une donation
Lui, qu’indiffère que ses serfs givrent.
Il rassembla, pour le reclus, habits
Devenus hardes en ses noirs cagibis
Et grains cariés que maigres poules
Ne voudraient mie. Même par ici.
Il les lui offrit devant la foule
Comme on présente la Sainte Ampoule.
L'anachorète dit : « On donne ainsi
Ce qu’on ne saurait vendre : non merci ! »
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