Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 29 juin 2025

HAÏKU DE BOUTOIR

Qui essaie sait !

RÉVOLUTION DE PALAIS

Petite fable affable

À la Cour du Sultan des bêtes
On fait une fort sale tête :
Le roi renouvelle son plus proche entourage,
N’y voulant qu’escargots et limaces sans âge,
Et une foule de serpents,
Aux us et mots enveloppants.

Voyant ce branle-bas, le principal ministre
Démissionna et le fit savoir, l’air triste.
« Comment ? lui fit sa Majesté
Tu oses, ce jour , protester
De mes choix sur ceux qui à mes côtés doivent être
Et bien pire, tu veux, au plus, loin disparaître ?

- Oui si mon souverain oublie :
Tout ce qui rampe nous salit*. »

* Fortuné Nancey, † 1860.

vendredi 27 juin 2025

HAÏKU PARADOXAL

Je connais des gens qui, profitant de leur mauvaise santé, ont attrapé une bonne grippe !

LA CHAPELLE

Sur une photo de Port-au-Persil par Marc-Yvan Custeau, 31 janvier 2025

Cette chapelle auprès de l’estuaire
Tout habillé de silences et de ciels,
Sent encore l’Histoire et ses suaires,
Le temps où Dieu était providentiel.

Dans un temps devenu superficiel
Qui oublie d’honorer ses sanctuaires,
Vient d’une vie vouée à l’essentiel,
Cette chapelle auprès de l’estuaire.

Face au fleuve qui eut ses ossuaires,
C’est juste un vieux merci existentiel,
Modeste, dénué de statuaire,
Tout habillé de silences et de ciels

Ce littoral en rien artificiel,
Ignorant les ambiances portuaires,
Les villégiatures en résidentiel,…
Sent encore l’Histoire et ses suaires.

Ignorant un monde tumultuaire
Et de ses aléas circonstanciels,
Il rappelle, sans stèle somptuaire,
Le temps où Dieu était providentiel.



mercredi 25 juin 2025

UN SEUL HAÏKU

Le plus grand amour de ma vie ? La solitude !

VAURIEN !

Petite fable affable

« File au loin vaunéant, pleure-pain de malheur !
Un traine-misère ne fait pas le bonheur :
Quand il n’a que deux bras à offrir à son monde ! »

Ainsi causa donc la reine des fourmis, ronde
D’une fort prochaine ponte, à un égaré
Cherchant bon asile et maigre travail, carré
Sur ses pattes lassées d’avoir couru la plaine,
La panse fort vide mais la tête bien pleine.

Il repartit. Sans mot ni pleur. Habitué
À être rembarré… laissant l’infatuée
À ses soucis qui, las, devinrent vite ennuis
Quand arriva, avec la nuit, averse en pluie.
Il fallut tout et toutes évacuer. Et vite.
Si on ne manqua point d’ardeur à son invite,
On ne put sauver rien plus que l’essentiel.

« Votre Majesté, c’est là leçon du Ciel,
Fit quelque vieux briscard réchappé de justesse,
Souviens-toi : tu chassas, tantôt, avec prestesse
Qui aurait pu faire somme ; le moindre sou
Dit-on, a son utilité quand vient la boue. »

lundi 23 juin 2025

HAÏKU DE CLICHÉ

Que ceux qui ne peuvent pas me voir en peinture se rassurent : je ne suis pas mieux en photo !

UNISSON

Nos deux cœurs ont blanchi doucement lentement
Aux vents mauvais comme aux souffles légers des heures
L’Amour les fait battre un tendrement chèrement
Que la Vie veuille qu’on rit ou fasse qu’on pleure

Nos corps se réchauffent bien qu’ayant moins de flammes
Mais l’esprit en paix rêves et passé mêmement
Ont fait notre histoire et mieux ont forgé cette âme
Qui fait qu’elle défie le Temps obstinément

Nos deux cœurs ont blanchi doucement lentement
Ont fait notre histoire et mieux ont forgé cette âme
Qui veut qu’ils s’unissent encore intimement

Nos corps se réchauffent bien qu’ayant moins de flammes
L’Amour les fait battre tendrement chèrement
Nous donnant toujours le la sans atermoiement

samedi 21 juin 2025

HAÏKU DU POPULISTE

Pour gouverner cause du peuple… 
Oui, mais jamais avec le peuple !

LES OISEAUX DE PROIE & LEUR VICTIME

Petite fable affable

Quelques vautours partout chassaient une colombe,
Cette messagère qui aimait, de toujours,
À offrir, et à tous, même au seuil de sa tombe,
Un rameau d’olivier, cueilli tout frais du jour.

La belle avait le tort de vouloir en ce monde,
La paix. Et pour chacun. Pire, elle, elle amenait,
Malgré tout, malgré tous, sur notre mappemonde,
L’espoir… que les rapaces, eux, hélas, condamnaient.

Quant aux autres oiseaux, plus nombreux, ça se corse :
Par ignorance, par peur ou par lâcheté
Ils laissent faire les griffus, craignant leur force,
Quand leur audace était née de l’impunité.

jeudi 19 juin 2025

HAÏKU DE SCALPEL

 Depuis mon opération, je m'épuise à ne rien faire. Et Dieu sait que c'est fatigant !

L’AMI

À Eric P. , d’après L'ennemie de Charles Baudelaire

Ma jeunesse ne fut qu’un fugace mirage
Sur des planches bancales et sous de faux soleils ;
La musique et les mots hantèrent mon bel âge,
Des jours sans vraie lumière et des nuit sans sommeil.

J’ai partagé ce temps, sa sciure et ses songes,
Avec qui ressentait, comme moi, du plateau
L'irrépressible appel, et ses joies sans mensonge
Qui font vibrer, ou y vivre jusqu’au tombeau.

Qui n’a pas vécu ça, ignore que le rêve
Peut mener une vie, tant pis si sur ses grèves
On s’échouera un jour. Comme moi je l’ai fait.

Autre temps, autre mœurs !… Mais vous restent l’envie
De renouer ce que le destin a défait,
De retourner aux envies de scène inassouvies.

mardi 17 juin 2025

HAÏKU APPERTISÉ

Ami trop mis en boîte se conserve mal !

L’EXEMPLE EXEMPLAIRE

Petite fable affable

Un loup repenti se fit ermite,

Gobant rosée, paissant l’herbe et cueillant fruits, baies,…
Il boudait l’ovin. Il devint mythe
Parmi les bêtes qu’il laissait quiètes et bouches bées
 Et les hommes y voyant un miracle
Que n’a pu prédire aucun oracle.

Un matin que le Sire glanait
Sa désormais bien triste et fort maigre pitance,
Il vit des bergers se pavaner
En troupeau pour quelque très sainte circonstance
Puis sacrifier, d’un coup de couteau
Moults agneaux sur l'autel, ces rustauds !

« Moi qu’ils disent « assassin » et pourchassent ?…
Moi qui une seule bête, pour vivre, tue ?!
Alors qu’ils couvrent de sang leurs châsses
En font un massacre en pieuse offrande aux nues ?!
Il faut savoir prendre pour modèle
Qui se veut exemple en nos pradelles ! »

lundi 16 juin 2025

HAÏKU HORAIRE

J’ai, paraît-il, un humour « décalé ». Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où on change d’heure deux fois par an ?!

dimanche 15 juin 2025

HAÏKU DANS LA LUNE

Depuis que l’Homme y a posé le pied, je suis persuadé que même la lune a des quartiers mal fréquentés.

SAC & RESSAC MATUTINAUX

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 29 novembre 2024

Comment ne pas plonger dans cette onde
Orange qui éloigne du monde
Quand l’aube se fait haute marée,
Par dessus le lac et ses marais,
Et submerge les nues, un instant,
Qu’à bien saisir j’ai mis tant de temps ?

Comment ne pas se jeter dans ces vagues,
Et ce rouleau flambant qui divague
En écume de feu au mitan ?
L’ombre des frondaisons s’agitant,
Friselis de dentelles plus sombres
Soudain au reflux de la pénombre,
Invite, dans les cannelle ondoiements,
À piquer une tête incessamment.

Houle curcuma, lames gingembre,…
Les cieux sont épicés en novembre,
Inondent l’horizon de beautés
Fugaces, éphémères, abricotées,…
Difficile, après ces éphémères opales,
De ce rincer l’œil dans le jour pâle !



samedi 14 juin 2025

vendredi 13 juin 2025

HAÏKU SAVANT

Les « sciences exactes » ne le restent que jusqu’à ce qu’un chercheur prouve leur relativité !

C’EST HUMAIN !

Petite fable affable

Voulant éviter de tomber de Charybde
En Scylla, les sujets d’un roi cupide
Le raccourcirent et, lors, de sa tyrannie
Tombèrent dans un dictature honnie.

L’Histoire nous dit qu’ils s’en accommodèrent
Et lorsqu’à un vieux courtisan de naguère
On demanda pourquoi, il fit, lacrymal :
« L’homme qui s'ennuie du bien, fort soupire ;
Cherchant le mieux, il trouve le Mal 
Et s'y soumet… par crainte du pire.*  »


* D’après François Gaston, duc de Lévis (1719-1787)

jeudi 12 juin 2025

mercredi 11 juin 2025

HAÏKU AU FRONT

Rien de plus c… que de vouloir passer pour plus intelligent qu’on est !

ÉPÎTRE À MA FILLE

Va, tombe amoureuse de quelqu'un qui t’aime
Tout autant que moi.… et peut-être plus même.
Je voudrais tant que tu trouves enfin quelqu’un
Qui te regarde, non comme on voit chacun,
Mais bien comme on admire un joyau unique,
Et en prend grand soin sans peur ni panique,
Sachant rester droit et te tenir la main
Dans les batailles qui t’attendent demain. 

Tu mérites un homme qui te traite en femme,
Non comme une fille ou un être sans âme,
Qui connaît la valeur de l'amitié vraie,
De la fidélité sans mie s’en sevrer,
Comme d’un foyer et, mieux, de sa famille
Ce, jusqu’aux plus infimes de ses ramilles ;
Qu’il n’ait, pour toi, que bonnes intentions
Et, chaque jour venant, belles attentions.

Qu’il n’ait pas peur de dire combien il t'aime, 
Et te le montre, même en temps de carême,
Quand l’heure le demande, sans nul appât,
Et même quand elle ne l’exige pas.
Je veux qu’en douceur, corps et coeur, il te prenne
Et qu’à chaque fois un peu mieux il t’apprenne,
Fort d’une tendresse qui soit son credo,
Un cadeau qui ne lui soit mie un fardeau.

Fuis qui, comme un trophée, voudra t’exhiber,
L’arrogant vain et le balourd imbibé ;
Ne sois, de ta vie la moitié de personne
Mais le vrai plus, ni soumise ni oursonne,
D’un être entier que tu auras su chercher
Non du premier qui voudra te démarcher.
Va, tombe amoureuse de quelqu'un qui t’aime
Tout autant que moi.… Papa, tel qu’en lui-même

mardi 10 juin 2025

lundi 9 juin 2025

HAÏKU DE TÉTRIS

L’école m’a donné une foule de bagages de toutes dimensions mais la Vie ne m’a offert que le coffre d’une Smart pour les y ranger !

L’EDEN, CÔTÉ JARDIN

Petite fable affable

Aux premiers temps de la divine Création,
Les bêtes ne formaient pas, las, pas une nation
Déjà, elles n’étaient que division, mesquine
Jalousie, amertume et querelles rabouines.
Et si pour nos aïeux, c’était le paradis,
Pour elles, c’était jà un plat fort refroidi.

Ainsi, en ces temps-là, les zèbres à raies blanches
Haïssaient tous leurs pairs à raies noires de franche
Façon. Et pas question de mie se côtoyer
Ni même, face à un danger, de s’appuyer,…

« Et c’est là, dit l’antilope, tout le problème ! »
Un soir, au marigot où, de colère blême,
Se boudaient ces bêtes qui, las, se refusaient
Jusqu’à partager la même eau. « Vous abusez,
Reprit-elle. Nous, pis, nous avons fait de même
Entre les grands koudous et les oryx qui n’aiment
Pas les cornes des autres. Et que dire des gnous,
Trop laids et gros pour les gazelles et qui, c’est fou !,
Trouvent icelles bien trop maigres et un brin bêcheuses.
À qui profitent donc ces polémiques oiseuses 
Et tous ces désamours avoués ? Au chacal,
Aux lionnes ou bien à l’humain, inamical.
Oublions, amis, ce qui fait nos différences ;
Rappelons-nous ce qui nous tient en ressemblance
En ce bas monde où le Mal, aux abois, est roi.
Quand on est la proie a-t-on vraiment d’autre choix ? »

samedi 7 juin 2025

HAÏKU HAUT MORAL ?

Pour tenir le coup, tirez-en un !

SAISON DEUX

Le choeur clair des grillons joue la partition
D’un été or et feu tout en croches chantantes.
Sur les portées d’un air en ébullition.
Le soleil, à la clé, orchestre cette entente.

Aux azurs célestes, ni pause ni action,
Spectateurs assoupis des notes concertantes
Venues de l’herbe, de l’eau, des plantations,…

Le temps traîne en langueur, sans plus d’obsessions 
- L’instant se fait moment, l’intérêt passion,… - 
Et les heures en longueur font des concessions
Aux lits d’après midi et mélodies sous tentes.

Bercé par ces accords, le ciel est en attente
D’une colère, courroux sans compassion,
Qui fera taire, un temps, sons et Création.

jeudi 5 juin 2025

HAÏKU DANS L’HEURE

D’après P. Dac

Est-il encore trop tôt pour dire qu’il est déjà trop tard ?

SIRE PERDU

Petite fable affable

Méchamment amoché,
Mais pour si peu, las, point alangui de la langue,
Le ventre brioché
Et l’air crâne de qui a les pieds dans la fangue,
Le roi des singes crie :
« La bête est solide et n’est point assez vieille
Pour faire un mort même si d’aucuns, las, y veillent !
Que cela soit écrit ! »

Donc, on se l’était dit
Chez les singes sages et les primates en goguette.
Chez les félins, pardi,
On n’entendait aller à pareille baguette.
Et cela fit courroux
Qu’on ait mots si hardis quand force ni courage,
Chez qui aurait d’affront pris un quelconque ombrage,
Ne sont pas au rendez-vous !

Les lions ont donc puni
L’impudent souverain qui, loin d’eux, fanfaronne
Mais est bien démuni
Face à leurs crocs et leurs griffes, et bien moins plastronne.
Un des fauves lui fit : 
« On ne claironne, Ami, non ce que l’on espère 
Mais ce qu’on donnerait à qui vous est épeire…
Sinon c’est un défi ! »

mardi 3 juin 2025

HAÏKU DE VOIX

Ceux qui ont le verbe haut font, souvent, voler leurs mots très bas !

MATINALE

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau, 19 novembre 2024

J’aime l’heure toute en fards qui semble hésiter,
 
Où le monde blafard revient nous visiter…

L'heure juvénile d’un jour encore jaune
Voit la soie satinée du ciel s’enfariner
Et la nacre, l’opale et l’ambre, combiner
À l’empyrée né fauve les limbes amazones.

Une aube pleine de rosée vient transiter
Alors, toute offerte à nos croisée visitées.

L’aube offre en coupole sa généreuse aumône
À des vies habitées de bruine ou bien ruinées
Qui renaissent enfin au beau, et sans chafouiner,
Qu’importe le trône et qu’importent les prones.

Jusqu’au soir qui s’ensuie*, finis frilosités,
Souci ou ennui qui poursuit, morosité,…

Jusqu’au soir reste en nous, profond, gravée cette aune
De plaisir qu’ont connu nos yeux las, chagrinés,
À qui les douleurs et les ennui sont seriné :
Son éclat, quoiqu’éclair, nettoie mieux qu’un cyclone.

J’aime l’heure toute en fards qui semble hésiter,
  
Où le monde blafard revient nous visiter…

* qui se couvre de suie.



dimanche 1 juin 2025

HAÏKU’VETTE

Les petits merdeux font toujours de grands chi… !

LE VIEUX BEAU

Petite fable affable

Il marchait, dans l’aube nue, avec élégance.
De bons chrétiens, même, disaient « avec prestance »
Car le poids des ans, lui, ne l’avait pas voûté,
La griffe du malheur que peu ridé, bouté
Vers de bien moins chanceux. Il n’est pas de justice !
Il portait beau encor’, quoique tous ses solstices
Se lussent dans ses yeux. À le voir, on aurait
Dit qu’au vieux temps jadis il était arrimé,
Et en venait tout droit, en traversant les âges,
Sans encombre, quoi que personne ils ne ménagent.

Toujours tiré à quatre épingles, survivance
De ce bon temps où pour créer des connivences,
On se faisait courtois et galant, il allait,
Matin, à la vieille église,  et sans baratin,
Brûlait un cierge et priait, seul, dans le silence.

Un beau jour, le bedeau quitta sa somnolence
Poussé par de pieuses bigotes n’aimant
Rien moins qu’à se sucrer le bec, et puis comment !,
De commérages sans fard, au dandy demande :
« De quoi pouvez-vous, au Très Haut, passer commande :
Vous avez la santé, l’argent et la beauté.
Il vous a comblé sans compter de ses bontés ? »

Avec un sourire poli, l’homme déclare :
« Je n’ai pas la foi qu’on vouait naguère aux lares,
Ni la piété si intéressée des gens :
Je lui fais simplement, toujours bien obligeant :
Donne-moi chaque jour la force de paraître
Ce que je ne suis plus
Jusqu’au jour où il me faudra bien disparaître.
Et je n’attends pas plus… »

samedi 31 mai 2025

HAÏKU D’ÉPLUCHEUR

Purée, c’est vrai que quand on n’a pas la frite c’est qu’on en a gros sur la patate !

HOMENATGE

À Maria, 06 juin 0224

Au livre élimé de ma jeunesse,
Une page a été arrachée
À laquelle j’étais attachée, 
Pleine de musique et d’allégresse.

Sur cette page, effacés à demi,
Se trouvaient gravés les traits amis
De ce qu’on appelle « une vraie dame » ;
Le portrait très aimé d’une femme
De tête et de cœur, femme d’esprit 
Qu’hélas les vents mauvais ont pris.

Au livre élimé de ma jeunesse,
Une page a été arrachée
Aux parfums de thés en sachet,
De souvenirs, de rires et sagesse.

Sur cette page, mie oubliée,
Se trouvaient des traits déshabillés
Par la maladie, d’une grande âme
N’en finissant pas avec son drame,
Entourée d’amour filial sans prix,
Fleurie d’attentions sans piperie.

Au livre élimé de ma jeunesse,
Une page s’est, las, envolée
Pleine de bonté et de bolées,
De partage et de paix, sans tristesse.

jeudi 29 mai 2025

HAÏKU DE VAISSELLE

Si tu n’es pas dans ton assiette au point que la vie ne soit plus ta tasse de thé, vient prendre un grand bol d’air !

LE PAON ROYAL

Petite fable affable

Un jeune paon, point du cru, même pas du coin,
Allait et venait là où il avait pris les rênes.
Se disant « démocrate », il estimait, chafouin,
Qui l’adulait, l’écoutait ; qui suivait sa traîne,
Lui obéissait était son pair… mais sujet ;
Le reste du monde restant, pour lui, sans objet.

Qui doutait qu’il ne soit qu’éclat jusqu’à ses pennes
Qui le contrariait ou le contrecarrait à peine,
Ou capon l’ignorait était un vain félon
Populiste, extrémiste,
Ou pire  : « terroriste ».
Lors le capon il aimait, en large, en long,
 Et tanner et tancer. C’est bien vrai, Mesdames,
Qu'il n’était, las, pas plus commode que belle âme !

Jugeant sur ce qu’on voit ce qu’on ne voit pas
Il régnait responsable de tout, sans partage,
Mais coupable de rien quand, las, ça n’allait pas :
Peu ont vu réunis Perfidie et Courage.
Cet imposteur avait chassé de son perchoir
Le coq qu’une de ses fourberies fit déchoir.

On restait muet, interdit à voir faire
Cet étranger mêlant ses affaires aux Affaires
Sauf, peut-être, du côté de l’ancienne Cour :
Ça cause une cocotte
Et ça ose à voix haute
Car coquelet a de l’honneur. Faisant court,
Il serinait partout frappant juste, en chantre :
« Ouvrez les fenêtres, aussitôt les moustiques entrent* ! »

* Proverbe chinois m'a-t-on affirmé.

mercredi 28 mai 2025

HAÏKU REND ALTERNATIF

Entre ceux qui ont des lueurs d’intelligence et ceux qui se prennent pour des Lumières, souvent, le courant a du mal à passer.


mardi 27 mai 2025

HAÏ(s)KU’D

Au boulot, nul ne paresse : même - et surtout - les toilettes sont toujours occupées !

AU SÉJOUR DE L’AVANT-JOUR

Librement inspiré d'une photo de Marc-Yvan Custeau (20 juin 2023)

Loin de ces petits matins incertains
Où, hélas, le point du jour est sans tain,
Des potrons-minets que la pluie explore,
Nous revient cette rougeoyante aurore
Où l’œuf du Dieu Râ, par la nuit couvé,
 Éclôt avec éclat, l’ombre levée…

L’aube l’abolit courue de frêles écharpes
De coton, sillons ocres où pousseront
Bientôt des fleurs de chaleur dans la harpe
Des vents vermeils de l’été beauceron,
Que midi mettra en bouquets, fervente,
Ou récoltera en brassées ardentes.

La plaine du ciel irriguée de rouges,
Met en lumière ce jour qui renaît
Dans une fièvre où, jà, plus rien ne bouge,
Dans les rangs harassés comme au chênaies…
Au déluge de ses pétales de roses 
Torrides on couchera des siestes en prose.



dimanche 25 mai 2025

HAÏKU DES LIMBES

Le Paradis, ce doit être d’un immortel ennui !

CE NE SONT MIE QUE MIETTES !

Petite fable affable

Au parc du Luxembourg, sur un banc roussi,
Des mamies rancies jettent du pain rassis,
Chaque jour que le Bon Dieu fait en ce monde,
Aux pigeons obèses qui n’en peuvent mais,
Qui las réclament toujours plus, car jamais
Rassasiés alors que la famine gronde.

Au parc du Luxembourg, sur un banc roussi,
Les mamies rancies pestent à voir aussi
Les moineaux affamés prendre aux grises ailes
Leurs miettes, les emporter et, mal dégrossis,
Les becqueter sans plus de diplomatie.
Elles s’en offusquent, le crient avec zèle.

C’est vrai que ce n’est pas juste, mes amies :
Contre les gros jamais les petits ne gagnent.
Sauf s’il y a émotion ou bien castagne,
Car ça va contre les fables, et pas qu’à demi,
Contre la loi, contre le droit, la cocagne,… !

Au parc du Luxembourg et ailleurs, sans doute,
On serait inspiré de se souvenir 
Qu’à nourrir les gros jusqu’à la banqueroute
On aiguise l’appétit des « sans avenir » !

vendredi 23 mai 2025

HAÏKU CENTRAL

Un modéré est un mitigé qui confond tempérance et tiédeur.

POUR UN JOUR QUI FERA DATE…

À Loupzen, 8 octobre 2023

D’abord, en tout premier
Pour offrir un poème
Cueilli au poémier,
Il faut rester bohème, 
Savoir des vents le chœur,
Par l’esprit et le cœur.

Il faut en effeuiller
Les mots, déshabiller
Leur belle âme à l’extrême
Pour débusquer le ver
Qui s’en nourrit, pervers,
Jusqu’au pire blasphème.

Ensuite, mon ami,
Pour offrir un poème
Il faut, pas à demi,
Matin, et de soi-même,
Pousser le lourd portail
Des aurores corail.

Enfin, il faut du temps
S’endeuiller un instant,
Pour chanter le baptême
Et des sens et des sons,
Portés à l’unisson,
Fors dilemmes et problèmes…

Ainsi j’ai fait, ce jour,
Pour t’offrir un poème
Qui, sans fard ni détour,
Voit comme honneur suprême 
De te plaire mon Loup…
Et qu’importent jaloux
Et faces de carême !

mercredi 21 mai 2025

HAÏKU BRETON

À l’envie : « Ah, l’Armor ! »

ACQUITTÉ PAR INIQUITÉ

Petite fable affable

Au Bharat où on baratine à qui mieux mieux
Un boa dit, matin, au buffle :  « L’herbe est bleue ! »
Notre encorné rétorque : « Non pas : elle est verte ! »
Ce débat dégénéra en dispute ouverte
Que la jungle, un soir, est appelée à trancher.

Ce bœuf interpelle le tigre, endimanché
Pour l’occasion, lui fait part des propos imbéciles
Du rampant. Contre toute attente, à l’indocile
Sa majesté donna raison ; le dérouté,
Insistant, fut réduiti au silence. Dégoûté,
Il quitta sa forêt, pour un village d’hommes,
Où il se fit animal de trait et de somme.

Or le macaque, à l’énoncé de cet arrêt,
Fit à sa Majesté : « Mais quel est donc l’intérêt
De conforter ce boa dans son erreur, Maître ?
C’est la sottise qu’il faut châtier pour remettre
Sur son piédestal la vérité, même nue !

- Mais cela n'a rien à voir !… Vois-tu, sous ces nues,
C’est un crime de perdre son temps avec la bêtise
Butée, fort dangereuse folie… Ma hantise !
Quand l'ignorant crie, l’intelligent, lui, se tait.

- Mais quand l’intelligence est ainsi déboutée,
 L’ignorance tue avec un tel escogriffe !

- Pourquoi crois-tu, le singe, que j’ai crocs et griffes ?!
Quand il faudra clore le temps des discussions,
Je saurai me résoudre à passer à l’action ! »

mardi 20 mai 2025

lundi 19 mai 2025

HAÏKU D’HEURES

Comme mon temps ne m’appartient pas cela ne m’embête pas de le perdre !

VENT D’ÉTÉ

Aux plus souples, je suis caresse

Et toujours égards et bonté,

Car la tendresse est ma maîtresse.
Mon souffle, pour vous bécoter,

Frôle et effleure avec doigté ;

Sur vous, je glisse à ma plaisance

Comme frisson non fricoté.

C’est mon désir et votre chance.

Mon haleine jamais ne blesse ;

Tel est mon gré, ma loyauté.

Ces vœux font toute ma noblesse
Fors, mutin, quelques privautés,
De petits jeux sans cruauté.

Pour rire. Et avec bienveillance,

Quand d’autres heurtent ou vont botter.
C’est mon désir et votre chance.

Jamais ne contrains ni n'oppresse:
La violence est sans beauté
Et il n’est de plaisir en presse.

Je suis tiédeur un peu moitée
Non frimas à terre édenter.
Mie de tourment, ni de souffrance,

Je me refuse à tourmenter,

C’est mon désir et votre chance.

Amie, Sur moi tu peux compter :
Je t’offrirai la jouissance
Mais si telle est ta volonté…
C’est mon désir et votre chance.

dimanche 18 mai 2025

HAÏKU DONNÉ

Ce n’est pas parce que « devoir », mot pluriel devient singulier quand on grandit, qu’on a plus envie de s’y astreindre.

samedi 17 mai 2025

HAÏKU QUI ?

Je reste coi quant à ce qui ne me dit rien !

LE CUL-TERREUX & LE NEZ AU VENT

Petite fable affable

Dans un vert bosquet vit, au cœur de l’Atlas,
Moqueur. C’est un merle. C’est courant et point tare.
Mais un merle taiseux c’est chose plus rare.
Il aimait à vivre seul jusqu’au jour ou, hélas,
S’installa proche lui dans son pin Douglas
Un volatile qui ayant couru les routes célestes
Qui devint vite la coqueluche des bêtes
Du lieu au grand courroux de notre ascète noir.
« C’est un vil menteur que votre neuf dévidoir
À paroles, sans doute un larron  qui n’apporte
Que problèmes ou mauvais œil où le vent emporte ! »

L’envieux fit tant et si bien qu’on chassa
L’amène nouveau venu jusque’à Dassa
Où il devint un conteur prisé car riche
D’histoires qu’il aurait du laisser en friche
Restant auprès de l’irascible Moqueur,
Las à deux doigts de lui faire violence.
Le merle, de son côté, sombre vainqueur
Revint à sa monotonie, à sa dolence,…
Contraignant les autres à subir le silence.

Qui reste en place ne vaut pas toujours mieux
Que celui qui court les cent routes des cieux.

vendredi 16 mai 2025

HAÏKU SAINT

Si je me fie aux martyrologes, la sainteté tient plus souvent à une façon de mourir non de vivre !

jeudi 15 mai 2025

HAÏKU DE MIXER

Une grosse légume peut-elle finir à la la soupe populaire ?

COMME IL FAUT…

Pas de différence visible,
De grâce !, ce serait risible !

La vie à laquelle j’aspire
Avec passion, avec envies,
Quand viendra-t-elle à votre avis ?
Celle dont j’espère l’empire
Dans un monde où tout sonne faux,
Où il faut être comme il faut…

Amis, restez prévisibles,
Soumis à tout ; bref, invisibles…

Semblable à son voisin, pareil
À ses pairs gîtant à la ronde,
Faut rester comme tout le monde,
Même en son plus simple appareil.
C'est le sacre de la multitude,
La mort de toute latitude
Dans un temps où tout sonne faux
Où il faut être comme il faut…

Pour vivre des jours bien paisibles,
Mourir dans une paix plausible…

mercredi 14 mai 2025

HAÏKU DU CARRÉ MAGIQUE

Jadis, dit-on, un divin medium changeait l’eau en vin ;
De nos jours, les médias humains font que le vain devienne haut !

HOMMAGE À GUY (1937-2024)

Avec toute mon affection pour Mado…

En douceur, dans la paix, il a franchit le seuil
Qui mène au vieux pays de ces neiges éternelles
Qui ensevelissent, parfois, le vert d’un breuil.

À l’heure où l’hiver a retiré son linceul,
Ses paupières, à jamais, ont éteint ses prunelles
Qui n’avaient d’yeux que pour les siens qu’il laisse seuls.
La vie est, pour ceux qui restent, hélas, criminelle.

Dans la dignité, la mort installe le deuil.
Dans la sérénité, il a fait le voyage
Qu’on affronte qu’une fois, récif ou écueils.

L’âme désammarée restent de son bel âge
Les fougères givrées des souvenirs d’un aïeul
Qui savait le monde et disait ses cafouillages
Et volutes brumeuses, autour d’un bon tilleul.

HAÏKU’CI KOUSSA

Qui se porte mal ne peut penser bien.

mardi 13 mai 2025

HAÏKU’N TESTATION

Contestable : Imbécile que l’on peut essayer.

AU DINDON, NO !

Petite fable affable

Un dindon fut fait roi de la basse-cour,
Hélas, comme le pouvoir corrompt toujours,
Il méprisa qui l’avait mis son trône
Et osait, dia, chanter pouilles à la couronne.
Ses poulets, en légions, ne suffisaient plus
À réduire à quia les olibrius
Que mécontentaient ses choix et ses réformes.
La voix de la plèbe n’est que pure forme !

Il distribuant les pensions et les faveurs
À ses amis offrant, et non sans saveur,
De réduire tous les autres à la misère,
Au rang de sujets égrenant le rosaire.
Et les pies lui tressaient louanges et lauriers,
Vilipendaient qui osait le contrarier ;
Les corbeaux leur emboîtant le pas, complices,
Au nom de ce qu’on appelait « la Justice ».

« C’est un crime que le lèse-majesté,
Répétait à tout va ce sot entêté !
C’est, à mon honneur, la pire des atteintes !

- Va, arrêtes avec cette vaine complainte !
Tu parles d’honneur, fit, mâtin, un canard,
Mais pour en avoir, il faudrait, Combinard
Avoir des valeurs autres que celles en Bourse
Côtées ; c’est de ton orgueil que tu nous courses ! »

dimanche 11 mai 2025

HAÏKU QUI FAIT MAL

Si plaie d’argent n’est pas mortelle, c’est une blessure qui reste à vif.

BURN OUT

Bois de caribou
Disons sans tabou
Je suis au bout

 Les pieds dans la boue
Des coups de bambous
Je suis à bout
Malgré les hiboux

Bois de caribou
Foin de marabouts
Je suis à bout

Toujours debout
Mais l’esprit qui bout
De tout au bout
D’être leur fonbou

vendredi 9 mai 2025

HAÏKU DE YOYO

On dirait que certains ne montent au créneau que pour mieux descendre dans mon estime !

LE PAPILLON & LE VER À SOIE

Petite fable affable

Quelques gouttes de rosée sur une toile 
D’araignée permettent de lever le voile
Sur l’improbable rencontre que voici :

Un ver à soie et un papillon se croisent,
Le premier, avec mépris, le second toise :
« Aussi inutile qu’errant celui-ci !

- Que voilà des salutation peu amènes…

- En plus, voilà que ce cossard la ramène !

- Qui vous permet de juger de mes vertus
Et qualités, vil vermisseau sans vergogne ?

- L’Homme… pour qui, toujours, les miens s’évertuent
À faire fil que rien ne casse ou ne rogne.

- Et « l’Homme » sait si bien vous en remercier  :
Il vous fait bouillir le cocon et la trogne
Pour vous dépecer comme on fait de carogne.
Dieu, si c’est à ce tarif-là que l’on juge
De la valeur d’une vie, cher jacassier,
Je préfère rester vain et sans refuge ! »