Petite fable affable
« File au loin vaunéant, pleure-pain de malheur !
Un traine-misère ne fait pas le bonheur :
Quand il n’a que deux bras à offrir à son monde ! »
Ainsi causa donc la reine des fourmis, ronde
D’une fort prochaine ponte, à un égaré
Cherchant bon asile et maigre travail, carré
Sur ses pattes lassées d’avoir couru la plaine,
La panse fort vide mais la tête bien pleine.
Il repartit. Sans mot ni pleur. Habitué
À être rembarré… laissant l’infatuée
À ses soucis qui, las, devinrent vite ennuis
Quand arriva, avec la nuit, averse en pluie.
Il fallut tout et toutes évacuer. Et vite.
Si on ne manqua point d’ardeur à son invite,
On ne put sauver, las, rien que l’essentiel.
« Ah, Ta Majesté, c’est là leçon du Ciel,
Fit quelque vieux briscard réchappé de justesse,
Souviens-toi : tu chassas, tantôt, avec prestesse
Qui aurait pu faire somme ; le moindre sou
A son utilité quand on est dans les choux. »
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