Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 30 avril 2015

mercredi 29 avril 2015

HAÏKU POLA

Je déteste les coups de téléphone :
ils vous sonnent à peine les recevez-vous !

UN LAPIN POSÉ

Petite fable affable

Avez-vous déjà vu poser un lapin ?
Un de ces rongeurs vint en notre garenne.
Celui-ci était fort calme et vaniteux,
Donc doublement concerné. Un peu vulpin
À ses dires, ce pied poudreux d’arène
N’était jamais pris de court ni, las, honteux.

Quand il se pointa dans notre clairière,
Nez au vent, œil aux aguets, il se disait
L’un de nos lointains parents, fils des bruyères,
Que l’on ne voit qu’une fois par an. Sans trèfle,
Ce galopin, de qui certains médisaient,
Restait plaisant plaisantin pour moins que nèfles.

Causant prou, toujours droit et serein, rieur,
Il contait les exploits très anecdotiques
De sa vie de grand laboureur de chemins,
Les terminant, pour les quelques pinailleurs 
De nos entours, vieux grincheux et sceptiques :
« Tout est bien qui finit… à table, gamins ! ».

Ce râblé hâbleur devint notre modèle
Car les nôtres faisaient des trous dans la nuit
Du genre « Qui tombe sur un os, se casse ! »,
« Quand la tête vous crie de faire citadelle
Mais que le cœur vous fault, toujours il s’ensuit
Que le plus intelligent cède la place ! »,…

Avec ce gus, de rumeurs en baratin,
On se mit à prendre de haut les bassesses
De nos pairs et pères. Pouvait-on les voir
Autrement, Nous, les pipelets à potins ?!
Nez au vent, œil aux aguets, ainsi se laissent
Aller à blesser des fils sans le savoir !

Notre héros, bien mis, ignorait les heures
Car « Quand on n’est pas le premier venu, 
On a la décence de se faire espérer ! »…
Sa posture était poudre aux yeux et leurre :
Une ultime fois il nous en mit plein la vue,
Se carapatant à coup de feu tiré !

Il est bien des gens qui vous paient de paroles
Qu’on aime à entendre, qui donnent crédit.
Les voir à l’œuvre, à leur place les remet :
Moulins à mots se vantant en vain d'un rôle
Tenu la semaine des quatre jeudis
Ou qui viendra trois jours après jamais !

FAUT QUE ÇA ROULE

Il faut que ça roule, ma poule
Sur le trottoir et dans la rue,
Pas marcher ni fair' le pied d'grue.
Avant que tout cela s'écroule,
Que la marée d'hommes soit crue,
Puisqu' c'est trop lent quand c'est couru,
Faut que ça roule.

Il faut qu'aussitôt apparus,
On ait tout parcouru, maboules,
Sans avoir jamais l'âme soûle,
Puis qu'on ait vite disparu.
Faut que ça roule…

mardi 28 avril 2015

HAÏKU RINÉ, JANNOT !

Sa vie fut un vrai chemin de croix… de Saint André :
Née sous X (contre qui elle porta plainte, en vain !), elle intégra Polytechnique avant de finir star du porno car, dans ce domaine aussi, elle en connaissait un rayon !

lundi 27 avril 2015

L’HAÏKU'R DU BARIL

J’ai des gaz et de l’énergie à revendre
quoique je ne sois pas une lumière
et manque cruellement de pétrole !

À LA LUMIÈRE


À la lumière du soleil,
La route et la rue se réchauffent,
Allument les vies, les échauffent :
La ville sort de son sommeil,
Lourd d'une nuit au tons vermeils
Des lampadaires qui se chauffent…
À la lumière.

Couleurs et rires en éveil,
Mot et moteurs sont en surchauffe,
Quand l'aube vous prend à sa bauffe.
L'urbain au Sud est sans pareil,
À la lumière…

ON NE MANGE PAS LE DIABLE SANS EN AVALER LES CORNES*

Petite fable affable d’après un travail de Camille à partir d’un vieux proverbe (*)

Le ciel a mis son bleu de chauffe
Mais dans les feuilles dort la nuit.
Tout est calme jusqu’à l’ennui
Qui a lancé, ici, sa bauffe.
Dans le vieux manoir moisissant
D’un ancien marquis mollissant
Le Diable, en goguette, s’invite,
Lui que, d’ordinaire, on évite.

Satan sait que le vieux du lieu
Se voudrait bien vivre, mon Dieu !,
Comme une seconde jeunesse
Indécente avec la bougresse
Vivant là sans deux sous dessus
Et, bien mieux, sans dessous dessus.
Le cornu lui bailla pastilles
Pour que se rendît sa Bastille…

Mais Lucifer, est un croquant
Pour qui il n’est rien de choquant :
Le barbon eut la jouvencelle
Qui ne joua mie la pucelle
Et s’éreinta tant en ardeurs
Qu’en fins lambeaux feue sa grandeur
Et sa jugeote s’estompèrent.
Vite il devint le seul mendiant
De ces charmes obsédants.

Il épousa devant Satan,
Quoiqu’il aurait pu, on l’entend,
Être bien plus que son grand-père,
La drolette en leur doux repaire :
La noce le fit édenté ;
La nuit épuisa sa santé !
Le matin le trouva à terre
Et moins que fini : grabataire !

Sous ses yeux même, dans son lit,
Elle s’adonne au doux délit.
Désormais, la jeune marquise
Lui fait porter, à tout sa guise,
Des cornes qui feraient rougir
Le Démon, sans prou s’assagir.
Le vieux en appela au Diable
Qui vint lui, toujours sociable.

Devant ses récriminations
Et sa peur de la damnation,
L’Infernal lui fit : « C’est dommage
De n’avoir pas su, à ton âge,
Qu’à vivre selon le Plaisir,
Qu’à ne suivre que ses désirs,
On finit par rendre les armes
Et, sens dessus dessous, en larmes ! »
Illustration : Camille Lesterle, avril 2015

samedi 25 avril 2015

HAÏKU LIGÉ

Une société américaine propose à nos futures cendres de voyager dans l’espace. Comme quoi, même mort, on pourra s’envoyer en l’air !

L’AUTRE PUCE

For
Torts,
Nord,
Ports,…
Puce
Sort,
Suce,
Tord
Bords,
Corps
Saurs,…
Puce
Sort !

Cors
Morts,
- Ors
Tors ! -
Puce
Mord,
Musse,…
Lors
Hors 
Corps,
Fort,
Puce 
Dort ! 

L’INSOUCIANCE DE LA VIEILLESSE…

Petite fable affable

Dans toute l’insouciance de leur vieillesse,
Des tortues ridées parlaient haut, à cent ans, 
La peau parcheminée comme dans le temps
Plus que révolu de leur folle jeunesse,
De la « mauvaise vie » des jeunots-jeunettes,
Eux qui n’aspiraient qu’à une « belle mort ».
Dieu merci ! Toutes ces sinistres binettes
Ne croyaient mais nostalgiques du mors
Et vertes de rage, goûtaient fort que l’on prie
Comme on mendie. Car c’était, jadis, l’usage
Chez elles, du simplet aux bêtes d’esprit,
Et tout allait bien mieux dans le paysage.

Visage momifié et bouche édentée,
Nos tortues ratiocinaient, toutes tremblantes,
Sur leurs pattes courtes de vieilles croulantes,
Trémulantes, la griffe crispée, chantaient
Les louanges des ans passés bien plus sages,
Calmes, oubliant que c’est de la folie
De se vouloir sage et qu’il n’est, au passage,
De vraie sagesse sans un peu de folie ;
Pour les goujats et les garces, d’armistice
Point : il faut leur conduite de vie dicter,

L’indulgence accouchant souvent d’injustice
Envers les vieux de moins en moins respectés.
Ce qui coule de source n’est pas qu’eau claire :
Comme on dressait et guidait des canassons,
Nos tortues voulaient, au pas, mener garçons
Et filles, coup de patte au train pour salaire,
Sur la voie des bienséances d’antan 
Et le droit chemin de la vraie politesse.
« Fi donc ! Dit un jeune, Hier est orviétan ?
À cette époque, on partait loin, sans tristesse,
De pères qui vous servaient la même scie
Du « C’était mieux avant ! » entre autre arguties,
Rétablissons donc ces anciennes coutumes
Où, pour vivre sa vie, on quittait parents
Raisonneurs et vieux malcontents, vrais tyrans,
 Les laissant mourir de faim et d’amertume ! »

Sans charbonner par trop mon temps par rancœur
Et sans gazer la vérité à outrance,
Je crois et crains que les vieux, des us et moeurs,
Pensent tout savoir sauf que beaucoup sont rances !

vendredi 24 avril 2015

AU BON TEMPS DES HAÏKUS, LONY !

Quand Blériot s’est fait la Manche on le traita de « héros ». 
Aujourd’hui, t’es zéro ou on te taxe de « blaireau » quand tu la fais !

jeudi 23 avril 2015

HAÏKU TERRIBLE

Les plus révolutionnaires des femmes ?…
Les « Sans Culottes » !

JE SUIS UN ÂNE !

Au long du long des jours, je passe
Chargé comme âne bâté
Que rien jamais ne lasse
Ou ne presse ni ciel bleu gâté
Ni averse qui par trop verse.
J’ai pour vous des couffins de vers,
 Des paniers de rimes diverses
Et des sacs de sons valant vair.
J’erre, gambade ou bien saute
Hors, et for, la mode qui trotte,
À la peine, mais pas chagrin 
Même sous le pire des grains.

Blanchi sous le harnais de ma langue,
Tirant des charrettes de mots,
Souffrant le joug d’humeurs qui tanguent
Ou bien la charrue de mes maux,
Je vais mon chemin que bordent
De forts critiques épineux,
Des broussailles qui ne m’accordent
Que des silences lumineux,
Une hautaine indifférence
Qu’on dit polie à mes relances.
Ils me font une haie d’honneur
Ombrant mes pas de randonneur.

Car écrire est ma récompense,
Mon avoine et mon picotin,
Celui qui quoi, que l’on en pense,
Ne finira pas en crottin.
Et un rire raillant mes larmes,
Un pleur rayant l’hilarité,
Je vais baissant non les armes
Mais la tête - humilité ! -
Et, à mon bon gré, je m’arrête
Pour mieux repartir vers les crêtes
De la création qu’on tutoie
Quand on a le ciel pour seul toit.

Le pied sûr, sans forcer l’allure, 
Je vais et viens, allant mon train, 
L’ego sans nulle boursouflure,
Jamais las, toujours là matin.
Ignorant bâton et carottes,
Je vous offre donc de marcher
À mon côté, d’être mon hôte,
Et de goûter, sans s’écorcher,
Ces bluettes d’un cœur à nu
Qui, ni connu ni reconnu,
Pose des lignes inégales
Fidèles à la glèbe, aux fagales.

LA BONNE AFFAIRE

Petite fable affable

Le Jacques est Gros-Jean comme devant :
Il avait confié, l’air malin, son pécule
À un honnête marchand de vent,
Ayant du foin dans les bottes, au crépuscule
D’une fin de journée un peu trop arrosée,
Où on parle trop vite et on spécule,
Embobiné de mots, assommé de rosé.
Son hôte était un marchand de bêtes,
Courtier tenant du chevalier d’industrie,
Dépensant toujours gros en courbettes,
Sa bonne mine lui donnait du crédit :
En causant, preste, il sautait du coq à l’âne
Car il n’est pas de petit profit :
Les deux, vendus par lui, rapportaient plus que manne.

Le Jacques avait flairé le filou

Mais n’avait su résister au rire,
Du margoulin mis comme un marlou…
Ni à ses tournées !… Qui aurait pu prédire
Que de boutade en rodomontade, le fat,
Risible, sans vouloir trop médire,
Hameçonnait sa proie sans craindre d’aléas.

Nuit venant, la griserie les gagne

Et notre négociant ivre avoue
Qu’il n’achète rien mais qu’il épargne
Car il est sur un bon… non, “un-très-gros-coup”.
« C’est un secret,… mais à toi je peux bien le dire :…
Demain,… je serai un vrai… cacou…
Entre amis,… on cause… sans rien s’interdire !
Lui murmure tout bas, le marchand,
Paraissant plus saoul que ne le fut jamais moine.
C’est pour cette nuit… Mais, le méchant…
De l’affaire,… c’est qu’il manque un peu d’avoine
Mais j’ai du bagout… et mon futur vendeur…
En rabattra… un peu sur la couenne…
Après tout,… ce ne sont pas tous… des voleurs ! »

Puisqu’on en était aux confidences

Le Jacques susurra, lui, que pour avoir
Du blé devant lui - Sans abondance ! -
Il en mettait de côté… Que ce loir
S’il pouvait lui profiter… Mais surtout pas d’arnaque !…
Non !… Marché conclu… Ah, quel beau soir !…
Depuis, il n’a rien vu ni revu, le Jacques !

Méfie-toi du maquignon roulant carrosse :

Ses poches sont, trop souvent, plus plaies que bosses ;
Et pire : plus il est bonhomme et courtois
Plus tu t’en mordras, tout déplumé, les doigts !

mardi 21 avril 2015

HAÏKU : PIS NAGE !

En nos temps néo-écologiques :
« Eau qui sourd rapporte plus qu’or dur ! »

JE N’VOUS BALADE PAS !

D’après un dessin de Camille Lesterle

Ah planton, je suis toute émoi.
Je fuis soucis comme escarbilles
Et ne suis pas payée au mois !
T’as compris ?… T’es pas une bille !
Bon, je jouais de la gambille 
Sur mon petit bout de trottoir
Quand c’est arrivé « la bisbille » !
Que fais-je dans ce roman noir ?

M’sieur l’inspecteur, excusez-moi !,
C’est toujours en chic, qu’je m’habille
Et fallait qu’ça tombe sur moi !
Deux bastos dans les triquebilles
Qu’il lui a filées l’autre bille
- Un mastard chauve en costard noir -
Il frétillait comme un’ gerbille !
Que fais-je dans ce roman noir ?

On n’va pas y passer des mois !
Là, rangez votre stylo-bille
J’suis brav’ belle et n’en peux mais, moi !
Ce que je sais est bien bulbille
Mais quand t’es tapin, trottin,… - « fille »  ! -
Vaut mieux causer sous l’éteignoir
Sinon ta vie on te débille !
Que fais-je dans ce roman noir ?

Commissair’, je parle et babille
Mais pour bosser, Fleur du soir,
Il faut bien que je me rhabille !
Que fais-je dans ce roman noir ?
Illustration : Camille  Lesterle, avril 2015

L’ESCARGOT PRESSÉ

Petite fable affable

« Tiens donc, il ne peut plus :… Ça s’arrose ! »
Dit l’escargot qui en bave à se traîner
Comme une vraie limace parmi les roses.
Il faisait haut le pied pour se débiner
Avant la nuit et ses dangers qui vous guettent :
Il voulait prendre ses distances et du champ,
Quitter ce jardin tout plein de gariguettes
Et de granulés bleus qu’il sait fort méchants.
Étant de ces petites bêtes qui aiment
À s’écarter loin, quoique, déjà, à part,
Il fuyait donc à son train… plus vite même,
Mais courir n’était point facile au poupard !

Le cornu a bien vu qu’un marlou, merle 
De son état, l’a repéré. Sale temps
Pour les pieds-plats qu’un enfileur de perles,
Moche comme un pou, et fier tout autant,
En noire livrée, à l’œil et au bec jaunes !
L’oiseau avait l’humeur et le crâne douchés,
Il s’en prit à notre paisible mollusque
Comme, à la curée, le ferait un boucher,…
Quand tu es à terre, plus d’un couard, brusque,
Trouve le courage de t’humilier : 
Chevauchant et prenant de haut sa victime
Patte deça, patte delà, delié
De la langue, il lui fit un sermon ultime.

L’amour propre souillé, le pauvre l’escargot,
Bloqué à dextre et, pis, coincé à senestre,
Se recroqueville à se faire sorgho
En sa coquille. L’autre le raille en mestre
Car il lui semble ainsi donner plus de prix
Aux choses qu’il obtient, jaseur, sans bourse
Délier !… C’est un jeu d’une drôlerie
Bien piètre mais qui se joue de la course
Du temps, un bref instant : la joie de moquer
Préfaçant le plaisir de becqueter l’autre !
Enfin, il goba l’emberlificoté,
Tapi en la coque où ce malin se vautre.

Le repli sur soi, quand le danger vient,
Ne nous protège en rien… ni de rien !

dimanche 19 avril 2015

HAÏKU’M PAS TIBLE

Les mauvais plaisants sont souvent gens charmants.

PROPOS POISSONNIERS

          J’ai connu un merlan amateur de billard, du nom de Billaud, né dans le quartier de la Dorade (Toulouse). Il était beau comme un mérou, un peu maquereau mais très congre, grand-gueule, portant une raie sur le côté  et voiturait, en turbo, sa femme qu’il avait du gagner à Colin-maillard, à moins qu’il n’ait eu la merlu ; en tout cas, il vivait à ses brochets. C'était une vraie morue de Brême, militaire sortie du hareng, pas vraiment de premier anchois tant elle avait de plies, muette comme une carpe, plate comme une limande et sotte comme une sardine… Mais cette pas maigre  (même vue dans l’omble, elle n'avait rien du bardot !), pilier de bar comme il se doit, était une affaire au pageot, prétendait-il à baudroie, car elle n’était pas une môle, sa lotte avec un goujon !
Quoique fuyant comme une anguille, vous n’êtes pas du genre à tout gobie mais ce n’est pas un lieu commun que j’énonce là, vous pouvez l’inscrire sur vos ablettes : ce vieux loup de mer, un brin mulet mais gardon-nous de le lui dire, le nez rouget quand il voulait s’en payer une tanche, n’avait pas de goût - preuve sa roussette ! - quoiqu’il jouât les marlins (spécialiste des rascasses de banque) avec ses yeux vairons et sa chemise saumon, et les requins de pacotille quand on lui tendait la perche car il n’était pas de Blois. Pour rester dans le thon, en cas de truite en avant, ne disait-il pas comme on le fait parfois dans un saupe-opéra, avec la voix vive d’un flétan, en faisant choir négligemment la sandre de ses cigares : « Foi d’églefin, point de sole sans silure ! ». Ah oui, c’était bien un cas, Billaud !


Illustration : Elisa Satgé, été 2019


LA CANE BLANCHE

Petite fable affable

Dame cane qui baisse la tête
Quand elle passe, cette carpette !,
Sous un linteau, même des plus hauts,
Veut goûter, matin, à « l’Aventure » :
Courir dans le vent, voguer sur l’eau,…
On prédit, lors, sa déconfiture
Dans la basse-cour où c’est jaloux
La volaille : on crie à l’imposture,
On la moque ou, pis, son bec lui cloue,
Elle qu’effraie la moindre ornière !
Ça ne lui fait pas plus que le coq
Au cul. Ça, elle partira !… Et toc !
Rira bien qui rira la dernière ;
On l’enviera chez les cancanières !

Elle partit, l’œil sur l’horizon
Mais se figea, plus que de raison,
Au premier oiseau sis sur sa branche,
Affolée, ne bougeant de longtemps.
Ses plumes de peur devinrent blanches.
Voyant là un signe que le temps
A passé, elle revint chez elle
- C’était à dix pas… peut-êt’ pas tant ! -
Narrant ses exploits à grands bruits d’ailes,
Paradant comme un paon fait la roue.
Combien de dindons et de poules
Filent, brodent, en un mot vous soûlent,
Radotant sur de lointains Pérou
Ayant mis une patte hors leur trou.

samedi 18 avril 2015

HAÏKU DANS LA MÂCHOIRE

Tant d’ambitieux se cassent les dents
sur les allées du pouvoir qu’on peut dire que
celles-ci sont pavées de bonnes dentitions.

vendredi 17 avril 2015

HAÏKU’R DE CASE

Depuis que j’en subis à répétition, je ne joue plus aux échecs.

LE SINGE BANANÉ

Petite fable affable

Prenant les orties pour des ronces, un vieux singe
Se disant quelque chose, se croyant quelqu'un,
Alors qu’il n’était que quelconque, mit du linge
Et se proclama Homme. Il dit à chacun
De ses frères primates
Qu’ayant lu bon nombre d’épais opus, lui,
Et lui seul, en ferait des « civilisés »
Car l’avenir était aux chimpanzés.
Ceux qui, dans l’œil, n’avaient rien qui luit
Le suivirent à la hâte
Car la simplicité sied aux simplets.
Il organisa tout son monde en villages
Pour qu’il chante ses louanges en couplets,
Lui apprit l’agriculture et l’élevage
Puis vint l’âge de l’écrit.
Il interdit la ripaille et les débauches
En lois sévères faites pour temps austères :
Bien encrée, une idée devenue critère,
Reste mieux ancrée qu’une simple ébauche !
Tout se fit sans heurt ni cri.

Mais, chemineau de grand vent, un crocodile
N’ayant ni sou ni maille, près d’eux passa.
Le mauvais plaisant s’installa sur une île
Sise au milieu des villages, comme ça.
On se méfie des guenilles
De ce croquant qui ne fit aucun mal
Puis, par une piteuse imploration,
Ce gueux demanda, quelle prétention !,
Audience au singe fait hôte royal
Du lieu, de ses familles.
L’Ancien moins intéressant qu’intéressé
Reçut le pouilleux qui offrit ses services
Après lui avoir des lauriers tressés :
Loi sans sanction fait retourner au vice,
Il fallait donc un bourreau.
Lui. Le coupable serait son seul salaire,
Point d’autres picaillons. Et son uniforme
Resterait haillons ; la livrée informe
Effraierait tout autant que ses maxillaires
Les marauds et les farauds.

Pour ses basses besognes, pour ses hautes œuvres,
Toquade ou foucade, le Singe use fort
Du saurien qui, vaurien, le manœuvre
Obtenant toujours plus de chair en renfort
De celle que la justice
Daigne, peu souvent, lui mettre sous la dent.
Ce furent les malades, les éclopés,…
Ces bouches inutiles qu’il happait
Pour rendre service avec les décadents
Portant aux mœurs préjudice.
Les singes couraient ainsi à leur perte
Se débarrassant de toujours plus des leurs,
Engraissant ce croco’ à la lippe experte,
Protecteur et protégé d’un roi râleur,
Désormais fort entoilé :
Du bonheur promis ne vinrent que souffrances !
Combien de peuples, hélas, en leur sein fertile,
Nourrissent êtres qui s’avèrent reptiles
Sans vergogne, avec la secrète espérance,
D’être en dernier avalé*.

* D’après une phrase de Winston Churchill.

MES POÈMES

Sur La bohème (Jacques Plante & Charles Aznavour)

J’avais moins de vingt ans,
Quand m’est venue, battant,
Une envie de renaître.
Les mots en ce temps-là,
Servaient à fair’ du plat,
Se vendre ou bien paraître.
Pour moi c’était manie
M’sentant un peu banni,
L’amour criait famine
En ces temps biscornus.
Entouré de gamines,
J’écrivais, en continu,
Des poèmes, des poèmes,
Pour tout vous dir', vers rimant par deux,
Des poèmes, des poèmes.
Un brin pompeux, un peu verbeux.

Je faisais des dizains,
Des sonnets, quelques-uns,
Aux pieds aléatoires,
Aux vers pas très heureux
Rimant parfois bien creux,…
Mais je voulais bien croire,
Sans vous l’avouer trop
Que j’n’étais pas manchot
Pour parler aux étoiles
Et chanter l’univers,
Le spleen pour seule voile,
Marchant phrase à l’envers,
Mes poèmes, mes poèmes,
Qui m’feraient rir’ si j’les relis,
Ces poèmes, ces poèmes,
Que pourtant j’ne renie…

Ainsi, je me livrais
Croyant me délivrer
Des maux de mes nuits blanches
Jouant de leur tocsin,
Des affres, en essaims,
Tourmentant mes dimanches,
Posant leur sale tain
Sur mon cœur éteint
Toujours sevré de « J’t’aime ! »
Que mon âme ravie
Aurait aimé qu’je sème
Pour la femm’ d’une vie
Ces poèmes, ces poèmes
Qui me font rir’, ceux d’y’a vingt ans,
Ces poèmes, ces poèmes,
Que je relis de temps en temps.

Quand les ailes du jour
Ploient sous l’voile d’atours 
D’une nuit de tristesse
Où ne me revient plus
Une rime voulue,
Je retourne, sans presse,
À un des vieux cahiers
Où, en pleins et déliés,
Dort tout ce qui subsiste
De ce temps qui est mort,
Tout en mots égoïstes,
Mais qui cellait mon sort
En poèmes, en poèmes,
Qui ne sont, las, pas bons du tout ;
Ces poèmes, ces poèmes
Qui m’auront fait du tout au tout…