Petite fable affable
Un moineau, avec un certain air de mystère
Et d’importance qui, las, ne contemplait rien
Que ses contemporains, regrettait que la terre
Qui l’a vue naître un jour, lui, le végétarien,
Comptât tant de félins, d’ophidiens,… de problèmes
Pour contrarier, toujours, son repos et sa flemme.
Ce qui l’indisposait, c’était l’hiver surtout.
Et lui qui ne faisait jamais, en ce bas monde,
Aussi bien que lorsqu’il ne faisait rien du tout,
Pour fuir frimas et le froid tuant l’osmonde,
Rêvant de tropiques, se voyait migrateur :
Pour vivre au soleil, il tutoierait l’équateur !
Ses délires, parmi les siens, faisaient désordre !
Un tel voyage étant pénible, il préféra
Rester mais, pour ne pas avoir l’air de démordre
De son idée d’être au chaud aux gels, il entra
Dans la ferme où il fit peur à la vieille Berthe
Qui, d’un coup de balai, faillit causer sa perte.
Puis elle prit en pitié cet avorton-là,
Le laissa aller à son gré dans sa cuisine
Où la cheminée, feu et flammes, lui sembla
Plaire à ce drôle d’oiseau que de sarrazines
Graines, elle nourrit ; lui, il est au paradis,
Dans ce pays-là, si près, jamais refroidi.
Le bonheur est, on le voit, une grande chose
Faite de petits riens. Il niche, effacé, là,
Auprès de l’âtre de l’antre, où parfois il ose
S’aventurer au plus près des braises, jamais las
De leur douce chaleur, des couleurs sans grisaille,…
Ça l’attire comme aimant appelle limaille !
Adopté, nourri et choyé, il résistait
Mal à ce foyer dont l’enfer est une invite.
« Qui tient à sa place, doit savoir y rester ! »
Se dit-il souvent, mais il l’oublie aussi vite.
Il se grilla. Berthe épitapha, malengroin :
« Suivre une idée fixe ne mène pas très loin ! »
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