Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 31 décembre 2014

HAÏKU DE FATIGUE

Certains ne font jamais aussi bien que quand ils ne font rien.

NUIT BIEN URBAINE

La nuit on vit sans l'artifice
De tout ce qui fait notre vie
Et ne fait pas vraiment envie :
On efface les édifices
Et le ciel se fait orifice.
La nuit, on vit !

Le ciel absorbe, maléfice,
Les lumières qu'on asservit
Pour faire étoiles en lavis
Et lune enfin sans sacrifice.
La nuit, on vit…

DON JUAN REPENTANT

Petite fable affable

Finit de fleureter ou de coqueter,
Patinages, pucelages, pelotages,…
Don Juan est las de se dépieuter
Pour coucher avec tous les cœurs otages
Des donzelles ou des rosières mal lardées,…
Qui, ayant déjà donné leur cœur, s’engagent
À ce que le reste suive sans tarder.
Notre galant avait connu, sans être à gages,
Toutes les coquettes à couettes fardées
De ses Espagne,
Ville et campagnes.

« J’en ai assez, vois-tu, de coqueliquer 
Fit-il à Catalinón, son Sganarelle,
Dès que le coq, matin, a coqueriqué
Au prix de menues menées de maquerelle.
- Mais faire, ici et là, la bête à deux dos 
Ou voir la feuille à l’envers dessous les hêtres,
Avec la pimpéousée s’offrant, cadeau 
À vos menteries d’amants, je crois, mon maître,
Ce n’est que répondre, souvent rapido,
À leurs attentes :
La chose tente !

- Celui qui croit qu’aimer avec feu et flammes,
Plus des soupirs pour les attiser, fait rajah
Le pourceau qui ne ménage point son âme,
Voit miroir aux alouettes de goujat !
- Seriez-vous devenu prude ou censeur ?
- Autant qu’une veille catin, mon brave !
- Vous voir virer pudibond, vous si noceur,
Ou chaste, m’eût interdit et rendu hâve,
Moi, conteur et compteur, un brin jouisseur,
De vos campagnes,
De vos compagnes…

- En prenant le parti de n’en devenir
Jamais un bon, je ne suis que vénielles
Pensées, manœuvre ou manigance à honnnir,…
- Est-ce vieillir qui vous fait l’humeur plurielle ?
- Le temps est tout en nuances, mon valet,
 L’âge tout en nuisances : hélas, il donne 
Plus de vertus détestables, aigrelet,
 Que de vices aimables, mais pardonne
À Ton maître, ce soir, de tout déballer 
De ses balafres
Et de ses affres !

- Maître, qui s’épanche trop risque de choir !
- Tu as raison : de nos jours, peu de gens osent 
Avancer qu’ils reculent. Peur de déchoir ?
Moi je revois mes positions et je glose,
Sans m’effacer devant les gommeux voulant 
Me renvoyer à mon passé, sur la route
Que je vais prendre demain, non comme un croulant,
Mais en homme débarrassé de ses doutes :
Un vieux beau est plus ridicule, au bilan,
Qu’un jeune sage !
- Ou un corps sage !

- Pucelles me saoulant sans, las, me griser
Ni m’énivrer ; épouses qui, à leur guise
Croyant, un temps, leur plaisir dépayser,
M’assiègeant, vaincues, car je les ai conquises
Me lassent pareillement !… Les laiderons,
Mal aimées et, souvent, cruelle injustice,
Mal baisées ont mêmes désirs que tendrons !
Je répare mes anciens torts, préjudice
À ces beautés ignorées, tous ces fleurons
Boutons de femme,
Fille comme Dame.

- Mais Dieu, vous êtes Don Juan. Pincez-moi !
Pensez à votre réputation, à la mienne,
Moi, votre ombre : vous n’avez guère eu d’émoi
Que pour les plus belles, nobles, plébéiennes,…
Elle font et feront vos nom et renoms !
- Mais une jolie fille que l’on repousse
Trouvera toujours pour la consoler d’un « non »
Quelqu’un. Dût-elle en rester l’âme aigre-douce.
Mais celle aux moindres appâts ou la guenon
Qui la regarde,
Qui y prend garde ?

- On dira que votre vue baisse et, aussi,
Le reste. Et pourquoi pas des filles faciles ?!
- Crois-tu que moindres beautés seraient ramassis
Qui ne se courtise pas, soumis, docile,… ?
Dieu voudrait, dit-on, me punir : Don Juan
S’amende en aimant, parmi ses créatures,
Les moins réussies, qu’un croyant va fuyant
Dépitant son Créateur par tant d’étroiture.
Ce n’est pas là la promesse d’un truand
Ou vain ramage,
Mais humble hommage :
Car à mon avis, 
Une vie toute asservie à une envie,
Sera une vie 
Qui aura, las, fort peu et bien mal servi ! »

lundi 29 décembre 2014

HAÏKU FORTUIT ?

Je suis tellement à part que d’aucuns cherchent à m’écarter !

LA DISPUTE DES ROULIERS

Petite fable affable

Un char, une charrette et un charreton,
Sur un antique chemin, haussaient le ton.
Aucun ne voulait céder le pas à l’autre
Quoique ne pouvant passer par là de front.

« Je suis le plus utile, bande d’apôtres,
Dit le char, ceci dit sans vous faire affront.
Mes quatre roues et mon lourd fardeau vous prouvent
Ma puissance et mon rôle. Je vais premier ! »
Il fonce. À la première ornière qu’il trouve,
Il s’embourbe. Le voilà à jérémier
Ou, même, à jurer sur le saint nom de Dieu.
Et, bien sûr, un grand rire succède à l’ire
Chez ses deux comparses, cela va sans dire.

Puis, avec des larmes de joie plein l’essieu,
La charrette affirma : « Pour mes faix et gestes,
Mes deux roues passant par tout chemin sont prestes ;
Même par le trou de souris que ce char
Me laisse ici ! » Elle force le passage
Et verse sur le bas côté. Revanchard,
L’empêtré partit d’un fou rire sauvage.
« Les vantards, Ma Belle, sont toujours punis !
- Nous sommes donc, à plus d’un titre, réunis ! »

Le charreton, seul, se réjouit et se gausse :
Lui, sans ridelle, avec l’âne pour tracteur
Et des ballots pour charge est, dans toute ferme,
La risée de tous. Il n’a que détracteurs.
Il voit, dans cette situation, le terme
De son travail subalterne et trop moqué.
Avec un rire discourtois, il contourne
Les deux autres par les haies et le bosquet
Protégeant ce chemin encombré. Il tourne
L’obstacle donc. Mais le voilà prisonnier
Des branches du taillis et de ses racines.

Il peste et râle pendant que l’assassinent,
De mots peu doux, les deux autres. Or survient
Un vieil homme poussant son humble brouette.
Celle-ci, ayant le sens commun, parvient
À jouer, dans l’embarras, de sa rouette :
« Je  n’suis rien, porte peu, mais rien ne m’arrête !
Sans retard ni vanterie, fais-toi bosseur,
Car vient assez vite, et sans complaisance,
Le jour où se voient tes insuffisances
Assez pour provoquer la joie des gausseurs ! »

MISS VALENTINE

Gamine t’étais pas mâtine,
Mais voilà ta peau se satine
Et t’es devenue églantine,
Une de ces fleurs qui trottine
En decolleté et bottines,
Que tant de mains déjà lutinent
Que trop de lèvres baratinent
Et cent milles baisers butinent, 
Affamés,
Enflammés,
Sans l’aimer,
S’attacher,…

T’es devenue Miss, Valentine.
Toi t'as gardé l’âme enfantine
Mais t’a poussé de la poitrine,
Et c’est une belle vitrine,
Un beau morceau en ballottine
Dont plus d’un fait sa barbotine !

Fais gaffe aux épines et aux mines
Des amoureux criant famine 
Tout en berline et brillantine ;
Leurs mots doux ne sont que comptines
Qui t’embobinent et qui s’obstinent
Pour dire, demain, dès matines,
T’avoir pris plus, t’es pas mesquine !,
Que ce que tu as donné, coquine ; 
Se vanter,
Affamés,
Enflammés,
Condamner…

Oui, te voilà « Miss Valentine ».
Sais-tu à quoi on te destine
Depuis qu’ont poussé ces collines ?
Tu n’es plus que « Miss Valentine »,
La libertine crevettine,
Plus câline qu'un' Maryline,…

La facile « Miss Valentine »,
Toute en lune et en clémentines,
 Fille à l’accueillante sentine,
Pour qui l’Amour n’est que routine.

C’est comme ça, « Miss Valentine »,
Terminées heures enfantines,
Jeux innocents, mines mutines,…
Les gars n’sont pas or mais platine !

dimanche 28 décembre 2014

HAÏKU DE VENT

À faire la pirouette comme girouette au moindre souffle des sondages,
on n’est qu’un vain dominant.

samedi 27 décembre 2014

HAÏKU DE CHIFFE ON

Restons civils, j’aimerais que tous les chefs des armées
soient vraiment des chefs désarmés !

L’INCONSCIENCE DE LA JEUNESSE…

Petite fable affable

Dans toute l’inconscience de leur jeunesse,

Des grenouilles, dans leur mare, ayant trouvé
Une barcasse dont l’amarre achevait
De rouiller, ont décidé, hélas ânesses,
De fuir leur vieux pays, proches et prochains
Pour se découvrir une patrie nouvelle
Que celle où sont nés ces têtards sans cervelle
Qui se voulaient aussi savants que malins !
Leurs vieux parents les disaient génération
Condamnée à passer du « bof ! » de leurs phrases
Au « beauf » d’une vie où, toujours, tout vous rase.
On sait, chez nous, que toute génération 
Est considérée comme « perdue », pauvrette,
Par celle qui l’a engendrée, éduquée,…
Ce qu’ignorent nos batraciens ensuqués
Par une destinée fort peu guillerette !

Pour nos jeunots, en plus de les sucrer,

Ces vieux-là, ramenaient un peu trop leurs fraises,
Car ils ne savaient pas que faire les frais
De la conversation, sans parler de braise,
Coûte moins, ma foi, qu’être payé de mots.
Mais ayant quitté l’âge des grenouillères,
Nos balourds, n’affrontant guère d’autres maux,
Allaient par les nénuphars la crête altière.
Ces empattés de frais refusaient l’aiguillière
Que leurs pères, plus que bons pour le linceul,
Tendaient les faisant passer pour serpillières
Ou bien sots… y arrivant très bien tous seuls.
« Quoi ? » et « Pourquoi ? » faisaient leur vocabulaire.
Même à la mare, qui n’a dix mots con sent
Bien qu’une allusion suffise, mais bien claire,
À faire illusion chez ces gens bondissants.

Leur bêtise consolait la lune, en perme,

 De la sienne et rendait plus intelligents
La larve et l’Ancien. Déluge diligent,
Les bons mots pleuvant dru de leurs mauvais termes,
Firent agir ces jeunes peu sagement :
 Las, au lieu de mener leur mare au grabuge,
Ils décidèrent de quitter leur refuge,
De découvrir un monde, au loin, sans tourments.
Cette barque, elle, serait leur caravelle.
Le talent est la modestie du génie :
Nul ne s’inquiète, bête comme civelle,
Que personne, chez ces batraciens bénis,
Ne sait manœuvrer cet esquif qu’on libère.
Il va donc à hue et à dia, lent, sur l’eau
Qu’il ride sans bruit, plein de pré-pubères,
Équipage de fortune et matelots.

Après des nuits et des jours de longue errance,

Nos coasseurs conquérants touchent au but
- Tant mieux car plus d’un a mouillé son calbut ! -
Abordant un lieu que n’ont pas rendu rance
Leurs pères qui sont ordres et préjugés.
Ils accostent donc et partent reconnaître
La terre promise par Dieu adjugée ;
Une nouvelle ère allait pouvoir naître.
Hélas, ils n’avait pas fait trois petits sauts
Qu’ils sont entourés par leurs pères qui se marrent :
Sachant vents et courants, pour les vieux, ces sots
 Ne pouvaient faire qu’un vain tour de leur mare !
Sans charbonner par trop mon temps et ses mœurs
Ni, las, farder la vérité à outrance,
Je crois et crains que les jeunes, enfumeurs,
Pensent tout savoir ou inventer dès l'enfance.
Illustration : Camille Lesterle, octobre 2014

jeudi 25 décembre 2014

HAÏKU SANS GRAVITÉ

La simplicité sied aux simplets !

NOUVEAU NOËL

La ville n’est que lumières
Pour nos cœurs las en chaumière,
Dans la foule et le bruit
Qui offrent au noir de beaux fruits.

La tête dans la brume,
Noël a des parfums d’agrumes,
De futurs souvenirs
Désangoissant notre avenir.

Dans les yeux qui scintillent
Et dans les phrases qui pétillent,
On redonne la vie,
Attise ou éteint les envies.

Et, autour de la bûche,
On s’active comme à la ruche,
Délaissant passions
Et frissons ou privations.

Avec ou sans la neige,
Nos jours ne sont plus aussi beiges :
Ce soir, on les a peints
Des couleurs brillant au sapin.

Tant pis si le temps passe
Ou si bientôt l’année trépasse,
L’ennui, au loin, s’enfuit
Cette nuit l’a fort éconduit.

La tête à la renverse,
Noël referme enfin son commerce
De rêves en allés
Parmi les cadeaux déballés.

La ville étreint nos rires
Pour nos cœurs tant privés de myrrhe :
Bulles et confettis,
L’espoir, l’oubli sont de sortie !

LE CRAPAUD DE MON JARDIN

D’après un travail de Camille Lesterle

Oui, le crapaud dans mon jardin enterré
Attend la nuit où il pourra, atterré,
Loin des grands marais blafards qu’à peine rident
Des souffles frais et tendres que la nuit bride,
Sortir d’un sommeil qui ne fait pas dîner
Et le bout du nez qu’il a bien boudiné.
Il converse son saoul avec la limace
Ou Madame coccinelle qui grimace 
Pourtant de le voir aussi laid et si gros,
Entre carottes, choux, navets et poireaux ;
Lui qui vous cause comme de plus grands meuglent,
Lui qu’un tout petit rayon de lune aveugle.

Et le crapaud dans mon jardin enterré,
Couché auprès de la couleuvre terrée,
Ira, sous les lueurs de Phoebe qui bulle
Se griser, là, d’une aile de libellule,
Vendre ici, sans envol, sa prose à des vers,
À des escargots dévorant du vert,
Faisant, pour manger, du cloporte à porte.
Il vit de l’air du temps mais, alors, qu’importe…
La nuit il revit quand, sous l’astre sans or,
Le monde du grand jour qui le hait s’endort.
Heureux, parmi les oignons et les salades,
Sans peur des oies ou des gnons, il se balade.

Car ce terreux, peureux, pour se déterrer,
Attend donc patiemment, mais sans trop errer,
Cette heure où la lune au grand marais se couche
Sans se noyer, où se taisent enfin mouches
Et moustiques partis, au soir, rêvasser.
Quand il en aura assez de coasser
Et de sautiller, de pierre en pierre,
Il ira retrouver à deux bonds du lierre
Son trou que cachait bien un amandouvier.
Le matin aura, las, son nom oublié
Quand il perlera de rosée l’herbe verte ;
Il ne connaîtra que calme et ombrée, certes…
Illustration : Camille Lesterle, octobre 2014

mardi 23 décembre 2014

HAÏKU DEMAIN

Comment fait-on pour lever le pouce
alors qu’on est censé avoir déjà baissé les bras ?

LE MERLE PLASTRONNANT

Petite fable affable

Au petit bois du jardin public
Ça cause mais il y a un hic :
Moqueur, un merle, au temps des cerises,
S’octroie le droit de vilipender
Son prochain, appelant ça « franchise » ;
Qui a fauté ou, pis, truandé
Qui fut victime d’un grain de sable,
Ou bien a paille ou poutre dans l’œil,
N’échappera pas à l’insatiable
Bavard qui plus est pétri d’orgueil.

Non content de médire, il incline
À croire et dire, la voix maline,
Que la nature l’a fait plus beau
Que ses pairs et mieux, dit ce clabaud,
Que tout autre bête ou bestiole.
Au surplus, la vie qui est mariolle
Avec d’aucuns, l’a favorisé
Lui offrant, sans jamais s’épuiser,
Santé, amours, nourriture et chance,
Selon lui ; et cette bienveillance,
Bien sûr, lui, il la méritait
Valant mieux que nul autre en futaie.
Hélas, trois fois hélas, notre merle
Eut avec un matou au poil perle,
Quelques démêlés dont ce « grand cœur »
Ne se sortit pas vraiment en vainqueur.
Le mauvais œil, fâcheuse nouvelle,
Jetait lors sur lui sa bartavelle.

Aussi notre oiseau est moins heureux :
Le destin lui est moins chaleureux.
Depuis, si encore il la ramène,
On le voit, chaque jour moins amène,
Souffrir, décliner, mal se mouvoir,…
« Nul ne doit être vu ou se voir,
Soit-il bien portant et prospère,
Lui dit un insigne ver de terre,
Comme favorisé par le sort
Avant que ne le frappe la Mort* !  »


* Selon Solon

lundi 22 décembre 2014

HAÏKU LIQUE

Quand un cinglé devient cinglant,
Il peut être sanglé ou sanglant !

Dessin : David Sanjaume, décembre 2014

dimanche 21 décembre 2014

HAÏKU REND ALTERNATIF

C’est en trébuchant et en chutant
qu’on avance le plus loin dans la vie.

Dessin : David Sanjaume, décembre 2014

PROMOTION POUR SOLDE DE TOUT COMPTE

 Petite fable affable

  Dans une famille de fourmis,
Gens de peu et gens de peines
Pas plus grosses que des graines,
C’est là cette heure presqu’endormie
Où, seuls, on casse la graine
Avant que, pour nombre d’heures pleines,
On se retrouve à la chaîne
Ici, là, sur le domaine.

La plus petite de la tablée,

Quelque peu montée en graine
Hausse le ton et sans gêne,
Fait : « Je suis colère et accablée !
Je suis ta mauvaise graine
Mais, j’en suis sûre et certaine,
Cette injustice est vilaine
Et me file la migraine:
Ce poste était pour toi, maman !
Il n’est, en plaine et garenne,
D’ouvrière qui tant draine
Et jamais ne traîne, à tout moment,
Que toi. Tu serais reine
Si le voulait ma marraine,
Souveraine souterraine,
Qui fait soldat, capitaine,…

- Point trop n’en faut, ma fille ! Est la chef

Celle désignée par Reine,
Qui ne nos sorts tient rênes !
Sur ce, restons sage et faisons bref.

- Mais comment rester sereine ?

Sans en faire une rengaine,
Cette mondaine à bedaine,
Est désormais, quoique naine !,
Ta supérieure ; Elle, vaine 
Au travail et vile avec autrui.
Croquemitaine lointaine,
Rien ne lui va, hautaine,
Car rien ne la vaut, fleur ou fruit !

- Allons ma petite graine,

Point de rancœur ni de haine.
Je resterai en quarantaine
Jusqu’à la prochaine aubaine !

- Oh, fichtre et foutre, mais non, maman !

En société malsaine,
Le mérite est aux fredaines,
Pas au labeur. Et vois donc comment :
Promue sans plus de mitaines,
Qui fait tes besogne et peine ?
Elle, chef, en gants et gaine,
Ne manquera qu’aux fontaines
À eau. Prends-en de la graine ! »

LE FABULISTE INÉDITÉ

Las de lanterner, de rester en carafe,
Autrement dit d’encor’ peigner la girafe
Ou, pis, de laisser pisser le mérinos,
Je ronge les mots comme le chien son os,
Avec dans la voix une envie de cigale
Et des légions de fourmis dans les idées.
Voilà pourquoi j’ai une telle fringale
D’offrir des fables quelque peu débridées.

Ça ne fait pas, ma foi, de bien grandes œuvres
Car je vous fais avaler tant de couleuvres,
Vous dont on mange la laine sur le dos
Comme à un mouton. À l’orée du dodo,
Face à vos silences, à votre dilemme,
Je sens, las, que vous oubliez que mes champs
Ont un charme d’antan, un humour que j’aime
À croire assez fin pour ne pas nuire au chant.

Vrai, fier comme un pou, j’en fais des brouettes
Avec un canard boiteux, pas très chouette
Quand trop il ménage la chèvre et le chou,
Ou les aventures d’un juge mandchou
Qui, pris sans vert, joue toujours la fine mouche.
Ces histoires, pas piquées des hannetons,
Certains vents me les soufflent en escarmouche
Et je vous les sers, pas toujours de très bon ton.

Sans faim et sans fin, je les baye aux corneilles 
Qui vous les offrent en gerbes, en corbeilles,…
À vous qui baillez d’ennui dans le réel,
Pour vous faire rêver, péché véniel.
Cette roupie de sansonnet qui exaspère
Parfois, intrigue souvent ou sonne faux
Pour certains, mi-chèvre mi chou je l’espère
Opus, et donc… j’attends. Mais point trop n’en faut.

samedi 20 décembre 2014

vendredi 19 décembre 2014

HAÏKU’R SUR LE HARICOT

J’ai remarqué que, souvent, les gens insupportables ne supportent rien.

ENTRE HIER & DEMAIN

Entre hier et demain, ma ville est mobile :
On réhabilite, on bâtit, on reconstruit,…
Pour toujours plus d'hommes et plus d'automobiles
Qui rêvent de s'enfuir : tout ça les déconstruit.

Entre hier et demain, ma ville est mobile :
On rase et on rénove, on conserve ou détruit,…
Au milieu de fumées noires et de cent bruits.
Il n'y a que moi qu'on a planté, immobile.

On ravale et farde, on masque et la rajeunit ;
Entre hier et demain, ma ville est mobile.
Il n'y a que moi qui vieillis, sépia jauni.

Sous des nues trop chargées ma mémoire strobile,
De mes paysages, on l'a trop dégarnie.
Hier est loin, demain proche aux villes mobiles !

jeudi 18 décembre 2014