Petite fable affable d'après un travail de Camille Lesterle
Dans la fort grande maison d’un clerc obscur
Que personne ne pouvait voir en peinture,
Sur un grand tableau, et plus vrais que nature,
Paradaient des empereurs par les temps durs
Et les hautes montagnes de l’Antarctique.
La toile fait frissonner, emblématique
Du lieu et de son hôte, un peu madur.
Nos manchots s’ennuyaient lès ces montagnes
Éblouissantes qu’ils n’atteindraient jamais.
Ils voulaient quitter, même un seul jour, ce bagne
Blanc et aveuglant pour la lune aimée,
Comme le chat du Cheshire souriante,
Dans une nuit aux ombres insouciantes
Fleurie d’étoiles, à la volée semées.
Un soir, un manteau d’ombres pour complice,Que personne ne pouvait voir en peinture,
Sur un grand tableau, et plus vrais que nature,
Paradaient des empereurs par les temps durs
Et les hautes montagnes de l’Antarctique.
La toile fait frissonner, emblématique
Du lieu et de son hôte, un peu madur.
Nos manchots s’ennuyaient lès ces montagnes
Éblouissantes qu’ils n’atteindraient jamais.
Ils voulaient quitter, même un seul jour, ce bagne
Blanc et aveuglant pour la lune aimée,
Comme le chat du Cheshire souriante,
Dans une nuit aux ombres insouciantes
Fleurie d’étoiles, à la volée semées.
Ils fuient leur monde avec, pour toboggan,
Les moulures d’un tableau intrigant
Qu’ils ne peuvent plus encadrer. Ils glissent
Ainsi, hors la toile, sur le bahut
De bon bois brun tout en joie et chahut.
Fini d’être figés au froid supplice !
On ne vit, oncques, oiseaux plus heureux.
Par les deux bouts ils brûlaient la chandelle :
Libres, dans un grand salon chaleureux,
Sa vitre ouvrant sur la nuit, irréelle.
Ils vivaient sur un grand pied, déliés,
Quoique étant dans leurs petits souliers
Car Phoebe, s’enfuit comme brigandelle,
Son règne n’étant que momentané :
Le matin les remettrait dans le cadre.
Mais le jeu en valait, pour cette escadre,
La chandelle : se désencabaner,
Ne plus être enfermé dans cette croûte,
Marcher à son pas et choisir sa route,…
Nos manchots, à leur gré, enfin flânaient !
L’aube pointant son nez, nos héros veulent
Rentrer en usant d’un chandelier veuf
De celles qu’on allume, coup de bluff
Des soupers galants chers à nos aïeules,
Pour mieux les souffler ou les moucher.
Le premier monte, sans s’effaroucher ;
Son saut, maladroit, fut un casse-gueule !
On rit à voir déconfit ce grand bec
Mais tous ceux qui lui tenaient la chandelle
N’étaient pas mieux lotis que leur modèle :
S’il vit trente-six de ces bougies, l’échec
Des essais suivants de ce téméraire
Montraient qu’un chandelier nu, ma mère,
Est un tremplin valant pas un copek !
Or il fallait retourner dans la toile
S’il est bel et bon d’insister, parfois,
Ici c’était gamelle à chaque fois.
Le jour s’avançait. Parties les étoiles.
Surpris, se figèrent nos troupiers.
L’enfant du lieu en les voyant au pied
Du mur, les ramassa et mit les voiles.
Pris pour quelques jouets oubliés,
Il les engagea, geste automatique,
Dans son zoo de bêtes en plastique.
Il n’y a pas, ma foi, à gambiller
En voulant se libérer bien des êtres
S’encellulent ou se plient à un maître,
Soient-ils manants ou mieux qu’écuyers !
Illustration : Camille Lesterle, 29 novembre 2014
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