Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 décembre 2015

HAÏKU AU MORAL

Ici, ceux qui parlent le plus de “morale”
sont ceux qui ont le moins d’éthique !

LE POULET & LES COCOTTES

Petite fable affable

La volaille faisait basse cour
Au poulet qui fliquait ses coutumes
Et pratiques, non sans amertume.
Comme tous les petits coqs, ce court
Sur pattes ergotant, est un grand con.
Aussi chez coquelets et coquettes
Sur ce tyran, sans fin, on caquette :
C’est donc à qui est le plus fécond
D’idées pour s’en débarrasser vite;
Qu’importent la façon et ses suites.

Plus on a parlé, chez la poulaille,
Plus on parle : certes elle hait
Les despotes qui rendent muet,
Mais craint plus encore la pagaille.
« Nous nous ferons toujours pigeonner :
Oie toujours plumée, de toute farce
Dindons,…  D’un complot soyons comparses
Pour que l’échec ne nous pende au nez
Il faut que ce buté-là on bute,
Qu’on étête l’entêté si brute ! »

Ainsi la poule glousse parla.
Les autres, plus haut, plus fort, criaillent.
Une jeune alors glousse : « Piaillent
Veules et vains. Allez au-delà !…
“L’idée que l’on ne traduit pas
En acte n’est qu’un rêve inutile !”
Disait notre père et, dans son style,
Il rajoutait, c’est pas fortuit :
“Seulement nourri d’espoir un songe
Devient vite une erreur qui vous ronge !” »

mardi 29 décembre 2015

L’HAÏKU SUR LA COMMODE

Les Romains avec un sens du paradoxe qui leur est particulier
avaient baptisé “Commode” un empereur qui ne l’était pas
et “Sévère” qui n’était pas vraiment intransigeant…

LE GRAND AIR

Cycle toulousain

Ah, ils ont enfourché leurs bicyclettes.
Le long du canal. Depuis la maison,
Douze kilomètres en trait d’arbalète.
C’est un beau dimanche et c’est la saison ;
Au bon air, au grand air, tous deux respirent :
Adieu veaux, vaches, cochons, couvées,… !
Si ces deux-là, en vrais frères, transpirent
Ce n’est pas pour aller se retrouver
Des copains, courir les bals ou les filles,…
Non c’est pour aller entendre des trilles !

Mis tôt tous les deux sur leur trente-et-un,
Ils s’en vont écouter au grand théâtre,
De l’opéra, oui, même si aucun
D’eux ne sait l’italien de ce bellâtre
Qui chantera le rôle du ténor
Ou bien l’allemand de la cantatrice,
Entendre une opérette prime abord
Plus gaie, aux trames simples, sans caprice.
Ces deux paysans aiment le bel canto
Et les “belles voix”, chantant fort et haut.

Ils connaissent bien tout le répertoire
Apprécient, comparent, en connaisseurs.
Le plus humble des Toulousains, dit l’Histoire,
Était alors un mélomane bisseur
Ou un critique siffleur et vipère.
Quoiqu’abonnés - humour ! - au poulailler,
Ces deux-là, mon grand-oncle et mon grand-père,
Comme ici chacun goûtait, aboyait
Selon le spectacle et les artistes,
Mieux que la plupart des “vrais spécialistes” !

Et puis, las, ils reprendront leurs vélos
Et retourneront à leurs habitudes,
Reprenant comme feraient des ballots
Le grand air, ou , sans nulle lassitude,
Fredonnant ceci et sifflant cela,
Tout heureux jusqu’à un prochain dimanche.
Cinquante ans plus tard, enfant, j’étais là
Pour les entendre, les mains sur les hanches,
Évoquer ces musiques et ce bon temps
Qui n’étaient, oc, plus d’époque pourtant…

lundi 28 décembre 2015

HAÏKU TERRIBLE

Méfiez-vous des certitudes et des promesses :
la seule chose sûre et définitive
qui soit en ce bas-monde est la mort !

dimanche 27 décembre 2015

PRIX D’HAÏKU’R

19 décembre 2015, Nice : Madame Claude décédait ;
tous les baveux en mouillèrent d'excitation.
Deux jours plus tard avait lieu « la journée internationale de l’orgasme » 
mais, ça, tout le monde s’en tapait le coquillard !

AU PIED DE LA CATHÉDRALE

D'après un croquis de Camille Lesterle

Jusqu’à ce jour, sans abdication,

J’ai toujours réussi, quand on y songe,
Dans mes errances et divagations,
À fuir chapelles, temples,… Et je longe
Cette église sans style dont s’allonge,
Jusqu’aux cieux, et en toute saison,
Une façade avec déclinaison
De statues en ronde bosse et quinconce,
De sculptures valant péroraison,…
Y trouverai-je la moindre réponse ?

Le temps est à la méditation,

Pas aux sermons qui, ici, la prolongent.
Mes pas sont lourds, mes soucis légions,
Des questions en cohortes, me rongent…
C’est la vie. Ni nouveauté, ni annonce.
Pour soulager cette combinaison
De la fraîcheur ferait, sans déraison,
Grand bien à ma tête qui tant plonge.
La porte bée. Divine liaison ?
Y trouverai-je la moindre réponse ?

Hostile à toutes les religions,

Qui sont passions et pieux mensonges,
Rétif aux marques de dévotions
Oserais-je entrer, autrement qu’en songe,
En ce lieu que mille ans d’ombres rongent,
Où se terrent bigotes et grisons,
Qui fut, jadis, de l’esprit la prison ?
Moi qui professe, sans tirer semonce,
La foi des Lumières - la Raison ! -
Y trouverai-je la moindre réponse ?

Dieu, aujourd’hui, j’entre en ta maison,

Où tes fidèles, à force d’oraisons,
Ont cherché, parfois jusqu’à la renonce,
Une illumination, des raisons,…
Y trouverai-je la moindre réponse ?
Croquis : Camille Lesterle, novembre 2015

samedi 26 décembre 2015

HAÏKU SONS

Dans un monde qui se débarrasse toujours et partout des fils,
on ne supporte même plus celui que l’on s’est mis, soi-même, à la patte.

vendredi 25 décembre 2015

HAÏKU D’ŒIL RAPIDE

Si Dieu nous a fait à son image,
je croise son reflet tous les matins dans mon miroir et n’en suis pas déçu !

DANS LE PORT DE PALERME

D’après - et en humble hommage - à un beau texte de Cécile


J’ai débarqué ma peine dans le port de Palerme ;
Ma tristesse en trop-plein touche terre, à son terme.
Je les laisse aux bons soins du soleil et des vents
Qui ont souvent gonflé la voile de mes rimes
À votre souvenir, toujours aussi vivant.
Du passé et des pleurs mes vers se désarriment :
J’ai le cœur en rade mais il bat comme avant…


J’ai débarqué ma peine dans le port de Palerme
Mais tout le reste est là, collé à l’épiderme :
La solitude, au quai, boit un à un mes jours
Et le vide avale, dans ce havre, mes heures.
Le néant gobe encore « jamais » et « toujours »
Car l’oubli de vous, ici, ne peut être que leurre.
Le radoub annonce un redoux, d’autres séjours,…



J’ai débarqué ma peine dans le port de Palerme.
Si le deuil me condamne à de la prison ferme,
Je m’évade au bleu ciel, la chaleur m’élargit.
Et si votre ombre se fond, parfois, dans mon ombre
 L’amarre qui me tient à vous à mes pieds gît :
Mes yeux se portent vers l’horizon et y sombrent ;
Le malheur reste au dock, le chagrin s’assagit,…



J’ai débarqué ma peine dans le port de Palerme…

mercredi 23 décembre 2015

HAÏKU BIEN PLACÉ ?

Vivre, c’est mortel !

LES MAUVAIS COUCHEURS

Petite fable affable

Au pays des glaces, un fort sinistre endroit,
Deux manchots, hier amis, étaient en froid :
Ce n’étaient que noms d’oiseaux dans leurs paroles,
Que coups bec, que crocs-en-pattes,… Très drôle !
Les longs soirs de l’été étaient trop courts 
Pour leurs démêlés, dont ils faisaient concours.

L’un de ces empereurs, empêcheur de rire
En rond, reprochait à l’autre triste sire,
D’être un entêté et d’avoir toujours tort.
L’autre l’accusait, mâtin, d’être retors
Et bien moins franc qu’un cheval qui recule.
C’étaient là leurs mots les moins ridicules.

Un matin, l’un d’eux, pour se débarrasser
Du contradicteur qui, par trop, le lassait
Alla donc trouver trouver le souverain suprême
Régnant sur toutes ces faces de carême.
Sans vergogne et sans fin, il  le calomnie
Pour le bien, dit-il, de la colonie.
Ne sachant rien de leur remue-ménage,
Il fit fond, peu sage, sur ce verbiage.

Et statuant en son sens : le roi chassa


L’importun, son délateur récompensa !
Beaucoup d’hommes à ces oiseaux-là ressemblent :
Seuls l’orgueil, l’égoïsme et les passions 
Les guident, en tout, même dans ce qui semble 
Être leurs meilleures intentions*. 


* D’après F. de La Rochefoucault (1613-1680), Maximes (1665)


lundi 21 décembre 2015

C’EST UN HAÏKU’MPTE !

Avant c’était « Marche ou crève ! »
Aujourd’ui, c’est « Marche et crève ! »

INEFFABLES FABLES

J’ai bien assez de mal à vivre ma vie
Pourquoi donc voudrais-je régenter la vôtre ?
Je n’ai rien d’un gourou, d’un faiseur d’apôtres,
Et mes fables ne sont qu’envies et qu’avis.

Ce ne sont que miettes, graines d’épeautre
Semées aux vents d’un temps qui nous ravit
Tout, une sorte de guide de survie
Pour aider à réfléchir par et pour l’Autre.

Écrire m’est une planche de salut
Alors que notre société se vautre
Dans ce qu’elle estime être ses plus-values

Qui, las, nous font oublier jusques aux Nôtres :
La fatuité qui, parfois, nous exclut
La vacuité qui nous happe, goulue,…

dimanche 20 décembre 2015

samedi 19 décembre 2015

PREMIER HAÏ(s)KU’r

Notre société déteste tellement ses « vieux » qu’elle se permet les pires méchancetés même envers les plus jeunes d’entre eux !

LE ROBINSON À LA RIVIÈRE

Petite fable affable

Un Robinson, échoué en son île,
Décida, pour vivre, de s’installer
Sur un sol de rives rendues fertiles
Par sables et sédiments en allés,
Avec des boues riches, une bonne vase,
Puis déposés au fil d’un bon cours d’eau.
Ainsi ses labours et ses prés s’évasent
Et, sans engrais sur le sol en fardeau,
Moissons et récoltes se font cadeaux…

Il détourne un peu d'eau qui toujours file et glisse

Bien que son lit, jà, se pare de lidos,
Réduit son débit. Inquiétants indices…

Mais, chaque jour, ses beaux champs s’enrichissent,
Tout terreau, marnes et alluvions
Irrigués par un flot continu, lisse,
Courant sur les cailloux et gravillons :
Notre affluent aux eaux jadis si grosses,
S’est mué, tout filets, en ruisseau
Sur douze ans. La Nature est vraiment rosse :
Le sol et le soleil le boivent, sots !,
Tant qu'il finit petit ru sans soubresaut…

Dérivée, envasée, n'est plus la rivière.

De la terre, qui n'est plus que morceaux,
Naissent des fissures et force fondrières.

Rien n’y fait : ni labeur ni prière.
Harassé, dégoûté, il dut partir
Plus loin, vers une autre clairière,
Et de zéro, à nouveau, repartir :
Plus de limon ni de canaux venus des berges
 De ce cours d'eau dont il ralentit,
Par trop le cours et lui fut bonne auberge.
Il en prit, philosophe, son parti :
« Ce qui longtemps, t’est atout,
Un jour te fait perdre tout ! »

jeudi 17 décembre 2015

HAÏKU’RIOSITÉ

Désormais, dans nos bourses de valeurs, l’intérêt général
est moins côté que l’intérêt particulier.

UNE BONNE SOIRÉE

Hier soir, invité chez de bonnes gens
Je me suis senti soudain intelligent,
Et, mieux encore, très vert et en verve
Arrivé au terme d’un de ces Médoc
Qui se marient si mal avec ces médocs
Que les docteurs généreusement me servent.

L’eau, même plate, gâchant les meilleurs crus,
Nous n’avons donc pas convié cet intrus.
Nous nous sommes tous trouvés fort philosophes
Capables de nous frotter aux grands génies,
De les juger, les jauger, sans vilenie,
Sans la jouer pour autant vains théosophes.

Nous avons renié le vieux Platon
- J’avais vu le film ! - un brise-ripatons,
Et critiqué Rousseau, l’inventeur du code
De la route, puis préféré Heineken
À Kierkegaard, un tout autre péquin
Qui ne carburait pas, le soir, qu’à l’iode !

Si on est resté sur notre Kant à nous,
Si on a changé Debord pour Marcel Dug'nou,
On a joué, un moment, avec Descartes
Au pendule avec Foucault, comme lions,
Sans gagner, cette fois-ci, des millions.
On a tiré sur Freud des flèches de Parthes

On vit comment bouder Bouddha à loisir,
Qu’là où y a Diogène, y a pas de plaisir
On s’est pris Bourdieu, fait taire Voltaire
Quant à Hegel… « Quoi Hegel ?!… Qu’est c’qu’il a Hegel ?! »
Fut notre scie jusqu’à l’aube et son dégel
Avec Sartre et Beauvoir en co-locataires…

C’est donc avec une belle acuité,
Avec une réelle lucidité.
Que nous avons ainsi repensé le monde,
Créant des concepts neufs, jetant des idées
Nouvelles pour le faire mieux tourner.

Pas de bol !… On était tous tellement cuits
Qu’à peine étions-nous au bout de la nuit
Qu’il ne nous restait qu’un affreux mal de tête
Pour tout souvenir de ce soir aux flacons
Où la Pensée gagna des esprits féconds
Dignes des plus grands : Épicure, Épictète,…

mardi 15 décembre 2015

TOUD’HAÏKU

La singularité des religions universelles,
monothéismes exclusifs, est leur pluralité.

LE VEAU DÉVOT

Petite fable affable

Un veau mondain jouait les petits saints
Pour mieux cacher de bien plus noirs desseins.
Ce jeune Tartuffe, un peu monté en graine,
Reluquait le pis et le dessous de queue
Des velles de son pré, le mufle muqueux,
Surtout les pucelles au port de reine.
Toutes cédaient, même succombaient ses sœurs,
À ce Dom Juan jouant les confesseurs !

Fils du taureau, il serait bientôt le maître
De son troupeau, partout où il irait paître,
Mais se comportait déjà en tant que tel.
Une se refusait à lui, cabotine,
Donc il la dénonça comme libertine,
- Elle le valait bien ! - Dans ce cheptel
C’est un bœuf, oncle du veau, qui est le prêtre
Et il est aussi strict qu’on peut le paraître.

Sur plainte de son parent paroissien,
Il tance la jeunette qui, du sien
Côté, dénonce l’autre bel hypocrite.
Le bœuf sermonne son pervers de neveu :
« Comment toi, qui voudrais prononcer tes vœux,
Oses-tu,jouer ici au sybarite ?!
Pharisien !… Tu peux crier ou pleurer
Pour avoir voulu, ton père et moi, leurrer
Tu seras châtié comme tu mérites !

- Comment peux-tu croire mensonges et mots
D’une pécheresse aux instincts animaux,
Moi qui fus nourri au bon lait, sous ma mère,
Ta sœur ?!… Oh, bon oncle, je suis innocent !
- Appelle-moi « Mon Père », vil indécent :
Lucre et luxure sont des cigües amères !
Me croirais-tu, par hasard, aveugle ou sourd ?
Je sais ton jeu et, sur lui, plus d’un bruit court !

- La femelle est tentatrice, délatrice,
Du veau d’or la fervente adoratrice.
Elle est coupable de tout, et de toujours.
Fait le veau. Ton job et le mien, peut-être
Demain, est d’encadrer, de punir ces êtres
Qui tueraient le veau gras n’importe quel jour !
- Qui sait son métier, parfois, agit en fruste
Mais qui sait son devoir le fait toujours en juste ! »

lundi 14 décembre 2015

dimanche 13 décembre 2015

SACRÉS HAÏKUS LONGS…

Il n’est pas bon de mettre quelqu’un qui est à la masse au courant !

LES BELLES TABLÉES

Cycle toulousain

Femmes à la cuisine, entre papote et popote,
Et hommes à table, entre paté et patois,
Les grands travaux mènent du monde sous le toit,
Voisins et famille, avec outils et comportes.

Pour qu’aucun grand moment de l’année ne capote :
Fenaisons, moissons,… on est à tu et à toi.
Pour cueillir le maïs, vendanger, bien courtois,
On invite ceux que l’on aidera, bon potes.

Et on remettra ça pour aller ramasser  
Les patanes au champs d’en bas, avec les pitchounes
Qui avant de commencer en auront assez.

Ils iront dans le bois se faire des poutounes.
Après les rogations, on marie ces pressés :
Ça nous fera encore une belle tablée, tsé !

samedi 12 décembre 2015

HAÏKU’M’BINAISON GAGNANTE

Il y a tant de choses - et de gens -
qui me mettent les nerfs en pelote
que j’ai décidé de me mettre au tricot !

vendredi 11 décembre 2015

HAÏKU , RIEZ DU SUD !

Il n’y a qu’en poésie que je fais attention à ma ligne…

LA PIERRE & LA PLUME

Petite fable affable

Un caillou fort mal dégrossi se veut pierre polie.
Trop pour être honnête. Il avait amassé, en cours de route,
Plus que mousse : il n’est crasse ni crosses dessous les gaulis
Où notre « pierre » n’est mêlée : elle ne se déroute
Jamais ayant, quoi qu’on dise, du caillou l’entêtement.
Plate, mal taillée mais toujours dressée, elle est bêtement
- Parce que sans éclat - courroux et violence aux abois.
Sèche, elle fait voir les pierres à d’aucuns : notre héroïne
Se croit précieuse, parce que dure, et, pis, des plus fines
Parce que choyée de tous, plus par crainte que par choix.

À l’aube d’un matin de printemps, à un jet de pierres
Du lieu où elle a fait son trou, une plume est tombée
Du nid d’un geai, sur son bout de nez : « Quel est ce lierre,
Tonne notre bout de roc, que je le fasse succomber ?!
- Je suis duvet et ne pèse guère, Votre Petitesse !
- Comment peux-tu donc…?! Toi qui es la plus insigne des fèces,
Tu va pourrir comme pourceau dans la terre labourée 
Par mon pas quand moi je resterais gravée dans les mémoires !
- La roche la plus solide s’érode, nous dit l’Histoire, 
Et le caillou jouant au dur se casse, même carré.

Quitte à y laisser des plumes, lui dit l’apprentie rémige,
Coursons-nous tantôt jusqu’au gros rocher, tu vois, tout là-bas.
- Allons, j’y serai sans peine et toi sans penne !…  Quel  prestige
À cela, poids-plume !… Bah, que m’importe si je te bats ! »
À l’heure dite, le jalet roule au but et, là, s’y brise
Quand la plumette volette et survole, au bon gré des brises,
L’objectif qui fut la pierre tombale du caillou.
« Quoi que tu fasses, fais-le avec légèreté et grâce
Quand les sots le font avec gravité pour laisser leur trace ! »
Dit celle à qui il voulait voler dans les plumes, voyou.

Sceau : Élisa Satgé, 2017

jeudi 10 décembre 2015

HAÏKU’KU LA PRALINE

Pour atteindre le tendre cœur de l’artichaut
il faut l’effeuiller patiemment, longuement,…
Pour la femme, c’est le contraire !

mercredi 9 décembre 2015

HAÏKU LURE

La délicatesse est une finesse du savoir-vivre,
Un trait d’esprit est dans la ligne droite des ratures faites à la bêtise. 

MON DOMAINE

Avant que la ville ne vienne ici
Ne grignote le fil de mois, des semaines,
Arbres et parterres qui s'émacient,

Je n'avais que l'horizon jusqu'ici
À mes fenêtres et nul énergumène
Pour bon voisin ni aucun beauf rassis.
C'était mon chez moi, mon parc, mon domaine,…

Des murs mats ont mangé mon œkoumène !

La nature était ma reine, en lacis,
En bosquets et fourrés à taille humaine,
Avant que la ville ne vienne ici.

Rues et façades sont décor assis.
Désormais, mes beaux jours elles mènent
Au tombeau sans qu'Espoir, parti aussi,
Ne grignote le fil des mois, des semaines.

Des Grues, de gros nuages gris s'amènent,

Les grognants moteurs, rognant mon glacis,
Chassent loin les chants d'oiseaux et malmènent
Arbres et parterres qui s'émacient.

La vie près de votre ville est ainsi :
Elle avale, curieux phénomène,
Tout ce qui est beau, éternelle scie
D'un monde prisonnier de vous. Ici,
C'était mon chez moi,…

mardi 8 décembre 2015

HAÏKU D'AÏCHA

Je préfère baguenauder sur « les chemins de la connaissance » que foncer sur « les autoroutes de l'information » !

lundi 7 décembre 2015

HAÏKU RAIE

Ce serait trop simple si les trous du cul et autres faux-culs avaient tous des faces de fesses et des bouches en culs-de-poule ?!

PAR HAINE DES HYÈNES

Petite fable affable

Soif de sang et faim de feu, les hyènes
Toujours aussi basses de front et de garrot,
Avec plus de ruses qu’un Cheyenne,
Décidèrent pour jouer les farauds,
De s’éclater un peu et de faire la bombe
À la ville pour éteindre le soir,
Y bannir la joie, y punir l’espoir,…
Et creuser, profond, à la jeunesse une tombe !

Fatiguées de crier dans le désert,
Ces charognardes venues semer la panique,
Lasses de prier un Dieu peu disert,
Ont bondé les morgues, saturé les cliniques.
Elles ont fait de la Terre un enfer
Où la peur rôde et où la terreur tout érode ;
Pendant que journaux et télés sur du vent brodent,
La fraternité est mise, elle, aux fers.
La bile devient vite des plus acides
Pour ceux qui ne veulent faire un choix
Entre le sacrifice et le vain suicide,
Ni mûrir à l’ombre de la croix.
Faudrait-il pour une bière brune,
Mourir dessous un croissant de lune ?

Le chef des Hommes, sans être un bourreau,
Joua les orateurs. Finie la gaudriole !
Contre la mauvaise foi de ces bestioles,
Il a pesté in petto, parlé haut :
Non à ces vandales avérés, à leur crime,…  !
Mais on bailla à son discours de Cour
Qu’il ne sut faire plus court qu’un cours.
Et on sécurisa tout comme on l’imagine…

Donc « l’état d’urgence » fut décrété ;
On est à deux doigts de « la loi martiale ».
Et chacun ayant peur d’être arrêté
Se fait passant fugace ou bien met les voiles,
Et puis vote, pour fuir l’effroi,
Non, pour le roi des rats mais, las, pour sa fille,
Encore plus teigne, quoi qu’en talons aiguilles.
Elle fit de l’exception, le droit
Du pays, la loi générale et normale
Sans avoir à rien modifier,
Poussant d’aucuns à une attitude animale.
Le législateur doit se méfier
De ce que fera, de ses choix, l’amoraliste
Aux ambitions ou aux mœurs caporalistes.

samedi 5 décembre 2015

HAÏKU’RSE CONTRE LA MONTRE

S’il est des temps qui « courent », le nôtre trébuche !

ÊTRE EXISTANT, CIEL !

À Nezahualcóyotl (1402-1472)

Son regard s’est usé sur un horizon clair 
Qui oublie encore les promesses de l’aube,
Et les espoirs de la brune, ces vapeurs d’air.
Ainsi, jour après jour, à ses doigts, se dérobe
La Vie qui creuse ses rides, marque sa chair,…
Laissant ses rêves, hélas, mourir dans leur aurore
Et ses espoirs crever, un à un, sous ses yeux 
Avant qu’un matin ils ne viennent à se clore,
Dans un crépuscule où ne dort plus aucun dieu.

Quand un homme s’éteint, tout un monde se meurt.
Et s’il nous est proche, alors c’est un peu du nôtre 
Qui chancelle sans bruit, vacille sans clameur.
On court seul les heures à grands coups de patenôtres :
Sans espoir de fruit se flétrissent tant de fleurs !
Elle s’étiole, la plume qui ne fane 
Pas et se brise l’or que le temps ne ternit 
Pas. Notre passage ici nous rend profane
Au bonheur que l’on réclame en nos litanies…
Illustration : Camille Lesterle, avril 2016

jeudi 3 décembre 2015

HAÏKU D'ŒIL DE TRAVERS

Tout d'vient chafouin à qui sait s’y prendre.

LE MILAN MALADE

Petite fable affable

Il fut des temps où, pour soigner maux et Mal,
Chez les hommes, tout comme chez l’animal,
On comptait plus sur le bon vouloir des saints
Que sur le vaste savoir des médecins :
Car si les seconds rendaient gras et bossu
Même un cimetière des plus ossus,
Les premiers, eux, parfois, vous guérissaient 
À leur bon gré par leur simple intercession…
Et s’il arrivait, las, que vous mouriez 
C’était ma foi avec leur bénédiction !
Ainsi notre monde tournait et pensait…
Mais je vois bien qu’à ces mots vous souriez :
Voici donc une histoire vraie, inventée
Pour vous, qui expliquera ça sans vanité :

Un vieux milan, roi des airs en sa contrée,
Refusant de vivre toujours en cloîtré,
Un bien méchant courant d’air attrapa
Faisant craindre à sa Cour un fort prompt trépas.
Appelé vite à son chevet, son docteur
Fait tout ce qu’il peut, comme tout prédateur,
C’est-à-dire très peu, non sans oublier,
Là, de se faire régler déplacement,
Frais et honoraires avant que de venir
Exercer son art, attitude à honnir !
En pestant contre le peu d’empressement
Que son malade mettait, sans brandiller,
À guérir, il décréta, tout en fatuité,
Qu’il est sot de mourir en bonne santé.

On appela des moines méprisant l’or
Qui pillèrent donc tout autant le Trésor,
Afin de confier au Dieu créateur
Amulettes, prières de sectateurs,
Mystique propitiatoire inconnue,
Sacrifice expiatoire méconnu, 
Offrandes rapaces et inutiles dons,
Alors que les bons pères se répandaient
En lamentations sur le règne d’un roi
Luxurieux et dépensier de surcroit.
Le peuple crut que le mal correspondait
À des crimes - inventés - mais sans pardon.
Ainsi le milan mourut, abandonné
Par tous ceux à qui il avait tout donné…

Si de cette histoire tu veux Vérité
À toi de la tirer. Mais fais-le bientôt,
Car à de tels vautours on est confronté,
Crois-moi, bien trop vite et, surtout, bien trop tôt !