D'après une œuvre de Camille Lesterle
Queue de gerboise, oreilles de lapin
Corps de souris, tels sont les soupins.
Animaux fantasques et fantastiques,
Ils peuplent mon imagination
Et vos soupentes, rongeurs drolatiques,
Chimériques par inattention,
Inclassables car énigmatiques.
Ici, nul que moi ne les voit,
Ni n’entend leur pas souple ou leur voix.
Quand la nuit et ses ombres voraces
Dévorent nos beaux jours et leur toit,
Ils viennent à hanter, en rapaces,
Nos parquets pour des jeux discourtois,
Honteux même et qui, tous les soirs, se passent.
Ces “invités” à leurs hôtes ingrats,
Pillent et dévorent, pour faire gras,
Tiroirs, tables et commodes, y happent
Et gobent ces clefs qu’on croit égarées
Et tous ces papiers qui ne se trouvent
Plus là où on les a posés, Madré !
Ces rêves oubliés qu’on ne retrouve
Jamais, ces perles qu’on pense perdues,
Ces idées envolées, aux limbes pendues,…
Tous ces trésors enfuis et ces choses
Enfouies Dieu sait-où, qui étaient
Là. J’en mettrais ma main au feu, Ma Rose !
L’important et le futile jetés
Pêle-mêle, hélas disparus sans cause.
La faute aux soupins, à leur appétit,
Qui, malgré leur taille, n’est pas petit.
Ils font l’enfer en pays de cocagne,
Nourrissent les disputes des amants,
Notre stress, nos retards, et ça sans cagne !…
Diables d’animaux, démons déments !…
Chut ! Ils vont sortir :… le sommeil me gagne !
Illustration : Camille Lesterle, novembre 2015
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