Cycle toulousain
Ah, ils ont enfourché leurs bicyclettes.
Le long du canal. Depuis la maison,
Douze kilomètres en trait d’arbalète.
C’est un beau dimanche et c’est la saison ;
Au bon air, au grand air, tous deux respirent :
Adieu veaux, vaches, cochons, couvées,… !
Si ces deux-là, en vrais frères, transpirent
Ce n’est pas pour aller se retrouver
Des copains, courir les bals ou les filles,…
Non c’est pour aller entendre des trilles !
Mis tôt tous les deux sur leur trente-et-un,
Ils s’en vont écouter au grand théâtre,
De l’opéra, oui, même si aucun
D’eux ne sait l’italien de ce bellâtre
Qui chantera le rôle du ténor
Ou bien l’allemand de la cantatrice,
Entendre une opérette prime abord
Plus gaie, aux trames simples, sans caprice.
Ces deux paysans aiment le bel canto
Et les “belles voix”, chantant fort et haut.
Ils connaissent bien tout le répertoire
Apprécient, comparent, en connaisseurs.
Le plus humble des Toulousains, dit l’Histoire,
Était alors un mélomane bisseur
Ou un critique siffleur et vipère.
Quoiqu’abonnés - humour ! - au poulailler,
Ces deux-là, mon grand-oncle et mon grand-père,
Comme ici chacun goûtait, aboyait
Selon le spectacle et les artistes,
Mieux que la plupart des “vrais spécialistes” !
Et puis, las, ils reprendront leurs vélos
Et retourneront à leurs habitudes,
Reprenant comme feraient des ballots
Le grand air, ou , sans nulle lassitude,
Fredonnant ceci et sifflant cela,
Tout heureux jusqu’à un prochain dimanche.
Cinquante ans plus tard, enfant, j’étais là
Pour les entendre, les mains sur les hanches,
Évoquer ces musiques et ce bon temps
Qui n’étaient, oc, plus d’époque pourtant…
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