Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 31 juillet 2018

ÇA CHANGE TOUT POUR l’HAÏKU

C’est fou comme l’on change en grandissant : les petites filles aiment les poupées et les petits garçons les soldats alors que les grands garçons aiment les poupées et les grandes filles les soldats !

COMME LA LUNE

Édito’ pour RueDesFables (mai 2018)


     Pour mon précédent édito’, RuedesFables a accolé mon texte à un superbe astre qui, quoique calendaire, est malheureusement, sous nos cieux, souvent synonyme de bêtise, de tristesse ou, pis, de désastre. J’en fus fort honoré car, l’un dans l’autre et l’autre dans l’une, urbi et orbite, je le proclame, la Lune est mon satellite préféré. Coloré tour à tour par l’aurore et le crépuscule, il est celui que je suis prêt, que vous me l’ayez demandé ou non, à décrocher sans avoir à le promettre alors que les apologues le boudent, n’en faisant au mieux qu’un objet ou un élément de décor. Si le chantre de Château-Thierry l’évoque dans le titre d’une fable méconnue (Un animal dans la lune, livre VII, fable 17), mon si estimable confrère, D. Allemand, qui erre lui aussi dans cette Rue que vous arpentez, en fait l’un des héros d’une de ses historiettes (Le Soleil et la Lune) ; L. Tolstoï soi-même, quant à lui, qui n’a pas dédaigné se faire fabuliste à ses heures, en fit l’objet de convoitise d’un volatile (Le canard et la lune) comme, jadis, notre bon Roman de Renart. Ce soleil diaphane de nos ténèbres glacées fascina pourtant J. Verne et son clair inspira L. Von Beethoven qui œuvrait lui aussi à la brune. Ah, s’il avait connu sa face* cachée, il eût été au septième ciel !

     Or donc, pleine, belle ou nouvelle, blonde, noire ou rousse, moi, nez au vent, je suis toujours, pauvre de moi, dans la lune et m’y complais. Ne me demandez pas de qui, je hais la délation. Mais sachez qu’elle a un de ces corps, Céleste !… Non, je n’en dirai pas plus de peur de coucher, comme un chevalier de la lune, à l’enseigne de celle-ci pour avoir divulgué son nom. Car, elle fait, la mâtine dès matin, de son époux fort marri un des plus beaux confrères de la lune qui soit ici-bas. Aussi faut-il rendre grâce à cette nymphe ténébreuse et chaude, toute à la fois Séléné, Hécate et Artémis - Diane pour les intimes - , penchée au chevet de notre planète bleue, du lundi au lundi.
     Face de lune à lunettes, diaphane et rond comme elle, j’ai souvent l’air d’en tomber quand d’autres, de mon noble quartier ou pas, cons comme la lune, aboient à ce point posé nuitamment sur le « î » de nos clochers comme disait A. de Musset, musant en agreste noctambule. Non ne me jetez pas la pierre - de lune - même si vous êtes, le séant céans, mal luné. Je vous fais, certes, hors tout plan tiré sur la comète, prendre la lune avec les dents dès que vous me lisez, mais est-ce une raison raisonnable ? Surtout qu’elle n’a rien à craindre des loups soient-ils adeptes du coup de pied à son endroit, envers d’aucunes. De grâce, ne franchissez pas ce pas-là - petit pour l’homme mais grand pour l’Humanité - même si On a marché sur la Lune depuis Hergé et que, dès lors, elle a quelque peu perdu de son charme à défaut de son lustre (cinq ans, comme bien on le sait).
Alors, en cette lune d’avril**, oubliez la lueur de vos vieilles lunes que vous ressassez depuis des lunes sans obtenir guère plus de clarté en votre jugeote et vos jugements et, comme C. de Bergerac ou G. Méliés, je vous invite, entre cratères et Mer de la Tranquillité, à un bref voyage imaginaire et loufoque dans la Lune. Mais ne tardez pas, celle-ci peut échapper car elle peut avoir rendez-vous, parfois, avec le Soleil selon ce bon félibre de Ch. Trenet… pour vivre une lune de miel, sous les étoiles sans doute. Dans ce cas-là on fait voir la douce lune, cet œil blafard de cieux aussi borgnes que sombres, en plein midi sans pour autant garder la lune, énigmatique et sage, des chiens ou des loups, elle qui brille de l’obscurité la plus noire à l’aube la plus grise, cette « la lune (qui) a verdi le bleu de la montagne » et ses « forêts taciturnes » sous « les ailes nocturnes » comme le chantait Renée Vivien. Et roule ma boule, dorée à l’extrême !

     Que vous soyez dans une bonne ou une mauvaise lune, en chapeau de lune bon Monsieur ou jolie Madame à souffrir les affres de votre lunaison, Pierrot lunaire, parfois lunatique, je vous abandonne ici dans vos pénombres à peine illunées pour faire plaisir à P. Verlaine. Une demie lune, affadie et morne, mellifluente aux dires de G. Apollinaire, vient à couronner ma nuit de folle déraison même si je n’en suis pas encore à faire révérence à la lune qui s’achève auprès d’un café posé après un croissant qui ne doit rien à la livide Phébé ou à ses blêmes halos, aura anémiée des augures les moins ternes. Car à force de faire des phrases pour saluer ses phases ou d’évoquer par mes ellipses ses éclipses, je météore sur son labeur des Charentes pour ne pas terminer trop tard ce qui doit être un édito’, alors qu’une voix d’antan fredonne à mon oreille lasse un vieux refrain, : 
« La lune trop blême pose un diadème sur tes cheveux roux.
La lune trop rousse, de gloire éclabousse ton jupon plein d’trous.
La lune trop pâle caresse l'opale de tes yeux blasés,
Princess' de la rue, sois la bienvenue dans mon coeur blessé. »

Fabuleusement vôtre…

* à prononcer, s.v.p., à l’anglaise !
** Oui, je sais on est en mai… mais ne dit-on pas : « En mai, fais ce qu'il te plaît  ! »

lundi 30 juillet 2018

dimanche 29 juillet 2018

HAÏKU DE JAUNE

Un mec plein n’a jamais peur du vide !

SAGESSE AFRICAINE

Petite fable affable

En Afrique du Sud, au pays des Xhosa,
Un anthropologue étudie cette tribu,
Plus déconnue que ne l’est le babiroussa.
Notre bon savant, de sa sapience imbu,
Propose un jeu à tous les enfants du village :
Il a mis un panier de beaux fruits au pied
 D’un grand arbre. Le premier arrivé, quelque âge
Qu’il ait, pourra seul en jouir sans rien expier.

Au signal donné, jà, tous les marmots s’élancent
En se donnant la main puis, ensemble, s’assoient
Autour du but pour goûter, bonheur sans balance,
Leur récompense non gardée par devers soi.
Quand le chercheur demande le quoi et le qu’est-ce
De pareille attitude, un jeune lui répond :
« Il n’y a là excentricité ni prouesse,
Nous formons entre nous même un seul et même pont :
Ubuntu* !… Comment l’un d’entre nous, l’Empiriste,
Peut-il être heureux si tous les autres sont tristes ! »

* « Je suis parce que nous sommes ! » en langue xhosa.

samedi 28 juillet 2018

HAÏKU VETTE

Lu dans un petit coin :
          « Pisse heureux, pisse content
             mais pisse dedans ! »

vendredi 27 juillet 2018

HAÏKU VRAI

Il paraît qu’ici-bas « on n’a rien sans rien » alors qu’ « on n’est rien sans rien » !

QUATRAINS

Entre ciels gris
Et ciels de pluie, ma chère,
Qui rendent aigris
Je mélancolise en chaire.

De gifles de vent
En claques d’éclair qui tonnent
Mon cœur, trop souvent,
S’y éteint, soleil d’automne.

Aux jours toujours verts
Dans un temps fait manège,
J’ai l’âme en hiver
Et mon esprit, jà, s’enneige.

Las, puis-je tenir
Encore en laisse les heures
Pour me conquérir
Un avenir sans nul leurre ?

jeudi 26 juillet 2018

HAÏKU RAGEUX

Il paraît qu'il est des efforts payants… je les préférais quand c’étaient des gestes gratuits !

mercredi 25 juillet 2018

HAÏKU DE DEALS

Police & Gendarmerie se piquent d'avoir les drogués dans le nez… ça ne les aide pas à tirer un trait sur leur trafic !

LA MARMITE & LA SOUPIÈRE

Petite fable affable
D’après La marmite de terre et la soupière d’argent
 de Charles Porphyre Alexandre Desains
 « Sic vos non vobis » (Virgile)

Mijotant et mitonnant le quotidien
Frichti, une marmite de terre au feu mise,
Se dit : « C’est dimanche, le jour des chemises
Blanches et d’un faste modeste gardien
De la tradition dans cette humble chaumine
Où je cuisine, sans art, le pot et le rôt 
Chaque autre jour que Dieu fait, qui file ou chemine.
Il faut donc que je m’applique avec les poireaux
Les carottes, les patates,… et, pis, la viande.
Ne pas trop bouillir et ne point trop rissoler :
Ma fricassée se doit d’être des plus friandes,
Je dois la fricoter mieux que cassolets ! »

Prenant le plus grand soin à être délectable
Et le temps d’être ragoûtant et savoureux
Afin d’honorer la dominicale table,
La marmite songe déjà aux regards heureux,
Aux lippes gourmandes, de saveurs délicates
Se parfumant, de goûts succulents se parant
Et, pour être inoubliable, joue de l’aromate,
Travaille son moelleux autant que son piquant.
Jamais cocotte, ma foi, ne fut plus habile
À plaire, ne fit tant de labeur ni ne mit 
Tant de cœur à son ouvrage ayant grande bile
À l’échec : il faut tenir ce qui est promis !

À l’heure du repas, savourant déjà le silence
Du dîneur qui vaut le plus beau des compliments,
Voilà qu’on place son œuvre, sa succulence, 
Dans la soupière de faïence dormant
Au dressoir tous les jours de la sainte semaine
Et qu’on la remise, hélas, sans plus de procès,
 À l’évier comme tous ces énergumènes
D’ustensiles ou la vaisselle qu’on va brosser.
Ainsi tout le mérite de la vielle marmite
Passa, pour les hôtes venus ce jour ruper,
À ce beau plat de service désoccupé
À qui on fit honneur… et pas en chattemite.

Même si l’habit ne fait le moine ici-bas,
On vaut toujours moins que sa vêture, Papa !

mardi 24 juillet 2018

HAÏKU MON EAU

Les marmots, chameaux, font souvent des mots des grumeaux, quand les auteurs de ces rameaux, grimauds, en usent comme de certains plumeaux !

lundi 23 juillet 2018

HAÏKU DE TROP

Il serait malséant que je visse plus longtemps votre séant, céans !

LE VIEUX COUVENT

Ruines de pierres ternies et jaunies,
L’abbaye se survit, rongée par le lierre
Et mitée de buissons sans cérémonie.
Les ronces dévorent les jadis si fières
Colonnes, piliers d’un foi en allée.
Cette forêt assassine et pénétrante,
Soulève un sol hier si bien dallé.
Les vertes tonalités envahissantes
Dominent désormais des murs effondrés,
Un clocher mis à bas qui, encore, pleure
La perte d’un bourdon de mousse saupoudré,
Mais aussi, et ce n’est pas las un leurre,
L’oubli des Hommes comme le fil du temps
Qui l’ont mis à mal il y a si longtemps.

Sous les arcs abattus, des statues étouffent
Dans leur carcan de nature, décapitées,
Noyées de ces arbres pélerinant en touffes.
Ici, des gisants aux formes dépitées ;
Là, un reste de vitrail que la pluie délave
La procession des lianes venues
S’incliner - et pour prier ? - sur un conclave
De bas-reliefs effacés, roc mis à nu,
Érodé, au pied de croix agenouillées,
Dans la lumière cendrée de cette aube 
Blessée, dans cet écrin discret et mouillé,
Derrière l’écran d’un bois qui les dérobe.
L’oubli des Hommes comme le fil du temps
Les ont mis à mal il y a si longtemps.

Ailleurs, on devine un cloître éventré,
À quelques esquisses feuillues d’ogives
Écartelées sur lesquelles cherchant ventrée,
À gueule bec, des corbeaux, en récidive,
Ricanent  à voir si les rares âmes perdues
Venues ouïr les défunts. En piteux restes,
De vaines prières, en écho pendues
Au Ciel si loin de ce sanctuaire agreste,
S’accrochent aux bois, vouées à l’Eternel.
Il règne partout une paix reposante
Un accord resté malgré tout fraternel
Entre Dieu et Création agonisante,
L’oubli des Hommes comme le fil du temps
Mettant ce lieu à mal depuis si longtemps.

samedi 21 juillet 2018

HAÏKU AH !

Pourquoi, lorsqu’on vous demande votre profil sur les réseaux sociaux, se croit-on obligé d’y coller une photo de sa face ?

LE SERPENTAIRE VEXÉ

Petite fable affable

Que l’on veuille excuser ce petit prologue,
Mais avant que mon encre ne soit déplumée,
Je tiens à vou conter un apologue
Que la divine Afrique aurait parfumé…

Un serpentaire était fier du massacre
Qu’il faisait de tous les reptiles rampants
Et des autres bestioles pouacres,
Crête haute, droit sur ses pattes et œil fat
Il hantait les marigots de la Savane,
Se prenait, las, par devers soi pour l’alpha
Et l’omega de la longue caravane
Des fauves et rapaces trompe-la-mort,
Mais lui, en sus, étant, à tous, fort utile.
La vanité chez les bêtes est tant futile…

Or, une cigogne ayant fort voyagé
Sous ces cieux azuréens, et sous d’autres,
Lui assura, sans sa fierté ménager,
Que la mangouste dévorait, l’un dans l’autre,
Deux serpents quand notre oiseau, las, n’en tuait
Qu’un. Jaleux comme pas deux, ce sagittaire,
Fut piqué : il affirma s’habituer
À tripler, tant tôt, le tribut qu’à la Terre
Désormais il arracherait. Ah, non mais !
« Ce saltarin va en rabattre son plumet ! »

Hélas, à courir trop vite l’ophidien
Il fut mordu par un de ces sournois, vipère
Plus prompte ce jour-là qu’en son quotidien,
Et l’oiseau mourut à se vouloir plus prospère
Que Dame Nature le voulait en ce monde.
Depuis, aux enfants des hautes herbes on dit
Cette histoire, avec plus ou moins de faconde,
Avec toujours la même vérité pardi :
« Si, ailleurs, quelque talent brille chez d’autres
Sache que ce n’est pas aux dépens du nôtre ! »

jeudi 19 juillet 2018

HAÏKU ART

La simplicité ne sied pas qu’aux simplets ni l’humilité aux seul prénommés Modeste !

QUAND…

Quand j’aurai la mémoire à l’automne
Et mon coeur en hiver, tout atone,
Quand mon âge ne sera qu’exil
Pour de vains jours sans yeux ni cils
Quand hier me sera labyrinthe
Tout en impasses noires, restreintes
À la minuit de ma poésie
Je poserai ma plume - Hérésie ! -
Ayant jà plus tenu que promis,
Ou dû, à mes derniers amis…

Quand le sillon marqué de mes rides
Sera ma ligne de vie, aride,
Quand le labour des ans sur mes mains
S’écrira comme en un parchemin,
Quand j’aurai la peau tannée, ma mère,
Les membres durcis, la langue amère,
Mes mots ne seront plus frénésie,
À la minuit de ma poésie,
Ayant offert roses de toujours
À mon si bel et unique amour…

Quand ma vie qui ne fut, las, qu’un conte
En sera à l’ultime décompte,
Quand tous les sens du vain mot « demain »
M’auront rendu modeste et humain,
Quand le vent ne frisera plus l’onde
Mais froidira les bords de ce monde,
Jetant l’encre pour ne plus voguer,
Mes mots étant tous éteints, j’irai,
L’âme au calme, enfin dialoguer
Avec mes Frères, bon grain, ivraie…

Quand je serai un flambeau qui fume
Sans éclairer l’avenir posthume,
Quand mon ciel donnera aux murs
- Jours sans fin et nuits sans fond - sûr,
Je serai le miroir de vous-mêmes,
Moi qui ma différence au vent sème.
Il me faudra graisser le poignet 
Au portier des gueules de l’Enfer 
Ou du guichetier, bien moins niais,
D’un paradis aux portes de fer.

mercredi 18 juillet 2018

HAÏKU’BI TES N’AIRS

Rosé du matin dissipe les chagrins,
Blanc de midi aiguise l’appétit
Rouge du soir abrège les bonsoirs.

mardi 17 juillet 2018

HAÏKU’R SUPPLÉMENTAIRE

Faut-il toujours que le professeur professe pour que s’élève l’élève ?

L’IDIOT DU VILLAGE

Petite fable affable

Un métayer de mon village,
Bon homme, sans fard et sans âge,
Passait pour un sottard - grand dol ! -
Car d’aucuns, las, le cuidaient fol
Pour ce qu’il était sourire
Souvent, et parfois même rire
Alors qu’il était de bon ton 
D’affecter l’air d’être un maton,
Partout, en toute circonstance,
Car la joie, vice, ici on tance,
Et, pas à moitié ni au quart.
On le tenait fort à l’écart
Comme un pesteux. Sotte attitude
Des moutonnières multitudes,
Pieux troupeaux processionnant 
Autant de fois qu’il lui faut l’an
Pour se prémunir, tout ensemble, 
Des fléaux ou de ce qu’il semble.
Résonnant prou, raisonnant peu
Chacun fait ainsi ce qu’il peut.

Non content de sa marginale
Situation, par martingale,
On s’en tenait tout aussi loin
Comme s’il gâtait le foin
Menait le bétail à révolte
Ou, pis, pourrissait les récoltes.
Essaim bruissant et bourdonnant, 
Le bourg était fort peu donnant,
A sa vue faisant grand tumulte
Mais croyant ses absences occultes.

Le prêcheur et tous les siens,
Braves gens, bons paroissiens,
En appellent à un sage et docte
- Bègue et bigleux pour l’anecdote ! -
Qui déclara le paria
« Lunaire » et d’Ave Maria
En Pater Noster en fit, crotte !,
Du lieu divine mascotte.
Et voilà notre écarté
Recherché. Mieux : Souhaité.
Ce, avec non moins de sourires
Et, ma foi, tout autant de rires.
Si un âne avec un bonnet 
De docteur reste un âne, il n’est
De foule qui change plus vite
D’avis que celle qu’on invite
À célébrer la sainteté
D’un être qu’elle a condamné 
Naguère. Ainsi va notre monde
Et vont ceux assurant sa ronde !

lundi 16 juillet 2018

HAÏKU IVRE

Ce qui lasse et pompe l’Afrique c’est qu’on en fasse une pompe à fric !

HAÏKU LOIR

Pourquoi vouloir à tout pris taper la causette ?… 
La pauvre fille n’a pas assez souffert comme cela ?!
Signé V. H.

dimanche 15 juillet 2018

HAÏKU MANDE

Il est des gens qu’on m’a recommandés qui n’étaient pourtant guère recommandables comme, par moments, je me souviens, hélas, d’instants peu mémorables.

MON PÈRE

Cycle toulousain
D’après Grand-Père de Georges Moustaki

C'est pour toi que j’écris, mon père, c'est pour toi.
Tous les autres me lisent, mais toi, tu m’comprends
On est si différents que parfois on s’méprend
Mais au-delà d’un nom, moi je suis un peu toi.

Natif d’Occitanie et fils du Capitole,
Héritier d’une langue que tu ne savais pas,
Je suis de ce pays, j’y fis mes premiers pas,
Un enfant de labours qui parfois se trantole,
Mêlant le Français à des mots qui sont les nôtres
Qui nous font, l’accent chantant en prime, un parler
Qui nous est famille et lien pour nous rassembler
Par delà ta vie qu’ont scellée des patenôtres.

C'est pour toi que j’écris, mon père, c'est pour toi,
Que coule mon encre qui noircit la feuille blanche
Pour réveiller un peu mes souvenirs qui flanchent.
C'est tout ce que je peux faire ici pour toi.

Maître en ton métier, expert en jardinage ;
Comme toi, j’ai vécu à me lever fort tôt
Sans jamais remettre le travail à bientôt,
Même à ce bel âge où on songe au badinage
Comme toi, à l’Ami et à l’Amour fidèle
J’ai appris de tous ceux que j’ai rencontrés,
Jamais rassasié, jamais lassé, ni prêt
À tirer un vain trait,… Tu restes mon modèle.

C'est pour toi que j’écris, mon père, c'est pour toi.
Pour permettre au présent de naître du passé, 
Toi qu’études et livres ont toujours tant lassé,
Car j’écris des poèmes que tu ne liras pas
Sur tous ceux qui m’entourent et sur toi qui m’attends,
Mêm’ sur ce qui est loin dans l’espace et le temps,
D’ici à mon partir, je veux suivre tes pas…

samedi 14 juillet 2018

HAÏKU MEUX

Débarrasse ta vie de l’écume des choses et tu trouveras soit le bouillon qui nourrit ton corps, soit la mer qui nourrit tes rêves…

vendredi 13 juillet 2018

HAÏKU RAGE

Comme plaît plus cirage que curage
Et que virage sauve du tirage,
Sous l’orage ou l’outrage
Moins vaut rage que courage !

C’EST PAS CHOUETTE !

Petite fable affable

Une chevêche fort revêche maudit sans cesse
 La si grande société des bêtes des bois,
De tant bonnes gens prêtes, et ce sans nulle paresse,
À larronner et à détrousser l’être aux abois,
Voire, à la toute fin mais sans faim, à l’0ccire.
« Ce monde ne serait que boue et bren, Mon Bon Sire,
Pour vous dire tout le vrai dans sa natureté,
Il n’y a pas là de chats fourrés à fouetter. »

Elle avait inculqué à tous ses petits cette haine
Des frelons félons comme des blaireaux
Des terreaux en passant, bien sûr, par l’arachnéenne
Bestiole et tous les oiseaux tant fiérots
Au point que l’un d’eux voulait faire rendre gorge
À tous les nuisibles mangeurs de chair ou d’orge
Sis près de l’antre maternel et aux alentours,
Fût-il jupon et cotillon, ou crête et atours…

La mère comprit qu’à tant dépriser cette engeance
Bestiale, elle le mènerait, las, vite au trépas.
Et à son vain mépris, pour éviter toute vengeance
Du destin, elle ajoute à tous ses édifiants
Cours : « Courage n’est pas témérité, mais science
Mêlant méfiance, prudence et patience ! »

mercredi 11 juillet 2018

mardi 10 juillet 2018

lundi 9 juillet 2018

HAÏKU RAGE

Étant jeune et donc prétentieux, à tout ce qu’on m’opinait je disais : « Je sais ! »
Ayant blanchi, resté ambitieux, à tout ce qu’on me dit je réponds : « J’essaie ! »

LE BON SAMARITAIN

Petite fable affable

En ne disant ni mot ni miette,
Un fort bon samaritain faisait
Du bien chez qui la vie s’émiette,
À qui, fourbu, va à creuset,
Et revient, moulu, sans peine
À se donner le lendemain,
Viré de l’arrière scène
Faute d’un vrai rôle à sa main.

On l’en louait partout en sa ville
Surtout que l’on plaint tous ces gars
Contraints de gîter, là, serviles,
Dans les trous d’ombre des rues, dégât
D’une société, las, sans âme
Ni cœur et qui, pis, finiront
Par gésir sans pain, toit ni femme
Sous le linceul de la nuit, ronds.

Sur son trottoir, notre bon homme 
Installe, pour les mieux aider,
Ces déshérités, miséreux comme
Le devient qui a cédé,
Un matin, à Dame Malchance.
Vinrent rebuffades et hauts cris
Chez ces « Amis de la Souffrance »
Qui, hier, lui donnaient grand prix.

Les gens de bien sont, en ce monde,
Au premier rang pour dénoncer
Et au dernier quand l’immonde
On ne veut plus cacher assez…

dimanche 8 juillet 2018

HAÏKU’YER

Aimant hier pour séduire les faux-cils, les filles, aujourd’hui, aiment à séduire les fossiles.

samedi 7 juillet 2018

HAÏKU REUIL

Paradoxalement, quand il me pleut des compliments, mon taux d’humilité s’abaisse fortement.

D'ELLE

Cycle pyrénéen

Au printemps plus fidèle
Que Dames Hirondelles
Revient l’asphodèle,
Hissée à la cordelle,
Prisant la citadelle
Des vaines saladelles
Que le zéphyr modèle.

Finis les temps des gadelles
Mises à la batardelle,
Ventrée de fricadelles,
Parfum de mortadelle, 
Saucisson en rondelles
Et vins de muscadelle
Le soir à la chandelle…

Quand ressort l’haridelle,
Le charrois à ridelles,
Par labours et pradelles,
Quand court la cicindèle,
Se dresse l’asphodèle
La fleur de tante Adèle,
Ancienne bordelle
Et muse de Bourdelle…

jeudi 5 juillet 2018

HAÏKU SONNÉ

Je ne sais que penser de ce - et ceux - qui donne(nt) trop à penser.

L’HIPPOPOTAME GÉNÉREUX

Petite fable affable

Musant prou et labourant peu
Un pachyderme espérait vivre
Très vieux et, mieux, libre,
Acagnardé, bon adipeux,
En son pieu, une rivière
Aux eaux claires et grenouillères.

On l’aimait bien ce gros lard,
Quoiqu’il fût un hippopotame,
Animal sans âme ni fame
Et cruel comme un épaulard.
Or lui n’était que gentillesse,
Services offerts et largesses.

Les bêtes, dans son p’tit coin,
L’aimaient, lui et son sourire,
Il était toujours prêt à écrire
Une page avec les babouins,
Les fauves et les crocodiles
Des rives comme des îles.

L’amitié avait un prix
Pour cet être fort estimable :
Sans quelque contre-don aimable 
Il ne faisait mie, ayant compris,
Une paternelle sagesse
Qu’il suivrait jusqu’en vieillesse :

« Vas, fais tout gracieusement
Mais jamais gratuitement ! »

mardi 3 juillet 2018

HAÏKU RAGE

C’est dans le miel que passe le mieux le fiel…

TUMULTE MARIN

A la Taverne du roi René,
Du matin au soir, Leroy renaît.
Le ventre ancré à sa bonne table,
Ce marin ne prendra plus l’eau.
Ne jugeant nul convive acceptable,
L’âme en brumes et la voix au galop,
Il cause au mur blanc tout à son aise.
Là, le cul amarré sur sa chaise, 
Il raconte anses, havres et ports
Une vie d’horizons, de sel, de glaces,…
Dont vue d’homme jamais ne se lasse,
D’une voix morne ou toute en transport.

A la Taverne du roi René,
Entre creux et crêts, Leroy renaît.
Loin des tempêtes et des bonaces,
Ses hiers seuls font voile, cinglant
Vite vers un néant tout en nasses,
Sous des néons d’un blanc aveuglant.
Il boit donc à l’envi au naufrage
De sa vie qui tourne au sabordage. 
Face aux falaises du mal amer, 
Cet estaminet sans chaleur accueille
Ses souvenirs qui trop écueillent,
 Son malaise de n’être plus en mer,…

A la Taverne du roi René,
Échoué mais vif, Leroy renaît.
Évoquant les craquements de coque,
Il boit à ces femmes qu’il a eues,
Gîtant babord-tribord, l’air cinoque,
Trinque aux amours qu’il n’a pas connues.
Car, rescapée de tout, sa mémoire
Fait eau de partout et cette armoire,
L’œil hélas las mais jamais vaincu,
Dit à qui le jauge en bon apôtre :
« Compar’ pas ta vie à cell’ des autres,
T’as pas idée de c’qu’ils ont vécu… ! »