Édito’ pour RueDesFables (mai 2018)
Pour mon précédent édito’, RuedesFables a accolé mon texte à un superbe astre qui, quoique calendaire, est malheureusement, sous nos cieux, souvent synonyme de bêtise, de tristesse ou, pis, de désastre. J’en fus fort honoré car, l’un dans l’autre et l’autre dans l’une, urbi et orbite, je le proclame, la Lune est mon satellite préféré. Coloré tour à tour par l’aurore et le crépuscule, il est celui que je suis prêt, que vous me l’ayez demandé ou non, à décrocher sans avoir à le promettre alors que les apologues le boudent, n’en faisant au mieux qu’un objet ou un élément de décor. Si le chantre de Château-Thierry l’évoque dans le titre d’une fable méconnue (Un animal dans la lune, livre VII, fable 17), mon si estimable confrère, D. Allemand, qui erre lui aussi dans cette Rue que vous arpentez, en fait l’un des héros d’une de ses historiettes (Le Soleil et la Lune) ; L. Tolstoï soi-même, quant à lui, qui n’a pas dédaigné se faire fabuliste à ses heures, en fit l’objet de convoitise d’un volatile (Le canard et la lune) comme, jadis, notre bon Roman de Renart. Ce soleil diaphane de nos ténèbres glacées fascina pourtant J. Verne et son clair inspira L. Von Beethoven qui œuvrait lui aussi à la brune. Ah, s’il avait connu sa face* cachée, il eût été au septième ciel !
Or donc, pleine, belle ou nouvelle, blonde, noire ou rousse, moi, nez au vent, je suis toujours, pauvre de moi, dans la lune et m’y complais. Ne me demandez pas de qui, je hais la délation. Mais sachez qu’elle a un de ces corps, Céleste !… Non, je n’en dirai pas plus de peur de coucher, comme un chevalier de la lune, à l’enseigne de celle-ci pour avoir divulgué son nom. Car, elle fait, la mâtine dès matin, de son époux fort marri un des plus beaux confrères de la lune qui soit ici-bas. Aussi faut-il rendre grâce à cette nymphe ténébreuse et chaude, toute à la fois Séléné, Hécate et Artémis - Diane pour les intimes - , penchée au chevet de notre planète bleue, du lundi au lundi.
Face de lune à lunettes, diaphane et rond comme elle, j’ai souvent l’air d’en tomber quand d’autres, de mon noble quartier ou pas, cons comme la lune, aboient à ce point posé nuitamment sur le « î » de nos clochers comme disait A. de Musset, musant en agreste noctambule. Non ne me jetez pas la pierre - de lune - même si vous êtes, le séant céans, mal luné. Je vous fais, certes, hors tout plan tiré sur la comète, prendre la lune avec les dents dès que vous me lisez, mais est-ce une raison raisonnable ? Surtout qu’elle n’a rien à craindre des loups soient-ils adeptes du coup de pied à son endroit, envers d’aucunes. De grâce, ne franchissez pas ce pas-là - petit pour l’homme mais grand pour l’Humanité - même si On a marché sur la Lune depuis Hergé et que, dès lors, elle a quelque peu perdu de son charme à défaut de son lustre (cinq ans, comme bien on le sait).
Alors, en cette lune d’avril**, oubliez la lueur de vos vieilles lunes que vous ressassez depuis des lunes sans obtenir guère plus de clarté en votre jugeote et vos jugements et, comme C. de Bergerac ou G. Méliés, je vous invite, entre cratères et Mer de la Tranquillité, à un bref voyage imaginaire et loufoque dans la Lune. Mais ne tardez pas, celle-ci peut échapper car elle peut avoir rendez-vous, parfois, avec le Soleil selon ce bon félibre de Ch. Trenet… pour vivre une lune de miel, sous les étoiles sans doute. Dans ce cas-là on fait voir la douce lune, cet œil blafard de cieux aussi borgnes que sombres, en plein midi sans pour autant garder la lune, énigmatique et sage, des chiens ou des loups, elle qui brille de l’obscurité la plus noire à l’aube la plus grise, cette « la lune (qui) a verdi le bleu de la montagne » et ses « forêts taciturnes » sous « les ailes nocturnes » comme le chantait Renée Vivien. Et roule ma boule, dorée à l’extrême !
Que vous soyez dans une bonne ou une mauvaise lune, en chapeau de lune bon Monsieur ou jolie Madame à souffrir les affres de votre lunaison, Pierrot lunaire, parfois lunatique, je vous abandonne ici dans vos pénombres à peine illunées pour faire plaisir à P. Verlaine. Une demie lune, affadie et morne, mellifluente aux dires de G. Apollinaire, vient à couronner ma nuit de folle déraison même si je n’en suis pas encore à faire révérence à la lune qui s’achève auprès d’un café posé après un croissant qui ne doit rien à la livide Phébé ou à ses blêmes halos, aura anémiée des augures les moins ternes. Car à force de faire des phrases pour saluer ses phases ou d’évoquer par mes ellipses ses éclipses, je météore sur son labeur des Charentes pour ne pas terminer trop tard ce qui doit être un édito’, alors qu’une voix d’antan fredonne à mon oreille lasse un vieux refrain, :
« La lune trop blême pose un diadème sur tes cheveux roux.
La lune trop rousse, de gloire éclabousse ton jupon plein d’trous.
La lune trop pâle caresse l'opale de tes yeux blasés,
Princess' de la rue, sois la bienvenue dans mon coeur blessé. »
Fabuleusement vôtre…
* à prononcer, s.v.p., à l’anglaise !
** Oui, je sais on est en mai… mais ne dit-on pas : « En mai, fais ce qu'il te plaît ! »
Or donc, pleine, belle ou nouvelle, blonde, noire ou rousse, moi, nez au vent, je suis toujours, pauvre de moi, dans la lune et m’y complais. Ne me demandez pas de qui, je hais la délation. Mais sachez qu’elle a un de ces corps, Céleste !… Non, je n’en dirai pas plus de peur de coucher, comme un chevalier de la lune, à l’enseigne de celle-ci pour avoir divulgué son nom. Car, elle fait, la mâtine dès matin, de son époux fort marri un des plus beaux confrères de la lune qui soit ici-bas. Aussi faut-il rendre grâce à cette nymphe ténébreuse et chaude, toute à la fois Séléné, Hécate et Artémis - Diane pour les intimes - , penchée au chevet de notre planète bleue, du lundi au lundi.
Face de lune à lunettes, diaphane et rond comme elle, j’ai souvent l’air d’en tomber quand d’autres, de mon noble quartier ou pas, cons comme la lune, aboient à ce point posé nuitamment sur le « î » de nos clochers comme disait A. de Musset, musant en agreste noctambule. Non ne me jetez pas la pierre - de lune - même si vous êtes, le séant céans, mal luné. Je vous fais, certes, hors tout plan tiré sur la comète, prendre la lune avec les dents dès que vous me lisez, mais est-ce une raison raisonnable ? Surtout qu’elle n’a rien à craindre des loups soient-ils adeptes du coup de pied à son endroit, envers d’aucunes. De grâce, ne franchissez pas ce pas-là - petit pour l’homme mais grand pour l’Humanité - même si On a marché sur la Lune depuis Hergé et que, dès lors, elle a quelque peu perdu de son charme à défaut de son lustre (cinq ans, comme bien on le sait).
Alors, en cette lune d’avril**, oubliez la lueur de vos vieilles lunes que vous ressassez depuis des lunes sans obtenir guère plus de clarté en votre jugeote et vos jugements et, comme C. de Bergerac ou G. Méliés, je vous invite, entre cratères et Mer de la Tranquillité, à un bref voyage imaginaire et loufoque dans la Lune. Mais ne tardez pas, celle-ci peut échapper car elle peut avoir rendez-vous, parfois, avec le Soleil selon ce bon félibre de Ch. Trenet… pour vivre une lune de miel, sous les étoiles sans doute. Dans ce cas-là on fait voir la douce lune, cet œil blafard de cieux aussi borgnes que sombres, en plein midi sans pour autant garder la lune, énigmatique et sage, des chiens ou des loups, elle qui brille de l’obscurité la plus noire à l’aube la plus grise, cette « la lune (qui) a verdi le bleu de la montagne » et ses « forêts taciturnes » sous « les ailes nocturnes » comme le chantait Renée Vivien. Et roule ma boule, dorée à l’extrême !
Que vous soyez dans une bonne ou une mauvaise lune, en chapeau de lune bon Monsieur ou jolie Madame à souffrir les affres de votre lunaison, Pierrot lunaire, parfois lunatique, je vous abandonne ici dans vos pénombres à peine illunées pour faire plaisir à P. Verlaine. Une demie lune, affadie et morne, mellifluente aux dires de G. Apollinaire, vient à couronner ma nuit de folle déraison même si je n’en suis pas encore à faire révérence à la lune qui s’achève auprès d’un café posé après un croissant qui ne doit rien à la livide Phébé ou à ses blêmes halos, aura anémiée des augures les moins ternes. Car à force de faire des phrases pour saluer ses phases ou d’évoquer par mes ellipses ses éclipses, je météore sur son labeur des Charentes pour ne pas terminer trop tard ce qui doit être un édito’, alors qu’une voix d’antan fredonne à mon oreille lasse un vieux refrain, :
« La lune trop blême pose un diadème sur tes cheveux roux.
La lune trop rousse, de gloire éclabousse ton jupon plein d’trous.
La lune trop pâle caresse l'opale de tes yeux blasés,
Princess' de la rue, sois la bienvenue dans mon coeur blessé. »
Fabuleusement vôtre…
* à prononcer, s.v.p., à l’anglaise !
** Oui, je sais on est en mai… mais ne dit-on pas : « En mai, fais ce qu'il te plaît ! »
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