Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 31 janvier 2016

HAÏKU D’ÉPERON

Si l’âne est têtu, l’Angle est obtus !

UN CHAT BON À ÉVINCER ?

Petite fable affable d’après une phrase de François Mauriac

Mêlant au repos lasse majesté,
Un vieux matou aigri et malade
Faisait sa sieste dans la salade.
Bien décidés à le molester,
Leur tête ayant fait un bon plein de vide,
Deux beaux chatons surgirent, fort avides
De lui ravir la place où il restait,
L’ouïr pester, se faire détester
En bref, se jouer de ce gras-du-bide
Partout placide, toujours impavide.

Pour lui prendre biens, place et domaine,
Ce sont vétilles et billevesées.
Tout orgueil, ils ne cachent leurs visées
Qu’à leur ombre, hélas, tant ils se démènent :
Complots, calomnie, tours fourbes, ton faux,…
 On ne saurait avoir trop de défauts !
Bonhomme passant pour énergumène,
L’Ancien, pas fat, fait fi, reste amène,
Rentrant profond sa griffe qui est faux,
Ma foi, quand il se doit, comme il le faut.

Ils font tant et si bien qu’il ouvre l’œil
Et dit : « Pauvre Jeunesse, il est facile
De s’attaquer aux paisibles fossiles
Que l’âge bientôt mène au cercueil.
Mais cessez ce manège qui est vôtre
Ou je vous trancherai court comme épeautre :
Ce n’est pas parce que j’ai un pied
Déjà dans la tombe qu’il me sied
Que l’on me marche, sans façon, sur l’autre ! »
Et la peur chassa ces mauvais apôtres…

vendredi 29 janvier 2016

VIVENT LES QUATRE HAÏKU’ARTIER !

La roture d’aujourd’hui a sa noblesse comme les malfrats d’antan avaient leur honneur.

PRENDS BIEN SOIN D’ELLE

Librement inspiré de "Take good care of her" (Ed Warren & Arthur Kent)

Tu m’éloignes d’elle
En t’faisant la belle…
Ce serait normal
Que j’t'veuill’ du mal
Ou que je te dise,
En toute franchise,
Bravo pour m’avoir
Pris celle que j’aime.
Pourquoi dire au r’voir ?!
Je t’en prie, Bohème,
Prends bien soin d’elle :
Elle fut ma Belle…

J’n’ai pas vu venir
C’qu’il allait advenir
D’vos regards complices,
D’vos mots en coulisse,…
Et me voilà seul,
Des yeux d’épagneul. 
Derrièr’ vos sourires
Vous d’viez bien rire…
Prends bien soin d’elle,
Elle fut ma Belle…

Je t’en prie, l’ami,
Chéris ma mie
Comme ell’ le mérite.
Et si, selon l’rite,
Un jour, tu l’épouses,
Ne m’invite pas :
Ma belle Andalouse
Vaut, cœur et appâts,
Seulement le meilleur,
L’es-tu, Enjôleur ?
Tu m’éloignes d’elle
En t’faisant la belle. 
Prends bien soin d’elle
Elle fut ma belle.
Prends bien soin d’elle…

mercredi 27 janvier 2016

HAÏKU’ ROUSSÉ

L’indolence peut être une forme d’insolence !

LA SAUTERELLE & LA CRIQUETTE

Petite fable affable

Dans un pays où seul le ciel 
N’a pas changé depuis des lustres
Une sauterelle, verte et rustre,
Mais le cœur et l’âme sans fiel,
Avec un vil manant de passage
A fêté Pâques avant les Rameaux.
Et pour avoir ouvert son corsage,
Elle souffrit bien des maux :
Grosse des œuvres du quidam, elle
Est moquée, boudée,… pis que poubelle !

La fille du criquet son seigneur
N’avait pas fait mieux que la Belle.
On l’a mariée, dit un libelle, 
Avec le secours de Monseigneur,
Pour rendre « l’accident acceptable »
À un grand benêt valant moins
Que zéro, un cancre indécrottable
Et docile ; un vrai « con-joint »
Affirme le pamphlet que je cite,
Qu’encore aujourd’hui on récite.

Au jour des noces de la jeunette,
Avec son bidon faisant bedon,
Le châtelain offrit son pardon :
Dans ses prisons, il fit place nette.
Mais pour la pauvresse qui fauta,
Ce fut l’exil loin de ses terres
Que le chapelain accompagna,
Lui qui ne fut pas si sectaire
Avec la fille de son bon maître,
D’une flétrissure en fleur et lettre.

La criquette vit l’ostracisée
Avant son départ et, en son antre,
La toisa, lui reprochant son ventre.
La sauterelle lui répliqua :
« Avoir des ancêtres et un bon prêtre
Évite qu’on vous envoie paître :
Vous avez préservé votre honneur,
En apparence, mais ne ferez
Pas taire harpies ni clabaudeurs…
Et toujours l’enfant en fait les frais ! »

lundi 25 janvier 2016

HAÏKU DE KÉPI

État d’urgence en France : 
désormais, même les aveugles seront en garde-à-vue 
et les sourds sur écoute.
Seuls les muets seront crus sur parole !

ALBERT

D’après Albert (Gérard Rinaldi & Luis Rego)

On pensait tout savoir de lui :
Qu’il vivait seul, fou à demi,
Érudit, bosseur jour et nuit,
Plein d’humour mais aussi d’amis,…

(Albert,

Albert)

Il n’était que calculs, du soir

Au matin, à ne plus rien voir,
Jusqu’à se perdre dans le noir
À suivre le premier trottoir…

(Albert,

 Albert)

C’était Albert, l’intellectuel

Qui voulait nous faire la vie belle,
Mais sa bombe a gravé au ciel
Un champi’ de peur éternelle.

On le disait un brin pépère,

Riant bon cœur, jamais sévère
Lunatique plus que lunaire,
Courtisé par les ministères,…

(Albert,

Albert)

Dans toute la ville on connaissait

Ses cheveux blancs et son gros nez.
Le croisant, les enfants chantonnaient :
« C’est Albert, son travail a permis les essais ! »

(Albert,

 Albert)

C’était Albert, l’intellectuel

Qui voulait nous faire la vie belle,
Mais sa bombe a gravé au ciel
Un champi’ de peur éternelle.

(Albert,

 Albert)

Car un jour, la guerre et le vice,

Lui qui rêvait d’avenir beau,
Lui prirent ses calculs novices,
Et l’atome devint chaos.

(Albert,

 Albert)

Le remords a rongé sa vie :

La guerre finie pour de bon,
On mettait en joue la survie
De tout homme avec un bouton !

(Albert,

 Albert)

C’était Albert, l’intellectuel

Qui voulait nous faire la vie belle,
Mais sa bombe a gravé au ciel
Un champi’ de peur éternelle…

Et il a fait tout ça, pourquoi ? 

(C'était Albert, l’intellectuel)
- Mais pour la science, ma foi !
(Qui voulait nous faire la vie belle)
- Les savants ne sont pas coupables ?
Cherchez ailleurs les responsables !
(Mais sa bombe a gravé au ciel)
- S’ils réfléchissaient avant !
(Un champi’ de peur éternelle…)
- Mais ce ne sont que des savants !
- Justement : un savant, ça pense !
- Au progrès qui fait qu’on avance !
- Dans le mur ou bien dans la crotte ?…
 Serviles, vous servez la Mort !
- Sortez un jour de votre grotte : 
l’avenir vous donnera tort !

Illustration : Camille Lesterle, décembre 2015

samedi 23 janvier 2016

HAïKU’ DRET

Pour excuser plus que pour expliquer leur faiblesse face à l’adversité
certains nous disent : « Toi, c’est pas pareil : t’es fort ! »
comme si, rester digne ou stoïque pour l’inévitable affronter,
cela ne nous demandait pas d’efforts ! 

C'EST LÀ QU'ON FESSE ?!

Petite fable affable

« Ce n’est pas jour de chance pour toi, canaille !
Grommelle au catéchumène l’abbé.
Dans ta confession, il n’y a rien qui vaille
Un Pater ou même un Ave, Gros bébé !
Bisbilles, vétilles,… serait-ce trabée
Qui cachent des jeux un peu plus de ton âge
Dont il faudrait tirer honte et repentir ?
N’as-tu pas point ravi quelque pucelage ;
Sacrifié à Onan sans départir ?
N’es-tu pas attiré par ton semblable,
Un homme, un goujat, que tu trouverais admirable ?

Est-ce mensonge ou dissimulation ?
Voici, Mon Fils, la gifle que tu mérites ! »
Sur le coup, le gamin, stupéfaction
Oblige, ne comprend pas l’autre hypocrite
Qui, lui, sait effeuiller les marguerites.
Sa face d’ange pâlit puis rougit :
« S’il me faut faire tout cela, Mon Père,
Pour être, du divin Pardon, élargi
De mes fautes et mes péchés, comme j’espère,
Je cours, de ce pas, faire à l’exagéré
Tout ce que vous m’avez là suggéré ! »

 Et c’est donc ainsi qu’un enfant des plus sages
Devint un fripon et un vrai déluré
Donc le modèle des garçons du village,
Au grand dam du curé qui s’est juré,
Mais un peu tard, de se mieux censurer,
De croire aussi bien son dieu que l’homme,
De réciter un chapelet au final
Avant de parler et plaça l’axiome
Suivant, dessus son confessionnal,
Avec un vieux clou et des patenôtres,
“On est prié de ne pas claquer l’apôtre* !

* Phrase d’Alphonse Allais (1854-1905)

jeudi 21 janvier 2016

HAÏKU, Ô FOI !

Force gens ne veulent pas La Vérité :
Ils croient vrai ce que dit la majorité
Ou ce qui émane d’une autorité
Par la société dûment accréditée ;
Qu’importe alors qu’on ait pris des libertés
Avec ce qui doit être, est ou a été !

DÉSHUMANITÉ

Robot, code, automate, interphone,…
Reste-t-il quelqu’un ? Une personne ?
Répondeur, machine, ordinateur,…
Où est l’image du Créateur ?
Un distributeur automatique !
L’être humain, c’est ma foi, plus pratique
Ah, quand t’aimes un peu parler aux gens
Faut les trouver. Y’en a plus. Sauf l’agent !

Pas un pèlerin ni un bonhomme
Où qu’on aille ; Quoi qu’on fasse, hélas,
Pas d’habitant, sauf en plexiglas :
Il était donc vraiment mortel, l’Homme…

Drive, carte, drone, self service,…
L’humain n’est plus en libre-service !
Guichet automatique, internet,…
Y’a plus un type sur ma planèt’ !
Scan', pilote automatique,…
L’individu est un truc antique,
Archaïque, inutile,… bien sûr !
Plus âme qui vive, c’est sécur’ !

Pas un pèlerin ni un bonhomme
Tout ce qui est fait pour nous servir,
A donc fini par nous asservir :
Il était donc vraiment mortel, l’Homme… 

Réseaux sociaux, e-commerce, I.A.,…
Plus de mec, ni zig’, ni gus ni gars !
Selfies, télétravail, logiciel,…
Plus de queue, de foule sous mon ciel !
Téléconseil, caisse automatique,…
Oui, le quidam est anachronique
Dans notre belle modernité,
Aberration, énormité,…

Non, ce n’est pas une simple éclipse :
Tout ce qui est fait pour nous servir,
A donc fini par nous asservir.
Elle a commencé l’Apocalypse !

mardi 19 janvier 2016

HAïKU EN FAMILLE

Le benjamin d’une famille devient rarement le cadet de ses soucis !

AU BOIS MORT

Fable affable d’après un « cadavre exquis » réalisé par Camille Lesterle

Sur un petit coin de la forêt,
Et par les beaux prés de son orée,
Régnait le très gros groin sauvage
De ce sanglier grognon hors d’âge.
Mais, terne d’humeur et de livrée,
Éteint d’esprit, le cœur en ivraie,
Il exigea que tout son royaume
Soit à l’image de sa grotte, home
Morose et froid. Oui, triste à mourir.
Insipide. À se laisser pourrir !
Nuages chagrins et soleil blême
Dans un ciel fade, effacé, de même,
Fuyaient, falots, l’ennui et le jour
De ce monde atone pour toujours.
Ici pas de chant, de cri, de rire,… 
Et la couleur était à proscrire :
Fleurs blafardes pleurant sous la pluie, 
Herbe délavée étaient beaux fruits !
Pelages puces et gueules sombres,
Les bêtes passées, partaient en nombre.

Sa laie ne goûtant pas les beaux lais,
La poésie, loin, fut exilée ;
Personnages livides, décor vide,
Son règne semblait faire un bide
Et son pays maussade et flétri
À tous semblait trop pâle et meurtri :
Même les souris en devinrent grises… 
Sans ivresse ; l’aube, sans surprise,
N’offrait plus d’espoir ni de sursis
Et pas d’oiseau de passage, ici.

Seul un écureuil, glandeur nature,
Refusait les décrets immatures
De ce grotesque cochon des bois
Et de Ma’, sa femelle aux abois,
Étant toujours entre deux grossesses,
Grossiers souverains, tout en bassesses.
Souvent dandy et, parfois, bandit,
Roux de poil comme l’est l’incendie,
Il chantait, chassant le monotone
Jouait, riait,… en faisait des tonnes.

S’oublie, avec cet astre vainqueur,
La mort des corps, la rancœur des cœurs,…
Mais cette lumière faisait tâche.
À ce titre, traqué sans relâche,
Banni par décret, mis à prix par le roi
Dont vœux et souhaits sont Lois et Droit.
Nul ne l’avait attrapé ce sbire
Qui faisait refleurir des sourires !
Or ce boute-en-train providentiel
Avait volé un bel arc-en-ciel

Avant l’hiver voulu du monarque,
il cacha ses couleurs au hiérarque…
Et là, dans un coin de la forêt,
Et par les beaux prés de son orée, 
Matin, tons et teintes mis en tubes,
Il fit pleuvoir, tel un vrai succube !
Le printemps revint. Et le bonheur
Avec. Pis, pour le plus grand malheur
Du roi fainéant, ses sujets lâches
Et serviles d’ordinaire, se fâchent.
Il les menaça du fer, du feu,
De la faim,… En vain. Notre suiffeux,
Roi maudit, dut fuir ces tropiques,
Désormais doux et gais : une pique
Aurait fait de sa tête un trophée
S’il s’était un peu plus échauffé
Ce vieux tyran mis en déroute !
Même si nous est permis le doute, 
Ne désespérons, dans un combat,
De rien ni de personne, ici-bas.

Œuvre : Camille Lesterle, janvier 2016

dimanche 17 janvier 2016

HAïKU MÉDIATIQUE

Il nous a fallu plus de quatre siècles pour conquérir la notion d' « intimité ». Et, en à peine plus de 10 ans, la télévision nous a imposé une outrageuse « extimité » !

L'ANCIEN

Presque enterrée dans un de mes trous de mémoire,
Ton image peine à encore m’appartenir.
Dans cet océan sans ténèbres, les trois moires
Répandent sans fin la nuit dans mes souvenirs.

L’ombre de l’oubli est un des pires déboires
Que puisse connaître ma vie qui va jaunir
À force d’autres jours : mon passé est pourboire,
Miettes ou bien reflets, comme pour me punir.

Mon verbe aussi s’enlise. Mes savoirs naufragent.
Je suis las d’essayer de me remémorer.
Ce sont là les affres de qui avance en âge.

Je les partage avec ceux qu’a détériorés
Le Temps qui plutôt que de me tuer, j’enrage !,
Préfère, en silence et en paix, me picorer…

vendredi 15 janvier 2016

HAïKU DE PEINTURE

Si le bleu est bien une couleur froide pourquoi existe-t-il des bleus de chauffe ?

TRISTE SIRE QUE LA BUSE

Petite fable affable

À la reine des buses, les oiseaux
faisaient une basse cour : chez les dames-oiseaux
C’était pour cette auguste souveraine
Veulerie zélée ; chez les mâles couillus,
Un' serve soumission à la reine.
Nulle nigaude, aucun olibrius
N’était impoli, c’était un devoir
Imposée à chacun par Son Altesse.
On filait doux, ne se faisant pas voir
De peur de contrarier cette Hôtesse
Du Palais qui oblige à obéir
Sinon c’est crime pire que trahir.

Seules pensionnaires des cieux,
À s’oublier, les pies. Audacieux
Manquements à la fort stricte étiquette,
Outrage pour bavardage inopportun,
Irrespect pour avoir été coquettes,…
Ces bavardes, plus que tout-un-chacun,
Irritaient un peu trop Sa Majesté
Mais les pies, joyeuses et joueuses
S’en moquaient bien, mais sans méchanceté,
Et tant pis si la monarque, boudeuse,
Les promettaient, pour l’exemple, au carcan,
Au pilori, au gibet ou au “camp”.

Si les pies étaient ses proies préférées,
Ses victimes et martyrs adorés,
Notre Buse n’avait, hélas, de cesse
De frapper en sa Cour et ses jardins
Ne laissant rien passer de ces bassesses
Qui l’offensaient, même le badin, 
Ce qui épuise ses féaux et vassaux
Qui avec elle se faisaient lopettes
Épuisés de tant fléchir le cuissot,
Courber le dos à se faire carpette :
Car c’est un métier de chaque instant
D’être bon courtisan, dispos, constant,…

mercredi 13 janvier 2016

HAïKU’PEU RÉGLEMENTAIRE

C’est bien un truc de militaire, ça, de vouloir « faire au carré » des lits qui, par essence, sont rectangulaires !

UN VRAI CLICHÉ ?


La photo a jauni. Elle pâlit, s’efface,
Comme font tous nos souvenirs.
C’est la seule image où l’on voit nos deux faces,
Et nos mains, de tout, s’abstenir.

Nous étions alors à vivre la préface
D’un amour encore à venir,
Car je fuyais ces mots convenus et fadasses
Qu’emploient ceux qui veulent s’unir.

Je n’avais pas, en mes vertes années, l’audace
Qu’il faut pour prendre ou obtenir,
N’étant qu’assurance et sourires en surface…
Tout espoir était à bannir.

Mais mes sentiments neufs étaient des coriaces ;
Amour ne pouvait les punir.
Toi tu avais le corps sage et le cœur sagace ;
Éros vint, ainsi, nous bénir…

Qu’a-t-on vécu, puisqu’on arrive à la postface ?
Une vie à se soutenir,
À s’aimer, se chérir à voix haute à voix basse,
Et qu’il faut, au mieux, finir.

La photo a blanchi, ma mémoire s’efface,…
Je les regarde définir
Ce que sera notre avenir : un face-à-face
Prêt à refleurir, rajeunir…

lundi 11 janvier 2016

HAÏKU DE SON AUTOMNE ?

En vieillissant, contrairement à ceux de mon âge, j’entends tout mais n’en laisse rien voir !

TAPAGE AUTOUR D’UN ÉCHO

Petite fable affable

Au chaud pays des perruches,
Bavardes avérées, colorées,
Aux mots et aux accents acérés,
Ça bavasse et, pis, ça huche
Car l’une d’elles aurait “chiméré”
Contre tous les principes sacrés.

Ça bruit comme une ruche,
Ces bons becs jouant les ulcérées
À cause de cette cruche.
Elles font leçon à l’affairée
Sur ce qu’on peut, sans embûche,
Dire et ce qui fait s’encolérer,
Vaut exil à la greluche
Qui ne sait pas garder un secret.

En on-dit on la breluche,
Et on en fait rumeur commérée,
Bruit sorti d’une truche
Risquant de faire vociférer,…
On ne joue pas à l’autruche : 
Contre tous les principes sacrés,
On fait sort à la nunuche
Qui ne sait pas garder un secret !

Pour une paix de baudruche
Sans que ça fasse déblatérer,
Ainsi punit-on, sans différer,
Au chaud pays des perruches,
Contre tous les principes sacrés,
Qui ne sait pas garder un secret,…

samedi 9 janvier 2016

HAÏKU DE COL, HÈRE !

Il est inutile de discuter raisonnablement avec des gens déraisonnables !

SUR UN AIR DE REGRETS

« Si les vers ont été l’abus de ma jeunesse,
Les vers seront aussi l’appui de ma vieillesse. »
Joachim Du Bellay, Les regrets, 13 (1558)

De plus savants que moi, de plus doués aussi
Disent la poésie plus que passée de mode,
Trouvant cette prison des mots fort malcommode
Pour s’exprimer sans se perdre dans des lacis.

Mais quoi de plus beau que de composer une ode
Et de polir son vers pour qu’il soit bien assis,
Ni trop court, ni trop long avec rime en glacis
Et sons toujours limés quoique jamais commodes.

Se ronger les ongles, s’en torturer l’esprit
Pour choisir le bon mot, la formule entre mille,
Qui peut rester en l’air une fois l’envol pris.

C’est là tout mon travail, peut-être malhabile.
Sans doute sent-il trop la sueur et la bile
Mais il est sincère et ça en fait tout le prix…

jeudi 7 janvier 2016

HAÏKU INTÉRIEUR

Quand je regarde le spectacle du monde,
Je pense : « Bran que tout cela ! »
Puis, je vois les fous qui mènent sa ronde
Et me dis : « Branques tous ceux-là ! »

AIGRES AIGRETTES

Petite fable affable

Sur cette bonne Terre qui n’avait
Pas encore créé les Hommes, race
D’ombres qui se croient soleils, on trouvait
surtout des oiseaux légers, pleins de grâce.
Mais aussi d’autres : hérons se voulant
Héros, butors butés ou pies grièches
Aux paroles sèches, aux phrases rêches,…
Les pires parmi ces êtres volants
N’étaient pas la buse cherchant des dupes
Ni même le fort sombre cormoran
Affirmant que bon sang donne haut rang,
Mais l’insigne grèbe et la fade huppe.

Chez l’une, l’amitié se monnaie,
L’attention se calcule chez l’autre.
Ces défauts, bonnet blanc et blanc bonnet,
Rapprocheraient plutôt ces deux apôtres.
Si la grèbe est vaniteuse à souhait,
Comme un jeune paon la huppe est vantarde.
Ainsi, elles en vinrent, babillardes 
Sur la défensive, queue en fouet,
À comparer leur toupet, l’épi de plume
Avec lequel elles se pavanaient
Et qu’elles ont depuis qu’elles sont nées.
Mais leur querelle déchire la brume.

Se posa, tout près, un martin-pêcheur.
Il aime à tarifer, selon les dires,
Ses bienfaits, comme tout bon prêcheur,
À l’aune de l’intérêt qu’il en tire.
Là, il est venu bénévolement.
« Las, vous discutez comme on se dispute !
Lance l’oiseau. Cessez cette lutte !
- Fi donc, fait la huppe, l’emportement
Vient de cette honte de sa race !
- Cette espèce de plumeau fanfaron
Dit la grèbe, veut me faire marron !
- Peuh !… Son reflet, dans, l’eau fuit sa face !

- Ton plumet vaut moins que ton bon caquet !
- C’est pas ta houppe qui fait ton panache
Mais ta sottise !… Une simple bernache
Est bien plus belle. Même un raquet… 
- Suffit !… Je suis à bout de patience,
Coupa le martin-pêcheur excédé.
Votre chamaille est d’insignifiance
Et votre cause mauvaise à plaider  :
Quand on on ne peut être fier, Mesdames,
De ce qui nous fait parce qu’on le fait,
 On l’est de la façon, là est le blâme,
Dont la Mère Nature nous a fait ! »