Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 28 février 2017

HAÏKU D’BALAI

Si la plupart des couples se séparent ce n’est pas parce qu’ils ne font plus « bon ménage », c’est que sans se ménager, ils ne font plus de ménage du tout !

lundi 27 février 2017

HAÏKU’N TESTE À TERRE

L’amour est un mauvais jardinier : combien de râteaux pour une pelle !

LA LIBELLULE BAFOUÉE

Petite fable affable

Prêchant toujours d’exemple, et à tout instant,
Une libellule voulant fort rester demoiselle
Est importunée par quelque vieux taon,
Gros bras, p’tite cervelle et tout à son zèle.
À quoi bon épiloguer sur notre Temps
Et la corruption des mœurs qui en découle
Sur lesquels tous les bons fabulistes roucoulent.

Acculée, elle est sommée par le goujat
De se soumettre ou il allait la démettre
De sa virginale aura : on sait déjà
Tout le mal que certains mots peuvent commettre.
Le faraud, finaud, avait tout du naja :
La jactance était une arme pour cette arsouille
Mais son sale aspect ne poussait pas aux papouilles !

« Ma patience est sans fond, comme un puits :
Tu seras vite mienne par la guerre
Si je le dois ; par la paix, si je puis.
Va, mon dard aura tes faveurs, tout vulgaire
Que je te paraisse. Cherche des appuis,
Nul ne t’aidera !… Vas, joue encor’ les coquettes,
Résiste,… : j’attends ça, Beauté, de mes conquêtes ! »

Que l’on approuve ou qu’on blâme ces jouteurs,
On s’indigne par devant, soupire d’aise
Par derrière que le bonimenteur
Ait eu penchant et goût pour cette niaise.
Mais on surveille de près le tourmenteur
Et cet objet de son dévolu qui, de force
Ou de gré, souffre fort dessous sa digne écorce.

À sa guise, un cafard se met à triller :
« Je parle peu mais dis bien : c’est du sage
Le caractère, Ami. Te faire étriller
Sera ton sort si tu vas jusqu’au troussage !

- Fi donc, Noiraud malséant, on veut briller ?
Toi qui ne vis de que pilleries et maraudes,
Tu ramènes, céans, ta fraise et tu clabaudes.
Ne t’inquiète pas, tu auras ta part
De cette mijaurée : j’lui fais son affaire
Et tu pourras exercer, mon salopard,
Le droit de dépouilles. Ça va te plaire !

- Je ne suis pas, comme toi, un Gaspard
Et je crains moins que le ciel me tombe
Sur la tête que de t’envoyer en tombe. »

Le taon, fort surpris, partit après un temps
Promettant prompt retour et male vengeance
Mais nul ne revit son séant à l’étang !
Il en est ainsi de cette commune engeance
Qui, hélas, nous pourrit la Vie par instants
Le premier être qui s’oppose, oui qui ose,
Même seul, affronter le Mal, change les choses !

samedi 25 février 2017

HAÏKU DE POIDS

Mieux vaut Amis avec un grand « A » qu’avec un gros tas !

PAS DE QUOI EN FAIRE UNE HISTOIRE ?

Édito’ pour RuedesFables, février 2016


C’était au temps, pas si vieux ni si bon, entre jadis et naguère, où il ne fallait pas tirer les choses aux clercs parce que cela leur faisait mal pas plus qu’il ne fallait se moquer de la justice c’est-à-dire railler le Parquet. Phèdre avec qui plus d’un parmi nous (miaou !) a perdu son latin, affirmait alors que « le mérite de la fable est double : elle suscite le rire et donne une leçon de prudence » (Fables, Livre 1, Prologue). C’est sans doute pour cela que vous êtes arrivés à grands pas ou en trainaillant, jusqu’à cette RuedesFables où, provisoirement en vie, comme tout un chacun, je ne fais rien, même pas mon âge. J’exagère. Ayant l’humeur à l’humour, après avoir joué les Pénélope en essayant de donner corps et âme à quelque texte où le son fait sens pour l’âne et les autres équidés, j’y rôde quand vous vous êtes à la maraude, essayant de vous distraire et, peut-être, d’édifier des châteaux de fables comme tant de fabulistes d’hier ou d’aujourd’hui. Je n’y gagne que d’insondables insomnies et l’aigre amertume de n’avoir de plume que pour voler des instants tannés sans prendre de pause. Aussi, je ne puis, comme certains pour épater la galerie et le parterre, exhiber des tablettes de chocolat à l’endroit où je stocke les miennes, empâté de pâtés. Enfin, « quand on a pas d’obole, on n’en fait pas une drachme ! » comme aurait pu dire Esope qui n’était pas le premier venu, quoique notre aîné, puisqu’on lui devrait la paternité du genre qui nous occupe… et  plus qu’à notre tour (de taille, bien sûr !).

Parce que « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que celui qui pousse » comme on dit en Afrique du Sud, pour tous les auteurs qui logent à cette même enseigne - où vous vous trouvez pour l’heure - plus souvent qu’en leur ruelle, entomologistes plus que moralisateurs, elle est plus qu’une alcôve. C’est un site, un laboratoire de recherches et surtout de trouvailles. Ayant tous une situation mais pas de site, il est devenu leur C.N.R.S. - Communauté de Regroupement de Narrations Symboliques - où on trouve plus de chercheurs qui trouvent que de chercheurs qui cherchent… si ce n’est noise à quelque écureuil empanaché dans les exploits de sa queue ou des poux dans la tonsure de quelque hippie à Calvi. Si. Même s’il ne faut pas mettre de Badoit entre Dutronc et les Corses, avec nos maux, et ceux de notre monde qui, à tout prendre n’est ni pire ni meilleur que ceux qui l’ont précédé, nous faisons mots et vermeils. Il faut être teigne comme Taine, l’Hippolyte qui ne goutait guère au géant V. Hugo, pour prétendre que J.-P. Claris de Florian « proposait aux dames mignonnes et fardées, en façon de fables, de jolies énigmes, et leur arrangeait un bouquet de moralités fades ; il peignait d’après l’Émile la tendresse conjugale, les leçons maternelles, le devoir des rois, l'éducation des princes,… » (1883)
Ici, comme nous, vous abandonnerez ces brouettées d’idées reçues sur le coin du nez qu’on nous assènent à la téléinfusion, refuserez la brassée de ces paroles jetées en l’air qui passent pour données, rejetterez ces poignée d’histoires rendues populaires pour le railleur et le sbire,… Si vous ne souffrez plus de ne pas souffrir ces bonnes gens qui font de leur bibliothèque un éteignoir à mots, un purgatoire de pensées ou un dépositoire d’âme où sommeille l’esprit qu’ils n’auront jamais, vous êtes in the place to be, c’est-à-dire chez vous. Car vous êtes encore - ou toujours - sensibles la portée didactique des fables qui seule peut expliquer qu’elles aient circulé, sans vergogne, reprises et reprisées, adoptées autant qu’adaptées, d’une culture à sa cousine ou d’une époque à sa voisine car « la fable est une sorte d'alphabet de l’Humanité au moyen duquel on a pu écrire les premières certitudes philosophiques » (G. K. Chesterton). Elle est la meilleure preuve, s’il en faut, que d’un pôle à son opposé et d’un méridien à son antipode, l’Humain, qu’il soit extrémiste ou sang triste, est le même partout, avec des valeurs constantes et des préoccupations inchangées de tous temps même si, par manque de soleil, les gens du Nord sont parfois ombrageux et que, quoique chaud latin, l’Ibère est souvent froid au premier abord.

À l’heure des FaceBookmakers et des réponses sous twittaine, RuedesFables, point d’échoppes qui vous chopent, de magasins à vous rendre zinzins,… mais fabliaux d’affables et fabulettes de fabulateurs entre lesquels se promener car ils sont des continents qui ne dériveront pas, Instagram épique et pique et colère rame. C’est là ma zone, écrite noir sur blog, cette Amazone où la main de l’homme n’a que trop posé le pied dans des sentiers battus… et où on peut encore ouvrir des routes pour demain et, sans plus de façons, vous inviter à Linkediner… et G+ si affinités. Si, comme nous, en gros, vous ne faites pas dans le détail, et en particulier dans le général, continuez à y baguenauder du regard et y musarder du coin de l’œil. Certes, « le bigleux qui persévère sans lanterner n’ira pas plus loin qu’un “voyant” illuminé qui s’aveugle sur son prétendu don », comme dit ma poule qui philosophe, mais vous conviendrez qu’à fureter et à renarder dans cette voie-là, vous finirez par trouver que les animaux sont parfois bonhommes et que la morale de toute fable fiable, même faible, n’est pas que « l’homme est une bête. » (Marco Denevi) Cette littérature-là, souvent déconsidérée, correspond trait pour trait, et par ses portraits, à ce qu’écrit Pierre-Henry Gomond, dans son roman graphique, Pereira prétend (Sarbacane, 2016) : « La philosophie se targue de parler de l’essentiel, et ne s’occupe peut-être que de frivolités… La littérature c’est l’inverse. »

Fabuleusement vôtre !

jeudi 23 février 2017

HAÏKU’MPTE RÉGLÉ

Prêter l’oreille et donner de la voix me permet de me payer la tête de qui j’ai dans le nez ou que ne je ne peux plus voir !

PAS SI BÊTES

Edito’ pour « RuedesFables », octobre 2016


Asthmatique qui ne manque pas d’air, ma concierge, je l’avoue, est de temps à autre digne d’éloges (au moins tout autant que son franc-maçon de beau-frère) : toujours à l’affût de fables affinées, quoique guère affûtée, comme Madame de Sévigné, elle pense que « les Fables de La Fontaine sont un panier de cerises. On veut choisir les plus belles, et le panier reste vide. » Mieux, parce que, comme Marie de Rabutin-Chantal, elle a l’esprit d’escalier et, grâce à la Poste, elle est aussi une femme de lettres, ce pet-de-nonne ne goûte que modérément à mes petits pâtés de fables de plaisant plaisantin, estimant que, depuis le Grand Siècle, il n’est de belles plumes qu’au cul des oiseaux. Et tout le reste n’est que littérature ou plutôt, dans son cas, litre et biture.

Amateur éclairé, traité jadis de tête d’ampoule bien que je n’eusse pas alors l’électricité à tous les étages, je suis loin d’être une lumière mais serais capable de faire entendre raison à un sourd. Fier comme un paon, je me suis vanté, un jour venté, de pondre des aphorismes qui, s’ils n’étaient pas des œufs d’or, faisaient de convenables omelettes. Ça a fait boffer la bouffonne bouffie comme buflone ; l’ego battant de l’aile, j’ai quand même refusé de monter sur mes ergots comme l’aurait fait tout homme de plume de mauvais poil. Aussi ai-je convaincu cette forte tête, parfois faible d’esprit, de venir faire un tour sur « RuedesFables » pour se régaler d’auteurs à talons pleins de talent au lieu que ne la  gave un modeste fabuliste ayant le tort de n’est pas encore mort, simple rimeur amnésique comme votre humble serviteur, Pourtant c’est troublant le trou noir du trouvère ! Et, miracle, cette pipelette apparentée à la dinde côté babil et, pour le Q.I., à la poule faisane, a bien voulu me tendre une oreille attentive en lieu et place de sa main quémandeuse ou de son doigt accusateur qui met à l’index tout mauvais payeur. Bien lui en a pris, m’a avoué plus tard la pécore, en me réclamant cinq ans d’arriérés d’étrennes car si, toute en maux, elle ne paie pas de mine, elle ne se paie pas, non plus, de mots !

Elle a ainsi retrouvé non sans plaisir, son cher La Fontaine, redécouvert Florian mais aussi croisé pour la première fois, et avec joie, Imbert, Du Houlay, La Mothe, Ségur, Vitallis,… et quelques auteurs locataires du site, ses contemporains eux, dont elle oublia le nom mais qu’elle vit, c’est louche, d’autre œil que le torve qu’elle me sert, d’ordinaire, comme œillade. Car si nous usons des mêmes mots sans parler tout à fait la même langue, chacun de nous, ici, met en scène les mêmes bêtes y compris la plus bestiale d’entre elles, gibier de potence parfois, l’Homme qui se cache derrière ces animaux, dans des paraboles contées en prose chiffrée comme en vers comptés. On y trouve des oies faisandées qui se font suer et donc viennent vous faire « monter la transpiration » qui côtoient des oiselles, plus insignes que cygnes, ayant une cervelle d’oiseau et un estomac de moineau donc prenant la mouche facilement,… Bref, des bestioles qui rappellent que le poivre des emmerdes met du sel dans une vie qui tournerait vinaigre si on ne mettait pas de l’huile dans ses rouages et comme J. de La Fontaine nous confessons : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. ». Aussi, derrière cette faune, devine-t-on papas gâteaux devenus papys gâteux, aperçoit-on des pères qui se font la paire abandonnant, las, des mères dès lors amères ou des filles qui vous font du pied avant de vous marcher dessus,… Mais le fabuliste n’est pas censeur obtus bonheur la chance ni docte professeur donnant des leçons mais aimable entomologiste qui sait qu’à force d’avoir de mauvais penchants on finit par tomber et, pour ce faire, habille d’un treillis de lierre les arêtes de toute pierre… que l’on soit de ces miséreux pas toujours misérables ou de ces rois sans majesté qui voudraient qu’on leur dise “Sire” alors qu’ils ne sont que suif errant !

Rien n’est plus utile donc que des contes à morale avec leurs bébêtes en troupeau à la merci de fauves brutes qui font sourire en coin dans La Bruyère ou grincer des Molière, qu’elles soient nées dans un hier intemporel désormais universel ou dans notre présent oppressant. Mieux, il reste à l’olibrius de l’abri-bus comme au quidam à dames, dans un aujourd’hui souvent désert aussi désolé que désolant, la consolation qu’offrent ces fables fabuleuses et leurs affables fabulistes. Et on les trouve ici, « RuedesFables ». Pas ailleurs. Que m’importe comment vous y êtes venus - désir de découverte, nécessité scolaire, curiosité intellectuelle ou heureux hasard - vous y êtes et y serez toujours les bienvenus pour faire que ce genre littéraire que l’on dit démodé, voire périmé, survive de nos jours et à nos jours, à une heure où on se tue la santé dans un travail qui ne nous donne pas toujours les moyens financiers de la recouvrer et où on va plus volontiers à l’occulte qu’au culte. Que Dieu - quelque nom qu’on lui donne - qui n’est plus à vendre en soit donc loué !

Amicalement et fabuleusement vôtre !

mardi 21 février 2017

RAS L’HAÏKU

L’Ami, est-ce que ça vaut encore le coup 
Que je me m’évertue et me casse le cul,
Et me fasse dessus comme tous les vaincus
Alors que je suis dans la merde jusqu’au cou ?

FILE LA FOULE DES FOURMIS…

Petite fable affable d’après La grenouille qui veut se faire aussi grosse… de P. Lanciot

Dans la fourmilière, c’est branle-bas de combat :
On se pousse et on s’invective ; on se bouscule,…
Toute harmonie et tout bon ordre semble à bas.
Ce monde policé, civilisé, bascule.

Que nenni. Il en est toujours, ici, ainsi :
Chacun veut se trouver au soleil une place,
Goûter à son rayon de miel à lui aussi
Et qu’importe l’autre ou qu’on se déplace
Écrasant les petits, oubliant les vieux
Qui ne vont pas bon train, négligeant les  faibles
Qu’il faudra assister et qui ne sont qu’envieux,…
Foin des foules des rues, fi des plèbes de glèbe,
Le monde des fourmis se doit, las, d’avancer
Plus vite et loin, c’est sa destinée en ce monde :
C’est l’avenir !… C’est le progrès !… Faut pas penser
Car tout s’arrêterait dans un réflexe immonde.

Ce que je décris là est le pays des fourmis,
L’être humain ayant une âme et une conscience,
Un tel chaos, chez nous, ne serait pas permis,
Nos valeurs n’étant point mots tout d’insouciance.

Ce monde n’est-il plein de gens allant, venant,
Qui vous marchent dessus, bien qu’il vous en déplaise,
Pour se faire plus gros, plus grand ou plus à l’aise
Et crient partout « pour moi », « je veux » ou « maintenant » ?

lundi 20 février 2017

HAÏKUD’ROULEAU À PATISSERIE

Eh, tranche de cake, plus tu chercheras à rentrer dans le moule, même si c’est pas du gâteau, plus t’auras l’air tarte !

dimanche 19 février 2017

HAÏKU DE PLUME HAUT !

Le Bonheur est un maître exigeant que servent trois mauvais domestiques : le Temps lui est un mauvais valet, la Patience une piètre cuisinière et la Constance le plus lamentable des laquais.

HARAS LA CASQUETTE ?

Édito' pour Rue des Fables, novembre 2016

« Quand on a une plume au poil, il faut être bête à bouffer du foin pour écrire des fables, aujourd’hui !… » me disait un vieux cheval sur le retour, une carne trop hâlée. Comme les autres auteurs d’apologues, enfin ceux qui sont ne pas encore mors aux dents, jument fout !
Je ne vais pas monter sur mes grands chevaux pour si peu, il me faudrait un escabeau, même si cette haridelle ne faisait pas mon printemps. Et puis, chère rossinante, sans être à cheval dessus, c’est une affaire de principe dans la gent rimailleuse qui s’adonne à la parabole animalière : « Bien faire et laisser dire ». La plupart de nos détracteurs pourraient finir dans nos histoires. Ainsi J.-J. Rousseau, qui abandonna ses enfants à l’assistance publique et s’est permis de pondre un traité d’éducation, l’Émile (1762), dans lequel cet aimable petit Suisse écrivait sans rire : « Je demande si c’est à des enfants de six ans qu’il faut apprendre qu’il y a des hommes qui flattent et qui mentent à leur profit ? On pourrait tout au plus leur apprendre qu’il y a des railleurs qui persiflent les petits garçons, et se moquent en secret de leur sotte vanité ; mais le fromage gâte tout ; on leur apprend moins à ne pas le laisser tomber de leur bec qu’à le faire tomber du bec d’un autre. » Ce chaud palefroi, pensif raisonneur pour établissement d’un enseignement devenu très secondaire était-il vraiment raisonnable penseur ?!

Moins que le Pégase à qui il s’attaque et à tous les rosses et roussins qui l’ont précédé ou suivis allant à l’amble dans son ombre. En effet, drôles de zèbre parfois, mais jamais mauvais cheval, quoique cavaleur autant que cavalier, le fabuliste - cheval de trait d’esprit - se moque de la renommée : ses trompettes ne sonnent qu’au son des modes qui se démodent et des airs du temps propre à enrhumer ceux qui ne portent sur eux que le string minimum. Hennis soit qui mal y pense !… Cet auteur prône moins qu’il ne prêche l’éthique, ce parasite du porte-feuille, en grattant le papier comme on piaffe, lançant dans les steppes stériles de la feuille (il en est dur, souvent !), une plume - qu’on ne met jamais au pas - prompte à galoper comme étalon ou à trotter comme un percheron. Ses récits, blancs bidets et bidets blancs, en sont la preuve. Et une bonne histoire comme une narration alerte, cela ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval !
L’étable est mise « Rue des Fables » où le maître-étalon et tous ceux de son espèce préfèrent coucher leurs affres palefrenières sur le papier que dans le foin, haquenées au vent. Alors que vous ayez mangé du cheval ou bien que vous en cherchiez un bon pour batailler à califourchon ou miser dessus, soyez le (ou la) bienvenu(e) dans notre manège et ces prés où nous ne sommes pas enclos. Ici, pour ceux qui n’ont pas des œillères, on trouve des fabulistes à qui l’on met le pied à l’étrier - à l’origine d’un fameux coup ! - comme des jockeys confirmés, d’autres remis en selle ou des lads oubliés qui, pourtant, pour aller loin, ménageaient leur monture comme le fit jadis Jeanne d’Arc, la première pucelle - un peu bourrique selon un certain Cauchon - qui finit en sainte.
Chargé comme un baudet d’ans ou jeune et fougueux poulain, têtu comme une mule à qui on aurait lâché la bride, ce bourrin bourru, parfois bourré malgré son débourrage, bourreau de bureau ou coursier hors paire, ne se nourrit pas de l’air du temps qu’il hume à plein naseaux pour mieux vous conter le monde sans vraiment espérer donner à ses travers un remède de cheval. Vos commentaires sont le picotin et vos vues l’avoine de cette bête de selle - pilleur d’étrons, va ! - et non de bât, quoiqu’il fasse parfois débat (surtout vu de haut) qui se rue et se cabre à tout propos refusant le licol des lieux communs, la bride des idées reçues ou les rênes des rois. Car face à l’incurie de toutes les curies reste l’écurie, le cheval étant - avec la femme - la plus noble conquête de l’homme, la fable est celle de l’esprit qui cavale… et le dada de votre chevalier servant !

Fabuleusement vôtre !

samedi 18 février 2017

vendredi 17 février 2017

HAÏKU LÉGE DES TAS

Les collégiens ? 
Jusqu’en 5e c’est des primaires ; 
après, c’est déprimant !

LE CLOU DU SPECTACLE ?… LUI-MÊME !

D’après Le Marteau & le clou de Jean-Baptiste François Ernest Châtelain

Un p’tit clou, rivé dans une paroi,
Voulut, un beau matin, clouer le leur
Aux outils, restés en boîte, et au roi
Marteau, le seul auteur de ses douleurs :

« Eh, vous voilà au pied de mon mur,
Donc aux miens, comme insignes lémurs,
Moi la tête plate la plus frappée
Qui soit suis plus haut que vous réunis !
De ce que vous direz je vais me taper
Ne pouvant en être évincé, puni,…
Si Sa Majesté voulait me cogner
Jusqu’à ce que hélas, je vienne à grogner
Ou me torde de souffrances, martyr,
Elle ne ferait là que m’enfoncer plus
Et mieux à ma place et non partir.
De là, maigre, je vous toise ; au surplus,
Et, presque tête d’homme, vous conchie
De plâtre comme un vrai Mamamouchi !
Qui désormais ne vaut pas un clou, hein ?!
Vous, petits et défaits comme Achéens ! »

L’arrache-clou du marteau, sans un mot,
Reversa l’insolent, sans raisonner,
Lui clouant le bec lui qui causait maux
De tête et ennui à fanfaronner.
Il en est ainsi de nombre de loquedus
Occupant place ou fonction par dû,
Qui s’en targuent ou en abusent par trop,
Mettant au clou principes ancestraux,
Ils oublient que qui donne la livrée
Peut aussi vite la leur retirer.

mercredi 15 février 2017

STÉP’HAÏKU’SCOPE

Depuis que la santé est moins un « état » qu’un « capital », elle est devenue un marché voire une marchandise.

FAIS COMME L'OISEAU…

Édito' pour RuedesFables, décembre 2016

  Is, le 31 octobre dernier, questionnait sur le site où je sévis à l’envie, oui celui qui est sis là, ou ci-après selon votre situation : « Peut-on savoir qui se cache derrière Rue des fables ? Une équipe ? un passionné ? Un enseignant ? Merci ! » Que l’oiselle de passage pardonne mon retard à lui répliquer, l’humble bateleur que je suis ici voudrait lui en toucher deux mots avant que nous ne nous fassions tous traiter de toutes sortes de noms d’oiseaux pour avoir manqué à la plus simple politesse. Surtout, je me suis dis que pareille question, valant un hommage, demandait une réponse sans ramage : nous sommes de drôles d’oiseaux, oiseaux rares et donc chers, quoique bénévoles, et du meilleur augure qui soit qui plus est !

  Encore beaux, nous sommes des hommes de paroles, lesquelles s'envolent, comme de mots qui ne resteront peut-être pas plus n’ayant guère de groupies groupées après nous, agrippées en grappe comme grippées à leur grype ; nous côtoyons des femmes aux subtils traits d’encre et d’esprit, économes de mots mais pas avares de sens. Nous venons de tous les horizons géographiques, sociaux et historiques : gens d’ici, d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui, regroupés par l’inimaginable magie d’une même passion, celle des fables affables et des apologues sans prologue. De briques en pavés, les concepteurs de ce site et ceux qui y écrivent, souvent après l’avoir fréquenté comme lecteurs, jettent à cette rue sans rut ni rus des phrases qui jasent et de écrits qui crient pour le chaland qui l’arpente. Plus d’un oiseau s’en est envolé, léger comme il se doit, après être sorti sans migrer plus loin qu'aux limites de son horizon.

  Au moulin des mots, comme oiseaux sur la branche, nous moulons les maux du monde mu aux vents vieux où volent les vers pris sans ver au vert et y glanons quelque leçon de vie que certains nomment « morale » avec la mine dégoûté de la Reine d’Angleterre sur le chapeau de laquelle un piaf, eh dîtes donc !, aurait fienté. J’en jaunis à l’idée. Ni rapaces ni linottes, nous sommes des gens de plume donc de drôles d'oiseaux, qualificatif ne concernant ni nos appétit ni nos cervelles. Et nous sommes tous descendus dans la rue de concert avec vous pour, nous le souhaitons, votre plaisir en compagnie de quelques grands Anciens, autours des plus illustres ou passereaux plus méconnus, et des Modernes, faisans célèbres comme anonymes pigeons. Oui, tous. Souvent oiseaux de nuit, ni bêtes ni bestiaux - ne se connaissant pas et ne s’étant, pour la plupart même, jamais vus - nous écrivons pour qui se retrouve avec nous à la rue, à la RuedesFables bien entendu, au coin de laquelle n’est que bon ton et au bout de laquelle n’est que bon sens. Modestes comme Moussorgski seul l’était, ni oiseux ni oisif, une équipe veille avec diligence - fouette, cocher ! - à la ligne éditoriale très à cheval sur les principes du genre et la qualité d’un site qui est de haut vol de l’avis général.

  En résumé, nous sommes devenus des femmes et des hommes de la rue et la traversons à l’occasion quand nous y sortons pour faire du rentre-dedans. Petit à petit, nous y faisons notre nid à l’ombre des géants d’antan, tous de bonne branche, et de leurs bonnes feuilles. Nous ne prenons rien ni personne de haut - à vol d’oiseau, veux-je dire ! - car nous aimons trop qui nous y croisons, vivant en bonne intelligence, sans ambages ni vergogne, avec la gent animale et l’espèce humaine. Enfin ses représentants qui, en l’occurence, ne sont pas de ces oiseaux de malheur ayant le front bas et le verbe haut et donc ne voient guère au-delà du bout de leur nez, ayant la pensée aussi peu nette que l’écriture subtile. Ils n’ont pas votre bon goût, celui d’aimer à parcourir nos lignes qui se veulent aériennes sur cette toile qui nous englue, conscients que de nos jours, sans réseau t’as peu, sans réseaux t’es rien !

  Quoi qu’on en dira dans la suite des siècles, la RuedesFables a été dessinée par des passionnés  qui nous ont pris sous leur aile et nous convient, nous simples conteurs rencontrés sur le trottoir du lieu commun, à enrichir, en toute humilité, l’histoire d’un genre littéraire millénaire. Cette artère est devenue, un peu la nôtre, grâce à vous, est surtout la vôtre gens de lettres, voire de courriels. Ce n’est pas une secte d’insectes ni une meute mais une voie ouverte par une fine équipe qui est en sa Rue et non dans la rue. Et, libre comme l’oiseau, je suis fier et heureux d’être de ces oiseaux-là, d’y déployer mes ailes, la plume au vent !

Fabuleusement vôtre !

lundi 13 février 2017

ENCORE HAÏKU !

Envie d’avis ?
En vit, la vie !

LA PLUS PETITE DES PETITES FOURMIS

Petite fable affable

Elle était la plus petite de son groupe,
Et pourtant elle avait mangé de la soupe.
Cette fourmi qui n’avait pas inventé
L’eau tiède était connue pour ses frasques
Dont elle n’avait pas besoin de se vanter
Pour que sa colonie en fût, par bourrasques,
Informée ce qui lui donna, à la fin,
L’aimable et doux caractère d’un biffin :
Naine parmi les siens, on n’avait guère
Besoin de chercher la p’tite bête, hélas,
Pour la trouver prête à vous faire la guerre !
Et là, on ne pouvait espérer, c’est class’,
Que des coups bas si on la mettait en boîte
Parce que qu’elle y rentrait la maladroite…

Petite, hargneuse, cette fourmi-là

Était naïve, la dupe d’entourloupes,
La godiche que de moquer on n’est las :
Plus, vaine, elle s’énerve et moins on la loupe.
Cet insecte était donc un parfait pigeon !
Une nigaude simplette offrant gorgeons
Parfois à des niais se gobergeant d’elle.
Mais que la gobeuse ait quelque doute ou soit
Autrement informée et c’est la querelle,
La peignée jusqu’à la saignée entre soi !

Lasse des pugilats, la majesté-reine

Qui avait le goût de la gloire et, pour les rênes,
Celle des populacières idées,
Convoqua un matin ce sujet de troubles
Qui crut, ma foi, qu’on allait intimider,
Si au trône elle pouvait plaider sa cause,
Ses tourmenteurs. Ah, la crédule ingénue !
On lui signifia l’exil et ses clauses :
humeur agressive et raisons saugrenues
Justifiaient cette sanction amère.
Elle ne put dire que : « C’est iniqu’, ma mère ! »

La reine, piquée au vif par ces propos,

Répliqua, tranchante : « J’agis, fille indigne,
Comme on le fait en pareil cas, pas de pot !,
Dans la société des Hommes, si digne
Et raisonnable, qu’on la dit bien mieux
Que celle des bêtes, animaux odieux,
Chez ces êtres toujours sages donc qui tant
M’inspirent, on prétend, ce n’est pas factice :
“Pour la paix sociale garder longtemps,
Il vaut mieux, parfois, petite injustice
Que grand branle-bas et général chambard,
Vains freluquets manquant moins que galabards !” »
Illustration : Élisa Satgé, été 2019

samedi 11 février 2017

HAÏKU’MPLOTISTE

François Fillon reste le « Plan A » des la droite républicaine…
Avant que les électeurs n’en fassent un « planté » !

POURQUOI BÂTIR DES CHÂTEAUX DE FABLES ?

Édito pour RuedesFables, avril 2016


           Pourquoi bâtir des châteaux de Fables ?

     Souvent poétiquement incorrecte, la fable est une histoire courte qui en dit plus long que n’en raconte d’épais opus qui prétendent offrir la saveur du savoir ou vendre l’essence de la connaissance. À ce titre, cet affable genre littéraire considéré comme mineur par d’aucuns qu’il touche alors qu’ils ne sont même pas visés, parmi les plus anciens et les plus prisés que nous connaissions, nous propose une foultitude de nouvelles universelles. N’en déplaise au plus banal sens commun, elles ne sont pas spécialement destinées à l’édification des jeunes générations de France, de Navarre et autres lieux circonvoisins – Que pareil sort soit épargné à mes humbles bluettes ! – ni propres à un hier totalement révolu : il est un moyen agréable d’ouvrir les yeux sur le monde et ses entours pauvres d’atours, le monde de toujours, le nôtre dont le fond change, souvent hélas, moins vite que la forme.

     Rimeur solidaire et tourneur-phraseur plus que juge ou censeur, conscient des difficultés que cela suppose, sans pédanterie ni cuistrerie, mais non sans plaisanterie voire rosseries, je me suis donc proposé, modestement mais sûrement, d’emprunter le sinueux et buissonneux chemin des écoliers pris par les fantasques et fantastiques auteurs d’apologues des siècles passés, afin d’offrir une série de chroniques terriennes sans prétention sur notre ineffable monde , tout en philosophie de conteur.

     Parce que « la fable est la sœur aînée de l’Histoire » (Voltaire) dont elle suit et souffre les aléas, sous vos yeux j’aime à voir s’écouler les grains de fables de mon fablier. Parfois cruels comme la vie, les objets de mes coupables faiblesses prêtent à rire et donnent à penser, « un fabuliste étant par définition, souriant / Et aimable », comme l’écrivait J. Anouilh (Le fabuliste improvisé, Fables, 1962). Ces gestes souvent agrestes se veulent donc autant de sketches impertinents sur notre société que de saynètes pertinentes de notre époque… avec un style d’un autre temps car


« le monde est vieux, dit-on. Je le crois – Cependant
Il le faut amuser comme un enfant »
(J. de la Fontaine, Le pouvoir des fables, Fables, VIII, 4).


      Il est donc bon que « Rue des Fables » qui vous livre des textes d’aujourd’hui avec des mots d’hier et, parfois, de la veille, ou des textes d’antan qui semblent d’une actualité brûlante existe. Ce site qui a eu la bienveillance d’accueillir l’obsédé textuel que je suis, vaut mieux qu’un opuscule qui se voudrait bréviaire moralisateur, il témoignage écrits sur écran d’un quotidien pas toujours très « moral » sans fausse pruderie ni pudibonderie surjouée. Car ces paraboles et métaphores, professeurs de vie et précepteurs de nos jours, ne « font la leçon » à qui que ce soit, à moins que ce ne soit, un peu, à tout un chacun, à commencer par les humbles serviteurs de cet art antique parfois porté au rang d’art scénique, qui convient sans véhémence dans le discours ni brusquerie dans l’attaque, au savant le plus érudit comme à celui dont on dit l’esprit engourdi.

      Fabuleusement vôtre…

jeudi 9 février 2017

HAÏKU DE PLUS

C’est clair : un Blanc qui est noir est plus sombre qu’un Noir qui est gris !

LE VAUTOUR & LE TIGRE

Petite fable affable après Le Tigre & le Vautour

Le Roi patiente hélas de fort longue attente :
La colère, chez lui, décuple la détente
Et ce vautour moqueur finira par tomber,
Se casser ou s’excuser pour avoir tant bombé
Le torse devant lui… Sa Jungle est mécontente !
Il en est pour ses frais : il ne peut que tourner,
Et retourner, sans fin, toute la journée
En usant sa salive en vaines invectives,
En condamnations qui seront effectives
Demain… ou après. De ça, il fait des fournées !

Le vautour, fort serein, persifle de plus belle

Battant très mollement et lentement des ailes,
S’envolant parfois plus haut, et jamais très loin,
Pour faire enrager plus le tigre. Est-ce un besoin ?
Le fauve est un ogre et à son renom fidèle,
Aussi Sa Majesté, tout courroux, s’entêtait,
Guettant le moindre faux pas de son adversaire,
L’inattention ou l’erreur. Là, il macère. 
Sans manger mie. Prêt à s’en tuer la santé.

Se casser les dents sur ce tas d’os l’insupporte,

Lui qui n’est que noblesse et force et se comporte
Avec grâce et souplesse à la ville et aux champs.
Ce charognard si laid n’est que le plus méchant
De ces prédateurs de viscères qui, à sa porte,
Mendient leur pitance, à lui, le roi de ces bois 
Et de ce qui l’entoure, lui qui met aux abois
Et l’Homme et l’éléphant, qui ne craint, formidable,
Ni le dieux ni les diables, fait sa table
De tout animal… et de ce piaf pourquoi pas !

Notre vautour, d’une voix posée et pesante,

Lui dit sans ambages : « Vois comme est plaisante
La Vie qui permet à un oiseau lourdaud
De faire la leçon à un roi en bord d’eau
Même si je suis d’une espèce peu causante.
Tout souverain qu’on soit, pester ou menacer,
insulter ou jurer de faire trépasser
Est inutile, futile et puérile :
De peur de rendre à jamais ton crédit stérile,
Ne promet que ce qui va, non peut, se passer ! »

mercredi 8 février 2017

mardi 7 février 2017

À TOUS LES HAÏKUS

Le meilleur endroit pour se retrouver ?
Mais « la salle des pas perdus », pardi !

CHERCHEZ LA FABLE…

Édito’ pour RuedesFables, janvier 2017


… Mais pas trop loin, car elle loge et se balade ici, RuedesFables dans laquelle vous venez d’entrer pour flâner un instant ou pour l’arpenter un moment. Car, avec des hommes affables et des hommes à home, metteurs en scènes et saynètes, on les y trouve toutes ou presque : fables de bon aloi, ma mère l’Oye, fables affables et qui sont parfois chants tournés en dérision ou ineffables fables. Jeunes, vieilles, éternelles, sur le retour,… il y a en pour tous les goûts et toutes les couleurs. On y croise même la fable de César* qui, aussi coquette et élégante soit-elle, même nue comme la vérité et volage comme l’ineffable air du temps, ne doit pas être soupçonnée… Si vous êtes à déambuler sur ce pavé c’est que vous connaissez auteurs et poètes qui ont souvent, jalousant peut-être les Anciens, disserté sur le genre littéraire que défend ce site. Ainsi, F. Hegel, dans son Esthétique (1818-1829) prétendait que « La fable est comme une énigme qui serait toujours accompagnée de sa solution », alors qu’il n’est pire mystère pour l’homme, aussi liant soit-il, que la fable à laquelle il est attaché parce qu’uni à elle ; surtout si c’est une maîtresse-fable ou une fable fatale, voire une de ces fables de Caractères (1688), s’il en est, si chère à J. de La Bruyère, adhérente au Mouvement de Libération des Fables. Son émancipation reste, moins acquis qu’acquêt, un combat qu’il faut chaque jour (re)mener haut la main et gagner d’aussi haute lutte même si, depuis les années 1960, chacun sait que « Moulinex libère la fable ». Et dès lors la fable, même si elle ment comme elle inspire, aussi galante qu’une fête, voit son empire total sur nous à la fois égérie et préceptrice… Car si l’homme propose, la fable, elle, dispose et ce que fable veut, Dieu le veut ; une simple fable étant l’égale de tomes : selon A. Houdar de La Motte (1672-1731), que cite J.-P. Claris de Florian dans la préface de ses Fables : « Pour faire un bon apologue, il faut d’abord se proposer une vérité morale, la cacher sous l’allégorie d'une image qui ne pèche ni contre la justesse, ni contre l’unité, ni contre la nature ; amener ensuite des acteurs que l’on fera parler dans un style familier mais élégant, simple mais ingénieux, animé de ce qu’il y a de plus riant et de plus gracieux, en distinguant bien les nuances du riant et du gracieux, du naturel et du naïf. » Aussi la fable de lettres ou d’esprit, sage et belle quand elle est jeune, est souvent incomprise aujourd’hui. Le genre s’étiole sans disparaître - sauf du catalogue des éditeurs - car la fable moderne existe et elle est fidèle autant que jalouse. Enfin celle que son époux, fort marri depuis, n’a pas pris pour une fable à tout faire alors qu’elle est fable d’affaires… et d’action, mot qui, lorsqu’il a la côte, est pluriel. Ce ne sont pas là histoires de bonne fable, ni de fables fortes bien entendu. J. Ferrat chantait qu’ « une fable honnête n’a pas de plaisir… » quoiqu’elle en offre, fable de bien comme fable de cœur, qu’elle soit de chambre - Ah, le ballet des fables ! - ou du monde. Bien sûr on pouvait m’arguer, pour me narguer, que l’un prétendit que « souvent fable varie, bien fol qui s’y fie », et qu’un autre, non moins péremptoire affirmait, trois siècles plus tard, « La chaire est fable et j’ai lu tous les livres ». C’est là, pour ceux qui ne veulent voir midi qu’à leur porte au lieu de le chercher à 14 heures, mépriser la fable qui est moins “de ménage” que “de méninges” - on parle alors de fable de tête ! - et la compter au rang des fables de peu, voire des faibles fables. Pourtant la plupart sont de saintes fables, même les petits bouts de fables, jolies fables qui deviennent si vite de ces “Fleurs du mâle” (1897) qui émouvaient tant Ch. Baudelaire. Les fables libres n’ont jamais bonne réputation, c’est pour cela qu’elles font tant d’histoires et posent des questions de morale ; en effet, « pour le fabuliste, il y a d’abord une moralité et ensuite seulement l’histoire qu’il imagine à titre de démonstration imagée, pour illustrer la maxime, le précepte ou la thèse que l'auteur cherche par ce moyen à rendre plus frappants ». (Claude Simon, Discours de Stockholm, 1966) Parce que « la plus belle fable du monde ne peut donner que ce qu’elle a », la fable parfaite, ou pire idéale, surtout si elle a la vertu court-vêtue et la morale élastique comme seules savent l’avoir les fables faciles, n’existe pas… quoique, peut-être pareille ingénue pourrait bien se cacher ici dans son plus appareil. De vers vêtue, veux-je dire !… Saurez-vous la trouver hors de l’école des fables ? Pour mon humble part, toujours un petit peu fable d’esprit, qu’on le veuille ou non, qu’on le reconnaisse ou pas, quand les Muses m’usent je ne peux que donner raison à L. Aragon, devenu pour le meilleur et pour le pire Le fou d’Elsa (1963), « la fable est l’avenir de l’homme » ; alors je mets mes mots sur les maux du monde. C’est là, bien évidemment, remède de bonne fable, mais efficace ô combien. Très fables en tout cas, de celles qui bien roulées sont tout aussi bien troussées, en espérant qu’elles ne soient pas comme les chemins, battues. Fabuleusement vôtre… car comme le chantait Julien Clerc : « Fables, je vous aime ! »

* Ça marche moins bien avec celle de Panisse ou d’Escartefigue !

dimanche 5 février 2017

SE HAUSSER L’HAÏKU ?

Qui a le front bas et le verbe haut ne voit souvent pas plus loin que le bout de son nez !

LE MEILLEUR DES POTEAUX

Petite fable affable à François F.

« Un droit et fort honnête piquet
Ne saurait être de vers piqué ! »
Un fils de bon poteau, fort pieu, 
Criait tout haut à la calomnie
Lui, presque un mât, « véreux » ? Que nenni
De bonne foi, est-il si vieux ?
C’est là cabale de barbelés, 
Un coup du clan des clous, cavaliers
intrigants, des lombrics annelés
Et du fil de fer, leur allié !

Il n’est ici bout de bois plus sain
Pour servir, diriger et cadrer :
Gourdin planté par l’homme à dessein !

Les vaches ne peuvent l’encadrer ;
En ligue, elles complotent, c’est sûr !
Vouloir le bien d’autrui malgré lui
Fait naître factions et menées
De bêtes sans honneur ni Q. I.,
De gens voulant prendre ou malmener
Le bien de leur proche voisin,
De rôdeurs ayant l’âme au complot,
Aux ruses, aux coteries, au bousin,…

Jalousie, ragots,… c’est là son lot.
Fi de ces perfides rosseries
Sa vie n’a rien d’une infâmie ;
Foin d’injurieuses menteries 
La rumeur rongeant jusqu’aux amis !

Que cessent dès lors ces vilenies
Et que se taisent ces calomnies :
Il fut manche de pioche et puis
Bâton !… Certes, il est là reclassé
L’épieu et l’ont affaibli les pluies
Mais il fait face, sans se lasser,
Aux rumeurs comme au froid du vent
Même si ça le démange ici
Et le gratte là, bien plus  souvent…
De là à faire vers de ceci !

Las, qui veut l’évidence nier
Fait de lui-même son ennemi
Et passera vite pour niais
Surtout s’il est roide et pas que mie !

samedi 4 février 2017

HAÏKU’R TILIÈRE

L’espoir est moins loquace mais plus tenace que le désespoir dont, à la fin, ne reste que traces lasses !

vendredi 3 février 2017

HAÏKU’RÈGES

Un homme de tête peut-il avoir, aussi, l’esprit de corps ?

FI D’ELLE ?

Petite fable affable à Geno…

Le cours du Temps se prélassant un instant,
Deux pigeons s’aimèrent d’un amour fort tendre
À l’avers, au revers des verts du Printemps
Quand sève et rosée ne peuvent, las, attendre.
Lui protecteur, aguerri prit sous son aile
Cette belle oiselle encore demoiselle
Et après quelques moments d’amitié
Elle devint, comme on dit, sa moitié.

Ils se firent un nid douillet de leurs heures
Dans la chaleur de leur geste de douceurs
Pour couver, ici, là, un bonheur sans leurre 
Et faire éclore la vie loin des censeurs
Malgré la jalousie, l’envie ou les dires.
Elle prit la plume pour mieux en rire,
Pour voler des vers aux vents, d’exquis mots 
Tombés de la dernière pluie contre ses maux,…
Sur des feuilles, elle gardait ces traits modestes
Glanés en secret aux chants, le grain germé
De paroles envolées, d’écrits qui restent,…
Pour en faire des fleurs, continuer d’aimer.
Mais le fil du Temps redevint soudain preste :
L’hiver a frappé l’amant. Finis les mai.

La jeune veuve au trépas a cru le suivre
Mais le verbe, en humble sauveur, a soustrait
La Belle à ce sort, comme on dit dans les livres.
Depuis sa plume court de lettres en traits,
Par eux, sans fin, elle ouvre et déploie ses ailes :
Comme jour et nuit se succèdent avec zèle,
La mort peut n’être en rien un renoncement
Car de toute fin naît un commencement.